1

7ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 5, 38-48)

Frères et sœurs, dans les lectures de ce septième dimanche, nous voyons qu’un appel nous est clairement fait, l’appel à la sainteté :

  • Dans la première lecture, du livre des Lévites : « Soyez saints,
    car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. »
    L’appel à la sainteté se fait déjà entendre dans l’Ancien Testament, dans la première alliance que Dieu a fait avec son peuple.

  • Dans l’Évangile, Jésus en ajoute une couche : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

  • Saint Paul, dans la deuxième lecture (première lettre aux Corinthiens), précise que « le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. »

L’appel à la sainteté est bien limpide ce dimanche. Le concile Vatican II a rappelé que « nous sommes tous appelés à la sainteté ».

Dieu est saint et la sainteté à laquelle il nous appelle peut parfois nous dérouter. Pour devenir saint, il faut aimer son prochain. Jésus nous demande en plus d’aimer nos ennemis, ceux qui ne nous aiment pas, voire nous haïssent.

Il ne s’agit pas que d’aimer les personnes qui nous paraissent antipathiques mais également celles qui nous ont fait ou nous font du mal : « priez pour ceux qui vous persécutent ».

Nous sommes face à la radicalité de l’enseignement de Jésus. Quelle difficulté de vivre ce que Jésus nous demande ! il y a des offenses qui restent acerbes… il peut demeurer en nous comme un sentiment d’injustice qui nous a été infligé par untel… nos tribunaux ne désemplissent pas tant des ennemis, des persécuteurs existent…

Mais alors, comment atteindre la perfection qui nous est demandée ? Si nous nous focalisons à nouveau sur les textes, nous avons des pistes.

  • L’appel que Dieu nous adresse n’est pas optionnel ! C’est la clé même pour entrer dans l’éternité de Dieu. Dieu est saint, c’est pourquoi il est amour, miséricorde et pardon.

Le psaume 102 : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. » La justice de Dieu n’est pas celle des hommes ! C’est pourquoi Jésus nous invite à dépasser la loi du talion : « Œil pour œil, et dent pour dent. » Dépasser cette règle de rendre l’équivalent du mal que l’on a reçu.

C’est ce que Dieu nous demande car il ne fait pas distinction entre ses enfants, malgré le péché commis : « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » Il nous faut consentir à cet appel à être saint !

  • Dans la première lecture, il nous est demandé de ne pas haïr son frère, dans son cœur, de faire preuve de correction fraternelle et de renoncer à la vengeance sous quelque forme que ce soit.

Ne prenons pas le chemin de la haine ou celui de la vengeance ! Ces chemins mènent à la mort et à la destruction de soi et de l’autre. Fuyons ces chemins même si la tentation est forte !

Il s’agit d’aimer son prochain comme soi-même. Cela exige la nécessité de s’aimer soi-même pour aimer l’autre… Nous aimons à la mesure de l’amour que nous portons pour Dieu et pour nous-même…

  • Dans l’Évangile, Jésus revendique l’amour inconditionnel du prochain y compris des ennemis. Il y a ici un paradoxe : il n’est pas possible d’aimer un ennemi car à partir du moment qu’on a décidé de l’aimer il n’est finalement plus un ennemi mais un frère…

Ce point nous rappelle qu’en Dieu il n’y a pas d’ennemi mais la fraternité dans le Christ : « vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » souligne saint Paul.

Lorsque Jésus dit : « Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » Jésus nous invite par-là à proposer un geste de paix. Il s’agit d’une image symbolique.

La liturgie de la Parole de ce dimanche est rude mais c’est le seul chemin qui mène à la vraie liberté des enfants de Dieu. Demandons au Seigneur de nous venir en aide pour aimer nos ennemis.

Jésus nous invite à prier pour ceux qui nous persécutent… Le psalmiste nous invite à bénir Dieu, à dire du bien de Dieu parce qu’il est saint et parce qu’il est source de toute sainteté.

Prier pour nos ennemis n’est pas une chose aisée mais c’est en demeurant dans l’intimité du Christ, dans la prière, que nous saurons aimer nos ennemis, pas à pas, dans la persévérance.

Le Christ a pratiqué l’amour des ennemis, c’est ainsi qu’il a vaincu la mort et apporté la Résurrection. Avec lui le chemin est possible aussi difficile qu’il soit !

Confions au Seigneur ceux qui nous persécutent, dans le silence de nos cœurs…

                                                                    P. Rodolphe Emard