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LES LETTRES D’IGNACE D’ANTIOCHE

         Ignace – dit Théophore – fut le troisième épiscope d’Antioche, succédant ainsi à Pierre (dont il fut probablement un disciple) et Évode. Né probablement dans la Province de Syrie vers 35, la majeure partie de sa destinée et de sa pensée nous est parvenue grâce à ses Lettres envoyées aux communautés d’Éphèse, de Magnésie, de Tralles, de Philadelphie, de Smyrne et enfin de Rome durant le périple le menant vers le lieu supposé de son martyre. Il fut en effet arrêté et jugé à Antioche puis mené sous escorte à Rome pour y être exécuté dans l’arène sous le règne de l’Empereur Trajan (vers 107).

         Rédigées à la hâte, sans véritable plan, les Lettres d’Ignace représentent pour les historiens mais également pour les croyants un trésor inestimable. Diverses préoccupations s’en dégagent, notamment la réflexion sur l’organisation naissante de l’Église, la fidélité à l’épiscope, la lutte contre les déviances et l’aspiration au martyre dont il ne souhaite pas être délivré. De nombreux débats subsistent encore à l’heure actuelle au sein de la recherche historique quant à l’authenticité de certains de ses écrits, bien qu’ils soient attestés par Polycarpe de Smyrne son contemporain et par Eusèbe de Césarée. Il n’en demeure pas moins que la plus touchante de ces Lettres, celle aux Romains, est considérée de manière unanime comme valable. Ignace y développe son ardent amour pour le Christ et demande aux fidèles de Rome de ne pas intercéder dans le déroulement du dessein divin le concernant. Il s’agit là de l’un des plus anciens témoignages explicites relatifs aux persécutions dont sont victimes les Chrétiens au début du IIè siècle. Parmi les thèmes abordés, on retiendra également la question des « judaïsants », à savoir les croyants persistant dans les usages ancestraux de la Loi de Moïse, ainsi que celle du « docétisme », croyance très ancienne soulignant la divinité du Christ et le refus de sa souffrance charnelle lors de la Passion (croyance encore présente de nos jours dans l’Islam).

         Les Lettres d’Ignace d’Antioche sont une lecture incontournable, que ce soit pour les esprits avides de recherche historique ou pour les cœurs avides de consolider leur foi et ce de manière intemporelle.

Bibliographie élémentaire

  • Ignace d’Antioche – Polycarpe de Smyrne, Lettres – Martyre de Polycarpe, P.-T. Camelot (éd. et trad.), Sources Chrétiennes, Le Cerf, Paris, 2007.

  • R. JOLY, Le Dossier d’Ignace d’Antioche, Bruxelles, 1979.

 

 

Extraits

 

Abstenez-vous de ces plantes vénéneuses (celles de l’hérésie) : Jésus-Christ ne les cultive pas parce qu’elles n’ont point été plantées par le Père… Tous ceux qui appartiennent à Dieu et à Jésus-Christ restent unis à l’évêque ; et tous ceux que le repentir ramène dans l’unité de l’Église appartiendront, eux aussi, à Dieu, pour vivre selon Jésus-Christ.

Aux Philadelphiens 3 1-2.

Je vous en prie, inspirez-vous toujours dans votre conduite, non de l’esprit de discorde, mais de la doctrine du Christ. J’ai entendu dire à certaines gens : « Ce que je ne trouve pas dans nos archives, je ne l’admets pas dans l’Évangile ». Et quand je leur disais : « Mais, c’est écrit », ils me répondaient : « Là est justement toute la question ». Mes archives à moi, c’est Jésus-Christ ; mes inviolables archives, c’est sa croix, sa mort, sa résurrection et la foi dont il est l’auteur. Voilà d’où j’attends, avec l’aide de vos prières, d’être justifié.

Aux Philadelphiens 8, 2.

 

Mon but est de vous mettre en garde contre les bêtes féroces à figure humaine, que non seulement vous ne devez pas accueillir, mais dont vous devez même, si c’est possible, éviter la rencontre, vous contentant de prier pour leur conversion, chose d’ailleurs bien difficile, mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence que notre Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors, pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?… C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout et c’est lui qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.

Aux Smyrniotes 4.

Contentez-vous de demander pour moi la force intérieure et extérieure, pour que je sois chrétien, non seulement de bouche mais de cœur ; non seulement de nom mais de fait, car si je me montre chrétien de fait, je mériterai aussi ce nom, et c’est quand j’aurai disparu de ce monde que ma foi apparaîtra avec le plus d’éclat. Rien de ce qui se voit n’est bon : même notre Dieu, Jésus-Christ ne s’est jamais mieux manifesté que depuis qu’il est retourné au sein du Père. Le christianisme, en butte à la haine du monde, n’est plus objet de persuasion (humaine) mais œuvre de puissance.

Aux Romains 3, 1-2.

Laissez-moi devenir la pâture des bêtes : c’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu. Je suis le froment de Dieu et je suis moulu par, la dent des bêtes pour devenir le pain immaculé du Christ. Caressez-les plutôt, afin « elles soient mon tombeau et qu’elles ne laissent rien subsister de mon corps, mes funérailles ne seront ainsi à charge à personne.

