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3ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 2, 13-25

 

« Cessez de faire de la maison de mon Père

une maison de commerce. »

 

Cet épisode bien connu nous montre un aspect de Jésus auquel on ne s’attend pas. Lui qui a dit : « Bienheureux les doux » (Mt 5,5) nous est ici montré un fouet de cordes à la main en train de chasser les marchands de bestiaux et bestioles pour les sacrifices, ainsi que les changeurs de monnaie. Même si ceux-ci se trouvaient dans la première enceinte du Temple, donc loin du saint des saints, et s’ils étaient utiles pour les juifs qui venaient pour la Pâque de tout le bassin méditerranéen, il aurait préféré qu’ils soient à l’extérieur du Temple, reprenant l’oracle de Jérémie : « Temple du Seigneur ! (…) Est-elle à vos yeux une caverne de bandits, cette maison sur laquelle mon nom est invoqué ? » (Jr, 7,4.11).

Mais dans la phrase de Jésus, il y a une partie qui nous semble évidente pour nous maintenant, mais qui passait pour un blasphème aux oreilles des juifs de l’époque : « …de la maison de mon Père… ». Le Temple est la maison de Dieu, et lui dit qu’elle est celle de son Père …

Il se pose ainsi non pas comme un simple prophète, mais comme le Messie car qui pourrait se dire Fils de Dieu sinon lui ? Et son action faisait se souvenir de la prophétie de Zacharie pour la venue du Seigneur : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison du Seigneur de l’univers en ce jour-là » (Za 14,21).

On comprend alors la réaction plutôt polie des juifs présents qui lui demandent avec peut-être une pointe de respect « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? ».

Et c’est là qu’arrive l’incompréhension entre Jésus et les juifs. Quand Jésus parle « du sanctuaire de son corps », les juifs pensent aux pierres du bâtiment du Temple.

            Temple                  Sanctuaire

Pierres                     Corps

Son corps qui ressuscitera trois jours après sa mort, mais les juifs pouvaient difficilement le comprendre, même ses disciples qui étaient avec lui, et qui croyaient en lui, ne le comprirent qu’après sa Résurrection.

L’important n’est plus le lieu, mais la foi en Jésus. Ce que Jésus dira un peu après à la Samaritaine : « L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. L’heure vient …où  les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. » (Jn 4,21-22).

On va plus loin que la loi qui oblige à venir au Temple. Il ne s’agit plus de prescriptions à respecter, mais d’une manière de vivre qui engage chacun de nous : Voir le Père en Jésus ressuscité, voir Jésus en nous, au profond de notre cœur. Voir Jésus en nous quand nous communions : « Devenez ce que vous recevez » (St Augustin), et saint Paul ajoute : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16). Avec Jésus, on change de registre :

Loi                      Vie

Et si l’Esprit de Dieu habite en nous, nous devrions pouvoir dire, encore avec saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2,20).

Mais nous en sommes loin pour la plupart d’entre nous.

Profitons de ce carême pour purifier notre relation à Dieu, pour qu’elle soit vraiment une relation en vérité. Pour rencontrer Dieu en nous. Mais aussi pour le rencontrer dans les autres … et ça, ce n’est pas toujours facile …

Pour reconnaître l’action de Jésus dans notre vie (ou quand il n’y est pas), lui qui est le chemin vers le Père. Mais un chemin qui passe par la croix, où Jésus sera la victime en lieu et place des bœufs, des moutons et des colombes. Et un chemin qui passe par nos croix, qu’il nous faut accepter, offrir à Dieu. Nos croix qui nous semblent toujours trop lourdes, surtout si nous voulons les porter seuls, mais qui sont plus légères si nous acceptons que Dieu en porte une partie, « Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » (Mt 11,30).

Seigneur Jésus,

tu as tellement de respect pour ton Père

que tu ne peux accepter tout ce commerce

qui a lieu dans le temple,

dans la maison de ton Père.

Aide-moi à être toujours respectueux

quand j’entre dans la ‘maison de Dieu’,

quand je suis dans une église.

Francis Cousin                      

                     

                       

               

                       

Pour accéder à une prière illustrée, cliquer sur le titre suivant : Prière dim carême B 3° A6

Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-09

          




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême

 » Détruisez ce temple

et en trois jours je le releverai… »

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 2, 13-25)

Nous sommes au début de l’évangile selon saint Jean. C’est la première montée de Jésus à Jérusalem ; et la Pâque des juifs est proche.

Le sens des mots

Les marchands et changeurs installés dans le Temple : Pourquoi sont-ils là avec leurs bêtes et bureaux de change ?

