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Audience Générale du Mercredi 16 janvier 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 16 janvier 2019


Frères et sœurs, après avoir connu Jésus et écouté sa prédication, le chrétien ne considère plus Dieu comme un tyran à craindre, il n’a plus peur mais il entend faire germer en son cœur la confiance en lui : il peut parler avec le Créateur en l’appelant « Père ». L’expression est tellement importante pour les chrétiens que souvent on l’a conservée intacte dans sa forme d’origine « Abba ». Dans la première parole du Notre Père nous trouvons la nouveauté radicale de la prière chrétienne. Dire « Abba » c’est bien plus intime et émouvant que d’appeler simplement Dieu « Père ». C’est l’appeler « papa », à l’image d’un petit enfant complètement enveloppé par le baiser d’un père qui éprouve une infinie tendresse pour lui. Le Notre Père prend tout son sens si nous apprenons à le prier après avoir lu la parabole du père miséricordieux qui accueille son enfant prodigue en lui faisant comprendre combien il lui a manqué. Dans cette expression Abba, il y a une force qui attire tout le reste de la prière. Dieu te cherche même si tu ne le cherches pas. Dieu t’aime même si tu l’as oublié. Dieu est comme une mère qui ne cesse jamais d’aimer sa créature. Pour un chrétien, prier c’est simplement dire « Abba ».

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, en particulier les jeunes de Bordeaux et de Lyon. A la veille de l’ouverture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, je vous invite à nous tourner ensemble vers notre Père commun, en lui disant nous aussi Abba ! Que Dieu vous bénisse !

 

 




2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jean 2, 1-5) : « Écouter … Obéir … » (Francis Cousin)

« Écouter … Obéir … »

 Dans le récit de ce jour, les noces de Cana, on assiste à une succession de réponses positives, même si la première réponse de Jésus à sa mère semble être négative.

Si on prend le fil du récit, on voit dès le départ une intervention surprenante de la part de Marie, alors qu’elle est invitée à une noce, avec son fils Jésus et ses premiers disciples qui, selon saint Jean, ne sont alors que cinq : André et son compagnon, Simon-Pierre, Philippe et Nathanaël.

Marie remarque qu’il n’y a plus de vin !

Mais pourquoi s’inquiéter du vin quand on est invité ! On serait tenté de se dire : « Ce n’est pas son problème ! »

Mais Marie connaît les écritures : Elle sait aussi l’importance des repas sacrificiels ou sacrés pour renouveler ou commémorer une alliance entre Dieu et les hommes, comme le repas pascal, et les promesses faites par les prophètes : Dieu qui accueille ses invités en un lieu choisi par lui : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. » (Is 25,6). Elle sait aussi que son fils est le Fils de Dieu par sa rencontre avec l’ange Gabriel : elle l’a écouté et elle a obéi : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38).

Et elle sait ainsi que Dieu ne peut permettre qu’une alliance, même si ce n’est qu’entre deux personnes, soit gâchée.

Marie a été à l’écoute de Dieu (en latin : audire, écouter), mieux elle a « prêté l’oreille » aux écritures ( en latin : obaudire ou  oboedire, qui se traduit par obéir). Elle a suivi la parole de Dieu : « [la voix du Seigneur ton Dieu] est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Dt 30,10.14).

Dans un premier temps, Jésus a entendu la remarque de sa mère, mais n’a pas voulu faire quoi que ce soit : « Mon heure n’est pas encore venue. ». Mais par la suite, quand il comprendra la démarche de sa mère, il se tournera vers les serviteurs.

Marie ne s’inquiète pas de cette rebuffade ; elle a confiance en Jésus. Elle va voir les serviteurs et leur dit, en montrant son fils : « Faites tout ce qu’il vous dira. ».

Ils auraient pu se dire : « Qui est cette femme-là ? On ne la connaît pas ! Nous n’avons pas à recevoir des ordres des invités ! ». Ils ne l’ont pas fait.

Ils ont écouté Marie, et seront prêts à faire comme elle l’a demandé (à obéir) quand Jésus leur demandera de remplir les six cuves de purification. Là encore, ils auraient pu dire : « Non, mais ça va pas ! six cents litres d’eau à aller chercher à la fontaine ! On a d’autres choses à faire avec cette noce ! Et puis c’est fatigant ! ». Ils obéiront à la parole de Jésus, même si cela leur semble irréaliste, sans même savoir pourquoi on leur demande de remplir les cuves. Écoute, obéissance !

Alors, quand Jésus leur demande de porter de l’eau au maître du repas, ils ne disent pas : « Non, mais quoi encore ! Porter de l’eau au maître du repas ? C’est lui faire insulte ! Vous voulez nous faire renvoyer ?! ». Non, ils ont simplement écouté et obéi.

Suite à cette cascade d’écoute et obéissance successive, on constate que le but est atteint : « [Jésus] manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Qu’est-ce qu’on peut retenir pour nous ?

Souvent, nous entendons la Parole de Dieu. Et il arrive qu’au début d’un passage d’évangile, on se dit : « Ah oui, celui-là, je connais ! ». Et on n’y fait pas trop attention. Alors que la Parole de Dieu est vivante, en ce sens qu’elle dépend de ce que je vis à l’instant présent : ce que je vis maintenant n’est pas ce que j’ai vécu il y a un mois, et la Parole de Dieu ne retentit pas en moi de la même manière qu’il y a un mois. Elle est toujours la même, mais je ne la reçois pas de la même façon, elle ne parle pas pareillement à mon cœur.

