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7ième Dimanche de Pâques – Claude WON FAH HIN

 

Jean 17 20–26 – Ascension du Seigneur

 

Le chapitre 17 de Jean est une prière sacerdotale dans laquelle Jésus exprime sa volonté d’offrir sa vie pour la consécration de ses disciples afin qu’ils soient sanctifiés en vue de la mission que Jésus leur a donnée de porter la parole jusqu’aux extrémités de la terre. Cette sanctification pour la mission se fonde à la fois sur le sacrifice de la croix (donc rédemption et purification des péchés) et sur le don de l’Esprit Saint qui est force spirituelle pour répandre la Bonne Nouvelle et constituer la communauté Eglise.  Les expressions telles que « afin que tous soient un », « qu’eux aussi soient en nous », « pour qu’ils soient un comme nous sommes un », « afin qu’ils soient parfaits dans l’unité » montrent la préoccupation de Jésus pour l’unité des chrétiens et l’unité des fidèles au sein de l’Eglise Catholique. Et le tout uni à Dieu.  C’est pourquoi, l’Eglise met l’accent sur l’œcuménisme afin de rapprocher tous les chrétiens en vue de l’unité, et les dialogues inter-religieux pour éviter les conflits entre religions. De même, l’unité, qui est une des conséquences de l’amour, reste une des préoccupations majeures pour le chrétien. En tout cas, c’est un des buts. C’est tellement vrai que tout péché est à la fois désobéissance à Dieu, division et haine. Division et oppositions à tous les niveaux de la société et en tous les domaines, et donc la lutte contre la paix, et tout cela, c’est le travail de Satan. Dans les dix commandements, les sept derniers sont tous pour éviter les divisions et la haine : Tu honoreras ton Père et ta mère, tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, tu ne désireras le bien des autres, et les trois premiers nous unissent à Dieu : Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout, tu ne prononceras le nom de Dieu qu’avec respect, et tu sanctifieras le Jour du Seigneur. Dieu veut l’unité parmi les êtres humains, afin que « tous soient un comme nous sommes « un », « afin qu’ils soient parfaits dans l’unité ». Et la seule vertu qui puisse faire cette unité, c’est l’amour, et l’Amour c’est Dieu. C’est avec l’amour de Dieu et du prochain que nous pouvons faire l’unité et la paix dans le monde. Sinon, ce sera la division, œuvre de Satan.  C’est pour cela que Dieu, dans l’Ancien Testament, s’est connaître à un peuple. Les divers peuples de cette époque connaissaient des guerres de clan, un peu comme la « vendetta » connue en Corse, en Sardaigne ou en Sicile. Pour une personne tuée dans une famille, on tuait deux ou trois dans la famille adverse, et cela pouvait durer sur plusieurs générations. D’où l’intervention de Dieu qui dira à Moïse « œil pour œil, dent pour dent » (Ex 21,24). En disant cela, Dieu veut d’abord limiter le nombre de morts. Puis il dira : « Tu ne tueras point », « Tu aimeras ton prochain », « tu aimeras ton ennemi », enfin Jésus finira par donner lui-même l’exemple final en donnant sa vie pour ses ennemis.