Aux Romains 4, 1-2.

De même que le Seigneur n’a rien fait, ni par lui-même, ni par ses apôtres, sans son Père avec lequel il est un, ainsi, vous non plus, ne faites rien sans l’évêque et les presbytres. C’est en vain que vous essaierez de faire passer pour raisonnable une action accomplie à part vous, faites donc tout en commun : une même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance animés par la charité dans une joie innocente. Tout cela, c’est Jésus-Christ au-dessus duquel il n’y a rien… Accourez tous vous réunir dans le même temple de Dieu, au pied du même autel, en Jésus-Christ un, qui est sorti du Père un et qui demeurait dans l’unité du Père et qui est retourné à Lui.

Aux Magnésiens 7.




Carême 2019 : Retraite spirituelle en ligne…

Du 6 mars au 28 avril, l’équipe du Sedifop vous propose sur « jevismafoi.com » un temps de retraite spirituelle sur le thème : « Croyez à la Bonne Nouvelle » : il suffit d’aller sur « jevismafoi.com », de cliquer sur « nous contacter » et de nous donner votre adresse mail. Nous nous engageons bien sûr à ne communiquer votre adresse à aucune autre structure… Vous recevrez alors gratuitement tous les matins une petite méditation… Bon carême à vous avec ce Christ Sauveur dont toute la Joie consiste à nous arracher à nos ténèbres et à nos tristesses!




2ième Dimanche de Carême (Luc 9, 28-36) :  « Seigneur, quand te verrai-je face à face ? » (Francis Cousin)

« Seigneur, quand te verrai-je face à face ? »

Cette antienne du psaume 41 est bien connu, et beaucoup aimerait qu’elle se réalise bien avant leur mort. C’est tout ce qu’on peut leur souhaiter.

C’est ce qu’ont vécu les trois apôtres qui accompagnaient Jésus sur la montagne du Thabor. Jésus étant en prière, « son visage devint autre » et il parlait avec Moïse et Elie. Pierre, Jean et Jacques, bien qu’accablés par le sommeil « virent la gloire de Jésus et les deux hommes à ses côtés ».

Voir Jésus dans sa gloire, avec son corps glorieux, son corps de ressuscité !

Une vision surprenante, inattendue, mais paisible, tellement que Pierre veut qu’elle dure et qu’il propose de planter trois tentes …

Une vision qui éblouit, mais qui fascine …

Comme certaines rencontres qu’on peut avoir avec des personnes « qui respirent Dieu », qui « vivent de Dieu ». Et on ne peut que souhaiter que chacun puisse rencontrer au moins une de ces personnes.

J’en ai rencontré une il y a plus de quarante ans. J’étais en vacances en Bretagne, seul, et j’avais décidé d’aller à l’abbaye de Boquen. Je pensais y trouver des moines, et en entrant dans l’abbatiale, j’y trouvais des sœurs, agenouillées dans le chœur avec quelques laïcs. C’était le début des vêpres. J’avançais jusqu’au premier banc et m’associais à leur prière. Quelle ne fut pas ma surprise de voir une sœur se lever et venir vers moi en souriant, me demandant de venir avec elles dans le chœur. Je refusais en disant que je peux prier avec elles d’où je suis et que je ne voulais pas déranger. Mais elle insista tellement que je la suivis.

Les vêpres terminées, tout le monde sortit et je m’apprêtais à partir quand la même sœur vint vers moi en sautillant, et me posant quelques questions. Elle avait un visage souriant plein de joie, « plein d’amour et de miséricorde », et ses yeux reflétaient la bonté de Dieu. Elle donnait à voir Dieu.

Est-ce que je la voyais de manière différente que celles des autres personnes présentes ce jour-là ? Je ne sais. Sans doute oui. Et encore maintenant, je revois ses yeux. Elle était tellement heureuse d’être avec Dieu. On en voit si peu que cela marque.

C’est peut-être ce qui est arrivé aux trois apôtres : ils ont vu le Christ, et ils l’ont décrit tel qu’ils l’ont perçu, tel que l’Esprit Saint leur a permis de le voir, comme la beauté d’amour et de miséricorde du Fils de Dieu.

Comme sans doute certains ’’guéris’’ par Jésus l’ont vu. Ce qui leur a permis de changer de vie, ou plutôt de lui donner une nouvelle orientation, éclairée par la bonté et la beauté du Fils de Dieu, comme par exemple Bartimée et Zachée …

On remarquera que les trois apôtres choisis par Jésus l’ont été parmi les « quatre premiers disciples » (dans les évangiles synoptiques), et qu’ils étaient avec lui dans des moments particuliers : la ’’guérison’’ de la fille de Jaïre où Jésus montre sa supériorité sur la mort, la transfiguration où Jésus se montre comme Fils de Dieu et continuateur de l’Ancien Testament, à Gethsémani où Jésus montre sa faiblesse humaine et son acceptation de la mission donnée par son Père…

Manque le quatrième : André !

