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Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Pâques

 » Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! « 

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 20, 19-31)

Le chapitre 20 de l’évangile de Jean est tout entier consacré aux apparitions de Jésus après sa résurrection. C’est l’expérience de l’apôtre Thomas qui est proposée à notre méditation.

Le sens des mots

Après la mort de Jésus : Pourquoi cette précision est-elle importante ?

Jésus vint et il était là au milieu d’eux : Les portes sont verrouillées et pourtant Jésus est là : qu’est-ce que cela nous apprend de Jésus ressuscité ?

La paix soit avec vous  : que signifie cette paix offerte par Jésus à ses  disciples ?

Il leur montra ses mains et son côté : En quoi ce geste de Jésus est-il important pour son groupe de disciples ?

De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : Quel rapport y a –t-il entre la mission des disciples et celle de Jésus ?

Il répandit sur eux son souffle : Comparer avec ce qui s’est passé à la Pentecôte.

Recevez l’Esprit-Saint : Qui est cet Esprit Saint et pourquoi Jésus peut-il le donner ? Et quel est le premier rôle de l’Esprit ?

Nous avons vu le Seigneur : comment comprendre cette parole des disciples à Thomas ? Est-ce un acte de foi ?

Huit jours plus tard ? Quel est ce jour ?

Cesse d’être incrédule… par rapport à quoi ? sois croyant : par rapport à qui ?

Mon Seigneur et mon Dieu : Quelle est la différence entre cette attitude de Thomas et celle des autres disciples ? 

Heureux ceux qui croient sans avoir vu : Pour qui Jésus prononce cette béatitude ?

D’autres signes que Jésus a faits : Pourquoi saint Jean parle de « signes » faits par Jésus ? Quel est l’objectif de saint Jean en écrivant son évangile ?

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

 Jésus, tu es ressuscité ! Il a fallu la puissance de ta Résurrection pour faire passer tes disciples de la tristesse de la mort et de la peur à la joie et à la paix. Aujourd’hui, lorsque deux ou trois sont réunis en ton Nom, tu es là, réellement au milieu d’eux. Nous remercions surtout d’être là au milieu de nous, lorsque chaque dimanche nous nous rassemblons pour célébrer l’eucharistie en mémoire de Toi. Donne-nous de vivre ce rendez-vous dans la joie de croire sans te voir, comme tu  l’as promis aux croyants de tous les temps.

 

Pour l’animateur  

 Après la mort de Jésus : L’évangéliste Jean précise bien que le Jésus qui va se montrer à ses disciples est bien passé par la mort. Il y a un avant la mort et un après la mort.

Jésus vint : C’est Jésus qui prend l’initiative de se donner à voir ; il était là au milieu d’eux : ces mots expriment une présence bien réelle de Jésus en personne. Il en est de même quand nous nous réunissons au nom du Seigneur Jésus, en particulier le Dimanche.

La paix soit avec vous ! C’est la Paix, fruit de la mort et de la résurrection de Jésus, réconciliation de l’humanité avec Dieu. Qui chasse la peur des disciples, qui étaient enfermés dans le doute et la culpabilité d’avoir lâché leur Maître.

En leur montrant ses mains et son côté Jésus décline en quelque sorte son identité : c’est bien lui qui était sur la croix. Il est très important pour le groupe des disciples de vérifier que c’est le même Jésus avec son corps, celui qu’ils ont suivi et aimé, tout en constatant qu’il n’est plus dans la condition terrestre d’avant, puisque les portes verrouillées ne l’ont pas empêché d’être au milieu d’eux.

La mission des disciples s’enracine dans celle que Jésus a reçue de son Père et la prolonge : en répandant sur eux son souffle (l’Esprit-Saint par lequel le Père l’a ressuscité) Jésus fait de ses disciples des « apôtres » (envoyés). L’Esprit est donné aux disciples pour pardonner les péchés au nom de Dieu. On pourrait dire « tout homme à qui vous remettrez…Dieu remettra ses péchés ». C’est une mission pour le salut du monde.

En fait les disciples, en l’absence de Thomas, a vu Jésus ressuscité et ont cru leur Maître vivant. Dans un premier temps Thomas est incrédule par rapport à ce fait. Mais en réalité par la suite, c’est lui le premier vrai croyant du groupe : car, en disant

« Mon Seigneur et mon Dieu », il reconnaît que le Jésus qu’il a vu marcher sur les routes de Palestine, qu’il a vu faire la fête à Cana, guérir, pardonner… est Dieu. Tout l’évangile de Jean aboutit à ce cri de foi de Thomas. Mais Jésus déclare heureux les hommes qui feront le même acte de foi sans avoir vu. C’est notre cas si nous croyons au témoignage de ces premiers témoins qui ont vu et qui ont cru.

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

« Mon Seigneur et mon Dieu ». En pensant à Jésus, en le priant, en regardant l’hostie de la communion, suis-je capable de faire cet acte de foi comme Thomas ? Si Jésus n’est pas ressuscité, s’il n’est pas Dieu, notre foi est vide ; je ne suis pas pardonné, je ne suis pas délivré de la mort, il n’y a pas de résurrection possible pour moi.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » : On constate que les chrétiens souvent ne respirent pas la joie. Pourquoi ? Serait-ce parce que beaucoup de baptisés vivent leur religion comme une morale d’interdits, d’obligations et de devoirs ? Où est la joie de croire au Christ ressuscité et de vivre avec Lui sa vie de tous les jours ?

Où est-il possible de faire l’expérience aujourd’hui de la présence du Ressuscité ? Nos assemblées dominicales sont-elles des assemblées fraternelles et joyeuses de la présence du Ressuscité ?

