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La Pentecôte – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 30 mai et dimanche 31 Mai 2020

Aujourd’hui, c’est la fête de la Pentecôte. Pentecôte signifie cinquantième jour. Elle est donc fêtée cinquante jours après Pâque. Dans l’ancienne Alliance, il y avait trois grandes fêtes : la fêtes des Azymes qui correspond à la fête de Pâque, la fête de la Moisson à la Pentecôte et la fête de la récolte, à la fin de la saison des fruits, appelée Fête des Tentes (Dt 16,13; Lv 23,34). Ces trois fêtes n’ont été célébrées qu’après l’entrée en Canaan. Chacune de ces fêtes avaient un sens (VTB P.444). La fête de la Moisson (Pentecôte) était liée d’abord à une fête agraire où l’on offrait les prémices de ce que la terre a produit (Ex 34,22 ; VTB P.959), puis à l’Alliance de Dieu avec son peuple, conclue au Sinaï et au don de la Loi de Moïse (VTB P.444, 959 ; Ex 19,1 note TOB; Ex 23,16 Note TOB), et dans la nouvelle Alliance, la Pentecôte est la fête du don de l’Esprit Saint. Cette pentecôte n’arrive pas par hasard, elle est l’accomplissement des promesses de Dieu. Ez 36,27 : « Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes ». Ac 1,5 : « … vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours ».

Si « l’Eglise est née principalement du don total du Christ pour notre salut, au moment de la Cène et réalisé sur la Croix » (CEC 766), la Pentecôte est la naissance officielle de l’Eglise. « La création nouvelle, née de l’Esprit, est l’Eglise » (VTB p.400). Si l’ancien Testament nous a surtout révélé le Père, le nouveau Testament celui du Fils, la Pentecôte inaugure le temps de l’Eglise animée par l’Esprit Saint.

Ainsi, le Christ, mort, ressuscité, exalté à la droite du Père, achève son œuvre en répandant l’Esprit sur la communauté apostolique. Et cette communauté, d’abord restreinte, composée d’apôtres, de fidèles du Christ, est appelée à s’ouvrir à toutes les nations, car toutes les nations sont présentes sur les lieux :  Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, 10 de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, 11 tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes. C’est donc une Eglise ouverte sur le monde, une Eglise à vocation universelle, une Eglise catholique qui prend naissance en ce jour de Pentecôte. D’où, ce don fait aux apôtres de parler en d’autres langues. Et c’est en même temps une invitation à répandre la parole de Dieu dans le monde entier. Luc, dans les Actes des Apôtres, raconte la Pentecôte comme une nouvelle naissance du peuple de Dieu, qui, sous l’impulsion du Saint Esprit, est chargé d’aller évangéliser le monde entier. « L’Esprit Saint est la force qui lance l’Eglise naissante « jusqu’aux extrémités de la terre » (VTB P.399). L’Esprit Saint est vie, souffle de Dieu qui met l’Eglise en mouvement pour le salut du monde. Aujourd’hui, les chrétiens représentent plus de deux milliards de personnes dont plus d’un milliard trois cent millions de catholiques. Et ce nombre ne cesse d’augmenter dans le monde malgré les persécutions des chrétiens. Cette œuvre continuera de se poursuivre parce que c’est l’œuvre de Dieu.

Mais pour que cette œuvre de Dieu puisse continuer par son Eglise, l’Eglise elle-même est remplie de l’Esprit Saint. L’Eglise et l’Esprit Saint sont inséparables (VTB P.400). Animée de l’Esprit Saint, l’Eglise est composée de membres qui ne forment qu’un seul Corps qui est l’Eglise, Corps du Christ. Tous les dons que l’Eglise reçoit à travers ses membres viennent du même Esprit. 1 Co 12,4-11 : « 4 Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit; 5 diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur; 6 diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. 7 À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun. 8 À l’un, c’est un discours de sagesse qui est donné par l’Esprit; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit; 9 à un autre la foi, dans le même Esprit; à tel autre les dons de guérisons, dans l’unique Esprit; 10 à tel autre la puissance d’opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des Esprits; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. 11 Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère… ». Autrement dit, c’est le Saint Esprit qui fait l’unité au sein de l’Eglise. Et si donc un membre de l’Eglise ne fait pas l’unité, s’il sème la discorde et la division au sein de l’Eglise, il n’est pas animé de l’Esprit Saint mais de l’Esprit mauvais. A chacun de voir s’il fait l’unité au sein de l’Eglise ou bien s’il sème la division, la mésentente, et il saura de lui-même de quel Esprit il est animé. Rm 8,14 : « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu ». Car il y a bien un Esprit qui est Dieu et un autre qui s’oppose à Dieu. Savoir reconnaître l’un de l’autre pourrait aider beaucoup de chrétiens à faire le bon choix car l’Esprit Saint suscite toujours l’unité, la paix intérieure, la confiance et l’autre Esprit l’inquiétude, l’angoisse, la méfiance, la division…C’est ce qu’on appelle le « discernement des Esprits » qui n’est pas dû à notre puissance de réflexion ou de travail acharné mais à un don de Dieu que tout chrétien peut demander à travers ses prières. Demandez à Dieu le discernement des tentations et le pouvoir de lutter immédiatement contre ces tentations. Ainsi, le chrétien pourra avancer dans son union au Christ et aussi dans ses relations avec les gens. Saint Ignace de Loyola nous cite de nombreuses règles pour reconnaître le bon du mauvais Esprit. Je vais citer deux exemples qui vous donneront peut-être l’envie d’aller chercher par vous-mêmes ce que dit Saint Ignace de Loyola. Première règle : « Pour ceux qui facilement pèchent mortellement et ajoutent péché sur péché, notre ennemi (l’esprit du Mal) a coutume de proposer les attraits séducteurs de la chair et des sens, pour les tenir pleins de péchés et sans cesse en augmenter la masse ; l’Esprit bon, au contraire, frappe continuellement leur conscience et, par l’usage de la raison, les détourne de pécher ». Ainsi, lorsque nous luttons contre le péché, c’est l’Esprit Saint qui agit en nous. Deuxième règle : « Pour les hommes qui se soucient sérieusement de se purger de leurs vices et péchés et qui, chaque jour, progressent davantage dans l’application au service de Dieu, l’Esprit mauvais insinue inconvénients, tristesses, raisons fausses et autres troubles de ce genre par lesquels il cherche à empêcher ce progrès. Pour l’Esprit bon, au contraire, c’est d’augmenter le courage et les forces de ceux qui agissent droitement, de les consoler, de provoquer les larmes de dévotion, d’éclairer l’Esprit et de donner la tranquillité en retirant tous les petits obstacles afin qu’ils aillent toujours plus aisément et joyeusement de l’avant dans les bonnes actions ». Là aussi, c’est l’Esprit Saint qui nous aide à faire les bonnes actions. Pouvoir reconnaitre le bon du mauvais Esprit nous aidera à faire le bon choix pour plaire à Dieu et faire sa volonté. Tous, nous avons des choix à faire tout le long de notre vie. Jésus nous donne l’Esprit Saint justement pour nous aider à faire ces choix qui devront aller dans le sens de la volonté de Dieu. Si c’est le même Esprit Saint qui agit en chacun de nous, alors il ne devrait jamais avoir de division entre les membres de l’Eglise. Chacun de nous doit veiller sur soi-même, sa propre conduite, ses propres actions et pas celle des autres, veiller à ne pas être complice du mauvais Esprit, ce qui n’empêche pas bien sûr d’aider les autres, d’avoir le sens de solidarité, de l’entraide, sans jamais semer la division. En fait, cela s’appelle « aimer son prochain ». Car l’Esprit Saint n’est rien d’autre que l’Amour. Amour du Père pour le Fils et Amour du Fils pour le Père. Et c’est cet Amour que Jésus nous donne pour qu’à notre tour, nous semions aussi cet Amour qui nous vient de Dieu et qui est Dieu. Et lorsque les Apôtres reçoivent l’Esprit Saint, c’est pour évangéliser le monde, et cette évangélisation ne peut se faire que par amour, car il n’y a que l’amour qui soit capable de produire des fruits. Le salut ne vient que par l’Amour et non par la haine, par la paix et non pas la guerre, par la solidarité et non par l’égoïsme, par l’humilité et non par l’orgueil. C’est tout cela que nous offre Jésus Christ quand il nous donne l’Esprit Saint. Lorsque Jésus nous dit « recevez l’Esprit Saint », il nous offre ce qu’il y a de mieux au monde comme cadeau, pour soi-même, pour nos familles, et pour le salut du monde. Rm 5,5 : « 5… l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné ». Encore faut-il accepter de recevoir cet Amour divin. Saint Bernard distingue quatre degrés de l’amour :