Mais peut-être que celui-ci n’avait pas besoin de VOIR Jésus dans ces moments-là, car il avait tout compris dès le départ. Il avait vu et compris Jésus dès son premier contact : « Venez et voyez » (Jn 1,39). Pour preuve, en rencontrant son frère Simon-Pierre, il lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1,41)

Dieu se donne à voir, par lui-même, avec l’aide de l’Esprit-Saint.

Mais c’est très rare qu’il le fasse de lui-même.

En fait, il compte sur nous, les Chrétiens.

C’est nous qui devons refléter auprès des autres « l’amour et la miséricorde de Dieu », qui devons refléter le visage glorieux de Jésus.

C’est nous qui devrions avoir « une gueule de Ressuscité » comme disait le père Bernard Régnier !

Malheureusement, nous en sommes souvent loin.

C’est l’occasion pour nous, pendant ce temps de carême, de « rentrer en nous-même pour retourner vers le Père » (cf la parabole du fils prodigue Lc 15,17), et de nous convertir en profondeur.

Saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : « Regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons ». Dieu se donne à voir.

Seigneur Jésus,

Tu te montres aux apôtres

 tel que tu es depuis toujours,

dans ton corps glorieux.

D’autres, comme eux, t’ont vu ainsi,

et en sont totalement transformés :

c’est toi qui vit en eux.

Puissions-nous devenir comme eux,

pour ta gloire et le salut du monde.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim carême C 2° A6

 




« C’est Lui qui m’as aimé le premier alors que je n’avais rien fait pour mériter son amour » (Jacques Fesch)…

Jacques Fesch est né le 6 avril 1930 dans une famille bourgeoise à St Germain en Laye. Son adolescence et sa jeunesse sont très désordonnées… Il a le projet de faire le tour du monde en bateau mais il sait que son père refusera de lui donner l’argent nécessaire. Il décide alors de braquer un marchand d’or mais l’agression tourne mal. En fuite, paniqué, ayant perdu ses verres de contact, il tire au jugé à travers la poche de son imperméable vers un policier et le tue d’une balle en plein cœur. Nous sommes le 25 février 1954. Rattrapé, emprisonné, jugé, il sera guillotiné trois ans plus tard le 1° octobre 1957. Mais il va rencontrer le Christ en prison, et son témoignage, paru dans le livre « Dans cinq heures, je verrai Jésus » est d’une incroyable beauté. En voici quelques extraits en lien avec cette démarche de conversion à laquelle nous sommes tous invités pendant ce temps de carême…

 

« Oui, c’est lui qui m’a aimé le premier alors que je n’avais rien fait pour mériter son amour…

J’essayais de croire par la raison, sans prier ou si peu ! Et puis, au bout d’un an de détention, il m’est arrivé une douleur affective très forte qui m’a fait beaucoup souffrir et brutalement, en quelques heures, j’ai possédé la Foi, une certitude absolue. J’ai cru et ne comprenais plus comment je faisais pour ne pas croire. La grâce m’a visité, une grande joie s’est emparée de moi et surtout une grande paix. Tout est devenu clair en quelques instants. C’était une joie sensible très forte que j’ai peut-être trop tendance à rechercher maintenant alors que l’essentiel n’est pas l’émotion, mais la foi »…

« Je sens maintenant une nouvelle force en moi, une certitude absolue que mon seul salut et devoir est de me donner entièrement à son Amour. Mais j’y arrive encore bien mal ; il est dur de se désengluer de tous ses vices »…

« Voici que Dieu est maintenant le seul qui compte. Il est au centre du monde… Il m’envahit tout entier et ma pensée ne peut plus éviter Sa rencontre. Une main puissante m’a retourné. Où est-elle, que m’a-t-elle fait ? Je ne sais, car son action n’est pas comme celle des hommes, elle est insaisissable et elle est efficace ; elle me contraint et je suis libre, elle transforme mon être et je n’ai pourtant pas cessé de devenir ce que je suis. Puis la lutte est venue, silencieusement tragique entre ce que je fus et ce que je suis devenu. Car la créature nouvelle qui a été greffée en moi implore de moi une réponse à laquelle je reste libre de me refuser. J’ai reçu le principe, il me faut passer aux conséquences. Mon regard a changé, mais mes habitudes de pensée et de conduite n’ont pas changé : Dieu les a laissées là où elles étaient. Il me faut abattre, adapter, reconstruire les installations intérieures et je ne puis être en paix que si j’accepte cette guerre. Je suis moi-même émerveillé et étonné du changement que la grâce a opéré en moi. Comme le dit Claudel, « l’état d’un homme qu’on arracherait d’un seul coup de sa peau pour le planter dans un corps étranger, au milieu d’un monde inconnu », est la seule comparaison que je puisse trouver pour exprimer cet état de désarroi complet. J’ai trouvé la paix, mais en même temps la lutte, lutte perpétuelle qui me fait progresser et plus je progresse, plus je m’aperçois de ma misère et du chemin infini qu’il me reste à parcourir. Si je reste stationnaire, je redescends. Dans cette expérience principale qui vient de bouleverser ma vie, je découvre pour finir une exigence permanente de réforme spirituelle. La conversion engendre un esprit, et cet esprit m’apprend que la religion n’est pas le confort, mais qu’elle sera toujours en un sens une conversion. Mais Dieu est là ; en Lui, j’ai la force d’apercevoir et d’accomplir ce que je dois être, à son image. Il associe ma prière à Sa volonté. La vocation qu’il me donne suscite une invocation que je lui adresse ».




