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« Ma mission ? Devenir saint ! » – Avent 2018 Diocèse de la Réunion

Première semaine

 

Comment plaire à Dieu ?

 

 

ECOUTONS LA PAROLE DE DIEU

 Psaume 24, 10

Les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois.

 

Première lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens 3,12

Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous.

 

 Evangile selon saint Luc 21,34-36

Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

ECOUTONS LE PAPE FRANÇOIS

Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. (…) Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels.

(Gautete et Exsultate 14)

Il y a encore des chrétiens qui s’emploient à suivre un autre chemin : celui de la justification par leurs propres forces, celui de l’adoration de la volonté humaine et de ses propres capacités, ce qui se traduit par une autosatisfaction égocentrique et élitiste dépourvue de l’amour vrai. Cela se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment différentes : l’obsession pour la loi,… l’ostentation dans le soin de la liturgie, … la vaine gloire … Certains chrétiens consacrent leurs énergies et leur temps à cela, au lieu de se laisser porter par l’Esprit sur le chemin de l’amour, de brûler du désir de communiquer la beauté et la joie de l’Évangile, et de chercher ceux qui sont perdus parmi ces immenses multitudes assoiffées du Christ.

(Gautete et Exsultate 57

 

REFLECHISSONS 

  • La sainteté comme le pape en parle me déroute-t-elle ?

  • Dans les textes proposés, quelles sont les mots qui me mettent sur le chemin de la sainteté ?

  • Quelles actions ai-je déjà faites où j’étais sur le chemin de la sainteté ? Et d’autres où je n’y étais pas ?

  • Pour devenir saint, quel mot, quelle pensée doit être bannie de mon vocabulaire ?

  • A quoi m’oblige la sainteté vis-à-vis des autres ?

  • A quoi m’oblige la sainteté vis-à-vis de Dieu ?

PRIONS AVEC SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS 

« La sainteté n’est pas dans telle ou telle pratique », écrivait-elle ; « elle consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père ».

            Seigneur, nous te prions. Aide-nous à t’offrir en vérité toutes nos faiblesses pour que ton Amour et ta Miséricorde puissent donner leur pleine mesure en nous. Alors, conscients de nos limites mais aussi de ta grâce en nous, nous pourrons, en nous appuyant sur toi, apprendre à t’aimer et à aimer nos frères comme tu le désires. Nous te le demandons par Jésus ton Fils notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit pour les siècles des siècles.  Amen

 

Fiche de réflexion pour l’Avent : Première semaine




1er Dimanche de l’Avent (Francis Cousin)

Dimanche 2 novembre 2018 – 1° dimanche de l’Avent – Année C

 

Évangile selon saint Luc 21, 25-36

 

« Restez éveillés et priez en tout temps. »

 

Nous commençons une nouvelle année liturgique, et celle-ci débute par l’Avent, une période de quatre semaines qui nous prépare à l’avènement, à l’arrivée de Jésus, sa naissance que nous fêterons dans la nuit de Noël.

Mais la venue de Jésus sur la terre, dans une étable à Bethléem, n’est pas la seule venue de Jésus parmi nous, et les trois lectures de ce dimanche nous parlent chacune d’une de ces venues, et de l’attente de ces venues.

La première lecture, tirée du livre du prophète Jérémie, nous parle de ces jours où « [Dieu] accomplira la parole de bonheur [qu’il a] adressée à la maison d’Israël (…) où [il] accomplira la parole de bonheur qu’[il] a adressée à la maison d’Israël ». C’est-à-dire de la première venue de Jésus sur la terre ; une venue simple, discrète, humble, sans tambours ni trompettes … mais avec quand même le chœur des anges qui chante la gloire de Dieu pour annoncer cette venue aux bergers … C’est une venue passée.

La deuxième venue de Jésus, c’est bien sûr sa résurrection mais surtout, après celle-ci, la promesse qu’il nous a faite : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20). Tous les jours, Jésus s’approche de nous, vient vers nous … et souvent il attend que nous prêtions attention à lui, que nous lui ouvrions notre cœur, que nous lui parlions dans la prière. C’est une venue qui se fait souvent dans l’anonymat … mais Jésus est toujours là. C’est de cette venue, pour laquelle bien souvent on ne fait pas un cas, que nous parle la deuxième lecture. C’est une venue toujours présente.