Jésus fit un fouet avec des cordes et les chassa…  : Comment réagissons-nous devant la réaction de Jésus ? Est-ce que ce geste de Jésus nous rappelle certaines manières de faire des prophètes de l’Ancien Testament ?

La maison de mon Père : Dans cette parole qu’est-ce que Jésus nous révèle de sa relation à Dieu.

Détruisez ce Temple : Quel était le rôle du Temple pour le peuple d’Israël ?

En trois jours je le relèverai : Qu’est-ce que Jésus annonce de manière voilée par ces paroles ?

Le Temple dont il parlait, c’était son corps : Quel sera le rôle du « corps » de Jésus pour le Peuple des chrétiens ?

Quand il ressuscita d’entre les morts… : Pourquoi est-ce à ce moment-là seulement que les disciples de Jésus crurent à a parole de Jésus ?

 

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus ressuscité, en toi nous rencontrons le vrai Dieu, ton Père et notre Père. En toi nous formons un seul Corps, ton Corps, l’Église. Fais grandir en nous l’amour de ton Église. Elle est la demeure de Dieu parmi les hommes. Donne-nous la grâce de l’embellir par la sainteté de notre vie ; Donne-nous de savoir la purifier de tout ce qui peut la souiller.

  

Pour l’animateur  

Les marchands étaient installés, directement à l’intérieur du Temple, sur le parvis où se tenaient habituellement les étrangers qui venaient en pèlerinage. C’est là, qu’ils pouvaient acheter un animal pour l’offrir en sacrifice. Mais pour l’acheter, il fallait qu’ils changent leur monnaie romaine considérée comme impure pour faire leurs achats avec la monnaie du Temple. La présence des changeurs était donc indispensable.

Jésus considère que tout ce trafic souille le Temple lui-même, qu’il appelle la « maison de son Père ».

Jésus fait un geste prophétique, comme les prophètes de l’Ancien Testament : pour mieux communiquer leur message, il y a un geste et des paroles pour interpréter. Devant la profanation du Temple, Jésus proteste comme Jérémie (7, 13-14) ou comme Isaïe (56,7).

La parole de Jésus est double : d’abord il demande de mettre fin à une pratique indigne de Dieu. Jésus se comporte en défenseur des droits de Dieu son Père. Il révèle en même temps sa relation filiale avec son Père. Il est chez lui dans le Temple. Ensuite il répond à la demande de signe, en parlant du Temple de son corps. Exactement Jésus pense au sanctuaire, c’est-à-dire le Saint des Saints, le lieu le plus sacré du Temple, qui était le lieu de la rencontre entre le Peuple d’Israël et son Dieu. Désormais, c’est le Christ ressuscité qui est le seul chemin vers Dieu, le seul Temple véritable où les hommes peuvent rencontrer Dieu. Et ce nouveau Temple est universel, il n’est la propriété d’aucun peuple, d’aucune civilisation.

Quand Jésus dit « en trois jours je le relèverai », il parle de sa résurrection.

L’évangéliste saint Jean fait lui-même le commentaire du geste de Jésus en le rapprochant du psaume 69, 9-10 : « l’amour de ta maison fera mon tourment » et ce zèle de Jésus pour la maison de Dieu le conduira à la mort, et Jean explique que c’est à la lumière de la résurrection de Jésus qu’on peut bien comprendre Jésus quand il parle du temple de son corps.

Jean écrit son évangile après la destruction du Temple de Jérusalem par les armées romaines de Titus en l’an 70. Sans doute, il s’agit dans cet évangile de souligner le caractère caduc des sacrifices du Temple. Désormais, seul reste valable pour réconcilier l’homme avec Dieu le sacrifice de l’unique Sauveur, l’homme-Dieu Jésus. En son Corps ressuscité, tous les hommes sont appelés à se rassembler comme dans l’unique Temple nouveau.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

Est-ce que le Christ ressuscité est bien au cœur de notre relation avec Dieu, de notre prière. (Attention aux chaînes de prière qui nous tombent entre les mains avec des consignes pour les reproduire et les diffuser. Les arrêter sans hésiter.)

Jésus ressuscité, le nouveau Temple, est pour tous. Est-ce que notre communauté chrétienne, nos groupes, sont ouverts, accueillants à tous ? (Parfois nous sommes satisfaits de nous retrouver entre nous, avec les mêmes idées, les mêmes pensées…et nous risquons de n’être plus, dans le Christ, un chemin vers Dieu pour d’autres, surtout s’ils ne pensent pas tout à fait comme nous…).