C’est pourquoi il ne suffit pas d’entendre, mais d’écouter la Parole de Dieu.

Et en tirer les conséquences : « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Lc 11,28). Et la mettre en pratique, c’est obéir à cette parole.

On peut avoir un tas de ’’raisons’’ ou d’excuses pour ne pas bouger, ne rien faire. « C’est trop dur ! », « On n’a pas que cela à faire ! », « Cela n’a pas de sens ! ».

Cela n’a pas de sens … peut-être pour nous, qui avons une vision à court terme, … mais pour Dieu, oui, cela a du sens. Aurions-nous mis les six cents litres d’eau dans les cuves ? …

Savoir écouter … et obéir à cette Parole de Dieu, même si nous ne comprenons pas tout … Faire confiance à Dieu …

Les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins !

Seigneur Jésus,

tes Paroles ne sont pas toujours compréhensibles

à notre intelligence humaine,

parce qu’on n’en voit pas le sens.

Mais toi, tu sais ce que tu dis,

le meilleur pour le bien de tous.

Ayons confiance en toi :

tu as les Paroles de la vie éternelle.

 Francis Cousin

 

 

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Prière dim ord C 2° A6

 




Audience Générale du Mercredi 9 janvier 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 9 janvier 2019


Frères et sœurs, la catéchèse de ce jour se réfère à l’évangile de saint Luc qui présente Jésus essentiellement comme un priant. Chaque pas de sa vie est comme porté par le souffle de l’Esprit qui le guide dans toutes ses actions. Et la prière de Jésus semble même atténuer, à l’heure de sa passion, les émotions les plus violentes et les désirs de vengeance. Elle réconcilie l’homme avec son ennemi le plus implacable : la mort. C’est ce climat qui a conduit l’un des disciples à demander à Jésus de leur apprendre à prier. Dans son enseignement, grâce notamment à la parabole de l’ami importun, Jésus fait comprendre qu’aucune prière ne restera lettre morte, que Dieu répond toujours, parce qu’il est Père et qu’il n’oublie aucun de ses enfants qui souffrent. Même si nous avons souvent demandé sans obtenir, Jésus nous recommande d’insister, car la prière transforme toujours la réalité : si les choses ne changent pas autour de nous, nous, au moins, nous changeons. Et il a promis le don de l’Esprit Saint à celui qui prie. Aussi n’y-a-t-il rien de plus sûr : le désir de bonheur que nous portons tous dans le cœur, un jour s’accomplira. Et la prière est, dès à présent, la victoire sur la solitude et sur le désespoir.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier les séminaristes et leurs formateurs de l’Archidiocèse de Paris et du diocèse aux Armées, accompagnés de Mgr Aupetit, Archevêque de Paris, et de ses Auxiliaires, et de Mgr de Romanet, Évêque aux Armées. Je salue aussi le groupe des Apprentis d’Auteuil. Que l’Esprit Saint nous aide à être insistants dans la prière et à ne jamais nous donner comme perdants. Nous pouvons être sûrs que Dieu répondra à notre prière, parce qu’il est notre Père et qu’il nous attend avec les bras grands ouverts. Que Dieu vous bénisse !

 




Dieu ne se laisse pas saisir ou expliquer par nos mots : il se vit…

La réalité profonde de l’histoire humaine, c’est l’homme lui-même, l’homme, fils et image de Dieu. Cette réalité n’est pas seulement humaine mais divine, car Dieu s’est uni l’homme à lui dans le Christ. Mais bien qu’on puisse la conceptualiser et la symboliser, cette réalité divine, qui est le cœur de l’histoire, ne peut en aucun cas être pleinement saisie ou contenue dans un symbole. On peut isoler[1] la réalité dans un symbole, mais il faut alors se rappeler qu’elle n’est pas le symbole, mais il faut alors se rappeler qu’elle n’est pas le symbole, et que le symbole, de son côté est incapable de communiquer la pleine réalité. Si bien qu’il faut être capable de dire, aussitôt après avoir utilisé le symbole : « Mais la réalité, ce n’est pas cela. » Qu’est-ce que la réalité ? Une seule réponse à cela : elle est inconnue, mais on la connaît par l’Inconnaissance.

Nous voici ramenés à la nécessité d’une profonde pénétration contemplative de la réalité. L’expression en elle-même est équivoque, évidemment. Mais quiconque a suivi avec attention notre traitement du sujet dans les pages qui précèdent fera d’instinct à présent les ajustement requis : la « réalité » à travers laquelle le contemplatif « pénètre » afin de trouver le contact avec ce qu’il y a de plus « profond » en elle, c’est en fait son être à lui, sa vie à lui. N’est pas contemplatif celui qui projette sur d’autres objets une intuition spirituelle magique, mais celui qui, étant parfaitement unifié en lui-même et recueilli au centre de son humilité, entre en contact avec la réalité par une immédiateté oublieuse[2] , pour ainsi dire, de la division entre sujet et objet. En un certain sens, c’est en se perdant et en s’oubliant comme objet de réflexion qu’il se trouve lui-même, et avec lui toute autre réalité. Ce genre de « trouvaille » se situe au-delà des concepts et au-delà des réalisations concrètes.