Donner sa vie pour ses ennemis, cela n’existe dans aucune autre religion, sauf chez les chrétiens. Par sa mort et résurrection, Jésus a fait de l’humanité entière un seul peuple, puisqu’il est mort non pas pour les chrétiens seulement, mais bien pour l’humanité entière, et même pour ses pires ennemis, ceux qui le combattent ouvertement en faisant des pactes avec le diable comme l’explique si bien Gabriel Amorth, chef des exorcistes au Vatican pendant trente ans. CEC §1 : « C’est dans l’unité de sa famille qu’est l’Eglise que Dieu convoque tous les hommes que le péché a dispersés ». Car l’Eglise est le lieu où Dieu nous donne ses grâces et bénédictions, sa nourriture, pain et vin, source de vie éternelle. Et la vie éternelle commence non pas après la mort mais maintenant, lorsque nous vivons dans le Christ et le Christ en nous. Père Sesboüé nous dit (« Croire » – P.532) : « La véritable image de l’éternité est celle d’un moment particulièrement fort de notre existence, un de ses instants merveilleux, mais « vite passés », où nous avons fait une expérience d’une grande richesse, où nous avons coïncidé avec le bonheur autant qu’il est possible de le faire…bref un instant où nous tombons dans le « ravissement », c’est-à-dire que nous sommes comme arrachés à nous-mêmes dans un bon­heur qui nous dépasse ». Et ces secondes de bonheur intense avec le Seigneur fait que jusqu’à la fin de la vie, ce moment de quelques secondes reste inoubliable si bien que jamais nous ne désirons plus quitter le Christ. C’est cela la rencontre personnelle avec le Christ. « En ce sens, cette vie éternelle que nous recevons ici-bas comme des « arrhes » de l’éternité, une sorte de gage de l’éternité, nous la construisons aussi par tout ce que nous faisons de bien et de constructif pour le bien de tous ». Et pour cela, connaître Dieu est important. – Dans l’Évangile d’aujourd’hui, alors que les mots et expressions qui parlent d’unité ou de s’unir à Dieu sont au nombre de sept, le mot « connaître ou reconnaître Dieu » apparaît en six fois. Plus nous connaissons Dieu, et plus nous construirons la paix et l’unité par l’amour de Dieu et du prochain. Chacun de nous devrait s’imprégner de cela au fond de son cœur. C’est pour cela que nous devons essayer de vivre en ayant sans cesse la présence de Dieu en nous quelque soient nos activités. Une pensée continuelle vers Jésus ou une prière continuelle vers Dieu, ce qui revient au même, et si possible par le cœur immaculé et miséricordieux de Marie. Il y a différentes manières de connaître Dieu.

D’abord par la raison. CEC 36  » La Sainte Église, notre mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées  » (Cc. Vatican I : DS 3004 ; cf. 3026 ; DV 6). Rm 1,20-21 : « 20 Ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité… »

Ensuite, on peut connaître Dieu en étudiant les textes bibliques, étude faite dans un cadre officiel :  par exemple au SEDIFOP ou dans les groupes de « Laïcs en mission » qu’on retrouve dans des paroisses. Ou alors faites-vous inscrire dans un Institut Catholique pour avoir des diplômes en théologie. 2P3,18 : « croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ».  Par contre si vous étudiez les textes bibliques seul à la maison, Pierre nous dit (2P3,16): … « Il s’y rencontre (dans les lettres de Paul) des points obscurs, que les gens sans instruction et sans fermeté détournent de leur sens – comme d’ailleurs les autres Écritures – pour leur propre perdition ». Beaucoup de personnes lisent la Bible, puis se détournent de Dieu parce qu’ils finissent par conclure, après avoir lu l’Ancien Testament, que Dieu aide son peuple à faire la guerre, et leur conclusion : la Bible est un tissu de mensonges. En réalité, la Bible est le livre le plus difficile à lire au monde. Lisez toujours la Bible après avoir prié Jésus de vous envoyer l’Esprit Saint. Et si vous avez une difficulté à comprendre, ne tirez pas de conclusion trop vite, et demandez à quelqu’un de compétent de vous aider à comprendre tel ou tel passage.