  • Au premier, « l’homme s’aime lui-même ». C’est notre condition humaine de ne pouvoir nous passer de la connaissance sensible, donc aimer passe par le sensible et donc par le corps. Le Christ nous apprendra qu’il faut passer de la foi sensible, avec comme appui nos sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, le toucher…à la foi pure sans le soutien de nos sens.

  • Au second, » il aime Dieu…pour soi-même ». Il fréquente Dieu pour son propre profit, pour son propre intérêt, pour avoir des grâces, des bienfaits, pour réussir un examen, pour avoir du travail etc… Le prochain ne l’intéresse pas plus que le service de Dieu. Si Dieu n’agit pas en sa faveur, il peut l’abandonner puisqu’il lui semble que Dieu ne sert à rien. Il aime donc Dieu que s’il en tire un profit.

  • Au troisième degré, « il aime Dieu pour Dieu ».

  • Et au quatrième degré, « il ne s’aime plus lui-même que pour Dieu ». Saint Bernard précise : « qui s’en remet à Dieu non seulement parce qu’il est bon pour lui, mais (seulement) parce qu’il est bon, celui-là aime Dieu à cause de Dieu, et non à cause de soi-même ». « L’âme est ici arrivée pour toujours au quatrième degré, quand elle aime Dieu au plus haut point et Lui seul ». Il s’agit là d’aimer Dieu jusqu’au point d’être capable de donner sa vie pour Lui, sans rien attendre en retour. Voilà donc où peut nous conduire le don de l’Esprit Saint reçu de Jésus : la perfection de l’âme que seules quelques âmes saintes peuvent atteindre sur terre.

L’Esprit Saint nous est donné pour que nous soyons des chrétiens capables de suivre les commandements de Dieu : aimer Dieu et aimer son prochain. Et à tous ceux qui souffrent, souffrance physique ou souffrance de l’âme, Saint Jacques nous dit (Jc 5,15-16) : « La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis. 16 Confessez donc vos péchés les uns les autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ». Croyons en la puissance de la prière. L’Esprit Saint est Vie, et il nous unit dans la prière. Rm 8,11 : Dieu donnera la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». Que Marie, épouse de l’Esprit Saint, pleine de grâce, nous aide à mieux saisir l’importance de ce don si important pour le salut de l’humanité.




« L’Esprit-Saint … qu’en avons-nous fait ? » (Jn 20, 19-23) ; La Pentecôte – Francis COUSIN)

Quand on lit le début des Actes des Apôtres, juste après la pentecôte, on est surpris de voir à quelle vitesse les gens se convertissent à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. C’est comme une épidémie : tout le monde (ou presque) demande le baptême …

 

 

On connaît actuellement l’épidémie du Covid-19, et nous luttons contre sa contagion, pour éviter qu’il se répande sur toute la terre.

Mais la Bonne Nouvelle de Jésus est-elle encore contagieuse ? … Oui ou peut-être ?

Et pensons-nous que son vecteur de contagion, l’Esprit-Saint, est encore efficace après deux mille ans, pour contaminer toute la terre ? … Oui ou peut-être ?

Et pourtant, la réponse devrait être claire : OUI !

Parce que Jésus l’a dit : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité (…) le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 16-17.26).

L’Esprit est une force donnée par Jésus, pour que nous devenions ses témoins, afin de former, tous ensemble, son Église.

À la résurrection, le jour de Pâques, quand il rencontre ses disciples, Jésus leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20,22-23), mais c’était en petit comité, réservé aux apôtres. C’était le don du pardon au nom de Dieu.

Dans les actes des apôtres de saint Luc, cinquante jours plus tard, l’Esprit sera donné à davantage de personnes, dans une manifestation solennelle, avec bruit, vent, des éclairs comme des langues de feu qui se posent sur chacun des présents (première lecture), et ils reçurent le don de la Parole, de deux manières :

1 – pour dire la vérité, sans peur, sans aucune crainte sinon celle de Dieu : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » (Ac 4,19-20)

2 – pour dire la Bonne Nouvelle de telle manière que chacun puisse la comprendre dans sa langue natale, qui n’est pas celle des orateurs, et surtout qu’il puisse la comprendre dans son cœur, et que cela le bouleverse tellement que cela le convertit et qu’il demande le baptême, pour qu’ensemble ils forment l’Église.

Aujourd’hui, nous sommes rassemblés pour commémorer cet événement … deux mille ans après …

C’est bien, cela montre qu’on a de la mémoire … Mais quelle mémoire ? Celle d’un évènement passé … ou celle de quelque chose qui perdure encore ?

L’Esprit-Saint est toujours présent … il est avec nous, il est en nous, en chacun de nous, depuis notre baptême.

Qu’en avons-nous donc fait ?

L’avons-nous simplement rangé dans le tiroir des souvenirs en même temps que le lumignon rouge et les images de notre confirmation ?

Est-il au cœur de notre vie ?

Regardons l’Église naissante décrite dans les actes des apôtres : l’Esprit-Saint était, avec Jésus, au cœur de leur vie ; quand il y avait un problème, on se réunissait, on exposait le problème, on priait … et puis on décidait : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de … » (Ac 15,28).

Et nous, que faisons-nous, dans notre vie personnelle, dans notre paroisse, dans nos mouvements … ?

Est-ce qu’on prend le temps de prier avant de décider ?

Est-ce qu’on demande à l’Esprit-Saint de nous éclairer ?

Est-ce qu’on est prêt à l’écouter … même s’il arrive qu’il nous demande quelque chose en désaccord avec notre pensée … pour le bien de tous ?

Est-ce qu’on ne préfère pas imposer son point de vue … parce qu’on se laisse aller à suivre d’autres esprits : l’esprit de vengeance, l’esprit de haine, l’esprit d’arrogance, l’esprit de pouvoir, l’esprit de l’argent, l’esprit de … ?

L’Esprit-Saint est Amour … Amour de Dieu, puisqu’il « procède du Père et du Fils »

L’Esprit-Saint est joie … puisqu’elle est participe de l’Amour de Dieu !

L’Esprit-Saint est justice … puisqu’elle est participe de l’Amour de Dieu !

L’Esprit-Saint est tendresse … puisqu’elle est participe de l’Amour de Dieu !