Le contemplatif ne se propose pas d’acquérir une sorte de maîtrise intuitive de l’histoire, ou de l’esprit humain, ou des choses divines. Il cherche à rejoindre le centre de sa propre vérité vivante, ou de l’esprit humain, ou des choses divines. Il cherche à rejoindre le centre de sa propre vérité vivante, et arrivé là, tout ce qu’il a besoin de percevoir de ces autres mystères lui est accordé au moment où il en a besoin. S’il n’a besoin de rien, rien ne lui est accordé. Et si rien ne lui est accordé, rien non plus n’est désiré. La sagesse du contemplatif, par conséquent, n’est pas la sagesse de celui qui a besoin de posséder savoir et culture (encore qu’il puisse être homme de culture) ; c’est la sagesse de celui qui, vivant dans l’oubli de lui-même et l’oubli de la sagesse, ne cherche pas à rien posséder parce qu’il n’a besoin de rien. Tout ce dont il a besoin lui vient de Dieu, avant même qu’il commence à en sentir le besoin.

[1] Au sens physico-chimique (N. d. T.)

[2] En anglais : … an immediacy that forgets the division…

                 Thomas Merton, “L’expérience intérieure”




Baptême du Seigneur (Luc 3, 15-16.21-22) : « Toi, tu es mon fils bien-aimé … » (Francis Cousin)

 

« Toi, tu es mon fils bien-aimé … »

 

La lecture de l’évangile de ce dimanche, courte (4 versets), est composée de deux passages accolés qui ont semblés suffisamment importants par l’Église pour qu’ils ne soient pas dilués dans un texte plus long.

Dès le début, Jean-Baptiste montre qu’il n’est pas le Messie. Lui-même ne baptise que dans l’eau. Mais pas n’importe quelle eau : celle du Jourdain, et à un lieu qui semble proche de celui utilisé par les hébreux pour quitter les errances de quarante années dans le désert pour entrer en terre promise ; utilisant ainsi le symbole du passage d’une vie d’esclave en Égypte à une vie nouvelle, comme celle qu’il annonce avec la venue du Messie. Ce n’est qu’un baptême de purification, comme d’autres le faisaient ailleurs, notamment les esséniens de Qumran, comme le font les musulmans avant d’entrer dans la mosquée, comme le faisaient les juifs avant le repas reprochant à Jésus de ne pas le faire : « Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas. Le Seigneur lui dit : ’’Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté.’’ » (Lc 11,38-39).

Jean-Baptiste annonce un baptême par Jésus « dans l’Esprit Saint et le feu ». Le feu est aussi un élément de purification, tout comme l’eau : « L’or, l’argent, le bronze, le fer, l’étain, le plomb, bref toute chose qui supporte le feu, vous la passerez par le feu, et elle sera pure (…) Mais toute chose qui ne supporte pas le feu, vous la passerez par l’eau. » (Nb 31,22-23). Mais Jésus dit aussi : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49), parce que ce feu, c’est justement le feu de l’Esprit qu’il enverra après sa montée auprès de son Père. Mais à Nicodème, il dit : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jn 3,5), et cette eau dont il parle c’est l’eau vive, que Jésus propose à la Samaritaine (cf Jn 4,10), eau symbolique qui représente la Parole de Jésus rappelée par l’Esprit (cf Jn 14,26).

Finalement, le baptême proposé par Jésus n’est pas obligatoirement un baptême physique (même si, pour marquer le passage vers la vie de Dieu, il semble important de mettre en place des rites comme le baptême que nous connaissons) mais avant tout un baptême spirituel. C’est sans doute pourquoi dans les évangiles on ne voit jamais Jésus ou les apôtres baptiser. Pour Jésus, l’important est de croire en sa Parole, qui est Parole de Dieu, et de la mettre en pratique : « celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. » (Mt 7, 24), manière de vivre beaucoup plus importante que de respecter les lois sans les comprendre, ainsi que nous le dit saint Paul : « Vous qui cherchez la justification par la Loi, vous vous êtes séparés du Christ, vous êtes déchus de la grâce. Nous, c’est par l’Esprit, en effet, que de la foi nous attendons la justice espérée. Car, dans le Christ Jésus, ce qui a de la valeur, ce n’est pas que l’on soit circoncis ou non, mais c’est la foi, qui agit par la charité. » (Gal 5,4-6).

Dans la deuxième partie de l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons la manifestation de la Trinité : l’Esprit qui descend sur Jésus, alors qu’il priait, et surtout la voix du Père qui vient du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. », comme une réponse à la prière de Jésus que nous ne connaissons pas. Quelle joie pour Jésus de se savoir reconnu comme le fils bien-aimé de son père du ciel et de ressentir la présence discrète mais efficace de l’Esprit de Dieu auprès de lui.

« Je t’aime, tu es tout mon amour. ». Qui peut rester insensible à une telle déclaration, que l’on soit homme ou femme ? Si en plus, elle vient de Dieu, alors, tout est possible ! Et pour Jésus c’est important ; la joie ressentie ce jour-là restera gravée en lui pour toute sa vie terrestre, même aux pires moments, sur la croix : Dieu son Père ne peut l’abandonner, même s’il en a l’impression, car aussitôt il se reprend : « Entre tes mains, je remets mon esprit » (Lc 23,46).

