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Audience Générale du Mercredi 7 Février 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 7 Février 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 7. La tristesse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre itinéraire de catéchèse sur les vices et les vertus, nous nous focalisons aujourd’hui sur un vice plutôt abominable, la tristesse, entendue comme un abattement de l’âme, une affliction constante qui empêche l’homme d’éprouver de la joie pour sa propre existence.

Il convient tout d’abord de noter que les Pères ont établi une distinction importante en ce qui concerne la tristesse. Il existe en effet une tristesse propre à la vie chrétienne qui, avec la grâce de Dieu, se transforme en joie : celle-ci n’est évidemment pas à rejeter et fait partie du chemin de conversion. Mais il y a aussi une deuxième sorte de tristesse qui s’insinue dans l’âme et la plonge dans l’abattement : c’est cette deuxième sorte de tristesse qu’il faut combattre résolument et de toutes ses forces, parce qu’elle vient du Malin. Nous retrouvons également cette distinction chez saint Paul, qui écrit aux Corinthiens : « Car une tristesse vécue selon Dieu produit un repentir qui mène au salut, sans causer de regrets, tandis que la tristesse selon le monde produit la mort. » (2 Co 7,10).

Il y a donc une tristesse amicale, qui conduit au salut. Pensons au fils prodigue de la parabole : lorsqu’il touche le fond de sa déchéance, il ressent une grande amertume, qui le pousse à reprendre ses esprits et à décider de retourner dans la maison de son père (cf. Lc 15, 11-20). C’est une grâce de gémir sur ses péchés, de se rappeler l’état de grâce d’où nous sommes tombés, de se lamenter parce que nous avons perdu la pureté dans laquelle Dieu nous a rêvés.

Mais il existe une deuxième tristesse, qui au contraire est une maladie de l’âme. Elle naît dans le cœur de l’homme lorsqu’un désir ou une espérance s’évanouit. Nous pouvons ici nous référer au récit des disciples d’Emmaüs. Ces deux disciples quittent Jérusalem le cœur déçu et confient à l’étranger qui, un certain moment les accompagne : « Nous, nous espérions que c’était lui – c’est-à-dire Jésus – qui allait délivrer Israël. » (Lc 24, 21). La dynamique de la tristesse est liée à l’expérience de la perte. Dans le cœur de l’homme naissent des espoirs qui sont parfois déçus. Il peut s’agir du désir de posséder quelque chose que l’on ne peut pas obtenir, mais aussi de quelque chose d’important, comme une perte affective. Lorsque cela se produit, c’est comme si le cœur de l’homme tombait dans un précipice, et les sentiments qu’il éprouve sont le découragement, la faiblesse d’esprit, la dépression, l’angoisse. Nous passons tous par des épreuves qui génèrent en nous de la tristesse, parce que la vie nous fait concevoir des rêves qui se brisent ensuite. Dans cette situation, certains, après un temps de trouble, s’en remettent à l’espérance ; mais d’autres se complaisent dans la mélancolie, la laissant s’envenimer dans leur cœur. Cela procure-t-il du plaisir ? Considérez ceci. La tristesse est comme le plaisir du non-plaisir, être heureux que cela ne soit pas arrivé, c’est comme prendre un bonbon amer, sans sucre, un bonbon abominable et le sucer. La tristesse est un plaisir de non-plaisir.

Le moine Évagre raconte que tous les vices visent le plaisir, aussi éphémère soit-il, alors que la tristesse jouit du contraire : se bercer d’un chagrin sans fin. Certains chagrins prolongés, où l’on continue à élargir le vide de celui qui n’est plus là, ne sont pas propres à la vie dans l’Esprit. Certaines amertumes rancunières, où l’on a toujours en tête une revendication qui nous fait prendre l’apparence de la victime, ne produisent pas en nous une vie saine, et encore moins une vie chrétienne. Il y a quelque chose dans le passé de chacun qui a besoin d’être guéri. La tristesse, qui est une émotion naturelle, peut se transformer en un mauvais état d’esprit.

C’est un démon sournois, celui de la tristesse. Les pères du désert la décrivaient comme un ver du cœur, qui ronge et vide ceux qui lui font l’hospitalité. Cette image est belle, elle nous fait comprendre. Et alors que dois-je faire quand je suis triste ? S’arrêter et réfléchir : est-ce une bonne tristesse ? Est-ce une tristesse qui n’est pas bonne ? Et réagir en fonction de la nature de la tristesse. N’oubliez pas que la tristesse peut être une très mauvaise chose qui nous conduit au pessimisme, qui nous conduit à un égoïsme difficile à guérir.

Frères et sœurs, soyons attentifs à cette tristesse et pensons que Jésus nous apporte la joie de la résurrection. Même si la vie peut être remplie de contradictions, de désirs déconfits, de rêves non réalisés, d’amitiés perdues, grâce à la résurrection de Jésus, nous pouvons croire que tout sera sauvé. Jésus est ressuscité non seulement pour lui-même, mais aussi pour nous, afin de racheter tous les bonheurs restés inachevés dans notre vie. La foi chasse la peur, et la résurrection du Christ dégage la tristesse comme la pierre du tombeau. Chaque journée de chrétien est un exercice de résurrection. Georges Bernanos, dans son célèbre roman Journal d’un curé de campagne, fait dire au curé de Torcy : « L’Église dispose de la joie, toute cette joie qui est réservée à ce triste monde. Ce que vous avez fait contre elle, vous l’avez fait contre la joie ». Et un autre écrivain français, Léon Bloy, nous a laissé cette phrase magnifique : « Il n’y a qu’une seule tristesse, […] celle de n’être pas saint ». Que l’Esprit de Jésus ressuscité nous aide à vaincre la tristesse par la sainteté.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française en particulier les collégiens et lycéens venus de France.

Frères et sœurs, que l’Esprit de Jésus aide toutes les personnes plongées dans une solitude profonde et dans la nuit du désespoir à vaincre la tristesse par la joie de la résurrection.

Que Dieu vous bénisse !





La spiritualité conjugale. Équipes Notre-Dame par Fr. Manuel Rivero O.P. (conseiller spirituel END du Secteur La Réunion).

Le corps révèle le mystère de Dieu créateur et aimant envers l’humanité

L’amour de Dieu, Esprit invisible, se manifeste dans l’amour de l’homme et de la femme : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1,27).

Dieu qui est relation, relation trinitaire du Père et du Fils et de l’Esprit Saint, crée l’homme et la femme pour la relation à son image : égale dignité dans la différence et l’unité de l’amour réciproque.

« Dieu est amour » (1 Jn 4,16) et le couple « qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4,16). C’est dans l’amour à l’image de la Trinité que l’homme et la femme atteignent leur perfection humaine, l’un et l’autre, l’un par l’autre, l’un avec l’autre, ensemble. L’homme et la femme se complètent pour dire dans leur relation la relation de la sainte Trinité. À l’image de Dieu le Père qui se donne au Fils et du Fils qui se donne au Père dans la communion de l’Esprit Saint, Amour du Père et du Fils, l’homme et la femme se donnent et se reçoivent réciproquement jusqu’à ne faire « une seule chair » (Gn 2,24). Cette union sans confusion passe par un changement du lien aux parents qui demeurent aimés tout en laissant paraître la nouvelle création qu’est le couple : « L’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 2,24). La nouvelle réalité du couple exige séparation et renoncement par rapport à la présence des parents. La nouvelle création ne se fait pas par accumulation mais par séparation. Nous comprenons les épouses qui déclarent parfois avec regret : « Mon mari n’a jamais quitté sa mère ».

