1

Audience Générale du Mercredi 7 Novembre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 7 Novembre 2018


Frères et sœurs, le septième commandement, tu ne voleras pas, peut être compris d’une manière plus large que la seule interdiction de s’approprier le bien d’autrui. La doctrine sociale de l’Eglise parle de destination universelle des biens. En effet, la Providence divine a disposé que des différences de condition existent dans le monde, et que les uns puissent subvenir aux besoins des autres. Or, beaucoup vivent aujourd’hui dans une indigence scandaleuse. Ce ne sont pas les biens qui manquent mais une libre et prévoyante action qui assure leur production adéquate, et leur distribution équitable. L’homme devrait considérer que les choses qu’il possède légitimement peuvent aussi profiter à d’autres, et que la propriété d’un bien fait de celui qui le possède un administrateur de la Providence. Si je ne parviens pas à donner quelque chose, c’est parce que celle-ci me possède et que j’en suis esclave. La possession des biens est donc une occasion de grandir dans la charité et dans la liberté. Le Christ est notre modèle lui qui ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais qui s’est anéanti lui-même, pour nous enrichir de sa pauvreté. Riches, nous le sommes désormais, non pas de biens, mais en amour.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le Collège Fénelon-Sainte Marie de Paris. Notre vie n’est pas faite pour posséder mais pour aimer. Efforçons-nous, frères et sœurs, de faire du bien, autant que possible, avec les biens que nous possédons. Notre vie sera bonne et nos biens deviendront un don pour tous. Que Dieu vous bénisse !




32ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 12, 38-44)

 « Les veuves et leur indigence. »

 

De tout temps, Dieu a une attention particulière pour les veuves, presque toujours associées aux orphelins. Déjà dans le Deutéronome on en parle : « [Le Seigneur votre Dieu] rend justice à l’orphelin et à la veuve. » (Dt 10,18) et nombre de psaumes parlent de Dieu qui « soutient la veuve et l’orphelin ».

Dans les textes de ce jour, deux veuves.

Dans la première lecture, Elie est envoyé à une veuve à qui il demande un peu d’eau et un morceau de pain ; Elle lui donne de l’eau, mais le pain, elle n’en a pas, seulement un peu de farine et un peu d’huile qu’elle veut préparer pour son fils et elle, avant de mourir. Mais Dieu souffle à Elie la promesse que, si elle lui donne du pain, elle aura toujours de la farine et de l’huile. Ce qu’elle fait, et Dieu apporte la vie à cette famille durant tout le temps de la famine.

Dans l’évangile, Jésus enseigne dans le temple. Il dit à la foule de se méfier des scribes, qui ont fait des études, savent lire et écrire, mais n’utilisent pas leurs connaissances pour le bien des petits, qui se pavanent, cherchent les premières places à la synagogue (domaine religieux) ou dans les fêtes (domaine civil), voire même utilisent à leur profit les ‘petits’ biens des veuves … puis se rend devant les urnes pour les dons des fidèles ; là, il voit beaucoup de riches mettant de fortes sommes dans les urnes (leur superflu), et une pauvre veuve qui met deux pièces de petites valeurs, « deux fois rien » comme on dit. Il appelle ses disciples et leur dit : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres … Car … elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. ». Cette fois-ci, Jésus, Dieu, n’intervient pas … et si on suit la pensée de Jésus, cette veuve va mourir.

On peut être surpris, voire choqué, que Jésus n’intervienne pas pour aider cette veuve. Il ne lui parle même pas. Pourtant, elle a tout donné pour le temple, pour Dieu …

On pourrait discuter sur l’importance du don : ceux qui donnent beaucoup, leur superflu, pour la ‘parade’, pour ‘se faire bien voir’ … les hypocrites … et ceux qui donnent peu, parce qu’ils ne peuvent pas donner plus dans leur indigence, qui donnent par amour

Mais ceci est le don vu sous la forme de la richesse (Richesse de quoi ???), de la quantité d’argent, de bien ? …

On peut aussi voir le don sous la forme de la qualité : richesse de ce qu’on a … ou richesse de ce qu’on est … ?

Et là, la deuxième lecture nous éclaire : « [Le christ], c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. ». Par sa mort sur la croix, par sa vie donnée pour les hommes, le Christ nous ouvre à la Vie Eternelle. « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » (Jn 10,18). Jésus est déjà dans cette optique de se sacrifier en donnant sa vie pour que nous, nous ayons la Vie.

Sa réflexion sur la veuve, qu’il fait aux disciples qu’il a appelés spécifiquement, est faite pour leur montrer que, comme la veuve qui meurt après avoir tout donner de son bien matériel, lui va mourir après avoir tout donné de lui, sa propre vie.

D’ailleurs, après ce passage, Jésus quitte le temple, et n’y reviendra plus, c’est la mort du temple dans son sens symbolique, présence de Dieu parmi les hommes : « Tu vois ces grandes constructions ? Il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Mc 13,2, soit deux versets après ce texte). On peut faire le parallèle avec le texte de la Samaritaine : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. (…) Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. » (Jn 4,21.23).

