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4ième dimanche de Carême (Jn 3, 14-21) par le Diacre Jacques FOURNIER

Une Miséricorde infinie (Jn 3,14-21) !

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

           Au désert, le Peuple d’Israël avait murmuré contre Moïse et donc contre Dieu. Les conséquences de leur désobéissance avaient été évoquées avec l’image de la brûlure occasionnée par la morsure d’un serpent venimeux, une morsure qui, en l’absence de remède, conduit à la mort. Mais Dieu avait dit à Moïse : « Façonne-toi un Brûlant, et fixe-le sur une perche. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. Moïse façonna donc un serpent de bronze », un alliage de cuivre et d’étain qui, par son éclat et sa couleur dorée, évoque le feu de la brûlure occasionnée par la morsure (Nb 21,4-9)… Comme Adam et Eve autrefois, trompés par le serpent (Gn 3), les Israélites ont donc désobéi à Dieu et expérimenté en eux-mêmes cette « brûlure » du mal qui conduit à la mort… S’ils obéissent maintenant à l’invitation que Dieu leur lance, s’ils regardent ce Brûlant fixé sur le bois, ils seront guéris, ils vivront… Ce petit geste manifestera leur obéissance de cœur à Dieu, une obéissance qui leur permettra de triompher, grâce à Dieu, de toutes les conséquences mortelles de leurs désobéissances passées…

            Et Jésus se compare ici à ce Brûlant ! De fait, il sera fixé sur la Croix, et il prendra sur Lui toutes « nos souffrances et nos douleurs », « il s’accablera lui-même de nos fautes » (Is 52,13-53,12), il brûlera de nos brûlures et mourra de notre mort pour nous sauver et nous donner gratuitement, à nous, pécheurs, de pouvoir vivre de sa Vie ! En agissant ainsi, il manifestera à quel point Dieu est « Feu » lui aussi (cf. Gn 15 ; Ex 3 ; Dt 4,24), non pas un feu de brûlure qui conduit à la mort, mais un Feu d’Amour, de Douceur et de Force qui conduit à la Vie. « O Jésus ! Laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes ? » (Ste Thérèse de Lisieux).

            Ainsi, avec le Fils et par le Fils, Dieu tout entier s’est donné Lui-même pour notre salut… L’infini de sa Miséricorde se propose à notre misère, à nos péchés, qui, aussi grands puissent-ils être, ne surpasseront jamais cet infini de Pur Amour… Désormais la seule attitude qu’il désire de nous est ce « Oui ! » de confiance et d’abandon… Car « là où le péché a abondé », humainement, « la grâce a surabondé », divinement, infiniment (Rm 5,20)… Oserons-nous croire à l’infinie de cette Miséricorde, tout entière offerte pour que nous trouvions avec elle la Plénitude de la Vie, de la Paix et de la Joie ?          DJF