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2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Mat 17, 1-9)

  « Il est bon que nous soyons ici ! » 

Nous avons tous connus des moments où nous nous trouvions dans un bonheur extrême, dans des situations diverses et différentes, où l’amour ou la satisfaction sont toujours présents, que ce soit une rencontre amoureuse, la naissance d’un enfant, ou une promotion professionnelle inattendue, ou … et on aurait aimé que ce moment dure longtemps …

Et cela se voit sur notre visage, où le bonheur transparait …

Malheureusement, cela ne dure pas tellement longtemps … parce qu’il faut revenir à la réalité humaine … et reprendre la vie de tous les jours !

C’est un peu ce qui est arrivé aux trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, montés avec Jésus sur « une haute montagne », assimilée le plus souvent avec le mont Thabor …

Avec quand même une grosse différence, c’est que là, dans l’évangile, ce ne sont pas les apôtres qui sont « transfigurés », mais le Seigneur Jésus, qui se montre tel qu’il est dans sa réalité.

Et cette vision de Jésus transfiguré, éblouissant de lumière, accompagné de Moïse et d’Elie, représentant la Loi et les Prophètes, eux qui avaient rencontré Dieu sur le mont Sinaï et le mont Horeb, permet de faire le lien entre Jésus et ce qu’il y avait avant, ce qu’on appelle l’ancien testament : Les paroles de Dieu transmises à Moïse sont à écouter au même titre que celles de Jésus, qui vient pour accomplir la Loi, et les enseignements ou les reproches faits par Jésus aux « croyants », pharisiens ou docteurs de la loi, ou aux publicains, sont à prendre pour nous au même titre que ceux faits par les prophètes en leur temps.

Devant un tel spectacle, ils tombent comme en extase … et voudraient que cela dure toujours : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. ».

Mais aussitôt, une nuée lumineuse, comme pendant l’exode, survint, et une voix leur dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ».

C’est Dieu qui parle ! Mais nul ne peut voir Dieu sans mourir.

Alors ils se prosternent devant lui, « face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. ».

Ils n’ont pas vu Dieu, seulement entendu …

Qu’importe : ils ont peur de mourir !

Une réaction qui peut nous paraître puérile, à notre époque, car nous savons combien Dieu est bon et aimant, mais pas à ce moment-là.

Pourtant, ce ne sont pas les apôtres qui ont voulu voir Dieu, … mais c’est lui-même qui s’est fait connaître, … lui qui s’est approché d’eux … dans son amour …

Alors Jésus s’approche d’eux … calmement, doucement, … et furtivement les touche, comme une mère qui prend soin de ses enfants apeurés : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! », dans le sens de « n’ayez pas peur ! ».

Il faut dire que la Transfiguration a lieu dans un moment difficile pour Jésus et les apôtres : Pierre venait de reconnaître en Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! », Jésus avait fait la première annonce de sa passion, avait prévenu les apôtres qu’il leur faudrait prendre leur croix pour le suivre, et que malgré tout, ils se dirigeaient fermement vers Jérusalem …

Si pour les trois apôtres, cela leur a permis d’avoir une petite idée de la Vie Éternelle, il n’en était pas de même pour les autres. C’est pourquoi « Jésus leur donna cet ordre : ’’Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts’’. »

Pour tous, en effet, il leur faudrait chacun traverser leur Pâque, porter leur(s) croix, mourir pour enfin ressusciter … et pouvoir planter leur tente auprès de Jésus dans la vie éternelle …

Seigneur Jésus,

tout le monde aurait voulu

être présent avec toi sur le mont Thabor,

te voir dans la lumière du  ressuscité …

Mais il nous faudra,

comme pour les trois apôtres,

d’abord porter nos croix à ta suite

pour être admis auprès de toi

dans le bonheur de la vie éternelle.

 

Francis Cousin    

   

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