Mais si Jésus annonce sa mort comme don de soi pour les hommes, il annonce aussi à ses disciples qu’ils devront faire de même : donner leur vie pour Dieu après avoir annoncé l’Evangile : « Vous, soyez sur vos gardes ; on vous livrera aux tribunaux et aux synagogues ; on vous frappera, on vous traduira devant des gouverneurs et des rois à cause de moi ; ce sera pour eux un témoignage. Mais il faut d’abord que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations. » (Mc 13,9-10). Et cette vie donnée pour Dieu leur permettra de gagner la vraie Vie : « Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. » (Mc 13,13).

On ne peut manquer de faire référence au texte des Béatitudes qu’on a entendu à la Toussaint : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5,11-12).

Et ce que Jésus demande à ses disciples, c’est à nous aussi qu’il le demande, nous qui sommes ses disciples d’aujourd’hui : Donner.

Donner, non pas tant ce que l’on a, au risque de passer pour (ou d’être) des hypocrites, mais de donner ce que l’on est, depuis notre baptême, ou ce que l’on devrait être : des témoins de Jésus-Christ, prêtres, prophètes et rois, … se donner, totalement, comme le Christ, par amour…

Et qu’est-ce que l’amour ?

« Aimer, c’est tout donner, et se donner soi-même. » (Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus).

Seigneur Jésus,

Souvent quand on parle de la charité,

on pense qu’il nous faut donner

de l’argent, des victuailles, …

mais on ne change notre cœur.

Ce n’est pas ce que tu veux :

tu veux que nous nous donnions,

comme toi tu l’as fait pour nous …

Et cela change tout …

 

Francis Cousin

 

 

 

 

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 32° A6

 




Audience Générale du Mercredi 31 Octobre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 31 Octobre 2018


Frères et sœurs, aujourd’hui je voudrais compléter la catéchèse sur la sixième parole du Décalogue : « Tu ne commettras pas d’adultère », en soulignant que l’amour fidèle du Christ est la lumière pour vivre la beauté de l’affectivité humaine. Ce commandement de la fidélité est un appel de Dieu adressé à tout homme et à toute femme. Devenir hommes et femmes adultes veut dire arriver à vivre l’attitude sponsale et parentale qui se manifeste dans les diverses situations de la vie. C’est une attitude globale de la personne qui sait assumer la réalité et entrer dans une relation profonde avec les autres, en en prenant soin. La personne qui n’est pas fidèle est immature car elle garde sa vie pour elle-même et interprète les situations sur la base de son propre bien-être. Pour se marier, il ne suffit pas de célébrer le mariage. Il faut faire un chemin qui va du moi au nous. Nous décentrer de nous-mêmes, fait que chacun de nos actes est sponsal. En ce sens, toute vocation chrétienne est sponsale parce qu’elle est le fruit du lien d’amour avec le Christ qui nous régénère. Le sacerdoce l’est parce qu’il est appel à servir la communauté avec toute l’affection, le soin concret et la sagesse que donne le Seigneur. De même, la virginité consacrée dans le Christ se vit avec fidélité et joie, comme relation sponsale et féconde de maternité et de paternité. Le corps humain est le lieu de notre appel à l’amour, et dans l’amour authentique il n’y a pas de place pour la luxure et sa superficialité. Les hommes et les femmes méritent mieux !

Je salue cordialement les pèlerins francophones, venus de France, de Suisse, en particulier les diocésains d’Evry, avec l’évêque, Mgr Michel Pansard, la Communauté de l’Arche de Montpellier ainsi que les jeunes de Metz, du Mans et de Lille. Chers amis, à la veille de la fête de la Toussaint, je vous invite à laisser grandir en vous le désir de marcher sur les chemins de la sainteté, pour la plus grande gloire de Dieu. Que Dieu vous bénisse !

 




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

Commentaire du dimanche 4 novembre 2018

Marc 12 28–34

Jésus nous a appris que le « Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ». Et dans tout l’Ancien Testament, Dieu n’a pas cessé, avec l’aide des prophètes, de se révéler comme étant le Dieu unique qui prend soin de son peuple, mais ce peuple à la nuque raide continue de se tourner vers des idoles. Il n’y a donc pas d’autre Dieu que Celui que nous révèle la Bible. A son peuple, Dieu dit (Jg 2,1.2) : « Je ne romprai pas mon alliance avec vous. 2 De votre côté, vous ne conclurez pas d’alliance avec les habitants de ce pays ; mais vous renverserez leurs autels. Or, vous n’avez pas écouté ma voix. Qu’avez-vous fait là ? Eh bien, je le dis : je ne les chasserai pas devant vous. Ils seront pour vous des adversaires et leurs dieux seront pour vous un piège ». C’est ainsi que bon nombre du peuple de Dieu tombent dans le piège de vouloir suivre à la fois Dieu – l’unique – et les idoles. Il est bon de rappeler ce passage sur Elie au Mont Carmel (1 R 18, 22-39) pour les chrétiens qui ne l’ont jamais entendu.

 Dans l’épisode d’Elie au Mont Carmel, Dieu montre sa puissance, tandis que Baal, qui, pour les Juifs, désigne habituellement les « dieux » de la fécondité et de fertilité, reste une idole morte. Elie dit à son peuple : « Jusqu’à quand clocherez-vous des deux jarrets?  (Autrement dit : arrêtez de suivre à la fois Dieu et les idoles). Si Yahvé est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, suivez-le (mais il est impossible de suivre les deux en même temps). Et voilà qu’Elie propose aux 450 prophètes de baal un défi : Moi, je reste seul comme prophète de Yahvé, et les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante. 23 Donnez-nous deux jeunes taureaux; qu’ils en choisissent un pour eux, qu’ils le dépècent et le placent sur le bois, mais qu’ils n’y mettent pas le feu. Moi, je préparerai l’autre taureau et je le placerai sur le bois et je n’y mettrai pas le feu. 24 Vous invoquerez le nom de votre dieu et moi, j’invoquerai le nom de Yahvé : le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu.  Tout le peuple répondit :  C’est bien. 25 Élie dit alors aux prophètes de Baal :  Choisissez-vous un taureau et commencez, car vous êtes les plus nombreux. Invoquez le nom de votre dieu, mais ne mettez pas le feu.

