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« Il n’est pas ici, car il est ressuscité ! » (Mt 28,1-10 ; Dimanche de Pâques – Francis COUSIN)

La veille du sabbat, le vendredi que nous appelons saint, Jésus meurt sur la croix. Premier jour.

Le samedi, jour du sabbat, fête de la paque juive. Deuxième jour.

Le premier jour de la semaine, celui que nous appelons Dimanche, le jour du Seigneur, Jésus ressuscite. Troisième jour.

« Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. » (Mt 20,18-19)

Des trois évangiles synoptiques, Matthieu est le seul à mettre son récit dans un style apocalyptique, aussi bien pour le vendredi saint que pour la Pâques. Le vendredi, si tous les trois auteurs parlent des ténèbres qui recouvre la terre de la sixième heure (midi) à la neuvième heure (15 h), et du voile du temple que se déchire de haut en bas, Matthieu est le seul à parler d’un tremblement de terre : « la terre tremblaet les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. » (Mt 27,51-53). De même le jour de Pâques : « Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. ». C’est le signe de la manifestation la présence de Dieu, comme ce fut au mont Sinaï avec Moïse (Ex 19,18) ou à l’Horeb avec Elie ( 1R 19, 11-12).

Il est aussi le seul à parler de femmes qui viennent le matin de Pâques, Marie-Madeleine et l’autre Marie (Laquelle ?), non pour faire l’embaumement du corps de Jésus, mais simplement pour voirle tombeau, les mêmes qui étaient restées là, « assises en face du sépulcre », le vendredi. Comme nous le faisons quand nous ’’rendons visite’’ à nos proches dans un cimetière.

Que dit cet ange musclé qui roule la pierre du tombeau et saute dessus ? « Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voirl’endroit où il reposait. Puis, vite, allez direà ses disciples … »

Il demande aux femmes, d’abord de l’écouter, puis de vérifier ses dires en regardant, et enfin, en urgence, vite, d’aller annoncer la nouvelle aux disciples, de partagerce qu’elles viennent de vivre.

On remarquera que c’est un petit peu ce que nous vivons à la messe : on commence par écouterla Parole de Dieu et son explication, puis nous voyons(dans la foi) le pain et le vin changés en corps et sang du Christ, et ensuite nous sommes invités à aller partagernotre foi avec ceux que nous rencontrerons (sans le critère d’urgence …, mais …).

Ce qui n’est pas tellement surprenant puisque la messe est le « mémorial de la passion et de la résurrectionde Seigneur. » (CEC 1330)

Mais ce Jésus qui « n’est pas ici », il n’était pas bien loin, puisque, à peine les femmes parties du tombeau, « remplies à la fois de crainte (de Dieu, et non pas peur)et d’une grande joie », voilà qu’au détour du chemin, elles se trouvent nez à nez face à lui : « Soyez sans crainte (sans peur), allez annoncer à mes frèresqu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

C’est la première fois que Jésus utilise ce vocabulaire (mes frères) en parlant de ses disciples. Peut-être utilise-t-il ce terme en pensant à ce qu’il a dit à sa mère Marie et à Jean sur le bois de la croix : « Voici ta mère … voici ton fils » (Jn 19, 26-27) …

Jésus est vraiment vivant, les femmes l’ont vu, l’ont touché, se sont prosternés devant lui …

Et il est toujours vivant, comme il l’a dit : « je suis avec vous tous les joursjusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20)

Jésus est ressuscité, il est toujours vivant. Soyons dans la joie. Alléluia !

Jésus est ressuscité

par la volonté de son Père.

La vie a vaincu la mort.

Il nous ouvre le chemin vers son Père.

Soyons dans la joie.

Alléluia !

                                                                                   Francis Cousin

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Prière dim Pâques A




« Aide-toi et le ciel t’aidera » (Interview de Mgr Gilbert Aubry).

1) Comment réagit l’Eglise de la Réunion face à la crise sanitaire, alors que les structures religieuses sont fermées au public et que les rassemblements sont interdits ? De quelle manière, les prêtres et autres représentants religieux continuent de venir en aide et en soutien à la population ? 

L’Eglise à La Réunion est très mobilisée face à la crise sanitaire mais du fait du confinement, le soutien par la présence physique n’est pas possible. Nous utilisons les outils numériques pour rester en contact avec la population via le site « eglisealareunion.org », la page Facebook « Diocèse de La Réunion », la chaîne YouTube « Eglise à La Réunion ». Notre Centre Diocésain d’Information est joignable par mail « diocesereunion@gmail.com ». Radio Arc-en-ciel fait un énorme travail de communication et propose aux auditeurs un site « radioarcenciel.re » et une page Facebook « Radio Arc-en-Ciel Réunion ». De plus en plus de paroisses ont adopté Facebook comme moyen pour rester en lien avec les paroissiens. Eglise 2.0, qui retransmet les messes des dimanches de 10 H à 11 H sur Réunion la 1ère, touche beaucoup de monde dont une bonne proportion de jeunes. Le Secours catholique (0693 46 74 07) répond aux demandes urgentes concernant les situations les plus précaires et les situations d’isolement.

2) Dans les difficultés, beaucoup de personnes vont habituellement chercher du réconfort auprès de l’église. Or, pour les raisons de sécurité sanitaire que l’on connaît, elles ne peuvent plus se rendre dans les établissements religieux. Que leur conseillez-vous pour les aider à surmonter les épreuves et leur peine ? Où et comment prier ? 

La prière n’est pas d’abord de réciter les mots d’une prière dans un lieu déterminé. La prière est d’abord un élan du cœur vers l’infini, vers Dieu. Cela peut-être une prière de louange, une prière de demande, une prière de demande de pardon à Dieu et aux autres. La meilleure prière nous est donnée par Jésus lui-même. C’est le Notre Père. La prière comme élan du cœur peut être dite en tout lieu. Quand nous prions dans une église, nous sommes dans un lieu qui invite au recueillement, où il y a un tabernacle avec la présence réelle et sacramentelle de Jésus Eucharistie. Ce lieu est le lieu de convocation de l’assemblée pour écouter la Parole de Dieu, pour célébrer la messe et les sacrements, pour l’envoi en mission surtout le dimanche, jour de la résurrection du Christ. Nous y venons avec nos joies et nos peines, nos besoins, nos désirs. Avec la foi et dans l’adoration nous venons y puiser l’Espérance. Et il ne faut pas oublier que la première église, le premier temple c’est le corps de chacun de nous en relation avec Dieu et avec les autres. Nous pouvons donc prier partout.

Aujourd’hui, pour aider à surmonter les épreuves et les peines, il y a la possibilité d’avoir des accompagnements spirituels personnalisés en s’adressant aux pères jésuites (0693 85 44 09) du lundi au samedi de 8h30 à 11h00, aux pères dominicains (www.lacathedrale.reou www.dominicains.re) , aux sœurs moniales dominicaines à Saint-Denis (0262 21 44 30), aux sœurs carmélites aux Avirons (0262 38 04 67).

3) Sans que ce ne soit lié au coronavirus, beaucoup de fidèles ont perdu des proches et n’ont pas pu faire leurs adieux comme ils l’auraient voulu en raison des nombreuses restrictions décidées par le Gouvernement. Certains ont même été privés de veillées et d’obsèques. Comment réussir à faire son deuil sans ces rituels ô combien importants ? 

Normalement les églises sont fermées. Elles ne sont ouvertes que pour les obsèques. Les prêtres ont reçu de ma part un protocole à cet effet. L’assemblée ne doit pas dépasser une petite vingtaine et les personnes doivent être disséminées dans l’église. En aucun cas, l’on ne doit toucher le cercueil. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de respecter les restrictions décidées par le Gouvernement. C’est ainsi que nous contribuerons à enrayer la propagation de ce virus de la mort. Oui, les rituels sont importants, surtout pour ceux qui restent. Mais si nous ne pouvons pas aller à l’église, en restant chez nous, nous confierons au Seigneur notre Dieu l’être cher qui nous  a quittés. Demandons lui de le délivrer de tout mal, de le conduire au paradis où il n’y a plus ni deuil, ni larme, ni douleur mais la paix et la joie.  Nous implorerons aussi son aide pour nous qui sommes encore sur cette terre.  Que nous puissions prendre le chemin de l’espérance !

Et puis consolons-nous en sachant que, dans une messe que le prêtre célèbrera en privé, sans public, il priera plus spécialement pour notre défunt. Nous pourrons ainsi nous associer spirituellement à cette messe. Et à la fin de la période de confinement, une messe sera célébrée dans chaque paroisse pour tous les défunts décédés durant cette période. Les noms des défunts seront alors cités au memento des morts.

Danger mortel

4) C’est difficile de rester confiné à la maison. Que souhaitez-vous dire aux fidèles pour les aider à garder patience ? 

Tout d’abord, il faut prendre conscience du danger mortel véhiculé par le COVID-19. Le virus ne marche pas tout seul. Ce sont les personnes qui marchent et qui se rencontrent, qui font marcher le virus. Ces personnes se mettent et mettent les autres en danger de mort. Vous voulez vivre ou mourir ? Ne vous laissez pas aller. Occupez-vous. Réveillez votre instinct vital. Téléphoner à vos proches, à vos amis, aux personnes âgées. Soutenez-vous humainement, spirituellement. Branchez-vous sur radio Arc-en-ciel ou KTO. Repérez aussi les personnes âgées et isolées, les sans toit, les SDF et signalez-les aux CCAS, au Secours Catholique, à Saint-Vincent de Paul, à d’autres associations d’entraide.

5) Vous-même, êtes-vous déjà sorti ? Si oui, pour quelles raisons ? Et comment occupez-vous vos journées ?

Non. Je respecte le confinement et même si je ne me déplace pas, je travaille à mon bureau. Le téléphone et Internet fonctionnent plus que jamais.

6) Le président Macron parle de « guerre ». C’en est une, selon vous ? 

D’une certaine manière oui. Mais là, il s’agit d’un ennemi invisible où la victoire dépend toujours d’un élan commun capable de générer un sursaut du moral pour sortir de l’angoisse et de la déprime, être capable de positiver et engendrer une réelle solidarité de tous les jours qui préparera l’avenir. Après le confinement, il faudra, et le Gouvernement et chacun à sa place, faire un débriefing pour tirer les leçons et mieux nous armer contre les différentes formes d’adversité. Il y a une formule américaine qui dit : « Si tu cours ils marchent. Si tu marches ils piétinent. Si tu piétines ils s’asseyent. Si tu t’assieds ils se couchent. Si tu te couches ils s’endorment. Si tu t’endors ils sont morts ». Il nous faut choisir la vie et non la mort. Haut les cœurs !

7) Les hommes vont mal, mais la planète ne s’est jamais aussi bien portée que depuis que le virus est apparu. Selon vous, le coronavirus pourrait-il être un message, voire une punition de Dieu, et dans quel but ? 

Ne pensons pas Dieu comme un père fouettard ou un commandeur esclavagiste qui tomberait sur notre dos pour nous accabler de malheurs. Dieu ne veut jamais le mal, il ne désire pas le mal. Quand nous piétinons la biodiversité, quand nous pillons la planète, quand nous la polluons, quand les rythmes que nous nous imposons détruisent les rythmes qui harmonisent le végétal, le minéral, l’animal… et les humains… alors surgissent les virus mortels comme le COVID-19. En ce sens, nous sommes punis par là où nous avons péché. Nous nous punissons nous-mêmes. Mais la punition devient pédagogie parce qu’elle appelle à la prise de conscience et à la nécessité de développer une écologie intégrale dans laquelle doit s’inscrire chaque être humain, chaque peuple, tous les peuples. Si ce que nous vivons maintenant peut convaincre le plus grand nombre qu’il ne faut plus différer les changements qui s’imposent, alors ce drame porteur d’angoisse n’aura pas été traversé en vain. Dieu remet le monde entre nos mains. Avec Lui. « Aide-toi et le ciel t’aidera ».

8) Les gens ont peur. Pour eux-mêmes ou pour leurs proches. Que souhaitez-vous leur dire pour les aider à traverser cette épreuve ? 

De repenser à la veillée de prière avec le pape François seul, « confiné » sur la place Saint Pierre, le soir du vendredi 27 mars. Il nous a aidés à méditer l’évangile de la tempête apaisée (Marc chapitre 4, 35 à 41). Les disciples et Jésus sont pris dans la tempête. La barque est prête à couler. Jésus dort sur un coussin à l’arrière. Les disciples réveillent Jésus « cela ne te fait rien ? – Silence, tais-toi » dit Jésus à la mer. « Il se fit un grand calme » et Jésus de leur dire « Pourquoi avez-vous si peur ? » Le pape a comparé l’humanité qui a peur, qui est désemparée à ce groupe d’hommes rassemblés dans la barque et qui lance un SOS à Jésus. A la lumière de l’Evangile, soyons sûrs que Jésus est le Maître du navire et des flots. Nous traverserons cette épreuve, ensemble. La vie prendra une autre couleur parce que nous nous souviendrons. Mais nous ne ferons pas demain comme avant. Ce sera autrement. Avec le Maître du navire et des flots nous arriverons à bon port. C’est mon espérance pour moi, pour vous et tous les vôtres.

                                                                                    Monseigneur Gilbert AUBRY




Homélie du Père Pascal CHANE TENG (Messe télévisée du Dimanche des Rameaux, 5 avril 2020)

Commençons par une petite histoire pour les enfants

afin de vous présenter cette Semaine Sainte qui commence,

puis nous dirons quelques mots aux adultes :

Un auteur chrétien nous raconte qu’une nuit,

il eut un beau rêve.

Il vit une foule d’oiseaux qui volaient dans tous les sens,

Sous un énorme filet tendu au-dessus du sol.

Sans cesse, ces oiseaux s’envolaient, heurtaient le filet et retombaient à terre.

Un spectacle triste.

Or, voici qu’un oiseau, apparemment comme tous les autres,

S’élança à son tour. Il s’obstina à lutter contre le filet,

A pincer du bec une maille qu’il ne lâchait plus.

Il se blessait et le sang coulait.

Mais soudain, il réussit à casser le filet en ce point précis

et s’élança aussitôt vers le ciel.

Alors, tout le peuple des oiseaux poussa un grand cri,

Et dans un bruissement d’ailes innombrables,

ils se précipitèrent tous par le trou.

Et cela fit tant de bruit que je me suis réveillé.

Vous l’avez sûrement compris : cet oiseau libérateur, c’est Jésus.

Le filet, c’est tout ce qui veut nous rendre triste.

Ce qui était impossible est devenu possible : le filet du mal a été cassé.

Ce que Jésus a fait, c’est pour nous sauver par amour.

En cette Semaine Sainte qui commence avec la messe des Rameaux,

2 événements d’amour vont attirer notre attention,

c’est là le cœur et l’originalité de notre foi.

1erévénement d’amour : le Vendredi Saint, le combat de Jésus sur la Croix.

Pourquoi ? Dieu sait que 2 malédictions veulent nous détruire :

La mort et la violence.

Dieu choisit de batailler en personne contre ces 2 malédictions

Pour les renverser et les transformer en vie éternelle et en bénédiction.

Notre vie, qu’elle soit santé ou maladie, n’est jamais pour la mort,

Mais pour la gloire de Dieu.

Toute la Bible raconte ce défi de Dieu pour libérer, consoler, guérir.

Ce combat va atteindre son sommet avec Jésus qui va finalement gagner.

C’est pourquoi le chrétien est foncièrement optimiste,

car Dieu est plus fort que le mal.

D’autre part, il y a une originalité : qui entre dans ce combat ?

C’est Dieu en personne.

Si Jésus n’est pas Dieu, il ne peut pas nous sauver, il ne sert à rien.

Dans notre foi, Jésus n’est pas seulement l’envoyé de Dieu le Père.

Il est Dieu lui-même qui s’engage en personne à nos côtés.

D’ailleurs, dans le chapelet, nous disons « Sainte Marie Mère de Dieu, priez pour nous »

Dieu se rabaisse à notre niveau pour affronter le mal qui veut nous détruire.

En devenant homme, Dieu partage notre mort sur la Croix.

C’est de la folie de croire cela, mais c’est la folie de l’amour de Dieu :

aimer jusqu’à l’extrême.

Ste-Thérèse de Lisieux traduit ce don absolu de Dieu ainsi :

aimer, c’est tout donner, et se donner soi-même.

Ce don total de Jésus nous met en lien direct avec toutes les personnes qui

Accomplissent une mission de service public ou privé dans la crise actuelle,

parfois avec risque.

Pour nous, ces personnes sont d’autres Jésus Christ

Car elles font comme Jésus : se donner corps et âme.

Quand nous voyons ces héros du quotidien,

Nous pouvons dire que nous avons vraiment Jésus en face de nous !

 

2eévénement d’amour pour cette Semaine : le Jeudi Saint.

Jésus crée la messe. Autre folie d’amour de Dieu.

Dans la messe, Jésus nous donne sans cesse la puissance de la Parole de Dieu

Pour nous soutenir et nous sauver aujourd’hui.

La communion se vit déjà dans la communication et dans le contact avec la Parole de Dieu.

Puis la communion se poursuit dans l’hostie où

Jésus donne réellement sa chair à manger.

Nous ne faisons pas de la dînette dans la 2epartie de la messe.

Nous ne mangeons pas un pain béni souvenir, ni un pain symbolique.

Rappelons la phrase de Ste-Thérèse de Lisieux :

Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.

Alors Dieu-Jésus invente une méthode révolutionnaire pour agir et nous sauver :

Donner réellement sa chair à croquer, il entre ainsi dans nos corps et dans nos âmes.

D’où les miracles que Dieu donne à travers l’hostie.

C’est ce que nous essayons de faire découvrir aux parents et aux enfants

Qui se préparent à la 1èrecommunion.

Nous pouvons relire St Jean chapitre 6 pour mieux découvrir cette méthode de Jésus.

Pour résumer, cette Semaine, entrons dans le combat et dans l’amour de Jésus !

 

 

 

 P. Pascal CHANE TENG




Dimanche des Rameaux – Francis COUSIN

Dimanche 5 avril 2020 –  Dimanche des Rameaux et de la Passion – Année A

 

Évangile selon Saint Matthieu 21, 1-11 – 26,14-27,66

 

« Joie … Peur … Espérance … »

 

En ce dimanche, deux passages d’Évangile, dans des tons très différents.

L’un en dehors de l’église, en préambule, avec la procession des rameaux, joyeux, voire triomphal.

L’autre, à sa place habituelle dans la célébration, méditatif, triste.

Circonstance particulière cette année, nous n’aurons pas la bénédiction des rameaux, et nous participerons à la célébration devant notre poste de télévision …

Et il sera sans doute bien difficile de manifester et montrer cette joie de l’entrée de Jésus à Jérusalem.

« Montant alors à Jérusalem, Jésus prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit :  ’’Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mortet le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient’’ … » (Mt 20,17-19).

Mais les apôtres n’ont pas fait un compte avec cette annonce ! Pire, ils cherchaient ils cherchaient même les places d’honneur ! Jésus est obligé de rectifier : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur (…). Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20,26-28).

Aussi, quand Jésus fait venir une ânesse et son petit pour entrer dans Jérusalem, ils se sont souvenus de la prophétie de Zacharie et de l’humilité demandée par Jésus, … mais ils ont oublié la fin de la phrase !

Et c’était la fête, la joie. Tout le monde chantait « Hosanna au fils de David ! ». On mettait de manteaux par terre devant l’ânesse ! On agitait des branches d’arbres ! Les foules des disciples de Jésus marchaient devant lui, d’autres foules le suivaient … et Jésus était au milieu d’eux !Déjà ! « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20). « Et moi, je suis avec voustous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Par contre, les gens de Jérusalem ne semblaient pas le connaître : « Qui est cet homme ? », ce qui n’étaient pas le cas des scribes et des grands prêtres …

Dans le récit de la Passion, on peut remarquer qu’il est pétri par la peur des différents participants, de manière différente pour chacun, mais toujours une peur, une inquiétude … avec des résultats différents.

À commencer par Jésus qui « commença à ressentir tristesse et angoisse. » : « il tomba face contre terre en priant, et il disait : ’’Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi !’’ », et par trois fois il reprit cette même prière à son Père. Mais cette peur de ce qui va advenir fait le cœur de sa prière, et l’amour réciproque entre son Père et lui lui permet de dire : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux.». Jésus n’a pas fui devant sa peur, confiant dans l’amour de son Père, et il a accepté de la traverser, d’aller au-delà de sa peur humaine pour accepter sa mission divine.

Les grands prêtres qui voulaient tuer Jésus, mais « pas en pleine fête, de peurqu’il n’y ait pas des troubles dans le peuple » et qu’il n’y ait des représailles des Romains.

Peur du gouverneur romain, Ponce Pilate, à cause des songes de sa femme, qui propose un échange entre Jésus et Barabbas, mais finalement est obligé de condamner Jésus par peurd’un mouvement de foule orchestré par les grands prêtres, ce qui serait mal vu de l’empereur à Rome. Il s’en lave les mains.

Peur des apôtres d’être arrêtés en même temps de Jésus : « Alors tous les disciples l’abandonnèrentet s’enfuirent. ».

Peur de Pierre que refuse d’être assimilé à l’un des apôtres de Jésus, et qui le renie par trois fois : « Je ne connaît pascet homme. ».

Peur de Judas qui reconnaît son erreur, mais qui ne sait comment en sortir : « il se retira et alla se pendre. »

Peur des soldats romainsqui gardaient Jésus : « Ils furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »

La peur est partout.

Et l’Espérance ?

On ne la trouve pas vraiment dans les textes de ce jour.

Et pourtant, elle aurait pu y être … et peut-être y est-elle, mais cachée, insoupçonnée, dans le tréfonds du cœur de certains, principalement des femmes : « Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre. », présentes jusqu’au bout du jour … Et sans doute aussi dans le cœur de la vierge Marie, mère de Jésus …

Peut-être avaient-elles été plus attentives aux paroles de Jésus : « Et le troisième jour, il ressuscitera. » (Mt 20,19)

Joie … Peur … Espérance …

Ces trois mots semblent aussi s’appliquer à la situation que nous vivons aujourd’hui avec la pandémie du Covid-19, même s’il serait préférable de remplacer le mot ’’espérance’’ par le mot ’’espoir’’.

Trois mots… trois temps … avant, pendant, après …

Avant : la joie, l’insouciance … « En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ;les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le délugequi les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. » (Mt 24,38-39). On pourrait remplacer ’’déluge’’ par ’’Covid-19’’ …

Pendant : La peur ! elle est partout, on se confine, on a peur d’attraper le virus, on se replie sur soi … et en même temps on voit des gestes de solidarité qui se mettent en place un peu partout, on voit les personnels de santé, de maintien de l’ordre, qui, malgré leur peur, continuent à se mettre au service des personnes … d’autres qui mettent leur ingéniosité ou leur savoir-faire au service des autres …

Même peur … et résultats différents …

Et on voit aussi des irresponsables : « Hein ! Virus-là y fait pas peur à moins ! Mi crase à lu ! ».

Après ? On n’en est pas encore sorti, mais tout le monde à un espoir : ne pas être pris par le virus, ou d’autres personnes dans sa famille ou de ses amis, que les disfonctionnements apparus se résolvent, que l’on arrive à trouver un médicament ou un coquetel de médicaments pour contrer le virus, que la vie économique, sociale, familiale puisse revivre comme avant … ou mieux qu’avant …

Comme nous sommes toujours dans la période de peur, il y a un remède pour sortir de cette peur, et c’est Jésus qui nous le donne : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation », tentation du désespoir, tentation de pensées égoïstes, …

Priez Dieu, … Priez Marie :

En la suivant, on ne dévie pas.

En la priant, on ne désespère pas.

En pensant à elle, on ne se trompe pas.

Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas.

Si elle te protège, tu ne craindras pas.

Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but.

Marie est cette noble étoile dont les rayons illuminent le monde entier,

dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers.

Elle illumine le monde et échauffe les âmes.

Elle enflamme les vertus et consume les vices.

Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples.

Ô toi qui te vois ballotté au milieu des tempêtes,

ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer.

Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations,

regarde l’étoile, invoque Marie.

                                                                     Saint Bernard (Extraits)

                                                                                                    Francis Cousin

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Image Dimanche des Rameaux A




Dimanche des Rameaux (Mt 21,1-11) – D. Jacques FOURNIER

Jésus Sauveur, Roi Doux et Humble de cœur (Mt 21,1-11)

Par tout son comportement, Jésus va se manifester ici tout à la fois comme le Nouveau Roi tant attendu de la lignée de David, le Messie, et comme le Prophète annoncé autrefois par Moïse (Dt 18,15-18), ce que les foules reconnaîtront bien à la fin : « Hosanna au fils de David…au prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

Lui-même s’était déjà présenté comme un prophète lorsqu’il avait lu dans la Synagogue de Nazareth, au tout début de son ministère, un extrait du Livre d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4,16-22). Mais, lorsque ceux-là mêmes qui s’étonnaient du « message de grâce  qui sortait de sa bouche », le rejetteront peu après, Jésus leur dira : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison » (Mt 13,57). Et c’est ce qui arrivera aussi à Jérusalem. Les foules « le tenaientbienicipour un prophète » (Mt 21,46), et pourtant, quelques jours après, beaucoup d’entre eux crieront : « Qu’il soit crucifié ! » (Mt 27,23-24).

Or, un prophète est quelqu’un qui a reçu de Dieu un Don tout particulier de l’Esprit Saint qui l’établit en communion de cœur avec Lui, « dans l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3). Et c’est dans ce Mystère d’Union, de Communion, d’Harmonie profonde avec Dieu, que la Parole de cet homme va recevoir un poids tout particulier : ce qu’il dira sera aussi en harmonie profonde avec Dieu, à tel point que Dieu pourrait Lui aussi dire la même chose… Dans l’Esprit, sa parole devient Parole de Dieu…

Vrai homme parmi les hommes, Jésus, « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, est donc bien un prophète, et de cette Communion dans l’Esprit va jaillir ici une parole de connaissance : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : « Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra aussitôt. » » Et c’est exactement ce qu’il va se passer… On imagine sans peine la stupéfaction et l’émerveillement des disciples qui ont vécu tout cela… Notons au passage que rien de particulier ne leur a été demandé, sinon d’écouter et d’obéir… Et il en est toujours de même pour nous aujourd’hui puisque, nous dit Jésus Ressuscité, « je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Et « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (Hb 13,8). Ce qu’il a fait hier, il continue donc de le faire aujourd’hui, notamment avec son Eglise et par elle. Et c’est toujours le Don de l’Esprit qui, accueilli, établit l’unité et l’harmonie que ce soit entre Dieu et son prophète, ou entre Dieu et son Eglise : « Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul Corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit… Or, vous êtes le Corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce Corps » (1Co 12,13).

Les disciples écoutent Jésus, lui obéissent et lui ramènent l’ânesse et son ânon. Or « cela s’est passé pour accomplir la parole transmise par le prophète » Zacharie. Tel est donc le seul but poursuivi par Jésus. Or Zacharie n’a fait que transmettre une Parole qui, finalement, dans l’Esprit, ne venait pas de lui mais de Dieu. Le seul souci de Jésus est donc lui aussi, comme pour les disciples précédemment, d’obéir à Dieu son Père. Dans ce Mystère d’obéissance à Dieu, tout est possible car c’est Dieu Lui‑même qui agit pour que sa Parole s’accomplisse… Or, cette Parole ne fait qu’exprimer sa volonté, ce qu’il veut, ce qu’il désire… La seule préoccupation de Jésus est donc d’obéir à Dieu son Père pour que sa volonté s’accomplisse… « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jn 4,34). Père, « que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10). « Mon Père », priera-t-il juste avant sa Passion, « si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » (Mt 26,42). Et quelle est la volonté du Père ? St Paul la résume en quelques lignes : « Dieu, notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les hommes » (1Tm 2,3-6), pour que la volonté de Dieu soit faite : « que tous les hommes soient sauvés »…

Tel est donc le seul but poursuivi ici par Jésus… Oui, en vérité, il est bien ce roi annoncé par les Ecritures, non pas un roi dominateur, assoiffé de pouvoir, ne poursuivant que son seul intérêt personnel, comme hélas tant de « grands » de ce monde, mais un roi « juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune » (Za 9,9). On peut d’ailleurs remarquer que les disciples avaient ramené une ânesse, dans la force de l’âge, accompagnée de son petit ânon… La logique aurait voulu que Jésus s’asseye sur l’ânesse… Mais non, c’est bien sur le petit ânon qu’il va s’asseoir, ce qui, humainement parlant, n’est pas vraiment une image de force, de puissance et de prestige. C’est plutôt un enfant, un tout petit, que l’on mettrait sur un ânon… Et pourtant, c’est bien cela qui est arrivé, en parfait accord avec la prophétie de Zacharie : « Ils amènent le petit âne à Jésus, le couvrent de leurs manteaux, et Jésus s’assoit dessus » (Mc 11,7 ; Lc 19,35). Jésus est donc bien le Roi Messie « fils de David » annoncé par Zacharie, mais un Roi « humble », « doux » (Mt 11,29), « pauvre de cœur » (Mt 5,1), venu non pas pour dominer en Maître mais pour servir (Lc 22,27), non pas pour commander ses disciples mais pour leur laver les pieds (Jn 13,1-17)… « Vous le savez », disait-il, « les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20,25-28).

Le titre de Roi donné à Jésus pouvait donc prêter à confusion, et c’est la raison pour laquelle St Matthieu ne le lui applique pas sinon dans la bouche des Mages lorsqu’ils demandent à Hérode : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,2). Puis, ce titre disparaît de son Evangile pour ne revenir, clairement appliqué à Jésus, qu’ici : « Voici que ton Roi vient à toi »…Mais ensuite, il interviendra souvent dans le récit de la Passion, car lorsque Jésus sera battu, humilié, crucifié (Mt 27,10.29.37.42), il ne sera plus possible de se méprendre sur sa royauté. Oui, vraiment, Jésus est Roi, mais dans l’humilité, la discrétion, la douceur, la non violence, l’apparente faiblesse qui se révèle en fait « Toute Puissance » de l’Amour, capable de dire « je t’aime » à celui qui cherche à le tuer, et qui, sur la Croix, offrira sa vie pour le salut de ceux-là même qui la lui enlèvent…

                                                                                               D. Jacques Fournier




Homélie du Père Sébastien PAYET (Messe télévisée du Dimanche 29 mars)

Homélie pour le 5ème dimanche de Carême – Année A.

« Moi, je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 25).

« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » (Jn 11, 21 et 32) Cette affirmation reprise par les deux soeurs, Marthe et Marie, nous interpelle et nous rejoint, peut être plus particulièrement encore en ces temps de pandémie de coronavirus. Toutes les deux en effet avaient interpellé plusieurs jours auparavant Jésus, elles l’avaient informé de la maladie de leur frère Lazare, l’ami de Jésus. Mais celui-ci s’est attardé deux jours de plus à l’endroit où il se trouvait, se contentant d’affirmer que cette maladie ne conduirait pas à la mort. Or, Lazare est mort. Jésus se serait-il donc trompé ? Aurait-il menti à ses disciples ? Non, évidemment. Mais alors, pourquoi n’a-t-il rien fait ? Comme certains des Juifs venus auprès des soeurs pour les consoler, nous pourrions nous demander : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » (v.37). Si, bien évidemment il l’aurait pu. N’a-t-il pas à d’autres occasions guéri des malades en danger de mort ? Oui, Jésus pouvait très bien empêcher Lazare de mourir. 

Mais il ne l’a pas fait et il s’en réjouit, non pas de ce que Lazare soit mort en tant que tel, mais que cette mort devienne l’occasion pour lui d’affirmer la victoire de la vie sur la mort et d’annoncer déjà ce que lui-même va accomplir dans les prochains jours, lors de sa Passion sur la Croix et sa Résurrection le troisième jour. Oui, « cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié » (v.4). Devant le drame de la mort, nous pourrions être tentés de remettre en question notre foi, en nous demandant : « Que fait Dieu ? », « Pourquoi n’intervient-il pas ? « , « Pourquoi ne stoppe-t-il pas la maladie, le virus ? », « Pourquoi n’a-t-il pas empêché tel accident ou catastrophe naturelle de se produire ? »… c’est la question du mal et de la souffrance, question à laquelle nous sommes tous tôt ou tard confrontés. Mais Jésus affirme que toutes ces épreuves, aussi terribles soient-elles, ne sont pas là pour que nous perdions la foi, mais bien au contraire pour que nous nous tournions vers Dieu, pour que nous croyions ! (Cf. v. 15)

Mais alors, Jésus serait-il insensible à la détresse de tant d’hommes et de femmes qui souffrent ? Non, d’ailleurs, il compatit à la souffrance des deux soeurs, en particulier de Marie, il est saisi d’émotion, il pleure. (Cf. v. 35). En Jésus, Dieu pleure. Dieu n’est pas indifférent au mal qui nous atteint, à la souffrance, à la mort. Bien au contraire. Dieu souffre avec nous. Il n’empêche pas toujours le mal, et il n’en est pas l’auteur, mais il le combat et il en est vainqueur. Car Jésus est venu pour la vie et non pour la mort ; il est venu nous donner la vie et celle-ci découle de notre foi. Car nous dit-il, « ton frère ressuscitera » (v.23), celui ou celle que tu as perdu, cet être cher qui te manque tant, ressuscitera. Oui, nous dit Jésus : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (v. 25-26). Et un peu plus tard, à Marthe qui doute encore un peu parce que son frère est mort depuis quatre jours et qu’il « sent déjà », Jésus réaffirme : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (v. 40). Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. La foi, la foi qui déplace les montagnes, la foi qui ressuscite les morts, la foi qui nous donne d’avoir accès à la vie éternelle, à la vie en Dieu, à la vie divine. 

Car dans cet Evangile, comme dans les autres lectures que nous avons entendues tout-à-l’heure, il est question de deux morts et par conséquent de deux types de vie. Car il y a mort et mort, vie et vie. Il y a la mort physique, biologique, celle à laquelle nous sommes tous confrontés, la mort de Lazare, par exemple, suite à sa maladie. De celle-ci Paul nous dit dans sa lettre aux Romains : « le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché » (Rm 8, 10). Le péché, le mal auquel nous pensons, que nous disons, que nous faisons, le bien que nous omettons, c’est cela qui est la cause de la mort, nous dit Paul, et donc de la souffrance. C’est ce qu’il appelle être sous l’emprise de la chair. Mais de cela, Jésus nous a libéré, nous qui étions liés par le péché, Jésus nous a déliés pour nous faire entrer dans la vie de l’Esprit qui nous fait vivre et devenir des justes. Car Jésus a souffert sur la Croix, il a porté le poids de nos péchés et de nos souffrances, il est mort et il est ressuscité. Et, nous dit Paul, « si l’Esprit de celui (c’est-à-dire Dieu le Père) qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels selon son Esprit qui habite en vous » (v. 11). Et le Seigneur de dire par son prophète Ezéchiel : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez » (Ez 37, 14). Nous qui croyons, nous ne sommes pas sous l’emprise de la chair, mais de l’Esprit, et l’Esprit de Dieu, le Saint Esprit, nous fait vivre. Celui, dit Jésus, « qui croit en moi, même s’il meurt vivra » (Jn 11, 25). Vivra de la vie éternelle. C’est pourquoi, nous dit Jésus :  « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (v. 26). 

La mort dont il s’agit ici, c’est ce que Saint Jean, dans son livre l’Apocalypse, qualifie de « seconde mort », « d’étang embrasé de feu » (Ap 20, 14-15), c’est-à-dire l’enfer, la damnation éternelle, ce choix, ce péché contre l’Esprit, qui consiste à rejeter définitivement la miséricorde de Dieu, à refuser de croire et d’espérer en son Amour infini qui relève toute personne qui se tourne vers Lui, et cela quelque soit son péché. Or, si nous croyons en Jésus, si nous gardons sa Parole, si nous vivons sous l’onction du Saint Esprit, en faisant les oeuvres de l’Esprit, nous sommes assurés de passer de la mort à la vie et de vivre à jamais dans l’éternité de Dieu. Car « Voyez comme il l’aimait » (Jn 11, 36) disent les Juifs venus consoler Marthe et Marie. Oui, Jésus aimait Lazare, ainsi que Marthe et sa soeur Marie (Cf. v. 5). 

Dieu nous aime, chacun d’entre nous, qui que nous soyons. Il veut faire de nous tous ses enfants bien-aimés, partageant sa vie divine pour l’éternité. Dieu le Père t’aime, Jésus t’aime, le Saint Esprit t’aime, tu es aimé de Dieu, n’en doute pas. Crois seulement. Et tu verras alors la gloire de Dieu ! Oh, marcher à la suite de Jésus et vivre par lui, avec lui et en lui, ne t’épargnera pas les épreuves de la vie, le combat, la souffrance et, au terme de ta route ici bas, la mort ; mais sache qu’au milieu de tout cela tu n’es pas seul, Dieu est avec toi, il souffre et combat avec toi, il te donne la victoire et te fait entrer dans la vie véritable, celle qui ne passera jamais. Tu n’es pas seul car d’autres frères et soeurs en Christ, en humanité, sont là aussi pour te soutenir, t’encourager, au besoin te consoler et te soigner. Jésus agit à ton égard aussi à travers eux tout comme il agit à leur égard à travers toi. Alors, ouvre-toi à l’amour de Dieu, à sa miséricorde ; aime ton prochain comme toi-même, comme Jésus nous a aimés : il a donné sa vie pour toi, pour nous tous, pour tous les hommes. Dans cette Eucharistie, offrons-nous nous-mêmes, offrons-nous les uns les autres à Celui qui nous a tant aimé, qui nous fait passer de la mort à la vie, à la vie éternelle !

Aux Makes, le mercredi 25 mars 2020,

En la solennité de l’Annonciation.

Père Sébastien PAYET.




5ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 11, 1-45).

« Lazare, viens dehors ! »

Le Covid-19, comme Dieu, n’est pas visible … mais c’est sans doute la seule chose qu’ils ont en commun.

Et la réaction des gens à ce virus est forte, et quasi unanime : on le craint, on fait tout pour ne pas l’attraper (ou qu’il nous attrape), on reste chez soi, entre soi, et pour beaucoup d’entre nous, on pense d’abord à soi (razzia sur les conserves, les pâtes et autres …), mais pas pour tous, heureusement.

Il y a des gens qui se donnent à fond : personnel médical, pompier, police … ainsi que des bénévoles dans des associations, ou dans leur immeuble ou auprès de leurs voisins, pour leur venir en aide, au risque d’être contaminés … et d’en mourir, comme bon nombre de prêtres en Italie.

Le Covid-19 est apparu il y a peu, quelques mois … il existe, mais n’a aucune volonté propre. C’est un être vivant, mais sans âme …

Dieu, lui, a une âme, n’est qu’âme …

Il existe depuis toute éternité, bien avant qu’il ne crée ’’le monde et tous ses habitants’’ …

Les réactions vis-à-vis de lui ne sont pas les mêmes pour tous : certains n’en ont rien à faire, ou milite contre lui, d’autres pensent à lui de différentes manières, dans différentes religions. Et ceux-là ont la crainte de Dieu : non pas une crainte-peur (comme pour le Covid-19), mais une crainte-respect devant celui qui les dépasse, devant qui ils se reconnaissent petits en toutes choses, et principalement en amour !

Et le message de Dieu ne conduit pas à nous refermer sur nous-mêmes, à nous confiner, mais au contraire à nous faire serviteur des autres, à penser d’abord à eux avant de penser à nous : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi. » (Mt 7,12).

Pensons à nos voisins, notre famille. Le confinement ne veut pas dire arrêter toute activité sociale, et un petit coup de fil aux anciens ou aux enfants, à un voisin seul, ou autre personne, peut faire du bien, rompre l’isolement ; ou faire quelques courses pour un voisin sans moyen de transport … tout en respectant la réglementation et les ’’gestes barrières’’.

Dans l’évangile de ce jour, on a une situation qui peut paraître paradoxale pour nous en ce moment. On annonce à Jésus – qui se trouve au-delà du Jourdain, en Transjordanie, par peur des juifs – que son ami Lazare est malade … et curieusement il ne fait rien : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »

On a entendu une phrase semblable dimanche dernier : « Mais [il est né aveugle] pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (Jn 9,3) : la guérison, qui amène à la foi de l’ancien aveugle.

On retrouve les mêmes dispositions ici : la guérison de la mort = le retour à la vie de Lazare, qui amène les disciples (v 15) ainsi que la foule (v 45) à la foi.

Et Jésus attend deux jours pour dire aux disciples : « Revenons en Judée. ». Incompréhension des disciples : « On est venu ici, en dehors de la Judée car les juifs veulent te lapider, veulent ta mort, et toi tu veux y revenir ! ». Après une digression sur la lumière et les ténèbres, qui n’est pas sans rappeler aussi l’évangile de dimanche dernier avec les aveugles qui parviennent à la lumière et les pharisiens qui restent dans les ténèbres, Jésus dit aux disciples : « Lazare, notre ami, s’est endormi; mais je vais aller le tirer de ce sommeil… Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez»

Les pauvres disciples ont bien du mal à suivre : La maladie de Lazare ne conduit pas à la mort, … il est endormi, … il est mort … et en plus, Jésus s’en réjouis !

Quel est le but de Jésus ?

On peut penser que Jésus ait attendu le nombre de jours nécessaires pour être sûr que Lazare soit bien mort et qu’il n’y ait aucune contestation possible sur ce fait (Jésus savait que Lazare était mort, il est omniscient !) avant de décider de son retour en Judée, afin de préparerles disciples à sa propre résurrection en ayant la possibilité de redonner vie à Lazare.

Quand le groupe arrive à Béthanie, cela fait quatre jours que Lazare est dans le tombeau.

L’attitude des deux sœurs est différente, même si elles ont les mêmes mots d’accueil vis-à-vis de Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. ».

Marthe, vive et empressée, n’ayant pas peur de dire son fait aux gens qu’elle rencontre, va à la rencontre de Jésus dès qu’elle apprend son arrivée, et après les mots d’accueil, elle ajoute aussitôt : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.», ce qui est une manière implicite de dire « Je sais que tu peux redonner vie à mon frère si tu le demandes à ton Père ». A la réponse de Jésus, elle affirme : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. », et Jésus répond : « Moi, je suis la résurrectionet la vie. Celui qui croiten moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?», ce qui ne présuppose rien de ce qui arrivera par la suite … mais le suggère fortement !

Marie, elle, plus calme, reste prostrée à la maison, comme il se doit quand on est en deuil, priant et/ou se lamentant de la perte de son frère. Quand Marthe vient la prévenir que Jésus l’appelle, elle part rapidement vers lui, suivie de la foule des juifs présents, et dit la même chose que sa sœur, mais elle pleure. Jésus alors, montrant sa sensibilité humaine, « saisi d’émotion » pleureavec elle la perte de son ami. Il est rare de voir ainsi Jésus montrer ouvertement ses sentiments !

Quand arrivé au tombeau Jésus demande d’enlever la pierre, Marthe, toujours aussi vive et vindicative s’exclame : « Oh ! ça va pas ! ça fait quatre jours qu’il est là, il sent déjà ! ».

Jésus répliqua : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.», en corrélation avec le verset 4 : « Cette maladie (…) est pour la gloire de Dieu ».

Jésus lève les yeux au ciel et rend grâce à son Père, lui demandant d’exaucer sa demande, « à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croientque c’est toi qui m’as envoyé. ». Il est rare de voir Jésus demander à son Père de l’exaucer avant de faire un miracle ; On le voit avant la multiplication des pains. Et ces deux cas sont en lien avec la fin de la vie terrestre de Jésus : l’institution de l’Eucharistie, pain de vie pour la vie éternelle, et la résurrection de Jésus qui nous ouvre la voie à la vie éternelle !

« Lazare, viens dehors !»

Et Lazare le fit ! Et beaucoup de juifs crurent en Jésus.

Et les apôtres étaient bien préparés à la résurrection de Jésus qui devait survenir peu après. Mais ils eurent quand même du mal à y croire ! Ce qui aurait aussi été notre cas si nous avions été à leur place !

Prions Dieu avec tous ceux qui le craignent, qui le respectent, pour qu’il puisse faire en sorte que le monde ne soit pas contaminé par le Covid-19 et que les différents pays puissent revivre normalement.

Demandons à Marie d’intervenir auprès de son fils pour cela, elle qui a dit : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. » (Lc 1,50)

Dieu veille sur ceux qui le craignent,

qui mettent leur espoir en son amour,

pour les délivrer de la mort,

les garder en vie aux jours de famine (de virus).

Nous attendons notre vie du Seigneur :

il est pour nous un appui, un bouclier.

La joie de notre cœur vient de lui,

notre confiance est dans son nom très saint.

Que ton amour, Seigneur, soit sur nous

comme notre espoir est en toi !

Psaume 32, 18-22

Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée de ce cinquième dimanche, il suffit de cliquer sur le titre suivant :

Prière dim carême A 5°




Un temps d’accompagnement spirituel par mail…

Les frères dominicains de La Réunion vous proposer de vivre un temps d’accompagnement spirituel par mail en ce temps de confinement : www.dominicains.re

Réflexions sur l’accompagnement spirituel par le Fr. Manuel Rivero O.P.

1)    Avant tout, nous rappeler que l’Esprit Saint demeure le grand maître spirituel et le véritable accompagnateur spirituel. L’accompagnement spirituel relève de la synergie de la liberté humaine et de l’amour de l’Esprit Saint. Il s’agit de favoriser l’ouverture du cœur à l’Esprit Saint pour accomplir la volonté du Père en disciple de Jésus. Loin de tout pélagianisme qui pourrait faire penser à la personne accompagnée qu’elle peut réussir par ses propres forces, l’accompagnement spirituel vise la croissance dans la foi en Jésus-Christ, sans qui l’homme ne peut rien faire (cf. Jn 15,5).

2)    L’accompagnement varie selon les personnes et les circonstances. Ce serait une erreur que de pratiquer une méthode systématique qui ferait obstacle à la liberté de l’Esprit Saint qui « souffle où il veut » (cf. Jn 3,7) et « qui fait toutes choses nouvelles » (Ap 21,5).

3)    Se mettre à l’écoute et au diapason de l’Esprit Saint par un bref temps de prière à partir d’un texte biblique.

4)    Il est bon d’annoncer le temps dont on dispose pour la rencontre.

5)    Il revient à l’accompagnateur spirituel de laisser la parole à la personne accompagnée et de l’aider à partager sa recherche et son expérience de Dieu. L’accompagné est autre que l’accompagnateur. Sa différence mérite le respect. L’accompagnateur doit apprendre à se taire pour accueillir la parole et les événements de la personne accompagnée : « Bien écouter c’est presque répondre ». C’est la personne accompagnée qui a en vérité et dernier lieu les réponses à ses questions. Quand elle partage ses besoins, ses souffrances, son angoisse, ses doutes et ses joies, elle trouve de fait un début de libération.  La personne accompagnée est toujours plus grande que ses problèmes et si son cœur le condamne, « Dieu est plus grand que son cœur » (I Jn 3,20). L’accompagnateur respecte la liberté de l’autre.

6)    À l’exemple de la sage-femme, l’accompagnateur pratique avec respect la maïeutique, aidant la personne accompagnée « à accoucher » de ce qu’elle porte au plus profond d’elle-même.

7)    Par la confiance en l’autre et par la prière, l’accompagnateur aide l’accompagné à ouvrir son cœur : « ce qui est fermé fermente ». Le cœur fermé devient « un enfer ». « La patience obtient tout », disait sainte Thérèse d’Avila. Il ne sert à rien de « vouloir faire pousser les laitues en les tirant vers le haut ». La personne a besoin de temps. Dieu donne du temps à l’humanité pour se convertir.

8)     Chaque rencontre a lieu dans un contexte personnel et social différent. Il importe de rester à l’écoute de la personne accompagnée avec sa problématique du moment.

9)    S’il s’agit d’une première rencontre, accompagnateur et accompagné se présentent. L’accompagné se présente et il évoque son histoire personnelle, son contexte familial et social, à condition évidemment qu’il le souhaite. L’accompagnateur veille à ne pas être intrusif.

10)    L’accompagnateur peut proposer à l’accompagné de partager et de commenter les événements marquants depuis la dernière rencontre, ce qui comporte spontanément un acte de relecture et de discernement spirituel pour distinguer les mouvements qui viennent des passions, du mal et du diable et les motions qui proviennent de Dieu. Dans son épître aux Galates (cf. Gal 5, 16s), saint Paul présente les fruits de l’homme égocentrique, qui replié sur lui-même cherche son bonheur coupé de Dieu (discordes, colère, jalousie, envie, débauche, sorcellerie …), et les fruits de l’Esprit Saint : amour, joie, paix, patience, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi …

11)    L’accompagnateur peut alors inviter la personne accompagnée à rendre grâce pour les grâces reçues et pour le bien accomplie avec l’aide de Dieu.

12)    Il est souvent bénéfique de reprendre et de reformuler ce que la personne accompagnée a exprimé. Cela lui donne de se sentir écouté. L’accompagnateur fait exister l’autre. La reformulation permet aussi de vérifier l’exactitude de qui a été partagée et d’affiner sa présentation. Il arrive que la personne accompagnée ait peur et qu’elle se mente à elle-même. La reformulation favorise alors la correction par l’accompagné lui-même de ce qui n’était pas exact.

13)    Au terme de la rencontre, l’accompagnateur fait un bref résumé de qui a été partagé. Il invite à la prière de manière que tout ce qui a été évoqué soit confié à Dieu dans une démarche de foi et d’abandon entre les mains du Seigneur. L’accompagné et l’accompagnateur prient ensemble. La prière purifie et illumine alors les problèmes, les relations et les joies vécus par l’accompagné.

14)    Il importe de clore la rencontre par du positif partagé par l’autre. Il est possible aussi d’offrir une image de prière qui laissera une trace de la rencontre.

15)    L’accompagnateur peut demander à l’accompagné s’il souhaite une autre rencontre et éventuellement prendre rendez-vous.

16)    La durée de l’accompagnement ne doit pas excéder habituellement de 50 minutes. Il ne s’agit pas de résoudre toutes les difficultés d’un seul coup mais de cheminer pas à pas, étape par étape.

17)    L’accompagnement apporte joie et soutien fraternel à la personne accompagnée qui compte sur la prière et la bienveillance de l’accompagnateur.

18)    L’accompagnateur doit se méfier de l’esprit de possession et de domination : « mes pauvres », « mes fils et filles spirituels », « mes étudiants » … La gratuité et le dépouillement doivent inspirer ces relations sans avoir peur de devenir « le chemin que l’on emprunte et que l’on oublie ». Jésus aime et il rend libre au lieu de provoque la dépendance.

19)    Les médecins gagnent à consulter d’autres confrères quand ils sont malades. Il en va de même pour l’accompagnateur spirituel qui nécessite la supervision de sa pratique auprès d’autres accompagnateurs.

20)    L’accompagnement spirituel porte ses fruits quand l’accompagné se reconnaît incapable de ses sauver lui-même et de bien faire sans la grâce de Jésus-Christ, au lieu de se féliciter des progrès.

21)    Blessé par le mal et le péché, l’accompagné peut devenir « guérisseur » à son tour ayant fait l’expérience de la miséricorde de Dieu qui le rend sensible au malheur d’autrui. Il agit alors en « blessé-guérisseur », « disciple-missionnaire ».

22)    Accompagné et accompagnateur vivent « la Pentecôte de la relation ».




Homélie du Père Sébastien VAAST (Messe télévisée du dimanche 22 mars)

Depuis la crise sanitaire provoquée par le coronavirus Covid 19, Réunion La Première retransmet le dimanche à 10h 00 la célébration de l’Eucharistie en la chapelle de l’Eglise 2.0 à Ste Marie (https://www.facebook.com/Eglise2.0/). Nous sommes heureux de pouvoir vous communiquer l’homélie que le Père Sébastien VAAST, Jésuite, donna à cette occasion dimanche 22 mars…

Qu’elle puisse être le support d’un moment avec Jésus, Lui qui met dans nos coeurs « plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4), une « joie » que St Paul appelle « consolation » en ces temps d’épreuves et de souffrances pour beaucoup… « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit.De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation » (2Co 1,3-5). Et la Bible de Jérusalem de préciser en note : « La consolation est annoncée par les prophètes comme caractéristique de l’ère messianique (Is 40,1), et devait être apportée par le Messie, (Lc 2,25). Elle consiste essentiellement dans la fin de l’épreuve et dans le début d’une ère de paix et de joie, (Is 40,1s ; Mt 5,5). Mais, dans le Nouveau Testament, le monde nouveau est présent au sein du monde ancien et le chrétien uni au Christ est consolé au sein même de sa souffrance, (2Co 1,4-7 ; 7 4 ; cf. Col 1,24). Cette consolation n’est pas reçue passivement, elle est en même temps réconfort, encouragement, exhortation (même mot grec paraklèsis). Sa source unique est Dieu (2Co 1,3-4), par le Christ (2Co 1,5) et par l’Esprit (Ac 9,31), et le chrétien doit la communiquer (2Co 1,4.6 ; 1Th 4,18)… Elle est source d’espérance (Rm 15, 4) ».

 

Tout commence par un regard, celui que Jésus pose sur l’aveugle. Tout a commencé pour nous par le regard de tendresse posé par Dieu sur l’humanité. Cette humanité aveugle de naissance, qui cherche à tâtons son chemin. Et le Fils est venu pour être la lumière du monde…

Jésus a fait un geste sur les yeux de l’aveugle. Il lui a dit un mot. Puis, il a disparu. Il n’était même pas là quand les deux yeux de l’homme se sont ouverts à la Lumière. Il a créé l’événement et puis il laisse les hommes se débrouiller avec.

Et les réactions vont bon train. Ces réactions ce sont les nôtres, celles des hommes d’aujourd’hui, chaque fois qu’il est question du Christ et de son Eglise.

Il y a les amateurs de sensationnel, comme les voisins, qui veulent savoir comment ça s’est passé. Mais ils ne vont pas plus loin. L’actualité va vite et, bientôt, un autre fait-divers va défrayer la chronique, et bonjour les ladi lafé !

Il y a ceux qui ne veulent pas se mouiller, comme les parents. Cette histoire pourrait bien susciter des ennuis. Alors on ne sait rien, on a rien vu. La vie est assez difficile pour ne pas se rajouter des problèmes supplémentaires. Et l’on repart vers ses petits soucis sans se rendre compte qu’on est passé à côté de la Lumière.

Et puis, il y a les pharisiens qui possèdent la vérité et qui n’acceptent pas d’être remis en question. Si les faits ne cadrent pas avec leurs propositions, ce sont les faits qui ont tort. Défense à Dieu d’intervenir hors des chemins qu’ils ont prévus. Plus grave que la cécité naturelle, l’aveuglement du cœur.

Mais Dieu n’impose pas sa Lumière…Il est bien trop respectueux pour cela. Libre à moi de garder mes volets fermés. Il n’ouvrira pas les yeux de force.

Au milieu de tous ces gens qui se laissent aveugler par la paresse et le superficiel, par la peur, par la suffisance intellectuelle… il y a le témoin, cet aveugle guéri qui se débat comme il peut avec ses yeux fraîchement ouverts et qui visiblement gênent tout le monde.

Au début, il n’y voit pas beaucoup plus clair que les autres. Il sait seulement que le nommé Jésus lui a dit d’aller se laver à la piscine de Siloë. Et il sait mieux encore qu’il est passé des ténèbres à la Lumière. Cela, il ne peut le nier, et qu’on ne lui demande pas de dire le contraire ! Quant à expliquer pourquoi ou comment, ça il en laisse le soin aux savants. Seulement, toutes les explications que donnent ces messieurs ne tiennent pas devant ce que lui, il vient de vivre. Et plus on lui ordonne de rendre compte de son expérience, plus on lui demande des comptes sur son aventure, plus il réalise que lui, le mendiant aveugle qui n’est même pas parti à l’école, il est témoin d’une expérience formidable, exceptionnelle, incroyable…

Plus la clarté se fait en lui, plus il découvre l’origine de cette Lumière Nouvelle qui l’habite : c’est Dieu lui-même qui est venu le visiter.

C’est le dialogue difficile avec tous ces incroyants finalement qui l’amène à pouvoir dire, avec tout son être, dès qu’il rencontre à nouveau Jésus : « Je crois, Seigneur ! »

Mais celui qui s’enferme dans ses certitudes ne peut même plus ouvrir les yeux…

Et pour moi, à quel moment a commencé le passage des ténèbres à la Lumière ? Certains peuvent le dater avec précision parce que ça a été comme un éclair : soudain il y a eu une clarté nouvelle sur leur vie. Pour d’autres, l’illumination a été progressive. Tellement progressive qu’elle est difficilement repérable. Et si ce moment c’était le jour où leurs yeux d’enfants ont été lavés dans l’eau du baptême ?

Mais quelle qu’en soit l’origine, ma foi s’affermit toujours dans la mesure où j’essaie de la dire en réponse aux questions qu’on me pose : celles de mes amis, de mes enfants, de mes petits-enfants… celles des incroyants. En quoi tu crois ? En qui tu crois ? Pourquoi tu crois cela ? Parfois j’ai peur et je me sens bien maladroit pour répondre. Et pourtant, ces questions m’obligent à remonter jusqu’à la source de ma foi, jusqu’à l’intime de moi-même. Car les autres attendent. Ils attendent une réponse. Et ce qu’ils attendent, ce n’est pas que je récite ce que j’ai appris dans le catéchisme, non ! Ce que les autres attendent de moi c’est que je rende compte d’une expérience, de mon expérience de vie avec le Seigneur Jésus ; que je parle de ce que je vis avec Lui. Ainsi, poussé par leurs questions, poussé par eux, je prends conscience d’être moi aussi porteur d’une Lumière, d’une Lumière qui ne vient pas de moi, mais d’un Autre, de Dieu lui-même qui a posé son regard d’amour sur moi.

Alors je deviens témoin devant les autres de ce passage du Christ dans ma vie.

                                                                                   P. Sébastien VAAST, SJ




Fêter saint Joseph dans le confinement (19/03/2020 ; Fr Manuel Rivero)

À La Réunion, la fête de saint Joseph est célébrée par la communauté catholique de manière solennelle avec une affection particulière envers le père adoptif de Jésus, « le grand silencieux », dont les Évangiles n’ont gardé aucune parole ; ses actions manifestent avec éclat sa foi en Dieu et son sens des responsabilités dans l’adversité.

Cette année, la mémoire de saint Joseph se fera sans messes publiques ni rassemblements populaires de prière mais dans la communion spirituelle.

La grandeur de saint Joseph réside dans son acceptation de la mission reçue de la part de Dieu : veiller sur son épouse, Marie, et sur l’enfant Jésus. En ce sens, saint Joseph représente un modèle pour chacun d’entre nous appelés à adopter notre vie qui ne correspond pas nécessairement aux projets planifiés.

À la lumière de la sainteté de saint Joseph, nous avons à adopter le temps du confinement pour le vivre comme une mission à accomplir au service du bien commun avec les renoncements que cela comporte.

Adopter ne veut pas dire se résigner ou subir. La tentation est grande de tomber dans le découragement, le laisser-aller, ou encore dans la colère et les disputes. La vie commune s’avère difficile voire dangereuse dans le confinement avec le risque de « péter un câble ». Cela est vrai non seulement dans les cellules de prison mais aussi dans les familles.

La fête de saint Joseph a lieu dans le temps du Carême qui demande aux chrétiens d’affronter le mal et le malin avec la force de Jésus le Christ. Saint Joseph a mené le combat de la foi sans murmurer et de manière fidèle.

À la prison, les personnes détenues qui vivent la foi chrétienne s’exclament souvent : « La prison, un mal pour un bien. » La perte de liberté qui n’est pas bonne en soi peut devenir l’occasion de grandir en humanité et en spiritualité. Il arrive souvent que les détenus des prisons améliorent leurs liens familiaux en vivant l’épreuve de la prison.

Le pape François a mis un écriteau sur la porte de sa chambre au Vatican : « Il est interdit de se plaindre. » Une religieuse trinitaire malgache me disait avoir mis sur le mur de sa chambre cette devise : « J’aime la maison que j’habite, les personnes avec lesquelles je vis et le travail que j’accomplis. » C’est cela adopter sa vie, imiter et fêter saint Joseph en ces jours de confinement.

Le confinement peut alors favoriser la solidarité et l’amour dans les familles.

 

L’occasion nous est donnée de penser à ceux qui sont privés habituellement de liberté. L’auteur de l’épître aux Hébreux, dans le Nouveau Testament de la Bible, n’hésite pas à exhorter les chrétiens à se souvenir des prisonniers comme s’ils étaient eux-mêmes en prison (cf. Hb 13,3). Face à l’individualisme, le chrétien s’estime membre d’un corps social et ecclésial.  « La mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain », disait le poète Jonh Donne.

Saint Joseph a été invoqué au cours de l’histoire de l’humanité comme le patron de la bonne mort. Prions pour les malades du coronavirus et pour les défunts.

La popularité de saint Joseph correspond à l’expérience d’une multitude de grâces reçues par son intercession auprès de son adoptif Jésus, le seul Sauveur pour la foi chrétienne.

Bonne fête de saint Joseph dans le confinement !

Fr. Manuel Rivero O.P.

Aumônier catholique de la prison de Domenjod (Saint-Denis/la Réunion).