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5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – par Francis COUSIN

 « En famille »

Sitôt sortis de la synagogue, les disciples de Jésus (ils ne sont alors que quatre) : les deux fils de Jonas et deux fils de Zébédée se retrouvent ensemble dans la maison de Simon et André, avec Jésus. Les deux couples de frères avaient l’habitude de travailler ensemble et il n’est pas surprenant qu’ils profitent du sabbat pour avoir un moment de détente ensemble…

Mais ce jour-là, en arrivant, ils voient la belle-mère du Simon au lit avec de la fièvre.

Or c’est à elle, la maitresse de maison, d’allumer les bougies sur la table du sabbat, et de prononcer la bénédiction sur la lumière en disant : « Éloigne de nous toute sorte de honte, de douleur et de préoccupation ; fais que la paix, la lumière, et la joie demeurent toujours dans notre maison. Chez Toi est la fontaine de la vie. À Ta lumière, nous voyons la lumière ».(Ps 36,9-10) ».

Une maison privée de femme est une maison qui reste dans l’obscurité. Or Jésus n’est pas venu dans le monde pour que celui-ci reste dans l’obscurité : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).

Jésus ayant été informé, il s’approcha d’elle : « la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. »

Deuxième miracle de la journée.

Avec une différence par rapport à celui de la synagogue où Jésus avait ordonné, en paroles, à l’esprit impur de se taire et de quitter l’homme : ici, il n’y a pas de parole de Jésus, seulement des gestes.

Paroles ou gestes … ce sont les deux manières de Jésus pour guérir …

Mais ce sont aussi les deux attributs qui sont toujours utilisés dans l’administration de chacun des sept sacrements.

A la synagogue, Jésus avait permis à l’homme, en le guérissant, de participer totalement à la prière communautaire, car même s’il y était présent, l’esprit impur, ennemi juré de Dieu, ne pouvait pas lui permettre d’être totalement en union avec Dieu.

Pour la belle-mère de Pierre, en guérissant celle-ci, Jésus lui redonne la totalité de ses prérogatives : Allumer les bougies du sabbat, et préparer le repas familial.

Si l’on va un peu plus loin dans l’évangile, en Marc 5,38-43, pour la résurrection de la fille de Jaïre, et que l’on compare avec le texte de ce jour, on voit : 1 Jésus s’approche de l’enfant. 2  Un geste : Il saisit la main de l’enfant.   3 une parole : Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » 4  il leur dit de la faire manger.

C’est la même ordonnance, en parole ou en geste …avec cette différence que là, on lui donne à manger au lieu que ce soit elle qui serve les autres (ou les hôtes).

Le soir venu ! …

Après le coucher du soleil, … Hé oui ! même si les gens avaient été prévenus dès le matin, au sortir de la synagogue, ils ont attendu la fin de la journée, après le coucher du soleil, pour qu’on amènent à Jésus « tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. »

À cette époque, on respectait encore le repos du jour du Seigneur !

« Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était ».

D’après Marc, il y avait donc foule, et Jésus dût être bien fatigué !

Malgré cela, : « Jésus se leva bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. ».

Jésus n’oublie pas son Père !

« Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. » (Jn 5,19-20).

Jésus est toujours en lien avec son Père, à chaque instant, et souvent, on le voit prier, avant, ou après des miracles. Il a besoin de ce contact permanent avec lui.

Est-ce que nous, nous sommes en contact permanent avec Dieu !?

À une heure raisonnable, quand tout le monde se lève … on constate la disparition de Jésus … tout et le monde le cherche …

Quand on le trouve, Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

Jésus aurait pu rester là, à Capharnaüm, il avait tout le village avec lui …

Mais pour lui, ce n’est qu’une étape, il faut qu’il aille au bout de sa mission, celle qu’il s’est fixée en montant en Galilée … mais aussi celle qui a été fixée … par Dieu … par la Trinité … avant même la naissance de Jésus … quand Dieu a envoyé l’ange Gabriel vers Marie …

 

Seigneur Jésus,

Tu aurais pu te contenter de rester à Capharnaüm,

Tu avais un petit groupe avec toi,

Tu avais fait beaucoup de miracles

Tu étais devenu célèbre.

Beaucoup d’humains l’auraient fait …

Mais tu as préféré faire l’œuvre de ton Père 

Pour notre plus grand bien !

 

Francis Cousin

 

 

 

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5ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le mal et Pâques

 Mc 1, 29-39

La liturgie de dimanche dernier nous avait confrontés au problème du mal et déjà nous nous posions cette question :

« Comment Dieu, qui est amour, bonté, justice, permet-il autour de nous et sur nous, cette emprise du mal ? » Il y a là une contradiction entre un Dieu bon, Père tout-puissant et un mal, mauvais, adversaire de l’homme et qui semble tout-puissant, lui aussi.

Pour mieux nous le faire sentir, la liturgie d’aujourd’hui campe devant nous : deux hommes aux prises avec le mal, Job et Jésus.

Job, vous venez de l’écouter : ce sont des paroles de désespoir et d’amertume. Il essaye de comprendre le sens de sa vie : « Celle-ci, dit-il, est une corvée », « l’homme n’est qu’un manœuvre, un esclave », « je ne gagne que du néant », « la nuit, je désire le jour ; le jour, je désire la nuit », « et cette chienne de vie court plus vite devant moi que la navette du tisserand ». Et puis, un jour, cette navette s’arrête brusquement : il n’y a plus de fil = souffle de vie, et le bonheur, alors ? C’est pour quand ?

