Mercredi des cendres – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 6, 1-6.16-18)

Ce mercredi des Cendres marque le temps d’un nouveau Carême.

Le Carême est souvent perçu comme un temps d’efforts, de bonnes résolutions que nous avons du mal à tenir. Aussi, quand arrive la Semaine sainte, nous avons le sentiment que le Carême a passé à toute vitesse et que, du coup, une fois de plus, nous n’avons pas tenu toutes les promesses que nous nous étions faites. Il y a comme un sentiment de frustration qui pourrait nous donner à croire que le Carême ne servirait à rien. Loin de là !

Cette impression « d’échec », « de ne pas y arriver » est le signe qu’il y a des choses à faire pour changer nos habitudes de faire le Carême. Certaines résolutions ou certains efforts sont peut-être à revoir. Il convient aussi de bien comprendre quel est le sens du Carême.

Nous réduisons trop le Carême qu’à de simples privations, aussi importantes qu’elles soient. Dans le Carême, il y a bien la dimension du jeûne, nous y reviendrons. Le Carême est important, ne le doutons pas ! Des grâces peuvent découler si nous nous donnons les moyens de le vivre vraiment.

Le Carême nous prépare à célébrer le mystère pascal du Christ, sa mort et sa Résurrection pour le Salut du monde. Le Carême est avant tout un temps de conversion, un moment favorable pour rencontrer Dieu :

  • Le prophète Joël : « Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! »

  • Saint Paul : « Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »

Le Carême est un temps de conversion qui nous invite à nous reconnaître pécheur, personne n’est parfait ! C’est un temps où nous sommes invités à considérer nos propres péchés avant de voir ceux de notre prochain : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. » (Psaume 50).

Nous ne sommes pas toujours mieux que les autres… quels sont ces obstacles, ces péchés qui nous empêchent de revenir à Dieu, de tout notre cœur ? Nous voyons que le Carême engage chacun personnellement et il exige persévérance et un vrai acte d’abandon au Christ. Sans lui, nous ne pouvons rien faire.

Le rite des cendres est un rite pénitentiel qui nous rappelle que nous sommes des êtres fragiles, pécheurs et que nous avons besoin de nous convertir. Pour l’imposition des cendres, deux versets sont proposés :

  • « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15).

  • « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière » (cf. Gn 3, 19).

Le Carême est aussi un temps pour mieux nous centrer sur notre prochain, retisser les liens blessés, compliqués avec certains de nos frères et sœurs. Si le Carême est un chemin de conversion, il s’agit bien d’entreprendre le chemin du pardon et de la réconciliation. Le sacrement du pardon peut nous aider à entreprendre ce chemin. Des célébrations pénitentielles seront proposées dans les paroisses, allons-nous y participer ?

Le Carême est encore un temps pour nous recentrer sur nous-même, pour mieux entrevoir nos priorités, ce qui est finalement essentiel dans notre vie. Cela est nécessaire au cours de ce tourbillon de la vie, avec nos rythmes effrénés, nos différentes préoccupations, sans doute légitimes, mais quel temps prenons-nous vraiment pour Dieu et notre prochain ? Quel temps prenons-nous pour nous ressourcer spirituellement pour être mieux disponible pour Dieu et pour les autres ? Il nous faut apprendre à  distinguer les choses importantes et les choses prioritaires…

Voilà le sens du Carême. Et l’Évangile nous donne trois moyens pour le vivre :

  • Prier, se tourner vers Dieu. Ce n’est pas sans rappeler l’importance de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie dans ce pilier de la prière.

  • Jeûner, c’est-à-dire se priver de ce qui n’est pas essentiel pour mieux nous centrer sur Dieu et sur notre prochain.

Quels seront ces efforts, ces gestes, ces attentions que nous prendrons pour soigner nos relations humaines (familiales, professionnelles, associatives, dans nos quartiers…) ? N’oublions pas trop vite nos relations humaines des plus « houleuses » …

  • L’aumône (ou le partage) va de pair avec le jeûne. Vivre la charité pour mieux nous rapprocher de Dieu et de notre prochain. Le partage nous invite à redécouvrir le sens de la gratuité, du désintéressement, comme nous l’enseigne Jésus : « Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.»

Il ne s’agit pas de voir la récompense de l’homme, ce que nous pouvons avoir en retour… mais voir, considérer la récompense que Dieu nous donnera pour l’éternité : « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

Que le Seigneur nous donne la grâce de pouvoir vivre ce nouveau Carême. Que chacun puisse le demander sincèrement au Seigneur. Je termine avec cet appel de saint Paul : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » C’est maintenant et pour quarante jours ! Bon et saint Carême à tous !

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