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Assomption de la Vierge Marie, 15 août 2022 (DJF)

Le dogme de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie fut proclamé par le Pape Pie XII en 1950 : « La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort ».

« L’Assomption de la Sainte Vierge est une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens » (Catéchisme de l’Eglise Catholique).

Cette Assomption de Marie est la conséquence directe de son « Immaculée Conception » dont le dogme fut proclamé en 1854 par le Pape Pie IX : « La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel. »

En effet, lorsque St Pierre annonce la Résurrection du Christ à ses compatriotes juifs, il déclare, en citant le Psaume 16 : « Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de la mort. Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir ; car David dit à son sujet : (…) ma chair elle-même reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas mon âme à la mort et ne laisseras pas ton Saint voir la corruption. Tu m’as fait connaître des chemins de vie, tu me rempliras de joie en ta présence » (Ac 2,24‑28).

« Tu ne laisseras pas l’Immaculée Conception voir la corruption », « tu ne laisseras pas ta Sainte voir la corruption »…

Marie fut ainsi sanctifiée des les premiers instant de son existence, elle qui fut conçue par Anne et Joachim, selon la tradition, une femme, un homme qui étaient pécheurs, comme tout le monde… Il s’agit donc d’un acte totalement gratuit de salut dont Marie a été l’heureuse bénéficiaire et c’est bien ainsi qu’elle le comprend quand elle chante, au tout début du Magnificat, sa joie en Dieu « son Sauveur » : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur »…

Ce salut, cet acte de Création et de Rédemption opéré dans le sein de sa mère, Anne, selon la tradition, Marie l’attribue à la Toute Puissance de la Miséricorde de Dieu car tel est bien le « visage » de Dieu qu’elle nous présente au cœur de ce même Magnificat : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. »

Or, dans la Bible, Dieu est « saint » en tant qu’il est le seul à être ce qu’il est : « Je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi, je suis le Saint » (Os 11,9). « À qui me comparerez-vous, dont je sois l’égal, dit le Saint ? » (Is 40,25). A personne, car Dieu est le seul à être ce qu’il est, à tel point que lorsque Moïse lui demande son Nom, il répond : « Je suis… Je suis Celui qui est » (Ex 3,14). Et avec ce dernier verset, nous percevons que la notion de « Nom » dans la Bible renvoie elle aussi à ce qu’est la personne… Ainsi, lorsque Marie dit au sujet de Dieu « Saint est son Nom », elle renvoie, tout aussi bien par la notion de « sainteté » que par celle de « nom », à ce que Dieu Est en Lui-même. Et les deux précisions qui entourent cette expression dans le Magnificat, « le Tout Puissant fit pour moi de grandes choses… sa miséricorde s’étend d’âge en âge » nous permet de dire que pour Marie, « Dieu est Miséricorde Toute Puissante »

Nous sommes au cœur de notre foi, affirmée deux fois par St Jean : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). La Miséricorde est le visage de l’Amour face à notre misère

Et le P . François Varillon écrit : « En Dieu, il n’y pas d’autre puissance que la puissance de l’amour et Jésus nous dit (c’est lui qui nous révèle qui est Dieu) : « Il n’y pas de plus grand amour que de mourir pour ceux qu’on aime » (Jn15, 13). Il nous révèle la toute-puissance de l’amour en consentant à mourir pour nous… La mort du Christ nous révèle ce qu’est la toute-puissance de Dieu. Ce n’est pas une puissance d’écrasement, de domination, ce n’est pas une puissance arbitraire telle que nous dirions : qu’est ce qu’il mijote là-Haut, dans son éternité ? Non, il n’est qu’amour mais cet amour est tout-puissant… Qu’est ce qu’un amour qui est tout puissant ? C’est un amour qui va jusqu’au bout de l’amour. La toute-puissance de l’amour est la mort : aller jusqu’au bout de l’amour c’est mourir pour ceux qu’on aime. Et c’est aussi leur pardonner. » (Extrait de « Joie de croire, joie de vivre »).

St Paul déclare la même chose : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous » (Rm 5,8), pour tous les hommes, tous, sans aucune exception… En effet, il écrit aussi : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés… et le Christ Jésus s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6)…

Or, « tout ce que veut le Seigneur, il le fait au ciel et sur la terre, dans les mers et jusqu’au fond des abîmes » (Ps 135(134),6). C’est pourquoi St Paul écrit encore : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C’est ainsi qu’Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé. En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce, qu’Il nous a prodiguée, en toute sagesse et intelligence…

Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés! -, avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu par là démontrer dans les siècles à venir l’extraordinaire richesse de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions…

Le Christ a aimé l’Église », et à travers elle, l’humanité tout entière : « il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 1,3-14 ; 2,4-10 ; 5,25-27), comme l’est la Vierge Marie, sauvée par la Toute Puissance de la Miséricorde de Dieu dès les premiers instants de sa conception… Et comme « tu ne peux laisser ta sainte voir la corruption », Marie fut élevée par Dieu dès après sa mort à la Plénitude de la Gloire par son Assomption…

Et ce chemin de Marie est appelé à être le nôtre à tous…

Imaginons une balance, en mettant d’un côté toute notre misère, toutes nos fautes, tous nos péchés, tous nos actes manqués, tout, absolument tout, et de l’autre côté la Puissance Infinie de la Miséricorde de Dieu à notre égard, à l’égard de tout homme… Qui gagnera ?

Tel est le fondement de l’espérance de notre salut… « Pour les hommes, c’est impossible. Mais pour Dieu », pour l’Amour Infini et Inconditionnel, pour l’Amour Tout Puissant, « tout est possible » (Lc 18,27)… Dans la Basilique du Rosaire, à Lourdes, il est écrit au dessus du si beau visage de la Vierge Marie, Reine du Ciel et de la terre : « Par Marie, à Jésus », pour que tous, par la Miséricorde Toute Puissante de Dieu, nous soyons un jour comme Marie, saints et immaculés dans l’Amour…

                                                                                                 D. Jacques Fournier