Il y a certains moments de notre vie où nous pourrions en dire autant.

. Cri personnel : nous nous débattons dans les soucis de la famille, le chômage des uns, la méchanceté des autres, la maladie des enfants, les injustices de certains, le handicap d’un être cher, le double jeu des menteurs, l’égoïsme sacré des repliés sur soi.
. Cri collectif : « Mais, Seigneur, ces milliers de personnes qui meurent en Israël, en Irak, au Soudan ; ces bidonvilles d’Amérique Latine ; ces milliers de chômeurs écartés de la vie, de la société ; tous ces mal-aimés ; tous ces humiliés ».

. Cri de révolte contre l’homme et contre Dieu.

            C’est du chapitre 7 du « livre de Job » que cette lecture est extraite et ce n’est qu’en allant plus avant dans la souffrance et aussi dans sa réflexion que Job découvre Dieu présent dans sa vie.

Au chapitre 42 de ce même livre, enfin il s’écrie : « Jusqu’ici, je ne te connaissais que par « oui- dire », mais maintenant mes yeux t’ont vu ! ».

Il ne dit pas : « Tu m’as expliqué ce mystère ».

Il ne dit pas : « J’ai compris pourquoi j’ai souffert ».

Non, il dit seulement : « Mes yeux t’ont vu ». Dans sa souffrance, dans sa misère, au creux de l’épreuve, il a vu Dieu : il était , présent à côté de lui, en lui. Au lieu d’une explication, à la place d’une solution, il y avait quelqu’un à côté de lui, qui souffrait avec lui.

Job n’a pas de réponse : il a découvert Dieu au cœur du problème, au cœur de sa situation, le mal reste toujours le mal. 

Le mal, quoiqu’on ait pu dire, n’est jamais un bien et il n’y a pas, comme on l’a dit parfois, de « bonne souffrance » et le chrétien comme Job, a « le droit« , bien plus, « le devoir » de lutter de toutes ses forces, de combattre le mal sous toutes ses formes :

* mal physique de la maladie

* mal intellectuel de l’ignorance ou de l’erreur

* mal affectif de l’égoïsme ou de la méchanceté

* mal spirituel de l’athéisme, de l’indifférence et des fausses pistes spirituelles.

Tout cela, nous devons le combattre avec vigueur et sans ambigüité, d’abord en nous et puis autour de nous. Le mal sera toujours mal et parce que c’est mal, il faut le chasser, l’écraser : ce que parfois on a appelé « résignation » n’est qu’une abominable capitulation de l’homme qui baisse les bras au lieu de continuer à lutter.

 Job ne se résigne pas. Job n’admet pas. Mais au bout de ses réflexions et de ses raisonnements humains, il a vu « quelqu’un« , présent, en lui et à côté de lui, luttant avec lui comme un partenaire, comme un compagnon d’arme : « Mais, maintenant, mes yeux t’ont vu, aussi je retire mes paroles ». Dieu luttant à ses côtés, avec lui, Job ne parle plus, il va agir, lutter, sachant qu’il n’est plus seul pour le faire. Pour lui, le mal n’est plus un « Problème ». C’est « un ennemi » contre lequel il va falloir se coltiner, ayant à ses côtés, celui qui a vaincu le mal définitivement : Jésus-Christ.

Eh bien, puisque je l’ai nommé, passons de Job à Jésus et nous aurons trouvé, non pas une réponse, une solution intellectuelle mais le vainqueur du mal. Quand j’étais jeune, j’ai appris un jour qu’un avion avait « passé » « le mur du son », crevé « le mur du son » et qu’il évoluait désormais dans un silence total. Il passait d’un monde à un autre monde. Le Christ, lui, par sa mort et sa Résurrection, a crevé le « mur du mal » et à sa suite, par sa vie reçue au Baptême, par nos souffrances unies à sa Passion, par notre passage à la vie éternelle, nous crevons, nous aussi, ce « mur du mal » : passage qui s’effectue entre le « Vendredi Saint » de chacun d’entre nous et l’aube de notre « Pâques » qui veut dire « passage ». Tous, nous avons à effectuer ce « passage », crever ce mur du mal. Après toutes nos épreuves, après toutes nos souffrances, après notre Vendredi Saint, il y a « Pâques » qui se profile à l’horizon.

La lueur de l’aube nouvelle, la lumière au bout du tunnel. A la suite de Jésus-Christ, « premier né d’entre les morts », figure de proue de l’Humanité en marche, nous n’avons pas à disserter sur le problème du mal. Jésus-Christ n’a pas fait de conférences sur « le mal », il s’y est attaqué : « Satan, sors de cet homme ». Il guérit la belle-mère de Simon : il l’a fait lever.

 Nous tous, les accablés, les prostrés, les couchés, les résignés, Jésus-Christ nous fait lever : il veut que nous soyons des hommes « debout« . « Elle les servait » debout pour nous mettre au service des autres, luttant à notre tour, en compagnie du Christ contre ce mal omniprésent. « Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et ceux qui étaient possédés par un esprit mauvais : et il les guérissait et chassait beaucoup d’esprits mauvais ».

Jésus-Christ n’apporte pas de solution à la souffrance, Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas  venu l’expliquer, « Il est venu, nous dit Claudel, la remplir de sa présence, la prendre à bras le corps », et c’est le crucifix : ce crucifix auquel nous sommes tellement bien habitués que nous ne le regardons parfois même plus.

