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6ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 5,17-37)

Depuis le troisième dimanche du Temps ordinaire et jusqu’au septième dimanche, nous écoutons le Sermon de Jésus sur la montagne, dans l’évangile de Matthieu.
Le troisième dimanche, nous avons reçu les béatitudes. Le quatrième dimanche, Jésus a révélé à ses disciples qu’ils sont « sel de la terre » et « la lumière du monde ». Ce dimanche (le cinquième), nous entendons Jésus interpréter le décalogue, les dix paroles de vie que Dieu nous donne ; nous continuerons dimanche prochain.
Focalisons-nous sur le passage d’Évangile que nous venons de proclamer. Jésus commence son discours en affirmant qu’il n’est pas « venu abolir la Loi ou les Prophètes (…) mais accomplir ». La Loi est bonne mais il convient de bien la comprendre.


Jésus n’a jamais manqué de dénoncer les pratiques légalistes, hypocrites et intégristes des gens de son temps, surtout celles des scribes et des pharisiens. Jésus nous invite à ne pas en rester qu’au cadre extérieur dans la pratique de la Loi. Jésus nous invite à considérer la dimension intérieure de nos vies, celle du cœur.


Le Christ appelle à débusquer ce qui dans notre cœur nous empêche de répondre librement et sincèrement à la Loi du décalogue. Jésus aborde notamment l’interdit du meurtre et l’interdit de l’adultère.
Nous pouvons être surpris par la liberté de Jésus qui se présente comme un maître : « Eh bien ! moi, je vous dis ». Jésus manifeste son autorité de Fils de Dieu. Ce qu’il nous enseigne est nourri de sa relation intime avec son Père. Son enseignement est donc divin. Nous devons alors le prendre en compte afin de prendre le chemin de la vie et non celui de la mort.
Nous pouvons faire un écho à la première lecture tirée de Ben Sira le Sage, le choix qui nous donné : « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix ». Il y a un choix à poser : accueillir ou refuser la Parole du Christ. Dieu ne nous contraindra jamais car il respecte profondément notre liberté.
Si nous abordons l’interdit du meurtre, Jésus nous invite à le considérer bien au-delà de l’acte physique. Insulter son frère, c’est déjà le tuer parce qu’on dénie ce titre de frère. C’est ainsi ne pas le reconnaître comme un enfant de Dieu et renier en quelque sorte cette relation filiale. Se mettre en colère contre son frère amène aussi à la mort, d’où la nécessité de la réconciliation : « va d’abord te réconcilier avec ton frère » avant même de « présenter ton offrande à l’autel ».


La réconciliation n’est pas un acte facile tant nos relations humaines sont parfois compliquées. Mais la réconciliation est indispensable pour soi et pour l’autre afin d’avoir une véritable paix intérieure et ne pas se laisser ronger par l’amertume et l’aigreur.
Dans cet interdit du meurtre, Jésus nous exhorte à faire attention aux paroles, aux mots que nous portons à l’encontre de notre prochain. Certains mots peuvent tuer une personne dans sa réputation et sa dignité. Certaines paroles peuvent tuer socialement…
En ce concerne l’interdit de l’adultère, Jésus pointe le péché de convoitise. Convoiter du regard est un péché car on ne voit plus la personne pour ce qu’elle est réellement, dans toute son histoire humaine. La personne convoitée est réduite à un objet de désir.


L’enseignement de Jésus est exigeant et il implique une véritable adhésion : « Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’ ». Suivre le chemin du Christ est certes exigeant mais il est nécessaire pour avoir la Vie éternelle. Il faut faire preuve de patience et savoir se remettre en cause. Patience et conversion sont de mise…
Pour suivre le chemin du Christ, il faut en tout premier lieu le vouloir et le désirer, même si nous savons que la tâche ne sera pas facile. C’est en désirant vraiment suivre le chemin que le Christ nous propose que nous saurons demander à Dieu les grâces dont nous avons besoin pour pouvoir mettre en pratique, accomplir ce qui nous est demandé.
Demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie que nous puissions mieux consentir à ses enseignements en vue d’atteindre le royaume de Dieu.
« Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j’aurai ma récompense. Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur » (Ps 118, 33-34). Amen.