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14ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 « Ce que tu as caché aux sages et aux savants,

tu l’as révélé aux tout-petits. »

            Cette phrase, à première lecture, a de quoi nous surprendre. Dieu ferait-il une différence entre ’’les sages et les savants’’ d’une part, et les ’’tout-petits’’ d’autre part ? Dieu aurait-il des préférences dans ’’l’envoi’’ de son message ? Certes pas, car Jésus lui-même a dit : « Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).

Faudrait-il alors pour comprendre le message de Jésus supprimer toute réflexion intellectuelle, tout questionnement, toute culture, tout désir de connaître mieux Dieu, et s’en tenir à ce qu’on appelle ’’la foi du charbonnier’’ ? Non plus. Dieu nous a donné l’intelligence, la capacité de réflexion et le désir de réflexion, en nous envoyant son souffle, son Esprit Saint.

Dieu aime tout le monde, les sages, les savants, les petits, les simples.

La séparation définie ici ne vient pas de Dieu, mais de l’accueil du message de Dieu de la part des personnes. Elle vient des humains, indépendamment de leurs capacités intellectuelles, de leur niveau de culture, de leurs diplômes …

On peut être un grand savant reconnu, et être ouvert au message de Dieu (Einstein, Jérôme Lejeune …), ou être un inculte fermé à ce même message.

Ceux qu’on appelle ici ’’les sages et les savants’’, les grands ( ?), les doctes, … ce sont ceux qui savent, ou tout du moins qui affirment qu’ils savent. Ils voient ce qui est écrit, dans la loi, dans la nature, … et ils en restent là. Ils s’appuient sur la loi civile et la mettent au dessus de tout : c’est écrit dans la législation, donc c’est bon … alors que … (voir la loi Taubira !). Ils s’appuient sur la loi religieuse : c’est écrit, on a toujours fait ça … (voir les pharisiens, les docteurs de la loi, les traditionnalistes !). Ils s’appuient sur les découvertes scientifiques … et on en arrive au Transhumanisme !

Sûrs de leurs connaissances, ils prennent le discours de Jésus avec condescendance (au mieux !), et ne se laissent pas prendre par l’inattendu de Dieu.

Le ‘grand’ croit tout connaître par lui-même. Il réfute tout ce qui est ‘mystère’.

Alors que les ’’petits’’, les ’’tout-petits’’, se sentent proches de Jésus, ils se reconnaissent dans ses paroles. Ils sont ouverts à ce qui est sensible. « Les petits ont les yeux des amoureux qui perçoivent l’invisible » (Denis Sonet). Ils savent qu’ils ne peuvent pas tout comprendre, et ils attendent une clarté qui vient d’ailleurs. Et saint Paul nous le rappelle : « Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est. » (1Co 1,26-28).

Le ‘petit’ est doux et humble de cœur. Il est comme Dieu, comme Jésus, et il le comprend, il s’assemble avec lui pour progresser. Il se met sous le même joug que Jésus, pour avancer au même pas que Jésus. Ou plutôt, c’est Jésus qui règle son pas sur celui de l’homme qui marche avec lui …

Alors, faut-il opposer les ’’les sages et les savants’’ et les ’’tout-petits’’ ? Ce serait ridicule.

Car en fait, chacun de nous est, selon les moments, ’’sage et savant’’ ou ’’tout-petit’’. Cela dépend de notre état d’esprit.

Si nous croyons connaître Dieu de par nous-mêmes, si nous croyons que nous pouvons dire à Dieu ce qu’il doit faire (tuer les extrémistes islamistes par exemple …), si nous croyons que nous pouvons mettre la main sur lui, alors nous sommes du côté des ’’sages et des savants’’, parce que nous raisonnons en savant (celui qui sait, qui peut tout expliquer). Et cela  nous arrive plus souvent qu’on ne le voudrait …

Mais si nous pensons que nous avons besoin d’aide pour comprendre Dieu, pour comprendre l’Écriture, la Parole de Dieu, alors nous sommes du côté des ’’tout-petits’’ parce que nous nous tournons vers les autres (un prêtre, une religieuse, un livre …) et vers Jésus dans notre prière.

Si nous allons vers Jésus, qui seul peut nous faire connaître Dieu (« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » Mt 11,27), si nous nous mettons sous le même joug que lui, si nous le partageons avec lui, alors nous pourrons avancer dans la connaissance de Dieu. Et c’est sûr que notre joug sera léger, car c’est Jésus qui en portera la plus grosse part.

Seigneur Jésus,

ta parole est la même pour tous,

mais tous ne la comprennent pas

de la même manière.

Donne-moi la sagesse de l’enfant

pour la comprendre comme tu le veux.

 

Francis Cousin

 




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

« Je Te bénis, Père, d’avoir caché cela aux sages 

et aux puissants et aux habiles

et de l’avoir révélé aux tout-petits !« 

Frères et sœurs, lorsqu’une maman vient de mettre au monde son enfant, il lui arrive souvent de se pencher sur lui, de lui parler, de le caresser, de lui faire des gestes d’affection et de savourer, pour ainsi dire, ces premiers moments d’intimité avec l’enfant qu’elle vient de mettre au monde. Ce qui est extraordinaire dans ce geste, c’est précisément que cette mère, qui est adulte et qui vient par la maternité de réaliser la plénitude de son être humain, puisse se pencher vers ce petit d’homme qui est incapable de parler, dont l’intelligence n’est qu’un germe qui n’a pas encore été exercé, et que cependant, elle puisse ainsi se pencher sur l’enfant parce qu’elle pressent dans son cœur de mère que tout ce qu’elle est et tout ce qu’est son époux, tout cela peut être manifesté, donné à son enfant.