La souffrance pourtant, elle est là, désormais, clouée à la Croix par Dieu. Jésus-Christ l’a prise toute entière pour la tuer par sa propre mort. Lorsque Jésus fut descendu de cette croix, corps inerte, sans vie, on aurait pu croire que le mal était le vainqueur absolu et définitif : c’était compter sans Pâques, « le Mystère Pascal ». C’est la « lutte finale » où Dieu a fait mourir la mort, la souffrance, le mal. C’est par là qu’il nous faut passer à la suite du Christ.

Il y a des « Vendredi Saint » dans notre vie, mais surtout il y a « Pâques » : la victoire définitive sur le mal. AMEN




5ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 29-39) par D. Jacques FOURNIER

Jésus Sauveur du Monde (Mc 1,29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

jésus guérit 4

            Cette page d’Evangile est un résumé de toute la mission de Jésus : sauver tous les hommes, s’ils acceptent bien sûr, en toute liberté, de se repentir et de se laisser sauver. Jésus vient d’enseigner dans la synagogue de Capharnaüm : « Le temps est accompli », toutes les prophéties de l’Ancien Testament s’accomplissent avec lui, « et le Royaume de Dieu est tout proche » : le « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) est là, invisible mais présent à la vie des hommes, en Seigneur Tout Puissant, et il se propose de régner en nos cœurs et en nos vies par le Don de son Esprit. Si nous consentons à cette Présence et à son action en nous, « la Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5) : elle règne ! Alors, « la paix du Christ règne dans vos cœurs » (Col 3,15) et sa Parole se réalise : « Que votre cœur ne se trouble pas » (Jn 14,1). En effet, « c’est Lui qui est notre paix : en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,14-18) : l’Amour règne… « Tout est pardonné »… En effet, tous les hommes, « Juifs et grecs, tous sont soumis au péché… Le monde entier est coupable devant Dieu » (Rm 3,9-20) ? « Par le péché, la mort est entrée dans le monde et passé en tous les hommes, puisque tous ont péché » (Rm 5,12) ? « Vous qui étiez morts du fait de vos fautes, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes ! » (Col 2,13). « Le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23) : la Vie règne ! Et « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), qui a tout créé par amour (Sg 11,24), veut que toutes ses créatures aient une vie réelle, solide, durable (Sg 1,14). En Jésus Christ, il est donc venu, dans la paix, déclarer la guerre à tout ce qui abîme, blesse, tue la vie, luttant par amour contre le mal, et cela pour le bien même de ceux qui le commettent ! « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ! » (1Tm 2,3-6). Tous, sans aucune exception, et il invite avec le plus de force les pires criminels à se repentir pour que ces derniers, ses enfants eux aussi, aient la vie (Jn 10,10). Et rien ne lui est impossible (Mt 19,26), car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Qui pourrait prétendre tarir l’infini de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu ?

            Voilà ce qui est dit en actes ici : guérison de la belle-mère de Simon Pierre, juive, puis guérison de tous les habitants de Capharnaüm qui venaient à Jésus, Juifs et païens, sans aucune distinction… Dieu appelle tout homme au salut…                 DJF




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Moïse disait au peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18, 15).

Commençons par définir ce qu’est un prophète

Un prophète est d’abord une personne homme ou femme, choisie par Dieu pour parler en son nom.

Ce ministère prophétique est nécessaire, et la première lecture (Dt 18) nous rappelle pourquoi. Avant l’entrée en Terre Promise, Moïse a fait un dernier discours au Peuple d’Israël, et lui a remis en mémoire l’origine de cette « médiation prophétique ». Sur le mont Horeb, lorsque Dieu s’était manifesté de manière spectaculaire et avait parlé lui-même au Peuple, celui-ci a pris peur et a dit à Moïse : « Parle nous toi-même et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous mourrions » (Ex 20, 19).

Deuxièmement, la mission du prophète est de comprendre la Parole de Dieu pour son temps, et de la transmettre fidèlement à ses contemporains, dans le but de les conduire à une conversion, à un changement de comportement quand cela est nécessaire.

En ce sens, nous pouvons dire que saint Paul était un prophète. Il a compris la Parole du Seigneur pour son temps et l’a transmise fidèlement à ses contemporains.

L’Apôtre a écrit le passage de la Première Lettre aux Corinthiens que nous avons  entendu en deuxième lecture vers 53 (1 Co 7, 32-35). À cette époque, les croyants pensaient que le retour glorieux du Christ était proche : « le temps se fait court » écrit saint Paul quelques versets avant notre passage (7, 29). C’est donc d’abord dans la perspective d’une fin des temps imminente que nous pouvons comprendre l’exhortation à rester célibataire. Évidemment, cela n’a plus vraiment de sens aujourd’hui.

Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que saint Paul n’a rien à nous dire ce matin. En conseillant le célibat, le but que poursuit l’Apôtre est « que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » (7, 35). Si le célibat n’est pas la meilleure option pour tout le monde, saint Paul nous invite à nous interroger personnellement : « Est-ce que ma relation amoureuse (ou mon célibat) renforce ou affaiblit mon attachement au Seigneur ? ».

Le texte d’évangile de ce dimanche se trouve au début de l’évangile selon saint Marc (Mc 1, 21-28). Son thème central est celui de l’identité de Jésus. La liturgie oriente notre lecture en nous indiquant que Jésus est le prophète qui a été annoncé par Moïse et le Seigneur.