1er Dimanche de Carême (Luc 4, 1-13) : « « Les tentations de Jésus. » (Francis Cousin)

« Les tentations de Jésus. »

 

La vie de tout homme est parsemée de tentations. Nous sommes tous tentés à un moment ou à un autre … et parmi ces tentations, il y en a de bonnes, qui sont sans doute agrées par Dieu (à chaque fois que nous sommes tentés par un métier, un engagement, une expérience … dans le but de servir les autres humains, pour le bien commun) et il y en a de mauvaises, suggérées par le Démon, le diable, et là il n’y a pas besoin d’expliquer, tout le monde connaît …

Et Jésus, vrai Dieu et vrai homme, a eu aussi des tentations, et sans doute pas seulement celles dont l’évangile d’aujourd’hui nous parle. Mais il n’est pas « entré dans ces tentations » parce qu’il était toujours en lien avec son Père et avec l’Esprit.

Après son baptême où l’Esprit vint sur lui et la voix du Père le reconnu comme son Fils, Jésus, « rempli d’Esprit Saint » fut conduit au désert, pendant 40 jours.

Quarante jours, c’est plus qu’une lunaison, plus qu’un mois, un nombre qui rappelle le nombre d’années pendant lesquelles les hébreux ont erré dans le désert après être sortis d’Égypte avant d’atteindre le « pays ruisselant de lait et de miel » (1° lecture). Temps nécessaire pour passer de l’esclavage à la liberté. Mais c’est aussi le temps qu’a passé Moïse au sommet du Mont Sinaï, sans manger ni boire, avant que ne soient écrits les 10 commandements de Dieu, la Loi qu’on appelle de Moïse. Jésus, nouveau Moïse, accomplira cette loi en y ajoutant une loi nouvelle : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).

Et pendant ces « quarante jours, Jésus fut tenté par le diable ».

La tentation pour Jésus a été permanente pendant ces quarante jours, mais il était tellement en accord avec son Père que cela ne l’a pas tellement gêné. Mais au bout de quarante jours, « Il eut faim ». Il commence à ressentir un sentiment de manque de nourriture., et cela le tenaille. Et le diable, qui était toujours après lui, ne manque pas l’occasion de le tenter une nouvelle fois.

Et le diable s’y prend de la même manière qu’avec Ève, en amenant la suspicion de celui qu’il veut tenter : « Si tu es le fils de Dieu … ». Il installe le doute chez Jésus qui est en manque de nourriture, comme il le fait subtilement avec nous quand nous sommes faibles, car le diable, comme tous les malfaisants, ne s’attaque qu’aux faibles, ou ceux qui paraissent tels.

Mais ce n’est pas le cas avec Jésus, car, même si on n’en entend plus parler, l’Esprit Saint qui a conduit Jésus au désert ne l’a pas abandonné, il est toujours avec lui, pour l’aider dans ses moments de faiblesses, car « L’esprit vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8,26).  Par trois fois, le diable va tenter Jésus en utilisant à chaque fois une des trois grandes manières qui peuvent nous faire tomber ses griffes :

La tentation de l’avoir, à la quantité que je veux : avoir du pain avec des pierres, avoir … ne penser qu’à soi, peu importe les autres, simplement moi, moi …

La tentation de la puissance, du pouvoir : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire sur ces royaumes … si … ». Beaucoup sont prêts à avoir du pouvoir, sans tenir compte du « … si … », et bien souvent on n’entend même pas le « si ».

La tentation du paraître, une des pires choses qui existe actuellement dans notre monde … Tout le monde veut montrer qu’il est supérieur aux autres, qu’il a plus que… qu’il a la plus grande … Moi je peux, pas toi … Égoïsme encore une fois. Et là encore on est prêts à passer sur les « … si … ».

Et par trois fois l’Esprit soufflera à Jésus la phrase du Deutéronome qui clouera le bec au diable.

Mais nous, est-ce que nous sommes capables de clouer le bec au diable ?

Peut-être parfois … mais il faut bien reconnaître que la plupart du temps, on se fait avoir. On ne résiste pas à la tentation, surtout quand elle est bien présentée … et le diable excelle dans la présentation des choses …

Il y a une chose qui peut nous aider à mettre à bas le diable : suivre la Parole de Dieu, et spécialement celle de l’évangile du mercredi des cendres : « Quand tu fais l’aumône … tu pries … tu jeûnes … fais-le dans le secret, car ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,4.6.18). Cela nous débarrasse déjà du ‘paraître’. Et si en plus, on jeûne, c’est-à-dire qu’on se satisfait de ce qu’on a, sans vouloir plus, et même en voulant moins … cela nous aide dans les trois sortes de tentation. Et enfin, et surtout, si on prie, si on a, comme Jésus, une relation particulière avec Dieu, alors on sera sauvé (cf 2° lecture).

