« Ouvre nos oreilles … et nos cœurs ! »
La semaine dernière, Marc nous parlait de Jésus guérissant un sourd-muet …, et la première phrase de la première lecture de ce jour est « Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. ».
Le contexte n’est pas le même, et le sens des paroles non plus.
Dans l’évangile, on voit Jésus et ses disciples qui se dirigent vers le nord de la Galilée.
Sur le chemin, Jésus se lance dans une enquête d’opinion à son sujet : « Au dire des gens, qui suis-je ? » ;
C’est une enquête sur l’opinion des gens, de manière générale, qui n’engage personne, surtout ceux à qui on pose la question …
Les réponses sont variées « Jean-Baptiste, Elie, un prophète … ». Des hommes de Dieu, ou envoyés par lui…
Mais Jésus pose ensuite une autre question : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ».
Cette fois-ci, c’est une question personnelle à laquelle chacun doit répondre. On ne sait pas combien de temps s’est écoulé entre la question et les réponses, s’il y en a eu plusieurs …
Embarras des disciples … Ils ne savent pas quoi dire.
Heureusement, Pierre se lance, et dit : « Tu es le Christ. », le Messie, l’oint de Dieu …
Bonne réponse …
Mais dans son évangile, Matthieu ajoute : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. ». (Mt 16,17). La réponse est donc dictée par Dieu.
Mais surtout elle ne correspond pas à la réalité de Jésus vis-à-vis des juifs.
En effet, les juifs attendaient un Messie pour remettre la royauté en Israël, comme l’avait promit le roi David.
C’est pourquoi Jésus défendit vivement aux apôtres de parler de lui à personne.
Et pour que les choses soient bien claires vis-à-vis des disciples, Jésus pour la première fois, annonce sa Passion et sa résurrection, mettant une fin à toute pensée d’une royauté future de sa part.
Pierre, encore lui, n’ayant peut-être pas encore bien compris la mission de Jésus, « le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. ». Quels reproches ? On ne le sait pas. Sans doute parler de sa mort ignominieuse, jugée indigne de Jésus. Seul Jésus sait ce qu’il a dit. Mais cela n’a pas plu à Jésus qui l’interpelle vivement : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
« Passe derrière moi, Satan ! », c’est-à-dire « reprend sa posture de disciple, celui qui suis son maître, comme quand je t’ai appelé. » (C’est le même verbe utilisé par Marc.).
Les deux interventions de Pierre nous donnent à réfléchir.
Pour la première : « Tu es le Christ. ».
Est-ce que moi je donnerai la même réponse ? et surtout, si je l’appelle « Christ », qu’est-ce que je mets derrière ce mot : un gourou, un penseur philosophique, … ou un ami, quelqu’un qui m’aime, qui prend soin de moi, qui pardonne mes fautes, qui est un soutien dans ma vie… et que je l’aime.
Pour la seconde, qu’on ne connait pas, … mais ne nous arrive-t-il pas de faire comme Pierre, de faire des reproches à Jésus ou à Dieu : Tu aurais dû faire cela … pourquoi tu ne fais pas cela …
Dans le Notre Père, nous disons tous les jours : « que ta volonté soit faite » … mais bien souvent, nous voulons (ou aimerions) que ce soit Dieu qui fasse notre volonté …
Vraiment, les pensées des humains ne sont pas celles de Dieu.
Prions avec le psaume de ce jour
J’aime le Seigneur : il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille : toute ma vie, je l’invoquerai.
j’ai invoqué le nom du Seigneur : « Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »
Le Seigneur est justice et pitié, notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits : j’étais faible, il m’a sauvé.
Retrouve ton repos, mon âme, car le Seigneur t’a fait du bien.
Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
Francis Cousin
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