Un des aspects les plus grands de la maternité et de la paternité chez les hommes c’est précisément que les êtres que nous appelons adultes, parvenus à leur plénitude et à leur maturité, puissent, devant un enfant tout-petit qui lui, est incapable encore d’un dialogue, d’une reconnaissance explicite, d’une relation personnelle, puissent déjà le considérer comme quelqu’un qui peut recevoir la plénitude de l’être d’homme. Parce qu’il le possède déjà en lui, mais aussi parce qu’il faut le lui donner, déjà cette mère vit, avec son enfant, toute la plénitude d’un rapport humain d’amour et de don d’elle-même. Et je crois que le secret c’est précisément qu’elle pressent dans cet enfant qui est tout-petit, d’infinies richesses et d’infinies possibilités. Elle est émerveillée de ce que cet être, infiniment fragile, qui ne dépend que d’elle, puisse déjà être l’objet de la totalité même de son amour de mère.

Je crois que cette image de notre réalité la plus quotidienne est propre à nous faire comprendre ce chant d’exultation et de louange que le Christ a lancé et proclamé devant son Père au moment où Il disait : « Je Te bénis, Père du Ciel et de la terre, d’avoir révélé ce mystère aux tout-petits ! » Il nous faut bien réaliser à quel point il n’est pas évident que les mystères de Dieu, qui nous dépassent infiniment de tous côtés, nous aient été révélés et proposés. Le mystère étonnant de notre vie chrétienne c’est que nous qui sommes, devant Dieu, encore plus petits que des tout-petits, nous qui ne sommes absolument rien devant Dieu, voici que Dieu, Lui-même en personne, s’est penché sur nous avec une tendresse encore plus infinie et plus profonde qu’une mère qui se penche sur son nouveau-né. Et non seulement avec de la tendresse et de l’amour mais avec une sorte d’espoir fou de nous faire connaître le secret du cœur de Dieu. C’est cela la révélation. C’est le visage d’un Dieu infini qui se penche sur nous et qui, connaissant le secret de son cœur, veut le partager avec nous, et nous le faire connaître, tout comme la mère, au moment où elle se penche vers son enfant, n’a qu’un désir c’est de lui faire connaître toute la beauté, toute la grandeur, tout le côté merveilleux de la vie humaine qui s’inaugure dans ce tout-petit.

C’est cela qu’on appelle l’hymne de jubilation du Christ. Le Christ voit prophétiquement, voit divinement le don de la Sagesse Éternelle à chacun d’entre nous : « Je Te bénis, Père, d’avoir révélé ce mystère aux tout-petits ! » Ce qui était caché dans le cœur de Dieu, aussi impénétrable que le cœur d’une mère à son enfant nouveau-né car, même si on dit qu’il a un certain instinct pour le sentir, il est incapable d’en avoir une conscience claire et lucide, aussi mystérieusement, de façon aussi impénétrable, le cœur de Dieu est là, devant chacun d’entre nous, et cependant il s’ouvre, il s’ouvre pour nous révéler le plus intime de son cœur et de son amour. Et c’est alors que, véritablement, le Christ proclame toute la profondeur de sa mission car ce cœur de Dieu, le plus intime de ce qu’Il avait à nous dire, Il l’avait certes déjà laissé entendre, laissé deviner par la parole de ses prophètes, mais c’était plutôt un message qu’une présence intime au cœur de l’humanité. Bien entendu, il y avait déjà tout ce comportement d’Israël face à son Dieu : Israël écoute, Israël offrant des sacrifices, mais tout cela n’était pas encore cet absolu de la communion dans la chair du Christ venu parmi les hommes pour que resplendisse la gloire du Père. Et c’est pourquoi le Christ, ce jour-là, dans sa nature divine et dans sa nature humaine, exulte de joie. C’est son Magnificat. Il est absolument transporté d’allégresse en voyant que le mystère de Dieu peut être entendu, peut résonner dans le cœur des hommes et dans notre cœur.

J’aime à croire que, ce jour-là, nous étions tous présents personnellement dans cet hymne de jubilation. C’était la naissance de l’Église, le mystère de Dieu révélé à chacun d’entre nous, révélé aux tout-petits, révélé à l’homme dans ce qu’il a de plus faible, de plus démuni, car c’est précisément à ce moment-là que Dieu voit comment l’infini de son mystère peut ouvrir le cœur humain à condition qu’il ne se prenne pas pour plus qu’il n’est.

Ensuite le Christ nous dit : « Venez à mon école, car mon joug est doux et mon fardeau léger ! » Bien sûr, ce sont les paroles mêmes de la sagesse prophétique de l’Ancien Testament qui disait déjà : « Venez à l’école de la sagesse et Moi je vous apporterai le repos ! » Ici, c’est : « Venez à Mon école!« 

Venez à cette école qui est Moi-même. Ce ne sont plus simplement des paroles à graver dans le cœur, c’est le Christ Lui-même qui est l’école, c’est le Christ Lui-même qui nous parle, c’est le Christ Lui-même qui nous façonne, avec cette intimité encore infiniment plus grande que celle d’une mère pour son enfant. C’est le Christ Lui-même qui est là et qui nous reprend, et qui nous recrée, et qui nous donne la vie de son Esprit. A ce moment-là, nous commençons à ressusciter avec Lui. Et c’est pourquoi Il scelle sa relation avec nous par le joug. Au moment même où Il exulte de joie parce qu’Il voit le mystère de son amour pour le Père entrer progressivement dans le cœur des disciples et dans le cœur de toute l’Église, à ce moment-là, Il parle de joug. Non pas un joug qui pèserait, mais précisément un joug qui élève, qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes. C’est vraiment le joug de l’amour, c’est le moment où nous sommes liés au Christ pour la même œuvre, pour la même reconnaissance, pour la même louange et pour la même glorification.

Frères et sœurs, le sens de notre vie chrétienne, c’est d’être attelés au même joug que le Christ. Mais ce joug c’est le joug de la louange, c’est pouvoir nous-mêmes exulter avec le Christ car nous n’avons pas d’autre raison d’exister que de louer le Père, avec le Christ et dans l’Esprit. Nous n’avons pas d’autre raison d’être que d’entrer progressivement dans ce cœur du Christ et d’y découvrir « tous les trésors de la Sagesse et de la Connaissance de Dieu. » Que ce temps de vacances que certains vont prendre pour se refaire, physiquement, moralement, psychologiquement, que ce temps de vacances soit aussi ce temps dans lequel nous laissons se poser sur nous le joug de l’amour du Christ. Que ce soit un joug de louange et d’exultation. Que nous nous laissions ressaisir, au plus intime de nous-mêmes, à cette source de la louange et de l’action de grâces. Notre seule raison d’être et d’exister, c’est de vivre pour Dieu et de le louer, de le célébrer, à travers notre petitesse, à cause de notre petitesse. Que ce temps nous aide à enraciner encore plus en nous cette force de l’Esprit qui nous fait ressusciter. Que ce soit cette exultation de la fille de Sion qui voit son Sauveur s’avancer vers elle parce qu’Il est, Lui aussi, « doux et humble de cœur » et qu’Il vient à nous dans cette proximité, dans cette intimité que nous n’osions même pas soupçonner. Amen.




13ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Celui qui ne prend pas sa croix

et ne me suit pas n’est pas digne de moi. »

Les lectures de ce dimanche nous parlent de l’accueil (et de sa récompense), de la Vie éternelle et de la dignité pour pouvoir y aller.

Mais d’une dignité qui n’est pas pour chacun, mais d’une dignité par rapport à Jésus.

Il nous donne deux critères pour être digne de lui, deux critères qui sont liés : prendre sa croix, et le suivre.

Si on combine ces deux critères, cela donne quatre possibilités :

Prendre sa croix + le suivre                                 à  digne de Jésus

Prendre sa croix + ne pas le suivre              1

Ne pas prendre sa croix + le suivre              2     à   pas digne de Jésus

Ne pas prendre sa croix + ne pas le suivre  3

1-    Prendre sa croix + ne pas suivre Jésus.

C’est le cas des personnes qui pensent qu’il faut souffrir pour avoir la Vie éternelle, qu’il faut multiplier les sacrifices, jeuner un jour sur deux, se mortifier, porter un cilice, faire de long pèlerinage à pied, etc… qui pensent qu’on ’’gagne’’ le ciel à la sueur de son front. Mais dans le même temps ne suivent pas tellement les Paroles de Jésus, et principalement le plus grand commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)

2-    Ne pas prendre sa croix + suivre Jésus.

Cela peut sembler paradoxal, mais cela existe. Ce sont des personnes qui entendent la Parole, mais ne la prenne pas toute entière, qui n’ont pas la force de la mettre véritablement en pratique, de l’affirmer et qui interprètent la Parole a-minima : dès qu’une parole les dérange, ou que l’attrait du monde est plus fort que celle-ci, alors, ils n’acceptent pas de changer leur manière de vie, souvent par égoïsme. Comme dans la parabole du Semeur : « Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux … quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, … le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole… » (Mt 13,20-22).

3- Ne pas prendre sa croix + ne pas suivre Jésus

On aurait tendance à dire : cela ne sont pas des chrétiens. Et pourtant ! c’est le cas de beaucoup de baptisés, ceux qui sont chrétiens par habitude, pour être comme tout le monde… Ceux qu’on pourrait appeler les chrétiens des « trois cloches », comme le chantait Edith Piaf : ceux qui vont à l’église pour le baptême, le mariage et les obsèques. Toutes ces personnes qui sont à ’’la périphérie’’ de l’Eglise, et vers lesquelles le pape François nous demande d’aller …

Toutes ces personnes-là ne sont pas dignes de Jésus-Christ !

On ne va pas faire de statistiques, parce qu’on ne peut pas savoir ce qu’il y a dans le fond des cœurs des personnes, seul Dieu peut le savoir, lui qui « sonde les reins et les cœurs » (Jr 11,20), mais on peut penser que cela fait beaucoup !

Et finalement, cela n’est pas surprenant, car qui peut se sentir digne de Jésus, ou être ressenti par d’autres d’être digne de Jésus ? Bien peu de monde. Et je ne parierai pas un kopeck d’être sur la liste !

Les seuls à être dignes de Jésus sont ceux qui ont beaucoup d’amour, amour de Dieu, amour des autres … ce qui nécessite beaucoup d’humilité, de ne pas se croire supérieur que le Maître …

Finalement, cela revient à ce que dit Matthieu, de manière positive cette fois : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24). Et ça, c’est plus facile à dire qu’à faire …

Nous sommes tous, à divers moments, dans l’une de ces quatre situations, dans des proportions diverses et variables pour chacun, même dans la catégorie des ni-ni (3), dans nos moments de doutes, de rejet ou d’acédie.

Et quand cela ne va pas, un seul moyen : se mettre dans les bras de Jésus miséricordieux, et lui dire tout simplement : « Je ne suis pas digne de te recevoir, de te suivre, d’être ton disciple, d’être ton serviteur, mais dis seulement une parole et je serai guéri, je serai relevé, tu me mettras debout, et tu mettras la Vie en moi. »

Seigneur Jésus,

Qui suis-je pour que tu penses à moi,

Pour que je sois digne de toi ?

Sans toi, je ne suis que faiblesse.

Viens à mon secours ! 

Francis Cousin

 




Audience Générale du Mercredi 28 Juin 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 28 Juin  2017


Frères et sœurs, l’espérance est la force des martyrs. Jésus prévient ses disciples que l’annonce du Royaume suscite des oppositions : « Vous serez haïs à cause de mon nom ». En effet, le style de vie du chrétien va à contrecourant du monde. Il est humble et pauvre, détaché des richesses, du pouvoir, et surtout de lui-même. Telle une brebis au milieu des loups, il n’a pour arme que l’Evangile, n’usant jamais de la violence, répondant au mal par le bien. Il a choisi de vivre sur l’« autre versant du monde », celui que Dieu a choisi : non pas imposteur mais honnête, non pas arrogant mais doux, non pas menteur mais véridique, non pas persécuteur mais persécuté. Le chrétien ne perd pas l’espérance dans les épreuves, car Jésus qui a lui-même été persécuté n’abandonne pas son disciple. Le martyr ne vit pas pour soi, il ne combat pas pour affirmer ses idées personnelles, mais il accepte de mourir par fidélité à l’Evangile, pour l’amour de Dieu et du prochain, amour qui surpasse tout.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier la fanfare La Rosablanche, et les personnes venues de Suisse et de France.