La troisième venue de Jésus, qui est une venue future, est celle qui est présentée dans l’Évangile. C’est la venue de Jésus à la fin des temps, à un jour et à une heure que nul ne « connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. » (Mc 13,32). Et ce jour-là, « on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. ». Préparée par des cataclysmes, c’est une venue pleine de magnificence, victorieuse, non pas d’une victoire sur des gens, mais d’une victoire de la Vie sur la mort, de la lumière sur les ténèbres, d’un monde nouveau dans une vie éternelle. Une espérance pour « tous les habitants de la terre entière. »

Pour nous, ce sont ces deux dernières venues qui nous concernent, et il n’y a pas à avoir peur de quoi que ce soit puisque « [n]otre rédemption approche. », c’est-à-dire notre entrée dans la Vie éternelle, auprès de Dieu que nous adorerons, dont nous verrons la face (cf Ap 22,3-4). Cependant certains conseils doivent être respectés : « Restez éveillés et priez en tout temps », « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie. ». Maintenant on dirait « ne vous laissez pas entrainer dans la sécularisation, ou dans la société de consommation, dans l’ivresse de la gloriole personnelle, du m’as-tu vu … ».

Mais le plus important semble être les conseils de la deuxième lecture : « Que le Seigneur … affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. ». Et comment affermir nos cœurs ? En aimant Dieu, en ayant pour tous « un amour de plus en plus intense et débordant » car en aimant les autres nous aimons Dieu, et, dit Jésus : « si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23). Et ainsi, nous saurons « comment il faut [nous] conduire pour plaire à Dieu ».

Plaire à Dieu, c’est être sur le chemin de la sainteté.

Oh ! Cela fait un peu trop sérieux ! Ce n’est pas pour nous ! serait-on tentés de dire …

Pourtant, c’est ce que dit le pape François dans son exhortation apostolique Gaudete et Exsultate : « Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. » (GE 14).*

Peut-être cette manière de voir la sainteté nous déroute-t-elle, nous semble hors de portée ? Peut-être nous ne nous en sentons pas digne ? Mais qui peut le savoir sinon Dieu ?*

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous dit : « La sainteté n’est pas dans telle ou telle pratique, elle consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père ».*

Être l’argile entre les mains du potier … (cf Jr 18,7)

* voir fiche 1 de l’avent 2018 « Ma mission ? devenir saint ! », Diocèse de La Réunion.

Seigneur Jésus,

Tu nous promets ton royaume

de justice et de paix

pour la vie éternelle

si nous nous conduisons pour plaire à Dieu.

Aide-nous à quitter l’esclavage du péché,

à relever à tête, à nous tourner vers toi

et à te prier en tout temps.

 

Francis Cousin

 

 Prière dim avent C 1° A6




Solennité du Christ Roi de l’Univers (Francis Cousin)

Dimanche 25 novembre 2018 – Fête du Christ-Roi 34° dimanche ordinaire – Année B

Évangile selon saint Jean 18, 33-37

 « Es-tu le roi des juifs ? » 

En entendant cette question, si elle était posée en dehors du contexte que nous connaissons, nous verrions facilement quelqu’un de belle prestance face à quelqu’un de même niveau que lui, des gens qui parlent d’égal à égal, des responsables de pays.

Ce n’est pas le cas.

Jésus est un homme fatigué, arrêté comme un vulgaire bandit, déjà baladé devant le sanhédrin puis chez Pilate. Un homme seul, que ses disciples ont abandonné. Un homme dans une position humiliante.

