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31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12)- par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Devenir serviteurs à la suite du Christ Serviteur « 

(Mt 23,1-12)

  En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

         

            Les Pharisiens enseignaient la Loi, et « la Loi est sainte ; le commandement est saint, juste et bon » (Rm 7,12). Mais leurs actes ne correspondaient pas à ce qu’ils disaient. Ils ne pouvaient donc pas être donnés en exemple… Et comme les apparences sont souvent trompeuses, Jésus va donner ici à ses disciples quelques critères qui, à partir des actes, permettent de discerner les cœurs… « Agir pour être remarqué des hommes » révèle non pas un amour pour Dieu mais une recherche égoïste et orgueilleuse de soi. Et il donne des exemples : ils portent des marques extérieures de religiosité exagérées, des habits « très » différents de ceux portés habituellement ; « ils aiment les places d’honneur, les premiers rangs, les salutations publiques, les titres », bref, tout ce qui se rapporte à eux, les distingue et les élève, du moins le croient-ils, au-dessus des autres. Ils cherchent plus la gloire des hommes, vide, temporaire, illusoire, que celle, incomparable, qui vient du Dieu unique (Jn 5,44)… « Le Seigneur Dieu est un Soleil, il donne la grâce, il donne la gloire » (Ps 84,12). La gloire de Dieu n’étant que le rayonnement, d’une manière ou d’une autre, de son Être, « donner la gloire » revient à donner de pouvoir participer, gratuitement, par amour, à ce qu’Il Est… Dieu peut-il nous donner plus que la Plénitude qui le constitue ?

            « Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant »… « Ne vous faites pas donner », n’exigez pas qu’on vous appelle ainsi, ce qui prouverait votre désir de vous mettre « au-dessus » des autres alors que « vous êtes tous frères ». Mais au moment où Jésus parle ainsi, il est bien « enseignant » et beaucoup de ses disciples l’appellent habituellement « Rabbi » (Jn 4,31 ; 6,25 ; 9,2) sauf justement en St Matthieu où seul Judas l’appelle ainsi (Mt 26,25.49)… Mais Jésus ne le leur a jamais demandé… Etant donné ce qu’il fait, ce sont les habitudes de l’époque, et il les accueille… Mais il ne cessera de leur dire que sa doctrine ne vient pas de lui mais du Père (Jn 7,17). Il est « le Serviteur » du Père (Ac 3,13.26) : « Je Suis, mais je ne fais rien de moi-même : je dis ce que le Père m’a enseigné » (Jn 8,28). Et puisque le Père ne recherche que le salut de tous les hommes, Jésus, qui n’a qu’un seul désir, accomplir la volonté du Père (Jn 4,34), se fera le Serviteur de tous pour le salut de tous, jusqu’à « donner sa vie » sur une Croix pour sauver « la multitude » des hommes (Mt 20,28). Est-ce en suivant un tel Maître que nous pourrions nous mettre au-dessus des autres ?                                                              

DJF