ENSEMBLE PRIONS

Seigneur Jésus, tu t’es manifesté à tes apôtres après la résurrection et tu as rempli leur cœur de joie lorsque tu leur dis :  « La paix soit avec vous ». Viens aussi au milieu de notre communauté qui t’appartient. Apporte-lui la paix de ta présence, et que la joie envahisse nos cœurs. Alors, avec Thomas, ton apôtre nous t’acclamerons en te disant avec joie : » Mon Seigneur et mon Dieu !

Chant : Seigneur Jésus, tu es Vivant, en toi la joie éternelle.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 2ième Dimanche de Pâques

 

 

 

 




Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle (Thomas Merton ; 11)

  • Cette mise à l’épreuve de l’individu peut à l’occasion être intensifiée par les conditions institutionnelles. L’angoisse et la peur qui le font renoncer à sa précaire fidélité à des inspirations purement intérieures procèdent d’un conflit intime de valeurs. Être appelé à entrer dans l’obscurité de la contemplation, c’est être appelé à renoncer aux schèmes familiers et conventionnels de pensée et d’action pour juger en fonction d’un critère totalement nouveau et caché : la lumière invisible de l’Esprit Saint. Ce qui évidemment, d’un certain point de vue, est lourd de danger. Comment savoir qu’on est guidé par Dieu et non par le diable ? Comment faire la distinction entre grâce et illusion ?

Ce conflit est particulièrement délicat. Puisque d’un côté il est certain que Dieu guide le contemplatif par des inspirations personnelles (au moins en ce qui concerne la prière intérieure), l’appel à la contemplation ne peut qu’être une invite directe à quitter les voies ordinaires et familières de la vie intérieure pour vivre (ou du moins prier) suivant d’autres règles : non pas celles des livres et manuels de piété, mais les inspirations concrètes de Dieu ici et maintenant. Mais de l’autre côté, on n’est pas toujours sous la conduite directe de Dieu, et en même temps on reste membre d’un groupe social plus ou moins institutionnalisé, avec ses normes objectives de vie auxquelles on est tenu de se conformer.

On peut dire tout de suite que les inspirations de l’Esprit Saint sont rarement en désaccord total avec les normes sainement traditionnelle[1] des sociétés religieuses. Il n’empêche que l’histoire des saints est pleine de cas où ceux qui étaient sous la conduite directe de Dieu furent en butte à la réprobation virulente de saintes gens professionnels. Le procès de Jeanne d’Arc en est la meilleure illustration. La vie du contemplatif a tendance à être marquée par une tension et un conflit permanents entre ce qu’il ressent comme les mouvements intérieurs de la grâce, et les pressions extérieures et objectives exercées sur lui par la société[2] aux lois de laquelle il est soumis. Cette tension est encore aggravée quand on s’avise que les faux mystiques sont toujours prêts à revendiquer une dispense des normes sociales au nom de l’inspiration privée. Et la société[3] elle-même, s’exprimant par la voix de ses membres les plus avertis, ne se fait pas scrupule de rappeler ce fait à l’intéressé.

Même lorsque celui-ci ne se voit pas expressément interdire de suivre ce qu’il croit profondément être l’inspiration divine (et le cas n’est pas si rare que cela), il peut très bien se sentir continuellement et totalement en désaccord avec les idéaux admis par son entourage. Leurs exercices spirituels peuvent lui paraître ennuyeux et n’être qu’une perte de temps ; leurs sermons et leur conversation, le laisser accablé par un sentiment de vanité, comme bombardé de mots vides de sens ; leurs offices solennels, leur enthousiasme par rapport au plain-chant et au cérémonial liturgiques, lui voler le goût délicat d’une manne intérieure qui ne se trouve pas dans les prières toutes préparées et les rites extérieurs. Si seulement il pouvait être seul et au calme, et rester dans le vide, l’obscurité, la vacance d’esprit[4] où Dieu parle, et avec quel effet bouleversant ! Mais non, il se voit imposer des lumières et des bouquets spirituel[5], penser et dire des paroles, chanter des « Alleluias » dont un autre veut lui faire partager l’allégresse. Il lui faut s’évertuer à faire son miel de paroles – à son goût – affreusement vulgaires et écœurantes : non pas à cause de ce qu’elles aspirent à dire, mais simplement parce qu’elles sont de seconde main. On me dit que chez certains peuples du Proche-Orient c’est une marque d’honneur, dans un festin, que l’hôte donne à l’invité un morceau qu’il a lui-même en partie mâché. Pour un contemplatif, la vie dans une communauté consacrée à la prière finit par devenir ce genre de banquet du matin au soir : on est toujours là à essayer d’avaler une friandise que quelqu’un d’autre a mâchée le premier. La réaction naturelle est de la recracher. Mais on n’ose pas, ou alors, on éprouve une culpabilité insupportable.

Ce conflit douloureux serait plus aisément évité si les institutions monastiques n’étaient pas devenues tellement rigides et stéréotypées ces derniers siècles, et si elles n’avaient pas très largement perdu contact avec le solide bon sens de la tradition antique. Rien en réalité n’est plus contraire à la vie contemplative qu’un excès de règles. Les règles sont nécessaires, certes, mais la vie sous une règle monastique n’est nullement condamnée à être strictement encadrée, d’autant que toutes les règles saines prévoient des exceptions dans les cas individuels, et laissent le soin au supérieur de décider si et quand – en raison de sa santé, de son emploi, ou même de sa vie intérieure – un moine a besoin de bénéficier d’un régime plus personnel. Il a toujours été entendu dans le monachisme oriental, par exemple, qu’en avançant en âge, le moine pouvait se donner plus complètement à la contemplation et à la solitude. Dans ce cas, il peut vivre seul comme ermite ou comme reclus (comme l’attestent les nombreux ermites des grottes du mont Athos encore aujourd’hui), ou du moins, dans un cenobium, profiter d’heures de prière plus longues. Si l’on prévoit que passée une certaine étape de votre développement spirituel, l’Esprit Saint prendra la relève et dirigera votre vie à son gré, il est compréhensible qu’une certaine latitude d’action lui soit laissée. Il va sans dire bien sûr que l’indiscipline[6] et l’entêtement irréductible[7] sont la marque évidente qu’on n’est pas guidé par l’Esprit Saint.