Et il faut toujours avoir à l’esprit cette phrase du Notre Père « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre –nous du Mal ». Mal avec une majuscule, comme Malin, comme Démon, comme Satan, comme Diable …

Comme Jésus le dit : « Cette espèce-là (ce diable), rien ne peut le faire sortir, sauf la prière » (Mc 9,29).

Seigneur Jésus,

de cette épisode de la tentation

que tu as subis au désert,

nous pouvons retenir au moins trois choses :

qu’il est important de connaître la Parole de Dieu,

qu’il est bon de jeûner pour purifier notre esprit,

que nous devons toujours être en contact

avec ton Esprit Saint par la prière.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim carême C 1° A6

 




Audience Générale du Mercredi 27 février 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 27 février 2019


Frères et sœurs, la prière du « Notre Père » est composée de sept demandes, facilement divisibles en deux sous-groupes. Avec les trois premières, Jésus nous fait entrer dans ses désirs, tous tournés vers le Père, alors que, dans les quatre autres demandes, c’est lui qui entre en nous et se fait l’interprète de nos besoins. Là se trouve la matrice de toute prière chrétienne : la contemplation de Dieu et de son mystère, d’une part, et de l’autre, une sincère et courageuse demande de ce qui nous est nécessaire pour vivre, et vivre bien. Point n’est besoin de vaines paroles pour parler avec Dieu : le premier pas de la prière chrétienne est toujours de s’en remettre à Dieu, à sa providence, car il connaît notre cœur mieux que nous-mêmes. Ainsi, la confiance nous conduit à demander ce dont nous avons besoin, sans angoisse ni agitation. C’est pour cela que nous prions en disant, « que ton nom soit sanctifié ». En demandant avec Jésus, que Dieu le Père soit reconnu par tous et adoré pour ce qu’il est vraiment, nous prions aussi pour que la sainteté de Dieu soit manifestée par notre vie et dans le monde. Car la sainteté de Dieu est une force en expansion ; elle s’élargit en cercles concentriques. Voilà pourquoi la prière chasse toute peur. Une chose est sûre : l’Esprit travaille en secret pour la rédemption du monde et les jours du mal sont comptés !

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus du Canada, de Suisse et de France. Je salue les groupes de plusieurs diocèses et de paroisses françaises, en particulier ceux du diocèse de Belley-Ars et de Brazzaville avec Mgr Roland, du diocèse de Poitiers avec Mgr Wintzer, de la paroisse de Porto-Vecchio ; en outre, je salue tous les jeunes présents, en particulier ceux du diocèse de Créteil avec Mgr Santier. Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à manifester par toute notre vie la sainteté de Dieu et à rendre son nom présent dans le monde. Que notre prière nous permette ainsi de grandir dans la confiance en Dieu, en sa providence. Que Dieu vous bénisse !

 




« Accompagnement des familles en deuil » (Carmel, 23/02)

Animée par Noéline Fournier, la première rencontre mensuelle sud (d’une série de neuf) a eu lieu au Carmel des Avirons…




Cycle Long « Etang Salé les Hauts » (23/02)

Ce samedi, le Groupe Cycle Long « Etang Salé – Samedi » s’est retrouvé pour la première fois de l’année dans la superbe salle paroissiale du Pèlerin : Josie Gasp et son équipe ont accueilli une cinquantaine de participants, avec P. Loïc Prugnières comme intervenant biblique…

 

 




8ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

8e dimanche ordinaire – Année C – Luc 6 39–45

Dans l’Évangile de Matthieu, l’image de l’aveugle s’applique aux Pharisiens qui prétendaient « guider » les autres, alors qu’ils étaient eux-mêmes aveugles et égaraient leur peuple. Car ce qu’ils faisaient, ce n’était pas la volonté de Dieu. Chez Luc, l’aveugle désigne surtout les disciples et les responsables des communautés chrétiennes qu’il invite à plus de lucidité. Puisque nous sommes tous disciples, nous sommes amenés à « guider » quelqu’un, que ce soit un membre de la famille, des jeunes, des couples, dans le milieu du travail, etc…nous avons tous vocation à « guider ». Et c’est là que commencent les problèmes. Car pour guider, il vaut mieux ne pas être aveugle. Et on peut être aveugle à cause de la poutre qu’on a dans les yeux, et qu’on ne s’en aperçoit pas. Dans ce cas, on finira tous dans le fossé. Pour guider, il faut de nombreuses qualités : être attentif au bien des autres, savoir les écouter, avoir des connaissances, être bien formé et informé, avoir un minimum de sagesse et bien d’autres qualités. Et sur le plan spirituel, en tant que chrétien, nous devons avoir surtout une foi inébranlable en Jésus Christ, sachant que nous ne pouvons rien faire sans lui. Car c’est lui qui nous envoie l’Esprit Saint qui nous anime et qui nous fait en mouvement.