Dans la première lecture, le Seigneur à dit : «  Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 18-19).

Il me semble que cette annonce se vérifie dans notre texte d’évangile.

Au v. 22 nous lisons « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ».

L’autorité de Jésus vient du fait que « Dieu le Père a mis dans sa bouche ses paroles » (Dt 18, 18). Nous savons que pour Dieu « dire c’est faire ». Un verset du Livre d’Isaïe l’exprime très bien : « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55, 11).

C’est cette Parole performatrice, c’est-à-dire cette Parole qui accomplit ce qu’elle exprime, que Dieu le Père a mis en Jésus.

L’exorcisme qui est relaté est le signe confirmant l’autorité de Jésus et l’efficacité de sa parole : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » (Mc 1, 27).

L’exorcisme renvoie directement à l’enseignement de Jésus. Nous pourrions dire que l’exorcisme prouve la véracité de ce que dit Jésus.

Et que dit Jésus ? Quel était le contenu de sa prédication ?

Quelques versets avant l’évangile d’aujourd’hui nous lisons : « (Jésus) disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1, 15)

Le fait qu’un esprit impur soit contraint de sortir d’un homme qu’il tourmentait est la preuve que « le Règne de Dieu s’est approché ».

Maintenant que nous avons pris conscience de l’origine divine des Paroles de Jésus, considérons que Dieu s’adresse à chacun d’entre nous quand il nous donne cet avertissement dans la première lecture : « Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 19)

Une fois que la Parole est donnée, chacun est responsable devant Dieu de la façon dont il la reçoit, et de la façon dont il la met en pratique dans sa vie.

Le psaume que nous avons chanté tout à l’heure nous interroge : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa Parole ? » (Ps 95, 7)

Et moi, quelle est la place que je donne à la Parole de Dieu dans ma vie ? La messe dominicale, est-elle pour moi, un moment privilégié de rencontre avec le Seigneur et d’écoute de sa Parole ?

Demandons au Seigneur la grâce d’être attentif à sa Parole. Nous savons que si nous écoutons vraiment sa Parole, « elle ne retournera pas à Dieu sans avoir accompli en nous ce qui lui plaît » (cf. Is 55, 11). Amen !




Audience Générale du Mercredi 24 Janvier 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 24 Janvier 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 5. L’avarice

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur les vices et les vertus et aujourd’hui nous parlons de l’avarice, c’est-à-dire de cette forme d’attachement à l’argent qui empêche l’homme d’être généreux.

Il ne s’agit pas d’un péché qui concerne uniquement les personnes qui possèdent un patrimoine important, mais d’un vice transversal, qui n’a souvent rien à voir avec le solde du compte courant. C’est une maladie du cœur, pas du portefeuille.

Les analyses des Pères du désert sur ce mal ont montré comment l’avarice pouvait s’emparer aussi des moines qui, ayant renoncé à d’énormes héritages, s’étaient attachés dans la solitude de leur cellule à des objets de peu de valeur : ils ne les prêtaient pas, ils ne les partageaient pas, et ils étaient encore moins disposés à les donner. Un attachement à de petites choses. Ces objets sont devenus pour eux une sorte de fétiche dont il était impossible de se détacher. Une sorte de régression au stade des enfants qui s’agrippent à leur jouet en répétant : « C’est à moi ! C’est à moi ! ». Un tel attachement prive de toute liberté. Dans cette revendication se cache un rapport maladif à la réalité, qui peut se traduire par des formes d’accaparement compulsif ou d’accumulation pathologique.

Pour guérir de cette maladie, les moines proposaient une méthode radicale, mais très efficace : la méditation sur la mort. Quelle que soit l’accumulation de biens dans ce monde, nous sommes absolument certains d’une chose : ils ne tiendront pas dans le cercueil. Nous ne pouvons pas emporter les biens. C’est là que se révèle l’absurdité de ce vice. Le lien de possession que nous construisons avec les choses n’est qu’apparent, car nous ne sommes pas les maîtres du monde : cette terre que nous aimons n’est en vérité pas la nôtre, et nous nous y déplaçons comme des étrangers et des pèlerins (cf. Lv 25, 23).

Ces simples considérations nous permettent de comprendre la folie de l’avarice, mais aussi sa raison profonde. Elle tente d’exorciser la peur de la mort : elle recherche la sécurité en des valeurs qui s’écroulent au moment même où nous les saisissons. Rappelez-vous la parabole de cet homme insensé, dont la campagne offrait une récolte très abondante, et qui se berçait de pensées sur la manière d’agrandir ses greniers pour y mettre toute la récolte. L’homme avait tout calculé, tout prévu pour l’avenir. Mais il n’avait pas pris en compte la variable la plus sûre de la vie : la mort. « Tu es fou – dit l’Évangile – cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12,20).

