1

3ième Dimanche Pâques – par Francis COUSIN (Lc 24, 13-35)

« Faire route ensemble … »

 

L’évangile de ce jour nous narre l’épisode des pèlerins d’Emmaüs …

Tout le monde connaît l’histoire : Deux disciples de Jésus, Cléophas et un autre, reviennent de Jérusalem, à la fin du sabbat qui a suivi la mort de Jésus … Ils marchent, assez découragés par sa mort …

Ils retournent chez eux, las, le cœur lourd … « à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. ».

Jésus s’approche d’eux … A quel moment ? … Loin de Jérusalem ? … on ne le sait pas.

Et ils font route ensemble … Ils font synode … (du verbe grec συνοδεύω = faire route ensemble, avec …)

« Mais leurs yeux étaient empêchés de reconnaître Jésus. »

Oh là là … Comme cela nous arrive souvent … !

Nous marchons avec Jésus … ou du moins, nous pensons marcher avec Jésus …Nous lisons les écritures, nous allons à la messe dominicale … parfois en semaine … nous prions … et bien souvent nous n’arrivons pas à reconnaitre Jésus dans celui qui marche à côté de nous … !

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » (Mt 25,45).

Comme souvent, c’est Jésus qui prend l’initiative de la discussion.

– « Oh bien dites donc, ça n’a pas l’air aller … Qu’est-ce qui vous est arrivé ? »

– « Quoi ! T’es pas au courant … Tout le monde en parle à Jérusalem … Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. … Il y a bien quelques femmes qui ont dit qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Et quelques hommes sont allés au tombeau, mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Jésus a fait le point avec les deux hommes :  c’est la première étape d’un synode. Ce que nous avons fait l’année dernière au niveau local, et qui continue en ce moment avec les assemblées continentales …

Alors Jésus explique, « et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. »

Ils ont eu de la chance, les deux disciples d’Emmaüs, d’avoir les explications directement de Jésus ! Nous, nous avons l’Esprit Saint … Mais c’est pareil … c’est le même Dieu … Encore faut-il l’écouter ! …

Comme les disciples d’Emmaüs … qui ne voient pas le temps passer, et « déjà le soir tombe » … Arrivés chez eux, ils invitent Jésus : « Reste avec nous ! ».

« Reste avec nous, Seigneur Jésus ! » Est-ce que nous disons souvent cette phrase-là ?

Une fois de temps en temps … une fois par mois … tous les jours … ?

Vous me direz : « On n’a pas besoin de le dire puisque lui-même nous a dit : ’’ Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.’’ » … (Mt 28,20)

Certes, mais si Jésus est avec nous, marche avec nous tous les jours … est-ce que moi, je marche avec lui … ou est-ce que je traîne la patte … ?

Pour marcher ensemble, il faut que tout le monde soit d’accord … et d’un même pas …

Jésus fait par avance, comme une confirmation, ce que saint Jean écrira dans l’apocalypse : « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20).

Et Jésus prend son repas avec les deux disciples, et peut-être une femme et des enfants … et au cours du repas Jésus refait de qu’il avait fait le jeudi précédent : « ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. »

« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. ».

On passe de Jésus présent, mais non reconnu … à Jésus reconnu mais absent …parce qu’il n’a plus besoin d’être présent : Jésus est ressuscité, ils l’ont vu, ils le savent, ils en ont la certitude … et cela s’inscrit dans leurs cœurs, ils étouffent de bonheur : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

Et aussitôt, ils repartent à Jérusalem annoncer la nouvelle aux apôtres… Ils ne sentent plus la fatigue de la route … et même s’ils sont dans le fénoir, leur cœur est plein de clarté, d’amour… ils n’ont peur de rien …

« Lire et écouter la parole, accueillir le frère, rompre et manger le pain eucharistique : trois chemins par lesquels Jésus vient à notre rencontre pour se révéler à notre regard. Trois chemins, mais qui supposent encore quelque chose de plus. Car il ne suffirait pas de savoir les Écritures pour reconnaitre Jésus, de se dévouer corps et âme pour l’autre, de répéter machinalement le geste de la Cène, s’il y manquait la chaleur de l’amour. Sans aimer quelque peu Jésus, impossible de l’apercevoir à nos côtés. (…) Seul l’amour discerne, seul l’amour connaît. Non pas cet amour que nous essayons de nous appliquer vaille que vaille dans nos meilleurs moments, mais celui que Dieu lui-même déverse sans cesse dans notre cœur. » (André Louf)

Seigneur Jésus,

que ta Parole que nous connaissons

depuis longtemps,

comme les disciples d’Emmaüs,

ne soit pas une parole d’un livre

qu’on ouvre de temps en temps,

une parole morte …

mais qu’elle devienne une Parole vivante

qui nous fait vibrer de ton amour

qui est de toujours.

 

Francis Cousin    

      

    

 

 

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim Pâques A 3°