Tout comme Dieu, l’amour humain reste caché dans les cœurs de l’homme et de la femme. Ce Dieu caché (cf. Is 45,15) s’est manifesté et révélé dans la création et dans l’Incarnation du Fils de Dieu.

Dans le prologue du quatrième évangile, saint Jean affirme : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18). L’homme et la femme font connaître leur amour caché dans le cœur à travers les gestes de tendresse, les paroles, les cadeaux, les services … D’où l’importance des réalités visibles et matérielles pour révéler l’amour qui vit  dans l’esprit : la bague de fiançailles et de mariage, les bouquets de fleurs, les boîtes de chocolat, les paroles et les gestes d’amour …  Ces dons manifestent le don de la personne qui aime à la personne aimée. « La Vie s’est manifestée » (1 Jn 1,2), écrit saint Jean. Le Fils de Dieu s’est manifesté physiquement à travers l’ouïe, la vision et le toucher.

Ces manifestations matérielles ou physiques appellent une parole d’interprétation à l’image des sacrements qui comportent une réalité matérielle comme le pain et le vin et qui sont accompagnés d’une parole performative qui explicite le sens de la matière du sacrement : l’eau pour le baptême, l’huile pour le saint chrême et l’onction des malades … Dans le sacrement de mariage, c’est le don réciproque des personnes, corps et âme, qui trouve son accomplissement dans les paroles de l’échange des consentements : « Je te reçois comme épouse/époux et je me donne à toi pour t’aimer fidèlement tout au long de notre vie ».

Les réalités matérielles et les gestes ne portent pas leur plénitude de sens en eux-mêmes. Il leur faut la parole créatrice et performative. La communication et l’engagement passent par des signes comme l’alliance : « Je te donne cette alliance, signe de notre amour et de notre fidélité. » (bénédiction des alliances).

Dans les Équipes Notre-Dame, le devoir de s’asseoir repose sur ce besoin d’expliciter dans le dialogue, fait d’écoute et de parole, la signification des comportements qui peuvent évoluer à travers l’intelligence de l’autre et le pardon si nécessaire. « Soyez exigeant, vous ne décevrez jamais », enseignait le père Henri Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame. L’amour n’exclut pas l’intelligence, parfois atrophiée. Chesterton (+1936), écrivain britannique, catholique, déclarait avec humour : « Quand on entre dans une église, il nous est demandé d’enlever le chapeau, pas la tête ! ». Un ami à qui je présentais l’exercice du devoir de s’asseoir a apporté ce commentaire : « C’est comme une confession dans le couple ! ». Et j’ai ajouté : « Et ils se donnent l’absolution ! ».

Faute de parole vraie qui engage tout l’être, la bague en or, les bouquets de fleurs voire les baisers pourraient souffrir du doute, devenir un mensonge ou donner prise aux sarcasmes : les pigeons sont « bagués », les entreprises offrent des bouquets pour des raisons commerciales, les prostituées embrassent pour de l’argent.

« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). Dieu aime le corps humain au point que le Fils de Dieu s’est fait chair. La chair humaine, bonne dès le début de la création, trouve sa plénitude dans la sainteté et la divinisation. C’est pourquoi plutôt que de parler du « péché de la chair » il faudrait évoquer « le péché contre la chair », cette chair humaine que le Fils de Dieu a uni à sa divinité en s’unissant « en quelque sorte » à tout homme (cf. Vatican II, Gaudium et spes n°22). Saint Paul parlera du péché « contre son propre corps » (I Cor 6, 18). 

La sexualité n’est pas un but en soi, elle relève de la communication et de la communion entre l’homme et la femme. Dissociée de l’amour, la sexualité devient triste : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres », écrivait  Stéphane Mallarmé (+ 1898) dans son poème « Brise marine ». L’orgasme, appelée « petite mort », est suivi de fatigue. Mais dans l’amour et la prière, l’union sexuelle représente une célébration joyeuse, spirituelle, une sorte de liturgie de la création accomplie par le couple comme un hymne à la gloire de Dieu. Acte d’adoration du Seigneur qui unit l’homme et la femme dans l’émerveillement et l’action de grâce.

L’union des corps ne va pas sans le mélange des esprits. Quand les corps se connectent dans l’union conjugale, ce sont les âmes qui se connectent aussi. Saint Paul décrivait cette union dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe : « Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? Et j’irais prendre les membres du Christ pour en faire des membres de prostituée ! Jamais de la vie ! Ou bien ne savez-vous pas que celui qui s’unit à la prostituée n’est avec elle qu’un seul corps ? ( 1 Co 6,15-16).

À l’heure actuelle, la pornographie agit comme une épidémie qui rend malade les relations des hommes et des femmes. Véritable addiction dont il s’avère fort difficile d’en sortir. Ceux et celles qui se découvrent porno-dépendants restent enchaînés aux images qui s’impriment dans leur cerveau et leur mémoire, ineffaçables. Les scènes pornographiques agissent à la manière des marqueurs indélébiles. Ces images obscènes resurgissent à n’importe quel moment même lors de la prière. En ce qui concerne les enfants, la violence des images est comparée par certains psychologues et thérapeutes à un viol, à tel point que ces représentations fabriquées dans un contexte d’exploitation économique et de domination portent atteinte à la liberté.

La pornographie fausse et appauvrit les relations sentimentales et sexuelles, les vidant de leur contenu amoureux, ce qui entraîne frustration et colère. La puissance des images fait que l’on devient ce que l’on regarde. L’apprentissage se faisant souvent par mimétisme, la pornographie formate l’imaginaire et le comportement.

La foi chrétienne propose une ligne de crête au-dessus de l’angélisme et du rejet du plaisir. Religion qui met en valeur le corps par l’Incarnation du Fils de Dieu, Jésus le Christ, le christianisme protège le diamant de l’amour conjugal dans l’écrin de l’alliance du Christ et de l’Église, dans l’exclusivité du don total et réciproque, porteur de la vie qui peut grandir tout au long de l’existence.

Dieu ne fait pas dans le quantitatif mais dans le qualitatif. Il aime ce qui est petit et qui se déploie de manière lente et naturelle à l’image du grain de blé semé en terre qui porte du fruit.

C’est le soupçon envers Dieu introduit par le serpent dans les esprits d’Adam et d’Ève qui cassera leur harmonie. Ils ont voulu être dieu sans Dieu. Péché d’orgueil, de démesure et d’indépendance. Créés intelligents et libres, l’homme et la femme étaient autonomes, capables de gérer leur existence, mais non indépendants. L’amour rend dépendant non pas à la façon d’un esclavage mais à l’image d’une source de vie qui jaillit et s’offre gratuitement. Le mystère de la vie humaine repose sur le don. La vie a été donnée. Chaque être humain a pu survivre et grandir grâce à l’accueil d’autres personnes. La dépendance à l’égard de Dieu rend libre, libre pour aimer. Ce serait se faire illusion que de penser que la liberté se trouverait dans l’absence de liens et d’engagements. C’est dans l’engagement historique de chaque conjoint qu’ils se découvrent et qu’ils construisent leur amour et non de manière abstraite et à l’avance. L’engagement accorde la connaissance de l’autre et de soi-même. Dieu ne se donne qu’à ceux qui perdent pied dans la foi en lui. Les époux ne se donnent et ne se connaissent qu’en perdant pied pour aimer l’autre.

