5ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 

« Seigneur, si tu avais été ici,

mon frère ne serait pas mort. »

L’évangile de ce dimanche nous parle du retour à la vie de Lazare, ami de Jésus, qui était malade. Bien qu’il ait été prévenu, Jésus ne bouge pas ; il attend ; il se contente de dire : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. », c’est-à-dire, pour saint Jean, qu’il soit mis en croix, et par la suite ressuscité.

On retrouve un peu le même type de phrase que la semaine dernière avec l’aveugle-né : « C’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui », par sa guérison physique, mais surtout sa guérison spirituelle.

Ici, c’est pour le retour à la vie de Lazare qui est une préfiguration de la résurrection de Jésus, pour conforter les apôtres dans leur foi en Jésus avant d’aller à Jérusalem, eux qui avaient peur d’y aller. « Les juifs cherchent à te lapider, et tu y retournes ! » ; d’un air de dire « tu es mieux ici,… et nous aussi … ». C’est pourquoi, quand Jésus décide d’y partir, Thomas s’écrie : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui. ». Et effectivement, c’est le retour à la vie de Lazare qui amènera la mise à mort de Jésus (« A partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer. » Jn 11,53).

Quand Jésus arrive à Béthanie, Marthe lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». C’est une sorte de reproche qu’elle lui fait.

Et c’est un reproche que l’on entend assez souvent, quand quelque chose va mal, après une catastrophe ou un cataclysme : « Si Dieu était avec nous (existait), il n’aurait pas permis cela ! … il n’y aurait pas eu d’accident ! … ». On oublie que Dieu, Jésus, est toujours avec nous : « Et moi, je suis tous les jours avec vous … » (Mt 28,20).

Tous les jours ! Est-ce que moi, je suis tous les jours avec Jésus ?

Et nous-même, ne nous arrive-t-il pas de faire ce genre de reproche à Jésus, à Dieu ? Oh, on ne le dit pas comme cela, mais c’est kif-kif ! Nous aimerions tant qu’il fasse ce que nous voulons. Qu’il se mettre à notre service. Qu’il soit notre obligé. « Avec tout ce que je fais pour toi, tu peux bien faire ça pour moi ! ». Finalement, bien  souvent, nous réitérons le péché originel. Nous voulons être Dieu à la place de Dieu, même si nous nous en récusons !

A la différence de la plupart d’entre nous, Marthe ajoute aussitôt : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. ».

Reproche, mais en même temps confiance en Jésus et confiance en Dieu. Dans la lignée de l’ancien testament : « Un pauvre crie, le Seigneur écoute… » (Ps 33,7). Marthe, et aussi Marie, étaient de vraies pauvres face à Jésus, elles se remettaient entièrement aux volontés de Jésus. Marthe ne demande rien à Jésus, mais elle affirme sa confiance dans les relations entre Jésus et Dieu, et que c’est Dieu qui peut faire ’’un miracle’’ à la demande de Jésus.

Jean insiste bien sur le fait que Jésus ne fait que la volonté de son Père : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement de qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19), ou encore : « Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. » (Jn 10,25).

Et devant le tombeau, dans sa prière vers son Père, Jésus dit : « Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours. »

Avec le Christ, nous pouvons triompher de nos difficultés, de nos doutes, et nous mettre sur le chemin de la vie, ici sur terre, en sortant de notre égoïsme, avec les autres, pour une vie plus juste et solidaire, plus ouverte aux autres ; puis après, dans la Vie éternelle, avec tous les saints : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».

Mais rien ne se fera sans nous. Dieu ne nous oblige pas, mais il a besoin de nous pour bâtir ce monde de justice et de paix auquel nous rêvons tous.

A nous aussi, Jésus crie : «  N…, sors de ton tombeau, de ce qui ne te permet pas de vivre dans l’amour, en enfant de Dieu »

Seigneur Jésus,

trop souvent nous voudrions

mettre ton pouvoir à notre profit,

t’utiliser comme un outil dans nos mains,

alors que c’est nous qui devons

nous mettre dans tes mains.

Pardonne-nous !

Francis Cousin

 

 

 

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