« Ôter la poutre de notre œil », l’expression peut être prise comme un reproche dont on ne veut pas entendre, mais si on veut progresser dans la foi, nous devons regarder cette poutre de plus près, et même à la loupe, car nous avons un énorme travail à faire en nous-mêmes pour combattre nos propres défauts, nos propres péchés qui nous détruisent, nous et les autres, souvent même sans en avoir conscience. Alors que nous avons de grosses difficultés à regarder nos propres défauts, les saints sont les premiers à reconnaître qu’ils sont vraiment tout petits devant Dieu, et bien loin de la perfection. Voici ce que l’abbé Pierre Descouvemont dit du Saint Curé d’Ars (Guide des difficultés de la foi catholique – P.482 : “En 1822, Dieu lui avait donné une très vive conscience de sa propre misère. « Il en fut si effrayé qu’il pria le Tout-Puissant de répandre une lumière moins vive sur son âme, de crainte d’avoir des pensées de désespoir. » C’est pourquoi il dira un jour à la baronne de Belvey : « Ne demandez pas à Dieu la connaissance totale de votre misère. Je l’ai demandée une fois et je l’ai obtenue. Si Dieu ne m’avait alors soutenu, je serais tombé à l’instant même dans le désespoir». Ne nous croyons pas plus saint que le saint Curé d’Ars. Et c’est justement parce qu’ils sont si proches de Dieu qu’ils reconnaissent plus vite leurs propres défauts et péchés. La grande lumière du Christ leur fait voir leur moindre défaut.

Je vous donne un exemple : Catalinas Rivas, une Bolivienne, ayant reçu les stigmates en 1994, a des visions de la Sainte Vierge à la sainte messe. Tous les messages qui lui ont été dit par Jésus ont été rassemblés en huit livres qui ont reçu l’imprimatur de l’archevêque de Cochabamba. A la messe, au rite pénitentiel, la Vierge lui dit : « du fond de ton cœur, demande au Seigneur de pardonner tes fautes qui L’ont offensé. De cette façon, tu seras en mesure de participer dignement au privilège d’assister à la Sainte Messe ». Catalina, en une fraction de seconde, se dit en elle-même : « Bien sûr que je suis en état de grâce avec Dieu car je me suis confessée hier soir ». La Sainte Vierge lui répondit alors : « Penses-tu que depuis hier soir, tu n’as pas offensé le Seigneur ? Laisse-moi te rappeler certaines choses. Quand tu es partie pour venir ici (à la messe), la fille qui t’aide s’est approchée de toi pour te demander quelque chose, et puisque tu étais en retard et pressée, tu n’as pas été très délicate dans ta façon de lui répondre. Il y avait un manque de charité de ta part et tu dis que tu n’as pas offensé Dieu… – Alors que tu étais en route pour venir ici, un autobus a empiété sur ta ligne et t’a presque frappée. Tu t’es exprimée d’une façon peu recommandable contre ce pauvre homme plutôt que de dire tes prières et te préparer pour la messe. Tu as manqué de charité et tu as perdu ta paix et ta patience. Et tu dis que tu n’as pas offensé le Seigneur ? Tu arrives à la dernière minute quand la procession du célébrant est déjà en route pour célébrer la messe…et tu vas participer sans t’être préparée ». Et La Sainte Vierge continue (P.15) : « Pourquoi devez-vous tous arriver à la dernière minute : Tu aurais dû arriver plus tôt pour être capable de prier et demander au Seigneur d’envoyer son Esprit Saint pour qu’Il t’accorde un esprit de paix et te purifie de l’esprit du monde, de tes préoccupations, tes problèmes et tes distractions afin de te permettre de vivre ce moment si sacré. Pourtant, tu arrives presqu’au moment où la célébration est sur le point de commencer et tu participes comme s’il s’agissait d’un événement ordinaire, sans aucune préparation spirituelle. Pourquoi ? C’est ici le plus grand des Miracles. Tu vas vivre le moment où le Dieu Très haut donne son plus grand cadeau et tu ne sais pas comment l’apprécier ». Et voilà un bon nombre de fautes commises rien qu’en venant à la sainte Messe, et tout se passe en quinze ou vingt minutes, le temps de quitter la maison pour arriver à la messe. Ce sont tous des poutres dans notre œil. Nous devons passer au peigne fin notre propre vie. Bon nombre de choses que nous faisons ne plaisent pas à Dieu par exemple : « travailler le dimanche ». Deux livres nous le déconseillent vivement : 1 – « Le Manuscrit du Purgatoire » P.39 (Imprimatur) où il est dit « Si vous voulez faire plaisir au Bon Dieu, ne faites rien le dimanche. Priez le plus que vous pourrez, c’est tout » ; 2 – « Gloria Polo a frôlé l’Enfer » (un livret de 46 pages, et 3mm d’épaisseur). Gloria Polo, une dentiste, Colombienne de Bogota, a témoigné à Fatima en 2007. Elle dit (P.40) : « Par le Troisième Commandement, Dieu nous ordonne de célébrer par le culte divin les jours de fête, c’est-à-dire les jours qui lui sont consacrés et de nous abstenir des occupations et des travaux corporels. Outre l’assistance à la messe, il convient que, les dimanches et fêtes de précepte, le chrétien s’adonne selon son pouvoir aux œuvres de piété et de religion, surtout en assistant aux cérémonies religieuses, aux prédications et au cours d’enseignement religieux » (P.41 du livret « Gloria Polo a frôlé l’Enfer »). Toutes ces actions ont de l’importance pour Dieu et nous en faisons peu de cas. Et c’est comme çà tout le long de la journée car nous n’avons pas Dieu en permanence en notre esprit. C’est la raison pour laquelle il faut prier en permanence quelque soient nos actions ou nos occupations, pratiquez la prière continuelle et vous verrez vous-mêmes les résultats en votre intérieur. La poutre existera sans doute encore, mais elle sera sûrement de moins en moins grosse. Parce que, par la prière continuelle, l’Esprit de Dieu sera aussi en nous en permanence et nous serons mieux armés pour le combat spirituel.