Je vous invite à lire la vie des martyrs, d’hier et d’aujourd’hui, pour découvrir avec quelle force ils ont affronté les épreuves. A leur exemple, mettons toute notre espérance en Jésus qui nous donne la force, dans l’abnégation et le sacrifice de soi, de faire le bien et d’accomplir notre devoir tous les jours de notre vie.

Que Dieu vous bénisse !




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Qui vous accueille m’accueille

 

Peut-être que, dans l’Église, depuis une trentaine ou une quarantaine d’années, on s’est beaucoup posé de questions sur l’apostolat mais en insistant peut-être un peu trop sur certaines modalités, sur certaines manières de présenter l’évangile, au lieu de revenir à ce qui constitue le cœur même du problème, à savoir se demander : « Mais qu’est-ce que l’apostolat ?« 

En effet, si on veut être apôtre sans se poser cette question, on risquera à tout moment de perdre de vue le but, la raison profonde de tout apostolat. On risque sans cesse d’accorder une trop grande importance à certaines difficultés que l’on rencontre comme si la Parole de Dieu devait normalement se frayer un chemin aussi commode et aussi facile que la publicité. Or le Christ, dans le passage que nous venons de lire, conclut ce que l’on a appelé le « discours apostolique » c’est-à-dire l’ensemble des consignes que le Christ donne à ses disciples au moment où Il les envoie en mission. Il leur dit : « Qui vous accueille, M’accueille ! » Et c’est là que nous est donnée, de manière fondamentale, la racine même, l’essence même de tout apostolat.

Dans le mot apôtre il y a le mot « envoyé ». Or ce qui est important, c’est d’abord Celui qui envoie. L’apostolat se définit toujours par Celui qui envoie. Nous ne sommes que des messagers et un messager est d’autant plus fidèle qu’il est sobre sur sa propre personnalité et sur les circonstances dans lesquelles il a à annoncer la nouvelle. Si un messager, devant annoncer une nouvelle, commence à la falsifier en fonction de la difficulté ou de l’étrangeté de la situation dans laquelle il trouve les auditeurs et les destinataires de son envoi, de son message, à ce moment-là, il ne sera pas un bon messager. S’il se pose trop de questions pour savoir comment il va annoncer la nouvelle, il risque fort d’en oublier la moitié. Or le messager ne se définit que par Celui qui l’envoie. Le mystère de notre existence d’apôtres au cœur de ce monde, c’est précisément que, sans cesse, le Christ est à nos côtés. Nous sommes apôtres parce que le Christ est à nos côtés comme Il était aux côtés des apôtres. C’est pour cela qu’au moment de les envoyer, Il leur dit : « N’ayez pas peur ! Je suis toujours avec vous ! » La preuve, c’est que, lorsque les apôtres sont accueillis, ce n’est pas eux seulement qui sont accueillis, mais c’est le Christ Lui-même aussi qui est accueilli avec eux.

Ainsi l’Église et nous-mêmes ne sommes vraiment apostoliques que dans la mesure où nous sommes investis, où nous sommes remplis de la présence de Jésus-Christ en nous, où nous sommes dépossédés de nous-mêmes pour faire place véritablement à cette Parole. Et c’est pourquoi vous comprenez peut-être mieux cette phrase de saint Paul au début de son épître aux Thessaloniciens : « Je rends grâce de ce que vous avez accueilli la Parole non pas simplement comme une parole« . Vous n’avez pas accueilli le message simplement comme des mots à prononcer, mais vous l’avez accueilli dans la puissance de l’Esprit, c’est-à-dire dans la présence même de Celui qui profère la Parole de Dieu et qui est l’Esprit Saint, de Celui qui, d’une certaine manière, a enfanté en vous de manière vivante la Parole de Dieu.

Frères et sœurs, puissions-nous demander au Seigneur la grâce d’être véritablement des apôtres, non pas des apôtres qui parlent, mais des apôtres investis d’abord de la plénitude de la présence de Celui qui les a envoyés à tous les hommes. Amen.




Audience Générale du Mercredi 21 Juin 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 21 Juin  2017


Frères et sœurs, au jour de notre baptême, nous avons été confiés à l’intercession des saints, ces frères et sœurs « aînés« , que la Lettre aux Hébreux nous présente comme une « multitude de témoins ». Leur existence nous rappelle que la vie chrétienne n’est pas un idéal inaccessible. Avec eux, nous ne sommes pas seuls. A chaque instant de notre vie, la main de Dieu nous protège et la présence discrète de cette multitude de frères qui nous ont précédés nous accompagne. Ainsi, les chrétiens, dans leur combat contre le mal, ne désespèrent pas ! L’intercession des saints est aussi invoquée dans la liturgie du mariage comme dans celle de l’ordination, afin de rappeler à ceux qui s’engagent pour la vie que la grâce de Dieu ne leur fera pas défaut. Fragiles sont nos forces, mais puissant est le mystère de la grâce à l’œuvre dans la vie des chrétiens. Alors, que le Seigneur nous donne l’espérance d’être saints. Car notre monde a besoin de personnes qui renoncent à toute domination et qui aspirent à la charité et à la fraternité, pour garder l’espérance !

Je suis heureux de saluer les pèlerins et les fidèles de langue française, venus de France et de Suisse. Par l’intercession de tous les saints, que le Seigneur nous accorde la grâce de croire profondément en lui pour devenir image du Christ pour ce monde ! Et que la compagnie des saints nous aide à reconnaître que Dieu ne nous abandonne jamais, pour témoigner en ce monde de l’espérance. Que Dieu vous bénisse !




12ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps

sans pouvoir tuer l’âme. »

 

L’évangile de ce dimanche prend une couleur particulière en ce moment où un certain nombre d’attentats sont perpétrés dans lesquels des chrétiens sont pris pour cibles de manière évidente, que ce soient les vingt-et-un chrétiens coptes tués en Lybie, l’assassinat du père Jacques Hamel le 26 juillet dernier, ou les divers assassinats contre les chrétiens coptes d’Egypte de ces derniers mois, ou contre des prêtres au Mexique. (sans parler de ceux qui tuent des gens au hasard sans viser particulièrement une religion).

