3ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 « L’heure vient – et c’est maintenant –

où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. »

 

L’heure vient, et c’est maintenant …

Expression assez rare, qu’on ne retrouve qu’à la fin de l’évangile de Jean : « Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul. » (Jn 16,32), et qui est différente de l’heure de Jésus, l’heure de sa passion, de sa glorification (Jn 17,1), où l’on parle du futur qui est déjà présent : futur pour les auditeurs, mais présent pour Jean quand il écrit son évangile.

… adoreront en esprit et en vérité.

On  remarquera que l’évangile écrit les mots avec des minuscules, mais comme souvent chez Jean, les sens humain et divin sont superposés. On pourrait donc aussi comprendre « dans (ou par) l’Esprit et dans (ou avec) la Vérité », c’est-à-dire avec Jésus. Adorer le Père avec l’Esprit et Jésus, c’est adorer Dieu dans sa totalité trinitaire.

Adorer en esprit, au niveau humain, on comprend bien ce que cela veut dire ; c’est adorer avec notre cerveau, notre intelligence, notre cœur. Adorer avec ce qui fait que nous sommes nous et pas un autre. Avec l’esprit qui nous a été insufflé à la création : « Le Seigneur Dieu insuffla dans les narines de l’homme le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Il n’y a plus de lieux pour adorer, Jérusalem ou mont Garizim, plus besoin de bâtiments, cathédrale ou simple chapelle, plus de temps spécifiques. L’adoration est toute intérieure, au-delà des mots, au-delà de la pensée (« votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. » Mt 6,8). Et c’est tant mieux pour nous qui sommes au milieu de l’Océan Indien.

Mais en parlant au niveau humain on a déjà parlé au niveau divin : l’Esprit qui est en nous dès l’origine, mais aussi l’Esprit que Jésus a envoyé sur nous : « L’Esprit de vérité recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn 16,14).

Adorer en vérité. Au niveau humain, c’est être vrai. Mais qu’est-ce qu’être vrai au niveau humain ? On dit souvent ’’à chacun sa vérité’’, en fonction de son histoire, du lieu où il habite, de ses habitudes… « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » disait Pascal. Pour dire la vérité, il est souvent plus facile de dire ‘ce qui n’est pas faux, faussé, tordu, corrompu, mensonger …’ c’est-à-dire en fait, ce qui n’a pas été touché par l’homme … ce qui existait avant le péché originel, quand tout était entre les mains de Dieu. Ce qui est une manière de dire que ’’Dieu seul est Vérité’’.

On retrouve, comme pour l’esprit, le mélange entre l’humain et le divin. Jésus nous dit : « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » (Jn 18,37), cette voix qui dit aussi : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6), et ceux qui cherchent la vérité, ce « sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. » (Lc 8,21).

Et cela, c’est beaucoup plus difficile pour chacun de nous, parce que nous sommes pécheurs, souvent tentés par le démon et parfois succombant à cette tentation …

Alors, quand Jésus nous dit : « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer », je me pose la question : est-ce que je suis capable d’adorer Dieu ? En esprit et dans l’Esprit ? En vérité et dans la Vérité ?

Avec mes forces humaines, certainement pas !

Mais si je compte sur l’Esprit, envoyé par le Père à la demande de Jésus, alors oui, je peux y arriver : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. ». Mais il faut accepter de se laisser modeler par cet Esprit qui est en nous, lui ouvrir la porte de notre cœur.

Demandons à Dieu de nous aider pendant ce temps de carême, de nous laisser modeler par lui : « Comme l’argile entre les mains du potier, ainsi êtes-vous dans ma main. » (Jr 18,6).

Seigneur Jésus,

il est difficile de te prier en vérité,

car souvent notre prière est entachée d’égoïsme.

Nous pensons plus à nous qu’aux autres,

Et nous avons du mal à pardonner.

Mais entends quand même la prière d’un pauvre pécheur.

Francis Cousin

 

 

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