Dans le sacrement du mariage, l’Esprit Saint, le don du Père, est répandu sur les époux. C’est bien l’Esprit Saint qui unit les époux et s’engage dans le sacrement ; aussi est-il indissoluble parce qu’ayant Dieu comme partenaire de l’alliance conjugale. L’Esprit Saint n’est pas une tierce personne pour l’amour des deux conjoints, il ne fait pas nombre avec eux ; tout au contraire Dieu agit-il comme l’origine, la force et le but de l’amour conjugal.

Cet engagement de l’Esprit Saint rassure les époux qui redoutent l’infidélité et l’usure.

Habité par le Christ, le chrétien devient un message de Dieu, une lettre envoyée par Dieu. Dans le mariage, l’époux représente une lettre de Dieu adressée à l’épouse et vice-versa : « Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs » (2 Cor 3, 3).

Dès les premières pages de la Bible, Dieu révèle que la femme a été le   merveilleux de Dieu à l’homme qui s’est exclamé, ému et surpris, en prenant la parole pour la première fois dans le récit de la création : « Pour le coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Gn 2,23). En la femme, l’homme se redécouvre lui-même comme dans un miroir tout en constatant l’altérité de la femme qui est différente de lui. L’homme se donne à sa femme et il se reçoit d’elle. Il ne s’agit pas de l’amour du même mais de l’amour du semblable et du différent à la fois. Désormais, l’homme verra la création à travers la femme que Dieu lui a donné. Dante (+1321) dans la Divine Comédie dit : « Je regardais Béatrice et Béatrice regardait Dieu ». Il voyait Dieu à travers Béatrice et grâce à elle. C’était bien le dessein premier de Dieu pour le couple avant la chute dans le soupçon inoculé par le serpent. À ce moment-là, par le péché, en opposition à la volonté de Dieu, la femme détourne l’homme de son Créateur au lieu de l’y conduire.

C’est ainsi que le corps humain dit le projet de Dieu pour l’homme, créé par amour pour grandir dans l’amour.

Saint Augustin s’était un jour exclamé : « Tu vois la Trinité quand tu vois la charité (Vides Trinitatem si caritatem vides). Je t’amènerai, si je le puis, à te faire voir ce que tu vois[1] ». L’amour du couple resplendit dans sa beauté comme l’icône de la Trinité sainte, « petite église », maquette de la communion ecclésiale qui ne fait qu’un avec Dieu. Saint Paul appliquera les paroles de la Genèse à l’amour du Christ et de l’Église : « Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église » (Eph 5,31-32). Dans le sacrement du mariage, les époux manifestent l’amour du Christ pour son Église et ils en vivent.

Amour rime avec fécondité. L’amour porte toujours du fruit. Chaque conjoint rayonne par la présence de l’autre en lui. Il y a la fertilité de l’enfant qui arrive au monde par l’union des parents. Il y a aussi la vie donnée dans le quotidien du couple, du travail et des relations sociales. Chaque conjoint porte en lui la force de l’amour de son partenaire. Il arrive souvent que des amis proches en découvrant une allégresse lumineuse sur le visage de l’ami/e et un élan nouveau déclarent : « Tu es amoureux/amoureuse, ne me dis pas que non ! ». L’amour caché se manifeste dans la joie de vivre. Ce n’est pas sans raison que l’amour est considéré comme le bonheur de l’existence et son sommet.

Un saint prêtre à Marseille, le père Jean Arnaud, aimait à prêcher que « l’Esprit Saint rend les jeunes filles belles ». L’amour embellit car il est démarche artistique sur soi et sur l’autre. Qui dit art dit travail et compétence. Aimer, c’est un art, un travail, qui exige l’endurance et la confiance pour écouter, dialoguer et pardonner. L’amour ne donne pas nécessairement la connaissance de l’autre ; il s’avère nécessaire d’expliciter les raisons des comportements et le sens des paroles sous peine de tomber dans des contresens. « Dans la solitude j’ai vu clairement des choses qui étaient fausses », avouait le poète castillan Antonio Machado.

Lors des malentendus et des doutes dans le couple, il est bon de prendre des décisions de communication comme s’il s’agissait du dernier jour de l’existence ; si l’on devait mourir ce soir, qu’est-ce qu’il faudrait dire au conjoint ? Dans toute relation il y a des non-dits et des blessures cachées. Par leurs paroles ou par leurs gestes, les autres touchent des blessures de notre histoire, de notre enfant intérieur, qui réagit, ému, et parfois sa colère retenue comme une bombe à retardement explose.

Le rythme de la vie s’est accéléré. Les médias déversent un déluge de messages chaque jour. L’existence peut ressembler à une fuite en avant où la personne avance comme le nageur sur une vague qui l’emporte. Comment parvenir à une vie équilibrée dans le chaos quotidien ? Un grand besoin de calme et d’écoute se fait ressentir au plus profond des cœurs pour échapper au vide et aux tourbillons. La communication dans la prière vient libérer les conjoints du sentiment de subir la vie plutôt que de la savourer et de la diriger. Dans la prière commune, partagée, chacun parle à Dieu de l’autre et à l’autre de Dieu. Ensemble, ils reconnaissent leur pauvreté et leur vulnérabilité, le besoin du Christ et la nécessité de l’autre et des autres.  La Parole de Dieu partagée purifie et elle agit comme un ciment au service de la construction du couple. Se tourner vers Dieu équivaut à se rapprocher de l’autre. Se détourner de Dieu c’est aussi s’éloigner de l’autre. Dieu rapproche toujours dans la paix. Le diable, le dia-bolos, est comme son étymologie l’indique, le diviseur qui oppose.

Parmi les prières, le couple peut choisir de renouveler les promesses de l’échange des consentements au jour de leur mariage, en relevant ce qui va bien plutôt que ce qui fait obstacle : « Ce qui unit dépasse ce qui divise ». Loin d’être une drogue douce, la prière met sur le chemin du regard pénétrant, du discernement et de la transformation : « Chacun de nous naît par son propre choix … et nous sommes en quelque sorte nos propres pères, parce que nous nous enfantons nous-mêmes, tels que nous le voulons » (Saint Grégoire de Nysse, Vita Moysis, P.G. XLIV, 327b).

L’homme et la femme s’entraident ainsi en bons compagnons de route, compagnons d’éternité.

Saint-Denis (La Réunion), le 17 janvier 2024.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Saint Augustin, De Trinitate VIII, 11, CC 50, p. 287.




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – par Francis COUSIN

    « Si tu le veux … »

Quelle prévenance !