Ensemble prions  

Chant : Peuple choisi  (Carnet paroissial p.239  c.1,2,3)

Confions-nous aux promesses du Christ et prions pour l’Église :

Temple fondé sur le Christ, la pierre angulaire, Peuple qui met en lui sa foi.

Voici  la demeure de Dieu  chez  les hommes !

Voici la maison de paix où l’homme reçoit le don de Dieu

Voici le temple ouvert où l’homme qui adore devient témoin de Dieu.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 3ième Dimanche de Carême

 

 

 

 




Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle (Thomas Merton ; 4-6)

Poursuivons, en cette seconde étape, le résumé des éléments essentiels de la contemplation spirituelle :

  • 4 – La contemplation est l’œuvre de l’amour, et le contemplatif donne la preuve de son amour en quittant tout, y compris les choses les plus spirituelles, pour Dieu, et en vivant dans le néant, le détachement, et « la nuit ». Mais le facteur décisif dans la contemplation, c’est l’action gratuite et imprévisible de Dieu. Lui seul peut accorder le don de la grâce mystique et se faire connaître par le contact ineffable et secret qui révèle sa présence dans les profondeurs de l’âme. Ce qui compte, ce n’est pas l’amour de l’âme pour Dieu, mais l’amour de Dieu pour l’âme.

  • 5 – Cette connaissance de Dieu dans l’inconnaissance n’est pas intellectuelle, ni même, au sens strict, affective. Elle n’est pas l’œuvre de telle ou telle faculté unissant l’âme à quelque objet extérieur. Elle est œuvre d’union intérieure et d’identification dans la charité divine : on connaît Dieu en devenant un avec Lui. On l’appréhende en devenant l’objet de ses miséricordes infinies.

  • 6 – La contemplation, c’est un amour et une connaissance surnaturels de Dieu, à la fois simples et obscurs, infusés par lui au sommet de l’âme, et donnant à l’âme un contact direct et expérimental avec lui. La contemplation mystique, c’est l’intuition de Dieu procédant d’un amour pur. C’est un don de Dieu qui transcende absolument toutes les capacités naturelles de l’âme et que nul ne peut acquérir par un quelconque effort de sa part. Mais Dieu le donne à l’âme pour autant qu’elle est pure et vidée de toute affection pour les choses extérieures à Lui. Autrement dit, elle est Dieu se manifestant Lui-même, selon la promesse du Christ, à ceux qui l’aiment. Et pourtant l’amour dont ils l’aiment est également un don de Lui ; nous ne l’aimons que parce que Lui nous a aimés le premier. Nous le cherchons parce que Lui nous a déjà trouvés. Ipse prior dilexit nosMais ce qu’il faut souligner, c’est que la contemplation est elle-même le fruit et la perfection de la charité pure. Celui qui aime Dieu a conscience que la joie la plus grande, la perfection de la béatitude, est d’aimer Dieu et de renoncer à tout pour l’amour de Dieu seul… ou pour l’amour de l’amour seul, puisque Dieu Lui-même est amour. La contemplation est l’expérience intellectuelle du fait que Dieu est l’Amour infini, qu’Il s’est donné totalement à nous, et que dès lors, l’amour est la seule chose qui compte.

 

Extrait de :

 

 




Message de Carême – Pape François

Nous vous invitons à clique sur le titre ci-après pour accéder au message du Pape François en format PDF :

Pape François – Message de Carême 2018




1° journée Cycle Long 2018 à Bagatelle

Ce dimanche 18 février, le groupe Cycle Long de Bagatelle s’est retrouvé pour sa première rencontre. Voici quelques photos de notre journée consacrée à regarder le Christ vrai homme, prophète, et bien plus… le Fils éternel du Père engendré de toute éternité par ce Don que le Père ne cesse de faire de lui-même, par Amour, le Don de sa Plénitude, le Don de l’Esprit Saint… Et toute la mission de Jésus est de proposer ce même Don, totalement gratuitement, à tous les pêcheurs blessés et malades que nous sommes… « Si tu savais le Don de Dieu » (Jn 4,10). Si nous acceptons de répondre à son appel, de nous repentir de tout coeur, de nous convertir avec le soutien de sa grâce, ce même Don aura en nous les mêmes effets : il nous engendrera à la Plénitude des fils, « à l’image du Fils » (Rm 8,28), participants nous aussi à « la nature divine » (2P 1,4), et cela selon notre condition de créatures… Telle est la vocation ici bas de tout homme… Alors, « gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté » (Lc 2,14 ; St Jérôme).