Malheureusement, la tendance moderne en Occident consiste à assimiler « la volonté de Dieu » et « l’action de l’Esprit Saint » à la norme habituelle et universelle sans laisser place à l’épanouissement de grâces spéciales chez un individu. Chaque fois qu’il y a conflit entre l’intérieur et l’extérieur, c’est toujours l’extérieur qui doit l’emporter. Il faut toujours, et par-dessus tout, se conformer à l’idée collective. Or s’il est vrai que ce peut être un sacrifice très méritoire, il est tout aussi vrai que les esprits bornés ont, par ce moyen, transformé la vie religieuse en un lit de torture où des saints et contemplatifs en puissance ont été tellement écartelés et estropiés qu’ils ont fini leur vie en marginaux et en excentriques. Et c’est pourquoi, dans tellement de monastères contemplatifs, il y a peu, ou point, de vrais contemplatifs. C’est aussi pourquoi, très souvent, des hommes de caractère et d’une grande délicatesse intérieure sont rebutés par l’atmosphère de ces monastères une fois qu’ils y ont passé quelques mois, et partent profondément découragés, en renonçant totalement à la vie intérieure.

Pourtant, si l’on se trouve dans une institution rigide ou fermée, il n’y a lieu de céder à l’angoisse et au désespoir. Ni de gaspiller sont temps en vains actes de rébellion. Faire preuve d’une trop grande assurance est fatal à ses propres aspirations[8] intérieures. S’il est possible de trouver un directeur sage [et de le suivre[9]], on doit prendre en compte les grâces divines autant que possible, et ne pas craindre de les suivre si l’occasion s’en présente, même si cela signifie qu’on va contre les idées communément reçues. Mais en même temps, il faut éviter l’excentricité, l’entêtement, et la vaine ostentation. Si une personne est vraiment guidée par l’Esprit Saint, la grâce elle-même fera le nécessaire, car la simplicité extérieure et l’obscurité sont des signes de grâce ; et de même, la douceur et l’obéissance. Chaque fois qu’il a vraiment conflit avec l’obéissance, celui qui cède et obéit n’est jamais perdant. Il ne continuera pas moins à grandir en grâce, et ne doit pas laisser cours à la frustration concernant son sacrifice. Mais celui qui désobéit par orgueil perdra la grâce divine.

[1] « sainement traditionnelles » : ajout.

[2] « Society » remplace « institution ».

[3] Idem

[4] En anglais : purposelessness.

[5] « spirituels » : ajout.

[6] « contumacy » remplace « disobedience ».

[7] « intractable willfulness » remplace   « self will ».

[8] « aspirations » remplace « attractions ».

[9] « And follow him » : effacé.




Audience Générale du Mercredi 28 Mars 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 28 Mars 2018


Chers frères et sœurs, bonjour!

Je voudrais aujourd’hui m’arrêter pour méditer sur le Triduum pascal qui commence demain, afin d’approfondir un peu ce que les jours les plus importants de l’année liturgique représentent pour nous les croyants. Je voudrais vous poser une question: quelle est la fête la plus importante de notre foi: Noël ou Pâques? Pâques, parce que c’est la fête de notre salut, la fête de l’amour de Dieu pour nous, la fête, la célébration de sa mort et de sa Résurrection. Et c’est pourquoi je voudrais réfléchir avec vous sur cette fête, sur ces journées, que sont les jours pascals, jusqu’à la résurrection du Seigneur. Ces jours constituent la mémoire célébrative d’un unique grand mystère: la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Le Triduum commence demain, par la Messe de la Cène du Seigneur, et il se conclura par les vêpres du dimanche de la Résurrection. Ensuite arrive «Pasquetta» [le lundi de Pâques] pour célébrer cette grande fête: un jour de plus. Mais il est post-liturgique: c’est la fête en famille, c’est la fête de la société. Le Triduum marque les étapes fondamentales de notre foi et de notre vocation dans le monde, et tous les chrétiens sont appelés à vivre les trois Jours saints – jeudi, vendredi, samedi; et le dimanche — bien évidemment —, mais le samedi est le jour de la résurrection — les trois Jours saints comme la «matrice», pourrait-on dire, de leur vie personnelle et communautaire, comme nos frères juifs ont vécu l’exode d’Egypte.

Ces trois jours reproposent au peuple chrétien les grands événements du salut accomplis par le Christ, et ils le projettent ainsi sur l’horizon de son destin futur et le renforcent dans son engagement de témoignage dans l’histoire.

Le matin de Pâques, en reparcourant les étapes vécues pendant le Triduum, le chant de la Séquence, c’est-à-dire une sorte de Psaume, fera entendre solennellement l’annonce de la résurrection; il dit: «Le Christ, notre espérance, est ressuscité et nous précède en Galilée». C’est la grande affirmation: le Christ est ressuscité. Et chez de nombreux peuples dans le monde, en particulier dans l’Europe de l’est, les gens ne se saluent pas au cours de ces journées pascales par un «bonjour», «bonsoir», mais par «le Christ est ressuscité», pour affirmer le grand salut pascal. «Le Christ est ressuscité». C’est dans ces paroles de joie émue — «le Christ est ressuscité — que le Triduum atteint son sommet. Elles contiennent non seulement une annonce de joie et d’espérance, mais aussi un appel à la responsabilité et à la mission. Et cela ne se termine pas avec la colombe, les œufs, les fêtes — même si cela est beau parce que c’est une fête de famille — mais cela ne termine pas ainsi. C’est là que commence le chemin de la mission, de l’annonce: le Christ est ressuscité. Et cette annonce, à laquelle le Triduum conduit en nous préparant à l’accueillir, est le centre de notre foi et de notre espérance, est le noyau, est l’annonce, est — le mot est difficile, mais il dit tout —, est le kerygma, qui sans cesse évangélise l’Eglise et que celle-ci, à son tour, est envoyée pour évangéliser.