Dans d’autres cas, ce sont les voleurs qui rendent ce service. Même dans les Évangiles, ils font de nombreuses apparitions et, bien que leur action soit répréhensible, elle peut devenir un avertissement salutaire. C’est ce que Jésus prêche dans le Sermon sur la montagne : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. » (Mt 6,19-20). Toujours dans les récits des Pères du désert, on raconte l’histoire d’un voleur qui surprend le moine dans son sommeil et lui dérobe les quelques biens qu’il gardait dans sa cellule. Lorsqu’il se réveille, nullement troublé par ce qui s’est passé, le moine se lance sur les traces du voleur et, une fois qu’il l’a trouvé, au lieu de réclamer les biens volés, il lui remet les quelques objets qui lui sont restés, en disant : « Tu as oublié de les prendre ! »

Nous, frères et sœurs, nous pouvons être les maîtres des biens que nous possédons, mais c’est souvent le contraire qui arrive : ces biens finissent par nous posséder. Certains riches ne sont plus libres, ils n’ont même plus le temps de se reposer, ils doivent surveiller leurs épaules parce que l’accumulation des biens exige aussi d’en prendre soin. Ils sont toujours anxieux car un patrimoine se construit à la sueur de son front, mais il peut disparaître à tout moment. Ils oublient la prédication de l’Évangile, qui ne prétend pas que les richesses soient un péché en soi, mais qu’elles sont certainement une responsabilité. Dieu n’est pas pauvre : il est le Seigneur de tout, mais – écrit saint Paul – « lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8, 9).

C’est ce que l’avare ne comprend pas. Il aurait pu être un motif de bénédiction pour beaucoup, mais au lieu de cela, il s’est engagé dans l’impasse de l’infélicité. Et la vie de l’avare est déplorable : je me souviens du cas d’un monsieur que j’ai connu dans l’autre diocèse, un homme très riche, dont la mère était malade. Il était marié. Les frères s’occupaient de la mère à tour de rôle, et la mère prenait un yaourt le matin. Il lui en donnait la moitié le matin pour lui donner l’autre moitié l’après-midi et économiser un demi-yogourt. Telle est l’avarice, tel est l’attachement aux biens. Puis ce monsieur est mort, et les commentaires des gens qui sont allés à la veillée funèbre ont été les suivants : « Mais vous voyez bien que cet homme n’a rien sur lui : il a tout laissé derrière lui ». Et puis, un peu moqueurs, ils disaient : « Non, non, ils ne pouvaient pas fermer le cercueil parce qu’il voulait tout emporter ». Et cela fait rire les autres, l’avarice : à la fin, nous devons donner notre corps, notre âme au Seigneur et nous devons tout laisser. Soyons vigilants et généreux : généreux avec tout le monde et généreux avec ceux qui ont le plus besoin de nous. Je vous remercie.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française en particulier les collégiens et lycéens venus de France. Que le Seigneur nous donne la grâce de nous attacher aux seuls vrais bien : son amour et l’amour pour nos frères.

Que Dieu vous bénisse.





Enseignement de Carême 2024 par le père Jean François LACO à l’Eglise de Ste Suzanne

 

« Laisse partir mon peuple »

Les Dimanches
18 et 25 Février
3, 10 et 17 Mars
Exposition du St Sacrement
à 15h

Enseignements bibliques
par père J.F LACO
à 15h30

Prière commune
et
bénédiction du st Sacrement

 

Pour tous renseignements
Paroisse Ste Suzanne
2 Chemin des 3 Frères
97441 Sainte Suzanne
Tél. 0262. 29.04.09
Mail : père.lacojf97441@gmail.com

 

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – par Francis COUSIN

« Les premiers disciples. »

Tout va très vite dans l’évangile de Marc, accentué par l’utilisation fréquente de l’adverbe aussitôt.

Jésus vient d’appeler ses quatre premiers disciples : deux pécheurs à l’épervier et deux pécheurs en barques, à la traîne, sans doute pour montrer qu’il s’adresse à tous, quel que soit leur rang social, la pêche à l’épervier étant accessible à tous (il suffit d’un filet), tandis quel la pêche en barque nécessite plus d’investissements.

Ils arrivent à Capharnaüm, le village de Simon et André, et le premier jour de sabbat qui suit, « Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. ».

On ne parle plus des quatre premiers disciples … mais on les retrouvera juste après ce passage pour la guérison de la belle-mère de Simon. Sans doute parce que l’attention doit être portée sur Jésus seul.

Jésus enseigne …

Qu’a-t-il dit ? On ne le sait pas …

Ce qu’on sait, ce sont les réactions de ceux qui l’ont écouté : « Il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. ».

Pourtant les scribes avaient une autorité reconnue pour parler, ils avaient étudié les écritures …

D’où venait donc l’autorité avec laquelle Jésus parlait ?

On peut peut-être trouver la réponse dans l’intervention de l’homme « tourmenté par un esprit impur », quand il dit de Jésus qu’il est « le saint de Dieu », expression peu utilisée dans la bible et donc le sens est variable, sinon qu’il est reconnu par Dieu comme un homme pieux. La seule chose que l’on puisse est que son enseignement est en relation avec Dieu, que son autorité vient de Dieu.

Cet homme tourmenté par un esprit impur s’était mis à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. ».

Les esprits impurs sont des opposants à Dieu. Ils connaissent des choses que les autres hommes ne savent pas.

L’homme appelle Jésus par son nom et sa ville d’origine, alors qu’il vient juste d’arriver à Capharnaüm. C’est la vérité.

« Es-tu venu pour nous perdre ? ». C’est une question dont il ne donne pas la réponse, mais ce faisant, il jette le doute sur les intentions de Jésus pour tous les auditeurs. Alors qu’il sait que les intentions de Jésus sont totalement différentes : il est venu pour sauver les humains et leur donner la vie éternelle. Son discours est fallacieux.

Avec le démon, il n’y a pas trente-six solutions : il faut le faire taire, l’envoyer bouler.