Pourtant ce lépreux n’était sans doute pas un tendre …

Plutôt un révolté … face à la manière dont on traitait les lépreux à l’époque (voir la première lecture), et même encore longtemps après …

Il a osé braver l’interdit d’approcher les gens dits « sains ».

« Si tu le veux »

Formule de politesse, … qui montre une humilité devant Jésus …

Sa démarche ne pouvait qu’entrainer une réprobation de la part de toutes les personnes présentes qui craignaient d’attraper la lèpre !

« Si tu le veux », qu’on pourrait remplacer par « Si tel est ton désir. ». Il se soumet par avance à la volonté de Jésus …

Est-ce que dans nos prières nous avons le même souci de laisser à Dieu sa liberté de faire ou de pas faire ce que nous demandons … ?

Trop souvent, en effet, nous entendons ou lisons des intentions de prières qui commencent par : « Seigneur, fais que … » sans même s’il te plait ou merci … comme si Dieu devait accéder à toutes nos demandes …

Et après, on se plaint que Dieu ne nous exauce pas !

Mais si Dieu ne nous exauce pas, ce n’est pas pour une question de politesse … mais parce que cela ne correspond pas à ce qu’il veut pour nous, ou que nous ne sommes pas prêt pour ce que nous demandons.

             « Si tu le veux, tu peux me purifier. ».

Deux sens à cette demande.

Sans doute dans l’esprit du lépreux : « Guéris-moi de cette maladie ! »

Mais pour Jésus, qui ne sépare jamais les deux aspects de l’homme : l’homme physique et l’homme spirituel, « Tu peux me rendre pur dans mon cœur, pardonner mes péchés. ».

Quel sens faut-il privilégier ?

Chacun fera son choix. Rien ne permet de le dire.

Pour ma part, je préfère celle que j’attribue à Jésus.

Une fois que le lépreux est guéri, il ne respecte pas les consignes que Jésus lui donne : aller faire reconnaître sa guérison par le prêtre, selon la loi de Moïse.

Il ne suit plus la loi de l’ancien testament.

Puis il part « proclamer et répandre la nouvelle ». La bonne Nouvelle, la parole de Dieu.

Il suit la démarche de Jésus, Dieu d’amour, à l’égal de son Père … Il entre dans la logique du nouveau Testament.

D’ailleurs, Marc n’utilise pas le verbe guérir, comme au début du chapitre, mais le verbe purifier …, qui n’a pas le même sens que simplement guérir.

« Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha (un geste) et lui dit : « Je le veux, sois purifié. (une parole.) »

Jésus répond à l’interdit de s’approcher du lépreux en bravant un autre interdit : celui de toucher un intouchable selon la loi, devenant de ce fait lui aussi une personne impure, une personne qui doit rester à l’écart des villages …

Mais cela ne l’a pas trop gêné … car ce sont les gens qui venaient à lui !

En quoi ce passage nous concerne-t-il ? Nous aussi nous sommes impurs, non pas que nous ayons la lèpre, qui, heureusement à quasiment disparue …

Mais nous avons tous besoin d’être purifiés, non pas sur notre peau, mais dans notre cœur.

Le problème, c’est que cela ne se voit pas, on ne voit pas les tâches de lèpre … du moins pour les autres, mais pas pour Dieu, qui lui, connaît notre cœur mieux que nous-même, et qui connaît donc tous nos péchés, tous nos manquements … alors que nous, nous les oublions … et nous oublions de demander pardon à Dieu.

Que le carême qui arrive nous rappelle de demander pardon à Dieu de toutes nos offenses.

On le dit souvent en récitant le Notre Père … mais bien souvent, on l’oublie aussitôt …

Quand ce lépreux est venu se jeter à tes pieds,

Seigneur Jésus,

tu ne t’es pas éloigné

et tu ne l’as pas voué aux gémonies

comme tu aurais eu le droit de le faire.

Tu as vu sa détresse et tu as entendu son cri.

Tu l’as même touché …

et l’homme a été guéri ! …

Et le lépreux guéri s’est enfin senti « bien dans sa peau » …

Ta main avait caressé non seulement son corps,

mais plus encore son âme …

J’ai besoin moi aussi, Seigneur,

que tu viennes me toucher.

J’ai besoin que te main vienne me laver

de toutes mes impuretés, …

de tout ce qui m’empêche

d’être relié à toi et à mes frères.

Christian Delorme

 

Francis Cousin

 

 

 

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6ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 40-45) par D. Jacques FOURNIER

La guérison du lépreux,

signe de la Tendresse de Dieu

(Mc 1,40-45)

En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

6ième TO 2

            Autrefois, en Israël, un lépreux était regardé comme un mort vivant, un être impur, un puni de Dieu… La Loi exigeait que ses vêtements soient déchirés, ses cheveux en désordre. De plus, il devait s’éloigner de quiconque croisait son chemin en criant : « Impur, impur ! ». Et si quelqu’un le touchait, il devenait impur à son tour et s’exposait à de graves réprimandes…

            Et voilà qu’un lépreux désobéit à la Loi, s’approche de Jésus et tombe à ses pieds en lui disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier »… Jésus va-t-il lui faire des reproches ? Non… Il ne regarde que sa souffrance, son désarroi, sa détresse. Voilà ce qui est premier à ses yeux. En effet, La Loi, avec toutes ses règles de vie, devait être, dans l’intention première de Dieu, une maîtresse d’humanité… La dureté des cœurs en a fait, hélas, une règle froide avec laquelle ceux qui se croyaient les meilleurs parmi les hommes frappaient, tapaient, blessaient, excluaient, méprisaient…

Jésus, lui, est « bouleversé de compassion ». Il a du cœur, et il va laisser parler son cœur… Avec beaucoup de délicatesse, il va désobéir à la Loi de dureté pour mettre en pratique la Loi de l’Amour. Il s’est laissé toucher par la souffrance de cet homme, il va le toucher en signe de proximité, de solidarité, de communion… Désormais, Lui aussi est impur, comme ce lépreux. Moment de chaleur humaine d’une grande intensité…

Avec le Christ, la Lumière de la Tendresse de Dieu va briller au cœur de la détresse du lépreux et la chasser… Mais « attention », lui dit Jésus, pour l’instant, « ne dis rien à personne ». Il vient en effet de commencer sa mission, il craint d’être mal compris… Mais le lépreux n’y arrive pas… Ce qu’il vient de découvrir est si beau qu’il fait exactement le contraire : il dit tout, tout de suite, à tout le monde… Et voilà que Jésus se retrouve comme un lépreux ! Il ne peut plus entrer dans les villes ! Mais à l’inverse d’un lépreux, « de partout on venait à lui » pour l’écouter et se laisser toucher par cet Amour de Miséricorde venu purifier et sauver l’humanité tout entière… « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4) et si quelqu’un, d’une manière ou d’une autre est perdu, « il le cherche jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,4-7)…     DJF




6ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le lépreux

Mc 1, 40-45

Pour bien comprendre le récit de la guérison de ce lépreux, il est nécessaire de situer la lèpre, et le lépreux, au temps de Jésus. Il faut savoir que le lépreux était un homme totalement exclu de la société. Atteint d’une maladie grave et contagieuse, il était tenu à l’écart de la collectivité. Il ne devait toucher personne et personne ne devait le toucher, « il portera ses vêtements déchirés et des cheveux en désordre ».