Penser qu’on peut mourir martyr à notre époque ne nous serait pas venu à l’esprit il y a moins de dix ans, et surtout pas à La Réunion. Et pourtant, c’est une possibilité qui commence à se répandre …

Mais Jésus nous dit : « Ne craignez pas ! »

Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps. Parce que pour un chrétien, il n’y a pas que le corps qui compte, il y a aussi l’âme, cet autre partie de nous-même qui nous a été donnée par Dieu quand il a envoyé son souffle dans nos narines pour nous donner la vie (Gn 2,7) et qui est le lien qui va nous unir à lui. Un lien qui est d’abord un lien d’amour indéfectible de Dieu envers les hommes que rien ne peut casser, rompre, et cela, les chrétiens le savent bien : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? … La persécution ? … le danger ? Le glaive ? … Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Ro 8, 35-39). Un amour qui est de toujours à toujours, au-delà de notre vie terrestre.

Ne craignez pas, cela ne veut pas dire : « N’ayez pas peur ! Ce n’est pas grave. ». Mourir n’est pas anodin. Mais cela veut dire : « Je serai toujours là à tes côtés, te remplissant de force et de courage pour affronter l’adversité. Je ne t’abandonnerai jamais. J’ai vaincu la mort, et si tu me restes fidèle, je t’accueillerai auprès de mon Père dans le Paradis pour la Vie éternelle. ».

D’ailleurs, Jésus ajoute aussitôt : « Craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la Géhenne l’âme aussi bien que le corps » lors du jugement dernier.

Car c’est là que tout se jouera.

Soit on reste fidèle à Jésus et on le fait savoir, alors « moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. », soit on le renie, et alors, « moi aussi, je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

Bien sûr, il y a le cas de Pierre qui a renié Jésus, mais qui a regretté ses paroles et qui les a remplacées par d’autres : « Seigneur, tu sais tous, tu sais bien que je t’aime ! » (Jn 21,17). Mais quand on se trouve devant ses agresseurs, on n’a pas toujours le temps et surtout les possibilités de bien réfléchir. Dans le film ’’Silence’’ de martin Scorcese, on voit bien que le père Rodrigue est pris entre deux positions antagonistes : rester fidèle à Jésus, ce qu’il désire de tout son cœur, ou permettre par son reniement que cessent les tortures que subissent les villageois chrétiens. N’en pouvant plus d’entendre les hurlements des villageois, et pris au piège par le gouverneur, il apostasie en marchant sur le crucifix. Mais avait-il vraiment renié le Christ ? Ou choisi de laisser la vie sauve aux villageois ? Les dernières images laissent planer le doute.

Je ne pense pas qu’il faille se poser la question de savoir ce que nous ferions si nous étions dans une telle situation. Parce qu’on ne peut pas savoir tous les aboutissements et les circonstances. Et surtout parce qu’on ne peut pas savoir quelle est la force que nous recevrions de Dieu pour faire face à la situation et être des témoins de Jésus-Christ à ce moment-là.

Mais ce qui est sûr, c’est que notre réaction dépendra principalement de la relation que nous avons dès maintenant avec Jésus : si nous sommes proches de Jésus, cela ira … Mais si nous sommes éloignés un tant soit peu de Jésus, alors …

Seigneur Jésus,

Tu es toujours avec nous,

mais, s’il le fallait,

nous ne pourrons mourir en témoignant de toi

que si nous sommes proches de toi.

Fais que nous nous approchions toujours de toi.

 

Francis Cousin




12ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

Jésus vient de prononcer un discours sur les persécutions qui attendent les disciples en mission. La cause en est leur union au Christ. Et Jésus leur demande de ne pas craindre en trois fois.

Après la première invitation à ne pas craindre, il nous dit qu’il faut oser parler : « dites au grand jour, proclamez sur les toits » tout que Jésus nous dit « dans les ténèbres », c’est-à-dire ce qu’il nous chuchote à l’oreille, ce qu’il nous dit dans le secret de notre âme. Ainsi Dieu nous parle au fond de nous-mêmes, et il  a un lieu privilégié qu’est l’Eucharistie ou encore le Saint Sacrement. A sœur Faustine, Jésus lui dit : « tu considéreras Mon amour dans le Saint Sacrement. Ici Je suis tout entier à ta disposition, Ame, Corps et Divinité, comme ton Epoux. Tu sais ce qu’exige l’amour : une seule chose, la réciprocité… ». L’Eucharistie ou le Saint Sacrement devient ainsi le lieu de rencontre avec le Christ. Il nous faut alors dialoguer avec Dieu, un dialogue de vérité avec le Christ qui se manifeste à nous dans l’Eucharistie (à la messe), à l’adoration du Saint Sacrement, à l’Heure Sainte où il est présent d’une manière spéciale, avec la vision de son corps vivant qu’est la sainte Hostie. Ne nous laissons pas détourner l’attention du Christ par ce qui se passe autour de nous, par les petites gloires entre amis, et Thérèse d’Avila nous dit (Chemin de la Perfection – Ch.XV –P.23 et 104s ) : « Une forme particulièrement affligeante de l’orgueil est le manque de jugement. Les personnes qui en sont affectées s’estiment plus sages que tout le monde. C’est là, à mon avis, un mal incurable, et il est bien rare qu’il ne soit pas accompagné de malice ». Restons centrés sur le Christ et uniquement sur Lui car lui seul est Vérité. Si cela nous est difficile, demandons Marie de nous aider à fixer notre regard sur son Fils, et à dialoguer avec Lui. Là encore, pas besoin de chapelet, pas besoin d’un livre de prières car aucune personne ne va à la rencontre de la personne qu’il aime avec une lettre d’amour écrite par quelqu’un d’autre. Dans ce moment de rencontre avec le Seigneur, nous avons à dialoguer avec Lui – non pas à réciter ou à lire des prières – mais à Lui dire tout ce que nous avons sur le cœur sans réfléchir, même nos révoltes, même nos doutes, même la vie difficile que nous pouvons avoir. La vérité à l’état pur. Parler ainsi à Dieu, c’est de la prière, prière qui vient directement du fond de notre cœur. Et nous apprendrons beaucoup de choses venant de Dieu lui-même, cela nous le verrons par les fruits que nous aurons au fur et à mesure, dans votre vie. Nous deviendrons alors témoins du Christ vivant parce qu’il nous aura changés, transformés, surtout dans nos rapports avec les autres et non pas figés dans nos mauvaises attitudes, comme si on était cloué par nos propres péchés. Alors,  nous pourrons proclamer, sans aucune crainte et sans honte, notre foi, notre témoignage que Christ est vivant et qu’il nous aime tous. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour; et ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». Témoigner de sa vie de chrétien fera grandir le Corps mystique qu’est l’Église. Ajoutons ce que nous dit Thérèse d’Avila  (« Chemin de la Perfection P.113-114 et 120) : « Que vous importera, une fois que vous serez entre les bras de Dieu, que le monde entier vous condamne? Il est puissant, et il peut vous délivrer de toutes les épreuves….Ne craignez pas qu’Il consente à ce que l’on parle contre vous, à moins que ce ne soit pour votre plus grand bien; car il ne saurait répondre si médiocrement à l’amour qu’on a pour Lui. …Tout notre mal vient de ce que nous n’avons pas le regard fixé sur le Seigneur… -… La première chose que fait le Seigneur, s’il les trouve faibles, c’est de leur donner du courage et de les rendre intrépides au milieu de toutes les croix ».

