Assomption de la Vierge Marie (Homélie de P. Rodolphe EMARD)

Nous célébrons aujourd’hui l’Assomption de la Vierge Marie. C’est une solennité de l’Église, une croyance, un dogme (une vérité de foi).

En 1950, le pape Pie XII définissait ce dogme par ces termes : « Par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par Notre propre autorité, Nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste » (Constitution dogmatique Munificentissimus Deus[1], numéro 44).

Le pape précisera au numéro 45 : « C’est pourquoi, si quelqu’un — ce qu’à Dieu ne plaise — osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique. »

La constitution dogmatique Lumen gentium, sur l’Église, écrit au numéro 59 : « La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort ».

Nous voyons que ce sont plusieurs évènements de la vie de Marie que nous célébrons en cette solennité de l’Assomption : le terme de sa vie terrestre, son élévation au Ciel avec son corps et son âme, son entrée au Ciel et son couronnement. Le 22 août (jeudi prochain, dans une semaine précisément), nous ferons mémoire de la Vierge Marie Reine qui nous renvoie à cette solennité de l’Assomption.

L’Assomption de Marie est dans le sillage de la Résurrection et de l’Ascension du Christ. On associe souvent l’Assomption de Marie avec l’Ascension du Christ ; de fait, les mots se ressemblent et il y a dans les deux cas une montée mystérieuse au Ciel dans la gloire de Dieu.

L’étymologie latine apporte une grande nuance. « Ascension » vient du verbe latin ascendere qui signifie « monter », « s’élever ». « Assomption » vient du verbe latin assumere qui signifie « assumer », « enlever ». L’étymologie est très importante car elle souligne l’initiative de Dieu. Marie ne s’élève pas toute seule vers le Ciel, c’est Dieu qui fait le choix de l’ « assumer », corps et âme, en la réunissant à son Fils, sans attendre la Résurrection finale (lors de la Parousie c’est-à-dire lors de la venue de Jésus dans la gloire).

Le dogme de l’Assomption est la conséquence de celui de l’Immaculée Conception ; un privilège divin qui a épargné Marie du péché originel. Elle échappe donc à la mort, conséquence de ce même péché.

 

Marie dans son Assomption inaugure le destin ouvert aux hommes par la Résurrection de son Fils et anticipe ce qui deviendra la condition des sauvés, au moment de la Parousie. Nous ressusciterons tous dans un corps de gloire, semblable à celui de Jésus. « Je crois en la résurrection de la chair » disons-nous dans le Symbole des Apôtres ; « J’attends la résurrection des morts » disons-nous encore dans le Credo de Nicée-Constantinople. La solennité de l’Assomption entretient notre espérance. En fêtant Marie, les croyants contemplent le gage de leur propre destinée, s’ils font le choix de s’unir au Christ.

Ce dogme de l’Assomption renforce également la confiance du peuple de Dieu dans l’intercession maternelle de Marie. Marie est toujours là pour nous renvoyer sans cesse à lui. Comme aux noces de Cana, elle nous redit inlassablement : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2, 5).

Si nous appelons la Vierge Marie, elle accourt vers nous. Et Jésus est toujours en elle ou à ses côtés. Elle est notre mère. C’est Jésus qui l’a voulu ainsi lorsqu’il était sur la croix. S’adressant à sa mère, il lui dit : « Femme, voici ton fils. » (Jn 19, 26). Et s’adressant au disciple, il lui dit : « Voici ta mère » (Jn 19, 27). À travers ce disciple, c’est toute l’humanité que Jésus confiait à sa mère. Alors n’hésitons pas à prendre Marie chez nous et à lui donner la place d’honneur. Nous pourrons toujours compter sur elle.

Si nous voulons honorer Marie, il ne faut pas oublier qu’elle est notre mère à tous, y compris de ceux que nous n’arrivons pas à bien supporter. Comment honorer Marie si nous avons un regard et des paroles méprisantes pour telle ou telle catégories de personnes ? Comment l’appeler « Reine de la paix » si nous sommes fâchés avec nos voisins ? Comme le Christ, Marie souffre de ces divisions qu’il y a dans le monde, dans nos communautés et dans nos familles.

Mais avec elle, il n’y a pas de situation désespérée. Quand tout va mal, quand nous sommes sur la croix, elle est là. Elle se tient debout pour nous aider à traverser l’épreuve. Quand nous sommes tombés au plus bas, elle se baisse pour nous ramasser. Elle ne craint ni notre péché, ni notre douleur. Elle qui a misé toute sa vie sur l’amour, elle nous aide à nous remettre debout pour reprendre notre route à la suite du Christ.

En ce jour, puissions-nous rendre grâce au Seigneur pour ce cadeau merveilleux qu’il nous fait en nous donnant Marie pour mère. Que cette solennité de l’Assomption vient raviver notre lien profond avec le Christ et notre désir de le suivre fidèlement tout au long de notre vie. C’est ainsi que le Christ nous élèvera à notre tour au Ciel.

Terminons avec cette prière qui est la plus ancienne à la Vierge Marie, Sub Tuum præsidium (= « Sous l’abri de ta miséricorde »). Cette prière date du troisième siècle : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie. »

                                                          P. Rodolphe EMARD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] En français : « Dieu très munificent ». Munificent est synonyme d’extrêmement généreux.

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