Verset 40 : « Tout disciple accompli, c’est-à-dire bien formé, sera comme son Maître ». On ne peut pas faire une chose et son contraire. Il faut être encore logique. Un aveugle peut-il guider un aveugle? se demande Luc. Guider des personnes, guider un peuple est une vocation. Concernant la crise des vocations, voici l’avis de deux personnages qui en parlent en connaissance de cause : un évêque irlandais, Mgr Seanus Hegarty qui faisait ce constat en 1990 (P.321 – l’Eucharistie à l’école des saints »): « Dans mon séminaire, sur 20 séminaristes, 19 proviennent de paroisses qui ont l’adoration perpétuelle » ; et Mère Térésa fera le même constat : (P.23-24 – l’Eucharistie à l’école des saints ) : « Depuis que nous avons introduit cette modification dans notre emploi du temps (30H d’adoration devant le Saint Sacrement au lieu de 4 H par mois), … le nombre de vocation a doublé chez nous ». Et on peut encore trouver d’autres témoignages de ce genre. Prier devant le saint Sacrement est important non seulement pour les vocations, mais aussi pour toutes les paroisses, pour les prêtres du monde entier et pour l’Eglise.

Les Evangiles nous disent qu’il faut prier et « prier sans cesse ». Tous les grands noms de la spiritualité nous rappellent l’importance du Rosaire. Combien, mise à part les groupes du Rosaire, sommes-nous à « prier sans cesse » et à dire le Rosaire soit 4 chapelets par jour ou même un chapelet par jour. Peut-être qu’on peut les compter sur les doigts d’une seule main. Si nous disons aux gens qu’il faut venir à la messe, et aux Colimaçons nous avons de très belles messes, une des plus belles chorales de l’île selon les dires des étrangers, de nombreux lecteurs et servants d’autel, une belle procession d’entrée, tout cela c’est très bien. Mais ce n’est pas suffisant si nous nous basons uniquement sur l’aspect extérieur de la messe, sur sa partie visible, car nous savons bien que ce qui compte c’est que chaque fidèle soit centré sur le Christ, et uniquement sur Lui, et c’est ce qu’il y a dans le cœur de chacun qu’il faut améliorer afin d’éliminer et la poutre et la paille. Il faut désirer s’unir au Christ du fond du cœur. Sinon la plus belle messe ne servira pas à grand-chose. Il faut se recentrer sur le Christ avec une grande sincérité, c’est ce qu’on appelle la « communion spirituelle ». Jean Paul II le disait dans son encyclique Redemptor Hominis (cité en P.9 dans « L’Eucharistie à l’école des saints » – Nicolas Buttet) : « Tous dans l’Église, mais surtout les évêques et les prêtres doivent veiller à ce que ce sacrement d’amour (l’adoration eucharistique) soit au centre de la vie du peuple de Dieu pour qu’on agisse, à travers toutes les manifestations du culte qui lui est dû, de manière à rendre au Christ « amour pour amour » et qu’il devienne vraiment la vie de nos âmes ». Et Nicolas Buttet conclue (P.9) : « Que d’indifférence devant le tabernacle et durant la messe, particulièrement à ce moment précis où l’Amour descend. Pourtant, le monde ne vit que par ce grand miracle: un bout de pain qui devient Dieu ». Et il n’a pas regardé si la messe est belle ou non, car il faut surtout veiller à « se centrer sur le Christ », pour que chacun participe à la messe avec cœur, toujours en lien avec le Christ, avec l’aide de l’Esprit Saint et de Marie pour la gloire du Père, car toute la messe est dédiée au Père, en présence de toute l’Eglise céleste. Nous avons tous besoin de beaucoup de prières pour que le Seigneur soit avec nous tous les jours de la vie, et à chaque moment de la journée. C’est bien le cœur des gens qu’il faut améliorer, et plus exactement chaque chrétien doit améliorer son propre cœur en s’unissant véritablement au Christ. Et pour cela, il faut absolument cesser de regarder les autres, de se comparer aux autres car dans la comparaison c’est presque toujours pour dire que l’autre est toujours moins bien que moi, que dans l’œil de l’autre il y a toujours la poutre et non pas dans le mien. Notre devoir de chrétien est de faire en sorte que la poutre disparaisse en chacun de nous ou tout au moins qu’elle diminue, et qu’elle devienne paille, pour mieux la faire disparaître ensuite par la grâce divine et avec l’aide de notre Sainte Mère, Marie car c’est par elle que nous viennent toutes les grâces divines.