Après la deuxième invitation à ne pas craindre, il nous dit que ce ne sont pas les persécuteurs qu’il faut craindre, mais Dieu lui-même, parce que nous pouvons fermer notre cœur à son amour, à sa miséricorde, parce que nous pouvons refuser Dieu lui-même, préférer le péché à la pureté, en restant dans nos mauvaises habitudes. Les persécuteurs peuvent tuer notre corps, mais pas notre âme qui est tournée vers Dieu, tandis que se fermer à Dieu à l’exemple du persécuteur,  refuser l’amour de Dieu qui est péché contre l’Esprit Saint, cela peut nous faire perdre notre âme, et donc la vie éternelle. Beaucoup d’entre nous peuvent se dire : « mais je ne me ferme à pas à l’amour de Dieu, et la preuve c’est que je prie, je viens à la messe, je communie, je participe… ». Il s’agit savoir si j’aime Dieu en actes, en agissant bien envers mon prochain. Avoir de la haine pour son prochain, c’est refuser Dieu. Si un chrétien persiste dans le mal, il faut aller se confesser. Il faut très attentif à soi-même, dans la lutte contre ses propres tentations. Demandons à Jésus et à Marie, la grâce d’être vigilant envers soi-même, d’être capable de discerner les tentations et la force de lutter immédiatement contre telle ou telle tentation détectée.

La crainte de Dieu n’est pas la peur de Dieu. La crainte de Dieu implique de garder une distance de respect envers Dieu, car Il est toujours le Dieu transcendant, mais en même temps si proche de nous. Personne ne doit avoir peur de Dieu et si vous êtes dans ce cas, cela signifie que vous ne le connaissez pas suffisamment et que vous devez acquérir une meilleure connaissance de Dieu. 1Jn 4,7-8 : « quiconque aime …connaît Dieu, celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu ». Ainsi, si vous n’aimez pas, vous ne pouvez pas connaître Dieu. Lorsque l’on prie, il faut avoir confiance en Dieu et comme nous le dit Saint Louis Grignion de Monfort : « Il ne faut pas faire comme la plupart des personnes qui demandent à Dieu quelque grâce. Quand ils ont prié pendant quelque temps considérable, comme des années entières, et ne voient pas que Dieu exauce leurs prières, ils se découragent et ils cessent de prier, croyant que Dieu ne veut pas les exaucer ; et par là ils perdent le fruit de leurs prières et ils font injure à Dieu, qui n’aime qu’à donner, et qui exauce toujours les prières bien faites, soit d’une manière, soit d’une autre. Quiconque veut obtenir la Sagesse (le Christ) ou une grâce doit la demander jour et nuit, sans se lasser et sans se rebuter. Bienheureux mille fois sera-t-il, s’il l’obtient après dix, vingt, trente années de prières, et même une heure avant [de] mourir. Et, s’il la reçoit après avoir passé toute sa vie à la rechercher et à la demander et à la mériter par toutes sortes de travaux et de croix, qu’il soit bien persuadé qu’on ne la lui donne pas par justice, comme une récompense, mais par pure miséricorde, comme une aumône ». Par pure bonté de Dieu.