L’Esprit-Saint est bonté … puisqu’elle est participe de l’Amour de Dieu !

L’Esprit-Saint est source de prière … puisqu’il nous pousse à regarder vers Dieu : « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. » (Rm 8,26)

Est-ce bien ainsi que nous voyons l’Esprit-Saint ?

Qu’avons-nous fait de l’Esprit-Saint ?

En quittant cette terre,

Je vous ai laissé un message de lumière,

Qu’en avez-vous donc fait ?

(…)

Allez-vous en sur les places et sur les parvis !

Allez-vous en sur les places y chercher mes amis :

Tous mes enfants de lumière qui vivent dans la nuit,

Tous les enfants de mon père, séparés de lui.

Allez-vous en sur les places,

Et soyez mes témoins chaque jour !

Francis Cousin

 

 

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim Pentecôte A




« Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10) ; l’aventure de la foi (Thomas Merton)

Le Dieu vivant, Celui qui est Dieu et non une abstraction philosophique, dépasse infiniment la portée de notre vision ou de notre compréhension. Quelle que soit la perfection que nous lui attribuons, nous devons ajouter que l’idée que nous nous en faisons n’est qu’une pâle analogie de la perfection qui est en Dieu, et que les termes que nous employons ne correspondent pas littéralement à ce qu’Il est.

Celui qui est la Lumière Infinie se manifeste de manière si formidable que nos esprits ne peuvent Le voir que comme ténèbres. Lux in tenebris lucet et tenebrae eam non comprehenderunt (La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise (Jn 1,5)).

Puisque rien de ce que nous sommes capables de voir ne peut être Dieu, ou nous donner une image digne de Lui, nous devons donc, pour trouver Dieu, aller au-delà du visible et pénétrer dans les ténèbres. Puisque rien de ce que nous pouvons entendre n’est Dieu, nous devons, pour Le trouver, demeurer dans le silence.

Puisque nous ne pouvons imaginer Dieu, tout ce que notre imagination nous suggère à Son sujet est finalement fallacieux et par conséquent nous ne pouvons Le connaître tel qu’Il est à moins d’aller au-delà de tout ce qu’on peut imaginer et d’entrer dans une nuit sans images ni analogie avec le créé.

Et puisque nous ne pouvons ni voir ni imaginer Dieu, les visions que les saints ont eues sont moins des visions de Lui que des visions à Son sujet ; car voir une forme ayant des limites précises n’est pas Le voir.

Dieu ne peut être compris que par Lui-même. Pour Le comprendre, il faut en quelque sorte nous transformer en Lui. Or ce n’est pas par une représentation de Lui qu’Il se connaît, mais par Son Être Infini Lui-même ; aussi ne Le connaîtrons-nous comme Il se connaît que lorsque nous serons unis à ce qu’Il est.

La foi est la première étape de cette transformation, car c’est une connaissance sans image ni représentation, par une identification aimante dans les ténèbres avec le Dieu vivant.

Ce n’est pas seulement par les sens que la foi parvient jusqu’à l’intelligence, mais par une lumière directement infusée par Dieu. Comme cette lumière ne passe pas par la vue, l’imagination ou la raison, sa certitude devient nôtre sans prendre contact avec le créé, sans ressembler à rien qui puisse être vu ou décrit. Certes, les termes des articles de foi que nous acceptons représentent des choses qu’on peut imaginer, mais dans la mesure où nous le faisons nous les comprenons mal et pouvons nous tromper.

Car enfin, nous ne pouvons imaginer le rapport qui existe entre les deux termes de la proposition suivante : « En Dieu, il a Trois Personnes et Une seule Nature. » Et tenter de le faire serait une grave erreur.

Si nous croyons, si nous faisons un acte de soumission tout simple à l’autorité de Dieu qui nous propose, par l’intermédiaire de Son Eglise, un article de foi, nous recevrons une lumière intérieure si simple qu’elle défie toute description, et si pure qu’il serait grossier de la qualifier d’« expérience ». C’est une lumière véritable, qui donne à l’intelligence humaine une perfection qui dépasse toute connaissance.

Certes, il faut se souvenir que la foi implique la croyance aux vérités proposées par l’Eglise. Mais n’insistons pas sur cet élément de soumission au point d’en faire l’essentiel de la foi ; comme si une obéissance froide, aveugle, obstinée, à l’autorité, suffisait à faire un « homme de foi ». Si nous exagérons l’importance du rôle de la volonté, nous ne verrons plus la différence entre une foi intelligente et une simple soumission à la volonté, ce qui peut être très néfaste dans certain cas, car sans cette lumière, cette illumination intérieure de l’esprit par la grâce qui nous fait accepter la vérité proposée de la main de Dieu et la comprendre à cause de Lui, l’esprit n’aura ni la paix véritable, ni le soutien surnaturel qui lui est dû, et nous n’aurons pas une vraie foi. Si l’élément positif, la lumière, fait défaut, nous nous contraignons à supprimer nos doutes au lieu d’ouvrir notre cœur à une foi profonde. Pouvons-nous, dans ce cas, prétendre avoir reçu véritablement le don de la foi intérieure ? C’est une question très délicate, car il arrive souvent que malgré une foi profonde, une adhésion sincère et aimante à Dieu et à Sa vérité, des difficultés puissent subsister dans l’imagination et l’intelligence.

En un certain sens, nous pouvons dire que nous avons encore des « doutes », si nous entendons par là, non que nous hésitons à accepter la doctrine révélée, mais que nous sentons la faiblesse et l’instabilité de notre esprit devant le terrible mystère divin. Il s’agit moins là d’un doute objectif que d’un sentiment subjectif de notre impuissance, parfaitement compatible avec une véritable foi. En fait, plus notre foi grandit, plus nous sentons notre impuissance, de sorte qu’un homme profondément croyant peut, en même temps, dans ce sens impropre, « douter » plus que jamais. Il ne s’agit nullement là de doute théologique, mais seulement d’un sentiment très normal d’insécurité naturelle accompagné d’angoisse.

L’obscurité même de la foi est une preuve de sa perfection. Elle est obscure pour nos esprits parce qu’elle dépasse infiniment leur faiblesse. Plus la foi est parfaite, plus elle devient obscure. Plus nous approchons de Dieu, moins notre foi se dilue dans la demi-lumière des images et des concepts créés. Notre certitude croît avec cette obscurité, non sans angoisse ou sans doute, parce que nous ne vivons pas facilement dans un vide où nos facultés naturelles ne peuvent s’appuyer sur rien. Et c’est dans les plus profondes ténèbres que nous possédons Dieu le plus pleinement, sur terre, parce que c’est alors que notre intelligence est véritablement libérée des faibles lumières créées qui, comparées à Lui, ne sont que ténèbres ; c’est alors que nous sommes remplis de Sa Lumière infinie qui semble ténèbres à notre raison.

C’est dans cette foi parfaite que le Dieu Infini Lui-même devient la Lumière de l’âme plongée dans les ténèbres, et que Sa vérité prend entièrement possession d’elle. Alors, en cet instant indicible, la nuit la plus profonde devient le jour, et la foi se transforme en compréhension.

De ce qui précède, il évident que la foi n’est pas seulement un moment de notre vie spirituelle, ni un pas vers quelque chose d’autre. C’est une acceptation de Dieu qui est le climat même de toute vie spirituelle. C’est le début de l’union, et à mesure que notre foi et notre union s’approfondissent, cette acceptation de Dieu devient de plus en plus intense, en même temps qu’elle affecte tous nos actes et nos pensées. Je ne veux pas dire que dorénavant toutes nos pensées seront enveloppées dans de pieuses formules, mais plutôt que la foi ajoute une dimension de simplicité et de profondeur à toutes nos perceptions et à toutes nos expériences.