Et cette joie nous concerne nous aussi : cette joie reçue au baptême de Jésus sera aussi la nôtre quand Jésus dira à saint Jean, en parlant de sa mère : « Voici ta mère. » (Jn 19,27) : nous devenons frère de Jésus, et nous pouvons, nous aussi, nous adresser à Dieu en disant : « Notre Père ». Ainsi, à notre baptême, à nous aussi Dieu nous dit : « Toi, tu es mon fils (fille) bien-aimé(e) ; en toi, je trouve ma joie. ».

Avons-nous vraiment conscience de l’amour que Dieu notre Père a pour nous ? Saint Jean nous le disait il y a quinze jours : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » (1 Jn 3,1). Mais depuis, est-ce que cela a changé quelque chose en nous ?

Notre baptême nous a rapproché de Jésus, mais pensons-nous vraiment que nous sommes proches de Jésus ? Ou sans nous en rendre compte, peut-être pensons-nous que c’est une position immuable et que nous n’avons rien à faire pour rester proche de Jésus ?

Notre baptême nous engage, vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis des autres, vis-à-vis de l’Église …

Avons-nous l’impression d’être frère de Jésus ? Quelle est notre relation vis-à-vis de lui ?

C’est peut-être le moment de se rappeler ce que saint Jean-Paul II nous disait, à nous qui sommes français, au début de son pontificat : « Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vraie culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit !

Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger :

France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » (Jean-Paul II au Bourget, le 1 juin 1980).

Et nous, sincèrement, sommes-nous fidèles aux promesses de notre baptême ?

Seigneur Jésus,

Toi qui es sans péché,

tu as voulu, comme les autres humains,

recevoir le baptême de Jean-Baptiste …

et tu as reçu l’Esprit de Dieu,

et l’assurance de l’amour de Dieu ton Père.

À notre baptême,

nous avons reçu la même chose,

mais nous n’en avons pas toujours conscience.

Et pourtant,

Dieu nous aime comme un Père…

 

Francis Cousin

 

 

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Prière dim Baptême de Jésus C A6

 




Épiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12; Jacques Fournier)

La Loi est claire : « On ne trouvera chez toi personne qui pratique la divination, l’incantation ou la magie » (Dt 18,10). En effet, « idolâtrie et magie, voilà ce que produit le péché » (Ga 5,20), car ces réalités prennent la place de Dieu. En effet, à travers elles, l’homme cherche à maîtriser son destin… Dieu et ses imprévus n’y ont plus leur place…

Ces mages païens qui viennent d’Orient sont peut-être dans l’erreur, mais ils n’en ont pas encore conscience… Ils cherchent la vérité, ils sont de bonne volonté, et c’est cela que Dieu regarde. Aussi va-t-Il leur parler, dans un premier temps, ce langage des astres qu’ils connaissent si bien : « Nous avons vu se lever une étoile »… Et Il les guidera avec elle jusqu’à Jérusalem… Merveille de la Miséricorde de Dieu…

Mais l’étoile ne peut donner le lieu précis de la naissance du Messie. Seule la Parole de Dieu, avec ses prophéties, pourra le leur dire. Mais eux ne l’ont jamais lue ! Les scribes de Jérusalem, par contre, la connaissent par cœur. Le roi Hérode, brutalement inquiet pour son pouvoir à l’annonce de la naissance d’un possible rival, va les convoquer pour « leur demander en quel lieu devait naître le Messie ». Et ils vont bien répondre en citant le prophète Michée (vers 750 av JC) : « Et toi, Bethléem en Judée, c’est de toi que sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple » (Mi 5,1). Et les mages partiront aussitôt à Bethléem. Les scribes, eux, ne bougeront pas…

Avec toute leur bonne volonté, ils avaient obéi à ce qu’ils avaient compris grâce à l’étoile. Avec la même bonne volonté, ils vont obéir maintenant à la Parole de Dieu… Et l’étoile la confirmera en « s’arrêtant au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant ». Ils en éprouvèrent « une très grande joie », comme plus tard celles et ceux qui « accueilleront la Parole de Jésus avec la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,6).

« Ils virent l’étoile »… « Ils virent l’enfant avec Marie sa Mère »… Et grâce à la Lumière de ce même Esprit que Dieu donne à ceux qui lui obéissent, ils virent aussi, de cœur, « l’Astre d’en Haut venu nous visiter dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour nous donner de connaître le salut par la rémission de nos péchés. Il est apparu à ceux qui demeuraient dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour guider nos pas sur le chemin de la paix. » Ils étaient autrefois dans les ténèbres, mais ils n’en avaient pas conscience. Maintenant, ils vont rentrer chez eux « par un autre chemin », non plus en suivant une étoile mais guidés par leur foi en Jésus « Lumière du monde »…

D. Jacques Fournier




LE PASTEUR D’HERMAS

Composé probablement à la fin du Iersiècle ou au début du IIèsiècle à Rome en grec, l’ouvrage intitulé Le Pasteurest un texte particulièrement intéressant – voire déroutant – illustrant avec force la spiritualité ésotérique des premiers chrétiens. Son auteur, Hermas, demeure une énigme, bien que certains en fassent un proche de Clément de Rome. Il est à signaler qu’une mention de ce nom est aussi faite par Paul enRomains16,14, lorsqu’il salue les croyants de la communauté de la capitale de l’Empire ; Origène semble confirmer cette identification. Le Pasteurest considéré comme « Ecriture » par Irénée de Lyon et Clément d’Alexandrie ; il faut ajouter à cela qu’il est incorporé au Nouveau Testament contenu dans le Codex Sinaiticus (IVèsiècle).