2ième Dimanche de Carême – Claude WON FAH HIN

 

Dieu avait promis à Abraham (Gn 15,5) une postérité aussi nombreuse que les étoiles. Et Abraham crut en Dieu alors qu’il n’avait pas encore d’enfant. Après la naissance de son fils Isaac, voici que « Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai », autrement dit, Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils unique. Pour nous, cela peut être choquant, mais à l’époque, les mœurs cananéennes admettaient le sacrifice du premier-né aux dieux (Yahvé parla à Moïse et lui dit Ex 13,2 : « Consacre-moi tout premier-né…» ; Lc 2,23 : « selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur »,). Comme tout être humain, Abraham a dû se sentir mal à l’aise. Ce qui le choque ce n’est pas tant le sacrifice de son fils premier-né, puisque c’était une pratique courante à l’époque, mais plutôt la contradiction apparente entre ce que Dieu promet – Il lui a promis une descendance nombreuse – et ce que Dieu lui demande de faire : sacrifier son fils unique. Comment avoir une descendance nombreuse s’il doit sacrifier son fils unique ? Et que fait Abraham alors même qu’il ne comprend rien? Il n’hésite pas, il obéit à Dieu (c’est l’obéissance de la Foi : « parce que je crois en Dieu, j’obéis à Dieu ») : il est prêt à sacrifier son fils unique parce qu’il a une foi aveugle en Dieu. C’est ce que Paul dans sa lettre aux Romains appelle l’« obéissance de la foi ». Et la note de la TOB nous dit que la foi engage l’homme tout entier. C’est pourquoi, elle est toujours obéissance, c’est l’obéissance qu’est la foi. Elle implique que l’homme se soumette librement et volontairement au Dieu qui se révèle à lui comme fidèle et véridique et qui, en renouvelant l’homme, permet à celui-ci d’obéir à la volonté divine. Mais, jamais Dieu ne demandera à quiconque de faire le mal. Le texte de la Genèse dit que « Dieu éprouva Abraham », c’est-à-dire qu’il met Abraham à l’épreuve pour voir s’il va l’obéir ou non, pour voir jusqu’à quel point va sa foi en Dieu. La foi d’Abraham n’a pas de limite et cela se traduit par une obéissance totale à Dieu. Ceci est une invitation, pour nous tous, à obéir à la Parole de Dieu, et cette obéissance se traduit par la mise en pratique des commandements de Dieu et de l’Église, et à ne jamais agir contre l’autorité religieuse que représentent le Pape, les évêques, les prêtres.  Sur la seule parole de Dieu, Abraham est prêt à sacrifier son fils. On l’appelle d’ailleurs le « Père des croyants ».

Au moment décisif du sacrifice d’Isaac, Dieu intervient : « N’étends pas la main contre l’enfant !  Ne lui fais aucun mal !  Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Dieu ne veut pas de sacrifice humain, et c’est aussi un message pour le peuple d’Abraham. Il faut arrêter les sacrifices humains. Et Abraham va remplacer le sacrifice humain par le sacrifice d’un animal. Mais le sacrifice animal ne sert absolument pas à enlever le péché du monde, et donc il ne sert à rien, d’où la venue de Jésus en ce monde (He 10,4) : « 4 En effet, du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés. 5 C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation (ni offrande); mais tu m’as façonné un corps. 6 Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. 7 Alors j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Et c’est donc Jésus, ce Jésus Amour, qui se sacrifiera pour que l’humanité entière soit sauvée du péché, pour que l’humanité soit vainqueur de la mort, pour qu’elle soit sanctifiée et justifiée devant le Père et que tous se retrouvent au Royaume de Dieu. Et nous revivons le temps de la Passion du Christ, tous les vendredis avec le Chemin de croix. Et cela rejoint l’Évangile d’aujourd’hui avec la transfiguration.