Quelle est cette dimension de profondeur ? C’est l’incorporation de l’inconnu et de l’inconscient dans notre vie quotidienne. La foi rassemble le connu et l’inconnu de sorte qu’ils s’imbriquent ; ou, plutôt, que nous sommes conscients de leur imbrication.

En fait, notre vie entière est un mystère dont notre compréhension consciente ne saisit qu’une petite partie. Mais lorsque nous acceptons seulement ce qui tombe sous notre raisonnement conscient, notre vie se réduit à de pitoyables limites, même si nous ne nous en rendons pas compte. (Nous avons été élevés dans le préjugé absurde que ne comprenons et n’assimilons vraiment que ce que nous pouvons formuler consciemment et rationnellement. Lorsque nous pouvons définir une chose, ou une de nos actions, nous nous imaginons que nous en saisissons pleinement le sens. En réalité cette transformation d’une idée en mots – très souvent ce n’est rien de plus – tend à nous couper de la véritable expérience et à diminuer notre compréhension au lieu de l’augmenter.)

La foi se contente pas d’expliquer l’inconnu, de le munir d’une étiquette théologique et de le ranger en lieu sûr pour que nous n’ayons plus à nous en occuper ; une telle conception serait tout à fait contraire à ce qu’elle est réellement. La foi mêle l’inconnu à notre vie quotidienne d’une manière vivante, dynamique et réelle. L’inconnu demeure l’inconnu. Le mystère reste entier. Le rôle de la foi n’est pas de transformer le mystère en évidence claire et rationnelle, mais d’intégrer le connu et l’inconnu en un ensemble vivant qui nous permette de plus en plus de dépasser les limites de notre moi.

Le rôle de la foi ne consiste donc pas seulement à nous mettre en contact avec « l’autorité de Dieu » et à nous enseigner les vérités révélées par Lui, mais encore à nous faire découvrir l’inconnu qui est en nous, dans la mesure où notre moi inconnu vit en Dieu et agit sous la lumière de Sa grâce miséricordieuse.

C’est, pour moi, l’aspect essentiellement important de la foi, trop souvent ignoré de nos jours. Foi ne signifie pas seulement soumission, mais vie. Elle englobe la vie sous toutes ses formes, et pénètre dans les profondeurs les plus mystérieuses et les plus inaccessibles de notre être spirituel inconscient et de Dieu dans son essence et son amour. La foi est donc le seul moyen de connaître la véritable réalité, même notre véritable réalité. Si l’homme ne s’abandonne à Dieu par une foi totale, sa propre nature lui demeure fatalement étrangère, exilée, parce qu’il est séparé du fond le plus vrai de son être ; celui qui demeure obscur et inconnu parce qu’il est trop simple et trop profond pour être connu par la raison.

Voulez-vous dire le subconscient ? demanderez-vous. Une distinction s’impose. Nous avons tendance à croire que nous avons un esprit conscient et un subconscient qui est au-dessous du conscient, ce qui peut induire en erreur. Le conscient est pressé de toutes parts par l’inconscient. Notre raison est entourée de ténèbres. Notre esprit conscient ne domine nullement notre être ; il contrôle seulement certains éléments qui lui sont inférieurs. Mais il peut à son tour être poussé par l’inconscient. Et comme il ne faut pas qu’il soit mené par quelque chose d’inférieur, il est important de distinguer les éléments émotifs, instinctifs, et les éléments spirituels, « divins », pourrait-on dire, de cet esprit conscient.

Or la foi intègre l’inconscient tout entier au reste de notre vie, mais elle opère de diverses manières. Les éléments inférieurs sont acceptés (et non simplement rationalisés) dans la mesure où ils sont voulus par Dieu. La foi nous permet de transiger avec notre nature animale et d’essayer de la mener selon la Volonté de Dieu, c’est-à-dire selon l’amour, en même temps qu’elle soumet notre raison aux forces spirituelles cachées qui sont au-dessus d’elle. Ce faisant, l’homme tout entier est sous la dépendance de l’inconnu qui le domine.

Dans ce domaine du mystère se cache non seulement la partie la plus élevée de l’être spirituel de l’homme (qui est, pour sa raison, une énigme absolue), mais encore la présence de Dieu.

La foi permet à l’homme d’entrer en contact avec ce qu’il possède de plus profond spirituellement, et avec Dieu. Selon la théologie traditionnelle, les Pères de l’Eglise grecque donnaient trois noms à ces trois aspects de l’esprit humain. L’âme « animale », inconsciente et non raisonnable était l’anima ou psyche, domaine de l’automatisme où l’homme agit en organisme psychophysique. Cette anima est une sorte de principe féminin, ou passif, de l’homme.

Puis il y a la raison ; le principe lucide conscient, actif ; l’animus ou nous. L’esprit est ici principe masculin, l’intelligence qui commande, raisonne, guide notre activité avec prudence et réflexion. Il gouverne le principe féminin, l’anima passive. L’anima est Eve, l’animus, Adam. Par suite du péché originel Eve tente Adam et sa pensée raisonnée cédant à ses impulsions aveugles, il se laisse gouverner par l’automatisme des réactions passionnées, par les réflexes conditionnés plutôt que par les principes moraux.

Cependant, l’homme n’est pas seulement composé d’une anima gouvernée par l’animus, d’un principe masculin et d’un principe féminin. Il en est un plus élevé qui transcende les distinctions de masculin et de féminin, d’actif et de passif, de réfléchi et d’instinctif. Ce principe plus élevé dans lequel se fondent les deux autres pour monter jusqu’à Dieu est le spiritus ou pneuma.

Ce n’est pas seulement un attribut de l’homme, c’est l’homme lui-même, uni, vivifié, élevé au-dessus de lui-même et inspiré par Dieu. L’homme atteint là son plein développement. L’homme n’est vraiment homme que lorsqu’il forme, avec Dieu, « un esprit ». L’homme est « esprit » lorsqu’il est à la fois anima, animus et spiritus. Ces trois choses n’en font d’ailleurs qu’une. Et lorsqu’elles sont parfaitement ordonnées dans leur unité, tout en gardant leurs qualités intrinsèques, l’homme est recréé à l’image de la Sainte Trinité.

La « vie spirituelle » est donc la vie parfaitement équilibrée dans laquelle le corps, avec ses passions et ses instincts, l’intelligence avec sa raison et sa soumission aux principes et l’esprit illuminé passivement par la lumière et l’amour de Dieu forment un homme qui est en Dieu, avec Dieu, de Dieu et pour Dieu. Un homme pour qui Dieu est tout. Un homme dans lequel Dieu fait, sans obstacle, Sa propre Volonté.

Nous pouvons facilement comprendre qu’un amour purement émotif, une vie dominée par l’instinct, une religion purement orgiaque, ne mènent pas à la vie spirituelle, pas plus qu’une vie uniquement rationnelle, une vie de réflexion consciente et d’activité entièrement gouvernée par la raison. Réduire la spiritualité de l’homme à une « mentalité » et situer toute la vie spirituelle, purement et simplement, dans l’intelligence capable de raisonner, est une erreur moderne caractéristique. La vie spirituelle se réduit alors à des opérations intellectuelles – raisonnements, formules, etc. Une telle vie est tronquée et incomplète.