26 Ils prirent le taureau, …le préparèrent, et ils invoquèrent le nom de Baal, depuis le matin jusqu’à midi, en disant :  O Baal, réponds-nous!  Mais il n’y eut ni voix ni réponse; et ils dansaient en pliant le genou devant l’autel qu’ils avaient fait. 27 À midi, Élie se moqua d’eux et dit :  Criez plus fort, car c’est un dieu (en réalité : une idole) : il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage; peut-être il dort et il se réveillera! 28 Ils crièrent plus fort et ils se tailladèrent, selon leur coutume, avec des épées et des lances jusqu’à l’effusion du sang. 29 Quand midi fut passé, ils se mirent à vaticiner (= prophétiser avec emphase, avec exagération dans le ton et dans les gestes) jusqu’à l’heure de la présentation de l’offrande, mais il n’y eut aucune voix, ni réponse, ni signe d’attention (tout simplement parce que Baal n’est pas Dieu mais une simple idole) 30 Alors Élie dit à tout le peuple :  Approchez-vous de moi ; et tout le peuple s’approcha de lui. Il répara l’autel de Yahvé qui avait été démoli …32 et il construisit un autel au nom de Yahvé. … 33 Il disposa le bois, dépeça le taureau et le plaça sur le bois.  34 Puis il dit :  Emplissez quatre jarres d’eau et versez-les sur l’holocauste et sur le bois ; il dit :  Doublez, et ils doublèrent; il dit :  Triplez, et ils triplèrent. 35 L’eau se répandit autour de l’autel et même le canal fut rempli d’eau. 36 À l’heure où l’on présente l’offrande, Élie le prophète s’approcha et dit :  Yahvé, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, qu’on sache aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c’est par ton ordre que j’ai accompli toutes ces choses. 37 Réponds-moi, Yahvé, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c’est toi, Yahvé, qui es Dieu et qui convertis leur cœur! 38 Et le feu de Yahvé tomba et dévora l’holocauste et le bois, les pierres et la terre, et il absorba l’eau qui était dans le canal. 39 Tout le peuple le vit; les gens tombèrent la face contre terre et dirent :  C’est Yahvé qui est Dieu! C’est Yahvé qui est Dieu! ».

 

De même, Jonas qui avait désobéi à Dieu en refusant d’aller à Ninive a pu montrer que les prières des matelots qui avaient peur de la tempête ne servaient à rien parce qu’ils s’adressaient eux aussi à des idoles. La tempête s’apaise seulement lorsque les matelots envoyèrent Jonas en pleine mer car c’est à cause du « Dieu de Jonas » que la tempête a eu lieu. Il est impossible de suivre Dieu et les idoles à la fois, il est impossible d’être dans deux religions à la fois. Faire la sourde oreille n’arrangera pas la situation de ceux qui le font.

Jésus nous donne deux commandements. Le premier c’est : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur, 30 et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. 31 Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Non seulement, il faut choisir le Dieu unique que Jésus nous a fait connaître, il faut encore l’aimer. Choisir Dieu est une chose, l’aimer c’est autre chose. Si Jésus nous dit : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », c’est que justement que bon nombre de chrétiens ne le font pas. On l’aime, mais un peu seulement, il ne faut que cela nous dérange trop. Une heure de messe par semaine, si ce n’est pas une fois par an, ou une heure d’adoration par mois suffira. Sainte Mère Térésa disait qu’il fallait revenir à l’Eucharistie et à l’adoration (« L’Eucharistie à l’école des saints » – P.23). La règle, dans sa communauté, ordonnait une heure d’adoration par semaine devant le saint sacrement, soit quatre heures par mois. D’un commun accord, les sœurs de sa communauté ont décidé avec Mère Térésa d’établir une heure d’adoration par jour, soit trente heures par mois. Et malgré les nombreuses activités quotidiennes, avec les lépreux, les malades, les enfants abandonnés, elles ont maintenu une heure d’adoration par jour. Constat final de sainte Mère Térésa : « depuis que nous avons introduit cette modification dans notre emploi du temps, notre amour pour Jésus est devenu plus intime, plus éclairé. Notre amour réciproque est plus compréhensif, il règne entre nous une entente plus affectueuse, nous aimons davantage nos pauvres et, chose encore plus surprenante, le nombre de vocations a doublé chez nous ». Il est alors facile de comprendre que plus on est en présence de Dieu qui n’est qu’Amour, plus on l’aimera. C’est en le fréquentant le plus souvent possible qu’on s’expose à son amour, à ses grâces, à ses bénédictions, et qu’on finira par le connaître, l’aimer et même être à son image. Etre à son exemple, chargé de son amour, de sa patience, de son humilité, afin de mieux porter sa croix et de se tourner à notre tour vers le prochain. Car l’amour Dieu ne se fera pas sans porter nous-mêmes la croix. Padre Pio nous le dit à plusieurs reprises : « Ce serait une grossière erreur de concevoir l’amour de Dieu sans la Croix. La Croix, c’est toujours le chemin le plus sûr pour aller vers Dieu. Veillons à ne pas séparer la Croix de l’amour pour Jésus. Lorsque Dieu appelle une âme à le rejoindre, c’est toujours pour la fixer avec Lui sur la Croix… ». Faut-il alors en avoir peur ? car on veut bien aimer Dieu mais non porter la croix car il est, pour nous, signe de souffrance.