Divisée en cinq Visions, douze Préceptes et dix Similitudes, l’œuvre propose un récit de tendance apocalyptique dont la théologie est relativement proche de l’Apocalypse de Jean, ce qui conforterait une datation basse, à l’aube du IIèsiècle. Les thèmes abordés tournent essentiellement autour de conceptions morales telles que la continence, la repentance et le devoir de maintenir ses proches dans la voie droite du Seigneur. On notera notamment au début du livre la mention de la tentation d’adultère. De cette situation initiale, un enseignement mystique adressé par une vieille femme représentant l’Eglise, un ange (l’Ange de la repentance) et finalement le Pasteur (figure du Christ) a pour objectif de nous exposer la spiritualité et les attentes présentes au sein de la communauté primitive. On notera également une mise en garde contre les faux prophètes, renvoyant certainement aux multiples tendances déviantes apparaissant à l’époque (notamment les enseignements de Marcion, l’une des figures les plus emblématiques de l’hétérodoxie). Le texte est globalement une éloquente allégorie de la période assez mal connue de la construction de l’institution ecclésiastique, réponse aux questionnements spirituels des fidèles.

Il est important de lire Le Pasteur, à la fois pour les renseignements précieux qu’il contient quant à la foi des premiers chrétiens de Rome, pour ses enseignements moraux riches et intemporels, mais surtout pour la tonalité magnifiquement optimiste qu’il manifeste, ancrée dans une espérance sans faille.

Bibliographie élémentaire

  • Hermas, Le Pasteur, R. Joly (éd. et trad.), Sources Chrétiennes, Le Cerf, Paris, 1997.

  • E. NORELLI – C. MORESCHINI, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine. I, Labor et Fides, Genève, 2000.

  • S. GIET, Hermas et les Pasteurs. Les trois auteurs du Pasteur d’Hermas, Paris, PUF, 1963.

Extraits

 

Mon maître m’avait vendu à une certaine Rhodè à Rome. Bien des années après, je la revis et me mis à l’aimer comme une sœur. Quelque temps après, je la vis se baignant dans le Tibre, je lui tendis la main et la sortis du fleuve. Voyant sa beauté, je réfléchissais, me disant en mon cœur : je serais bien heureux si j’avais une femme de cette beauté et de ce caractère. Voilà uniquement ce que je pensai, sans aller plus loin. Quelque temps après, je marchais vers Cumes et je réfléchissais que les œuvres de Dieu sont grandes, remarquables et fortes : tout en marchant, je m’endormis : l’esprit me saisit et m’emmena par une route non frayée, où l’homme ne pouvait marcher. L’endroit était escarpé, tout déchiqueté par les eaux. Je traversai le fleuve qui était là et arrivé dans la plaine, je m’agenouille et me mets à prier Dieu et à lui faire l’aveu de mes péchés. Pendant ma prière, le ciel s’ouvrit et je vois cette femme que j’avais désirée : elle me salue du ciel et me dit : « Bonjour, Hermas. » Je la regarde et lui dit : « Maîtresse, que faites-vous là ? » Et elle me répond: « J’ai été transportée (au ciel) pour dénoncer tes péchés au Seigneur. » Je lui dis: « Vous êtes maintenant ma dénonciatrice ? – Non, dit-elle, écoute les paroles que je vais te dire : Dieu, qui habite dans les cieux qui du néant, a créé les êtres, les a multipliés et les a fait croître en vue de sa sainte Église, est irrité contre toi parce que tu as commis une faute à mon égard. » Je lui réponds en ces termes : « J’ai commis une faute à votre égard ? En quel endroit, quand vous ai-je jamais dit une parole déplacée ? Ne vous ai-je pas toujours tenue pour une déesse ? Ne me suis-je pas toujours comporté envers vous comme envers une sœur ? Pourquoi, femme, m’accuser faussement de vice et d’impureté ? » Elle rit et me dit : «  Le désir du vice est monté à ton cœur. Et ne te semble-t-il pas que pour un homme juste, c’est chose vicieuse que le désir du vice monte à son cœur ? C’est une faute, et une grande, dit-elle, car l’homme juste pense juste. C’est par ses justes pensées qu’il accroît sa réputation dans les cieux et qu’il se rend le Seigneur indulgent pour tous ses actes. Mais ceux dont les pensées sont mauvaises en leur cœur ne s’attirent que mort et captivité, surtout ceux qui jouissent de cette vie-ci, s’enorgueillissent de leurs richesses et ne s’attachent pas aux biens futurs. Elles connaîtront le repentir, les âmes de ceux qui n’ont pas d’espérance, qui ont renoncé à eux-mêmes et à leur vie. Mais toi, prie Dieu : il guérira tes péchés et ceux de toute ta maison et de tous les saints. »

                                                                               Le Pasteur, Vision I, 1, 1-9.