La vraie vie spirituelle n’est ni une vie d’orgie dionisiaque, ni une vie d’une limpidité appolonienne ; elle les dépasse toutes deux. C’est une vie de sagesse, une vie d’amour sage. Dans Sophia, le principe de la sagesse la plus élevée, sont unis inséparablement la grandeur et la majesté de l’inconnu qui est en Dieu, et tout ce qui est fertile et maternel dans Sa création : les principes paternel et maternel, le Père incréé et la sagesse créée.

La foi nous ouvre ce royaume plus élevé d’union, de force, de clarté, d’amour sage où, au lieu de la lumière limitée et fragmentaire que donnent les principes rationnels, la Vérité est Une et Indivise et ramène tout à elle dans l’intégrité de Sapientia ou de Sophia. Lorsque saint Paul disait que l’Amour est l’accomplissement de la Loi et que l’Amour a délivré l’homme de la Loi, il voulait dire que, par l’Esprit du Christ, nous sommes incorporés à Lui, qui est la force et la sagesse de Dieu, afin qu’Il devienne notre vie, notre lumière, notre amour et notre sagesse. Notre vie spirituelle dans sa plénitude est une vie de sagesse, une vie dans le Christ. Les ténèbres de la foi portent leur fruit dans la lumière de la sagesse.

Thomas Merton, « Semences de contemplation », Editions Points 2010 p. 137-147.




Dimanche 17 mai, 6° Dimanche de Pâques (Jn 14,15-21)  – Messe télévisée sur RFO la 1° – Homélie de P. Pascal Mussard

Dans l’évangile, que nous venons d’entendre, Jésus prépare, enseigne ses disciples. Il sait que bientôt son heure va venir, qu’il va vivre la passion, la mort, la résurrection … et qu’il devra retourner vers son Père.

D’une certaine manière, il donne à ses disciples ses dernières consignes, son testament pour qu’ils puissent continuer la mission de son Père.

Il leur fait une promesse : je ne vous lâcherai pas, (non) je ne vous abandonnerai pas ! Je vous donnerai l’Esprit de vérité, l’Esprit Saint qui sera toujours auprès de vous, pour vous consoler, vous défendre, vous guider…

Pendant qu’il prononce ces paroles, Jésus ne pense pas seulement aux douze hommes qui l’ont accompagné tant bien que mal sur les routes de Palestine. Il pense aussi à chacun d’entre nous, à tous ceux qui souffrent, ceux qui cherchent une raison de vivre à laquelle s’agripper, notamment en cas de difficulté familiale, professionnelle ou de deuil.

Pour illustrer cette promesse de Jésus de toujours être avec nous, je voudrais vous partager le témoignage d’un prêtre.

« J’ai pu, dit-il, retrouver à quelques années de distance des parents qui avait perdu un enfant et dont la vie avait été brisée par le deuil. L’un d’eux m’a raconté  que les mois qui ont suivi ont été marqués par l’angoisse,  par un brouillard épais. Puis, lentement, un peu de calme entre dans le cœur. Non pas la sérénité, pas le bonheur, mais un peu de paix. Avec l’impression, de ne plus avoir peur de la mort non plus. Si je meurs un jour, en fin de compte, je ne meurs pas, je vais retrouver mon enfant. Je vis aujourd’hui intensément, je me dévoue pour les autres, pour ceux qui sont dans le besoin. »

Le Christ ne nous abandonne pas ! Il nous accompagne.

C’est le cas du disciple Philippe dans la 1e lecture qui s’en va en mission porté par l’espérance et par la foi ! Dans la 1ere lecture, Philippe fait partie du groupe des 7 diacres qui ont été appelé par les apôtres pour les aider dans leur mission. Il est envoyé, en terre étrangère, en Samarie, où il proclame le Christ ressuscité. Il fait comme Jésus l’a appris à ses disciples, il va vers les méprisés, il proclame la Parole, il enseigne, Il rassemble des foules, il délivre, il guérit et une grande joie envahit toute la ville.

 En écoutant ce récit, cela nous rappelle l’action de Jésus lui-même. Contempler Jésus, vivre ses commandements, annoncer le règne de Dieu, voilà la mission du disciple. Cette mission, il ne la vit pas seul, il la vit en communion avec les autres (disciples) et d’ailleurs (dans ce récit) Pierre et Jean, (les 2 apôtres) viennent imposer les mains à ces Samaritains pour que eux, aussi, puissent recevoir l’Esprit Saint, le Défenseur, l’Esprit de vérité et ainsi parfaire leur l’initiation à la foi.

Dans la seconde lecture, Pierre annonce le Christ avec beaucoup de zèle à des chrétiens qui se heurtent à la calomnie et à la persécution. Il leur rappelle que quelles que soient les épreuves et les difficultés, le disciple reste ferme dans la foi et qu’il doit toujours être prêt à rendre témoignage, avec douceur et respect, de l’espérance qui l’habite. La foi ne s’impose pas, elle se propose, avec douceur et dans le respect des personnes. Comme Jésus, Pierre nous rappelle que nous devons rejeter toute violence et agir pour le bien. Le Bien est d’une certaine manière l’ADN du chrétien, la signature des enfants de Dieu…

Je me souviens de cet homme de terrain qui était injustement accusé. Son directeur l’appel au téléphone et le convoque dans son bureau ! Cet employé conscient d’être dans son bon droit et se sentant injustement accusé se rend seul au bureau. En ouvrant la porte, on lui dit : « Oussa y lé out syndicat ! » Il répondit aussitôt : « Mon Syndicat c’est Jésus Christ ! »

Le Christ ne nous abandonne pas ! Il nous accompagne.

Les textes de ce dimanche nous invitent à méditer sur l’attitude du disciple du Christ. Le disciple répond à l’appel du maitre. Il accepte de se mettre à sa suite. Il l’accueille, il l’écoute, et il se laisse guider. Il aime son Seigneur, garde ses commandements et essaie de les vivre. Il prend conscience de sa fragilité, de sa pauvreté, mais aussi de ses qualités pour se mettre au service du Bien. Le disciple du Christ est celui qui rend témoignage de l’espérance, de la joie, de l’amour qui l’habitent.

Dans « la joie de l’évangile », le pape François, nous encourage à être des « disciples – Missionnaires ». Il dit : « Après avoir écouté et regardé comment Dieu agit, le « disciple – Missionnaire » se met lui-même à agir. Il invente de nouvelles routes, il est hardi, il ne se concentre pas sur lui mais sur ceux qui sont en dehors de l’Église, les incroyants, les pauvres, les marginaux. Il  n’y   va   pas avec un étendard, il n’est pas un propagandiste de l’Évangile, mais il cherche à rendre compte de la joie d’être chrétien.

Frères et sœurs, entendons-nous l’appel urgent, du pape François à être des « disciples – missionnaires » ?

Dieu notre Père, ravive en nous l’Esprit – Saint que nous avons reçu au baptême pour que nous soyons de vrais disciples du Christ, des disciples joyeux à faire le bien.

 Amen

                                                                                                      P. Pascal Mussard




« Pourquoi restez-vous là, à regarder le ciel … » (Mtt 28, 16-20) ; L’Ascension – Francis COUSIN)

En ce jeudi de l’Ascension, Jésus monte au ciel pour s’assoir à la droite de son Père, ainsi que l’a vu Etienne. Il ’’quitte’’ ses apôtres pour de bon à leurs yeux. Ou, comme on le dit maintenant depuis le Covid-19, il était en ’’présentiel’’ avec ses apôtres. Et maintenant, il va être en ’’distanciel’’ avec eux …

Oui, mais …

Ce qui est vrai pour les humains ne l’est pas pour Jésus ! Pour nous, nos rapports avec les autres se font soit en ’’présentiel’’, soit en ’’distanciel’’, … ou encore ils n’existent pas !