D’abord Dieu ne se venge jamais. L’Abbé Pierre Descouvemont nous dit (« Guide des difficultés de la foi catholique – Cerf – P.396) : « nous réparons tous nos manques de foi, d’espérance et d’amour, lorsque, plongés dans la souffrance, nous L’écoutons nous redire son amour. Ce qui lui plaît, c’est notre foi inébranlable en sa tendresse…, (et P.51 🙂 c’est la foi que nous gardons en l’Amour du Père, alors que nous sommes en proie à la souffrance physique ou morale : cette foi à toute épreuve bouleverse en quelque sorte le cœur du Père et mérite à ses yeux le salut de nos frères. Il va sans dire que ce qui plaît à Dieu, ce n’est pas la souffrance de ses enfants, mais la confiance qu’ils gardent en Lui envers et contre tout », et peu importe ce qu’il peut avoir comme malheur, il doit garder confiance en Dieu, en sa Miséricorde.

Ensuite, il ne s’agit pas d’attendre d’être en souffrance pour porter notre croix. « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même et qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de l’Evangile la sauvera » (M 8, 34-9, 1). Jésus ne parle pas ici de souffrance, mais de porter sa croix pour pouvoir le suivre. Il ne parle pas de supplice, mais de porter sa croix en se reniant soi-même, en perdant sa vie (la vie mondaine) à cause de l’Evangile, de la Parole de Dieu. Autrement dit de changer de direction à 180 degrés : ne venons de Dieu et nous retournons à Dieu. Père Bernard Sesboüé, Jésuite, théologien très connu, nous dit : « Porter sa croix apparaît ici comme la manière nécessaire de « suivre Jésus ». « Le faire exige un renoncement à soi-même, … et conduit à « perdre sa vie ». Suivre le Christ est une invitation exigeante à renoncer aux images illu­soires de nous-mêmes qui sont le fruit de notre imagination. Nous cherchons tous plus ou moins à nous dérober à notre vérité (autrement dit, nous sommes incapables de reconnaitre que nous sommes pécheurs). Notre culture développe un réseau d’images dans les­quelles nous voulons paraître (on se croit toujours mieux que les autres). L’exaltation du moi se traduira alors par la sous-estimation, voire l’écrasement des autres. Vivre comme Jésus, c’est renoncer à toute illusion sur soi-même et se donner aux autres ». Et lui-même cite Saint Augustin (P.293) : « l’élément de souffrance n’est même pas mentionné. Le vrai sacrifice, c’est tout ce que nous faisons de bien pour Dieu et pour notre prochain pendant toute notre vie, afin de vivre dans une communion qui nous rende heureux » (« La cité de Dieu », X, 6; trad. G.Combès, B.A. 34, p.445). La souffrance qui appartient aussi au sacrifice ne vient qu’en second lieu. En raison du péché, nous avons des attachements déréglés au monde créé, nous sommes devenus menteurs et violents, nous ne maîtrisons plus nos désirs et il nous faut lutter pour tout remettre dans la droiture de notre don à Dieu ».

Porter notre croix, c’est justement cette lutte contre soi-même, lutte intérieure pour tout remettre dans la droiture de notre don à Dieu. Il faut tout faire pour nous débarrasser du vieil homme que nous sommes…au milieu du monde de péchés, et revêtir l’homme nouveau dans le Christ Amour. Et les résultats se verront dans la bienveillance que nous devons avoir envers les uns et les autres. N’ayons pas peur de porter notre croix dès maintenant, de choisir Dieu plutôt que la vie mondaine, car, par les mérites de Jésus-Christ, et avec l’aide de Marie, nous sommes tous capables de puiser nos forces dans l’adoration du Seigneur pour suivre et aimer le Dieu unique et aimer le prochain.




Solennité de la Toussaint – par Francis COUSIN (Matth 5, 1-12)

« Ils ont lavé leurs robes,

ils les ont blanchies dans le sang de l’Agneau »

 

Maintenant, on parlerait de costumes blancs pour les hommes … mais à l’époque, le vêtement de cérémonie était la robe pour tout le monde.

Mais qui sont ces personnes dont on parle, qui sont devant le trône (de Dieu) et devant l’Agneau (c’est-à-dire devant le Fils de Dieu, Jésus-Christ) ? Ce ne sont pas seulement les 144 000 marqués du sceau, auxquels certains voudraient voir limité le nombre des personnes qui seront au Paradis. Au contraire, c’est « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. »

Dieu aime tous les hommes depuis la Création, et ce qu’il veut par-dessus tout, c’est qu’ils puissent tous être présents dans son Paradis pour le louer et lui rendre grâce : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! ».

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3,16), et c’est Jésus qui est celui qui nous montre le chemin de vie, le chemin vers son Père : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6), obéissant ainsi à son Père : « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. » (Jn 6,38-39).