Bien plus, la lèpre, pour les Hébreux, était le signe même du péché : la marque du péché, du châtiment divin pour des fautes particulièrement graves. Depuis toujours, le lépreux était considéré comme un mort ambulant, rejeté comme un cadavre encore vivant. Sa guérison (et on voit là toute la portée du miracle) n’était réservée qu’à Dieu seul. C’était « l’excommunié » par excellence et sa guérison équivalait à une purification qui pouvait être constatée, non par des médecins, mais par des prêtres. Dès qu’ils voyaient des « biens portants » aller vers eux, ils devaient crier : « impur, impur » derrière un voile qui devait leur protéger la bouche. Encore au Moyen-âge, ils devaient porter avec eux une sonnette pour avertir les gens qu’ils étaient là et donc de ne pas s’approcher.

Que fait Jésus ? Va-t-il violer la loi ? Ces tabous seront-ils plus forts que sa pitié ? Oui, il va violer les interdits. Il se laisse approcher par le lépreux qui tombe à ses genoux et le supplie et il entend ce cri admirable : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Vous le voyez, ce lépreux, dans ses haillons crasseux, il s’agenouille, il tend la main qui n’est peut-être plus qu’un moignon.

 « Ah, surtout qu’il ne me touche pas, il est répugnant, ce lépreux, contagieux, incurable ». Si nous avions été là, dans l’entourage de Jésus, qu’aurions-nous fait ? Vous rappelez-vous le moment précis où St-François d’Assise a eu le sentiment physique de la présence du Christ : il caracole sur un chemin désert, le jeune François Bernardone, beau, élégant, délicat et soudain son cheval se cabre ; il y a dans la poussière, un paquet difforme ! C’est un lépreux ! François saute de cheval et saute à son cou. C’est fait : pour toujours, il a embrassé Jésus lui-même qui s’identifie au rebut de l’humanité.

Maintenant, regardez Jésus : comme pour le provoquer, ce lépreux s’écrie : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Jésus sait bien ce qu’il a devant lui, c’est la mort ? Notre mort à nous chemine d’une manière clandestine : des cellules s’atrophient, quelques rides de plus et moins de souplesse, des cheveux blancs ou plus de cheveux. La lèpre, c’est la vision brutale de ce que la mort fera de notre corps : les chairs rongées, les os friables. C’est la mort en face et à cette répulsion physique s’ajoute à l’époque une répulsion morale. La lèpre est une malédiction et le lépreux est un maudit : Dieu le punit à cause de lui ou de quelqu’un de sa race. C’est le fruit d’une culpabilité religieuse :

« Va te montrer au prêtre et fais l’offrande prescrite », dit Jésus.

Le roi de France, voici cinq siècles, publie un édit autorisant la persécution des Juifs et des lépreux ! Regardez Jésus : d’abord, lui, il ne le condamne pas, il est au contraire « plein de pitié » et puis, il pourrait guérir à distance. Or, il tend la main, il touche de ses doigts la chair meurtrie, il arrête la mort, c’est-à-dire son ennemie : s’il perd contre la mort, sa vie n’a plus de sens.

Jésus se bat pour la vie : il va donc guérir le lépreux. Jésus ne cesse de sauver ce qui était perdu. Alors, il touche l’intouchable et il dit : « Je le veux, sois guéri ! »

 Sa parole fait toujours ce qu’il dit : « A l’instant même, sa lèpre le quitta ». Loin d’être gagné par la contagion, c’est Jésus qui devient contagieux à son tour et qui lui communique sa vraie santé : la sainteté, c’est la pureté qui est contagieuse ! En somme, une histoire très simple : Jésus guérit un lépreux, juste quelques lignes, mais elles cassent tout. Elles cassent la maladie, elles cassent surtout ce dont la lèpre était le symbole : elles cassent le péché. Pas de discours sur la bonté du Père, pas de morale sur l’inconduite de l’homme, seule, une action, une parole efficace relie ces deux contagions : « Je le veux, sois purifié » (Jésus ne dit pas « sois guéri » tout comme de son côté le lépreux avait dit non pas « guéris-moi », mais « purifie-moi« ). Et voilà maintenant notre homme guéri, attestation d’une nouvelle guérison, contagieuse, elle aussi, celle de l’apostolat. Il se met à proclamer et à répandre la bonne nouvelle ! Et cette mission qui l’habite est si efficace « qu’on venait à lui de partout ».

La simple bienséance voudrait que le chrétien, s’il est un tant soit peu conscient de l’immense grâce dont il bénéficie de la part de Dieu, ait au moins le bon sens de renouveler auprès de ses frères le même geste audacieux, courageux dont il a été, lui aussi, le bénéficiaire, au moment de son Baptême, à chaque fois qu’il a eu recours au Sacrement de Réconciliation. Beaucoup de chrétiens l’ont compris qui ont offert leur vie à s’occuper des malades. Il y a des signes d’autres maladies plus graves encore, pas tant dans les corps, mais dans leurs cœurs : égoïstes, orgueilleux, jaloux, méchants, débauchés, rongés par l’envie, la calomnie, la médisance, la haine, le mépris.

Raoul Follereau, un français de notre siècle, a consacré sa vie à soigner les lépreux. Des prêtres passent parfois leurs journées à guérir, au nom de Jésus, d’autres lèpres spirituelles rongeant une âme, plus sûrement que l’autre lèpre ronge leurs membres. Le chrétien doit toujours s’exposer au combat pour la vie contre la mort.

 A notre époque, il y a aussi des lèpres modernes qui peuvent nous trouver en position de fraternité envers tous ceux qui en sont les victimes, victimes totalement innocentes des guerres, des épidémies, des migrations. Il y a aussi tous les autres : les exclus du chômage, les injustices de toutes sortes. Les exclusions se présentent toujours comme une réaction de défense de la société, de l’église, de la famille contre des contagions possibles.

En Jésus, tous les obstacles sont abolis : que nous soyons à notre tour des agents de réconciliation, de réintégration, de l’accueil à tous. Nous qui avons été guéris par Jésus, que notre guérison soit pour tous un témoignage : le Royaume progresse quand l’exclusion régresse.  AMEN




Rencontre autour de l’Evangile – 6ième dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45)

« Pris de pitié, Jésus étendit la main… »

6ième TO

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ce passage fait suite à celui du dimanche précédent. Jésus est au début de son ministère.

 Ensemble lisons (Mc 1, 40-45)

Faire une première lecture. .

Un lépreux : dire tout ce que l’on sait du sort d’un tel malade au temps de Jésus.

Noter la démarche et la prière du lépreux. Quelle réflexion cela nous inspire?

La réaction de Jésus:

Qu’avons-nous à dire de ses  sentiments. De son geste. De sa parole : « Je le veux, sois purifié »

Pourquoi aussitôt après l’avertissement sévère de ne rien dire à personne?

Et pourquoi cette demande de Jésus : « va te montrer au prêtre. »

Et pourquoi cette guérison sera pour les autorités religieuses un témoignage ?

Et comment comprendre la réaction de l’homme guéri ?