Saint Paul résume l’événement pascal par cette expression: «Car notre pâque, le Christ, a été immolée» (1 Co 5, 7), comme l’agneau. Il a été immolé. C’est pourquoi — poursuit-il — «l’être ancien a disparu, un être nouveau est là» (2 Co 5, 15). Renés. C’est pour cette raison qu’au début on baptisait les gens le jour de Pâques. Au cours de la nuit de ce samedi également, je baptiserai ici, à Saint-Pierre, huit adultes qui commencent leur vie chrétienne. Et tout commence parce qu’ils seront nés à nouveau. Et par une autre formule synthétique, saint Paul explique que le Christ a été «livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification» (Rm 4, 25). Le seul, le seul qui nous justifie; le seul qui nous fait renaître à nouveau est Jésus Christ. Aucun autre. Et pour cela il ne faut rien payer, parce que la justification — devenir justes — est gratuite. C’est la grandeur de l’amour de Jésus: il donne la vie gratuitement pour nous rendre saints, pour nous renouveler, pour nous pardonner. Et cela est précisément le noyau de ce Triduum pascal. Dans le Triduum pascal, la mémoire de cet événement fondamental devient une célébration pleine de reconnaissance et, dans le même temps, renouvelle chez les baptisés le sens de leur nouvelle condition, que l’apôtre Paul exprime ainsi: «Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, […] non celles de la terre» (Col 3, 1-3). Elever le regard, regarder l’horizon, élargir les horizons: cela est notre foi, cela est notre justification, cela est l’état de grâce! En effet, par le baptême, nous sommes ressuscités avec Jésus et nous sommes morts aux choses et à la logique du monde; nous sommes renés comme des créatures nouvelles: une réalité qui demande à devenir une existence concrète jour après jour.

Un chrétien, s’il se laisse vraiment laver par le Christ, s’il se laisse vraiment dépouiller par Lui du vieil homme pour marcher dans une vie nouvelle, bien que restant pécheur — parce que nous le sommes tous — ne peut plus être corrompu, la justification de Jésus nous sauve de la corruption, nous sommes pécheurs, mais pas corrompus; il ne peut plus vivre avec la mort dans l’âme, ni non plus être cause de mort. Et je dois dire ici une chose triste et douloureuse… Il y a de faux chrétiens: ceux qui disent «Jésus est ressuscité», «J’ai été justifié par Jésus», je suis dans la vie nouvelle, mais je vis une vie corrompue. Et ces faux chrétiens finiront mal. Le chrétien, je le répète, est pécheur — nous le sommes tous, je le suis — mais nous avons la certitude que, quand nous demandons pardon au Seigneur, il nous pardonne. Le corrompu fait semblant d’être une personne honorable, mais à la fin, il y a de la pourriture dans son cœur. Jésus nous donne une vie nouvelle. Le chrétien ne peut pas vivre avec la mort dans l’âme, ni même être cause de mort. Pensons — sans aller loin — pensons à notre pays, pensons à ceux qu’on appelle les «chrétiens mafieux». Mais ils n’ont rien de chrétien: ils se disent chrétiens, mais ils portent la mort dans l’âme et aux autres. Prions pour eux, pour que le Seigneur touche leur âme. Notre prochain, en particulier le plus petit et celui qui souffre le plus, devient le visage concret auquel donner l’amour que Jésus nous a donné. Et le monde devient l’espace de notre nouvelle vie de ressuscités. Nous sommes ressuscités avec Jésus: debout, le front haut, et nous pouvons partager l’humiliation de ceux qui aujourd’hui encore, comme Jésus, sont dans la souffrance, dans le dénuement, dans la solitude, dans la mort, pour devenir, grâce à Lui et avec Lui, des instruments de rachat et d’espérance, signes de vie et de résurrection. Dans de nombreux pays — ici, en Italie, et aussi dans ma patrie — il y a l’habitude que le jour de Pâques, quand on entend sonner les cloches, les mères et les grand-mères amènent les enfants se laver les yeux avec de l’eau, avec l’eau de la vie, comme signe pour pouvoir voir les choses de Jésus, les choses nouvelles. En cette Pâque, laissons-nous laver l’âme, laver les yeux de l’âme, pour voir les belles choses, et faire de belles choses. Cela est merveilleux! C’est précisément la Résurrection de Jésus après sa mort, qui a été le prix pour nous sauver tous.

Chers frères et sœurs, préparons-nous à bien vivre ce Saint Triduum désormais imminent — il commence demain —, pour être toujours plus profondément insérés dans le mystère du Christ, mort et ressuscité pour nous. Que la Très Sainte Vierge nous accompagne sur cet itinéraire spirituel, Elle qui suivit Jésus dans sa passion — Elle était là, elle regardait, elle souffrait… —, qui fut présente et unie à Lui sous la croix, mais qui n’avait pas honte de son fils. Une mère n’a jamais honte de son fils! Elle était là, et elle reçut dans son cœur de mère l’immense joie de la résurrection. Qu’Elle nous obtienne la grâce de participer intimement aux célébrations des prochains jours, pour que notre cœur et notre vie en soient réellement transformés.

