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2ième Dimanche de Pâques (Jn 20, 19-31) – P. Rodolphe EMARD

Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Nous le rappelons souvent frères et sœurs, le cœur de la foi chrétienne c’est la Résurrection. Cependant, la foi en la Résurrection n’est pas automatique, loin de là ! Nous n’y adhérons pas tous de la même façon.

Il s’agit d’un grand mystère qu’il faut constamment accueillir dans notre vie, à l’instar de Thomas. Thomas est fort sympathique, il est sans doute celui qui a vécu une expérience religieuse proche de la nôtre.

Le soir de Pâques, il n’est pas avec les autres disciples lorsque Jésus ressuscité fait son apparition. Ses amis lui rapportent la Bonne Nouvelle : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais Thomas a une réponse bien ferme : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

La réaction de Thomas est proche de celle de beaucoup de nos contemporains. On dit parfois : « Je ne crois qu’à ce que je vois ! » On en reste qu’à ce qu’on peut toucher de nos mains ou voir de nos yeux de chair. Si on prend ce dicton à la lettre, au final, on croit en peu de choses !

Car il y a bien des choses que nous ne voyons pas et qui pourtant existent et ont des effets sur nous : l’air, les ondes, les rayons ultraviolets, les microbes, la Covid-19 que nous ne voyons pas mais qui ravage sérieusement notre quotidien…

Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas que ça n’existe pas ! Il en est de même pour les affaires de la foi. Antoine de Saint-ExupérY disait ou faisait dire au Petit Prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux » ; « On ne voit bien qu’avec le cœur ».

 

Or, Jésus a bien dit cela : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » La Résurrection n’est pas de l’ordre d’une expérience scientifique mais de l’ordre d’une expérience spirituelle, de l’ordre des « yeux du cœur » : il s’agit d’une rencontre, celle de Jésus ressuscité ! C’est lui qui est à l’origine, la cause et le but de notre foi. C’est en ayant vécu et après avoir seulement vécu cette rencontre avec Jésus ressuscité que nous serons capables de poser un acte de foi, à l’image de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Thomas passera de l’incrédulité à la foi et notons qu’il donne une profession de foi la plus poussée concernant le Christ : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus est Seigneur et il est Dieu !

Dans l’Évangile, nous ne savons pas comment Jésus rejoint ses disciples qui font une réelle expérience de sa présence. La présence de Jésus n’est ni fantomatique, ni ésotérique. Ce n’est pas un fantôme !

C’est le même Jésus, le Verbe de Dieu qui a pris chair de la Vierge Marie, qui a séjourné sur les routes de la Palestine, qui a subi la Passion et qui est mort sur la croix. D’ailleurs, il montre à ses disciples les marques de la croix dans ses mains et dans son côté. Mais il est ressuscité et par la force de sa Résurrection, Jésus est dans une condition radicalement nouvelle, dans une condition glorieuse.

Il me semble frères et sœurs que pour nous disciples de 2021, deux appels nous sont faits ce matin :

  • La foi nous l’aurons compris est une rencontre avec le Christ ressuscité, une rencontre vivifiante qui communique la Vie de Dieu. Jésus nous donne :

  • L’Esprit-Saint pour dépasser nos doutes, nos craintes. L’Esprit-Saint qui nous vivifie et nous purifie de l’intérieur pour nous révéler la vérité du Christ.

  • « La paix soit avec vous ! » (À trois reprises dans le récit). Jésus nous donne sa paix. C’est ce dont nous avons le plus besoin. Quand nous en faisons réellement expérience, cette paix nous rassure, elle annule la peur. Cette paix ne supprime pas, comme par magie, les difficultés et les tempêtes de la vie mais elle nous aide à les surmonter sereinement, avec plus de confiance. Nous ne sommes pas seuls, le Christ ressuscité est avec nous, il nous donne l’Esprit-Saint : « Recevez l’Esprit Saint. »

  • Jésus nous donne son pardon qui restaure, qui nous relève et nous pousse à ne pas nous résigner de nos épreuves et de nos échecs. Le pardon du Christ peut nous faire rebondir si nous l’accueillons vraiment dans nos vies, dans nos relations, dans nos engagements…

  • N’oublions pas que chaque dimanche est le lieu où le Christ se laisse « toucher » pour nous communiquer sa vie de ressuscité. C’est dans le rassemblement de la messe que s’établit et se renforce notre foi.

Demandons au Seigneur d’augmenter en nous la foi en sa Résurrection.

  • Thomas est proche de nous, il nous est semblable sous bien des aspects. Il a ses qualités, il est concret, plein de bon sens et il n’a pas envie de se faire avoir. Qui le voudrait ? Alors, il veut vérifier par lui-même : « Si je ne vois pas (…) si je ne [touche pas] (…) non, je ne croirai pas ! »

Thomas apprendra à ne pas se fier qu’à lui-même. Sa foi s’appuiera aussi sur celle de ses frères disciples : « Nous avons vu le Seigneur ! »

Je terminerai sur ce point frères et sœurs. Oui ! Que le Seigneur augmente en nous la foi ! Et qu’il nous préserve de ne pas fabriquer une « foi zembrocal », une foi qui nous arrangerait, une foi de sélections (je prends tel ou tel élément, d’ici ou d’ailleurs…)

Notre foi repose sur le témoignage, sur la foi des Apôtres. Le tombeau vide ne prouve rien ! Gardons-nous de nous séparer cette tradition apostolique. Pour nous baptisés catholiques, hors de l’Église, point de Salut ! Que le Seigneur nous donne de chérir cette tradition apostolique.

Belle fête de la divine Miséricorde à tous. Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Amen.

                                                                                                             P. Rodolphe Emard