Mais Jésus est toujours présent avec nous : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. ». Il est donc toujours en ’’présentiel’’ pour nous ! Pire : il ne respecte même pas les gestes barrières, la ’’distanciation physique’’, puisqu’il entre dans notre cœur …

Cette terminologie nouvelle ne peut pas s’appliquer à Jésus, à Dieu … même s’il est ’’distant en ciel’’.

Jésus est donc entré dans la nuée. Les apôtres ne le voient plus ! Et ils sont là, tout hébétés !

On ne sait pas combien de temps ils sont restés comme cela … mais ça a dû prendre du temps … à tel point qu’il a fallu y mettre un terme, et qu’on envoie deux anges pour les rappeler à l’ordre : « Eh oh ! Il faut revenir sur terre ! Ce n’est plus le moment de se lamenter, d’avoir des regrets ! … de se faire un film sur le bon temps passé avec Jésus ! … Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »

Comme lors de la transfiguration, où Pierre aurait bien voulu que cela dure plus longtemps en plantant des tentes ; Jésus ne l’avait pas permis, et les avait invités à redescendre vers les autres, vers le peuple …

Là, pour les consoler, les anges leur disent : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. ». Prudents, les anges n’ont pas donné de date …

Mais en attendant, cela rappelle aux apôtres ce que Jésus vient de leur dire : ils ont une mission à remplir : être des témoins de la Bonne Nouvelle de Jésus, « à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Première lecture). On part du plus proche, et par extension, on va de plus en plus loin …

« De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. ».

Non seulement Jésus est avec eux, mais en plus il leur donne une autre aide : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous » (Première lecture) ; « c’est l’énergie, la force, la vigueur que [le Père] a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. » (Deuxième lecture).

C’est le temps de l’Église qui se met en route, et qui prendra véritablement son essor le jour de la Pentecôte quand l’Esprit Saint viendra sur eux.

Toutes ces Paroles, elles ne sont pas réservées aux apôtres. Elles sont pour tous ceux qui font partie de l’Église, pour tous ceux qui sont baptisés, qui sont « devenus enfants de Dieu » (Jn 1,12), de tous les temps … Et elles sont donc aussi pour nous …

Jésus est avec nous …

L’Esprit Saint est avec nous … qui nous soutient, nous rappelle les Paroles de Jésus, nous les fait comprendre … pour que nous soyons, dans le monde, des témoins de Jésus ressuscité.

Mais si Jésus est toujours avec nous … il ne faut pas que nous mettions Jésus en ’’distanciel’’ par rapport à nous …

Seigneur Jésus,

c’est notre mission de baptisés

d’être témoins de ta Bonne Nouvelle.

Mais encore faut-il que nous soyons proches de toi,

que nous gardions le contact avec toi,

que nous ouvrions la porte de notre cœur.

 

Francis Cousin

 

 

 

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Prière dim Ascension A




« Attente… » (Jn 17, 1-11) ; 7° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

Ce dimanche est un peu particulier, puisqu’il est entre l’Ascension de Jésus et la Pentecôte … entre le départ de Jésus vers son Père … et l’attente de l’Esprit Saint que le Père va envoyer, à la demande de son Fils, sur les apôtres et quelques disciples, hommes et femmes.

Et l’attente risque d’être longue ! En effet, Jésus n’a pas donné de date pour la venue de l’Esprit … Il n’a pas dit : « Dans dix jours, vous recevrez l’Esprit. » … Et quand l’attente est trop longue, on est un peu aigri, on est tout marri, on désespère … Et nous en savons quelque chose, nous qui attendons depuis plus de deux mois de pouvoir nous retrouver ensemble pour célébrer la messe et communier …

Alors, on est un peu surpris de voir les apôtres dont Luc nous dit qu’ils « retournèrent à Jérusalem, en grande joie. » (Lc 24,52). On s’attendrait plutôt à les voir tout tristes de la séparation d’avec Jésus.

Il est vrai que Jésus leur avait promis, outre l’envoi de l’Esprit Saint pour les aider dans leur mission, de leur préparer une place auprès de son Père pour qu’ils soient pour toujours avec lui. Et puis qu’il serait toujours avec nous dans ce monde.

Le chrétien est toujours dans l’attente entre deux joies.

La première joie est celle de la rencontre avec Jésus. C’est une joie que beaucoup ont oublié, parce qu’ils étaient trop petits ; c’était plutôt la joie de leurs parents de demander le baptême pour leur enfant. Mais c’est une joie qui se développera petit à petit avec les parents et les catéchistes, dans l’attente de la première communion. Puis dans l’attente de la confirmation. La joie ne se manifeste pas toujours de la même manière, … cela dépend essentiellement de la qualité de la rencontre avec Jésus. On la voit davantage chez les personnes plus âgées qui demandent les sacrements de l’initiation : il suffit de voir leurs regards et leurs sourires quand elles viennent juste d’être baptisées … avec parfois des larmes de joies …

Et cette joie se manifestera également pour chacun des sacrements reçus, parfois de manière plus intérieure. Il est vrai que la joie du mariage ou de l’ordination sacerdotale (ou des vœux pour les religieuses et religieux) est plus démonstrative que celle du sacrement de réconciliation ou des malades … mais il y a toujours une joie qui est ressentie par une paix intérieure, une sérénité, celle de la rencontre aimante de Dieu envers nous.

Et puis il y a toutes les autres rencontres avec Dieu, dans la prière. Rencontres individuelles, personnelles, … et les rencontres en communautés, paroissiales ou de mouvements … Rencontres que l’on attend impatiemment en ce moment …

Bien sûr, il peut arriver que l’attente soit trop longue, et que l’on s’impatiente, parce qu’on n’arrive pas à retrouver la joie de la rencontre avec Dieu, parce qu’on pense que Dieu nous a oublié, parce qu’on n’a pas le goût de prier … parce qu’on est plus intéressé par les attraits du monde … parce que …

« Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force (…) de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. » (Lc 21,36). « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Mt 26,41).

Si à Gethsémani les apôtres n’avaient pas réussi à rester éveillés, ils se sont rattrapés après la résurrection puisque « tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière … » (première lecture)

Veillons, prions, soyons dans la joie de la rencontre habituelle avec Dieu, restons dans l’attente de ces rencontres avec Dieu … et surtout dans l’attente de la rencontre définitive avec lui, quand il nous accueillera dans son Paradis. Alors, ce sera la joie parfaite !

Seigneur Jésus,

tu es notre joie,

parce que tu n’es qu’amour

et que tu nous donnes tout ton amour,

reçu de ton Père,

dans le don de l’Esprit Saint.

Garde-nous dans l’attente aimante

de chacune de tes rencontres.

 

Francis Cousin

 

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Prière dim Pâques A 7°




« Si vous m’aimez … » (Jn 14,15-21) ; 6° Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

On peut être surpris par ce ’’si’’, puisque Judas n’est plus là, il est déjà sorti. Il ne reste donc dans la chambre haute que les apôtres et quelques disciples dont on peut penser qu’ils aiment Jésus, … même si les évènements qui vont suivre vont montrer quelques faiblesses de leur part …

Sans doute faut-il le comprendre, non dans un sens de doute de la part de Jésus, mais plutôt comme une affirmation : « Vous qui m’aimez … », en relation avec le verset 23 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole … » où Jésus parle de tous ceux, présents et à venir, qui écouteront sa Parole, qui adhéreront à celle-ci, et qui aimeront celui qui l’a dite … même sans l’avoir vu.