 

« Et toi, Hermas, ne garde plus rancune à tes enfants, ne renvoie pas ta sœur : ainsi, ils se purifieront de leurs péchés antérieurs. Ils recevront une éducation convenable, si tu abandonnes ta rancune à leur égard. La rancune provoque la mort. Toi, Hermas, tu as subi de grandes tribulations personnelles à cause des errements de ta maison : c’est que tu ne te souciais pas d’elle, tu l’as négligée et tu t’es enlisé dans tes mauvaises affaires. Ce qui te sauve, c’est de n’avoir pas abandonné le Dieu vivant et aussi ta simplicité et ta grande continence. Voilà ce qui te sauve si tu persévères ; voilà ce qui sauve tous ceux qui agissent ainsi et marchent dans la voie de l’innocence et de la simplicité. Ceux-là l’emporteront sur toute méchanceté et tiendront bon jusqu’à la vie éternelle. Bienheureux, tous ceux qui pratiquent la justice ; ils ne périront pas, de toute éternité. Tu diras à Maxime :  » Vois, une épreuve arrive : si bon te semble, renie de nouveau. Le Seigneur est tout près de ceux qui se convertissent, comme il est dit dans le livre d’Eldad et Modat, qui ont prophétisé pour le peuple dans le désert. »

                                                                                  Le Pasteur, Vision II, 3, 1-4.

« Éloigne de toi, dit-il, la tristesse, car elle est sœur du doute et de la colère. – Comment, Seigneur, dis-je, est-elle leur sœur ? Il me semble que la colère est une chose, le doute, une autre chose, et la tristesse, une autre encore. – Tu n’es pas un homme intelligent, dit-il ; ne comprends-tu pas que la tristesse est le plus méchant de tous les esprits et le plus redoutable pour les serviteurs de Dieu et que plus que tous les esprits, elle ruine l’homme, chasse l’Esprit-Saint et puis le sauve ? – Il est vrai, Seigneur, dis-je, je ne suis pas intelligent et je ne comprends pas ces paraboles. Je ne vois pas comment elle peut chasser, puis sauver. – Écoute, dit-il. Ceux qui n’ont jamais fait de recherche au sujet de la vérité, de la divinité, qui se sont bornés à croire, enfoncés dans les affaires, la richesse, les amitiés païennes et dans de nombreuses autres occupations de ce monde, tous ceux qui ne vivent que pour cela ne peuvent comprendre les paraboles concernant la divinité. Ces divertissements les obscurcissent, les perdent, et ils se dessèchent. Les bons vignobles, s’ils viennent à manquer de soins, sont desséchés par les chardons et les herbes de toute espèce : de même, les hommes qui ont embrassé la foi et qui se perdent dans ces multiples activités dont j’ai parlé, s’égarent loin de leur bon sens et ne comprennent plus rien à la justice : même lorsqu’on leur parle de la divinité et de la vérité, leur esprit est tout à leurs affaires et ils ne comprennent rien. Mais ceux qui craignent Dieu, qui s’inquiètent de la divinité et de la vérité, qui tiennent leur cœur vers le Seigneur, ceux-là saisissent et comprennent plus vite tout ce qu’on leur dit, car ils ont en eux la crainte du Seigneur ; là où habite le Seigneur, se trouve aussi la complète intelligence. Attache-toi donc fermement au Seigneur et tu saisiras et comprendras tout. »

                                                                                  Le Pasteur, Précepte X, 1-6.




Épiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12) : « Une étoile… » (Francis Cousin)

 « Une étoile … »

 

Nous en avons tous vu, en vrai (même si elles nous paraissent de petites tailles), mais nous en avons vu aussi au figuré : de personnes qui nous parlent, des évènements qui nous interrogent, des textes qui appellent à la réflexion …

Et devant ces ’’étoiles’’, nous pouvons avoir plusieurs réactions …

Comme dans la parabole du semeur, hormis le chemin puisque nous sommes interpellés. Nous pouvons être tout feu tout flamme sur l’instant, mais cela ne dure pas … Nous pouvons commencer notre réflexion, chercher un peu …, mais sans suite, pris par les activités du monde …

Enfin, nous pouvons nous faire interpeller plus profondément, au tréfonds de nous, dans nos entrailles …, et nous mettre en route, comme les mages …

Sans trop savoir où nous allons …

Mais nous suivons ’’l’étoile’’ qui nous guide … et qui a un allié puissant : l’Esprit Saint qui nous fait nous mouvoir comme les apôtres pour annoncer l’évangile de Jésus-Christ (cf 2° lecture).

Oh, bien sûr, il peut y avoir des ratés.

On peut prendre un raccourci qui s’avère être mauvais.

On peut perdre le but que nous suivons …

Mais l’Esprit Saint est là pour nous remettre sur le droit chemin, nous faire rencontrer des personnes qui pourront nous aider, même si elles sont hostiles ou que leurs motivations ne soient pas claires … Comme Hérode …

Et ces rencontres nous remettent en forme et en force, nous retrouvons ’’l’étoile’’, même si elle n’est pas tout à fait la même, plus brillante, plus grande …, ou plus petite …

Peut-être faudra-t-il plusieurs ’’étoiles’’successives pour atteindre notre but …

Peut-être que le but que nous atteindrons ne sera pas tout-à-fait celui que nous pensions au départ …

Les chemins de Dieu sont impénétrables, ou plutôt ils se découvrent au fur et à mesure de notre avancée, sous l’action de l’Esprit Saint : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » (Jn 3,8).