Ce que fait Jésus : « Tais-toi ! Sors de cet homme. ».

Devant la puissance de Jésus, le démon ne peut pas tenir : « L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. ».

Voyant cela, tout le monde est stupéfié, et la réaction est unanime : « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». On ne parle plus de l’enseignement de Jésus, comparé à celui des scribes, mais d’un enseignement nouveau, toujours donné avec autorité, non pas en paroles, mais en action : « Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. ».

« Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. »

Seigneur Jésus,

tu es venu pour nous sauver,

mais l’esprit impur veut mettre

 le doute en nous,

nous faire croire l’inverse.

Garde-nous de nous laisser

prendre au piège du démon,

nous t’en prions.

 

Francis Cousin

 

 

 

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4ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus parle avec autorité

 Mc 1, 21-28

Dans cet Evangile, frères et sœurs, voici donc Jésus face à face avec le mal, c’est l’affrontement. Mais le Christ est le plus fort : le démon est vaincu, il sort du cœur de l’homme. C’est un combat que Jésus engage pour une libération totale de l’homme.

Eh bien, puisque Jésus a vaincu le mal, sommes-nous encore concernés ? Oui, parce que cet esprit du mal, il est toujours présent au cœur de l’homme, et Jésus, et nous aussi, nous avons toujours à lutter contre lui. C’est ce que nous allons essayer de comprendre.

Vous avez certainement déjà entendu cette question :

« Pourquoi Dieu permet-il le mal ? » Qui n’a jamais entendu cette réflexion : « Si Dieu existait, il n’y aurait pas de mal ? »

Essayons de réfléchir : si Dieu nous aime vraiment, il nous respecte et s’il nous respecte, il va nous laisser libres c’est-à-dire capables de « choisir » ; la grandeur, la dignité de l’homme, c’est son pouvoir de construire, de lutter, de décider, de maîtriser la nature par la science, la technique, un travail qui va le mettre au service de ses frères.

Si Dieu, sous prétexte de bonté, intervenait sans cesse nous disant d’une certaine façon : « Pousse- toi de là, marmaille, tu ne sauras pas élever l’homme, bâtir le monde. Assieds-toi, je vais m’en occuper ». Dieu serait « paternaliste » et non pas « Père« . Un enfant qui a des parents qui font tout à sa place, sous prétexte qu’il n’est pas capable de le faire, est un enfant qui, devenu adulte, sera nul : ses parents ont tout fait à sa place.

Si sous prétexte de faire notre bonheur, on fait tout à notre place, nous devenons des incapables parce que nous n’avons jamais vraiment exercé notre responsabilité personnelle.

Si Dieu concentre tous les pouvoirs entre ses mains, nous ne sommes que des marionnettes, des robots, des esclaves et Dieu devient un dictateur.

– A un alpiniste qui veut gravir une montagne et aller, avec des fatigues et des souffrances, jusqu’au sommet, Dieu ne va pas lui envoyer un hélicoptère pour le déposer sur le sommet qu’il voulait vaincre.

– Dieu ne fournira pas aux patrons, aux ouvriers, des usines clefs en mains fonctionnant sans efforts, avec, en prime, la garantie absolue que tous les problèmes sociaux seront réglés.

– A l’amoureux, il ne donnera pas une belle qui ne pourrait que dire : « Je ne peux pas faire autrement que de t’aimer et te rester fidèle ».

– Aux parents, il ne donnera pas des enfants « bien élevés », sans aucun problème.

Sinon, il n’y aurait plus d’homme et plus de « Dieu-Amour ». Quand nous disons « Je crois en Dieu tout puissant », nous ne croyons pas qu’il est un « tout-puissant » dominateur, un « Napoléon » céleste, mais le « tout-puissant de l’amour » risquant tout par respect pour l’homme.

Le MAL et la souffrance dans le monde sont le prix de la LIBERTÉ et donc de la dignité de l’homme car l’homme n’est pas une BÊTE. Dieu l’a voulu responsable puisque créé par amour et pour l’AMOUR. Ainsi, l’homme est libre. Il le sait. C’est sa grandeur, mais c’est aussi son drame : créé à l’image de Dieu, il voulait être Dieu. Mais il est limité comme la main qui ne peut agir que si elle est reliée au poignet, au coude, à l’épaule, au cœur, au cerveau.

Alors nous voudrions tout pouvoir et tout avoir, comme un petit Dieu qui possède tout pour lui : sa maison, sa voiture, sa télé mais aussi posséder les autres : ma femme, mon mari, mes enfants, mes amis.

 Alors, nous proclamons : « Je ne demande rien aux autres. Je me suffis à moi-même ! » « Allons donc », « Ça me suffit » « Cher petit Dieu » Est-ce toi qui t’es donné la vie ? Est-ce toi qui as construit la maison que tu habites ? Le poste de télé que tu regardes ? Est-ce toi qui as élevé le bœuf dont tu vas manger le carri à midi et écrit les livres dans lesquels tu as étudié ? Tu n’es souvent qu’un parasite qui vit sur le dos des autres. Tu t’enfermes sur tes biens ! ENFERMÉ→ENFER… Ça ne te dit rien ?… Malheureux ! Tu crois posséder tes biens, en fait tu es possédé par eux ! La voilà, la véritable possession ! Tu es ligoté, tu t’es fait posséder !… tout comme Adam et Eve : « Mangez du fruit défendu et vous serez comme des dieux ».