Après la troisième invitation à ne pas craindre, Jésus promet qu’il prendra notre défense auprès de son Père si nous-mêmes, nous nous déclarons pour Lui devant les hommes, si nous l’avons reconnu comme étant notre Seigneur au même titre que son Père. Se déclarer pour Jésus devant les hommes, c’est montrer qu’on aime son prochain, et c’est également ne pas se déclarer pour un autre soi-disant « dieu » qui n’existe pas puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui que Jésus nous enseigne en Mc 12,29 : «  … le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ; et le scribe répond  Mc 12,32 : « Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu’ Il est unique et qu’il n’y en a pas d’autre que Lui ». Il n’y a donc aucun autre Dieu, Il est l’unique Dieu. – Parfois, cela peut être difficile, à certains, de dire qu’il est catholique pratiquant, par honte ou par peur de dérision de son entourage. Le mieux dans ce cas, c’est de se former pour mieux connaître le Dieu Unique à travers la vie de Jésus et de l’Eglise, et ne pas se contenter de connaître Dieu par bribes selon les dires des uns et des autres, parfois elles-mêmes mal informées.  C’est ce que propose de nombreuses formations catholiques de l’île et, entre autres, Sedifop. Une formation qui nous fera comprendre que nous sommes  nombreux à vouloir connaître le Christ et notre Église. Tous, nous avons besoin de mieux connaître qui est Jésus et ce qu’est l’Église. Cela réduirait bon nombre de nos propres défauts, de nos comportements qui divisent, division qui est signe de la présence de l’Esprit du Mal, et surtout  de connaître les moyens pour aller vers Jésus. Et notre foi en sortira certainement grandie et mieux armée pour aller davantage vers une union plus intime avec Jésus. Alors, vous pourrez affirmer, par la suite, peut-être de nombreuses années après, que vous adhérez pleinement à Jésus et que c’est terminé les idoles et les folies de toutes sortes : mauvais films à la télé, alcool, drogue, mauvais caractères, mauvais sentiments, avoir une deuxième religion et donc un deuxième « dieu », tout cela disparaîtra au fur et à mesure et « sans secousse », de manière naturelle car vous-mêmes vous aurez changé au plus profond de vous-mêmes. Et vous vous trouverez mieux dans votre vie nouvelle, à condition de rester continuellement avec le Christ et avec Marie par la prière, les sacrements, la parole de Dieu et les bonnes relations. C’est par la prière continuelle que vous résisterez à tout, que vous surmonterez les difficultés de toutes sortes. Jésus et Marie, qui nous aiment infiniment plus que n’importe quelle autre personne, nous aideront toujours d’une manière ou d’une autre pour notre bien, mais pas forcément de la manière dont nous aimerions qu’ils nous aident. Et la façon dont Jésus ou Marie nous aidera sera toujours bien mieux que ce que nous aurons pensé, même si parfois, en apparence, nous pourrons avoir l’impression qu’ils nous abandonnent. Alors que notre raison nous dira « Jésus ne fait rien, ou bien Marie ne fait rien », sachez que ce raisonnement ne vient pas de Dieu mais de l’Esprit du mal qui veut enlever la paix de notre cœur pour y remplacer par l’angoisse, l’inquiétude, ou encore le doute, et c’est alors que notre foi nous dira : « Jamais, Marie n’a abandonné personne » ou « Jamais Jésus n’a abandonné personne ». Au contraire, même après notre mort, Il peut encore nous sauver parce qu’il est lui-même la Miséricorde. Puisque Jésus ne nous abandonne jamais, parce que son amour pour nous est infini, nous n’avons pas à avoir peur de témoigner pour Lui afin de le faire connaître au monde, à d’autres personnes. Déjà, même ceux qui ne sont pas à la suite du Christ sont aimés de Lui, même s’ils l’ignorent. S’ils savaient qui est Jésus, ils feraient tout pour se mettre à sa suite, comme nous tous nous l’avons fait même si c’est loin d’être parfait.. Jn 4,7 : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurait prié et il t’aurait donné de l’eau vive ». Jésus donne de l’eau vive à toute personne qui la lui demande, et ce don, cette eau vive n’est rien d’autre que Dieu lui-même en la personne de l’Esprit Saint, don par excellence qui va nous conduire vers Jésus, et donc vers le Père. Nous sommes appelés à devenir saint, à partager la vie même de Dieu, pas seulement quand nous serons au ciel, mais dès maintenant sur terre en  se laissant transformer par le Christ pour être à sa ressemblance. C’est pourquoi, les vaines glorioles, les petits compliments entre amis, la haine, les disputes ne servent à rien sinon à nous faire perdre du temps devant Dieu et à nous éloigner de Dieu. Au contraire, tous, nous avons à nous déclarer pour le Christ devant les hommes, fiers de notre foi, même si nous devons l’améliorer avec la grâce de Dieu sachant qu’Il ne nous abandonne jamais. Soyons heureux d’être catholiques pratiquants car le Christ lui-même se déclarera pour nous devant son Père. Paix de Dieu à tous !




12ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

N’ayez pas peur de la vérité

Frères et sœurs, il n’y a sans doute pas de phrase de l’évangile qui puisse nous faire plus peur aujourd’hui que celle-là. La peur que la vérité soit connue, que le privé passe dans le public, la peur de la violation de l’intimité, des « paparazzi » et de l’indiscrétion des journalistes, la peur que ce que l’on a fait ou pensé soit su ou connu, la peur du scandale. En réalité, ce principe qui provient peut-être de la sagesse populaire, « tout ce qui est voilé sera dévoilé« , est quelque chose qui fait peur : nous avons peur de la vérité. C’est un constat ! Nous avons peur de la vérité, non pas simplement quand elle est étalée publiquement, mais même en face de nous-mêmes. Nous acceptons difficilement de voir que telle ou telle chose, telle ou telle réalité, telle ou telle manière de penser est vraiment nôtre. Il n’y a pas que devant les tribunaux que se passe la scène de l’aveu, elle se passe aussi à l’intérieur de nous-mêmes ou elle ne se passe pas ! Nous avons peur de la vérité de ce que nous sommes.

La plupart du temps, nous interprétons cette phrase de l’évangile comme une menace en nous disant : « Je me tiens tranquille parce que je ne veux pas que la vérité de moi-même soit étalée au grand jour ». C’est une sorte de contrainte presque totalitaire de la vérité qui paralyse, et c’est peut-être pourquoi aujourd’hui on a adopté ce consensus dans nos sociétés modernes : chacun gère le jardin secret de sa vérité privée, essaie d’en garder les limites et les bornes pour le protéger de toutes ses forces. Ainsi, nous avons un comportement vis-à-vis de la vérité qui relève essentiellement de la peur.

Or, le texte de l’évangile d’aujourd’hui dit exactement l’inverse : « N’ayez pas peur ! » C’est ce que Jean-Paul II avait dit au début de son pontificat. Et là, le Christ le dit précisément à propos de la vérité :« N’ayez pas peur, de toutes façons, la vérité se fera ! » Par conséquent, il ne s’agit pas de craindre la vérité, au contraire, il s’agit de ne pas en avoir peur parce qu’elle se fera.

Évidemment, nous pouvons rétorquer : « Oui, on voit bien cela de temps en temps, dans les scandales politiques etc., alors la vérité se fait ». Oui et non, car qui fait la vérité ? Le problème est là. Si nous avons tellement peur de cette phrase, c’est parce que nous sentons obscurément que nous avons peur, surtout dans un monde comme le nôtre où les instruments de propagation du discours sont si forts et si puissants qu’il est bien facile, ne serait-ce que par la répétition, de faire valoir quelque chose comme vrai parce qu’on l’a dit à la radio ou à la télévision. Nous avons peur du discours. En réalité, nous avons peur de la parole et du « n’importe quoi », et nous avons peur de ces moyens redoutables qui permettent de faire passer pour discours vrai ce qui souvent est inexact, approximatif ou mensonger.