Un homme qui a toujours refusé d’être considéré comme roi. Avant même qu’il ne soit connu, quand le Satan « l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire, [en lui disant] : ‘Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi.’ Alors, Jésus lui dit : ‘Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ » (Mt 4,8-10). Ou encore après la multiplication des pains : « Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. » (Jn 6,15). Et même à l’entrée messianique à Jérusalem, il accepta les hommages, mais monté sur un « petit d’âne », montrant déjà qu’il voulait être un Messie humble.

Jésus est roi, mais roi des cieux et non roi des juifs, comme indiqué sur la croix. Il est aussi Christ, c’est-à-dire oint, qui a reçu l’onction pour être reconnu comme roi, mais il ne l’a pas reçue comme les rois d’Israël par un prophète. Son onction, il l’a reçue de Dieu de par son origine, Fils de Dieu, égal à Dieu ; il l’a reçue aussi de par sa naissance comme homme, né de la Vierge Marie, engendré par l’Esprit Saint envoyé par Dieu ; il l’a reçue aussi lors de son baptême par Jean-Baptiste quand l’Esprit Saint reposa sur lui et que le Père le révéla en disant : « Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » (Lc 3,22, reprenant Ps 2,7).

L’onction de Jésus est donc une onction spirituelle (et non matérielle par réception d’huile) parce qu’il était depuis toujours béni de Dieu le Père.

Mais ce vendredi-là, à la question de Pilate, il répond : « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Et comme Pilate insiste, il répond : « C’est toi qui dit que je suis roi. ». Il accepte le titre qu’on lui reconnaît, mais pas à la manière des hommes.

Ce qui fait un roi, c’est généralement sa naissance, qui lui donne pouvoir, puissance et force, représentés entre autres par son armée. Pour Jésus, « Une armée ne donne pas le salut. » (Ps 32,17) ; son pouvoir est dans sa Parole, sa puissance est dans son amour, et sa force est dans son humilité. Mais le plus important est son amour pour les hommes qui atteindra son summum par son sacrifice sur la croix pour que tous les hommes soient sauvés, qu’ils obtiennent le salut, et que nous puissions le voir (2° lect).

Rien à voir avec les royautés des hommes. Les puissants, rois ou présidents, veulent souvent être servis, et non servir ; ils veulent être aimés, mais n’ont que faire des gens ; ils sont prêts à pactiser en faisant des compromis ou des arrangements avec leurs opposants pour garder le pouvoir.

Jésus, lui, n’est pas venu pour le pouvoir, mais pour « rendre témoignage à la vérité », et il nous demande d’écouter sa voix pour que nous aussi, nous appartenions à la vérité, sa voix qui ne cesse de nous dire et redire : « Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés. ».

Avec toutes les conséquences que cela peut entraîner, toutes les croix que nous devrons porter pour dire la vérité de l’amour de Dieu.

Comme le chantait le poète Guy Béart :

« Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Était à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C’est plus juste en somme
D’abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité,

Il doit être exécuté ! ».

 

Seigneur Jésus,

Ton royaume n’est pas de ce monde,

un royaume spirituel où l’amour est premier

qui engendre la vérité, la justice et la paix

dans le cœur de tous les hommes

qui écoutent ta parole.

Aide-moi à écouter ta parole avec mon cœur.

 

Francis Cousin




Quelques clés pour la recherche de la vie intérieure…

La vie contemplative est fondamentalement une vie d’unité. Le contemplatif est un homme qui a dépassé les divisions pour atteindre une unité qui transcende toute division. Il est vrai qu’il doit commencer par se séparer des activités ordinaires des hommes dans une certaine mesure. Il lui faut se recueillir, se tourner vers l’intérieur, de manière à découvrir le centre intime d’activité spirituelle qui lui reste inaccessible tant qu’il est immergé dans le cours extérieur de la vie. Mais aussitôt ce centre découvert, il est de la plus grande importance qu’il prenne conscience de ce qui suit.