8ième Dimanche du Temps Ordinaire (Luc 6, 39-45) : « Une fois bien formé, chacun sera comme son maître. » (Francis Cousin)

« Une fois bien formé,

chacun sera comme son maître. »

 

Jésus nous surprendra toujours. Il parle en parabole « parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre » (Mt13,13), mais aux disciples « il vous est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux » (Mt 13,11 ». La question qu’on peut se poser : faisons-nous partie des disciples, en tant que baptisés … ou croyons-nous en faire partie …

Observons la pédagogie de Jésus dans le passage de l’évangile de ce jour.

Il commence par une question toute simple « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? ». La réponse est évidente pour tout le monde : c’est impossible sur une longue distance sous peine de chute. Et on se pose la question : « Pourquoi dit-il cela ? Où veut-il nous emmener ? ».

Puis il parle de paille et de poutre. Là, on commence à comprendre : celui qui voit la paille dans l’œil de son camarade, qui pense donc bien voir puisqu’une paille, ce n’est pas grand, c’est même très petit, insignifiant, puisqu’elle peut être emporté par le vent, et cela n’a pas de valeur, puisqu’on la brûle « au feu qui ne s’éteint pas » (Lc 3,17), est en fait un aveugle-voyant puisqu’il ne voit pas la poutre dans son œil.

Mais qui s’amuse à regarder dans l’œil de son camarade ? Je dirai tout le monde (ou presque…), à chaque fois que l’on commet un commérage sur quelqu’un, un ‘la dit la fait’ comme on dit, qu’on se permet de juger le comportement d’un autre. Oh bien sûr, des fois, on le fait « pour leur bien », « parce qu’on pense qu’il s’égare, ou s’écarte de la Parole de Dieu », « parce qu’il est marqué dans l’Évangile :’’ Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.’’ (Mt 18,15) » … et on oublie tout le temps qu’on n’est pas meilleur que lui, … et que Dieu seul peut juger.

Et si l’autre est comme moi, nous sommes deux aveugles … qui ne peuvent servir de guide l’un pour l’autre.

Troisième étape : l’arbre et ses fruits.

Si l’arbre est bon, le fruit est bon. Si l’arbre est pourri, le fruit est pourri. Nous sommes l’arbre, et nos actions sont le fruit du « trésor de notre cœur ».

Dit autrement, si nous sommes bon, nos actions sont bonnes, et si nous sommes mauvais, nos actions sont mauvaises ! Cela peut sembler un peu abrupte, et sans doute faudrait-il nuancer quelque peu. Et ce qui sort de notre cœur, cela se manifeste principalement par la parole (et parfois par des manifestations physiques outrancières). Jésus avait déjà dit quelque chose d’un peu semblable : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » (Mt 15,11). On comprend mieux la parole de la première lecture : « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé ».

Mais il y a quelque chose qu’on ne comprend pas, face à cette succession de paroles qui nous semble plus ou moins évidentes, c’est comment on fait pour tirer du « bien du trésor de notre cœur » ?

C’est alors qu’il faut revenir à cette petite phrase qui nous semble arrivée comme un cheveu sur la soupe : « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. »

Une fois bien formé … Qui nous forme ?

Celui qui nous forme, c’est Jésus, par sa Parole. C’est lui qui nous devons écouter, c’est sur lui que nous devons rester greffés, lui, la vigne dont nous sommes les sarments : « De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,4-5).

Nous sommes tous des aveugles si nous sommes laissés à nous-même. Même avec une formation : Les disciples d’Emmaüs avaient suivi l’enseignement de Jésus … mais Jésus mort, ils quittent Jérusalem tout perdus. Même après la rencontre avec Jésus qui les rejoint sur le chemin, ils sont encore déprimés. Il leur faudra attendre le moment de la fraction du pain pour qu’ils le reconnaissent et que la lumière jaillisse dans leur cœur : c’est Jésus ressuscité qui est là devant eux !

Et pour nous, c’est pareil : il nous faut la rencontre avec Jésus ressuscité pour que nous voyons clair en nous, dans notre cœur, que la lumière jaillisse en nous ! Et même plus : nous avons besoin de l’Esprit Saint en nous, comme les apôtres en ont eu besoin. D’où la nécessité de recevoir la confirmation.

Et c’est tous les jours que nous devons refaire cette rencontre pour devenir, peu à peu, des disciples de Jésus à qui il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux.

Seigneur Jésus,

Tu nous veux parfait comme ton Père est parfait

mais nous ne sommes que des aveugles-voyants,

emplis de suffisance de nous

et de mépris pour les autres.

Pour cela, il nous faut accepter

d’être formé par toi, par ta Parole,

avec l’aide de l’Esprit Saint,

pour tirer du bien du trésor de notre cœur.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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Prière dim ord C 8° A6