Quand Jésus est mort sur le croix, lui, « l’Agneau de Dieu » (cf Jn 1,29), il était couvert de sang après la flagellation, mais ici c’est surtout le sang qui a coulé quand le soldat romain lui transperça le côté : « et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. » (Jn 19.34). Le sang qui coule représente la mort de l’homme, et en même temps l’eau représente l’eau vive, l’eau de la Vie Eternelle.

Blanchir sa robe dans le sang de l’Agneau signifie donc être tellement proche du Christ Agneau qu’on se confond avec lui, qu’on revêt le Christ : on meurt à l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau dans la Vie Eternelle.

Comment y arriver ?

Vivre selon l’évangile, dont la quintessence nous est livrée au début de l’évangile de Matthieu, dans ce qu’on appelle les béatitudes, l’évangile de ce jour.

Neuf phrases qui ont parfois choqué parce que mal comprise, qui sont un chemin vers Dieu.

Et c’est bien dit de manière claire : par deux fois la phrase « Le royaume des Cieux est à  eux » ( v. 3 et 10), « Ils verront Dieu » (v. 8), « Votre récompense est grande dans les Cieux » (v. 12).

Un texte qui est toujours d’actualité.

En effet, la dernière exhortation apostolique du pape François sur l’appel à la sainteté, « Gaudete et Exsultate », commence par la dernière phrase des Béatitudes : « Soyez dans la joie et l’allégresse … », et rappelle que « le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4). » (GE 2).

Dans cette exhortation, le pape consacre tout un chapitre (le troisième) à la mise en œuvre des Béatitudes actualisés à notre temps.

Ce chapitre commence ainsi : « Si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, “comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?”, la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des Béatitudes. À travers celles-ci se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies.

Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur. » (GE 63-64)

Et je pense que nous nous posons tous cette question dont parle le pape.

Donc lisons, ou relisons, ce chapitre trois de « Gaudete et Exsultate ». (Le reste aussi !!!).

Seigneur Jésus,

nous vénérons tous les saints

que nous fêtons aujourd’hui,

ceux connus et ceux inconnus.

Nous sommes tous appelés à la sainteté,

mais nous ne savons pas comment faire,

nous nous en sentons indignes…

Le pape (et Toi) nous dit qu’il suffit

de vivre les Béatitudes …

Essayons … avec ton aide !

 

Francis Cousin

 

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière Toussaint B A6

 




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 12,28b-34)

« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. »

 

Moment rare dans les évangiles, un scribe interroge Jésus, non pas pour le mettre à l’épreuve comme cela arrive souvent, mais parce qu’il est intéressé par ce que dit Jésus. Il pose une question qui faisait débat chez les juifs pour qui il n’y avait pas que les dix commandements que nous connaissons, mais on en avait rajouté d’autres au fur et à mesure pour préciser ce qui était permis ou non, jusqu’à en avoir 613. Sa question : « Quel est le premier de tous les commandements ? ».

Jésus reprend les paroles de Moïse que nous avons entendues dans la première lecture, en disant : « Voici le premier », ce qui appelle déjà qu’il y en aura un second, « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » en ajoutant cependant « de tout ton esprit ».

C’est la phrase clef pour les juifs, celle qu’ils récitent chaque matin et chaque soir, celle qu’ils écrivent dans des phylactères qu’ils mettent sur leur front. Et qui nous concerne nous aussi.

Mais on peut l’entendre de deux manières.

La première serait : « Ecoute bien ce qui va suivre, Israël, Dieu est l’unique … » et tu suis la loi sans trop réfléchir. C’est une manière d’entendre que Jésus n’aime pas, et il le dit souvent aux pharisiens.

La seconde serait : « Ecoute, sois à l’écoute de Dieu, l’unique … ». Et alors, on ne suit pas la loi sans réfléchir, parce que chaque événement de la vie doit être interprété en fonction de ce que Dieu dit, et que l’on comprend dans son cœur, dans son âme, dans son esprit (intelligence) et que l’on met en pratique avec toute sa force.

Parce que, contrairement aux idoles qui ne voient pas, qui n’entendent pas et ne parlent pas, Dieu est un Dieu qui voit (« J’ai vu la misère de mon peuple… »), qui entend ce qu’on lui dit (« Qui suis-je pour aller trouver Pharaon ? ») et qui parle (« Je serai avec toi … »).

C’est d’ailleurs le conseil que donne saint Benoît au tout début de sa règle : « Ecoute, O mon fils, les préceptes du maître, et incline l’oreille de ton cœur. ». Dieu nous parle dans notre cœur, c’est pourquoi il faut savoir faire silence pour pouvoir l’entendre.

Et Jésus ajoute aussitôt : « Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. ».

En reprenant ce que Jésus avait dit et en ajoutant : « cela vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices », le scribe montre qu’il est passé de la loi à la foi, qu’il se rapproche de Jésus.

Amour de Dieu, amour du prochain, pour Jésus c’est l’essentiel. Ce qui permettra à saint Augustin de dire : « Aime et fais ce que tu veux. ».

Dans un autre passage, Jésus dira : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34), nous disant que notre amour pour les autres doit être à l’image de son amour pour nous. Et nous savons jusqu’où son amour pour nous l’a mené : la mort sur la croix.