Et au bout du chemin, quel que soit l’endroit, nous rencontrons Jésus-Christ. Pour de vrai, dans notre cœur …

Pas le « petit Jésus » gentillet de la crèche, mais Jésus, Fils de Dieu, mort sur la croix pour nous, ressuscité par Dieu son Père, et qui est à sa droite dans les cieux.

Alors on pourra lui dire : « De l’argent et de l’or,de l’encens, de la myrrhe, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne » (Ac 3,6), « Fais de moi ce qu’il te plaira ! » (Charles de Foucauld).

Le chemin peut être long, ou court. Cela dépend de chacun … et non pas de Dieu … et il faut aller jusqu’au bout !

Au bout … qui n’est qu’une étape. Ce n’est pas la mort !

Il faut revenir dans le monde, pour partager cette rencontre et tout ce qui va avec …

Comme les mages, qui « regagnèrent leur pays par un autre chemin. », non pas tellement par peur d’Hérode et de ses gardes, mais parce que la rencontre avec Jésus les avait illuminés, avaient changé leur cœur, et qu’ils ne pouvaient plus vivre comme avant.

Il s’agit plus d’un chemin spirituel que géographique.

On ne peut que penser à ce chant :

Ne rentrez pas chez vous comme avant,

Ne vivez pas chez vous comme avant,

Changez vos cœurs, chassez vos peurs,

Vivez en hommesnouveaux.

Seigneur Jésus,

tu as parsemé le monde

avec des étoiles de toutes sortes,

gens, faits, textes,

pour nous permettre de te rencontrer.

Et tu attends notre visite …

Encore faut-il que nous les observions,

et que nous les suivions …

 

Francis Cousin

 

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Prière pour l’Epiphanie

 




Fête de la Sainte Famille (Lc 2,41-52 ; Francis Cousin)

 « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

 

La fête de la Sainte Famille, juste après Noël !

Peut-être parce que Noël est avant tout une fête de famille. Dans toutes les familles, on se réjouit de la naissance d’un enfant, et on fait la fête ! Et pour nous chrétiens, nous nous réjouissons de la naissance de Jésus, Fils de Dieu.

Et à Noël, on pense plutôt à Jésus. On pense bien sûr à Marie et Joseph, mais tout est plus ou moins brouillé par tous les évènements qui ont entouré la naissance de Jésus : le voyage, l’étable, la crèche, les bergers, le chant des anges …

Mais pour Marie et Joseph, ce n’était pas du folklore ! C’était la vie, faite de difficultés, de questionnements, d’angoisse, de peur. C’était aussi l’amour entre les parents, la prévenance l’un pour l’autre, tout en pensant à ce petit qui devait naître …

Une vie ordinaire de famille dans l’extraordinaire de la vie du monde chrétien …

Et l’évangile de ce jour nous montre un autre aspect de la vie de cette famille, avec la perte de Jésus lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Une situation que sans doute beaucoup de parents ont connu : un moment d’inattention ou un évènement qui nous distrait, et l’enfant n’est plus là où il était. Et c’est l’angoisse, la panique, l’affolement … on cherche partout, on ne pose des questions, on voir l’avenir en noir, on se fait des reproches … jusqu’à ce qu’on retrouve l’enfant.

La plupart du temps, cela ne dure que quelques minutes, voire moins … mais, comme Marie, on « garde dans son cœur tous ces événements », ça reste en mémoire.

Et pour Marie et Joseph, ça a duré trois jours …

C’est le seul évènement que nous connaissons entre le retour d’Égypte, à une date inconnue, et le baptême de Jésus quand il avait environ trente ans.

À cette époque, Jésus avait douze ans, c’est-à-dire l’âge où le jeune juif devient adulte dans sa foi, l’âge où il peut lire la Torah en public dans la synagogue, et l’âge où il devient important pour lui de participer, comme tous les juifs, au pèlerinage au temple de Jérusalem.

Peut-être Jésus prend-il conscience à ce moment de son origine divine, de qui est son Père, … et qu’il a une mission à remplir sur terre.

Quelques remarques :

Au début de l’évangile, on dit qu’« ils montèrent » à Jérusalem, en chantant des psaumes, ceux qu’on dit « des montées », comme celui-ci que Jésus a dû être fier de chanter : « Quelle joie quand on m’a dit : ‘’Nous irons à la maison du Seigneur !’’, Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! (…) C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. » (Ps 121,1-2.4). Le verbe est au pluriel, c’est toute la famille qui monte, ensemble. Par contre, à la fin, « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth » ; On fait cette fois-ci une différence entre Jésus et ses parents, et le verbe s’applique d’abord à Jésus : c’est montrer qu’il y a eu un changement dans la vie de Jésus, c’est lui qui prime, parce qu’il s’est reconnu comme Fils du Père lors de son passage dans le temple de Jérusalem, et ses parents ne font que l’accompagner.

Quand on part quelque part, on revient souvent. Mais différent.

Pas besoin d’aller loin ! Quand on part à la messe, ce n’est pas loin. On va dans la maison de Dieu, on va rencontrer Dieu. Et quand on revient, on revient vers la vie de tous les jours, vers ceux qui nous entourent, vers les autres … Est-ce que nous revenons dans les mêmes dispositions qu’en partant ? Ou est-ce que nous avons pris auprès de Dieu la force pour vivre avec nos frères (qui peuvent être notre conjoint ou nos enfants) dans l’amitié de Dieu ? pour vivre notre mission de témoin de Jésus ?

