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4ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 9, 1-41)

« Voir … et entendre. » 

 

L’évangile de ce jour est très long, tout un chapitre … et beaucoup de choses seraient à dire. Alors, contentons-nous de deux verbes : voir et entendre … mis que l’on peut pour certains des personnages transformer en : observer et écouter

Mais peut-être faire d’abord un petit rappel de ce qui s’est passé auparavant.

D’abord avec le récit de la femme adultère où Jésus prend le contre-pied des pharisiens en allant dans un sens différent de celui préconisé par la loi de Moïse.

Puis le texte où Jésus s’affirme être la lumière du monde, et où il se retrouve encore en opposition aux pharisiens.

Enfin la querelle sur l’identité de Jésus.

La polémique avec les juifs radicaux, et surtout avec les pharisiens est de plus en plus forte, au point que Jésus a dû échapper à des jets de pierre et sortir du Temple en se cachant. (Jn 8, 59).

C’est en sortant du Temple que, « en passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. ». Et même s’il s’enfuyait, il a eu le temps de poser son regard sur lui, de voir qu’il était aveugle, et de naissance. Il y a de fortes chances que, si nous étions à la place de Jésus dans ces conditions, nous serions passé en vitesse sans le voir … en n’y faisant pas attention …

A-t-il fait une remarque à son sujet ? Sans Doute, puisque les apôtres l’interrogent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ».

En effet, selon la croyance de l’époque, on pensait que quelqu’un de malade l’était parce qu’il avait péché, ou sinon lui, ses parents (cf Dt 5,9).

La réponse de Jésus est claire : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. », et il faut faire vite, « tant qu’il fait jour ; la nuit vient … » où Jésus va mourir, lui « la lumière du monde ».

Alors Jésus prends les choses en main. Il ne demande pas l’avis de l’aveugle, s’il veut voir, comme il le fit avec Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51).

Non. Directement il crache par terre et fait de la boue avec sa salive, et il en met sur les yeux de l’aveugle, sans lui demander son accord … un peu comme Dieu avait fait pour créer l’homme avec de l’argile (Gn 2,7), comme s’il préparait pour l’aveugle une nouvelle-création … et s’en fut une …

L’aveugle ne voit pas Jésus, mais il entend, et il comprend bien qu’on parle de lui, qu’on lui met comme un cataplasme sur les yeux … mais il ne dit rien … il est docile … il se laisse faire.

Et Jésus lui parle : « Va te laver à la piscine de Siloé », la piscine de l’envoyé

L’envoyé, c’est Jésus, mais pourquoi aller à cette piscine ? N’y avait-il pas de point d’eau plus proche ?

Une explication complémentaire pour ce choix : lors de la fête des Tabernacles, les prêtres allaient puiser de l’eau à la piscine de Siloé et le peuple remontait en procession avec joie jusqu’au temple, comme il est écrit en Isaïe : « Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. » (Is 12,3).

Effectivement, pour l’aveugle, se laver dans ces eaux-là lui permettra d’accéder aux sources du salut.

L’aveugle a bien entendu, et il part. Il n’a encore rien dit ! Et il fait ce qu’on lui a demandé de faire. Il obéi.

Est-ce que nous, nous aurions ainsi obéi ? sans demander d’explication ?

Comment a-t-il trouver son chemin ? Sans doute un de ses compagnons d’infortune l’a-t-il guidé.

Il revient, il voit.

Mais Jésus n’est plus là !

S’ensuit une polémique : Est-ce vraiment lui, ou quelqu’un qui lui ressemble ? Et pourtant, beaucoup le côtoyaient, les mendiants comme lui, ou les habitués du Temple …

« Mais lui disait : ’’C’est bien moi.’’ ». En grec « Ἐγώ εἰμι », la manière de parler de Jésus quand il affirme sa divinité.

Sans doute faisait-il partie du décor … il était là … mais peu le voyait … on passait devant lui sans le voir, sans y prêter attention …

Seul Jésus l’avait vu !

Et son action lui a permis que « les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » de manière physique …

Et à la fin de l’évangile de ce jour, quand Jésus le retrouve et lui demande s’il croit au fils de l’homme, l’aveugle lui dit « Qui est-il pour que je croie en lui ? », et Jésus répond : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »

Et l’aveugle dit : « ’’Je crois, Seigneur !’’, Et il se prosterna devant lui. ».

Alors « les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » de manière spirituelle …

Pourquoi rester sur vos ornières,

Baissant vos fronts d’aveugles-nés ?

Vous avez été baptisés !

L’amour de Dieu fait tout renaître.

Croyez Jésus : c’est l’Envoyé !

Vos corps à son corps sont branchés :

Prenez à lui d’être lumière.

                                          Didier Rimaud

 

Francis Cousin    

   

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