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« Je ne le connaissais pas. »
Par deux fois Jean-Baptiste le dit, … et pourtant il parle de son cousin ! Car, quand bien même Jésus habitait en Galilée et Jean-Baptiste en Judée, ils ont quand même dû se rencontrer à plusieurs reprises lors de rencontres familiales. Alors, pourquoi cette affirmation ?
Peut-être faudrait-il lire :’’Je ne le connaissais pas … comme ça’’. C’est-à-dire qu’il y a quelque chose de nouveau qui se passe lors de cette rencontre sur les bords du Jourdain, quelque chose à laquelle Jean-Baptiste ne s’attendait pas, et qui lui fait découvrir un autre visage de son cousin.
C’est un cas qui nous est certainement arrivé avec quelques unes de nos connaissances : nous croyons bien les connaître, et puis un jour ils font quelque chose qui nous surprend, en bien ou en mal, et nous avons l’impression de nous trouver devant quelqu’un de nouveau, quelqu’un qu’on ne connaissait pas !
Quel est donc cet évènement qui fait apparaître Jésus comme quelqu’un de nouveau à Jean-Baptiste ?
Il le dit plus loin : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel … et il demeura sur lui (…).’Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit-Saint’. … c’est lui le Fils de Dieu’ »
Jean-Baptiste se rend compte que son cousin, charpentier de son état, est celui dont il parle depuis quelques temps, et dont il demande de préparer la venue : Le Messie tant attendu par les juifs.
La venue de l’Esprit sur Jésus est pour Jean-Baptiste une véritable épiphanie : Jésus se manifeste à lui comme le Fils de Dieu, et il en est bouleversé !
Et il repense à ce qu’il annonce, à la prophétie d’Isaïe (Is 40,3-5), et d’autres textes d’Isaïe, dont le serviteur souffrant qu’on compare à un agneau qu’on mène à l’abattoir (Is 53).
C’est pourquoi il peut dire : « Voici l’agneau de Dieu »
Par deux fois aussi, Jean fait dire à Jean-Baptiste : « J’ai vu ! ».
Pour Jean, Jésus se révèle par la vision de ce qu’il fait : « Venez et voyez » (Jn 1,39). Et le matin de la résurrection, Jean dit, en parlant de lui : « Il vit et il crut » (Jn 20,8). Il comprend que Jésus est l’agneau offert en sacrifice au Golgotha, mais aussi Fils de Dieu, Dieu lui-même (Jn 1,1). C’est l’affirmation que Jésus est homme et Dieu. Dès le début de son évangile, Jean nous montre Jésus comme l’agneau du sacrifice (cf Gn 22,8). Jésus ne peut se concevoir sans la croix.
Et c’est bien ce qui déconcerte tant de gens aujourd’hui : ils veulent bien du Jésus qui délivre son message d’amour, de partage, d’attention aux pauvres, aux faibles, aux malades … mais ils ne veulent pas du Jésus souffrant, mort sur la croix … et parfois aussi de sa résurrection.
Et pourtant, ces deux Jésus ne font qu’un.
D’autant que Jésus nous dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Mc 8,34). Alors là …
Au début de ce temps ordinaire, pour que ce soit bien présent dans nos esprits, l’Église nous rappelle par ce passage de l’évangile que Jésus est à la fois homme et Dieu, et qu’il est venu pour racheter tous les péchés des hommes par son sacrifice sur la croix : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Seigneur Jésus,
L’Esprit Saint qui descend sur toi à ton baptême
est pour Jean-Baptiste la révélation que
tu es le Messie, le Fils de Dieu.
Mais aussi que tu es l’Agneau de Dieu,
celui qui enlève le péché du monde
en s’offrant en sacrifice pour nous.
Merci d’être venu pour nous.
Francis Cousin