Bien sûr, Dieu ne nous demande pas de mourir sur une croix, mais l’amour que nous devons avoir envers les autres nous amène à des situations aussi difficiles, avec des souffrances intérieures fortes qui nous oblige à nous dépasser. Comme, par exemple, quand Jésus nous dit : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » (Lc 6,27-28).

Voilà un commandement fort, qui n’entre pas dans nos habitudes humaines. C’est pourquoi Jésus ajoute : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. … Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Lc 6,32.35-36). Cela fait partie des croix que nous devons porter …

A nous de savoir si nous préférons ’’le confort du canapé’’ ou ’’les chaussures de marche’’ pour suivre Jésus sur le chemin de la Vérité et de la Vie.

Seigneur Jésus,

Tu nous veux ’Amour’ à ton image.

Mais comme c’est difficile à vivre

dans notre vie de tous les jours.

Ton chemin est trop dur, trop ardu.

Mais tu nous dis :

« N’aie pas peur, je suis avec toi.

Prend ma main ! »

Merci Seigneur.

 

Francis Cousin

 

 

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 31° A6

 




Audience Générale du Mercredi 24 Octobre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 24 Octobre 2018


Frères et sœurs, le 6ème Commandement, « tu ne commettras pas d’adultère », est un appel direct à la fidélité, sans laquelle aucun rapport humain n’est authentique. De fait, l’amour se manifeste vraiment au-delà du seuil de l’intérêt personnel, quand on donne tout sans réserves, comme le Christ nous l’a révélé. L’être humain a besoin d’être aimé sans conditions, sans quoi il risque de se résigner à la médiocrité de relations immatures qui, dans le meilleur des cas, ne sont qu’un reflet de l’amour. C’est pourquoi l’appel à la vie conjugale demande un discernement approfondi sur la qualité de la relation et un temps de fiançailles pour la vérifier. Car les fiancés ne peuvent pas se promettre fidélité, seulement sur la base de la bonne volonté ou de l’espoir que « tout fonctionne » : ils ont besoin de prendre appui sur le socle de l’amour fidèle de Dieu. La fidélité est donc une manière d’être, un style de vie qui requiert que la fidélité de Dieu puisse entrer dans notre existence, pour que nous soyons des hommes et des femmes fidèles et fiables en toutes circonstances. Ainsi le 6ème Commandement nous appelle à tourner notre regard vers le Christ qui, par sa fidélité, peut nous donner un cœur fidèle.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier des pèlerins de Rennes, Coutances et Bayeux-Lisieux, avec leurs évêques Mgr d’Ornellas, Mgr Le Boulc’h et Mgr Boulanger ; tous les jeunes présents, les membres de l’Aumônerie catholique Tamoule Indienne de France, du groupe Bayard Presse, du Mouvement Sève, ainsi que des pèlerins de Suisse et du Québec. En Jésus-Christ, et en lui seulement, se trouve l’amour sans réserves, le don total sans parenthèses, la persévérance de l’accueil jusqu’au bout. Que de la communion avec Lui, avec le Père et le Saint Esprit, puisse grandir la communion entre nous et le savoir-vivre dans la fidélité toujours ! Que Dieu vous bénisse !

 




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 46-52)

 « Bartimée »

 

On connaît son nom, contrairement à beaucoup de personnes qui ont été guéries par Jésus, dont on ne connaît rien. Si on a retenu son nom, c’est sans doute parce que, par son exemple, il a fait du bien à beaucoup … et son exemple doit encore nous parler …

Dans ce récit, on retiendra trois personnages : Jésus, Bartimée, et la foule (y compris les disciples de Jésus).

Bartimée est aveugle, il mendie, assis au bord du chemin, à la sortie de Jéricho, à l’écart des autres, isolé socialement par son handicap.

Il ne voit pas, mais il entend bien le bruit de la foule qui passe, le bruit des pas et les parlotes des uns et des autres. Il demande : « Que se passe-t-il ? », et on lui répond : « C’est Jésus de Nazareth qui passe ».

Il en avait entendu parler, comme tout le monde. Il appelle : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! », lui donnant sa véritable appellation de Messie, contrairement à la foule.

Pourtant, cette foule qui suivait Jésus l’avait entendu parler, et si on ne sait pas ce que Jésus disait ce jour-là, on connaît son enseignement : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,17), ou d’autres phrases qu’il reprenait dans la loi : « le Seigneur votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, vaillant et redoutable… C’est lui qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’immigré. » ( Dt 10,17-18) ou dans les psaumes : « Rendez justice au faible, à l’orphelin ; faites droit à l’indigent, au malheureux. Libérez le faible et le pauvre, arrachez-les aux mains des impies. » (Ps 81,3-4).

Et la foule passe, en laissant Bartimée sur le bord du chemin, sans faire attention à lui …

« Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas ! » (Jr 5,21).

Pire même, quand Bartimée crie trop fort, on le fait taire : « Cesse d’importuner le maître ; avec tes cris on n’entend plus ce qu’il dit ! »

Ils ne pensent qu’à eux !…

Heureusement, Jésus l’entend. Il s’arrête. Le fait appeler, plein de miséricorde.