Pierre vient de reconnaître en Jésus qu’il est le Christ, c’est-à-dire le Messie, le Sauveur tant attendu. Et Jésus fait à Pierre et à ses disciples la première annonce de la Passion, il leur annonce qu’il doit mourir et trois jours après il ressuscitera. Et là, nouvelle apparente contradiction, comme pour Abraham. Comment Jésus, Messie, envoyé par Dieu, peut-il sauver le monde s’il doit lui-même mourir bientôt ? N’est pas « Père des croyants » qui veut. Le doute s’installe dans les esprits des disciples, et la réaction de Pierre sera bien différente de celle d’Abraham, il montre son mécontentement. La foi de Pierre et des disciples est quelque peu ébranlée. Réaction très vive de Jésus à Pierre : « Passe derrière-moi Satan ». Les Actes des Apôtres (4,13) nous rappelle que « Pierre et Jean sont des gens sans instruction ni culture ». Conscient de leur faiblesse dans la foi, six jours après, Jésus emmène ses apôtres préférés, Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne. Ils sont les témoins privilégiés de Jésus : présents lors de la guérison de la fille de Jaïre, chef de la synagogue (Mc 5,37), ils le sont encore à l’agonie de leur Maître à Gethsémani. Et maintenant témoins de la transfiguration de Jésus. C’est, en réalité, une étape importante dans l’éducation des disciples car ce sont des gens qui attendent un Messie Glorieux, et être témoins de la transfiguration pourra renforcer leur foi à la veille de la Passion où Jésus se montrera faible et impuissant aux yeux de ses disciples. La transfiguration laisse aux apôtres un message dont ils ont besoin au moment où Jésus est rejeté par les autorités religieuses de l’époque. La vision de Jésus en pleine gloire, avec la présence de Moïse qui représente la Loi et Élie qui représente les prophètes, montre que la totalité des Écritures témoignent en faveur de Jésus, autrement dit, Jésus est bien celui que le peuple hébreu de l’Ancien Testament attendait. La transfiguration intervient comme pour confirmer que Jésus est bien le Messie. Et même temps, c’est un message qui nous est adressé pour dire que nous sommes appelés aussi à être transfigurés à l’image du Christ.

Si nous nous unissons sincèrement au Christ, au plus profond de nous-mêmes, la transfiguration s’opérera forcément à condition d’utiliser tous les moyens qu’il a mis à notre disposition :  lecture de la Parole de Dieu, les prières dont le rosaire, les sacrements et particulièrement ceux de la réconciliation et l’Eucharistie, et en ce temps de carême, nous avons la chance de pratiquer le jeûne et d’avoir l’Heure sainte, un moment où nous partageons et participons à la souffrance du Christ dans sa Passion qui n’est pas terminée. C’est le Christ qui dit à Padre Pio :  « Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde. Pendant le temps de mon agonie, mon fils, il ne faut pas dormir. Mon âme va à la recherche de quelques gouttes de piété humaine ; mais hélas, je suis seul sous le poids de l’indifférence. L’ingratitude et la somnolence de mes ministres me rendent plus pénible mon agonie. Hélas, comme ils répondent mal à mon amour ! Ce qui m’afflige le plus, c’est que ceux-ci ajoutent à leur indifférence le mépris et l’incrédulité »…A force d’avoir Jésus comme compagnon de route, de partager ses souffrances, mais aussi ses joies avec toutes les grâces que nous recevons, nous finirons par le ressembler…jusqu’à être totalement transfiguré lorsque nous serons dans son Royaume.

Et comme les disciples de Jésus, Pierre, Jacques et Jean, comme Abraham, nous vivons des moments où il nous est difficile de comprendre Dieu, des moments compris comme des contradictions. On a ainsi l’impression que Dieu nous aime, qu’il est proche de nous, et en même temps Il paraît éloigné de nous et qu’il n’agit pas; nous sommes sous sa protection et en même temps lâchés au milieu des loups avec tous les dangers qu’il peut y avoir ; nous sommes appelés à prier sans cesse et en même temps on a parfois l’impression qu’on prie pour rien et que Dieu n’en tient pas compte. Et on peut ainsi continuer longtemps.

Mais ce sont des contradictions qui ne sont qu’apparentes. Et les apparences sont souvent trompeuses. En réalité, il n’en est rien. Dieu qui est Amour, protège sans cesse ses enfants…tant que ses enfants ne s’éloignent pas de Dieu par le péché qui est un refus de rester uni à Dieu.  C’est seulement lorsque nous serons au Paradis que nous apprendrons que nos prières ont permis de convertir des milliers de personnes, que les sacrements nous ont sanctifiés, que l’amour donné gratuitement a changé le monde.

Continuons à avoir une confiance totale en Dieu quoi qu’il arrive, Rm 8,28 : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (et cela malgré les apparences). Les saints disent la même chose : 1 – Ste Catherine de Sienne dit à « ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive » : « Tout procède de l’amour, tout est ordonné au salut de l’homme, Dieu ne fait rien que dans ce but ». 2 – St Thomas More, peu avant son martyre, console sa fille: « Rien ne peut arriver que Dieu ne l’ait voulu. Or tout ce qu’il veut, si mauvais que cela puisse paraître, est cependant ce qu’il y a de mieux pour nous ». 3 – Une autre sainte (Lady Julian of Norwich) : « J’appris donc, par la grâce, qu’il fallait m’en tenir fermement à la foi, et croire avec non moins de fermeté que toutes choses seront   bonnes…Et tu verras que toutes choses seront bonnes ».

Quoi qu’il en soit, Dieu témoigne que son Fils est réellement notre Sauveur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ». Pour Pierre, Jacques et Jean, cela signifie « Écoutez Jésus, même quand il traversera les épreuves de la Passion », gardez confiance en Lui alors même qu’il paraît si fragile, si faible devant tous ses bourreaux. Les deux textes sont là pour confirmer qu’il faut garder la foi en Dieu, quoiqu’il arrive, quels que soient les événements parfois désastreux au vue des chrétiens. Si Dieu, qui nous aime follement, nous envoie son Fils unique se sacrifier pour nous, ce n’est pas pour nous laisser tomber par la suite. Jamais Dieu ne nous abandonne. Si bien que tout ce que nous faisons, tout ce que nous vivons, toutes nos prières, toutes nos relations, toutes nos pensées, notre vie intérieure et spirituelle, Dieu en tient compte. Il nous demande d’écouter son Fils. Et tout ce que dit le Fils tient en quelques mots : aimer Dieu et aimer son prochain.

Avec Marie, qui « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2,19), demandons à Dieu par son Fils bien-aimé d’augmenter notre foi.




2ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 9, 2-10

 

Théophanies

 La première lecture de ce dimanche narre l’épisode bien connu du sacrifice d’Isaac par son père Abraham où l’on trouve déjà une première théophanie par l’intermédiaire de l’ange. En effet cet ange, ou ce messager céleste, comme tout bon messager dit fidèlement la parole qui lui a été confiée ; mais ici, il ne se contente pas de dire : « Dieu te dit » ou « oracle du Seigneur », mais il va jusqu’à utiliser la première personne du singulier, parlant au nom de Dieu : « Tu ne m’as pas refusé ton Fils, ton unique », puis : « Je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance… ».

Mais les similitudes entre la première lecture et l’évangile, qui nous parle de la transfiguration de Jésus, ne s’arrêtent pas là. En plus de la montagne, de la solitude (ou de l’écartement des autres personnes, serviteurs ou apôtres), c’est le sacrifice du fils unique, demandé dans la première lecture mais non réalisé, qui est au cœur de l’évangile de manière sous-jacente. En effet, dans ce passage, qui se situe entre les deux premières annonces de la Passion par Jésus (qui sont difficilement comprises par les apôtres), celui-ci demande aux apôtres de garder secret tout ce qui venait de se passer jusqu’à ce « que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Or, le Fils de l’homme représente Jésus, « le Fils unique » envoyé par le Père pour sauver tous les hommes, qui mourra effectivement cette fois sur la croix.

Lors de la transfiguration, ou de la métamorphose chez Marc, les vêtements de Jésus « devinrent resplendissants, d’une blancheur telle qu’aucun foulon sur terre ne peut ainsi blanchir. ». C’est un blanc, plus blanc que blanc, qui n’est pas de la terre ; qui est donc du ciel, de ce qu’on connaîtra après la résurrection (cf Mt 27,2-3 : « L’ange du Seigneur… vint rouler la pierre et s’assit dessus…et son vêtement était blanc comme neige »). On est déjà dans une vision de ce que les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, pourront voir après la résurrection de Jésus. Et voici que Élie et Moïse vinrent s’entretenir avec Jésus.

N’oublions pas que les trois apôtres étaient des juifs, qu’ils connaissaient les écritures, et donc Moïse et Elie qui représentent la Loi et les prophètes. Voir Jésus en compagnie de ces deux grands hommes de la Bible et discourir entre eux montre deux choses :

La première est la confirmation que Jésus n’est pas Élie qui revient sur terre, ni Moïse : « Jésus interrogeait ses disciples: ’Au dire des gens, qui suis-je ?’. Ils lui répondirent : ’’Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes’’. » (Mc 8,27-28). Ce que peut confirmer l’interrogation des apôtres en descendant de la montagne : « Ils l’interrogeaient : ’’Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ?’’ » (Mc 9,11).

La seconde est que Jésus est bien dans la continuité de ce que nous appelons l’Ancien Testament : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus n’est pas un hurluberlu comme d’autres qui ont tenté de se faire passer pour le Messie. Il l’est véritablement.

Pour ces trois pécheurs du lac de Galilée, c’est un moment extraordinaire qu’ils sont en train de vivre, un moment qu’ils n’auraient jamais pu imaginer : Moïse, Élie et Jésus, tous les trois, devant eux …

Ils ne savent pas quoi dire. Ils regardent, hébétées … et la seule idée qui vient à Pierre, dans une réaction très terre à terre, et qui peut paraître incongrue, très loin sans doute du discours des trois personnages, est qu’il faut que ce moment de grâce dure le plus longtemps possible. « Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie … et  nous, nous pourrons rester là à vous regarder, à vous admirer. »

Mais ce n’était pas les intentions de Dieu. Et après la confirmation que Jésus est bien le Messie (2° théophanie), c’est le Père qui entre en jeu. La haute montagne, la nuée qui survient, et la voix de Dieu qui parle à travers la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… »

Contrairement au baptême de Jésus où il semblerait que Dieu s’adresse à Jésus seul : « Tu es mon Fils bien-aimé… » (Mc 1,11), ici la voix s’adresse à tous les présents, c’est-à-dire Jésus et les trois disciples, car quand la nuée se dissipe, « ils ne virent plus que Jésus seul avec eux ».

Non seulement, par la deuxième théophanie, Jésus s’inscrit dans la suite de l’Ancien Testament, mais Dieu, dans cette troisième théophanie, le désigne comme son Fils, mais surtout il ajoute « écoutez-le ! ». Ce qui veut dire en clair : « Sa Parole est ma Parole ; vous pouvez avoir confiance en ce qu’il dit, il ne fait que dire ce que je veux qu’il dise ». Ce que Jésus a dit autrement : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5, 19).

La transfiguration est bien une préfiguration de la gloire que Jésus aura après sa mort et sa résurrection. Mais c’est aussi pour nous une préfiguration de ce qui nous arrivera aussi. On ne va pas vers le néant, mais on sera transfigurés, métamorphosés dans un corps glorieux, avec tous les autres humains que Dieu acceptera dans son Paradis.

C’est ce à quoi nous sommes tous appelés par notre baptême, avec l’aide de l’Esprit Saint, à vivre après notre mort, mais aussi déjà avant celle-ci, sur cette terre où nous vivons, avec cette consigne que Dieu nous donne : « Écoutez-le ! », écoutez Jésus dans ses Paroles de l’Évangile, mais surtout, mettez en pratique ces Paroles.

Seigneur Jésus,

comme nous aurions aimé être là,

avec les trois apôtres,

pour te voir transfiguré.

Mais nous savons

que tu es auprès de ton Père,

avec Moïse et Élie, avec tous les saints,

et que tu nous attends.

Que ton Esprit nous aide sur ce chemin

que tu as tracé pour nous,

toi qui es le chemin, la vérité et la vie.

 

Francis Cousin                     

                       

                     

                       

               

                       

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2ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Marc 9, 2-10)

« Que ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel « 

(Marc 9, 2-10)…

En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

 

         

          « Le Fils ne peut rien faire de Lui-même » (Jn 5,19)… Dieu le Père a donc toujours l’initiative dans sa vie… Et il l’invite ici à monter « à l’écart sur une haute montagne » avec trois de ses disciples, « Pierre, Jacques et Jean ». Et là le Père va glorifier son Fils (Jn 12,28) en leur donnant de pouvoir découvrir « quelque chose » de son Mystère. Et que vont-ils percevoir ? Des « vêtements » qui deviennent « resplendissants » d’une « blancheur » sans « pareille »… Et au même moment, ils vont expérimenter un bonheur immense : « Maître, il est heureux que nous soyons ici »… Mais «  » sont-ils ? Tout à la fois sur la terre, « à l’écart, sur une haute montagne », et au ciel dans « la Maison du Père ». Et d’ailleurs, la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils Bien‑Aimé. Ecoutez-le. »

            Et c’est bien ce qu’ils ont déjà fait, car c’est Jésus qui les a invités à venir en ce lieu. Ils l’ont écouté, ils lui ont obéi, et voilà que dans les circonstances si simples de leur vie quotidienne, une marche en montagne, ils découvrent la Présence du Père et entendent sa voix… « Le Royaume des Cieux est tout proche », ne cessera de leur répéter Jésus… Et quel est-il ? Un Mystère de Communion dans l’Esprit Saint… Pour le découvrir, il suffit de lui faire confiance, de le suivre, et d’être attentif… Alors le ciel, discrètement, imperceptiblement, se révèlera au cœur des réalités les plus simples, les plus humbles : « ses vêtements devinrent resplendissants », « son visage devint autre », écrit St Luc… Des vêtements, un visage, et voilà que le ciel apparaît… Une incroyable aventure, à laquelle le Christ nous invite tous, dès aujourd’hui, dans la foi… En effet, après sa mort et sa résurrection, « à nouveau je viendrai », nous promet-il, et dans le secret des cœurs, par le Don de l’Esprit Saint, « je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis », « dans la Maison de mon Père », uni au Père dans la communion d’un même Esprit, « vous aussi vous soyezJe suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14,1-6)Oui, « quand je serai parti, je vous enverrai l’Esprit de Vérité qui vient du Père » (Jn 14,26), l’Esprit de Lumière (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5) et de Vie (Jn 6,63). Alors, sans voir, vous vivrez et c’est parce que vous vivrez que vous « verrez » que vous avez « libre accès auprès du Père en un seul Esprit » (Jn 14,18-20 ; Ep 2,18)… Et c’est de « cela » que je vous invite à être « les témoins »…   DJF