Son attitude a-t-elle un sens pour nous aujourd’hui ? Est-ce que Jésus nous demande de nous taire?

Jésus est obligé d’éviter les lieux habités : pourquoi?

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

A la fin du partage, faire un moment de silence pour une contemplation de Jésus et une prière silencieuse.

 

POUR L’ANIMATEUR

Le malade s’approche de Jésus pour une demande humble et confiante. Il s’agenouille devant lui et le supplie.

Pour bien comprendre cette demande, il fait savoir que le lépreux était un homme totalement exclu de la société. Atteint d’une maladie grave et contagieuse, il était tenu à l’écart de la collectivité. Selon la loi de Moïse, il devait porter des vêtements déchirés et des cheveux en désordre et crier « impur ! impur » quand il s’approchait d’un endroit habité.

Dans la bible, la lèpre est un mal physique et aussi un mal religieux : elle  était considérée comme la marque du péché et le châtiment divin de fautes jugées particulièrement graves. Le lépreux était comme un mort ambulant, rejeté comme un cadavre source « d’impureté ». Pas de communion possible avec Dieu et avec les hommes.  La guérison d’un tel mal était réservée à Dieu.

Dans ce contexte, l’attitude de Jésus est extraordinaire : non seulement il se laisse approcher par le malheureux, mais il ose toucher l’intouchable. Et sa parole a la souveraine efficacité de la Parole même de Dieu : il dit et cela fut.

La guérison des lépreux figurait parmi les signes auxquels on reconnaîtrait l’action du Messie. Aux disciples de Jean Baptiste venus lui demander s’il était le Messie, Jésus répond : Les boiteux marchent, les lépreux sont guéris. » (Mt 11, 1-5) Le Messie est donc là qui restaure l’homme en parfaite santé physique et spirituelle.

Aussitôt après la guérison Jésus « chasse » carrément l’homme avec l’ordre de se taire. C’est dans l’évangile de Marc ce qu’on a appelé le « secret messianique ». Jésus ne veut pas qu’on se méprenne sur le sens de son identité de Messie. Il n’est pas ce magicien attendu qui supprimerait tous les maux de la terre. La profondeur de son être et de sa mission de Messie ne pourra vraiment être comprise qu’à la lumière de sa Passion et de sa Résurrection?

Jésus envoie l’homme guéri vers le prêtre pour faire constater officiellement sa guérison et le faire rentrer dans la communauté religieuse. Et ce sera un témoignage. Les autorités religieuses apprendront ainsi que cette guérison est l’accomplissement en la personne de Jésus de l’attente du Messie.

En fait par la désobéissance de l’homme guéri, Marc nous ramène à aujourd’hui : celui qui est guéri doit être missionnaire de la Bonne Nouvelle.

Avec la résurrection de Jésus, le « secret messianique » est devenu caduc.

Le lecteur de cet évangile, c’est à dire chacun de nous, a mission de répandre le joyeux message libérateur de Jésus.

Puis l’évangéliste revient à Jésus : Jésus est obligé de fuir la foule. De partout en venait à lui. Une question naît dans les cœurs: « Quel est cet homme ? »

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

En guérissant le lépreux et en lui permettant de retrouver sa place dans la société, Jésus nous révèle qu’il est venu susciter parmi les hommes une fraternité qui ne connaîtra ni paria ni exclu.

Nous connaissons aujourd’hui autour de nous des gens mis à part de la société : des jeunes qui au sortir de l’école se retrouve sans travail, des personnes qui n’ont pas notre culture, notre langue, notre religion, notre genre de vie, etc…

Les fréquentons-nous?

Quel regard nous portons sur elles ?

Les aimons-nous comme des frères?

La lèpre qui défigure le visage de l’homme a toujours été interprétée comme le symbole du péché qui défigure l’image de Dieu qui est en nous.

Pour guérir la lèpre de notre péché  prenons-nous le temps de nous approcher de Jésus Christ  avec la même confiance que le lépreux de l’évangile?

ENSEMBLE PRIONS

Psaume 101 : N’oublie pas, Seigneur, le cri des malheureux.

Seigneur entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi !

Ne me cache pas ton  visage le jour où je suis en détresse !

A force de crier ma plainte, ma peau colle à mes os.

Mais toi, Seigneur, tu es là pour toujours ;

d’âge en âge on fera mémoire de toi.

Du ciel le Seigneur s’est penché, il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 6ème DIMANCHE ORDINAIRE




Présentation du Seigneur au Temple (Lc 2, 22-40) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Frères et Sœurs,

Quand Marie et Joseph viennent en pèlerinage à Jérusalem pour présenter Jésus au Temple, ils accomplissent, comme nous le dit l’évangile : ce qui est « prescrit par la loi de Moïse ». Joseph et Marie sont de pieux et fidèles juifs, ils observent ce que demande la loi.

Cette fête de la présentation du Seigneur tombe quarante jours après la Nativité. Lors de cette visite rituelle, Jésus est reconnu par Syméon et Anne comme Celui qui accomplit les promesses annoncées par les prophètes dans l’Ancien Testament.

Syméon et Anne, deux personnes âgées, représentent le peuple d’Israël dans l’attente du Messie qui était annoncé dans les Écritures. Marie et Joseph, dans la jeunesse de l’âge, représentent eux le peuple de la nouvelle Alliance et éternelle que le Messie va sceller.

Intéressons-nous davantage à ces deux personnages de Syméon et d’Anne. Que nous révèlent-ils de Jésus ? Et à quelles attitudes nous invitent-ils pour vivre notre foi ?

Syméon est avant tout un homme juste et religieux, « qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui » nous dit l’évangile. Syméon est un juif fervent et juste, c’est-à-dire « ajusté » à ce que Dieu demande. Syméon nous rappelle que nous aussi nous avons reçu l’Esprit Saint à notre Baptême et à notre Confirmation. Prenons-nous le temps de l’invoquer en nous chaque jour ? Cela est primordial pour pouvoir discerner les signes discrets mais réels de Dieu dans ce monde. Il est essentiel d’invoquer l’Esprit Saint pour pouvoir accueillir la Parole du Christ dans nos vies. Sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas nous « ajuster » à ce que le Seigneur nous demande…

Syméon reconnait Jésus comme la gloire d’Israël et comme la lumière des nations. Le Christ est la lumière qui éclaire nos ténèbres. C’est le sens de du rite des cierges que nous avons vécu au début de la messe. En tant que chrétiens, nous savons que nous avons à porter la lumière du Christ dans notre monde déboussolé mais pour faire face à ce monde déboussolé et bien porter la lumière du Christ, nous devons tout d’abord recevoir cette lumière en nous ! Ne disons pas trop vite que nous n’avons pas besoin de la lumière du Christ, il existe en chacun de nous des zones d’ombre et certaines sont bien cachées mais le Christ veut les visiter pour les purifier et les guérir. Il peut le faire à condition de le laisser éclairer ces zones d’ombre.

Nous ne pouvons pas partager la lumière du Christ si cette lumière n’a pas transformé en premier lieu notre vie. C’est ainsi que nous pourrons devenir une authentique lumière pour les autres. Comment être convaincu et convaincant sans être transformé ?