Les deux phrases (v 15 et v 23) sont équivalentes : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » et « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole … », ce qui veut dire que ’’les commandements’’ et ’’la Parole’’ sont une seule et même chose, la Parole de Jésus a force de commandement.

Et le résultat est le même : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai » et « mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (v 23) : il y a réflexivité de l’amour entre celui qui croit et Jésus, entre Jésus et le Père, et comme Jésus et le Père ne font qu’un, entre celui qui croit et le Père. Pour Jésus, tout est une question d’amour.

Mais pas seulement d’amour entre les hommes et Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. À cet amour de Dieu, Jésus ajoute « un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Et c’est sans doute ce qui est le plus difficile : aimer les humains qu’on voit tous les jours, avec leurs défauts (comme nous !), avec leurs mauvaises réactions (comme nous !), avec leurs mensonges (comme nous !) et leurs vouloirs de paraître (comme nous !?) … Ce n’est pas évident.

Saint Jean nous dit : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4,20).

L’amour des autres ne peut exister que parce que Dieu nous a aimés le premier, d’un amour constant, quelles que soient nos erreurs, nos chutes, et que nous lui rendions son amour, dans une « rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. Son ami est mon ami. Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre, jaillit son attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention, que je ne lui donne pas seulement à travers des organisations créées à cet effet, l’acceptant peut-être comme une nécessité politique. Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires : je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. Ici apparaît l’interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain ( …). Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être «pieux» et accomplir mes «devoirs religieux», alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement «correcte», mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à Lui de m’aimer. ( … ) Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un «commandement» qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé avec d’autres. L’amour grandit par l’amour. » (Benoît XVI, Deus caritas est, n°18).

Heureusement, Dieu, dans son infinie bonté, nous a donné « un autre Défenseur qui sera pour toujours avec [nous] : l’Esprit de vérité. ».

Seigneur Jésus,

ouvre nos yeux

sur le monde qui nous entoure.

Nous ne sommes pas seuls sur le chemin,

ce serait trop facile :

penser à toi, penser à moi …

Et les autres ?

Ils ont besoin de moi !

En suis-je conscient ?

 

Francis Cousin

 

 

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Prière dim Pâques A 6°




6ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 14, 15-21).

« Si quelqu’un m’aime, je me manifesterai à lui »

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous.
l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

 

            Jésus nous invite ici à l’amour… « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements… Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime. » Or « le commandement » de Jésus n’est pas un programme de vie parfaite à accomplir, programme qui nous rendrait meilleur que les autres… Non, il est une invitation continuelle au repentir, pour que nous puissions recevoir le pardon de nos péchés. « En son Nom, le repentir en vue de la rémission des péchés sera proclamé à toutes les nations… De cela vous êtes témoins » (Lc 24,47-48). Jésus en effet, en tout son être est « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), inlassablement, jour après jour, de repentir en repentir, de recommencement en recommencement… En nous détournant de Dieu, le péché nous prive de la Plénitude de sa paix et de sa vie ? Nous la retrouvons aussitôt dès que nous nous retournons de tout cœur vers Lui, dans la vérité de notre être blessé. « Le salaire du péché, c’est la mort ; le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle, dans le Christ Jésus ». Voilà pourquoi, nous dit Jésus, « le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ; et je sais que son commandement est vie éternelle » (Rm 6,23 ; Jn 12,49-50).

            Si nous gardons son « commandement », se repentir de tout cœur, nous recevrons de sa Miséricorde le don de sa vie, qui nous sera transmis par « l’Esprit de Vérité » : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité », « l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » (Crédo). Alors, la promesse de Jésus s’accomplira : « Le monde ne me verra plus, mais vous, vous verrez que je vis, et vous aussi vous vivrez ». En recevant la vie de Dieu dans nos cœurs, une vie qui est avant tout Paix, nous comprendrons que ce trésor ne vient pas de nous, et nous réaliserons au même moment que le Christ, que nous n’avons jamais vu, vit de la Plénitude de cette même vie. Nous réaliserons ainsi qu’il nous a, gratuitement, par amour, établis dans ce Mystère de Communion qu’il vit avec son Père de toute éternité : en étant ainsi par grâce « en lui », unis à lui dans la communion d’une même vie, d’une même paix, « vous reconnaîtrez », nous dit Jésus,  «  que je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous ».

            Mais cette vie est la vie de Dieu, un Dieu qui est Amour en tout son être… Sa simple présence en nos cœurs ne pourra alors que nous entrainer à notre tour sur les chemins de l’amour, qui se concrétisent dans le service de Dieu et de nos frères…                        DJF

 




Audience Générale du Mercredi 13 Mai 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 13 Mai 2020


Frères et sœurs, la prière n’est pas seulement un mouvement de la sensibilité ni un pur acte de l’intelligence. Elle nait dans le secret de ce lieu intérieur que les auteurs spirituels appellent le Cœur. Loin d’être une action secondaire et marginale, la prière nait à l’intime de notre personne, comme un élan en recherche nostalgique d’une rencontre avec un Autre. Pour le chrétien, cet Autre s’est révélé en Jésus-Christ, et est entré en relation avec nous : « Dieu, personne ne l’a jamais vu, le Fils unique qui est dans le sein du Père, l’a fait connaître ». Les chrétiens s’adressent à Dieu en osant l’appeler « Père ». Le rapport que nous avons avec lui n’est pas de servilité, marqué par la peur, mais une alliance, une amitié, une communion, comme Jésus l’enseigne : « je ne vous appelle plus serviteurs, mais je vous appelle amis ». Dans la confidence de la prière, il est possible de tout lui dire, tout lui demander. Il n’importe pas que nous nous sentions en faute envers lui, et, de fait, nous sommes souvent insuffisants, ingrats, infidèles. Mais Dieu est fidèle et, si les hommes cessent de l’aimer, lui continue d’aimer, même si l’amour le conduit au calvaire.

Je salue cordialement les personnes de langue française.

Lorsque nous prions, efforçons-nous de nous adresser à Dieu avec confiance, comme un enfant s’adresse à son Père, chassant toute peur et toute distance. Il est toujours proche de nous, nous pouvons tout lui dire et tout lui demander.

Que Dieu vous bénisse !

 

 

 

 

 




 » La Vierge Marie, patronne de l’Ordre des prêcheurs  » (Fr Manuel Rivero O.P.)

Quand vous entendez « Vierge Marie », à quoi pensez-vous ? Qu’est-ce qui vous attire dans la vie de la Mère de Dieu ? Sous quel vocable aimez-vous l’appeler ?

La Réunion, île mariale, invite les chrétiens à se confier à l’intercession la mère de Jésus sous une multitude de vocables comme le montrent les titres de nos paroisses et de nos lieux de pèlerinage : Notre-Dame du Rosaire, Notre-Dame de la Salette, Notre-Dame de la Délivrance, Notre-Dame de la Source, Notre-Dame de la Trinité, Notre-Dame de l’Assomption, Notre-Dame de Lourdes, Notre-Dame du Mont-Carmel, Notre-Dame du Sacré-Cœur, Notre-Dame Reine du monde, Notre-Dame des neiges, Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame des douleurs, Notre-Dame du Bon Port, Notre-Dame Auxiliatrice, Notre-Dame au Parasol, la Vierge noire …

Eglise de la Paroisse Notre Dame des Neiges, Cirque de Cilaos

Aujourd’hui nous faisons mémoire de Notre-Dame, patronne de l’Ordre des prêcheurs. Un ancien maître de l’Ordre au XIIIe siècle, le frère Humbert de Romans (+1277), témoignait déjà de la confiance des frères prêcheurs de l’Évangile dans le patronage de la Vierge Marie : « La bienheureuse Vierge Marie fut l’aide principale dans la fondation de l’Ordre … et l’on espère qu’elle le conduira à bon port », écrivait-il à ses frères.