Et en vous laissant ces pensées, je vous adresse à tous mes vœux les plus cordiaux pour une joyeuse et sainte Pâque, avec vos communautés et vos proches.

Et je vous donne un conseil: le matin de Pâques amenez les enfants au lavabo et faites-leur se laver les yeux. Ce sera un signe sur la façon de voir Jésus Ressuscité.


Je salue cordialement les pèlerins venant de France et de divers pays francophones. Frères et sœurs, disposons-nous à bien vivre ce Triduum qui commence demain, pour être toujours plus profondément unis au mystère du Christ qui est mort et ressuscité pour nous. Que la Vierge Marie nous accompagne sur ce chemin spirituel. Qu’elle nous obtienne la grâce d’entrer vraiment dans ces célébrations pour que notre cœur et notre vie en soient réellement transformés. Que Dieu vous bénisse !




« J’étais malade et vous m’avez visité » (Mt 25,36)

Mercredi 21 mars, notre Evêque, Mgr Gilbert Aubry, est allé visiter des enfants malades au CHU de Bellepierre, à St Denis… Une paroissienne des Hauts de l’île avait confectionné des petits chapeaux tressés, qu’elle avait donnés une quinzaine de jours avant à Noéline Fournier, au Carmel… Cette dernière avait été surprise, et ne savait vraiment que faire… quand est venu, la semaine suivante, cet appel à accompagner notre Evêque auprès des enfants de l’hôpital… C’était donc pour cela… Le Ciel travaille… Elle est partie acheter des lapins en chocolat pour garnir ces petits chapeaux, et notre Evêque a pu en donner un à chacun… Voici quelques photos, pas toujours de très bonnes qualités car prises sur le vif avec les téléphones portables des uns et des autres… Mais l’essentiel est la joie qui a été semée ce jour-là dans les coeurs…

 

 

 

 

 




Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 20, 1-9

 

« On a enlevé le Seigneur de son tombeau !  »

 

Marie-Madeleine était là, le vendredi, quand Joseph d’Arimathie avait mis le corps de Jésus dans son tombeau, et elle avait bien repéré celui-ci pour pouvoir revenir, une fois le sabbat passé, afin de l’embaumer avec des aromates. Et quand elle revient, le lendemain du sabbat, notre dimanche aujourd’hui, de grand matin, elle voit la pierre d’entrée enlevée.

Pour n’importe qui, c’est un choc ! Imaginez de trouver la dalle funéraire de l’un de vos parents ou amis déplacée et la tombe ouverte !

Affolement complet. Elle ne vérifie même pas si le corps de Jésus est là. Pour elle, c’est sûr : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau », et elle court l’annoncer à Pierre.

Plus tard, une fois revenue près du tombeau, sur le lieu ’’du vol’’, pour essayer de comprendre, de retrouver le corps, elle rencontrera ce qu’elle croit être un jardinier, mais qui en fait est Jésus. Mais elle ne le reconnaît pas.

Pourtant elle suivait Jésus depuis un certain temps. Les apôtres aussi, presque trois ans. Et d’autres femmes, d’autres disciples, comme Cléophas et son compagnon qui repartent déçus vers Emmaüs …

Ils avaient tous entendu Jésus annoncer sa résurrection, au moins trois fois nous disent les évangiles, et la dernière fois les avait laissés interrogatifs : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 10,34-35), car ils n’avaient pas compris cette parole.

Ils connaissaient le terme ressusciter, mais pour eux, c’était à la fin des temps : « Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » (Jn 11,24), et ils venaient de voir Jésus ressusciter Lazare …

Croire en la résurrection est difficile. D’ailleurs Jésus lui-même le dit dans la parabole du riche et du pauvre Lazare : « Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » (Lc 16,31).

Pour nous, c’est plus facile de croire en la résurrection de Jésus, parce que les apôtres en ont témoigné, l’ont écrit, l’ont proclamé (cf Ac 2,23-24 …), parce qu’il est apparu à quelques grands saints (Sainte Marguerite-Marie Alacoque, Sœur Faustine …), parce que toute la catéchèse de saint Paul est basée sur le résurrection de Jésus : « si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co 15,14) … et parce que nous avons foi en Jésus.

En Jésus ressuscité par son Père, au moment de la Pâque, en ce jour que nous commémorons aujourd’hui. Oui, nous pouvons l’affirmer et le proclamer : Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Et si Jésus est ressuscité et que nous croyons en lui qui a dit : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24), lui qui est auprès de son Père, alors, nous aussi nous irons avec lui auprès de son Père,  dans la gloire des cieux, ressuscités avec lui, car « « Nous qui étions morts par suite de nos fautes, Dieu nous fait revivre avec le Christ » (Éph 2, 5).

Et pourtant, certains sondages nous apprennent que la foi en la résurrection des morts est en perte de vitesse, que seulement un tiers des catholiques y croiraient, au profit de la réincarnation (!!!), qu’une nouvelle revue nous dit qu’elle serait prouvée par la science (peut-être).

Or, c’est impossible. On ne peut pas être chrétien et croire en la réincarnation.

La base de la foi des chrétiens est la résurrection de Jésus, que Dieu a ressuscité et qui nous ressuscitera avec lui à la parousie. C’est là notre espérance.

Soyons ferme dans notre foi, et n’ayons pas peur de la dire.

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Seigneur Jésus,

tu es ressuscité,

et nous croyons que tu es ressuscité

grâce au témoignage des apôtres.

Et nous croyons aussi

que tu nous ressusciteras

avec toi à la fin des temps.

C’est là notre espérance.

Francis Cousin

 

                       

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim Pâques 1° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-13

          




Rencontre autour de l’Évangile – Dimanche de Pâques

 » Le premier jour de la semaine le disciple

entre dans le tombeau. Il voit et il croit… »

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 20, 19-31)

Le chapitre 20 de l’évangile de Jean est tout entier consacré aux apparitions de Jésus après sa résurrection. Le matin de Pâques, Pierre et Jean trouvent le tombeau vide. Nous allons voir ce qui se passe pour ces deux disciples.