Anne est une « femme prophète », une femme de prière. L’évangile souligne « qu’elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Anne annonce Jésus comme le Sauveur. Elle nous rappelle que nous sommes nous-mêmes des prophètes par la grâce du Baptême. Cela implique trois faits :

  • Nous devons rendre un culte à Dieu qui passe par la louange à Dieu et l’action de grâce.

  • Nous devons servir Dieu et notre prochain dans la prière.

  • Nous devons annoncer en paroles et en actes l’Évangile du Christ.

Nous avons à annoncer le Christ comme Sauveur mais cette fête nous interroge profondément : l’avons-nous réellement accueilli comme notre Sauveur ? Comment être un témoin crédible du Christ Sauveur si nous ne le laissons pas d’abord nous sauver ?

Voilà quelques pistes pour nous éclairer dans notre mission de baptisé, là où nous sommes insérés. Je termine en faisant référence à Marie et à Joseph, de bons juifs parce qu’ils sont soucieux d’accomplir la volonté de Dieu. Nous le savons, sans la lumière du Christ, nous ne pouvons accomplir la volonté de Dieu. N’oublions pas ces moyens efficaces (mais que nous négligeons parfois) pour accueillir la lumière du Christ dans nos vies : la méditation de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements de l’Eucharistie et du Pardon et en pratiquant concrètement la charité envers notre prochain.

Que Marie et Joseph nous aident à accueillir Jésus comme notre Messie et notre Sauveur, celui qui nous communique la lumière de Dieu. Qu’ils nous aident aussi à être des « portes-lumière » du Christ pour les autres. Amen.




5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Le dire est une chose, le faire en est une autre »

Tout le monde connait ce dicton qui suggère que le passage à l’acte est plus important que les mots prononcés. De manière générale, nous sommes plutôt d’accord… Mais les lectures que nous propose la liturgie ce dimanche prennent à contre-pied cet adage. Même si les bonnes œuvres sont essentielles, la mission première du chrétien est l’annonce de l’Évangile.

Dans la deuxième lecture, nous avons entendu saint Paul déclarer : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16)

Certes, ce souci particulier de l’évangélisation relève de la vocation spécifique de Paul, et du contexte qui était le sien. Au moment où il a écrit ces lignes aux Corinthiens, Paul pensait que la fin des temps était proche. Par conséquent, gagner au Christ le plus grand nombre possible de frères et sœurs était une urgence.

Et quand Paul écrit qu’il s’est fait « juif avec les juifs ; sans-loi avec les sans-loi ; faible avec les faibles », s’il s’est « fait tout à tous » (9, 20-22), c’est afin que l’Évangile qu’il annonçait soit accueilli.

Nous comprenons que pour Paul, ce qui est premier c’est « le dire » ; c’est l’annonce de l’Évangile. Son comportement et ses bonnes œuvres sont au service de son message, et non pas l’inverse.

Cela peut nous surprendre. Mais continuons à explorer les textes du jour pour essayer de comprendre pourquoi l’annonce de l’Évangile a plus de valeur que les bonnes actions.

Le texte d’évangile de ce dimanche (Mc, 1, 29-39) commence par le court récit de la guérison de la belle-mère de Simon. Puis, l’évangéliste Marc élargit la perspective en nous racontant une généralisation de l’activité de Jésus comme thaumaturge :

« Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons » (1, 32-34).

Remarquons d’abord, que si on amène à Jésus « tous ceux » qui étaient atteints d’un mal, Jésus en guérit « beaucoup ». Jésus guérit beaucoup de monde, mais pas tous.

Ensuite, alors que Jésus priait dans un endroit désert, Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Le verbe en grec (καταδιώκω), que nous traduisons en français par « partirent à sa recherche » suggère qu’il s’agit d’une « poursuite ». Simon et les autres disciples « poursuivent » Jésus.  La raison de cette recherche acharnée est la volonté des disciples que Jésus se plie au désir des foules, en accomplissant d’autres miracles.

Jésus ne répond pas à cet appel et dit à ses disciples : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » (1, 38).

Jésus pourrait multiplier les guérisons et les exorcismes, mais ce n’est pas pour cela qu’il est sorti. Jésus n’est pas un distributeur de miracle. Sa mission est d’abord de proclamer l’Évangile de Dieu (cf. 1, 14).

Alors que les foules et même ses propres disciples se concentrent sur les miracles qu’il réalise, ceux-ci ne sont que des signes qui accompagnent et confirment la véracité de sa prédication et son enseignement, à savoir que « le Règne de Dieu s’est approché » (1, 15).

Nous savons par les évangiles que dans sa prédication, Jésus parlait de ce « Règne de Dieu » en parabole. Et puisque les miracles qu’il réalisait étaient des signes confirmant ses paroles, nous en déduisons que les miracles que fait Jésus nous disent aussi quelque chose du « Règne de Dieu ».

Si pendant son ministère public Jésus a expulsé des démons, et guéri des malades, ce n’était pas seulement pour soulager certains de ses contemporains de leurs souffrances, c’était surtout pour signifier qu’à la fin des temps, lorsque la réalisation du « Règne de Dieu » sera achevée, il n’y aura plus de place pour les démons et les maladies. Dans le « Royaume », les puissances de mort seront anéanties.

Bien comprendre cela est ce qui est le plus important. Les miracles en tant que tels, n’ont pas beaucoup de valeur. Ils sont au service du message d’espérance de Jésus. Encore une fois, c’est la « parole » qui est première.

La première lecture apporte un éclairage supplémentaire. Nous avons entendu Job se plaindre avec des paroles très fortes :

« Je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couché, je me dis : « Quand pourrai-je me lever ?” Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube… mes yeux ne verront plus le bonheur. » (Jb 7, 3-4 ; 7).

Quand l’homme fait face à une grande souffrance, il peut arriver qu’il perde tout espoir. Comme Job, il se voit alors s’enfoncer dans la mort.

Une restauration comme celle dont bénéficie Job à la fin du livre (ch. 42), et les guérisons accordées par Jésus à certains malades, peuvent apporter un soulagement temporaire à une personne qui souffre, ce qui n’est pas négligeable.  Mais l’accueil de l’Évangile est bien supérieur.

En effet, savoir dans la foi, que la souffrance et la mort n’auront pas le dernier mot, et l’attente d’un bonheur sans fin en Dieu, rendent celui qui met sa confiance en Christ, capable de supporter avec courage et espérance, les épreuves intrinsèques à la condition humaine.

Comme nous y invite le psalmiste, « Jouons donc pour notre Dieu sur la cithare ! Entonnons pour le Seigneur l’action de grâce ! » (Ps 147, 7). Remercions-le de nous avoir donné la foi et l’espérance. Ne gardons pas ces présents pour nous. Renouvelons notre élan missionnaire et que l’annonce de l’Évangile devienne pour nous, comme elle l’était pour saint Paul, une nécessité (1 Co 9, 16). Amen !

 

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 31 Janvier 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 31 Janvier 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 6. La colère

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces dernières semaines, nous traitons du thème des vices et des vertus, et aujourd’hui nous nous arrêtons pour réfléchir sur le vice de la colère. Il s’agit d’un vice particulièrement sombre, et peut-être le plus facile à détecter d’un point de vue physique. La personne dominée par la colère peut difficilement la dissimuler : on le reconnaît aux mouvements de son corps, à son agressivité, à sa respiration laborieuse, à son regard obscur et renfrogné.

