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5ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 15, 1-8)

 « Je Suis la vigne, et vous les sarments » 

(Jn 15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

         « Nous avons contemplé sa gloire », dit St Jean de Jésus, « gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Or, « si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1,18). Toute la mission de Jésus consiste donc à nous inviter à recevoir ce dont il est rempli, ce qu’il tient de son Père de toute éternité en tant que « Fils unique », « engendré non pas créé »… « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)…

            Au moment de son baptême par Jean-Baptiste, « le ciel se déchira et l’Esprit descendit sur lui comme une colombe. Et une voix partit du ciel : « Tu es mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » » (Lc 3,21-22). Avec Jésus, cet « aujourd’hui » a valeur d’éternité. Il est en effet ce « Fils unique » que le Père engendre à sa vie « avant tous les siècles » en se donnant totalement à Lui par amour, en lui donnant tout ce qu’il a (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’il est, et il « Est Esprit » (Jn 4,24). Jésus est ainsi « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, et cela depuis toujours et pour toujours, un Don par lequel il est engendré en Fils. Et toute la mission de Jésus consiste à nous proposer de recevoir ce dont il est rempli : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22).

            « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26). Engendré par le Père qui lui donne la vie, sa vie, et cela de toute éternité, Jésus « vit par le Père » (Jn 6,57). Et toute sa mission consiste à nous aider à recevoir ce dont il est rempli : « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). Mais nous, nous sommes pécheurs, blessés, notre cœur est compliqué et malade (cf Jr 17,9 ; Mc 7,21), il n’est pas toujours tourné vers le Père, comme l’est celui du Fils (cf. Jn 1,18). Mais « ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,31-32). Et cet appel, il ne cesse de le lancer à tout homme, partant à sa recherche comme s’il était le seul à s’être perdu, et cela « jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,1-7), jusqu’à ce qu’enfin, il se laisse retrouver en acceptant d’être aimé (cf. Ap 3,20). Et comme « revenir » à Dieu est encore au-delà de ses forces, c’est à nouveau Lui qui va se proposer de le ramener à la Maison du Père en le mettant sur ses épaules. Et c’est une joie pour Lui (cf. So 3,16-18) !

            « Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » (Ps 80,4). Oui, « aux païens aussi », à tout homme, « Dieu a donné la repentance », de pouvoir se repentir, une « repentance qui conduit à la vie » (Ac 11,18). Oui, « c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5,19-20).

            Alors, grâce à Lui, le sarment peut de nouveau être rattaché à la vigne, et recevoir d’elle la sève de la paix et de la vie qui lui permettra de porter beaucoup de fruit… Et cela en s’abandonnant tout simplement à l’Amour, envers et contre tout, et en le laissant accomplir inlassablement, dans nos cœurs et dans nos vies, son œuvre de réconciliation et de Vie !

                                                                                                                                              DJF