Le sens des mots

Le premier jour de la semaine : Qu’est devenu pour nous ce premier jour de la semaine ? Quel est son importance pour les chrétiens ?

Marie Madeleine  : Qui est cette Marie Madeleine ? Que voit-elle en arrivant au tombeaux ?

De grand matin… il fait encore sombre : Le jour se lève peu à peu… Cette remarque de Jean doit avoir une signification par rapport à l’événement : laquelle ?

Simon-Pierre et l’autre disciple celui que Jésus aimait : Quelle était la place de Simon-Pierre dans le groupe des Douze ? Qui peut être ce « disciple que Jésus aimait » ?

Le Seigneur : Au lieu de dire on a enlevé « le corps » de Jésus, Marie Madeleine dit « le Seigneur » :  Pourquoi ?

Jean voit le linceul resté là… il n’entre pas : Pourquoi l’autre disciple, arrivé le premier, n’entre pas ?

Pierre regarde le linceul resté là : Comment comprendre ce qui est dit du linceul.

Il vit et il crut : Qu’est-ce que le disciple à vu ? Qu’est-ce qu’il a cru ?

Jusque là il n’avait pas vu…  : Que veut dire ici le mot « voir » ?

Que d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

 Jésus, tu es ressuscité ! Tu es sorti vivant du tombeau. Pierre et le disciple que tu aimais ont cru ! Nous sommes tes disciples. Tu nous aimes. Augmente notre foi et fais de nous les témoins joyeux de ta résurrection.

 

Pour l’animateur  

Pour les juifs, le lendemain du sabbat (7ème jour), c’était le premier jour de la semaine. C’est devenu pour les chrétiens « le jour du Seigneur » (en latin : Dies Domini = Dimanche). Jour particulièrement important parce que c’est le jour où les chrétiens se rassemblent pour célébrer la mort et la résurrection de Jésus. Depuis le début, c’est le jour où Jésus ressuscité vit un rendez-vous avec ses disciples.

Marie de magdala (Madeleine), c’est une ancienne possédée que Jésus a guérie et qui faisait partie du groupe de femmes qui le suivaient (voir Lc 8,2). Ne pas confondre avec la pécheresse (prostituée) venue chez Simon le Pharisien pour pleurer ses péchés.

De grand matin, (le jour se lève), mais il fait encore sombre : ce n’est pas une pure indication de temps. Ce langage symbolique, cher à saint Jean, veut dire que le Christ s’est levé du tombeau, il est le Soleil Levant ; mais il fait encore sombre dans le cœur des disciples et de Marie. Ce n’est pas encore la clarté de la foi.

La pierre a été enlevée : La Résurrection est l’œuvre du Père par la puissance de l’Esprit. Mais Jean, préserve le mystère de l’intervention de Dieu.

Pierre et le disciple que Jésus aimait, vivent une grande proximité avec Jésus depuis sa passion, proximité douloureuse pour Pierre dans sa trahison, fidèle chez l’autre disciple. L’évangéliste ne nomme jamais l’autre disciple. Qui est-il ? Peut-être Jean lui-même ? Chacun de nous peut lui donner son nom. C’est à Pierre d’entrer le premier dans le tombeau vide : car c’est le chef du groupe des Douze et il devient ainsi un témoin indiscutable pour l’Église primitive.

 L’autre disciple entre à son tour : dès qu’il voit les linges restés à la place où ils étaient sur le corps de Jésus, « il vit et il crut ». Le disciple croit sans hésiter. Jésus s’en est allé, laissant ses habits dans l’ordre et place où il les portait. Ces habits attestent que le corps de Jésus n’a pas été volé. Jésus ressuscité n’a plus besoin de vêtement ; il a quitté le monde des humains… Voir et croire, pour Jean, c’est le même acte. 

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE :

Ou bien Jésus est ressuscité ou bien il n’est pas ressuscité !

S’il est ressuscité, tout dans notre vie doit avoir un sens nouveau : le temps que nous vivons, nos occupations quotidiennes, notre travail, notre famille, l’éducation que nous donnons à nos enfants, l’usage que nous faisons de l’argent, l’amour, l’amitié, nos relations, nos loisirs, la souffrance…    et la mort ! Où en sommes-nous ? Comment vivons-nous notre foi en Jésus ressuscité ?

ENSEMBLE PRIONS

Dieu notre Père, dans ton amour invincible pour nous, tu as relevé ton Fils Jésus d’entre les morts, pour le salut de tous.

Fais-nous entrer dans la joie et l’allégresse du Christ ressuscité, pendant tout le temps pascal, jusqu’à la Pentecôte, et tous les jours de notre vie.

Donne-nous le goût de demeurer avec lui dans le secret du cœur, d’aimer avec générosité tous ceux que tu nous donnes et de vivre dans la foi et l’espérance, tournés vers lui, le Vivant à jamais. Amen

Chant : Jésus, tu es ressuscité, Alléluia.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : Dimanche de Paques

 

 

 

 




Formation de formateur de Parcours Alpha.

Avec l’accord de Mgr Gilbert Aubry, un temps de formation à ALPHA assuré par Nicolas et Aymeline de Chezelles (formateurs envoyés par Alpha France) vous est proposé à la salle Don Bosco de la cure de la cathédrale de Saint-Denis :

Vendredi 20 avril 2018 : Formation à la pédagogie d’ « Alpha classic », de 14h30 à 17h30.

– Samedi 21 avril : L’organisation et la mise en pratique d’ « Alpha classic », de 9h à 12h.

– Samedi 21 avril : Formation à « Alpha prison » pour les membres des équipes de pastorale des prisons, de 14h30 à 18h.

– Dimanche 22 avril : Formation à « Alpha duo », « Alpha couple » et « Alpha famille » pour ceux qui s’intéressent à la pastorale du couple et de la famille, de 14h30 à 18h.

Alpha étant œcuménique, toutes ces formations sont ouvertes aux catholiques, aux orthodoxes et aux protestants. Voici le site Internet pour information : https://www.parcoursalpha.fr

Pour le remboursement du billet d’avion du formateur, il sera proposé aux personnes qui suivront la formation une participation libre aux frais.

Afin de bien organiser ces formations, les personnes intéressées sont priées d’envoyer le coupon-réponse avant le 10 avril avec l’intitulé :

Formation Alpha.

Cure de la cathédrale.

22 avenue de la Victoire.

97400 Saint-Denis

ou par courriel : parcoursalpha2018@gmail.com

Dans la lumière de Noël, en cette belle fête de saint Jean, apôtre et évangéliste.

Fr. Manuel Rivero O.P.

Cure de la cathédrale
22 avenue de la Victoire
97400 Saint Denis de La Réunion
Courriel :
manuel.rivero@free.fr

 

Nom…………………………………………………………………………Prénom…………………………………………….

Tél…………………………………………………….Mail………………………………………………………………………….Viendra à la formation d’Alpha le ………………………………




Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle (Thomas Merton ; 9-10)

  • La contemplation, c’est la lumière divine jouant directement sur l’âme. Mais toutes les âmes sont affaiblies et aveuglées par leur attachement aux choses créées, qu’elles ont tendance à aimer immodérément en raison du péché originel. Par suite, la lumière divine affecte l’âme à la façon dont la lumière du soleil affecte un œil malade : elle est cause de souffrance. L’amour de Dieu est trop pur. L’âme, impure et malade, affaiblie par son propre égoïsme[1] est heurtée, rebutée, rebutée par cette pureté divine précisément. Elle n’arrive pas à comprendre la souffrance que provoque cette lumière. Elle s’est formé ses propres idées de Dieu, idées qui sont fondées sur la connaissance naturelle et qui, inconsciemment, flattent son amour-propre. Or Dieu contredit ces idées. Sa lumière rejette[2] et pulvérise toutes les notions naturelles que l’âme s’était formées à son endroit. L’expérience de Dieu dans la contemplation infuse contredit purement et simplement tout ce qu’elle avait imaginé le concernant. Le feu de son Amour infus attaque impitoyablement l’amour-propre de l’âme attachée aux consolations humaines et aux lumières et sentiments dont elle avait besoin comme débutante, mais qu’elle s’imaginait à tort être les grâces suprêmes de la prière.

  • La contemplation infuse entraîne donc avec elle, tôt ou tard, une terrifiante révolution intérieure. C’en est fini de la douceur de la prière. La méditation devient impossible, voire odieuse. Les cérémonies liturgiques lui pèsent comme un fardeau insupportable. L’esprit n’arrive pas à penser. La volonté a l’air incapable d’aimer. La vie intérieure n’est qu’obscurité, sécheresse, souffrance. L’âme est tentée de croire que tout est fini et que, en punition de ses infidélités, toute vie spirituelle est terminée.

               On est ici à un point crucial de la vie de prière. C’est ici très souvent que des âmes, pourtant appelées par Dieu à la contemplation, sont rebutées par tant de « dureté » (voir Jn 6, 60-67, « elle est dure, cette parole »)[3], font demi-tour, et « ne marchent plus avec Lui ». Dieu a illuminé leur cœur d’un rai de sa lumière. Mais elles, aveuglées qu’elles sont par son intensité, ne voient en lui qu’un rai d’obscurité. Elles s’insurgent là contre. Elles ne veulent pas croire et rester dans l’obscurité, elles veulent voir. Elles ne veulent pas cheminer dans le vide, avec une confiance aveugle : elles veulent savoir où elles vont. Elles veulent pouvoir dépendre d’elles-mêmes. Elles veulent pouvoir se fier à leur intelligence et à leur volonté, leur jugement et leurs décisions à elles. Elles veulent être leurs propres guides. Ce sont par conséquent des êtres sensuels qui « ne perçoivent pas ce qui est de l’Esprit de Dieu ». Cette obscurité et cette impuissance, c’est folie pure à leurs yeux. Le Christ leur a donné sa Croix, et cette croix, en fin de compte, est une pierre d’achoppement[4]. Elles ne peuvent pas aller plus loin. Elles restent en général fidèles à Dieu, et font leur possible pour le servir. Mais elles tournent le dos à ce qui est intérieur et s’acquittent de leur service par des activités extérieures. Elles s’extériorisent en pratiques pieuses, ou s’immergent dans le travail de manière à échapper à la souffrance et au sentiment d’échec qu’elles ont éprouvés dans ce qui, à leurs yeux, est le sort final de toute contemplation. « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas comprise » (Jn 1).

[1] « affaiblie… » : ajout.

[2] « … rejects » remplace « defeats ».

[3] Traduction volontairement plus proche de la lettre du texte mertonien que de celle de la Bible de Jérusalem (N. d. T.)

[4] En anglais, « a scandal ». Utilisé ici, manifestement, dans son sens étymologique (N. d. T.).




Audience Générale du Mercredi 21 Mars 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 21 Mars 2018


Frères et sœurs, lorsque nous célébrons l’eucharistie nous sommes nourris du Christ qui se donne dans sa Parole et dans le Sacrement de l’autel. Après la fraction du pain consacré, le prêtre invite les fidèles au banquet Eucharistique pour faire l’expérience de l’union intime avec le Seigneur, source de joie et de sainteté. Il est vrai que nous sommes très loin de la sainteté du Christ, mais nous croyons que son Sang a été versé pour la rémission des péchés et nous le prions : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Dans la Communion eucharistique, même sous une seule des deux espèces, nous recevons le Christ tout entier. En nous unissant à lui, la Communion nous arrache à nos égoïsmes et nous unit à tous ceux qui ne font qu’un avec lui. Nous devenons ce que nous recevons : le Corps du Christ, et, par notre Amen, nous reconnaissons l’engagement que cela implique. Dans l’oraison après la Communion le prêtre remercie Dieu d’avoir fait de nous ses hôtes et il demande que le don reçu transforme notre vie.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française en particulier les jeunes venus de Suisse et de France. Alors que la fête de Pâques se fait plus proche, je vous invite à redoubler de ferveur, notamment par une participation active à la messe et par les œuvres de charité, afin que la grâce de la résurrection transforme vraiment toute notre vie. Que Dieu vous bénisse !




Dimanche des Rameaux et de la Passion – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Marc 11, 1-10

 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !  »

 

            La liturgie de ce dimanche nous offre une particularité, celle d’avoir la lecture de deux passages d’Évangile : l’entrée de Jésus dans la ville de Jérusalem, et la lecture de la Passion de Jésus qui aura lieu quelques jours plus tard.

            Sans doute pour que ceux qui ne pourraient pas assister à la célébration  du vendredi saint puissent entendre une fois dans l’année la lecture de la passion. Mais aussi pour montrer que cette dernière semaine que passe Jésus  sur terre, dans la ville de Jérusalem, dans la ville de son Père, là où se trouve le temple, présence de Dieu au milieu de son peuple, va être pleine de contrastes, pleine de contradictions, d’oppositions, de revirements, … de trahison, de reniement, … et de repentir…

En une semaine va se jouer toute la destinée du peuple juif et des autres Nations. Sans que ceux-ci en soient conscients. Et pourtant ils participent à cette folle semaine, mais sans réellement « savoir ce qu’ils font ».

En ce premier jour de la Semaine Sainte, nous assistons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, qui aurait pu se passer comme pour n’importe quelle autre ville dans laquelle Jésus est entré, mais qui revêt une importance particulière parce que c’est la montagne de Sion, et par toute une symbolique qui entoure cette entrée.

Jésus vient de Jéricho où il a guérit l’aveugle Bartimée. Il monte à Jérusalem comme l’on fait avant lui Josué et le peuple de Dieu sorti d’Égypte pour prendre possession du pays. Il prend la place de Josué qui a mené à terme la mission de Moïse, il est le nouveau Moïse.

Jésus s’arrête sur le mont des Oliviers, accomplissant ainsi la prophétie de Zacharie : « Les pieds du Seigneur se poseront, ce jour-là, sur le mont des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l’orient. (…) Alors le Seigneur mon Dieu viendra, et tous les saints avec lui. (…) Alors le Seigneur deviendra roi sur toute la terre ; ce jour-là, le Seigneur sera unique, et unique, son nom. » (Za 14,4-59).

Jésus n’entre pas à pied, comme à son habitude, mais sur un âne dont il explique à ses disciples où le trouver et que dire si on les voit le prendre. On n’a pas l’habitude de le voir expliquer à l’avance ce qui va se passer, sauf pour les annonces de la Passion. Or, l’entrée à Jérusalem sur un âne (et non pas sur un cheval comme le faisaient les rois) était aussi une prophétie de Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse.(…) Il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. » (Za 9,9-10).

Toute cette symbolique, organisée par Jésus lui-même, montre bien que Jésus voulait montrer au peuple (qui connaissait les écritures) qu’il était le Messie annoncé.

Alors, quand il entre à Jérusalem, il est accueilli par les gens qui l’entourent comme on le faisait pour les rois, ou pour la purification du temple après la profanation d’Antiochus : « Ils célébrèrent cette fête dans l’allégresse (…) C’est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verdoyants et des palmes, ils faisaient monter des hymnes vers Celui qui avait mené à bien la purification de son propre Lieu saint. » (2 M 10,6-7). Et Jésus va donner une autre dimension au temple en devenant lui-même ce Temple en mourant sur la Croix, et en ressuscitant le troisième jour.

Enthousiasme, joie, liesse … pour accueillir Jésus …

Cris, fureur, haine … pour condamner Jésus …

A cinq jours d’intervalle …

On peut être surpris de ce revirement de situation, de ce changement de vision. On peut aussi en être outré, considérer cela comme inadmissible, incompréhensible …

Et pourtant …

Si nous nous regardons bien au fond de notre cœur, il nous arrive bien souvent de faire la même chose, … et en moins de cinq jours.

Combien de personnes vont à la messe le dimanche, et l’après-midi (peut-être même avant) se disputent avec un autre automobiliste pour une question de priorité ou de place de parking. Ou prennent leurs aises sur la plage avec la musique à fond, ou le ballon qui part n’importe où, sans aucun respect pour les autres occupants … !

On me dira : « Oui, mais ce n’est pas Dieu ! ». Sans doute. Mais Dieu n’est-il pas présent dans chaque être humain ?

On pourra dire aussi : « C’est humain ! ». Certes ! On pourrait même ajouter : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55,9) et en profiter pour se dédouaner.

Mais Jésus n’a-t-il pas dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Mt 5,48) ?

Oui, nous avons encore du chemin à faire pour arriver à la sainteté.

Seigneur Jésus,

Tu entres à Jérusalem acclamé comme un roi,

mais les mêmes gens

demanderont ta mort peu après.

Moi aussi,

 je suis parfois tout feu tout flamme avec toi,

et à d’autres moments je te laisse tomber.

 Pardonne-moi mon manque de foi.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

                       

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim carême B 6° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-12