Dans sa manifestation la plus aiguë, la colère est un vice qui ne laisse aucun répit. Si elle naît d’une injustice subie (ou ressentie comme telle), elle ne se déchaîne souvent pas contre le coupable, mais contre le premier malchanceux. Il y a des hommes qui retiennent leur colère au travail, se montrant calmes et compatissants, mais qui, une fois à la maison, deviennent insupportables pour la femme et les enfants. La colère est un vice omniprésent : elle est capable de nous priver de sommeil et de nous faire constamment comploter dans notre esprit, incapables de trouver une barrière pour raisonner et penser.

La colère est un vice destructeur des relations humaines. Il exprime l’incapacité à accepter la diversité de l’autre, surtout lorsque ses choix de vie divergent des nôtres. Elle ne s’arrête pas au mauvais comportement d’une personne, mais jette tout dans la marmite : c’est l’autre, l’autre tel qu’il est, l’autre en tant que tel qui provoque la colère et le ressentiment. On se met à détester le ton de sa voix, les gestes banals de la vie quotidienne, ses façons de raisonner et de sentir.

Lorsque la relation atteint ce niveau de dégénérescence, la lucidité est désormais perdue. La colère fait perdre la lucidité. Car l’une des caractéristiques de la colère est parfois qu’elle ne s’apaise pas avec le temps. Dans ce cas, même la distance et le silence, au lieu d’apaiser le poids de l’incompréhension, l’amplifient. C’est pour cette raison que l’apôtre Paul – comme nous l’avons entendu – recommande à ses chrétiens d’aborder immédiatement le problème et de tenter une réconciliation : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ep 4,26). Il est important que tout soit résolu immédiatement, avant que le soleil ne se couche. Si un malentendu survient pendant la journée et que deux personnes ne se comprennent plus, se sentant soudain éloignées l’une de l’autre, la nuit ne doit pas être livrée au diable. Le vice nous maintiendrait éveillés dans l’obscurité, ruminant nos raisons et nos erreurs inexplicables qui ne sont jamais les nôtres et toujours celles de l’autre. C’est ainsi : lorsqu’une personne est dominée par la colère, elle dit toujours que le problème vient de l’autre ; elle n’est jamais capable de reconnaître ses propres fautes, ses propres déficiences.

Dans le « Notre Père », Jésus nous fait prier pour nos relations humaines qui sont un terrain miné : un plan qui ne s’équilibre jamais parfaitement. Dans la vie, nous avons affaire à des débiteurs qui nous sont redevables, tout comme nous n’avons certainement pas toujours aimé tout le monde à sa juste mesure. À certains, nous n’avons pas rendu l’amour qui leur était dû. Nous sommes tous des pécheurs, tous, et tous nous avons des comptes dans le rouge : il ne faut pas l’oublier ! Pour cela tous nous devons apprendre à pardonner pour être pardonnés. Les hommes ne restent pas ensemble s’ils ne pratiquent pas aussi l’art du pardon, pour autant que cela soit humainement possible. Ce qui peut contrer la colère, c’est la bienveillance, l’ouverture du cœur, la douceur, la patience.

Mais à propos de la colère, il faut dire une dernière chose. C’est un vice terrible, a-t-on dit, il est à l’origine des guerres et des violences. Le poème de l’Iliade décrit « la colère d’Achille », qui sera la cause d’un « deuil infini ». Mais tout ce qui naît de la colère n’est pas mauvais. Les anciens savaient bien qu’il y a en nous une part d’irascibilité qui ne peut et ne doit pas être niée. Les passions sont, dans une certaine mesure, inconscientes : elles se produisent, ce sont des expériences de la vie. Nous ne sommes pas responsables de l’apparition de la colère, mais toujours de son développement. Et parfois, il est bon que la colère soit évacuée de la bonne manière. Si une personne ne se met jamais en colère, si elle n’est pas indignée par une injustice, si elle ne ressent pas un frémissement dans ses tripes face à l’oppression d’une personne faible, cela signifierait que cette personne n’est pas humaine, et encore moins chrétienne.

La sainte indignation existe, qui n’est pas la colère mais un mouvement intérieur, une sainte indignation. Jésus l’a connue plusieurs fois dans sa vie (cf. Mc 3,5) : il n’a jamais répondu au mal par le mal, mais dans son âme il a ressenti ce sentiment et, dans le cas des marchands du Temple, il a accompli une action forte et prophétique, dictée non par la colère, mais par le zèle pour la maison du Seigneur (cf. Mt 21,12-13). Nous devons bien distinguer : une chose est le zèle, la sainte indignation, une autre est la colère qui est mauvaise.

Il nous appartient, avec l’aide de l’Esprit Saint, de trouver la juste mesure des passions, de bien les éduquer pour qu’elles s’orientent vers le bien et non vers le mal. Merci.

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les jeunes provenant des établissements scolaires de France.

Frères et sœurs, apprenons à nous exercer à l’art de la réconciliation et du pardon afin de vaincre le vice de la colère et d’ouvrir des voies de paix dans nos relations quotidiennes.

Que Dieu vous bénisse !





Session de démarrage du Cycle Long 2024 (28/01)

Ce dimanche, toutes celles et ceux qui se sont inscrits au Cycle Long étaient invités à se rassembler au collège St Michel à St Denis pour la session de lancement d’année…

Nous nous sommes tous retrouvés dans la grande salle d’étude aménagée la veille par l’équipe de Service pour une introduction à la Liturgie des Heures (Prière du temps Présent) présentée par Yolain ITEMA.

Puis nous avons prié les Laudes, la prière du matin… Après une rapide présentation des différents groupes Cycle Long de l’île, ainsi que de leurs équipes de Service, nous sommes tous allés prendre un bon petit déjeuner dans la hall d’entrée du collège, avec tous les croissants, pains au chocolat, pains aux raisins apportés par Noël IMBOULA…

Puis, le D. Jacques FOURNIER a présenté le programme des cinq premières journées bibliques du parcours…

Puis Claude WON FAH HIN a présenté le programme des quatre rencontres de Théologie du second semestre, elles aussi centrées sur le Mystère du Christ :

Pendant que les secondes années étaient avec Noëline FOURNIER sous le préau pour une intervention sur « Léonie (soeur de Ste Thérèse de Lisieux), la faiblesse transfigurée », les premières années recevaient une introduction à la Bible…

A midi, ce fut l’heure du repas apporté par Didier…

Et nous avons repris l’après midi avec une intervention de Yannick LEROY, spécialiste de l’Histoire des Premiers Siècles de l’Eglise, pour les secondes années sur le thème: « Jésus de Nazareth face aux exclus de son époque ».

 

Pendant ce temps là, l’équipe de Service présentait aux premières années la vie du Cycle Long, son organisation…

Et nous avons conclu notre journée par la célébration de l’Eucharistie présidée par le P. Jean François LACO, curé de Ste Suzanne, et intervenant lors de la première partie biblique pour le groupe Cycle Long de Bagatelle …