Alors, mes amis, qui va chasser de notre cœur cet esprit du mal ? Qui va nous sauver ? Qui nous libérera ? Ce ne sont pas les guérisseurs et les voyantes : ils se trompent d’adresse en désignant ceux qui nous font du mal. Ce ne sont pas non plus nos seuls efforts, ni nos seules luttes, si justifiées soient-elles. Nous ne sommes pas assez forts contre le mal et nous avons du mal à l’admettre. Nous essayons et nous échouons ! Pourquoi ? Parce que notre cœur n’est pas changé !

Jésus et Jésus seul est assez fort pour transformer notre cœur de pierre en cœur de chair. Jésus seul est le vrai libérateur, le seul qui peut nous rendre la liberté, en nous délivrant de l’Esprit mauvais qui trop souvent nous « possède », nous rend « captif ». Mais jamais Jésus ne nous délivrera pas de force. Il chemine dans nos vies, il continue à interpeler avec autorité.

 

C’est son Esprit qui murmure au creux de notre conscience : « Tu ne vas pas faire cela » ; « Tu ne vas pas continuer à vivre ainsi ».

C’est son Esprit qui, par l’Eglise, nous invite à rejoindre ceux qui luttent et qui travaillent concrètement à bâtir un monde de communion, comme le possédé de la synagogue, un jour ou l’autre, nous reconnaissons Jésus et l’Esprit mauvais en nous se débat :

« Que me veux-tu Jésus de Nazareth ? », « Je sais fort bien qui tu es », « Ce n’est pas possible de vivre comme tu me le demandes : c’est trop dur, trop exigeant…et ma tranquillité ? Et mes petites satisfactions ? Et mes biens ? Si je te donne un peu, tu demandes davantage et si je donne davantage, tu réclames tout ! », « Cesse de me tourmenter ! »

C’est la lutte en nous, le combat spirituel et autour de nous l’Esprit du mal et l’Esprit du Christ : combat mille fois renouvelé dans nos vies partagées.

Frères et sœurs, il n’y a pour nous qu’une seule issue : accueillir la Parole et nous ouvrir à l’Esprit d’amour. Alors, nous aussi, comme le possédé de l’Evangile, nous pousserons un grand cri : le cri de la liberté retrouvée ! AMEN




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Jacques FOURNIER

« Jamais homme n’a parlé comme cela »

(Mc 1,21-28)…

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

4DAB2

Jésus surprend ici son auditoire car « il enseigne en homme qui a autorité ». Contrairement aux scribes qui ne cessaient de se référer à tel ou tel Maître célèbre, son discours n’est pas le fruit d’une sagesse tout humaine ; il ne cherche pas à briller d’une manière ou d’une autre. Son seul souci est de « rendre témoignage à la vérité ». Et cette vérité n’est pas avant tout d’ordre intellectuel : elle est Mystère d’une vie vécue en communion avec le Père, une vie qu’il reçoit du Père de toute éternité par le Don de l’Esprit de Lumière et de Vie, que le Père ne cesse de lui offrir par Amour, et rien que par Amour. Et c’est ainsi qu’il l’engendre en « Dieu né de Dieu »…

Ainsi, avant de dire quoi que ce soit, Jésus vit cette relation avec son Père, et sa Parole n’est que le témoignage de ce qu’il vit : « De même que le Père qui est vivant a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57)… Il aurait pu dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Père qui vit en moi », comme le dira plus tard St Paul, par le « Oui ! » de sa foi au Christ Jésus, devenu « Esprit vivifiant » par sa Résurrection : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (1Co 15,45 ; Ga 2,20).

Sa Parole a donc force de témoignage : si Jésus dit ce qu’il vit, et grâce à qui il le vit, rien ni personne ne pourra lui faire dire le contraire… « Je dis la vérité », affirme-t-il par deux fois en St Jean (Jn 8,45-46). De plus, sa Parole ne vient pas de lui : « Je dis au monde ce que j’ai entendu de lui… Ainsi donc, ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis ». L’autorité de Jésus s’enracine donc dans l’autorité du Père Lui-même…

Et que ne cesse de lui dire le Père ? « Tu es mon Fils bien-aimé » (Mt 3,17 ; 17,5), et en lui disant cela, il ne cesse de se donner tout entier à lui, l’engendrant ainsi en Fils « de même nature que le Père ». « Père », dira Jésus juste avant sa Passion en pensant à ses disciples : « Tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,24) ! Telle est toute la Bonne Nouvelle, la seule Parole d’Amour et de Vie que le Fils reçoit du Père de toute éternité, et qu’il est venu nous transmettre, au Nom de son Père… Si nous acceptons de l’accueillir par le « Oui ! » de notre foi, nous vivrons alors nous aussi de cette Vie qu’il reçoit du Père, et ce « trésor » (2Co 4,7) sera, dès ici-bas, dans l’aujourd’hui de notre foi, la Vie de notre vie, cette seule vraie Joie que rien ni personne ne pourra nous enlever…                              DJF




Prédication pour le dimanche 28 janvier 2024 Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion par Fr. Manuel Rivero O.P.

« Les nouveaux colons »

L’Évangile nous fait voyager aujourd’hui à , ville de la Galilée, dans le nord d’Israël, tout près du lac de Tibériade. Jésus, qui n’a pas de maison à lui, séjourne souvent chez l’apôtre Pierre.