La foule, versatile, change de position : le maître a parlé, appelle Bartimée, alors maintenant, on fait attention à lui, on lui parle avec respect : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »

Cette même foule qui acclamait Jésus à son entrée à Jérusalem avec des rameaux, et qui demandera sa mort cinq jours après, une fois qu’il sera livré aux Romains …

Ne sommes-nous pas trop souvent comme cette foule ? Qui varie en fonction du dernier qui a parlé, qui se met souvent du côté de celui qui semble le plus fort !

Qui s’intéressait véritablement aux migrants avant que le pape François aille vers eux à Lampédusa ?

Qui s’intéressait véritablement à la planète, « notre maison commune », avant l’encyclique Laudato Si’ ?

Qui fait un compte chaque jour avec ceux qui restent au bord du chemin ? Les clochards, les sans-abris, les sans-emplois, les ivrognes … ?

Il y a quelques cinquante ans, le père Aimé Duval chantait déjà :

« O vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages,

vous ne verrez jamais son visage !

O vous qui cherchez le Bon Dieu dans les nuages,

vous manquerez encore son dernier passage ! »

A-t-on changé notre mentalité ?

Alors Bartimée se lève, ou plutôt ’’bondit’’, Il laisse sur place tout ce qu’il avait, son manteau, ce qui le protégeait du vent, du froid … son seul confort …

« Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants, une terre ou un manteau sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Mc 10,29-30).

« Il court vers Jésus » ! A-t-on jamais vu un aveugle courir dans une foule ? blackboulé, heurtant l’un, bousculant l’autre, risquant de tomber à chaque instant, il n’a qu’un seul but : se trouver près de Jésus !

Et là, chose surprenante, Jésus lui demande ce qu’il veut !

Bien sûr, il le sait. Et c’est évidant pour tout le monde. Mais Jésus ne voulait pas lui donner satisfaction sans qu’il ne le lui demande ; il voulait permettre à Bartimée de dire lui-même ce qu’il voulait, sans doute depuis quelques temps déjà, depuis qu’il avait entendu parler de Jésus, de ses paroles, de ses guérisons … Ce qu’il attendait, qu’il espérait depuis peut-être plusieurs mois …

Retenons l’attention de Jésus envers les personnes.

Il n’y a rien de pire que de donner satisfaction à quelqu’un avant qu’il ne le demande. La personne se sent alors frustrée, dévalorisée, mis au rang de rien du tout… même si cela lui coûte de demander. Mais en demandant, elle fait un pas en avant qui est important pour elle.

« Ta foi t’a sauvé. »

Et non pas « Ta foi t’a guéri ». C’est toute la personne de Bartimée qui est sauvée : son corps, son esprit, son âme.

Et on s’en rend bien compte : « Et il suivait Jésus sur le chemin. »

Pour Bartimée, c’est une conversion radicale qui se produit. C’est un homme nouveau qui naît.

« Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Eph 4,24)

Bartimée n’avait plus de manteau, mais il revêt le Christ …

Trois personnes : Jésus, Bartimée, et la foule.

On risque fort, en réfléchissant sur ce passage de l’Evangile, de n’y voir que deux personnes : Jésus et Bartimée, et de négliger la foule.

Mais nous, nous sommes dans la foule …

Nous réagissons bien souvent comme la foule …

Reprenons un autre refrain du père Duval :

« Le Seigneur a frappé à tes volets,

Ami, ami, ami, ami.

Le Seigneur a frappé à tes volets,

Mais toi, tu dormais ! »

Seigneur Jésus,

Nous te regardons souvent faire dans les évangiles…

Mais donne-nous TON regard,

que nous voyions ce que toi tu vois,

que nous réagissions en fonction

de ce que nous voyons,…

comme toi, tu le fais.

 

Francis Cousin

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 30° A6

 




Audience Générale du Mercredi 17 Octobre 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 Octobre 2018


Frères et sœurs, comme nous l’avons déjà souligné, le 5ème Commandement, « tu ne tueras pas », révèle qu’aux yeux de Dieu la vie humaine est précieuse, sacrée, inviolable. Dans l’Évangile, Jésus élargit le champ de cette parole, en précisant que la colère contre un frère, l’insulte et le mépris peuvent tuer. De fait, pour détruire l’homme, il suffit de l’ignorer : l’indifférence tue. Et chaque fois que nous n’aimons pas, au fond nous méprisons la vie. Et pourtant, à l’inverse de l’attitude de Caïn, nous avons à nous comporter comme les gardiens les uns des autres. Car nous avons tous besoin de cet amour que le Christ nous a manifesté, à savoir la miséricorde. Ainsi, si tuer signifie détruire, supprimer, éliminer quelqu’un, ne pas tuer veut dire prendre soin, valoriser, intégrer et pardonner. Donc, il ne suffit pas de dire : « je vais bien parce que je ne fais rien de mal » ; il faut faire le bien, ce bien préparé pour chacun de nous et qui nous permet de devenir ce que nous sommes vraiment. Alors accueillons le Commandement « tu ne tueras pas » comme un appel à l’amour et à la miséricorde, un appel à vivre à la suite de Jésus qui a donné sa vie pour nous et qui est ressuscité pour nous.

Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et de divers pays francophones, en particulier des pèlerins de Chambéry et de Nancy, avec leurs évêques Mgr Ballot et Mgr Papin, tous les jeunes présents, ceux de Versailles, de Paris, de Fougères, de Bucquoy, de Rouen et d’Évreux, ainsi que des pèlerins de Namur. Puissions-nous accueillir en Jésus, dans son amour plus fort que la mort, et par le don de l’Esprit du Père, le commandement « tu ne tueras pas ». C’est l’appel le plus important et le plus essentiel de nos vies : l’appel à l’amour ! Que Dieu vous bénisse !

 




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 35-45)

 « La coupe et le baptême »

 Dans l’évangile de ce jour, la réaction des deux fils de Zébédée a de quoi nous surprendre, voire même de nous choquer. Ces deux frères qui ont été parmi les premiers disciples appelés par Jésus, et dont la tradition dit qu’ils auraient été des cousins de Jésus, font partie avec Pierre de ’’la garde rapprochée’’ de Jésus, les intimes, ceux qui partagent avec lui des moments forts que les autres apôtres n’ont pas connus. Ils avaient accompagné Jésus chez Jaïre pour la résurrection de sa fille, ils étaient avec lui au sommet du mont Thabor pour la transfiguration, et ils seront encore avec lui au jardin de Gethsémani. Peut-être est-ce cette proximité avec Jésus qui leur a permis de s’autoriser cette demande.

Nous sommes ici juste après la troisième annonce de la Passion, et comme à chaque fois, cette annonce entraîne des réactions des apôtres qui montrent leur incapacité à accepter cette idée.

A croire qu’ils ne pensaient pas vraiment que ce qu’annonçait Jésus allait se réaliser … et pourtant il fait cette annonce par trois fois … et cette fois-ci, on sent qu’on arrive près de sa réalisation : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 10,33-34).

C’est comme si, pour les apôtres, il était impossible que Jésus puisse subir tout ce qu’il avait dit ; ils avaient tellement foi en lui que, quoi qu’il arrive, Jésus allait vivre et devenir le vrai sauveur politique d’Israël.

Quand Jacques et Jean demandent à être de chaque côté de Jésus ’’dans sa gloire’’, on pourrait se demander à quelle ’’gloire’’ ils pensent, celle du ciel, ou celle de la terre. Mais il semble bien qu’ici, c’est de celle de la terre qu’il s’agit. D’autant que Jean, dans son évangile, quand il parle de la gloire que Dieu donnera à Jésus, c’est quand il sera élevé sur la croix ; et là, il n’y aura pas Jacques qui aura fui avec les autres disciples, Jean sera au pied de la croix, et ceux qui entourent Jésus, l’un à droite et l’autre à gauche, seront deux brigands.

Jésus leur répond en parlant de celle du ciel, qui passe nécessairement par sa passion, sa mort et sa résurrection : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? ». Deux passages nécessaires pour aller dans la gloire : la coupe et le baptême, avec à chaque fois deux interprétations :

  • La coupe, ce peut être celle qu’on remplit de vin, pour la fête, la joie, le plaisir d’être ensemble, celle qu’on boit pour sceller une union, un mariage … pour Jésus, celle qu’il va partager avec ses disciples le jeudi saint, signe de son union avec l’Eglise ; mais aussi celle ’’du sang versé pour la multitude’’ … Vin et sang, joie et tristesse … Ce peut être aussi celle de Gethsémani : « Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14,36). Tristesse.

  • Le baptême, qui peut être le baptême dans l’eau, pour la joie de la purification, mais aussi le baptême dans le sang de la passion et de la mort pour Jésus, et pour les apôtres le baptême des martyrs : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » (Ap 7,14). Tristesse, mais aussi joie, puisque ce baptême dans le sang permettra à ceux qui l’ont reçu (subi ?) d’être conduits « aux sources des eaux de la vie. » (Ap 7,17).

Bravaches, les deux frères qui ne doutent de rien répondent : « Pas de problèmes, nous le pouvons ! ».

Ce que Jésus leur répond, c’est aussi à nous qu’il le dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Bien sûr, pour nous qui vivons à La Réunion, on ne va pas prendre cette phrase au sens propre. Mais il ne faut pas oublier que pour certains croyants, c’est une phrase qui se vit ou qui peut se vivre, comme pour les chrétiens de Chine, du Viêt-Nam, du Pakistan, d’Irak, ou dans d’autres pays du Moyen-Orient ou d’Afrique, ou d’ailleurs, le Mexique….

Et même si cela ne nous concerne pas au sens propre, elle nous concerne au sens figuré. Nous devons être « prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque [nous] demande de rendre raison de l’espérance qui est en [nous] » (1P 3,15), cette espérance qui nous fait croire en la Vie Eternelle, en la vie tout court, qui est un don de Dieu, fait par amour, et que nous devons défendre, depuis sa conception jusqu’à son terme terrestre. Surtout en ces moments qui arrivent où seront débattus les nouvelles lois de bioéthique. En tant que chrétien, on ne peut accepter que des lois permettent la marchandisation de l’enfant et des femmes (mères ‘porteuses’ !), que soit autorisés des techniques permettant à des couples non-biologiques d’avoir des enfants de manière non naturelle pour satisfaire leur seul désir sans tenir compte des désirs et des besoins des futurs enfants. Mais s’il faut dire notre point de vue, ce doit être fait comme le dit saint Pierre : « faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. »

Seigneur Jésus,

Comme il est difficile à un humain

de penser selon tes voies.

Nous sommes toujours terre à terre,

alors que toi,

tu es ciel à terre et terre à ciel.

Donne-nous la sagesse

d’accepter ce que tu veux,

et non ce que nous voulons.

 

Francis Cousin

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 29° A6