Enfin, Saint Jean nous indique une autre manière de connaître Dieu dans 1Jn4,7 : « Celui qui aime connaît Dieu ». Ainsi, même si vous ne savez pas lire, vous pouvez très bien connaître Dieu.  Puisque Dieu est Amour, celui qui aime connaît Dieu puisque Dieu est en lui. C’est Lui qui l’anime en tout afin qu’il ne fasse que le bien autour de lui, car l’Amour qui l’habite ne fait que le bien. Il vit ainsi de la vie de Dieu. Dieu étant en lui, il vit d’amour à la fois pour Dieu et pour les hommes. C’est ainsi que bon nombre de saints ou de saintes qui ne savent pas lire ont connu Dieu bien mieux que les savants et les théologiens : Thérèse de Lisieux, Jeanne d’Arc, Mariam Baouardy, le saint Curé d’Ars (Jean Marie Vianney), Bernadette Soubirous et bien d’autres. « La grâce de Dieu n’est pas l’apanage des théologiens et des érudits. En effet, Dieu se sert souvent des plus faibles pour faire émerger le bien. Nous sommes tous appelés à devenir des saints et Dieu se sert de nos manquements et de nos handicaps pour transmettre sa Parole » (Aleteia).

Ainsi, connaître Dieu est primordial car cela nous amène à suivre Dieu sans réserve aucune et à nous engager au sein de l’Eglise missionnaire. Et une des conséquences est la joie que Dieu nous donne tout au long de la vie. Concernant la joie, il ne faut pas se tromper car il ne s’agit pas de n’importe quelle joie. En effet, parmi les joies, nous avons la joie physique ou psychique qui se traduit souvent sur les visages des gens par les sourires ou la franche rigolade, et nous avons également une joie spirituelle qui est joie de l’action de l’Esprit Saint en nous et qui ne se voit pas forcément de l’extérieur puisque c’est une joie intérieure. Si bien que celui qui a cette joie intérieure, profonde, solide, pourrait passer pour un faible ou quelqu’un d’insignifiant lors des rencontres diverses. Cela pourrait se traduire de la manière suivante : au sein même d’un repas ou d’une réunion, vous aurez une personne qui ne parle pas trop, ne rigole pas beaucoup…même au milieu de grosses plaisanteries, elle semble ailleurs, dans un autre monde, une autre vie qu’elle seule connaît et qui est toute intérieure, toute profonde en elle-même. En réalité, elle vit intérieurement d’une vie divine, en présence de Dieu, goûtant intensément une paix profonde, bien cachée de tous, paix secrète et bien réelle connue seulement de Dieu, et de laquelle elle ne veut pas ou ne peut pas sortir pour prendre part à la conversation des autres, parce que la présence de Dieu domine, s’impose à elle, et cela est bien plus important pour elle que de parler à des gens qui vivent dans le monde, le monde du bavardage, le monde de la plaisanterie et de la rigolade, le monde du « paraître » comme quelqu’un qui domine la conversation, mais qui est souvent vide de Dieu et donc vide de paix intérieure. Elle a beaucoup plus de joie à s’entretenir intérieurement avec Dieu (cela s’appelle « prier »), ou être simplement en sa présence (cela pourrait être de la « contemplation », d’initiative divine), que de bavarder avec des gens. « Chaque fois que j’ai été parmi les hommes, j’en suis revenu moins homme » disait un philosophe. Et donc, elle parle peu, non pas parce qu’elle n’a rien à dire, mais parce qu’elle préfère la présence de Dieu. C’est juste un petit moment d’éternité, souvent secret et intense, qu’elle vit au milieu du monde. Elle ne désire rien d’autre. « Dieu seul suffit » (Thérèse d’Avila). Elle ne désire pas parler beaucoup, justement pour préserver sa vie intérieure avec Dieu et ne pas tomber dans le piège de la conversation mondaine. C’est une joie intérieure qu’elle a choisie, ou qui s’impose à elle, avec la présence silencieuse de Dieu au plus profond d’elle-même.  « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous » (Ph 4, 4). En tout temps, car en tout temps, l’amour du Christ nous enveloppe ». Faites le choix de la vraie joie, celle qui vient de Dieu. Prions Marie de nous aider à faire le choix du Christ en permanence, car Christ est notre joie et nous entrons ainsi dans la joie du Seigneur et non pas dans la joie du monde. « Père…Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux ».