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A la Salette, Marie me dit de reconstruire ma famille…

Je me présente, Marcel 56 ans à ce jour, marié un enfant.
J’ai grandi dans une famille catholique. Je suivais les traditions religieuses (Messes, chorale) sans vraiment connaître Dieu. Je rencontre ma femme dans la chorale.
Après 18 ans de mariage, notre couple traverse une période troublée, on se sépare. Je me perds un peu, je rencontre d’autres femmes, espérant retrouver le bonheur perdu. Je retrouve des joies éphémères mais pas ce que j’attendais. Après 10 ans de séparation je demande le divorce, pour être vraiment libre et reconstruire ma vie.

Six mois après notre divorce mon ex-épouse et moi nous nous retrouvons à nouveau. On s’aime toujours. Je lui fais comprendre, sérieusement, que je ne me marierai plus… Une fois ça va !.

On fait un pèlerinage Marial en métropole et là, à Notre-Dame de la Salette en Isère, je me vois en songe prosterné devant l’autel en pleurant, et Marie me dit de reconstruire ma famille.

Au retour du voyage je fais ma demande de mariage sans réfléchir. On repasse devant Mr le maire et nous renouvelons nos vœux. Six mois après, notre fille nous annonce qu’elle va se marier elle aussi.
Je me rends compte aujourd’hui que je ne connaissais pas Jésus et sa miséricorde, Lui qui frappait à la porte de mon cœur fermé. Marie est intervenue pour me guider.

Depuis, on suit des formations pour approfondir notre foi, et par notre témoignage faire connaître Jésus.

Tout ce qu’on doit faire, c’est tout donner à Jésus. Qu’on le laisse entrer dans notre cœur et il fera le reste…

Marcel.




Fiche n°11 : Jésus « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6). (1)

Comme le chapitre 5, le chapitre 6 de l’Evangile selon St Jean est construit en deux grandes parties : deux signes (I) et un discours (II) qui s’éclairent mutuellement.

La multiplication des pains (Jn 6,1-15) 

  • D’après Jn 2,23-25, comment Jésus regarde-t-il ceux qui viennent à Lui uniquement « à la vue des signes qu’il opérait sur les malades » (Jn 6,2) ? Que peut-on dire de leur foi ? Et pourtant, à quoi servent les signes (cf. Jn 11,42 ; 20,30-31 ; 2,11 ; 4,46-54) ? Aussi que va faire Jésus : rejeter cette foule qui vient à Lui avec une foi imparfaite ? Que lui donnera-t-il au contraire ? Et qu’espèrera-t-il à nouveau (cf. Jn 14,8‑11 ; 1Jn 1,1-4 ; 1Jn 4,9 avec 4,14‑16) ?

  • Où Jésus va-t-il en Jn 6,3 ? Dans la Bible, ce lieu est traditionnellement celui de la prière, de la rencontre avec Dieu qui « se tient au ciel » (Ps 12,1). Symboliquement, on se rapproche ainsi de lui… Symboliquement, car le ciel n’est « pas un lieu » mais un état, et par suite « une manière d’être » (Catéchisme de l’Eglise Catholique & 2794). Le ciel, « le Royaume des Cieux » est en effet « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est Mystère de Communion avec Dieu dans l’unité d’un même Esprit. C’est pour cela que, mystérieusement, dans la foi, il est déjà commencé dès ici-bas par le Don de l’Esprit. Elisabeth de la Trinité, Carmélite, écrivait : « C’est si bon cette Présence de Dieu ! C’est là, tout au fond, dans le Ciel de mon âme, que j’aime le trouver puisqu’Il ne me quitte jamais… J’ai trouvé le ciel sur la terre puisque le ciel c’est Dieu et Dieu est dans mon âme… Vous êtes vous-mêmes la retraite où Il s’abrite, la demeure où il se cache ». Il est en effet possible, dès ici-bas, de reconnaître, de percevoir « quelque chose » de cette Vie du Ciel qui nous est promise en plénitude par-delà notre mort. En effet, Jésus a dit à Nicodème : « L’Esprit souffle où il veut et tu entends sa voix. Mais tu ne sais pas ni d’où il vient, no où il va » (Jn 3,8)… « Tu entends sa voix »… « La vie est bien mystérieuse », écrivait Ste Thérèse de Lisieux. « Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme ». C’est ce « je ne sais quoi », synonyme de densité de vie et de paix profonde qu’il s’agit de « voir », « d’entendre », de reconnaître… Jésus aurait pu dire en regardant Ste Thérèse et la Bienheureuse Elisabeth de la Trinité : « Quant à vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient ; heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent » (Mt 13,16). Tel est le fruit de la prière, dans la foi…

Mais en indiquant ce lieu précis en Jn 6,3, St Jean veut comparer Jésus à une grande figure de l’Ancien Testament, laquelle (cf. Ex 19,20) ? Ce parallèle était déjà intervenu au tout début de l’Evangile (Jn 1,17), puis dans la présentation de Jésus (Jn 1,45), puis en Jn 3,14-15, juste avant de résumer le cœur de sa mission (Jn 3,16-17), et enfin en Jn 5,45-46, quelques lignes avant le début de notre chapitre 6, où nous le retrouverons en Jn 6,32… Il est vrai que nous allons beaucoup parler de pain en Jn 6 : que s’était-il donc passé pendant l’Exode du Peuple d’Israël de l’Egypte vers la Terre Promise vers 1250 avant JC (cf. Ex 16,11-16)…

St Jean insiste sur ce parallèle. En effet, quelle prophétie Moïse avait-il faite en Dt 18,15 et 18,18 ? Qui accomplira, une fois de plus, cette prophétie (cf. Jn 4,19) ? Et de fait, que dira la foule en Jn 6,14 ?

  • A l’occasion de quelle grande fête Jésus mourra-t-il sur une Croix pour le salut du monde (cf. Jn 13,1 ; 18,28.39.19,14.31.42) ? En quels termes parlera-t-il alors de son offrande (cf. Jn 6,51 ; Mt 26,26-29) ? C’est donc pour évoquer sa Passion prochaine, là où toutes ses Paroles s’accompliront pleinement, que St Jean mentionne cette fête au tout début de ce récit de la multiplication des pains (Jn 6,4). Il nous met ainsi déjà sur la voie : ce pain multiplié représentera Jésus lui-même… A son époque, la Pâque commémorait la libération de l’oppression d’Egypte et le départ du Peuple hébreu vers la Terre Promise… Nous pouvons relire cette histoire ancienne et l’appliquer à nos vies en pensant non plus au Pharaon d’Egypte mais au prince des ténèbres, non plus à la Terre Promise mais au Royaume des Cieux déjà offert à notre foi par le Don de l’Esprit Saint. Le péché et le mal sont en fait des tyrans qui nous plongent dans « le mal-être », « la souffrance, l’angoisse » (Rm 2,9)… Un pécheur est donc avant tout un souffrant, un malheureux au plus profond de lui-même, un esclave de toutes sortes de plaisirs qui se révèlent en fait mensongers et destructeurs… Et voilà justement ce que Dieu ne supporte pas : tout ce qui abîme sa créature… Il est donc venu avec son Fils Jésus Christ et par lui, pour nous combler de tout ce dont nous étions privés par suite de nos fautes (Relire Rm 3,23 puis Jn 17,22). L’Exode de notre vie sera donc de quitter petit à petit le mal, ce qui nous rend mal, ce qui nous blesse, pour découvrir avec le Christ la Plénitude de l’Être et de la Vie (cf. Jn 8,31-36 ; 8,12 avec 12,46 ; Colossiens 1,13-14 et Ac 26,15-18 ; Jn 3,3 et 3,5 avec 14,1-4 et 17,24 ; et finalement Jn 5,24 avec 6,49-51 et 6,58)…

  • La foule demande-t-elle quelque chose à Jésus ? Qui prendra l’initiative de la multiplication des pains et pourquoi (cf. Mc 8,1-3 ; Mt 15,32) ? Que retrouve-t-on ici très concrètement (cf. Mt 6,8 et Lc 12,29-31) ? Et d’après Hb 13,8, qu’en est-il pour nous, dans l’aujourd’hui de notre vie ? Mais bien sûr, cela demande un regard de foi… D’où l’appel répété de Jésus dans les Evangiles : « Veillez, priez »…

  • Puis Jésus dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? » Puisque Jésus est venu « accomplir les Ecritures » (Jn 17,12 ; 19,23-37) et qu’il ne se préoccupe pas habituellement « d’argent » ou « d’achats », à quoi Philippe aurait-il pu penser (Is 55,1‑3 ; Jn 7,37-39) ? De plus, Philippe remarque bien que «  deux cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau » (Jn 6,7 où un denier correspond au salaire journalier d’un ouvrier agricole). Et il savait que Jésus et ses disciples ne marchaient pas sur les routes de Palestine avec une somme pareille ! Là encore, cette simple constatation aurait dû éveiller son attention, car Jésus ne parle jamais pour ne rien dire ! Enfin, où se trouvent-ils (Mc 6,35-36) ? Etait-il donc concrètement possible de faire ce que Jésus semblait suggérer : « acheter du pain pour la foule » ? Encore une fois, Jésus ne le savait-il pas ? Et malgré tout cela, le déclic que Jésus attendait de Philippe n’arrivera pas…

  • En Is 55,2b-3, « manger » a une portée symbolique, laquelle : quelle est « la réalité » qu’il faut manger d’après le verset 3 (cf. Am 8,11 ; Dt 8,3 ; Ne 9,29 ; Ez 3,1-3) ? Et qu’est-ce que Jésus est venu nous donner (cf. Jn 17,7-8 ; 5,24 ; 6,63 ; 6,68) ? Voilà notre nourriture par excellence… En effet, la lecture de la Parole de Dieu est « nourriture de vie éternelle », car l’Esprit se joint à elle pour lui rendre témoignage au plus profond des cœurs : « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu, car », en les prononçant, « il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34). Et, « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ainsi, ouvrir son cœur à la Parole de Dieu, c’est s’ouvrir à l’Esprit. Et sa Présence en nos cœurs sera « vie », « vie nouvelle », « vie éternelle »… C’est pour cela qu’on ne se lasse pas de lire la Parole de Dieu : avec elle, il nous est donné de vivre de la vraie vie, celle qui nous attend en Plénitude par-delà notre mort… « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » (Ste Thérèse de Lisieux)…

  • En 6,9, un enfant a cinq pains et deux poissons. Est-il humainement possible de nourrir une foule de cinq mille hommes avec cela ? Quelle attitude « raisonnable » aurait-il pu adopter ? Et pourtant, que fait-il ? Quelle leçon nous donne-t-il ?

Le mot « orge » n’intervient qu’ici dans les Evangiles, et une seule autre fois dans le Nouveau Testament en Ap 6,6. St Jean a ainsi précisé par deux fois la nature de ces pains (Jn 6,9.13) pour faire allusion à la multiplication des pains opérée par Elisée (2R 4,42-44). Quelles informations sur Jésus peut-on retirer de ce parallèle ?

Qu’était ce pain d’orge d’après 2R 4,42 ? Il était utilisé dans un cadre liturgique, en obéissance à la Loi de Moïse, la Loi de l’Alliance (Si 39,8 ; 44,20) pour rendre grâce à Dieu à l’occasion d’une nouvelle récolte (Dt 26,1-11). Ce « pain d’orge » symbolise donc ici pour St Jean « l’Ancienne Alliance », et sa manière de faire, selon la Loi de Moïse. Ce pain d’orge va maintenant passer dans les mains de Jésus, être transformé, multiplié et distribué à toute la foule. Jésus prend ainsi « le pain de l’Ancienne Alliance » pour le transformer en « pain de la Nouvelle Alliance », ce pain que nous recevons encore aujourd’hui au cours de nos Eucharisties. Nous constatons ainsi une fois de plus que Jésus ne détruit pas l’Ancienne Alliance ; au contraire, il la mène à sa perfection, il lui permet d’atteindre ce qu’elle annonçait (Mt 5,17 ; Hb 8,6-13 ; 9,15) : l’Alliance Nouvelle et éternelle que Dieu veut vivre avec tout homme. A nous maintenant de lui dire oui ! Dans le miracle des Noces de Cana (Jn 2,1-12), la symbolique était identique. Jésus avait employé l’eau qui servait habituellement aux ablutions rituelles dans le cadre de l’Ancienne Alliance, en obéissance à la Loi de Moïse. En transformant cette eau-là, il montrait que l’Ancienne Alliance est accomplie et qu’il est venu en établir une Nouvelle. « L’eau de la Loi » cède alors la place au « bon vin de l’Esprit Saint », cadeau par excellence de l’Alliance Nouvelle (cf. Lc 11,9-13)…

  • « Alors Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua (En grec : « diadidômi » ; donner se dit « didômi ») aux convives Quand ils furent repus, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux (littéralement : les « rompus ») en surplus, afin que rien ne soit perdu » » (Jn 6,11-12). Comparer les verbes employés en ces deux versets avec ceux utilisés en Lc 22,19 : à quoi St Jean fait-il ici allusion ?

De plus, le texte grec officiel a, comme la TOB, en Jn 6,23 : « … près de l’endroit où ils avaient mangé le pain après que le Seigneur eut rendu grâces » ; quel verbe retrouve-t-on ici ? Et « rendre grâces » se dit en grec « eukharistéô »…

Dans les récits de multiplication des pains en St Matthieu (14,16.19 ; 15,36), St Marc (6,37.41 ; 8,6) et St Luc (9,13.16), qui distribue le pain à la foule ? Et ici, en St Jean, qui le fait ? St Jean prépare ainsi le discours qui suivra où Jésus donnera à ce pain une signification toute nouvelle : cf. Jn 6,35 (6,48). Que représente donc ce pain multiplié en Jn 6,1-15 ? Et lorsque nous vivons une Eucharistie, c’est le Christ Ressuscité en personne qui continue à venir se donner mystérieusement à nous pour nous communiquer sa vie. Et il le fait par les serviteurs qui nous distribuent le pain de vie.

De quoi le rassasiement des convives en 6,12 est-il le signe (cf. Jn 6,35 ; 10,10 ; Col 2,9-10) ?

Puis Jésus dit : « Rassemblez les morceaux en surplus afin que rien ne soit perdu ». Quel est le sens premier, immédiat, de cet ordre ? Mais ce verbe « perdre » (apollumi en grec), traduit parfois par « périr », a une connotation toute particulière en St Jean ; d’après les contrastes employés en Jn 3,16 ; 6,39-40 ; 10,10 ; 10,27-28 ; 12,25 que signifie « être perdu » pour St Jean ? A la lumière de cette petite enquête, quel sens nouveau prend l’expression « afin que rien ne soit perdu » ? Comment l’Eucharistie est-elle alors présentée ?

  • Un dernier point sur la symbolique des chiffres. La première partie des Ecritures Hébraïques s’appelle « la Torah » (la Loi). Elle est composée de cinq Livres (Gn ; Ex ; Lv ; Nb ; Dt) où ont été rassemblés tous les textes de Loi qui régissent la vie d’Israël. Tout le Peuple de Dieu se devait alors d’obéir à la Loi pour vivre en Alliance avec Dieu (cf. Ex 24,7-8) et trouver ainsi le chemin de la vie (cf. Ps 119(118),25.37.93.107 ; Dt 30,15-20 ; Ac 7,37-38) ? « Mille » évoque en hébreu « la multitude ». Les « cinq mille hommes » représentent ainsi dans notre texte « la multitude » du Peuple d’Israël appelée à trouver le chemin de la vie en obéissant aux cinq livres de la Loi. Et le cœur de la Loi est composé des « Dix commandements » (Ex 20,1-17), plus précisément dans l’hébreu de l’Ancien Testament, « les Dix Paroles ». En multipliant « cinq pains », Jésus suggère à nouveau par ce chiffre « cinq » que désormais, ce n’est plus la Loi qui sera la référence première, mais la Parole du Père qu’il est venu nous transmettre, ce Père qui avait déjà donné à Moïse « les Dix Paroles ». Mais avec le temps, les hommes les avaient surchargées de toutes sortes de préceptes et de commandements qui n’étaient bien souvent que des traditions humaines allant jusqu’à trahir parfois l’intention même de la Loi (cf. Mc 7,6-13). Jésus est donc venu la purifier en la recentrant sur l’essentiel : l’amour de Dieu et du prochain (Mt 22,34-40). Maintenant, le disciple du Christ est invité à aimer « comme » le Christ a aimé (Jn 15,12). S’il le fait, il accomplira « les Dix Paroles » car « celui qui aime autrui a de ce fait accompli la Loi. En effet, le précepte : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude » (Rm 13,8-10).

Mais reconnaissons-le, laissés à nous‑mêmes, à nos propres forces, nous n’arrivons pas à aimer « comme » Jésus a aimé. Aussi avons-nous besoin du secours de Dieu : le Don de l’Esprit Saint qui est avant tout une force d’aimer. Avec lui et grâce à lui, en tant que nous le recevons par la prière, il devient alors possible d’aimer « comme » le Christ a aimé, car le disciple a alors part à l’Amour même qui remplit le cœur de Dieu. En effet, « l’Amour de Dieu », l’Amour avec lequel Dieu nous aime, « a été versé en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,25)…

Enfin, le chiffre « douze » renvoie aux douze tribus d’Israël, un symbole qui rejoint les « cinq » pains de la Loi, nourriture de vie pour la multitude du Peuple de Dieu. Mais maintenant, une nouvelle symbolique se dessine : chaque Apôtre, et ils sont Douze, recevra bientôt une de ces corbeilles pleines avec pour mission d’aller offrir ce pain de vie à la multitude des hommes appelés au salut… C’est ce que l’Eglise continue de faire jour après jour, au Nom de son Seigneur…

 

La marche sur la mer (Jn 6,16-21)

  • A l’époque de Jésus qui, pensait-on, habitait dans la mer (cf. Is 27,1 ; Ps 74,13‑14 ; 148,7 ; Lc 8,30-33) ? Et dans l’Evangile de Jean, « la nuit » représente souvent elle aussi les forces du mal (cf. Jn 13,21-30; 8,12 ; 12,35)… Dans quelle situation se trouvent donc les disciples en pleine « nuit » au cœur de « la mer » ?

  • Mais contrairement à St Marc (6,45-52) et à St Matthieu (14,22-33), St Jean ne s’attarde pas sur le péril qui les menace, car c’est le Christ qui l’intéresse. Dans quelle attitude ce dernier apparaît-il en 6,19 ? Or, d’après Jb 9,8 (cf. Ps 77(76),20), qui est Celui-là seul qui peut « fouler les hauteurs de la mer » ? Et qu’est-ce que cela signifie ? Que suggère donc l’attitude de Jésus (1), et que préfigure-t-elle (cf. 1Co 15,20-28) ?

  • Les disciples « ont peur » de Jésus, et ce sera la seule et unique fois dans l’Evangile de Jean où cela se produira. Dans quel contexte cette « peur » intervient-elle très souvent dans l’Ancien Testament (Gn 3,10 ; 28,16-17 ; Ex 3,6 ; 20,18 ; Is 2,10.20‑21 ; Lc 9,34) ? Et que dit Dieu à chaque fois (Gn 15,1 ; 26,24 ; Jg 6,22-24 ; Dn 10,7-12 ; cf. Lc 1,12-13 ; 2,9-10 ; Mc 9,6…) ? A la lumière de tous ces textes, que suggèrent la peur des disciples et la réponse de Jésus (2) ?

En Jn 6,20, dans le contexte immédiat des relations de Jésus avec ses disciples, toutes nos Bibles ont choisi de traduire la parole de Jésus par : « C’est moi ! ». Mais St Jean a écrit littéralement en grec : « Égô éïmi », une expression que l’on retrouve dans la Traduction Grecque du Livre de l’Exode, lorsque Dieu révèle son Nom à Moïse : « Je Suis » (Ex 3,14). Or, le Nom dans la Bible renvoie directement au mystère de la personne qui le porte. « Je Suis » évoque donc le mystère de Celui-là seul qui peut se nommer ainsi… Que suggère donc, en deuxième lecture, ce « Égô éïmi » dans la bouche de Jésus (cf. Notes de nos Bibles) (3) ? Retrouver la réponse avec Jn 8,56-58 ; 8,23-30 ; 1,1-2 ; 20,28…

  • Dès que les disciples sont disposés à le prendre dans la barque, St Jean écrit que « le bateau, aussitôt, toucha terre là où ils se rendaient »… Ils avaient pourtant ramé 25 ou 30 stades (1 stade = 185m) et l’historien juif Flavius Josèphe décrit le lac de Tibériade comme long de 140 stades, et large de 40… Ils étaient donc « en plein cœur de la mer »… Cette arrivée subite et inopinée « là où ils se rendaient » est une allusion au Ps 107(106),23-32. Mais, dans le Psaume, qui conduit ces marins « au port de leur désir » (BJ) ? Même question avec l’Evangile de Jean. Que suggère alors ce parallèle (4) ? Or, quel est le grand « désir » qui habite le cœur de tout homme ? Si les disciples de Jésus arrivent tout de suite « au port de leur désir » en accueillant Jésus avec foi et confiance, qu’est-ce que cela signifie : que trouvent-ils avec lui dès qu’ils acceptent de l’accueillir dans la barque (cf. Jn 15,11 ; Mt 13,16 ; Jn 20,29…) ? Ainsi en est-il pour chacun d’entre nous, dès que nous acceptons de le recevoir dans la barque de notre cœur, de notre vie…

En récapitulant les réponses (1), (2), (3), (4), quel est donc le message premier de cette marche de Jésus sur la mer. Quelle expression apparaît alors comme étant centrale ? La reprendre et l’associer à la révélation principale sur Jésus exprimée en actes par la multiplication des pains ; le résultat est repris par deux fois dans le discours qui suit, en Jn 6,35 et 6,48, au début de chacune des deux grandes parties qui le constituent… Nous percevons mieux avec quel soin ce passage a été écrit…

                                                                                                                              D. Jacques Fournier

Correction de la fiche N°11

CV – 11 – Jn 6,1-21 correction




Fiche n°12 : Jésus « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6,22-47). (2)

Après avoir étudié la première partie de ce chapitre 6 (les deux signes de « la Multiplication des Pains » et de « la Marche de Jésus sur la Mer »), nous allons maintenant aborder la seconde, « le Discours de Jésus dans la Synagogue de Capharnaüm » où il dira par deux fois : « Je Suis le Pain de Vie » (Jn 6,35.48). Nous avons vu qu’avec « la Marche sur la Mer », Jésus s’est révélé comme étant Celui qui peut pleinement dire de Lui-même « Je Suis », comme Dieu autrefois dans le Buisson Ardent (Ex 3,14). Et avec « la Multiplication des pains », il s’est présenté comme étant « le Pain » que Dieu offre à l’humanité pour lui donner de participer à sa Vie. En mettant ces deux expressions ensemble, « Je Suis », et « le Pain », nous retrouvons l’affirmation centrale du discours qui suivra, « Je Suis le Pain de Vie ». Cette constatation est d’autant plus forte que St Jean reprendra dans ces deux versets l’écriture grecque particulière utilisée dans la révélation du Nom divin : « Égô éïmi, Je Suis » (Ex 3,14)… En effet, en grec, pour dire « je suis », « éïmi » suffit… Ainsi, Dieu se révèle en son Fils comme étant « Pain », c’est-à-dire un Etre totalement donné pour la Vie de celui qui acceptera de le recevoir, un Etre qui n’existe que pour le bien de l’autre…

 Les préliminaires du discours de Jésus (Jn 6,22-34)

       En Jn 6,22-25, quel problème se pose à cette foule qui a vécu la multiplication des pains ? De quoi Jésus se désole-t-il en 6,26 ? La foule a-t-elle reconnu qu’un miracle venait de se produire (cf. Jn 6,30 !) ? Quelle invitation lance ici Jésus (Voir aussi Lc 12,29-31 car Lc 12,32 ! Lc 12,33 ; Mt 13,44-46 ; Ep 5,18 ; Col 3,1-4 ; 1Jn 2,15‑17) ? Et comment se présente-t-il en Jn 6,27 ? Les bases de tout ce qui suivra sont déjà posées :

1 – Quel est le grand don que Jésus est venu nous communiquer (Jn 10,10) ?

2 – Où s’enracine le mystère de ce don (Jn 5,26 ; 6,57 ; 17,1-2) ? Retrouver la réponse en Jn 6,32-33 : que dit ici Jésus avant de se présenter comme étant « le Pain de Vie » ? Noter dans ce dernier texte les temps des verbes : conclusion ?

3 – A qui renvoie l’image du sceau (2Co 1,22 ; Ep 1,13-14 ; 4,30) ? Par qui le don de Dieu nous sera-t-il donc concrètement transmis (Jn 6,63 TOB ; 7,37-39 ; Rm 8,9-11 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,25) ?

– Et, de notre côté, que nous demande Jésus pour le recevoir (Jn 6,47) ? En Jn 6,27, Jésus dit littéralement : « œuvrez »… Ce vocabulaire sera repris en Jn 6,28 dans le sens de « faire une œuvre », selon la logique de la Loi. Mais quelle est la seule œuvre que Jésus nous presse d’accomplir en Jn 6,29 ? Avec elle, en effet, tout commence… Ce verset peut d’ailleurs être compris de deux façons : trouver le second sens à la lumière de Jn 6,37 ; 6,44 ; 6,65 ; 1Co 12,3 et le début de 1Co 12,9.

       Un détail sera important pour la suite : en Jn 6,32, le verbe donner est conjugué en grec au parfait, un temps qui renvoie à une action passée dont les conséquences se font toujours sentir dans le présent du texte : « Non, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel, ce pain que vous avez toujours aujourd’hui »… Or Moïse a vécu vers 1250 avant Jésus Christ ! Et il était bien clair, depuis longtemps, que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt 8,3). « Vivifie-moi par ta parole », demande le psalmiste (Ps 118(118),37), et il constate, comme en action de grâce : « Ta Loi fait mes délices » (Ps 119(118),72.77.92). Ainsi, la Loi, dont le cœur était constitué par « les Dix Paroles » données par Dieu à Moïse au sommet du mont Sinaï (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6‑22), était-elle considérée depuis longtemps comme un « Pain de Vie ». Quiconque l’écoutait et lui obéissait trouvait avec elle un chemin de vie… « Prêtez l’oreille et venez vers moi, écoutez et vous vivrez, dit le Seigneur » (Is 55,3). Et cette Loi était toujours en vigueur à l’époque du Christ. C’est donc à elle que Jésus fait allusion lorsqu’il évoque « ce pain qui vient du ciel », « donné autrefois par Moïse » et qui est toujours pour eux un « Pain de vie »…

I – Jésus « Pain de Vie » par sa Parole (Jn 6,35-47)

       Nous la trouvons au tout début de la première partie de ce discours, et au tout début de la seconde (Jn 6,48). Cette première partie se divise en deux sections séparées par un murmure des auditeurs (Jn 6,41-42) ; et comment sera construite la seconde partie (Jn 6,48-58 ; cf. 6,52) ?

a) Un appel à la foi pour accueillir Jésus Pain de Vie par sa Parole (6,35-40)

  • Nous avons vu en 6,32 le sens symbolique donné à l’époque de Jésus à « ce pain qui vient du ciel », « donné par Moïse ». En se présentant dans la foulée comme étant « Pain de Vie », quel est, dans un premier temps, le sens que prendra ce mot « Pain » dans la bouche de Jésus (cf. Jn 6,68 ; Ph 2,16) (1) ? Et d’où vient-il (cf. Jn 17,7-8 ; 8,28 ; 12,49-50 ; 14,10‑11.24) ? A-t-il la même origine que pour Moïse (Ex 20,1 ; Jos 24,26 ; Ba 4,12) ? Conclusion : celui qui croit en Moïse peut-il ne pas croire en Jésus (Jn 5,45‑47) ? Que révèle donc le non-accueil de Jésus pour ceux qui prétendaient être « les disciples de Moïse » (Jn 8,47 ; 9,28-29) ?

  • A part les verbes « être » et « avoir » quels sont les deux verbes qui reviennent le plus souvent en Jn 6,35-40. A la lumière du parallèle en Jn 6,35, sont-ils équivalents ? La présence prédominante de ces deux verbes conforte-t-elle le premier sens du mot « pain » mis en lumière précédemment (1) ? Combien de fois interviennent-ils tous les deux ? Or si « sept » symbolise dans la Bible la perfection, « trois » est « le chiffre de Dieu en tant qu’il agit » ; l’action décrite par ces deux verbes est donc avant tout le fruit d’une œuvre de Dieu ( Se souvenir de Jn 6,37 ; 6,44 ; 6,65 ; 1Co 12,3 et 1Co 12,9).

  • En Jn 6,36 et 6,40 (2), le verbe « voir » est associé à un autre verbe, lequel ? Quel est donc ici le sens de « voir » pour St Jean (cf. Notes de la Bible de Jérusalem pour 6,40, et de la TOB pour 6,30 et 6,36 ; voir aussi Jn 1,32 ; 14,6-11.18-20) ?

  • Nous avons vu avec Jn 6,12 que le verbe « perdre » décrit en St Jean la situation de celui qui est privé de la vie éternelle par son refus de croire. Il est ici mis en parallèle avec « jeter dehors » (3) ; quel est donc ce « dedans » où le Christ désire que nous entrions tous (cf. Jn 14,1-4 ; 17,24 avec 17,20-23 ; 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph 2,1-2 ; 1Jn 1,3.7 ; retrouver ce verbe « entrer » en Mt 19,17 ; Mc 9,43-47) ?

            • A la lumière des deux points précédents (2), (3), repérer les répétitions en symétrie en Jn 6,35-40, et trouver l’expression placée en son cœur, en inclusion. Elle est centrale pour St Jean : qu’affirme-t-elle indirectement (Jn 1,1)? Et les auditeurs de Jésus ne s’y tromperont pas : cette expression sera au cœur de leur murmures en 6,41-42 (Regarder comment ces deux versets sont à nouveau construits) ? Combien de fois intervient-elle d’ailleurs en Jn 6,32-58 ; conclusion ?

A – v. 35-36 : …………………..

B – v. 37 : ……………………

C – v. 38 : ……………….

B’ – v. 39 : ………………….

A’ – v. 40 : ……………………..

  • Quelle est « la volonté de Dieu » d’après Jn 6,39. La préciser à la lumière de Jn 3,14-17 ; 4,42 ; 12,46-47 ; 17,1-2 ; 1Jn 2,2) ? Retrouve-t-on l’affirmation de 1Tm 2,3‑6 ? Mais quelle est la condition pour que ce projet de Dieu puisse s’accomplir de la meilleure façon possible (Jn 3,14-15 ; 3,18…) ? Qu’est-ce qui est alors nécessaire d’après Rm 10,11-17, un principe illustré en Ep 1,13-14 ? Quelle devrait donc être notre première préoccupation à tous ? Et de fait, qu’est-ce que le Christ demande à son Eglise, et que lui promet-il (cf. Mt 28,18-20 ; Mc 16,15-20 ; avec Ac 14,3.27 ; 15,4 ; 16,14 ; 21,19 ; Rm 15,17-19 ; 1Co 2,1-5) ?

Relever enfin les temps des verbes en Jn 6,35-40. Que pouvons-nous vivre et recevoir dès maintenant, et que pouvons-nous espérer « au dernier jour » ?

b) Le murmure des auditeurs de Jésus (Jn 6,41-42)

La notion de « murmure » n’intervient dans l’Ancien Testament qu’en Ex 15,24 ; 16,2.7.8.9.12[1] ; 17,3 ; Nb 14,2.27.29.36 ; 16,11 ; 17,6.20.25. Où se trouve le Peuple d’Israël dans tous ces textes ? Et dans le Livre de l’Exode, à part la première et la dernière référence où la soif est à l’origine des murmures, dans quel contexte apparaissent toutes les autres ? Les compter : conclusion ? A quel parallèle sommes-nous donc à nouveau invités en Jn 6,41-42 avec cette notion de murmure ?

Qu’est-ce qui, en St Jean, en est à l’origine (cf. Mt 13,53-58) ? L’affirmation en Jn 6,42 est-elle parfaitement exacte (cf. Lc 1,26-38) ? Retrouver une situation semblable en Jn 7,45-52 : les Pharisiens connaissent Mi 5,1, Lc 2,39-40.51-52[2] et 4,16, mais ils ignorent Lc 2,1-7. Comment peut-on qualifier une telle attitude ? Une réalité demeure en tout cas invisible à leurs yeux et à leur cœur, laquelle (cf. Jn 14,10-11) ? Conclusion : à travers ces murmures, qui est en fait rejeté (Ex 16,7-8 ; Lc 10,16 ; 1Jn 5,10) ?

c) Celui qui écoute le Père vient à Jésus (Jn 6,43-47)

            • Les versets 6,43-47 sont à nouveau très bien construits, avec des éléments qui se répondent en A et A’, et au cœur une affirmation centrale. Une seule citation explicite de l’Ancien Testament apparaît d’ailleurs en Jn 6,35-47 : où est-elle ?

• v. 43 :Jésus rebondit sur la notion de murmure.

A – v. 44 : ………………………

B – v. 45 ab : …………….

A’ – v. 45cd : ………………….

• v. 46 : Précision suite à l’affirmation du v. 45cd

• v. 47 : Conclusion de la 1° partie.

            Quel est le personnage central de ce passage ? Que fait-il en Jn 6,44 ? Et que se passera-t-il alors (Jn 17,7-8 ; 7,16-17 ; 3,33-34) ? Qui sera à nouveau l’acteur principal (Jn 6,45ab) ? Que fera-t-il (Jn 5,37 ; 1Jn 5,9) et par qui (Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) ? Quelle attitude est alors nécessaire du côté de l’homme (Jn 1,12 ; 10,37-38 ; 20,30-31) ? Et quel sera le fruit de cette action en son cœur (1Jn 5,11 ; Jn 6,63TOB ; Ga 5,25) ? La conclusion, Jésus la donne en 6,47… Et tout ceci s’accomplira dans l’invisible de la foi, car un homme a-t-il déjà « vu » Dieu (Jn 1,18 ; 5,37 ; 6,46 ; 1Jn 4,12 ; Ex 33,20) ? D’ailleurs, qui est Dieu d’après 1Jn 4,8 et 4,16 ? N’avons-nous jamais vécu cette réalité dans nos relations humaines ? Et pourtant, là aussi, l’avons-nous déjà vue ?

            « Nul n’a jamais vu Dieu » : nous sommes dans la foi… Mais d’après (Jn 1,18 ; 8,19 ; 14,7) qu’est-ce qui est possible, pour nous, dès maintenant? En quels autres termes peut-on en parler d’après Jn 17,3 et 14,19-20) ? Nous retrouvons que ce qui ne se voit pas avec nos yeux de chair se vit… C’est donc en vivant la rencontre avec Dieu que nous reconnaîtrons sa Présence et son action en nos vies… L’important, c’est la vie…

            Jn 6,45b cite Is 54,13 où « les enfants de Jérusalem » sont les Israélites évoqués par le biais de leur capitale ; comparer le texte écrit par St Jean avec celui qui se trouve dans le Livre d’Isaïe lui-même : au-delà des traductions toujours aléatoires, existe-t-il une différence, une expression qui manque, et si oui, peut-on deviner pourquoi St Jean a‑t-il introduit cette modification ?

       D’après ce même verset, Jn 6,45, suffit-il « d’écouter » Jésus pour répondre à son attente (cf. Mt 7,21-23 ; Lc 6,46 ; Jc 1,22-25 ; Jn 8,51 ; 14,15-17.21-24 ; 15,10-11) ?

            Ainsi se termine la première partie de ce discours de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm : il se présente comme étant « Pain de Vie » par sa Parole. Autrefois, la Loi donnée par Moïse, avec en son cœur « les Dix Paroles », était « le Pain » que Dieu avait donné à son Peuple pour lui indiquer le Chemin de la Vie. Mais toute cette période n’était qu’une préparation à la venue du Fils qui, en donnant les Paroles reçues de son Père, s’est présenté comme étant « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). La révélation commencée avec la Loi de Moïse a atteint maintenant sa perfection avec Jésus, le Fils Unique, « la Parole fait chair » (Jn 1,14). Ce même message est dit de façon différente par St Matthieu lorsqu’il présentela Loi Nouvelle du Royaume des Cieux, les Béatitudes (Mt 5,1-12). Cette Loi nouvelle n’annule pas la précédente, mais l’accomplit (Mt 5,17-19). Puis, Jésus reprend quelques points importants des Dix Paroles et de la Loi (Mt 5,20-48) pour nous entraîner plus loin : « Vous avez entendu qu’il a été dit… Eh bien ! Moi, je vous dis »… Il s’agit de dépasser une obéissance qui ne pourrait s’en tenir qu’aux apparences, pour aller jusqu’aux racines du cœur… Autrement dit, suivre Jésus nous engage tout entier…

            La prochaine fois, nous verrons comment Jésus se présente comme étant « Pain de Vie » par sa chair offerte… Nous retrouvons ainsi les deux grandes parties de la Messe : la proclamation de la Parole, puis le Pain Consacré sur l’autel… Dans les deux cas, Jésus nous donne d’avoir part à sa Vie si nous nous tournons vers Lui de tout cœur pour l’accueillir dans la foi… Cette Vie ne se voit pas, elle se vit… Et « heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29) car ils vivent déjà « quelque chose » de cette éternité qui nous attend tous, par delà notre mort…

Jacques Fournier

Correction de la Fiche N°12

CV – 12 – Jn 6,22-47 correction

 

[1] N’oublions pas que cette manière d’écrire renvoie aux versets 2, 7, 8, 9 et 12 du chapitre 16 du Livre de l’Exode.

[2] Sont concernés ici les versets 39, 40 et les versets 51, 52 du chapitre 2 de l’Evangile selon St Luc.




La Passion du Christ

LA PASSION DU CHRIST

Histoire, traditions et spiritualité

Conférence donnée par Yannick Leroy,

Historien des Origines du Christianisme,

Intervenant au Sedifop

Le samedi 18 Avril 2020  à la Maison Diocésaine

36 rue de Paris, St Denis, de 14h 00 à 17h 00.

Entrée libre

 

 

Pour accéder à l’affiche, cliquer sur le titre ci dessous :

La Passion du Christ, conférence YL




2ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 17, 1-9)

 « Écoutez-le ! »

 

Tout ceux qui ont eu l’occasion de monter « sur une haute montagne » ont ressenti une joie intérieure en arrivant au sommet ; non pas tant pour être arrivé au bout, mais par la beauté du paysage qu’on y peut voir. Et certains ne peuvent s’empêcher de penser à Dieu qui nous a fait cadeau d’une si belle création. Et ce n’est pas pour rien que très souvent on y voit des croix.

La hauteur nous rapproche spirituellement de Dieu, et en même temps nous éloigne de ce qui fait notre train-train quotidien, nos contingences matérielles. Et cela nous incite à une prière de remerciement à Dieu, pour la beauté, … pour sa bonté …

Mais ce qui est arrivé « sur une haute montagne » aux trois apôtres choisis par Jésus va les amener à une expérience encore plus forte, avec la transfiguration de Jésus, qui apparaîtra dans sa gloire, et la présence de Moïse et de Elie qui conversent naturellement avec Jésus.

On voit le lien avec l’ancien testament, la loi et les prophètes … et le nouveau testament avec Jésus.

En un instant, l’espace terrestre s’élargit de la Galilée jusqu’au Sinaï, voire même à la Galaxie avec l’ouverture des cieux, et le temps remonte jusqu’à 1300 ans en arrière !

Si on regarde les sept protagonistes de ce passage de l’évangile, que voit-on ?

– Moïse a eu une révélation divine au sommet du Sinaï : il a entendu et vu Dieu de ses yeux, mais seulement de dos, car « mon visage, personne ne peut le voir. » (Ex 33.23). Et Dieu lui a donné une Mission envers le peuple hébreu : révéler son nom et donner les dix commandements.

– Elie a eu une révélation divine au sommet de l’Horeb : il a entendu Dieu et senti sa présence par « le murmure d’une brise légère » (1 R 19,12). Et Dieu lui a donné une Mission : oindre deux rois et son successeur Élisée.

– Jésus, Fils de Dieu, n’a pas eu de révélation car il est avec Dieu depuis toujours. Mais c’est en lui que Dieu se révèle aux trois apôtres. Sa mission, il la connaît déjà.

– les trois apôtres vont avoir une double révélation divine. Par la vision glorieuse de Jésus d’une part, et d’autre part par l’écoute de la parole de Dieu venue des nuées : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé … ». Leur mission : « Écoutez-le ! » vous-même, et redonnez ce message à tous ceux que vous rencontrerez.

– Et le dernier, Dieu, qui est l’origine et la fin … et que nous devons écouter à travers son fils Jésus.

La révélation de Dieu se fait en utilisant nos sens : la vue (Moïse, les apôtres), l’ouïe (Moïse, Elie, les apôtres), le toucher (Elie, par la brise).

Et on pourrait ajouter l’odorat (l’odeur répandue par les saints) et le goût (La Parole douce comme le miel (Ez 3,3), ou l’eucharistie).

Dieu utilise tous nos sens pour nous parler, pour se faire connaître, et pas seulement notre intelligence. D’ailleurs Jésus dit de même : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).

Ce message qui a été donné aux apôtres lors de la transfiguration, leur mission, elle est aussi la nôtre : « Écoutez-le ! ».

Écouter Jésus dans son enseignement, par la lecture, la méditation de sa Parole que l’on trouve dans les évangiles.

Écouter Jésus dans la prière, dans l’adoration, dans le ’’dialogue’’ avec lui en essayant de comprendre ce qu’il veut nous dire.

Écouter Jésus dans nos actions (dans le sens d’obéir), en mettant en œuvre ses paroles, notamment dans les œuvres de miséricorde. « Ce n’est pas en me disant :Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21).

Notre mission de chrétiens est de toujours écouter la Parole de Jésus, qui est aussi la Parole de Dieu … et de la mettre en pratique. C’est ce que disait aussi Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » (Jn 2,5).

Suivre cet enseignement, c’est aussi mettre en œuvre deux des points forts que l’on demande habituellement pendant le carême : la prière et le partage (œuvres de miséricorde), mais qui sont à faire aussi en dehors du carême, tout le temps. Et comme l’évangile nous le disait le mercredi des cendres, sont à faire dans le secret ou dans la discrétion, car « ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6).

Seigneur Jésus,

bien souvent notre prière se résume

à te faire des demandes :

nous voulons ceci ou cela.

Nous avons renversé les rôles !

Ton Père nous a dit :

’’Écoutez-le’’ en parlant de toi.

Et toi tu as ajouté :

’’Et mettez mes paroles en pratique’’.

C’est notre mission de baptisés.

 

Francis Cousin,

  

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Prière dim carême A 2°




Fiche n°13 : Jésus « Pain de Vie » par sa Parole et par sa chair offerte (Jn 6,48-71). (3)

Jésus « Pain de Vie » par sa chair offerte (Jn 6,48-58)

 

 a) Du Pain « Parole » au Pain « chair » (Jn 6,48-51)

Nous assistons ici à un nouveau commencement. Quelle grande affirmation retrouve-t-on au tout début (Jn 6,48) ? Puis quelle allusion réapparaît en Jn 6,49 après être intervenue dans l’introduction du discours (Jn 6,31-32) ? Quel thème, déjà présent en cette même introduction (Jn 6,32-33) est-il ensuite repris (Jn 6,50-51ab) ? Quel mot est répété cinq fois en ces quelques lignes (Jn 6,48-51) ? Et comment sera-t-il nouvellement redéfini dans la dernière partie du v. 51 ? Compter combien de fois ce mot intervient dans cette dernière partie du discours, en Jn 6,48-58 ; en incluant Jn 6,63 qui fait allusion à cette dernière partie, à quel résultat arrive-t-on ? 7 étant symbole de perfection, conclusion ?

Et puisque nous sommes dans la symbolique des chiffres, comptez le nombre de fois où le mot « pain » apparaît dans les sections suivantes :

1 – « Le pain multiplié » (Jn 6,1-27).

2 – « Le Pain Parole de Dieu » (Jn 6,28-47),

en se souvenant, qu’à l’époque de Jésus, la manne en était venue à   évoquer le don de la Loi fait à Moïse…

3 – « Le Pain Chair offerte de Jésus » (Jn 6,48-58).

Rappelons que le chiffre 7 est symbole de perfection, et 3 renvoie à Dieu en tant qu’il agit : conclusion générale pour ce chapitre 6 ? Et plus largement encore, puisque le mot pain intervient à nouveau en Jn 13,18 ; 21,9 et 21,13, combien de fois apparaît-il en tout dans l’Evangile selon St Jean ? Sachant que le chiffre 8 évoque l’infinie perfection[1], et 3 « Dieu en tant qu’il agit », quelle conclusion pouvons-nous tirer de ce résultat global sur tout l’Evangile ? St Jean y a-t-il pensé, l’Esprit Saint l’a-t-il voulu, nous leur demanderons quand nous les verrons…

Dans la Bible, « la chair » n’est pas simplement un élément constitutif de l’homme au même titre que son âme ou son esprit. L’homme est vu en effet comme un être à la fois « un » et « multiple ». Ainsi, il est tout à la fois « chair », « esprit » et « âme », autant de facettes par lesquelles on aborde un seul et même mystère : celui de l’homme… Lorsque Jésus donne sa chair pour la vie du monde, c’est donc lui tout entier qui se donne à chacun d’entre nous, ce « Verbe fait chair » qui vit et s’exprime « dans la chair » et qui finalement mourra sur la Croix pour notre salut à tous… « Chair » en St Jean, renvoie donc à Jésus Vivant tout entier. Il est ce Pain Vivant qui possède la Plénitude de la Vie car il la reçoit de son Père de toute éternité (Jn 5,26). Et il se donne tout entier en sa chair à chacun d’entre nous dans le seul but de voir grandir sa Vie au cœur de chacune de nos vies. Et notons bien tout de suite que cette Vie nous est communiquée aussi bien par « Jésus Pain de Vie par sa Parole » que par « Jésus Pain de Vie par sa chair offerte », les deux grandes parties de chacune de nos Eucharisties. Dans les deux cas, nous le verrons, cette Vie nous est communiquée par l’Esprit Saint : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les Paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont Vie » (Jn 6,63). Or Dieu est Esprit (Jn 4,24). La Vie communiquée par le Don de l’Esprit est la propre Vie de Dieu, sa Vie éternelle… Voilà ce que le Christ est venu offrir gratuitement, par amour, à tous les hommes de tous les temps… Ne pas être tourné vers Celui qui est Source d’Eau Vive (Jr 2,13 ; 17,13), Source de Vie, Celui qui donne, donne et donne sans cesse la Vie, c’est se priver de la recevoir… Et « être privé de la Vie éternelle », tel est ce que le Nouveau Testament appelle « la mort ». Que ses créatures, faites pour partager sa Vie, en soient privées tout simplement parce que leur cœur n’est pas tourné vers la bonne direction, voilà ce que Dieu ne supporte pas. Aussi est-il venu en Jésus Christ nous inviter à nous détourner du mal pour nous retourner de tout cœur vers Lui. Alors, et alors seulement, nous pourrons recevoir sa Vie…

« Je suis le Pain de Vie » nous dit par deux fois Jésus dans ce discours. Et St Jean insiste en reprenant la formulation grecque particulière employée en Ex 3,14 lorsque Dieu révèle son Nom à Moïse : « Je suis ». C’est elle que nous retrouvons ici en Jn 6,35 et Jn 6,48. Autrement dit, en Jésus Christ, Dieu Lui-même se donne en nourriture… Il se fait « pain », prêt à disparaître tout entier pour que nous puissions vivre en le mangeant ! Mais si, c’est une image, nous mangeons « Je Suis », alors, nous allons devenir « Je Suis » par ce que nous recevons. Nous allons participer nous aussi à ce « Je Suis » et chacun d’entre nous, s’il accepte de recevoir Jésus, le Pain Vivant, pourra dire lui aussi pleinement, à sa mesure de créature : « Je Suis »… Tel est le projet de Dieu sur chacun d’entre nous : il nous appelle à participer à ce qu’Il Est en Lui-même… Et tout ceci n’est que le seul fruit de son Amour… Il suffit de consentir à le recevoir et le laisser nous transformer, petit à petit, de miséricorde en miséricorde…

Insistons sur ce point : Dieu nous appelle tous, sans aucune exception, à partager sa Vie. L’Eglise, dans certaines situations particulières, et nous pensons ici aux divorcés remariés, peut demander de s’abstenir de communier à « Jésus Pain de Vie par sa chair offerte ». Comme ce pain consacré est le sacrement de l’Alliance par excellence et que le sacrement du mariage est lui aussi « le sacrement de l’Alliance », elle désire seulement nous mettre en face de nos responsabilités, tout en sachant que quantité de souffrances peuvent nous atteindre sans que nous l’ayons nous-mêmes cherché… Mais ceci étant dit, nous pouvons tous, et de tout cœur, recevoir par notre foi et dans la foi, « Jésus Pain de Vie par sa Parole offerte ». Avec elle et par elle, nous est donnée la même Vie que celle qui est communiquée par « la Chair offerte », les hosties consacrées ! Nous retrouvons ainsi les deux tables de nos Eucharisties où la même nourriture nous est offerte sur chacune d’entre elles : « Jésus Pain de Vie » venu nous communiquer la Vie de l’Esprit.

Personne ne peut donc prétexter de ses misères, de ses faiblesses, de sa situation matrimoniale pour ne pas aller à Jésus « Pain de Vie » offert aux pécheurs, gratuitement, par amour, pour enlever justement le péché du monde. Et c’est bien parce que nous sommes pécheurs que nous avons besoin de le recevoir ! « Vous péchez tous les jours ? », disait St Augustin, « alors, communiez tous les jours ! »… Avec bien sûr le désir d’un repentir sincère, de tout cœur…

Répétons-nous : nous sommes tous invités à la table de l’Eucharistie, tous, sans aucune exception, pour nous nourrir de la Vie de Jésus qui nous sera transmise par son Esprit. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,31-32). L’Eucharistie est ce remède que Jésus médecin est venu offrir au pécheur, pour les guérir petit à petit de ce mal qui, trop souvent nous domine, pour finalement nous blesser, nous opprimer, et le pire, nous priver de la Plénitude de la Vie. Et c’est bien parce que nous sommes encore trop souvent si faibles que nous avons besoin de sa force pour nous lever et grandir sur les chemins de la Vie en choisissant, librement, par amour, de dire « non » au mal…

Concluons par une remarque. Le Père intervenait très souvent en Jn 6,35-47 ; en sera-t-il de même en Jn 6,48-58 ? Sur qui le regard va-t-il donc se focaliser ? De plus, qui donnait le pain en Jn 6,32-33 ? Qui le donne maintenant en Jn 6,51 ? Autrement dit, Jésus adhère de tout cœur à la volonté du Père qui n’a d’autre but que « la vie du monde » (Jn 6,33.51)… Le Père le donne (Jn 6,32) ? Le Père lui donne la force de se donner ? Jésus dit « Oui ! », de tout cœur, et il adhère totalement à cette invitation du Père jusqu’à dire « Je »… « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jn 6,51). Ma vie, « personne ne me l’enlève, mais je la donne de moi-même » (Jn 10,18). « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne », chantons-nous, mais cela ne se fera pas sans combat (Mt 26,39 ; Mc 14,36 ; Lc 22,42 ; et Jn 14,30-31 ; 8,29 ; 4,34 ; 6,38-40)…

b) Les fruits reçus du « Pain Chair » (Jn 6,53-58)

  • La seconde partie du discours de Jésus (Jn 6,48-58) est donc, comme la première (Jn 6,35-47), coupée en deux par « un murmure » des auditeurs, « une discussion violente entre eux »… St Jean reprend ici sa technique du quiproquo pour faire avancer le dialogue. Les interlocuteurs de Jésus vont prendre en effet le mot « chair» en son sens premier de « viande », une méprise semblable à celle des Juifs dans le Temple (Jn 2,18‑21), de Nicodème (Jn 3,4), de la Samaritaine (Jn 4,11-12.15)…

  • Que désigne en général le couple « chair et sang » dans la Bible (Si 14,18 ; 17,31 ; Mt 16,17 ; Jn 1,13 ; 1Co 15,50 ; Ga 1,16 ; He 2,14) ? A quelle réalité renvoie donc ici « la chair » de Jésus ? De plus, que croyaient les anciens à propos du sang (cf. Lv 17,11.14 ; Dt 12,23) ? Toutes ces remarques vont dans le même sens, souligné encore par l’insistance déployée en Jn 6,53-54 : Jésus se donne tout entier à chacun de nous pour qu’en le recevant, nous puissions devenir à notre tour, tout entiers, ce que Lui seul Est… Alors, et alors seulement, nous vivrons pleinement de sa Vie… Tel est son seul but… « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10)…

  • St Jean emploie ici deux verbes grecs différents pour exprimer l’idée de « manger ». Le premier, « esthiô », peut se comprendre aussi bien à un niveau concret (6,5.23.26…) que symbolique (Ez 2,8-3,3 ; Is 55,1-3). Celui qui « mange la Parole » la reçoit alors avec foi. Le second verbe, « trôgô » (Jn 6,54.56.57), signifie « manger, croquer, se mettre sous la dent » et renvoie alors clairement au « Pain chair ». Mais la démarche qui permet de recevoir le Pain-Parole est-elle différente pour le Pain-chair : qu’est-ce qui est important dans les deux cas (Jn 6,47) ? Autrement dit, notre foi s’exprime dans un premier temps par une écoute attentive de la Parole de Dieu, un cœur ouvert, abandonné, confiant… La foi accueille alors la Vie donnée… Et cette même foi s’exprime ensuite dans un deuxième temps par toute l’attitude corporelle qui consiste à se lever à l’appel de Jésus, à marcher et à ouvrir nos mains et notre bouche pour recevoir le pain consacré qui nous est gratuitement offert… Nos mains ouvertes sont alors le signe visible de ce qui, en nous, ne l’est pas : notre cœur, ouvert, abandonné, confiant… Et la foi accueille la Vie donnée… Que disons-nous d’ailleurs lorsque le pain consacré nous est présenté ? « Amen ! » C’est-à-dire, en hébreu : « C’est vrai ! ». « C’est du solide ! ». Autrement dit, nous disons : « Oui, nous croyons ! ».

Quels sont les trois fruits, accompagnés de verbes au présent, que le croyant est invité à recevoir dès maintenant, dans l’aujourd’hui de sa foi :

(1) Jn 6,53-54 ;

(2) Jn 6,56 ;

(3) qui précise (1) : Jn 6,57.

Et que retrouvons-nous comme objet de notre espérance « au dernier jour » (Jn 6,54) ? Néanmoins, que peut-on dire de cette Vie qui sera alors la nôtre : sera-t-elle différente, en sa nature, de celle que nous recevons dès maintenant dans la foi (Jn 6,58 ; 11,25-26) ? D’où la formidable aventure qu’il nous est possible de vivre dès maintenant, dans la foi… « Je ne vois pas trop ce que j’aurai de plus après ma mort… C’est vrai, je verrai le bon Dieu, mais pour ce qui est d’être avec lui, j’y suis déjà tout à fait sur cette terre » (Ste Thérèse de Lisieux).

C’est la première fois dans l’Evangile selon St Jean que le verbe utilisé en Jn 6,56 (2) pour décrire les conséquences de l’accueil de la chair et du sang du Christ apparaît en ce sens : à quel mystère renvoie-t-il (Jn 14,10-11.17.20.23[2] ; 15,4-10 ; 10,38 ; 17,20-26) ? Quel est donc le grand fruit de l’Eucharistie (1Jn 1,1-4 et tout spécialement le verset 3) ? Quelle conséquence immédiate en déduit-on sur le mystère de l’Eglise (1Co 10,16-17) ? Noter que ce point (2) est au cœur de notre passage ; les points (1) et (3) en précisent la nature… Il ne s’agit pas en effet d’une « communion » comme peuvent la vivre ceux qui partagent des mêmes goûts, une même passion, une même vision de la société ou du monde… Il s’agit d’une communion « existentielle » au sens où tous les disciples de Jésus sont unis les uns aux autres par une même Vie qui vient, de l’intérieur, animer, soulever, éclairer, dynamiser toute leur vie, et les lancer tous ensemble dans une seule et même direction : celle de l’Amour, de la Miséricorde, de la Vérité, de la Justice et de la Paix (Ps 85(84),11 ; Ga 5,22-23 ; Ep 5,8-11)… Cet Esprit reçu du Christ, dont la Présence est renouvelée et fortifiée à chaque Eucharistie, est donc à la racine du mystère d’Unité qui unit entre eux tous les disciples de Jésus (1Co 12,13), et plus largement encore tous les hommes de bonne volonté, tous ayant été créés « à l’image et ressemblance de Dieu » par la Présence en eux du Souffle de l’Esprit (Gn 1,26‑27 ; 2,4b‑7)…

Enfin, par rapport à la relation que le Christ vit avec son Père, que réalise en nous l’Eucharistie vis-à-vis du Christ (Jn 6,57) ? Retrouver cette dynamique en Jn 10,14-15 ; 15,5 avec 5,19 ; 15,9-10 ; 17,18.21 ; 7,37-39 avec 4,13-14.

  • Jn 6,58 est la conclusion générale du discours de Jésus ; on y retrouve :

1 – Le thème principal de la première partie : Jésus « descendu du ciel » en tant qu’originaire du ciel. Il est venu accompli la volonté du Père : sauver le monde (Jn 3,16-17), « ne rien perdre » de tous les hommes…

2 – L’allusion au Livre de l’Exode et à la marche d’Israël au désert pendant 40 ans, nourri par la manne (Ex 16). Cette allusion avait ouvert le discours (Jn 6,31-32).

3 – Enfin, le but suprême poursuivi inlassablement par le Christ : que nous « vivions à jamais » en participant à sa vie…

Conclusion (Jn 6,60-61)

La clé d’interprétation de tout le discours, déjà rencontrée précédemment, est : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont Vie » (Jn 6,63).

Mais la réalité spirituelle présente en Jésus se propose à la foi et ne peut être reçue que par la foi et dans la foi… Que se passe-t-il alors, même parmi les disciples de Jésus ? Quelle confession de foi Pierre donne-t-il au nom de toute l’Eglise ? Quel thème, apparu au tout début de Jn 3,19, retrouvons-nous ici indirectement (Jn 3,18-21 ; 7,12.43 ; 9,16 ; 10,19-21) ? Et pourtant, quel est le seul désir qui habite le cœur de Dieu (Jn 5,22 ; 3,16‑17 ; 17,24…) ?

 

                                                                                                                             D. Jacques Fournier

Correction de la fiche N°13 :

CV – 13 – Jn 6,48-71 correction

[1] En effet, 8 c’est 7 + 1 : on ajoute « quelque chose » à la perfection, ce qui évoque « l’infinie perfection », celle qui ne peut qu’appartenir à Dieu et à Dieu seul. A chaque lettre grecque était traditionnellement affecté un chiffre. Si l’on prend ce code universel, le total des lettres de « Jésus » est : 888.

[2] Rappel : cette manière d’écrire renvoie, dans le chapitre 14, aux versets 10 et 11, puis au verset 17, au verset 20, au verset 23.




Fiche n°14 : Le Christ, Source d’Eau Vive (Jn 7)

1 – La Fête des Tentes était l’une des trois grandes fêtes de pèlerinage où les Israélites étaient invités à monter à Jérusalem (Dt 16,16). « Ces temps forts marquaient la vie du Peuple et donnaient toute son importance au Temple »[1]. D’après Lv 23,33-36 et 23,39-43, de quoi se souvenait-on lors de la fête des Tentes et combien de temps durait-elle ? Quels en étaient les jours chômés ? Tel est donc le contexte religieux du chapitre 7 sur lequel nous reviendrons au verset 37… De plus quel est le climat général qui régnait en Judée, et donc à Jérusalem sa capitale, vis-à-vis de Jésus (Jn 7,1) ?

2 – Préciser le sens du mot « frère » en :

– En Mc 1,16.19.

2 – En Mc 6,17, on apprend qu’Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand et de Malthace, avait épousé Hérodiade, la femme de Philippe « son frère ». Or Philippe était l’enfant d’Hérode le Grand et d’une certaine Cléopâtre. Quel sens précis a donc ici le mot « frère » ?

3 – D’après Mc 15,40.47, la mère de Joset est-elle aussi la Mère de Jésus ? Conclusion : quel sens donner au mot « frère » en 6,3 ?

4 – En Mc 3,34-35.

Conclusion : qui sont « les frères » de Jésus en Jn 7,3 ? Croyaient-ils en lui ? Quelle critique lui font-ils ? En Jn 7,4, ils lui disent : « Manifeste-toi au monde ». Mais Jésus peut-il faire quelque chose de lui-même pour lui‑même (cf. Jn 5,19-20.30) ? Quelle est son unique préoccupation (cf. Jn 4,34 ; 8,49 ; 14,13.31 ; 17,4) ? Et de fait, qui « manifestera-t-il » (cf. Jn 17,6 ; 1,18) ? En se manifestant lui-même, Jésus se glorifierait lui-même ; mais qui en fait le « glorifie » (cf. (1) Jn 8,54 ; 12,28 ; 17,1.5 ; et tout ceci s’accomplit par (2) : Jn 16,13-14), ou lui « rend témoignage » (cf. (1) Jn 5,37 ; par (2) Jn 15,26) ? A quel langage s’apparente donc celui des « frères de Jésus » (cf. Jn 7,18a ; Rm 8,19-21 ; 1Tm 3,6 ; Lc 4,1-4) ? Or, d’après Jn 18,37, pourquoi Jésus est-il venu dans le monde ? Face à quelqu’un qui fait le mal, que lui dira-t-il donc (Jn 8,45) et dans quel but (8,31-36 ; 12,46) ? Mais reconnaître ses erreurs demande de l’humilité, alors que le péché qui blesse le monde est justement l’orgueil… Et quelle est la première réaction de l’orgueil vis-à-vis de celui qui « témoigne que ses œuvres sont mauvaises » (Jn 7,7 ; 15,18-27) ? Quelle est donc l’attitude fondamentale que Jésus attend de nous tous (Jn 3,21 ; exemple en 4,16-18) ? Que fera-t-il alors (Jn 1,29 ; Lc 5,20) et où nous entraînera-t-il (Jn 14,1-6 ; Ep 2,18) ?

 

3 – Ce but, nous le retrouvons de manière sous-entendue en 7,11, avec cette question si importante en St Jean : « Où est-il ? », une question que ses deux premiers disciples lui avaient tout de suite posée en 1,38 : « Où demeures-tu ? ». Y répondre à nouveau en reprenant les expressions employées en Jn 10,38 ; 14,10-11 ; 17,21. Mais n’oublions jamais qu’elles renvoient en St Jean à un Mystère de Communion que le Fils vit de toute éternité avec le Père. Le Fils est le Fils, et il est le seul à être le Fils. De même, le Père est le Père, et il est le seul à être le Père. Mais le cœur du Fils est rempli par le même Esprit que celui qui remplit le cœur du Père. Car de toute éternité, écrit littéralement St Jean, « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35). Le temps particulier employé en grec (le parfait) suggère que les conséquences de cette action demeurent dans le présent du texte. Le Père « a tout donné » au Fils, de telle sorte que le Fils a « tout » dans sa main… Et cette action est éternelle… Depuis toujours et pour toujours, le Père aime le Fils. Or, « aimer, c’est tout donner et se donner soi‑même », un principe de Ste Thérèse de Lisieux à appliquer littéralement au Père. « Le Père aime le Fils »… Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même… Le Père se donne donc tout entier au Fils. Par amour, il lui donne tout, tout ce qu’il est… Le Père est Esprit (Jn 4,24) ? Tel est le don qu’il fait au Fils : ce qu’il est, l’Esprit qui remplit son cœur… Et voilà que le Fils, en se laissant aimer par le Père, se trouve à son tour rempli par le même Esprit qui remplit le cœur du Père… Et cet amour entre le Père et le Fils est vécu de toute éternité… Depuis toujours et pour toujours, Le Père est donc face au Fils, et il se donne au Fils, il lui donne tout, tout ce qu’il est… Le Fils, lui, est face au Père, et il se reçoit entièrement du Père en tout ce qu’il est… C’est ainsi que l’Esprit qui remplit le cœur du Fils est le même que celui qui remplit le cœur du Père… Le Père et le Fils vivent ainsi en face à face et au même moment en communion l’un avec l’autre, unis l’un à l’autre dans l’amour et la communion d’un même Esprit. Et cet Esprit est « tout » en Dieu : il est Amour (1Jn 4,8.16), Lumière (1Jn 1,5), Vérité (Jn 16,13), Vie (Jn 6,63 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,25), Paix (Ga 5,22), Joie (1Th 1,6)… C’est pour cela que celui qui « a vu le Fils », c’est-à-dire sa Lumière, « a vu » au même moment « le Père » (Jn 14,9). Car cette Lumière du Fils est celle de l’Esprit du Fils qu’il reçoit de toute éternité de son Père. Ce même Esprit remplit donc le cœur du Père qui rayonne donc de la même Lumière… C’est ainsi que depuis toujours et pour toujours, le Fils est « Lumière née de la Lumière » (Crédo)… Et c’est ce Mystère de Communion que le Fils vit avec son Père qu’il est venu nous partager… Par notre foi au Fils, nous sommes tous invités à recevoir l’Esprit du Fils, cet Esprit que lui-même reçoit de son Père… Et c’est par cet Esprit reçu du Fils que notre vocation commune s’accomplira : devenir des enfants de Dieu (Jn 1,12), à l’image du Fils (Rm 8,28-30), vivants de la Vie même du Père et du Fils…

Alors, précisons-le à nouveau : quel est, pour nous, le Chemin qui conduit à cette vie de communion (cf. Jn 14,6) et la Porte qui nous permet d’y entrer (cf. Jn 10,7.9) ? Mais que faut-il « faire » pour entrer par cette « porte » et s’engager sur « le chemin » (Jn 9,38 ; 11,27 ; 6,29 ; Lc 8,50) ? De quelle autre démarche cette dernière est-elle inséparable (cf. Mc 1,15 ; Lc 5,32) ? A quelle sphère d’influence s’ouvre-t-on alors aussitôt (cf. Lc 1,78 ; Mc 5,19 ; 2Co 1,3 ; Ep 2,4 ; Tt 3,4-7) ? Et que reçoit-on tout de suite (cf. Rm 5,5 ; 1Th 4,8) de Celui qui est Soleil, Don de Soi (Ps 84(83),12-13), Amour ? Et c’est ce Don qui accomplira tout en nous : le pardon de toutes nos fautes, la guérison progressive de nos blessures intérieures, la communication de la vie éternelle… Mais dans quelle logique tombe, par contre, celui qui refuse de faire humblement la vérité dans sa vie (cf. Jn 15,22‑25 ; 7,7 ; 3,20 ; 15,18-19 ; 17,14) ? Quelle est la racine d’une telle attitude (cf. Si 10,12-13.21 ; Os 7,10 ; Jr 13,17) ?

Certains acceptent ainsi l’Amour, la Miséricorde et sa Vérité qui ne désire que le Bien de ceux qu’Il aime, et d’autres refusent… En quels termes St Jean parle-t-il de cette séparation qui s’opère alors parmi les hommes en Présence du Christ Lumière (cf. Jn 3,18‑19) ? Apparaît-elle en Jn 7,12 ? Et la retrouvera-t-on plus tard en 7,40-43 ?

4 – Quelle mission première du Christ retrouve-t-on en Jn 7,14 (cf. Lc 4,15.31.43‑44 ; 5,3 ; 6,6 ; 13,10 ; 20,1…) ? Et quelle mission première donnera-t-il à l’Eglise tout entière (cf. Mt 28,16-20 ; Mc 16,14-20) ? Où s’enracine le message reçu et transmis (cf. Jn 7,16 ; 3,34 ; 8,28 ; 12,49-50 ; 14,10 ; 14,24 ; 17,7-8) ? Que faut-il faire, d’après Jn 7,17 pour vérifier par soi-même la véracité de ces Paroles (7,19 y fait aussi allusion puisque le rôle premier de la Loi était d’indiquer la volonté de Dieu) ?

5 – En Jn 7,21-24, Jésus fait allusion à Jn 5,1-18 ; comme le fait remarquer une note de la Bible de Jérusalem, il emploie pour la septième fois (signe de perfection !) le mot grec « hugiès, sain » renforcé par l’expression « tout entier », un mot qui n’apparaît en St Jean que dans l’épisode de la guérison de cet infirme qui nous représente tous (cf. Jn 5,4.6.9.11.14.15)… Ses interlocuteurs lui reprochent de « travailler » le jour du Sabbat en guérissant les malades (cf. Lc 13,14) ? Jésus va leur répondre en s’adaptant une fois de plus à leur manière de penser. En effet, ils trouvaient normal que les prêtres « travaillent » ce jour-là en pratiquant la circoncision qui était considérée comme la guérison d’un membre particulier. Alors, pourquoi trouvent-ils anormal que lui guérisse « un homme tout entier le jour du Sabbat » ? Et n’oublions jamais que les guérisons physiques accomplies par Jésus n’étaient que des signes visibles de cette guérison profonde qu’il est venu offrir à tout homme « créé à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,16-27), un « Dieu qui n’est qu’Amour » (1Jn 4,8.16). Il s’agit donc de guérir de l’orgueil, de l’égoïsme, du repli sur soi qui empêche de s’ouvrir à Dieu et donc de recevoir gratuitement de l’Amour d’avoir part à la Plénitude de sa Vie… Les maladies étant perçues à l’époque comme les conséquences du péché, « guérir » révélait, en actes, le grand cadeau que le Christ est venu nous offrir : le pardon inconditionnel de toutes nos fautes… Car Dieu, qui nous a créés et donné la vie, ne désire qu’une seule chose pour chacun d’entre nous : que nous vivions pleinement… Notre vie fera sa joie…

6 – Quelle est la grande question que beaucoup se posent sur Jésus (cf. Jn 7,25-27 ; 7,31-32 ; 7,41-42) ? Une deuxième apparaît également, laquelle (cf. Jn 7,40.52 ; accomplissement de Dt 18,15.18) ? Retrouver ces deux points dans les questions adressées à Jean-Baptiste en 1,19-21.

Or, à l’époque, le Peuple d’Israël savait, grâce aux Ecritures, que le Messie devait naître à Bethléem (cf. Jn 7,42 ; Mt 2,4-6 qui cite Mi 5,1) « mais la croyance commune », précise en note la Bible de Jérusalem, « était qu’il devait demeurer caché en un lieu inconnu (cf. Mt 24,26) jusqu’au jour de son avènement. Par son origine céleste, Jésus répond à cette croyance, mais à l’insu de ses interlocuteurs  (cf. Jn 8,14.23 ; 1,26 ; 3,13…)…

7 – Comme tout homme sur cette terre, que peut-on dire de ceux qui s’opposent à Jésus en Jn 7 (cf. Is 1,2 ; 1,4 ; Rm 3,23) ? Mais pour qui le Fils de Dieu est-il venu avant tout en ce monde (cf. Lc 5,31-32) ?  Va-t-il les condamner (cf. Jn 8,11) ? Que va-t-il essayer de faire au contraire (cf. Jn 3,16-17) ? Et pour cela, que leur offrira-t-il en premier (cf. Lc 5,20 ; Ep 4,32 ; Col 3,13 ; 1Jn 1,9) ? Et quel don de Dieu mettra tout cela très concrètement en œuvre dans leur cœur (cf. 1Co 6,9-11 ; Jn 20,22-23) ? Et que recevront-ils aussitôt avec ce don (cf. Jn 6,63 (TOB) ; Gal 5,25 ; Rm 8,10-11) ? Dans l’Ancien Testament, quelle image était déjà utilisée pour évoquer ce don de Dieu (cf. Is 44,3 ; Ez 36,25-27) ? Aussi, quel appel Jésus lance-t-il à tous ceux et celles qui l’écoutent, notamment à ceux qui ne croient pas encore en lui (cf. Jn 7,37-39 ? Remarquez à quel point Jésus s’adapte à nouveau à son auditoire, car pendant la fête des Tentes, on allait chaque matin en grande procession à la fontaine de Gihon, au sud-est de la montagne du Temple de Jérusalem, cette fontaine qui alimente les eaux de la piscine de Siloé (cf. Jn 9,1-7). On remplissait alors un flacon d’or et, de retour au Temple, on versait solennellement cette eau sur l’autel des holocaustes, juste devant le bâtiment abritant le Saint des Saints, ce lieu où, croyait-on, Dieu avait fixé sa demeure (cf. Jn 4,21-24). En accomplissant ce rite, tout le Peuple priait pour demander à Dieu de faire tomber la pluie (cf. Zac 14,16-17). Septembre-Octobre correspond en effet en Israël à la fin de la saison sèche, le moment où, la pluie revenue, le Seigneur redonnait la vie au pays assoiffé… Mais ce rite ne se limitait pas seulement à demander la pluie pour l’année à venir ; on implorait aussi ce renouvellement spirituel qu’Ezéchiel avait annoncé avec le symbole de l’eau jaillissant du Temple et fécondant la terre entière sur son passage (Ez 47,1-12). Et d’après Raymond Brown, le flacon d’or utilisé pour ce rite de l’eau était rempli au chant d’Is 12,3 : « Ivres de joie, vous puiserez de l’eau aux sources du salut »…

Or en St Jean, quel est le Temple Nouveau (cf. Jn 2,21) ? Et qu’est ce qui jaillira de ce Temple en Plénitude et pour tous (cf. Jn 7,37-39) ? Cette promesse est accomplie, en actes, en Jn 19,33-34. Le cœur de chair de Jésus était rempli de sang. De plus, d’après les spécialistes, lorsque que quelqu’un vit une souffrance très forte, la membrane qui entoure le cœur, le péricarde, peut se décoller du muscle cardiaque. L’espace se remplit alors de sérum… Aussi, lorsque le soldat perce le côté de Jésus, sa lance va d’abord percer le péricarde… Le sérum va s’écouler… Puis, elle arrivera au muscle lui-même qui, transpercé, se videra de son sang… St Jean qui était présent au pied de la croix verra alors « du sang et de l’eau » sortir su côté ouvert de Jésus. Le sang symbolise la vie, car, à l’époque, on croyait que « la vie de la chair est dans le sang » (Lv 17,11), « la vie de toute chair, c’est son sang » (Lv 17,14). Jésus reprendra ce symbolisme dans le sacrement de l’Eucharistie en nous invitant à « boire son sang », c’est-à-dire, dans la foi, à recevoir sa vie : «  En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,53-54). Et, nous l’avons vu au chapitre 6, c’est l’Esprit Saint qui accomplira ces Paroles au cœur de celui ou celle qui acceptera d’obéir avec confiance à son invitation. Accepter de manger ce pain et ce vin consacrés par l’Esprit manifestera sa foi. Et c’est par ce « oui » libre et confiant que son cœur pourra recevoir le Don de « l’Esprit qui vivifie » : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jn 6,63).

Ainsi, sur la Croix, de « l’eau » sort du cœur transpercé de Jésus, l’eau qui lave, qui purifie, qui vivifie… Et son cœur se vide de tout son sang… Jésus répand sur l’humanité tout ce dont il était rempli… Il se donne entièrement… Signe visible de la réalité invisible qui s’accomplit… L’Esprit qui remplit son cœur est répandu en surabondance, l’Esprit qui lave, qui purifie, qui vivifie… Voilà donc ce qu’annonce ici Jésus en cette circonstance particulière de la Fête des Tentes…

« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi »… Le thème de la soif renvoie en St Jean à celui du désir… Ici, cette soif exprime le désir premier qui habite le cœur de tout être humain : désir de vivre pleinement, d’être heureux… Or, dit St Augustin, « tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ». Dieu nous a créés pour que nous vivions de sa vie… Nous ne serons pleinement heureux que lorsque nous accepterons de nous tourner vers lui et de nous laisser aimer par lui en acceptant le plus simplement possible ce qu’il désire nous donner… « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance… Heureux ceux qui croient »… Car « celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 10,10 ; 20,29 ; 6,47).

Se souvenir du parallèle de Jn 6,35 et retrouver avec lui le deuxième sens du verbe « venir à » en St Jean. L’appliquer à Jn 7,37. Ce sens n’apparaît-il pas alors de nouveau au début du v. 38 ? Une telle insistance de la part de Jésus manifeste son désir : il veut que nous croyons en lui, que nous lui fassions confiance, que nous nous abandonnions à son amour… Car il veut par dessus tout nous combler de sa vie, comme lui-même est comblé par le Père de cette même vie… Alors, nous vivrons nous aussi ce qu’il vit : un Mystère de Communion avec le Père, dans l’unité d’un même Esprit, « l’Esprit qui vivifie » et donne, au même moment, la vraie joie… « Père, je veux que là où je suis », uni à toi dans la communion d’un même Esprit, « eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24). Alors, si vous l’acceptez, une fois mort et ressuscité, « je viendrai à nouveau et je vous prendrai près de moi afin que là où je suis, vous aussi vous soyez » (Jn 14,3). « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). Voilà quelle est la volonté de Dieu ! Voilà pourquoi Jésus nous supplie de « croire en Dieu » et de « croire en lui » (Jn 14,1).

La grande promesse de l’Ancien Testament va donc s’accomplir avec le Christ et par le Christ. La retrouver en Is 44,3 ; Jl 3,1-5 ; Ez 36,25-27… Littéralement, Jean parle ici d’une « eau vivante » (participe présent grec du verbe vivre), une expression qui apparaît trois fois dans son Evangile pour décrire « l’eau vivante de l’Esprit » (Deux fois en Jn 4,10-11 et une fois en Jn 7,38). Ce participe « vivant » intervient encore trois fois ; préciser à chaque fois la personne concernée (1- Jn 6,57 ; 2 – Jn 6,51 ; 3 – Jn 11,26 où l’on a littéralement : « Tout (homme) vivant et croyant en moi »…). Nous retrouvons à quel point Dieu veut que nous soyons comme lui, à « son image et ressemblance » : des vivants du Souffle de sa vie (Gn 2,4b-7), c’est-à-dire de son Esprit. Et cela se fera si nous croyons en lui, si nous lui faisons confiance, si nous nous laissons aimer par lui jour après jour, tels que nous sommes…

Qui en Jr 2,13 ; 17,13 ; Ps 42,2-3, est « Source d’Eau Vive » ? Même question avec Jn 4,10.13 et 7,37-39. Mais n’oublions pas : tout ce qu’est le Fils, tout ce qu’il fait, tout ce qu’il peut faire, il le reçoit de son Père… En effet, « comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même » (Jn 5,26). Et si le Fils peut donner la vie, il le doit encore au Père : « Ainsi parla Jésus, et levant les yeux au ciel, il dit : Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés » (Jn 17,1-2). Et « donner la vie éternelle », c’est donner « l’Esprit » car « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63)… Nous retrouvons ici « quelque chose » de notre Crédo lorsque nous disons que nous croyons « en l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils »… En effet, « s’il procède » également « du Fils », c’est que le Père a donné au Fils « le pouvoir » de faire en sorte qu’il en soit ainsi…

Que se passe-t-il d’après Ez 47,8-12 pour ceux et celles qui acceptent de recevoir par leur foi au Fils cette « Eau Vivante » de l’Esprit ? Bien relever, avec les expressions employées par Ezéchiel, à quel point tout va dans le sens de la vie : guérison de la vie, croissance et développement de la vie, pour ensuite nourrir la vie des autres par les fruits rendus possibles par la vie reçue, et aussi les guérir par les feuilles… Jésus adressera plus tard un message semblable par l’image de la vigne (Jn 15,1-17)…

Enfin, il existe une deuxième possibilité de comprendre Jn 7,37-39, car dans les manuscrits grecs les plus anciens, il n’y a pas de ponctuation.

1 – Nous avons lu jusqu’à présent : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive,

celui qui croit en moi! » selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive »… Il s’agit alors du sein de Jésus…

2 – Mais on peut aussi lire, comme le fait le Texte Grec officiel du Nouveau Testament : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, comme a dit l’Ecriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive »… La traduction anglaise officielle a adopté cette possibilité : « If any one thirst, let him come to me and drink. He who believes in me, as the scripture has said, « Out of his heart shall flow rivers of living water. » »

De quel « sein » parle-t-on alors ? Cette perspective rejoint-elle Jn 4,13-14 ? Que dit-elle alors de la vocation de chaque croyant en ce monde ? La retrouve-t-on, avec un autre symbole, en Mt 5,14-16 ? Mais cette seconde possibilité a du mal à s’imposer, car la référence aux Ecritures est alors difficile à trouver. Seule Is 58,9-11 s’en approche, tandis qu’elles abondent dans le premier cas…

Is 58,9-11 (BJ) : « Alors tu crieras et le Seigneur répondra,

            tu appelleras, il dira : Me voici !

            Si tu bannis de chez toi le joug, le geste menaçant et les paroles méchantes,

(10)    si tu te prives pour l’affamé et si tu rassasies l’opprimé,

            ta lumière se lèvera dans les ténèbres,

            et l’obscurité sera pour toi comme le milieu du jour.

(11)    Le Seigneur sans cesse te conduira,

            il te rassasiera dans les lieux arides

            il donnera la vigueur à tes os,

            et tu seras comme un jardin arrosé,

            comme une source jaillissante dont les eaux ne tarissent pas. »

Jacques Fournier

Correction de la fiche 14 :

CV – 14 – Jn 7 correction

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[1] « Le monde où vivait Jésus », H. Cousin ; J.-P. Lémonon ; J. Massonet (Ed. Cerf 2004) p. 339.




Première journée Cycle Long 2020 à St Benoît

Dimanche 23 février, une cinquantaine de participants se sont retrouvés à St Benoît pour la première rencontre Cycle Long de l’année…

Eglise de St Benoît et Calvaire à droite de l’Eglise

Eglise et sur la droite, la salle paroissiale

Cure de St Benoît

L’autre côté de la salle paroissiale et après la prière du matin, les Laudes,  le petit déjeuner

Après ce meilleur moment de la journée (…), nous avons commencé notre thème d’année, le Mystère du Christ, en regardant, notamment avec l’Evangile selon St Jean, le Christ vrai Dieu et vrai homme, toujours « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), dans l’Amour…

Après la rencontre, le repas, avec P. Fabrice Ellama, curé de St Benoît…

Après le repas, Noéline Fournier a proposé une introduction à la Liturgie des Heures (Prière du Temps Présent) à celles et ceux qui le désiraient…

Pendant ce temps là, Renéa et Elie, responsables de l’équipe de Service de St Benoît, faisaient le bilan de la journée, rangeaient la cuisine avec Elsie, et Jacques préparait la suite…

 

Et dans la cour, un Martin se demandait si ces champignons étaient bien comestibles…

L’après midi a repris avec notamment un temps de carrefours…

Et nous avons conclu notre journée par la prière des Vêpres… Rendez-vous maintenant le 22 mars pour la seconde étape. Et comme ce sera le jour des élections municipales, nous arrêterons un peu plus tôt, vers 16h 30…




Fiche n°15 : Le Christ Miséricordieux, Lumière du Monde (Jn 8,1-12)

1 – Jn 8,1 : l’unique mention du « Mont des Oliviers » en St Jean…

            Lire Jn 7,53-8,2 (cf. Lc 21,37-38 ; 22,39) ; conclusion à la lumière de Lc 9,58. C’est la seule fois où apparaît, dans l’Evangile de Jean, la mention du Mont des Oliviers ; que prépare-t-elle (cf. Jn 18,1-2) ? Elle intervient aussi chez le prophète Zacharie (vers 500 avant JC) en Za 14,4 : lire Za 14,1-11. Cette prophétie annonce de suite la venue du « Jour du Seigneur » (14,1). Dans l’Ancien Testament, il renvoie à une intervention décisive de Dieu en personne, notamment pour mettre en place le jugement qui sera « combat » contre l’injustice et le mal (14,3)… Pour l’évoquer et souligner sa portée, son impact, les auteurs ont souvent recours aux images des bouleversements cosmiques. Nous les retrouvons ici en 14,4-5. Certes, la Toute Puissance de Dieu sera à l’œuvre… Mais nous sommes encore dans l’Ancien Testament, magnifique mais si souvent imparfait… Cette Puissance se manifestera en Jésus Christ comme étant avant tout Douceur, Humilité (Mt 11,29 ; Lc 9,51-56), Tendresse, Miséricorde, Force d’Amour capable de répondre au mal par le bien… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et lorsque Pierre s’adressera à ceux-là même qui avaient contribué à crucifier le Christ, il leur dira : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26). Dieu, dans sa Toute Puissance d’Amour, offre ainsi aux « puissants » de ce monde une apparence qu’ils qualifient de faiblesse (2Co 13,4), de « pauvreté » (2Co 8,9). Mais c’est Lui qui, en silence, sans bruit, dans la discrétion, la douceur et la paix, se révèle être finalement le plus fort (1Co 1,25)… C’est ce que Jésus manifestera ici avec l’épisode de la femme « surprise en adultère »…

            Qui foulera le Mont des Oliviers d’après Zac 14,4 ? Mais qui le foule en Jn 8,1 ? Ce parallèle, fréquent dans les Evangiles, montre que la promesse de la venue de Dieu s’est accomplie avec le Christ. Cela ne peut que poser la question de son identité… Mais qui est-il donc pour qu’il en soit ainsi ? D’autant plus que « Dieu, Yahvé, LE SEIGNEUR (TOB) » dans l’Ancien Testament renvoient le plus souvent à Celui que nous appelons dans le Nouveau Testament « Dieu le Père »… Et le Père n’est pas le Fils ! Et le Fils n’est pas le Père ! Et pourtant, la venue du Père s’accomplit avec celle du Fils… Nous retrouvons indirectement la grande affirmation de Jn 10,30 : « Moi et le Père », dit Jésus, « nous sommes UN ». Et souvenons-nous, St Jean a bien pris soin, dans le grec des Evangiles, de ne pas écrire « UN » au masculin singulier (eis), qui renverrait à une personne de sexe masculin… Il n’emploie pas bien sûr le féminin singulier (mia), qui renverrait à une personne de sexe féminin, mais il utilise le neutre (en) qui désigne en général, les réalités inanimées… Le Père et le Fils sont « UN » car ils partagent tous les deux la même nature divine qui est tout à la fois « Esprit » (Jn 4,24), « Amour » (1Jn 4,8.16), « Lumière » (1Jn 1,5)… « Qui m’a vu a vu le Père », dira Jésus (Jn 14,9)… La Lumière, l’Esprit, l’Amour… qui remplit le cœur du Père est identique à la Lumière, l’Esprit, l’Amour… qui remplit le cœur du Fils car « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,34), tout ce qu’Il Est… Alors, par ce Mystère de Communion unique en son genre que le Fils vit avec le Père dans l’Amour, là où est le Fils, là est le Père. Qui écoute le Fils, écoute le Père… Qui voit les signes accomplis par Jésus voit « les œuvres du Père » (Jn 10,37-39 ; 5,36)… La venue du Fils parmi les hommes accomplit donc toutes les promesses faites dans l’Ancien Testament de la venue de Dieu parmi les hommes, un Dieu par le Fils qui se révèlera comme étant « mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu »… Avec le Fils, « le jour de Dieu » est arrivé… Constater d’ailleurs que Jésus reprend cette notion de « jour » en Jn 8,56 pour se l’appliquer à lui-même… Le jour de Dieu est aussi son jour… D’autant plus que lui aussi est « Dieu » (cf. Jn 1,1), au sens où il partage pleinement, et de toute éternité, la même nature divine que son Père…

            Qu’arrivera-t-il ce Jour-là, d’après Zac 14,7-9 ? Relire ce texte à la lumière des passages suivants de St Jean et préciser ainsi comment il s’accomplira :

1 – Zac 14,7 avec Jn 8,12 ; 12,46… C’est ainsi que grâce au Christ et par Lui, St Jean peut faire l’affirmation de 1Jn 2,8, car le grand cadeau que le Christ est venu proposer à tous les hommes est celui décrit en 1Th 4,8… Sans jamais oublier           Jn 4,24 et 1Jn 1,5…

2 – Zac 14,8 avec Jn 19,33-35 et 7,37-39 ; 4,10-14.

3 – Zac 14,9 avec Jn 18,37 ; et, une fois ressuscité, il promettra à ses disciples d’être toujours avec eux (Mt 28,19-20). L’affirmation de Mt 4,17 s’accomplit alors pleinement avec lui et par lui, d’autant plus que … Lc 22,29 ! Le Christ désire donc faire de chacun de nous des reines et des rois en nous partageant ce qui est à la racine du Mystère de sa Royauté : le Don de son Esprit (cf. Rm 14,17), Lumière qui règne sur les ténèbres (Jn 1,5), grâce de Miséricorde qui règne sur nos péchés pour la vie (Rm 5,21), force qui règne dans notre faiblesse (2Co 12,7-10), paix qui règne dans nos cœurs (Col 3,15)… Heureux alors les pécheurs qui acceptent cette démarche de repentir à laquelle le Christ nous appelle tous, en le laissant tout simplement régner dans nos cœurs, dès maintenant, dans la foi (Jn 20,29).

2 – La femme surprise en flagrant délit d’adultère (Jn 8,1-11)

En Jn 8,2, où est Jésus (cf. Lc 2,49) ? Ces simples circonstances géographiques sont bien le signe que, par le Fils, Dieu le Père lui-même s’adresse aux hommes dans « sa Maison » (Jn 2,16), le Temple (Jn 8,28-29 ; 12,49-50 ; 14,10-11 ; 14,24 ; 17,7-8)…

Bien repérer en Jn 8,1-11, les positions des différents personnages :

            1 – Comment est Jésus et « le peuple » en Jn 8,2 ? Il ne faudra jamais oublier ce « peuple » qui sera témoin silencieux de tout ce qui suivra…

            2 – Comment sont les scribes, les Pharisiens et la femme surprise en flagrant délit d’adultère ?

            3 – Le geste de Jésus décrit en 8,6 suppose qu’il s’est levé pour les accueillir ; et là, justement, que fait-il donc ?

            4 – Puis que fera-t-il en Jn 8,7 ? La parole prononcée en cette occasion en aura d’autant plus de force…

            5 – Puis, que fait-il de nouveau en Jn 8,8 ?

            6 – Enfin, même question en Jn 8,10… Mais cette fois, il reste Jésus, la femme, et tout le peuple qui est resté assis du début jusqu’à la fin…

« Les scribes et les Pharisiens » arrivent donc avec « une femme surprise en adultère ». A propos, où est l’homme qui était avec elle ? Pourtant que dit la Loi en pareil cas (cf. Lv 20,10 ; Dt 22,22-24) ? Noter déjà l’injustice de la situation…

La question des scribes et des Pharisiens est un piège pour Jésus, quelque soit sa réponse :

1 – En effet, s’il dit « Oui ! Il faut appliquer la Loi », il perdra vis-à-vis des foules sa réputation de Bonté, de Douceur, de Miséricorde et de Tendresse… De plus, ils pourront le dénoncer aux Romains en disant qu’il pousse Israël à se rebeller contre l’ordre établi par Rome, car seul Ponce Pilate, Procurateur de Judée, d’Idumée et de la Samarie, de 26 à 36 après JC avait le droit de mettre à mort, « le droit du glaive »…

2 – S’il dit : « Non ! Il est écrit : « Tu ne tueras pas ! » (Ex 20,13 ; Dt 5,17), sans aucune autre précision… », ils pourront toujours l’accuser de pousser le Peuple à désobéir à tous ces préceptes rajoutés au fil des siècles à « la Loi de Moïse », et qui ne sont finalement que « tradition des hommes ». Et quiconque pousse à désobéir à la Loi mérite la mort (cf. Dt 13 ; Dt 17,1-7)…

Mais Jésus va déjouer leur piège… En venant avec cette femme surprise « en adultère », ils étaient dans l’attitude de juges qui ne peuvent que prononcer une condamnation à la lumière de la Loi… Jésus s’était baissé, refusant d’entrer dans une telle discussion, et manifestant, par son attitude corporelle, qu’il se retirait de ce débat. Mais comme « ils persistaient à l’interroger », il va se lever, revenir dans la conversation, et leur dire : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre. » Or, la Loi disait justement que « les témoins mettront les premiers la main à l’exécution du condamné » (Dt 17,7). Jésus s’adresse donc tout spécialement aux témoins de cet adultère qui, les premiers, auraient dû, en dehors de la juridiction romaine, lapider cette femme. Mais il élargit ici la notion de témoin. Certes, certains ont pu être « les témoins » du péché commis par cette femme, mais n’ont-ils pas été aussi « les témoins » d’autres méfaits, notamment dans leur vie ? Et ceux-là, comment vont-ils les juger ? Avec la même dureté, la même rigueur implacable ?

Et là, surprise, ils se révèlent être des juges d’une clémence extraordinaire ! Et ce sont « les plus vieux » qui partiront les premiers, eux qui ont eu tout le temps de faire l’expérience de cette faiblesse humaine qui nous est commune à tous… Certes, il n’est pas dit qu’ils ont eux aussi commis ce péché là, mais ils en ont fait d’autres, ils ne sont pas « sans péché »… Et ils seront « ces témoins qui, les premiers, ne mettront pas la main à l’exécution du condamné. » Puis les plus jeunes feront de même, aidés dans cette démarche de vérité par l’exemple de leurs aînés… Nous retrouvons, en actes, cette phrase de Jésus en St Luc : « Du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous » (Mt 7,2). Et St Jacques écrira : « Le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde se rit du jugement ».

Par son intervention, Jésus les a donc aidés à « faire la vérité » dans leur vie, et « quiconque fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21), cette Lumière qui, en Dieu, est celle de la Miséricorde et du Pardon…

Une note de la Bible de Jérusalem indique à propos de Jésus se baissant et écrivant avec son doigt sur le sol : « Le sens de ce geste reste obscur ». Mais St Ambroise, St Augustin et St Jérôme ont proposé de l’interpréter à la lumière de Jr 17,13 : « Espoir d’Israël, SEIGNEUR, tous ceux qui t’abandonnent seront honteux, ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre, car ils ont abandonné la source d’eaux vives, LE SEIGNEUR ». Jésus écrirait donc sur le sol le nom de ces scribes et de ces Pharisiens qui accusaient cette femme… Imaginons la scène et la stupeur de ceux qui voyaient leur nom s’inscrire dans la poussière, alors qu’ils savaient bien ne l’avoir jamais dit à Jésus ! Nous assistons alors à un beau renversement… « Toi qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, qui connais sa volonté, qui discernes le meilleur, instruit par la Loi, et ainsi te flattes d’être toi-même le guide des aveugles, la lumière de qui marche dans les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des simples, parce que tu possèdes dans la Loi l’expression même de la science et de la vérité » (Rm 2,17-20), toi qui penses donc être le meilleur, le saint, ta situation est peut-être pire que celle de cette femme « surprise en adultère »… Oui, « malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c’est ceci qu’il fallait pratiquer, sans négliger cela » (Mt 23,23). La dureté de leur cœur, froid comme la pierre, manifeste à quel point ils ont abandonné depuis longtemps « la Source d’Eaux Vives, le Seigneur » Tendre, Miséricordieux et Doux… Or, « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23) ? Leurs noms ne peuvent donc qu’être « inscrits dans la terre », comme ceux des morts…

Puis Jésus se redresse et, cette fois, il s’engage pleinement dans la relation avec la seule personne qui soit restée, la femme. Tous se sont ainsi reconnus coupables, mais une seule entendra la Parole libératrice de Jésus, avec tout le Peuple, ne l’oublions pas, qui est demeuré assis, à l’écoute du Christ, en témoin silencieux de la scène… Cette Parole libératrice en Jn 8,11 se divise en deux parties, lesquelles ? Que nous dit la première sur le Mystère de Dieu (cf. Jn 3,16-18 ; 5,22 ; Ez 18,23 ; 33,11 ; 1Jn 2,1-2 ; Rm 8,31-39 ; 9,16 ; Ep 2,4-10…) et la seconde sur ce que Dieu attend de l’homme (cf. Mt 3,2 ; 4,17 ; Lc 5,32 ; 24,46-48 ; Ac 2,38 ; 3,19). Mais l’homme laissé à ses seules forces d’homme est incapable de répondre à cet appel de Dieu. Il a besoin pour cela de sa grâce, de son soutien, de sa force qui lui permettra de s’arracher à ses ténèbres… Il s’agit donc avant tout pour lui de s’abandonner activement à cette Présence de Dieu qui l’accompagne sans cesse et s’offre à son cœur, à sa foi (cf. Ap 3,20). S’il consent à elle, il recevra avec elle la grâce de « la repentance et de la rémission des péchés » (Ac 5,30‑31 ; 11,18). Car c’est Dieu qui, le premier, avec le Christ et par le Christ, vient à nous en Bon Pasteur qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve. Et quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules et la ramène à la maison, la maison du Père (Lc 15,4-7 ; Jn 14,1-3). Il suffit alors de lui dire « Oui ! », ou du moins, de ne pas lui dire « Non ! »…  Et sa grâce nous apprendra, patiemment, petit à petit, jour après jour, « à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété » (Tt 2,11-14). Nous expérimenterons alors la vraie Paix (Jn 14,27) et la vraie Joie (Jn 15,11), en un mot, la vraie Vie (Jn 10,10), celle pour laquelle Dieu nous a tous créés…

Ainsi, tout est grâce mais rien ne se fera sans le consentement libre et responsable de notre liberté, sans notre réponse personnelle, profonde (cf. Lc 15,18-20), à cet appel que Dieu ne cesse de nous lancer pour que nous acceptions enfin de revenir à Lui (Is 44,22 ; Jr 3,12-14 ; 15,19 ; 31,21-22 ; Os 1,2-4 ; Si 17,24-26) Le salut jaillit ainsi de la rencontre de deux libertés, celle de Dieu qui désire l’homme, sa vie et son bonheur, et celle de l’homme qui, en cherchant le bonheur dans l’obscurité de ce monde, cherche finalement Dieu, le plus souvent à tâtons… Car « tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » (St Augustin).

Mais soulignons que Dieu devance toujours l’homme (cf. 1Jn 4,19) : c’est Lui qui a pris l’initiative de créer ce monde et de nous créer, tels que nous sommes… C’est Lui qui accompagne jour après jour sa création à son plein accomplissement, même si l’humanité a du mal à se tourner vers son Créateur et Père et à le reconnaître tel qu’il est : « Esprit » (Jn 4,24) et « Amour » (1Jn 4,8.16), invisible à nos yeux de chair mais présent à notre cœur en « densité » de Vie et de Paix… Et puisqu’il ne poursuit que notre Plénitude (il nous a tous créés pour que nous partagions la sienne), c’est encore Lui qui en venant à nous, jour après jour, va nous aider à prendre conscience de nos pas malheureux qui ne nous conduisent pas au vrai bonheur, à la vraie vie… Puis il va nous aider encore à les lui offrir, et c’est Lui qui, par son pardon, effacera tout et nous donnera de connaître enfin le but de notre vie : sa Vie… Ainsi, tout vient de Lui, mais rien ne se fera sans notre « oui » libre et responsable…

2 – Jésus Lumière du monde (Jn 8,12)

            Cette déclaration arrive juste après le récit mettant en scène cette femme surprise en flagrant délit d’adultère, juste après cette phrase que Jésus lui adresse : « Je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus. » Ainsi, la Lumière dont parle Jésus est celle qui jaillit des « entrailles de Miséricorde » de notre Dieu, ce Dieu qui en Jésus Christ est venu courir après les pécheurs pour leur proposer son pardon, et avec lui, la vraie Paix, la vraie Joie, la vraie Vie (cf. Lc 1,76-79).

            Faisons deux remarques. La première : St Jean a écrit ici « Je Suis » comme dans la traduction grecque d’Ex 3,14 (relire Ex 3,13-15). Avec le Fils et par Lui, Dieu se révèle… Avec « le Verbe fait chair » (Jn 1,14) et par Lui, il se dit…

            De plus, Dieu se présente souvent dans l’Ancien Testament comme étant Lumière : Ps 27(26),1 ; 36(35),10 ; 84(83),12 ; 89(88),16 ; Ha 3,3-4 ; Is 2,5 ; 60,1 ; 60,19-20 ; Ba 5,9… En disant de lui-même « Je Suis », comme en Ex 3,14, et en reprenant cette image de la lumière, nous constatons une nouvelle fois que Jésus, indirectement, discrètement, à la « lumière » des Ecritures, se présente comme étant pleinement Dieu (cf. Jn 1,1 ; 20,28)… Mais seuls ceux qui l’accueillent de tout cœur sauront reconnaître qu’il dit vrai (cf. Mt 11,15 ; 13,9 ; 13,15-16 ; 13,43 ; Ap 2,7 ; 2,11 ; 2,17 ; 2,29 ; 3,6 ; 3,13 ; 3,22)…

            Quelle association retrouve-t-on à la fin de ce verset 12 (cf. Ps 36,10 ; Jn 1,4) ? La retrouver en combinant les versets suivants : Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Ga 5,25 ; Jn 6,63 (Bible de Jérusalem : « c’est l’Esprit qui vivifie ») ; 2Co 3,6 ; Rm 8,11. D’après Lc 4,1, de quoi Jésus est-il rempli ? Et quel est le don qu’il est venu communiquer aux hommes (cf. 1Th 4,8 ; Jn 1,33 ; 7,37-39) ? Le retrouver en associant Jn 10,10 avec Jn 6,63 ; Jn 14,27 et 15,11 avec Ga 5,22 ; Lc 12,49 avec Lc 3,16 ; Col 2,9-10 avec Ep 5,18. En quel Mystère nous entraînera-t-il alors (cf. 1Jn 1,3 ; 1Th 5,9-10 ; 1Co 6,17 ; Jn 17,20‑23) ? Pour recevoir ce « don de Dieu » (cf. Jn 4,10 ; Ac 8,19-20), quelle est la seule attitude qu’il nous demande (Reprendre les différents verbes employés en Is 45,22 ; Jr 3,12 ; Ac 2,38 ; Jn 20,31 ; Ac 5,32) ? Cette attitude est-elle accomplie une fois pour toutes ? Par quel verbe est-elle exprimée en Jn 8,12 ? Par quelle autre expression peut-on la décrire (Jn 8,51 ; 12,47 ; 14,15 ; 14,21 ; 14,23-24 ; 15,10 ; 17,6) ? Quelle autre expression Jésus emploie-t-il en Mc 13,33‑36 ? Cela revient à faire quoi d’après 1Th 5,16-22 ? Nous retrouvons ainsi l’importance de la prière, prière du cœur nourrie par l’écoute de la Parole de Dieu, car lire la Parole de tout cœur, c’est accueillir l’Esprit Saint qui se joint toujours à elle (Jn 3,34), un Esprit qui, en nous, sera Vie, Lumière et Paix… Heureux alors, bienheureux, tous ceux et celles qui l’accueillent…

                                                                                                                             D. Jacques Fournier

Correction de la fiche N°15 :

CV – 15 – Jn 8,1-12 correction

 




Fiche N°16 : La révélation de la divinité de Jésus (Jn 8,12-59)

Souvenons-nous… Au tout début de ce chapitre, les scribes et les Pharisiens ont amené à Jésus une femme surprise en flagrant délit d’adultère pour lui tendre un piège… Mais Jésus l’a déjoué et il a révélé en cette occasion « les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78). « Je ne te condamne pas », lui a-t-il dit. « Va, désormais ne pèche plus ». Et juste après il a déclaré : « Je Suis la lumière du monde »…

En effet, avec Lui et par Lui, la Lumière de la Miséricorde est venue éclairer tous les pécheurs que nous sommes… Et si nous acceptons de la recevoir, elle nous purifiera, jour après jour, et par elle le projet de Dieu sur chacun d’entre nous s’accomplira : « Que nous soyons tous saints et immaculés en sa présence dans l’Amour » (Ep 1,4). Et « être dans l’Amour », c’est « être dans la Lumière », car « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et il est aussi « Lumière » (1Jn 1,5). Nous retrouvons ainsi par ces parallèles que la Lumière dont nous parlons est celle de l’Amour. Etre dans la Lumière, c’est ouvrir son cœur à l’Amour, c’est accepter de se laisser aimer tels que nous sommes. Et cette aventure est toujours possible, car Dieu, de son côté, ne cesse de nous aimer, quelque soit l’état de notre misère. Dieu, en Jésus Christ, s’est en effet révélé comme étant « Pur Amour » : il ne désire, il ne veut, il ne cherche que notre bien… C’est ainsi que face à la misère du péché, l’Amour prend le visage de la Miséricorde qui aime le pécheur tel qu’il est, désirant encore et toujours son seul bien… Si le péché nous prive de la Plénitude de la Vie, le meilleur qu’il puisse arriver à un pécheur est de se repentir, de renoncer au mal qu’il commet pour justement pouvoir accueillir cette Plénitude dont il est privé par suite de ses fautes et que Dieu désire toujours pour Lui… C’est pourquoi le Fils est venu dans le monde comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) en proposant « le pardon des péchés » (Lc 5,20) et avec lui « la vie en surabondance » (Jn 10,10). Il suffit juste de consentir de tout cœur à ce Pur Amour, instant après instant, en se laissant aimer tels que nous sommes… Et « si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13). Alors, de pardon en pardon, de guérison intérieure en guérison intérieure, « ce qui est impossible pour les hommes » se réalisera, « car tout est possible à Dieu » (Mc 10,27)…

 

Le témoignage de Jésus (Jn 8,13-59)

Jésus vient donc de dire « Je Suis la Lumière du monde ». Pourquoi les Pharisiens, en Jn 8,13, n’acceptent-ils pas son témoignage (cf. Dt 17,6 ; 19,15 ; Nb 35,30) ? Pourtant, que ne cesse de dire Jésus (cf. Jn 8,45-46) ? Et que se passe-t-il alors (cf. Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) ? Or 1Jn 5,6 renvoie à 1Jn 5,9-10 ; conclusion (cf. Jn 5,36-38 ; 8,54). Mais pour accueillir l’action de ce dernier, que faut-il faire ? Que prouve alors le refus de croire des Pharisiens (cf. Jn 8,47) ? En quels termes Jésus en parle-t-il en Jn 8,19 ? Ils sont donc dans les ténèbres, privés de la Lumière de Dieu sans laquelle on ne peut reconnaître la Lumière…

Ces Pharisiens prétendent qu’ils sont « des fils d’Abraham » (cf. Jn 8,33.39), que Dieu est leur Père (cf. Jn 8,42), mais quel est en fait le maître à qui ils obéissent (cf. Jn 8,44) ? Noter toutes ses caractéristiques (voir aussi Jn 8,50 ; 10,10) ; puis, en en prenant systématiquement le contre pied, retrouver l’attitude qui caractérise Jésus (1 – Jn 4,34 ; 6,38-40 ; 14,31 ; 2 – Jn 10,10 ; 6,33-35 ; 6,47-48 ; 6,54.57 ; 20,30-31 ; 3 – Jn 14,6 ; 4 ‑ Jn 8,26.28-29 ; 5,19-20), et donc celle de tout fils de Dieu…

En Jn 8,21, où va donc Jésus (cf. Jn 14,12.28 ; 16,10.17.28) ? Or que désire-t-il (cf. Jn 17,24) ? Mais pour que ce désir s’accomplisse, qu’attend-il des hommes (cf. Jn 14,1) et pourquoi (cf. Lc 18,26-27 ; 15,1-7 ; 14,3) ? En effet, quel est le seul désir de Dieu (cf. 1Tm 2,3-6) ? Que va-t-il mettre en œuvre pour arriver à ses fins (cf. Jr 32,41) ? En tout ce qu’Il Est – Lui qui s’appelle « Je Suis » ! – qu’Est-il alors pour chacun d’entre nous (cf. Jn 4,42 et donc 8,51 ; Lc 1,47 ; 2,11 ; Ac 5,31 ; 13,23 ; Ph 3,20 ; 1Tm 1,1 ; 4,10 ; 2Tm 1,8-11) ? Et s’il est ainsi, qu’Est-il alors en Lui-même (cf Tt 3,4‑7 ; 1Jn 4,8.16 ; et donc 2Co 1,3) ? Que se passera-t-il donc pour celui qui refuse de s’ouvrir à la Révélation que Dieu fait de Lui-même en Jésus Christ (cf. Jn 8,24 ; 3,16-18) ?

Nous retrouvons donc ici « la Vérité » de Dieu qui vient se révéler et s’offrir en Jésus Christ à notre vérité ; si nous acceptons ainsi de faire la vérité sur nous-mêmes à la lumière de cette Vérité de Dieu, que se passera-t-il d’après Jn 8,31-36 (cf. Lc 4,18-19 ; Ga 5,1.13) ? Et de quelle Présence sera-t-elle le fruit (cf. 2Co 3,17) ? Retrouver ainsi la racine de l’expression employée en 8,32 : « connaître la vérité » (mettre ensemble Jn 17,3 ; 6,63a ; 16,13).

Noter enfin une des plus belles affirmations de la divinité du Christ en Jn 8,56-58 ; ses auditeurs hostiles ne s’y sont pas trompé : comment jugent-ils cette Parole et que font-ils aussitôt (cf. Mt 9,3 ; 26,65-66) ? Mais en agissant ainsi, que révèlent-ils à nouveau (cf. Jn 8,47 car Ps 36,10) ? Et que fera encore et toujours le Seigneur par son Eglise (cf. Ac 3,12-26) ? Comment répondra-t-il en effet à tout le mal qu’ils lui ont fait (cf. Ac 3,26) ? Car Dieu est le Père de tous les hommes, sans exception (cf. Jn 20,17‑18), et il n’a qu’un seul désir : qu’ils soient tous sauvés…

                                                                                                                     Diacre Jacques Fournier

Correction de la fiche N°16 :

CV – 16 – Jn 8,12-59 correction