Les contemplatifs contrariés[1] sont pour nombre d’entre eux, des gens qui ont réussi à rompre avec les distractions[2] extérieures et se frayer un chemin jusqu’au centre spirituel de leur être. Ils ont perçu par moments la présence de Dieu et les possibilités ouvertes par la vie contemplative. Mais ils se sont imaginé que le moyen de la vivre, c’était de rester assis en silence, recroquevillés sur eux-mêmes, à couver l’expérience intérieure qu’ils ont découverte. C’est une méprise fatale. D’abord, elle entraîne l’isolement du contemplatif à l’intérieur de lui-même, et le coupe de toutes les autres réalités. Mais ce faisant, il ne fait que s’absorber tout entier en lui-même. Son introversion l’amène à une sorte d’emprisonnement torpide en lui-même, ce qui est l’arrêt de mort évidemment de toute vraie contemplation.

Il ne faut pas confondre contemplation et abstraction (au sens étymologique). La vie contemplative ne consiste pas en un retrait permanent à l’intérieur de son esprit. Le fait pour un petit groupe spécialisé et isolé de choisir une existence diminuée et limitée ne suffit pas pour qu’il y ait « contemplation ». Le vrai contemplatif n’est pas moins attentif que les autres à la vie normale, pas moins concerné par ce qui se passe dans le monde, mais au contraire, plus attentif, plus concerné. Et ceci, du fait même qu’il est contemplatif. Puisqu’il est détaché, puisqu’il a reçu le don d’un cœur pur, il n’est pas limité à des vues étroites et provinciales. Il ne se laisse pas facilement entraîner dans l’espèce de confusion superficielle que la plupart des hommes prennent pour la réalité. Et c’est pourquoi il voit plus clairement, et pénètre plus directement, la pure factualité[3] de la vie humaine. Ce qui le distingue des autres hommes, et lui donne sur eux un net avantage, c’est qu’il a une appréhension beaucoup plus spirituelle de ce qui est « réel » et ce qui est « factuel »[4]

Il a le don inestimable d’apprécier à leur vrai prix les valeurs qui sont permanentes, authentiquement profondes, humaines, vraiment spirituelles, et même divines… Sa mission est d’être un homme complet et équilibré, animé du besoin instinctif et généreux d’aider à développer ce même équilibre chez autrui et dans toute l’humanité. Il y arrive cependant non point en vertu de dons supérieurs et de talents particuliers, mais grâce à la simplicité et à la pauvreté qui sont essentielles à son état, parce qu’elles seules lui permettent de poursuivre sur sa voie qui est spirituelle, divine, et passe toute compréhension.

Thomas Merton, « L’expérience intérieure »

[1] En anglais : frustrated.

[2] Toujours au sens pascalien de « divertissement » (N. d. T.).

[3] En anglais : the pure actuality of human life.

[4] En anglais : …he has a much more spirutal grasp of what is « real » and what is « actual ».




Accepter la pauvreté de notre prière…

Le développement le plus significatif de la vie contemplative « dans le monde », c’est l’émergence de petits groupes d’hommes et de femmes qui vivent à tous égards comme les laïcs de leur entourage, à part le fait qu’ils sont consacrés à Dieu et centrent toute leur vie de travail et de pauvreté sur la contemplation. C’est ainsi que sont nées les Fraternités des Petits Frères de Jésus… La seule chose qui distingue leur habitat de celui de n’importe quel autre travailleur, c’est le fait qu’il s’y trouve un autel, un tabernacle et le Saint Sacrement… Ce dernier est le cœur vivant de leur vie contemplative. Ils passent le plus possible de leur temps libre en adoration silencieuse devant le tabernacle, de jour ou de nuit. Naturellement, comme l’a souligné leur supérieur, le frère René Voillaume, ils doivent s’attendre à la pauvreté là aussi et pleinement l’accepter dans leur contemplation. Leur vie est celle des pauvres à tous égards, leur prière doit donc l’être également ; d’où par conséquent des distractions, la lassitude, l’incapacité à méditer, le manque de ferveur sensible, le désarroi, la faiblesse, et même, apparemment, l’échec. Mais c’est ici le lieu de citer quelques mots sur ce sujet dus à la plume de René Voillaume :

« Votre constante inquiétude est de savoir comment trouver dans votre vie les conditions d’une prière authentique et comment vous y prendre pour vous y livrer généreusement. Il vous est même peut-être arrivé de douter, à certains moments, que ce soit possible. Devant la gravité de ce problème, j’avoue m’être senti parfois comme à l’entrée d’un chemin inconnu, d’un sentier terriblement étroit et dangereux. Avais-je le droit de vous y pousser ? Mais comment faire autrement…

Les chemins les plus abrupts sont souvent les meilleurs, les plus rapides, car ils sont peu propices à la flânerie en cours de montée… Il faut en prendre notre parti ; à l’heure de la prière, nous serons la plupart du temps incapables de méditer, de penser. Et toute la question est de savoir si une autre voie s’offre à nous pour rejoindre Dieu dans la prière…

Nous allons à Dieu de tout notre être, comme nous le pouvons. Nous y allons d’abord par toutes nos activités humaines que surnaturalise la présence de la grâce en nous. Mais déjà, et de plus en plus, c’est la foi, l’espérance et la charité vivantes en nous qui nous portent en Dieu même. Là, il vous faudra beaucoup de courage. Mais il faut savoir que de tels actes ne dépendent pas des impressions sensibles et « consolées » que nous en avons. Il vous suffit de savoir que nous sommes Fils de Dieu, et que nous voulons nous donner à Lui. La meilleure partie de notre être n’est pas celle que nous pouvons sentir » (René VOILLAUME, Au cœur des masses, Ed. du Cerf, 1950).

Extrait de « L’expérience intérieure » de Thomas Merton




« L’Epître de Clément de Rome aux Corinthiens »

Si l’importance de l’Épître de Clément de Rome aux Corinthiens est capitale, c’est qu’il s’agit d’un ouvrage incontestable de la fin du Ier siècle et assurément du premier témoignage littéraire de ce qu’était le christianisme romain (environ 30 ans après la mort de Pierre et Paul). Connue depuis Irénée de Lyon (fin du IIème siècle) et Clément d’Alexandrie (IIIème siècle) qui lui confèrent une haute autorité, cette correspondance fut conservée dans le manuscrit A du Nouveau Testament (après l’Apocalypse de Jean et avant une seconde homélie attribuée à Clément) et les lacunes furent complétées par l’édition d’un second manuscrit du Patriarcat grec de Jérusalem ; il en existe en outre une traduction latine fort ancienne ainsi que des versions syriaque et copte.
Rédigée (si l’on en croit le témoignage de l’auteur Hégésippe) sous la persécution (assez mal connue) du règne de Domitien (années 90), elle serait en gros contemporaine des textes de Jean (notamment l’Évangile). Son auteur est sans aucun doute Clément, épiscope de Rome – après Pierre, Lin et Anaclet selon certaines sources ou directement après Pierre selon d’autres. Quelques témoignages en font un compagnon direct de Paul. Destinée aux croyants de Corinthe, elle fait écho aux lettres antérieures de l’Apôtre des Gentils.
Offrants des indices précieux sur l’état de la communauté de Rome à son époque, l’épître a pour thème principal l’unité des croyants et la condamnation des jalousies pouvant aboutir au pire ; l’exemple de Pierre y est particulièrement clair, celui-ci ayant probablement été victime de dénonciation provenant des Chrétiens eux-mêmes (ce qui démontre la rivalité de groupes aux croyances divergentes déjà à cette époque). Elle semble destinée à apaiser une situation problématique dans la communauté de Corinthe relative à la déposition non justifiée de presbytres/épiscopes. Son style est très raffiné et particulièrement puissant, ce qui en fait l’une des colonnes de la littérature primitive.

Yannick Leroy

Bibliographie élémentaire

• Clément de Rome. Epître aux Corinthiens, A. Jaubert (éd. et trad.), Sources Chrétiennes, Le Cerf, Paris, 1971
• E. NORELLI – C. MORESCHINI, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine. I, Labor et Fides, Genève, 2000, pp. 133-137

Extraits

Mais, pour laisser de côté les exemples des anciens, venons-en aux athlètes tout récents, prenons les exemples de notre génération. C’est par l’effet de la jalousie et de l’envie que furent persécutés ceux qui étaient les colonnes les plus élevées et les plus justes et qu’ils combattirent jusqu’à la mort. Jetons les yeux sur les excellents Apôtres : Pierre, qui, victime d’une injuste jalousie, souffrit non pas une ou deux, mais de nombreuses fatigues, et qui après avoir ainsi accompli son martyre, s’en est allé au séjour de gloire qui lui était dû. C’est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré (comment on remporte) le prix de la patience. Chargé sept fois de chaînes, banni, lapidé, devenu un héraut en Orient et en Occident, il a reçu pour sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, atteint les bornes de l’Occident, accompli son martyre devant ceux qui gouvernent, il a quitté le monde et s’en est allé au saint lieu, illustre modèle de patience. A ces hommes dont la vie a été sainte vint s’adjoindre une grande foule d’élus, qui, par suite de la jalousie, endurèrent beaucoup d’outrages et de tortures, et qui laissèrent parmi nous un magnifique exemple. C’est poursuivies par la jalousie que des femmes, les Danaïdes et les Dircés, après avoir souffert de terribles et monstrueux outrages, ont touché le but dans la course de la foi et ont reçu la noble récompense, toutes débiles de corps qu’elles étaient.
Épître de Clément de Rome aux Corinthiens 5,1 – 6, 2

Pourquoi parmi vous des querelles, des emportements, des dissensions, des schismes et la guerre ? N’avons-nous pas un même Dieu, un même Christ, un même Esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation dans le Christ ?
Pourquoi déchirer et écarteler les membres du Christ ? Pourquoi être en révolte contre notre propre corps ? Pourquoi en venir à cette folie d’oublier que nous sommes membres les uns des autres Rappelez-vous les paroles de Jésus Notre-Seigneur qui a dit « Malheur à cet homme ! Mieux vaudrait pour lui n’être pas né que de scandaliser un seul de mes élus ; mieux vaudrait pour lui avoir une meule passée au cou et être jeté à la mer que de pervertir un seul de mes élus. ». Votre schisme a dévoyé bien des âmes : il en a jeté beaucoup dans l’abattement, beaucoup dans le doute et nous tous dans la tristesse !
Et vos dissensions se prolongent !
Reprenez l’épître du bienheureux Paul apôtre. Que vous a-t-il écrit tout d’abord dans les commencements de l’Évangile ? En vérité, c’est sous l’inspiration de l’Esprit qu’il vous a écrit une lettre touchant Céphas, Apollos et lui-même parce que dès lors vous formiez des cabales.

Épître de Clément de Rome aux Corinthiens 46, 5 – 47.4

Nous t’en prions, Maître, fais-toi notre secours et notre protecteur
Parmi nous, sauve les opprimés,
Aux humbles fais miséricorde.
Ceux qui sont tombés, relève-les ;
A ceux qui sont dans la misère, montre ta face.
Les faibles, daigne les guérir,
Les égarés de ton peuple, veuille les ramener, Donne du pain aux affamés,
Délivre-nous de nos liens,
Rends-nous debout ceux qui languissent,
Console les pusillanimes.
Que toutes les nations connaissent
que tu es toi le seul Dieu
Et que Jésus-Christ est ton Fils
Et nous-mêmes, ton peuple et le troupeau de ton bercail
Épître de Clément de Rome aux Corinthiens 59, 4




Audience Générale du Mercredi 14 Novembre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 Novembre 2018


Frères et sœurs, nous abordons aujourd’hui le 8ème Commandement, « tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain ». Une personne parle avec tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle fait. Ainsi, nous vivons en communiquant ; mais nous sommes continuellement tiraillés entre la vérité et le mensonge. Or dire la vérité ne signifie pas seulement être sincères ou exacts : combien de bavardages détruisent la communion par manque d’opportunité ou de délicatesse ! Mais alors qu’est-ce que la vérité ? Elle trouve sa pleine réalisation dans la personne même de Jésus, dans sa manière de vivre et de mourir, fruit de sa relation avec son Père. Et cette vie d’enfants de Dieu, lui, le Ressuscité, il nous l’offre en envoyant l’Esprit de vérité qui atteste à notre cœur que Dieu est notre Père. Ainsi, la vérité est la révélation merveilleuse de Dieu, de son visage de Père et de son amour infini. Et c’est cette vérité que nous sommes appelés comme chrétiens à rendre visible et à manifester par notre manière de vivre et dans chacun de nos actes.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier les membres du Congrès national des Directeurs de pèlerinage accompagnés par Mgr Lebrun, archevêque de Rouen, la paroisse de Herrlisheim, l’Aumônerie des hôpitaux du diocèse de Vannes, ainsi que les lycéens de Gironde.  Demandons à l’Esprit de vérité de nous aider à ne pas faire de faux témoignage et à vivre comme des enfants de Dieu. Et, unis à Jésus-Christ, manifestons dans chacun de nos actes que Dieu est Père et que nous pouvons lui faire confiance ! Que Dieu vous bénisse !




Seconde rencontre « Laïcs en Mission » au Guillaume (10/11/18)

Samedi 10 novembre, tous les responsables des groupes de partage de la Parole de Dieu, dans le cadre de « Laïcs en Mission », étaient invités à se retrouver pour la seconde fois à la Paroisse du Guillaume, dans les hauts de St Paul, et donc… dans une douce et agréable fraîcheur… Après un bon café, accompagné de tout ce qu’il faut pour le moral (croissants, pains aux raisins, pains au chocolat, jus de fruits, etc…), nous avons commencé par invoquer tout particulièrement l’Esprit saint, en nous confiant à la prière de la Vierge Marie. Puis, tous ceux et celles qui désiraient prendre la parole ont pu le faire et partager ainsi ce qu’ils vivaient dans leurs groupes respectifs… Ces témoignages se rejoignaient tous sur un point : le bonheur et la joie profonde de lire ensemble la Parole de Dieu, de la partager dans l’écoute mutuelle, sans jugement, avec humilité… Puis, à 12h 30, nous avons mis en commun tous les bons plats réalisés par les uns et par les autres, et ce fut tout simplement extra… L’ambiance était simple, conviviale, fraternelle et paisible… Nous nous sommes promis de nous retrouver en mai pour une nouvelle rencontre, et nous nous sommes tous confiés en cet Amour qui nous rassemble et se donne déjà, dès maintenant, à notre foi…


Et là… le repas a commencé… et nous avons oublié de prendre des photos !!!! Trop bon…




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 13, 24-42)

 « Mes Paroles ne passeront pas. »

 

Nous arrivons à la fin de l’année liturgique, et les textes de ce jour nous tournent vers la fin des temps. Alors peut-être que les images employées dans l’évangile pourraient nous faire peur et nous plonger dans la tristesse, dans la crainte, dans le désespoir …

Alors qu’en fait, c’est à tout le contraire que ces textes nous invitent : ils nous invitent à l’espérance d’un jour, d’un monde nouveau, dans une relation nouvelle entre hommes et entre les hommes et Dieu.

C’est l’espérance de la vie dans le Paradis. Le jour où l’on verra « le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire ». Et l’évangile de Marc commence par : « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » (Mc 1,1).

On remarquera aussi, tout au début de ce chapitre 13, quand Jésus annonce que le temple sera détruit, que tout ce chapitre est une réponse à quelques disciples : « Et comme il s’était assis au mont des Oliviers, en face du Temple, Pierre, Jacques, Jean et André l’interrogeaient à l’écart : « Dis-nous quand cela arrivera et quel sera le signe donné lorsque tout cela va se terminer. » Alors Jésus se mit à leur dire … » (Mc 13,3-5). Et ces quatre apôtres sont aussi les quatre premiers que Jésus a choisi : « Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » (…) Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, (…) Aussitôt, Jésus les appela. » (Mc 1,16-17.19-20).

Comme si Marc voulait montrer qu’une page se ferme : toute la vie publique de Jésus se trouve entre ces deux événements. Après on entre dans une nouvelle étape : c’est la Passion de Jésus, sa mort et sa résurrection, c’est Jésus qui arrive au bout de sa mission, là où il va se révéler de manière claire, solennelle, comme le Fils de Dieu.

Au début du texte, Jésus dit : « le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont … », c’est-à-dire qu’on retombe dans le tohu-bohu initial, avant la création ; c’est la disparition de la lumière, les ténèbres envahissent le monde … et c’est à ce moment-là « qu’on verra le Fils de l’homme », malgré les ténèbres, car c’est lui « la lumière du monde (…) la lumière de la Vie » (Jn 8,12), Vie Éternelle bien sûr.

Et Jésus nous invite à nous laisser « instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche », que c’est le printemps, la naissance d’une nouvelle vie !, d’un nouveau monde, une nouvelle terre : « j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés …Et j’entendis une voix forte … : ’’Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu.’’ » (Ap 21,1-3).

Et Jésus continue : « lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. ». Une autre Parole de Jésus nous dit : « moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20), et dans l’Apocalypse on trouve : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20).

Toutes ces phrases sont au présent, parce que Dieu Trinité, Père, Fils et Esprit, est depuis toujours, il est maintenant, et il est pour toujours. Et il est constant dans sa pensée pour les hommes. Les seuls temps au futur sont pour les actions des hommes ou en réaction aux actions des hommes, car Dieu nous laisse libre, et n’agit qu’avec notre accord.

Nous, nous sommes dans un temps fini : nous naissons, nous vivons, nous mourrons. Nous avons un passé et un avenir. Il n’en est pas ainsi pour Dieu. C’est pourquoi Jésus peut dire que « cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. ». Le temps de Dieu n’est pas notre temps.

Alors, ne nous laissons pas aller à la peur, à la crainte de l’avenir. Jésus nous annonce une nouvelle terre, avec une nouvelle vie, que nous ne connaissons pas encore mais que nous n’avons pas à craindre parce qu’elle sera avec Dieu … si nous lui ouvrons la porte de notre cœur.

Seigneur Jésus,

Souvent on a peur de la mort, de l’après-mort !

Tu as dit : mes Paroles ne passeront pas :

Je ressusciterai le troisième jour,

Je serai toujours avec vous,

Je vous enverrai l’Esprit consolateur,

Si vous vous aimez les uns les autres vous serez sauvés,

Et bien d’autres encore …

Avec Toi, on ne peut pas avoir peur !

 

Francis Cousin

 

 

 

 

 

 

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Audience Générale du Mercredi 7 Novembre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 7 Novembre 2018


Frères et sœurs, le septième commandement, tu ne voleras pas, peut être compris d’une manière plus large que la seule interdiction de s’approprier le bien d’autrui. La doctrine sociale de l’Eglise parle de destination universelle des biens. En effet, la Providence divine a disposé que des différences de condition existent dans le monde, et que les uns puissent subvenir aux besoins des autres. Or, beaucoup vivent aujourd’hui dans une indigence scandaleuse. Ce ne sont pas les biens qui manquent mais une libre et prévoyante action qui assure leur production adéquate, et leur distribution équitable. L’homme devrait considérer que les choses qu’il possède légitimement peuvent aussi profiter à d’autres, et que la propriété d’un bien fait de celui qui le possède un administrateur de la Providence. Si je ne parviens pas à donner quelque chose, c’est parce que celle-ci me possède et que j’en suis esclave. La possession des biens est donc une occasion de grandir dans la charité et dans la liberté. Le Christ est notre modèle lui qui ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais qui s’est anéanti lui-même, pour nous enrichir de sa pauvreté. Riches, nous le sommes désormais, non pas de biens, mais en amour.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le Collège Fénelon-Sainte Marie de Paris. Notre vie n’est pas faite pour posséder mais pour aimer. Efforçons-nous, frères et sœurs, de faire du bien, autant que possible, avec les biens que nous possédons. Notre vie sera bonne et nos biens deviendront un don pour tous. Que Dieu vous bénisse !