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21ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Lecture : Luc 13, 22-30

 

« Vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu devant Toi et Tu as enseigné sur nos places. » Ces paroles de Jésus s’adressent aux juifs qui n’ont pas voulu accueillir son message. Le Seigneur les place dans la seule perspective qui soit pour être à Lui et avec Lui, c’est-à-dire l’entrée du peuple dans la salle du festin où le roi veut rassembler tous ses enfants. Le Christ ajoute qu’à partir du moment où le maître se sera levé et aura fermé la porte, signe du début du festin, alors un certain nombre de gens viendront en récriminant : « Seigneur, ouvre-nous ! », en faisant valoir des arguments : « Nous avons mangé et bu devant Toi », mais que, pour toute réponse ils auront cette parole : « Je ne sais d’où vous êtes ! »

En réalité, cette parole s’adresse non seulement aux juifs qui n’ont pas cru en Jésus, mais aussi à chacun de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont reçu l’appel et la Parole de Dieu. En effet, il ne suffit pas d’avoir mangé et bu avec le Christ, il ne suffit pas de l’avoir laissé enseigner sur les places publiques pour entrer dans le Royaume. Le seul critère de notre appartenance, ce n’est pas ce dont nous pouvons nous prévaloir, le seul critère de notre appartenance au Christ c’est précisément d’avoir voulu, avec Lui, entrer dans sa Pâque et dans le festin du Royaume.

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Qui sommes-nous ? Que faisons-nous sur la terre ? Est-ce que nous sommes des spectateurs du mystère de Dieu, ou bien est-ce que nous avons compris que ce mystère de Dieu était pour nous, et qu’il nous demandait, dès maintenant, d’y répondre de tout notre cœur pour marcher, dès maintenant, vers le but où Dieu nous mène ? La question décisive de notre foi chrétienne a toujours cette particularité de se poser maintenant. Dieu ne cesse, maintenant, de nous interroger, de nous appeler, de nous convoquer. Et en même temps que la question se pose, la manière dont nous devons y répondre s’impose, nous devons y répondre pour le festin des noces. Il n’y a pas d’autre raison d’être avec le Christ, que de désirer être avec Lui toujours. Le simple fait d’avoir entendu son enseignement ne suffit pas. Le simple fait d’avoir participé à ses banquets, d’avoir mangé et bu avec Lui, ne suffit pas. Ce qui compte, c’est de vouloir être totalement au Christ, pour le but où Il nous conduit.

Notre propre relation au Christ est toujours la question de notre salut. Voulons-nous être à Lui ? Ou au contraire, est-ce que nous nous contentons simplement de l’avoir comme nous disons, de notre côté ? De pouvoir en tirer le parti ou le profit que nous voudrions ? Alors qu’en réalité c’est nous qui devrions être à Lui, car nous avons été créés en Lui et pour Lui.

Chaque fois que nous participons à l’eucharistie, chaque fois que nous recevons et accueillons dans notre cœur l’évangile, la Parole de Dieu qui sauve, c’est encore le Christ qui mange et boit avec nous, qui se donne en nourriture et en breuvage, et c’est encore le Christ qui prêche sur la place publique du monde que sont les églises. Mais il faut que nous sachions pourquoi nous le faisons. Si c’est simplement pour être là, cela ne suffit pas. Il faut que nous le fassions parce que nous désirons, de tout notre cœur, répondre à l’appel de Dieu et entrer dans le festin du Royaume. C’est pourquoi, comme le dit le Christ, « il faut lutter pour entrer ». Il faut lutter contre tout ce qui peut nous détourner de Lui, et il faut lutter surtout contre tout ce qui en nous peut nous détourner de Dieu. C’est seulement à travers cette tension permanente de notre être vers le Christ, qu’effectivement, petit à petit, se réalise en nous toute l’œuvre de la grâce et de la miséricorde de Dieu. Et c’est pour cela que, jour après jour, à travers le sacrement de l’eucharistie, à travers la méditation de la Parole de Dieu, nous sommes sans cesse recentrés, nous sommes sans cesse remis en direction, non pas vers l’instant présent, mais vers le moment où Dieu nous accueillera dans son Royaume. Amen.

 souffle de l'Esprit Saint