        




Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle (Thomas Merton ; 1-3)

Les éléments essentiels de la contemplation spirituelle sont les suivants  :

  • C’est une intuition qui, à son niveau inférieur, transcende le sens. A son niveau supérieur, elle transcende l’intellect lui-même.

  • De ce fait, elle se caractérise par l’existence d’une certaine lumière dans l’obscurité, d’une certaine connaissance dans l’inconnaissance. Elle est au-delà de la sensibilité, au-delà même des concepts ([1]).

  • Dans ce contact avec Dieu dans la ténèbre, il doit y avoir, des deux côtés, une certaine activité de l’amour. Du côté de l’âme, il doit y avoir une cessation de l’attachement aux choses sensibles ; une libération, au niveau de l’esprit et de l’imagination, de toute forte adhérence, affective et passionnée, aux réalités sensibles. Penser dans le feu de la passion[2] déforme notre vision intellectuelle, nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont. Mais de plus, il faut impérativement dépasser l’intelligence elle-même et ne pas s’attacher même à des « pensées simples (intuitives[3]) ». Toute pensée, si pure soit-elle, est transcendée dans la contemplation. Ainsi, le contemplatif doit nécessairement rester en éveil et détaché de tout ce qui est attachement sensible et même spirituel. Il doit, nous dit saint Jean de la Croix, se détourner même des visions apparemment surnaturelles de Dieu et de ses saints afin de rester dans la ténèbre de l’inconnaissance. De toute manières, la contemplation présuppose une ascèse, généreuse, de tout soi-même, de renoncement de soi. Mais le mouvement extatique final[4] par lequel le contemplatif passe outre à toute chose est passif et au-delà de son vouloir.

[1] « Elle est… des concepts » : ajout.

[2] En anglais : « thinking passionately », entre guillemets et en italique : cette formule, courante en effet dans la langue, est utilisée aussi bien par les tenants d’un rationalisme rigoureux que par leurs adversaires (N. d. T.)

[3] (Intuitive) : ajout.

[4] « Le mouvement extatique final » : ajout.

Extraits de « L’expérience intérieure », Thomas Merton, Editions du Cerf p. 135-136.




Audience Générale du Mercredi 14 février 2018

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 février 2018


Frères et sœurs, au cours de la célébration de la Messe, après l’écoute des lectures bibliques, prolongée par l’homélie, un temps de silence permet d’assimiler ce que nous avons reçu et d’adhérer à ce que l’Esprit nous a suggéré. Après ce silence, par le Credo, nous manifestons notre commune réponse à ce que nous avons entendu de la Parole de Dieu. En effet, il y a un lien vital entre l’écoute et la foi. Par la récitation du Credo l’Assemblée médite et professe les grands mystères de la foi avant de les célébrer dans l’Eucharistie. Il nous est ainsi rappelé que les sacrements sont des « signes » de la foi ; ils la supposent et la suscitent. Sur la foi reçue des Apôtres se greffe la foi de chaque baptisé, dont l’union au Christ est actualisée par la célébration de l’Eucharistie. La réponse à la Parole de Dieu s’exprime ensuite par la Prière universelle, qui embrasse les nécessités de l’Eglise et du monde. Les fidèles font monter vers Dieu leur prière, confiants d’être exaucés. Les intentions présentées doivent exprimer des besoins concrets de la communauté ecclésiale et du monde, évitant de recourir à des formules conventionnelles et myopes. La prière « universelle » qui conclue la liturgie de la Parole nous exhorte à faire nôtre le regard de Dieu, qui prend soin de tous ses enfants.

J’accueille avec joie les pèlerins francophones, venant en particulier de France et de Belgique. Je salue les jeunes de Paris, de Saint-Cloud, d’Aix et de Périgueux. Aujourd’hui, nous commençons notre marche vers Pâques. Je vous invite à entrer dans ce temps de conversion en donnant plus de place dans vos vies à la prière et au partage avec les plus pauvres. A tous je souhaite un bon carême. Que Dieu vous bénisse !