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13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 9, 51-62)

L’Amour des ennemis, illustré par Jésus

(Lc 9,51-62)

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem.
Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.
Puis ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »

        

 

          En 931 avant JC, à la mort du roi Salomon, le fils de David, Israël se coupa en deux, avec le Royaume du Nord et le Royaume du Sud. Puis, en 721 avant JC, le roi assyrien Sargon II annexa le Royaume du Nord. Beaucoup de païens vinrent alors s’installer au milieu des Juifs, apportant avec eux leurs pratiques idolâtriques qui, petit à petit, s’infiltreront jusques dans le culte rendu au Dieu d’Israël. Le Royaume du Sud, resté partiellement indépendant, se mettra donc à regarder avec beaucoup de méfiance ce Royaume du Nord, ces Samaritains, appelés ainsi du nom de leur capitale « Samarie ». Et à l’époque de Jésus, « les Juifs n’avaient pas de relation avec les Samaritains » (Jn 4,9). Les deux s’évitaient soigneusement… Et pourtant, à l’origine, ils ne formaient qu’un seul Peuple, le Peuple d’Israël, le Peuple de Dieu…

            Mais Jésus est venu réconcilier toute la famille humaine avec Dieu, et donc tous les hommes entre eux… Pour aller à Jérusalem, il n’évite donc pas la Samarie comme le faisaient ses compatriotes qui passaient par la mer ou par la Transjordanie. Il traverse leur territoire, s’approche d’un village et envoie des messagers devant lui. Délicatesse du Christ qui prévient de sa venue et ne s’impose pas. Mais en apprenant qu’il se « dirige vers Jérusalem », ils refusent de l’accueillir. Réaction immédiate et si humaine des disciples : colère, violence, que « le feu tombe du ciel et les détruise ». Mais Jésus les interpelle vivement : pas question… Eux aussi sont ses bien-aimés… Il reviendra plus tard, avec son Eglise « Corps du Christ » (1Co 12), pour leur proposer à nouveau avec elle et par elle son Amour, sa Paix, sa Lumière, sa Vie et sa Joie… Ressuscité, il dira en effet à ses disciples : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Et il est le premier à espérer que cette fois, ils accepteront de l’accueillir, pour leur seul bien. Car « à tous ceux qui l’ont accueilli, il leur a donné de pouvoir devenir » pleinement ce qu’ils sont déjà : « des enfants de Dieu » (Jn 1,12), « créés à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28) et appelés à vivre de la Plénitude de sa Vie…

            Jésus va ensuite inviter ses disciples à le suivre avec encore plus de proximité. Qu’ils se dépouillent de tout attachement aux biens matériels, car « le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »  Qu’ils veillent avant tout à « annoncer le Règne de Dieu », car « là » est le vrai Trésor. « Le Royaume des Cieux est en effet justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), « l’Esprit qui vivifie » et apporte avec lui le vrai bonheur… DJF