C’est la Vierge Marie qui a voulu l’Ordre des prêcheurs pour que son fils Jésus, le Verbe fait chair, soit connu, loué et aimé.

Les moniales dominicaines commencent et finissent leurs journées en priant la Vierge Maria. Quand je cherchais ma vocation étant étudiant en sciences économiques, j’avais passé quelques jours au couvent dominicain de Caleruega (Espagne). C’était l’hiver. La neige habillait d’un blanc limpide les champs castillans. Le matin, avant l’aube, un frère novice réveillait les autres frères en chantant dans les couloirs. C’était romantique. C’était beau.

Le poète Baudelaire (+1867) disait à propos du père Lacordaire (+1861), dominicain : « Le père Lacordaire est un prêtre romantique et je l’aime ».

Vierge de silence, Marie de Nazareth gardait les enseignements et les événements de son Fils dans son cœur. Elle les priait en les interprétant à la lumière de l’Ancien Testament.

Marie, Paroisse St Martin à Grand Ilet, Cirque de Salazie

Femme, cent pour cent juive, cent pour cent chrétienne, Marie vivait de la parole de la Loi de Moïse, des Psaumes et des prophètes.

Fille de Dieu le Père, épouse du Saint-Esprit, mère et disciple du Fils de Dieu, le Verbe fait chair, Marie a été plongée dans le mystère de la sainte Trinité sans recevoir un baptême d’eau.

Par sa foi dans les paroles de l’ange Gabriel à l’Annonciation, Marie a conçu d’abord don Fils dans son cœur. À l’image du Père qui conçoit éternellement son Fils, Parole intérieure, dans l’amour de l’Esprit-Saint, Marie de Nazareth a conçu d’abord son Fils Jésus dans le silence du cœur par la pensée de foi en Dieu le Père dans l’amour de l’Esprit Saint.

Il nous arrive de dire à quelqu’un : « Excusez-moi, je ne t’ai pas envoyé la lettre que je t’avais écrite en pensée. »

Il en va de même dans le mystère de la sainte Trinité. Dieu le Père pense éternellement son Fils, la Parole vivante. Cette Parole vivante a pris chair en Marie par la foi. Le Verbe s’est manifesté dans l’Incarnation. Dieu, que personne n’a jamais vu, s’est révélé aux hommes en devenant homme.

La Parole de Dieu n’est une vibration de l’air mais la pensée intérieure du Père.

Depuis le commencement du monde, aucun homme n’avait pu imaginer ni voir le mystère de Dieu. La Vie de Dieu s’est dévoilée en Jésus, le Verbe fait chair, né d’une femme.

Marie, Musée de Sens

À l’exemple de notre pensée qui peut devenir lisible dans une lettre, le Fils de Dieu s’est fait connaître en tant homme grâce à Marie. C’est pourquoi, des docteurs de l’Église comme saint Albert le Grand appellent la Vierge Marie « la feuille blanche » sur laquelle Dieu a écrit notre salut. Sainte Catherine de Sienne, à son tour, voyait en Marie le livre où est écrite notre Rédemption.

Cela dit, nous ne sommes pas la religion du Livre mais la religion de la Parole vivante.

« Le silence, père des prêcheurs », dit un dicton dominicain enseigné aux novices comme la voie de la sagesse et de l’union à Dieu.

L’Annonciation, Basilique du Rosaire à Lourdes

Marie est la femme qui écoute dans le silence. C’est dans le silence du cœur que Marie a accueilli l’annonce de l’ange Gabriel : « Réjouis-toi, Marie, comblée de grâce ».

Dieu est silence et Il nous parle dans le silence. Le bruit nous empêche d’écouter Dieu. Le bruit casse nos conversations intérieures avec Dieu.

Femme habitée par le Verbe fait chair, Marie s’empresse de rejoindre la maison d’Élisabeth, sa cousine, qui était enceinte de Jean le Baptiste, pour lui apporter la grâce du Messie, qu’elle portait dans corps, Jésus.

Femme serviable, Marie aide sa cousine âgée à préparer la naissance de son fils.

Femme de louange, Marie chante le Magnificat : Dieu accomplit des merveilles chez les humbles et les humiliés.

La Visitation, Basilique du Rosaire à Lourdes

Femme appelée à la sainteté dans le quotidien, Marie prie Dieu qui aime la vie cachée : « Vraiment, tu es un Dieu caché, Dieu d’Israël, sauveur », s’exclame le prophète Isaïe.

Femme, épouse et mère, elle soutient avec tendresse la foi et le travail de Joseph, en partageant l’éducation de Jésus avec lui.

Membre du peuple d’Israël, Marie aime les pèlerinages à Jérusalem où elle monte en chantant les Psaumes.

Femme, ayant reçu l’allégresse de l’Esprit-Saint, Marie participe aux noces de Cana où elle danse avec les convives, en veillant à la réussite de la fête comme le montre son regard attentif et miséricordieux : « Ils n’ont pas de vin ». Femme ayant les pieds sur terre, Marie s’occupe des choses pratiques et matérielles. Ce jour-là, Jésus changea l’eau en vin et il manifesta sa gloire.

Femme des douleurs sur le Calvaire, Marie est donnée comme mère spirituelle à l’Église qui communie à la Passion de Jésus-Christ.

Première Église, première chrétienne, Marie fait corps avec les apôtres et les disciples de son Fils Jésus lors de la descente de l’Esprit Saint à la Pentecôte, dans la chambre haute, le Cénacle.

Marie, Basilique de la Dormition à Jérusalem

Femme prophète, Marie transmet aux apôtres et aux évangélistes, les secrets de l’avènement de son Fils en son cœur et en son corps. Sans son concourt, saint Luc n’aurait pas pu écrire les événements de l’enfance de Jésus.

Femme non possessive, tournée vers son Fils, Marie oriente l’humanité vers le seul Sauveur, le seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira ».

Femme d’espérance, Marie prépare le retour de son Fils Jésus à la fin des temps.

Sa maternité spirituelle se déploie dans l’intercession auprès de son Fils. En priant elle touche le cœur de Dieu ; en touchant le cœur de Dieu, elle marque le cours de l’histoire, car Dieu seul en est le maître.

Icône de Marie, Basilique de la Nativité, Bethléem

Demandons à Dieu la grâce d’aimer Jésus comme Marie l’a aimé et d’aimer Marie comme son fils Jésus l’a aimé.

Nous manquons de mots humains pour dire la beauté et la grandeur des merveilles accomplies par Dieu sur l’intercession de la Vierge Marie.

C’est pourquoi nous faisons appel à une multitude de vocables qui n’épuisent pas le mystère de l’œuvre accomplie par Marie en notre faveur. Prions pour notre Église à La Réunion, île mariale, que la Mère de Dieu chérit et protège.

 

                Monastère des moniales dominicaines (Saint-Denis/La Réunion), mai 2020

                                                            Fr. Manuel Rivero O.P.