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4ième Dimanche de Pâques par Francis COUSIN

 

« Je suis la Porte. »

Dès le début de cet évangile, Jésus, qui s’adresse aux pharisiens, oppose deux manières d’entrer dans une bergerie, image familière pour tous ceux qui connaissent la Bible. La première, pour les pharisiens, c’est d’entrer par un autre chemin que la porte ; celui qui fait cela est un voleur et un bandit. La seconde, plus normale, est d’entrer par la porte ; c’est le pasteur, le berger des brebis. A l’époque, le berger ramenait chaque soir ses brebis dans un enclos commun à plusieurs troupeaux, et les laissait à la garde d’un veilleur de nuit, le portier. Le matin, à son appel, le portier lui ouvrait et il appelait ses brebis, qui connaissent et écoutent sa voix ; alors, elles sortent et il le mène vers les pâturages où elles peuvent aller et venir.

A-priori, on comprend que Jésus est le pasteur, qui fait les choses justement, et que les voleurs et les bandits sont les pharisiens qui ont confisqué et interprété la Loi à leurs manières. Mais, surprise, Jésus ne se présente pas d’abord comme le pasteur (du moins pour le moment), mais comme la porte.

« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. »

Pour entrer dans la bergerie, il faut passer par Jésus, et non par les pharisiens : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer ! » (Mt 23, 13).

Pour ’’habiter dans la maison du Seigneur’’ (Ps 23,6), il faut entrer dans la bergerie, pour pouvoir en sortir à sa guise, en passant la porte, en passant avec Jésus qui appelle chacun par son nom.

Comme l’a fait pour nous à notre baptême le prêtre ou le diacre, en nous appelant par notre nom : « N…, je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. »

Un appel pour entrer dans la famille de Dieu, mais aussi pour vivre de l’évangile, en suivant le pasteur, le Bon Pasteur, qui les mène ’’sur des près d’herbe fraiche, … vers les eaux tranquilles … par le juste chemin pour l’honneur de son nom’’ (Ps 23).

Chaque jour, chaque matin, le berger vient appeler ses brebis.

Chaque jour, nous sommes appelés à suivre Jésus, à vivre comme lui,

                                                           à mettre en œuvre son Évangile,

                                                           à aimer Jésus comme il nous a aimés,

                                                           à écouter sa Parole et la mettre en pratique (Mt 7,24), notamment son commandement d’amour : « Vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Et celui qui garde ses commandements, « c’est celui-là qui m’aime … et je l’aimerai. » (Jn 14,21).

Tout est une question d’amour, entre les brebis et le pasteur, et entre les brebis entre elles.

Bien sûr, malheureusement, il peut arriver que l’on doute, que l’on se perde. Mais Jésus ne nous laissera pas tomber. Au contraire, il fera tout ce qui est en son pouvoir « pour s’en aller après [la brebis] qui s’est perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée » (Lc 15,4).

Jésus est bien la porte, qui nous ouvre à sa Parole, qui est en fait la Parole du Père (« le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer. » Jn 12,29), et qui nous mène vers lui : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6).

Comme toutes les portes, Jésus permet d’aller d’un lieu vers un autre, il est l’interface entre nous et le Père, l’unique médiateur : « il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus » (1 Tim 2,5).

Ainsi, si nous écoutons l’appel de Jésus, si nous suivons ses commandements, il nous mènera à Dieu son Père. Alors, nous pourrons entendre un autre appel, lors du jugement dernier : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. » (Mt 25,34).

N’ayons pas peur de passer la porte, c’est le seul chemin qui mène à la vraie Vie.

Seigneur Jésus,

tu es la porte

qui nous permet de passer

 des ténèbres à la lumière,

qui nous permet d’aller vers la vraie Vie,

auprès de ton Père.

Viens nous chercher

si nous nous égarons.

Francis Cousin