Trois jours de recherche …

Trois jours, cela fait penser au nombre de jours pour que Jésus ressuscite …

Au bout de ces trois jours, quelle est la question qui est posée ? Par Jésus au temple : « Pourquoi donc me cherchiez –vous ? », et par les anges qui accueillent les femmes au tombeau : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24,6).

Pourquoi cherchons-nous Jésus ? Parce que la question s’adresse plutôt à nous. Parce qu’on ne le voit plus ? parce qu’on pense l’avoir perdu ? Parce que nous voulons l’accaparer ? Pour nous rassurer ? Peut-être un peu de tout cela … Mais si nous avons vraiment la foi, nous savons que Jésus est toujours avec nous (cf Mt 28,20), c’est lui qui vient vers nous, il est même en nous (et dans tous les humains). Tout le temps ! Saint Augustin le dit bien : « Tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors, et c’est dehors que je te cherchais. ».

Que dit Jésus ensuite ? « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?». Pour la première fois qu’on entend parler Jésus dans les évangiles, il fait référence à son Père ; Non pas Joseph, son père nourricier (qui a dû être un peu surpris d’entendre Jésus parler d’un Père qui n’est pas lui !), mais son Père des cieux. Et quel est la dernière phrase de Jésus dans l’évangile de Luc ? « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23,46). La première fois et la dernière fois que Jésus parle dans sa vie de Dieu fait homme, il parle de son Père (ou à son Père) qui est aux cieux. Cela veut dire que tout ce que Jésus a dit entre ces deux moments était orienté ou adressé à son Père des Cieux dont il était le représentant sur la terre : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5,19).

Jésus ne pense qu’à son Père, à remplir la mission que le Père lui a donné sur la terre, au risque de sa vie. C’est peut-être le moment, en cette fin d‘année, de penser à toutes les personnes qui sont morts cette année à cause de leur foi en Dieu, notamment au Mexique, en Afrique ou en Inde … et de se souvenir des 19 martyrs chrétiens d’Algérie béatifiés il y a quinze jours.

Et prions aussi pour toutes les familles, quelles qu’elles soient, et aussi pour La Famille, « cellule de base de la société » qui est de plus en plus mise à mal par les décisions politiques.

Seigneur Jésus,

arrivé dans le temple de Jérusalem,

tu te sens tellement à l’aise

dans la maison de ton Père

que tu décides d’y rester,

au grand dam de Marie et de Joseph.

Par la suite, tu les suis à Nazareth, soumis.

Aide-nous à respecter

tous les membres de nos familles.

 

Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée pour cette fête de la Sainte Famille, cliquer sur le titre suivant :

Prière dim Ste Famille

Et pour l’illustration du jour réalisée par Francis, cliquer sur le titre suivant :

Parole d’évangile Sainte Famille




Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 41-52).

« L’enfant Jésus dans le Temple de Jérusalem« 

(Lc 2,41-52) 

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

 

            Jésus a grandi, il a douze ans, l’âge où l’on devient un adulte en Israël, l’âge où il est permis de lire publiquement la Parole de Dieu dans la Maison de Dieu : le Temple de Jérusalem… C’est d’ailleurs là où il est resté alors que ses parents, pensant qu’il était avec le reste de la famille, ont déjà repris le chemin du retour à Nazareth… Mais Jésus, lui, discute avec les Docteurs de la Loi, les spécialistes des Ecritures. Et « tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. » La Plénitude de l’Esprit l’habite et l’inspire, « Esprit de Sagesse et d’Intelligence, Esprit de Conseil, de Force et de Connaissance » (Is 11,1-3)… Il parlait « non pas avec des discours enseignés par la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles » (1Co 2,13). Et « l’Esprit de vérité, qui vient du Père, lui rendait témoignage » dans les cœurs (Jn 15,26). Il en est déjà ici comme il en sera, quelques années plus tard, dans la synagogue de Nazareth : « Tous lui rendaient témoignage et ils étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4,22). Même les soldats venus l’arrêter repartiront, dans un premier temps, sans mettre la main sur lui : « Jamais homme n’a parlé comme cela ! » diront-ils aux Grands Prêtres et aux Pharisiens qui les avaient envoyés (Jn 7,46).

            Ces derniers l’avaient pourtant bien accueilli au tout début, mais beaucoup, jaloux de son succès, chercheront ensuite à le faire périr : « Alors les Pharisiens se dirent entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voilà le monde parti après lui ! » (Jn 12,19). Même Pilate « savait bien que c’était par jalousie qu’on le lui avait livré » (Mt 27,18). Jésus ne leur opposera que son silence, car il le sait, ils ne veulent pas entendre… Ils le tueront, et un « glaive transpercera le cœur de Marie », présente à ses côtés jusqu’au pied de la Croix. Et puis, ce sera à nouveau le silence… Et « c’est au bout de trois jours » qu’ils le retrouveront, lorsqu’il leur apparaîtra, Ressuscité, dans la splendeur de sa Gloire. « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant », dit ici Marie. Mais « comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être », car « c’est de Lui que je viens » et c’est « là où Je Suis »… Nous le constatons : cet épisode, juste avant le récit du ministère de Jésus, annonce déjà ses souffrances futures et la victoire de sa Résurrection.

                                                     DJF