C’est le jour du sabbat. Jésus se rend à la synagogue. Les Juifs justes qui connaissent la Loi peuvent y prendre la parole pour commenter en araméen le texte hébreu de l’Ancien Testament, en particulier les prophètes.

Jésus n’est pas un rabbin ; il n’a pas suivi la formation pour le devenir qui exige des années d’étude. Il n’a pas été ordonné rabbin par l’imposition des mains du collège des rabbins. Jésus ne porte pas non plus la longue tunique des rabbins.

Le voilà qui parle avec autorité : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7, 46). Quand il parle, Jésus fait et il fait grandir ceux qui l’écoutent avec foi. Le mot autorité vient du latin « augere », « faire grandir ». Prophète, le plus grand des prophètes, Jésus non seulement révèle la volonté de Dieu mais il l’accomplit à travers des miracles qui sont des signes de la présence aimante de Dieu : les malades sont guéris ; les esprits tourmentés par le diable en sont libérés. Jésus rend libre. Lui, le Saint de Dieu, remplit d’amour divin les corps et les âmes.

L’histoire du monde converge vers Jésus. En lui se trouve la clé du mystère de Dieu et du sens de l’existence humaine. Maître de la création et de l’histoire, Jésus enseigne, oriente et il sauve. Les esprits diaboliques le reconnaissent et ils le fuient.

Saint Marc a construit son évangile autour de la question capitale : « Qui est cet homme, Jésus ? ». 

Qui est Jésus pour moi ? Saint Marc nous aide à trouver la réponse juste en donnant la parole aux différents témoins de la vie de Jésus : la création, les malades, les possédés, les pécheurs et même aux païens comme le centurion romain qui s’est exclamé sur le Calvaire, devant Jésus qui transmet son dernier souffle avant de mourir sur la croix : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ! » (Mc 15, 39).

Nous voici devant Jésus. Qu’attendons-nous de lui ? Qu’attend-il de nous ?

Malheur à nous si nous le regardons comme des spectateurs sceptiques, méfiants, arrogants, assoiffés de nouveautés et consommateurs d’émotions sans fin. Malheur à nous si nous mettons Dieu à l’épreuve en disant : « Où est Dieu ? Est-il vraiment au milieu de nous ? ».

Heureux sommes-nous si Jésus devient notre maître, notre force et notre soutien, notre sauveur du mal et de la mort.

La finale de l’Évangile de saint Matthieu nous dévoile la volonté de Jésus pour les apôtres et pour l’humanité. Il s’agit de devenir « disciple » et non spectateur curieux ; se laisser enseigner, façonner et conduire par la Parole de Dieu et par les sacrements : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde »  (Mt 28, 18-20).

Jésus nous aime, il nous appelle pour nous envoyer vers les autres, en quittant nos zones de confort. Le disciple du Seigneur Jésus vit de lui, avec lui et pour lui, au service de l’Église et de l’humanité.

L’art chrétien montre le diable avec des doigts crochus. Au lieu de se tourner vers Dieu, le diable se replie sur lui-même.

Dans sa lettre aux Corinthiens, saint Paul exhortait les chrétiens à se donner à Dieu sans partage. Le don à Dieu se déploie dans la charité ; il n’y a rien d’automatique. Célibataires ou mariés, tous les chrétiens sont appelés à devenir disciples et à se donner à Dieu. Sans la charité, le célibat peut tourner au repli sur soi et à l’amertume. Sans la charité, les relations amoureuses peuvent devenir « l’égoïsme à deux ». Mais par la foi, des couples et des familles prennent des risques pour servir les pauvres dans des pays étrangers. Qu’il est beau de constater l’engagement chrétien des jeunes mariés et des familles dans des pays comme Haïti.

Les Missions Étrangères de Paris, les MEP, organisent des séjours de volontariat en Asie. Les jeunes filles sont plus nombreuses et plus courageuses que les garçons à se lancer dans l’inconnu pour accomplir la volonté de Jésus ressuscité : « Allez ! ». Dans la vie religieuse, les sœurs arrivent souvent avant les frères dans les pays de mission.

Que proposons-nous aujourd’hui à la jeunesse ? Quels sont les idéaux, les modèles et les projets que nous offrons à ceux qui commencent à vivre ?

Nous constatons la dictature du relativisme. Nos nouvelles générations réunionnaises sont relativistes, façonnées par Internet, qui met tout sur le même plan. Sur Internet, il n’y a pas de vérité, uniquement des opinions.

Nous assistons à une nouvelle colonisation culturelle massive. Les nouveaux colons n’arrivent pas sur des bateaux. Ils rentrent dans nos maisons et surtout dans nos cerveaux et dans nos esprits à travers Internet. Ces nouveaux colons gèrent des multinationales financières. Ils développent le formatage des mentalités à travers des feuilletons télévisés et des réseaux sociaux.

L’esclavage est aussi pratiqué de manière subtile par le déversement de la pornographie, addiction qui ramollit les esprits, invasion ineffaçable de l’imaginaire par des images chocs, qui provoquent le mimétisme dans la soumission de la liberté personnelle aux modèles matérialistes.

Après la théologie de la libération en Amérique latine, une nouvelle approche théologique cherche la décolonisation. Il me semble que la décolonisation la plus importante concerne nos modèles médiatiques de consommation qui poussent toujours à prendre et à profiter, afin de vivre dans la plénitude de notre humanité par la foi en Jésus, « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20), comme l’écrivait saint Paul, apôtre. Amen.