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2ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 

 

« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

 

L’évangile de ce dimanche nous narre la Transfiguration de Jésus. L’épisode est bien connu ; aussi, attachons-nous seulement à trois points.

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. »

Jésus n’emmène pas tous les apôtres. Il fait un choix. Il appelle.

Comme il appelle chacun d’entre nous, à un moment ou à un autre, pour une mission … qui n’est pas nécessairement extraordinaire, ce peut être simplement d’offrir un sourire à une personne qui a besoin de réconfort. Pour d’autre, c’est plus fort, notamment les prêtres et les religieux(ses).

Il appelle, et il mène à l’écart. En ce temps de carême, Dieu nous appelle tous à l’écart, à prendre du recul sur notre vie quotidienne, à nous éloigner pour avoir un point de vue différent, un autre regard sur notre vie à la lumière de son Évangile. La semaine dernière, Jésus allait au désert ; cette semaine, il emmène sur la montagne, qui est parfois un désert, enneigé ou pas, mais qui est aussi le lieu de la rencontre avec Dieu. Et pendant ces quarante jours de carême, Dieu nous invite à l’écart, sur la montagne, en sa présence.

« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. » Abraham a quitté son pays … Dieu ne nous en demande pas autant, mais saurons-nous accepter de le suivre, pour le rencontrer, pour l’écouter, pour agir avec lui, dans le désert de nos vies, de nos villes, de nos églises, de notre travail … ou de notre chambre, là où Dieu nous voit dans le secret.

« Il est bon que nous soyons ici … Je vais dresser ici trois tentes … »

Comme on comprend Pierre. Nous avons certainement tous fait l’expérience d’un moment où nous avons senti la présence de Dieu dans notre cœur, soit lors d’une adoration, soit lors de la rencontre avec quelqu’un dont la joie de vivre en Dieu était tellement manifeste qu’on sentait la présence de Dieu dans notre conversation, ou en voyant d’autres personnes agir avec détermination pour que la Parole de Dieu soit mise en application. Et on aimerait tant avoir toujours en soi le sentiment de la présence de Dieu en nous, se construire une tente, un petit cocon, pour maintenir ce moment.

Mais ce n’est pas ce que Dieu veut. Il ne veut pas de gens qui restent avec un souvenir béat et qui restent là, sur place ; il veut des hommes en marche, qui bougent, qui se bougent et qui font bouger autour d’eux. Des personnes qui savent que Dieu est toujours là, auprès d’eux, et qu’il va les aider.

« Relevez-vous et soyez sans crainte. »

Jésus reprend les trois apôtres. Après sa manifestation comme Fils de Dieu, il les relève, les remet debout, les ressuscite : « Ma mission n’est pas fini, et la vôtre non plus. Mais n’ayez pas crainte, je serai toujours avec vous. Mais avant, il me faut souffrir ma passion et être crucifié. Mais le troisième jour, mon Père me ressuscitera. Il nous faut maintenant descendre de la montagne. »

Nous sommes dans le temps de l’espérance, de l’attente de la Pâques, et d’un avenir promis de bien-être et de louange dans la vie éternelle. Mais avant, il y a la Croix, et il y a nos croix que nous devons porter. Nous ne devons pas rester dans notre petite bulle, mais descendre de la montagne, retrouver notre vie de tous les jours, et ’’mouiller notre maillot’’, oser nous salir les mains, les mettre ’’dans le cambouis’’ pour annoncer l’évangile de Jésus ressuscité : « Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’as ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. » (Rm 10,9). Et c’est le but que nous devons tous avoir : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1Co 15,14).

 

Quittez vos basses eaux, les steppes de vos bagnes,

ras-de-terre et tombeaux, venez sur la montagne !

 

aujourd’hui j’étais mort : j’entends la vie qui craque,

j’entends la vie qui sort, je choisis une Pâque.

Suis-je donc assez fou pour croire une présence :

Dieu comme un rendez-vous, l’homme comme une chance ?

        Jean Debruynne

Francis Cousin