C’est là que nous touchons le cœur même de l’évangile d’aujourd’hui. Quand Jésus dit : « N’ayez pas peur, ce qui est caché sera dévoilé, connu« , que veut-Il dire ? Il veut dire ceci qui ne devrait pas nous faire peur : c’est Lui-même qui prend en charge, parce qu’Il est le Verbe de Dieu, la Parole de Vérité, de faire venir la vérité sur la terre. Et c’est le grand enjeu de l’Église maintenant au début de ce troisième millénaire.

On aurait plutôt tendance à penser que la manifestation de la charité dans l’Église a assez bien passé dans les réflexes de la société moderne. Tout ce qu’on appelle les organismes humanitaires, les O.N.G, ne sont que la forme sécularisée du message de la charité comme l’évangile l’a annoncé. De ce point de vue-là, on sent bien que nous-mêmes n’avons pas trop de leçons à donner dans ce domaine, comme si nos sociétés modernes avaient enfin assimilé, au moins dans sa première manifestation, les élans de générosité, de sympathie de compassion, de la parole évangélique.

Mais, sur la vérité, c’est autre chose. Dire qu’on est sûr que la vérité triomphera, c’est moins évident. Plus personne n’ose le dire dans la société ; souvent, le problème de la vérité est un champ de bataille entre deux interprétations, deux compréhensions, ente deux approches, et finalement le débat même de la vérité aboutit à ce qu’il voulait éviter au départ : la violence.

Or, Jésus nous dit aujourd’hui : »Ne craignez pas, la vérité se fera« . Comment ? « C’est Moi qui la ferai en vous« . Voilà exactement l’enjeu actuel. L’Église est chargée – ce n’est pas une petite affaire –, les chrétiens, vous, nous, tous, nous sommes chargés aujourd’hui de dire qu’il y a quelqu’un, Dieu, qui fait la vérité de l’homme. Prenons l’exemple du baptême. Que faisons-nous quand nous baptisons un enfant ? Les parents et tous ceux qui l’aiment, qui veulent porter son destin disent : « Nous ne sommes pas capables par nous-mêmes de façonner la vérité du visage de cet enfant. Il faut que ce soit Dieu qui s’en charge« . Et le baptême, quand on plonge un enfant dans l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, est le plongeon dans un bain de vérité. On demandera à Dieu de prendre en charge la vérité du visage de cet enfant, de cette personne qu’on Lui confie par le baptême. Chacun d’entre nous, par le baptême, est entré dans ce mystère de la proclamation de la vérité qui est telle que ce n’est pas nous qui nous la fabriquons. Ce n’est pas le fruit d’une élaboration commune ni d’un consensus, hypothèse extrêmement critiquable car lorsque la vérité devient la vérité du grand nombre, je vous laisse mesurer les conséquences. On en a vu pas mal durant le siècle dernier et encore aujourd’hui. Mais lorsqu’on baptise un enfant, on dit à Dieu : « Nous te confions le soin au nom de la confiance qu’on a en Toi, de révéler la vérité du visage de cet enfant ».

C’est la même chose pour tous les sacrements. Comment puis-je dire la vérité de la communion dans laquelle je me tiens avec tous mes frères dans la foi ? « Seigneur, par ton corps et ton sang, fais advenir en moi ce qui est caché, ce désir de communion, mais qu’il ne soit pas simplement mien, mais parce que Tu le prends, que Tu le ranimes de l’intérieur, parce que Tu le vivifies par ta propre vérité, alors j’entre en vérité dans la communion de l’Église ». Pour le sacrement du mariage, c’est exactement le même problème : un homme et une femme viennent en présence de Dieu en disant : « Nous croyons à la vérité de notre amour, nous ne sommes pas capables de le fabriquer nous-mêmes, et nous te demandons d’être la vérité de notre amour, et de faire que désormais, nous puissions vivre la vérité de cet amour ensemble, par Toi et avec Toi. »

Au fond, c’est tout simple et c’est très difficile. C’est la raison pour laquelle la vérité n’apparaît que par la foi pour les chrétiens, par ce mouvement de conscience et de dépossession de soi, pour dire à Dieu : « Désormais, nous te demandons à Toi, Seigneur, de faire la vérité dans nos cœurs, dans le cœur de mon conjoint, dans le cœur de nos enfants ».

Frères et sœurs, au moment où nous allons entrer dans cette eucharistie, demandons simplement au Seigneur qu’Il change notre cœur vis-à-vis du problème de la vérité. Non pas cette vérité que nous voudrions tenir, que nous voudrions saisir, maîtriser, dominer, expliquer, répéter, c’est une sorte d’échec. Et c’est un peu ce qui fait le désenchantement du début de ce troisième millénaire. C’est parce qu’on a tellement cru qu’on allait pouvoir par des moyens humains, dominer et maîtriser la vérité. Au fond, le réseau Internet, c’est un peu cela qui est symbolisé, le « tout savoir » pour tout le monde, à tout moment, immédiatement : mais c’est le « tout savoir » et non pas le « tout vrai », il s’en faut de beaucoup.

Que nous puissions nous dessaisir de ce réflexe de la vérité comme possédée et manipulée par l’homme pour essayer de retrouver ce chemin de vérité dont le Christ Lui-même a dit que c’était Lui : « Je suis le chemin, la vérité et la vie« . Amen.




Audience Générale du Mercredi 14 Juin 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 Juin  2017


Frères et sœurs, nous ne pouvons pas vivre sans amour. Derrière de nombreux comportements apparemment inexplicables se cache une question : est-il possible que je ne mérite pas d’être appelé par mon nom ? De nombreuses formes de haine sociale dissimulent souvent un cœur qui n’a pas été reconnu. Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner. Dieu ne lie même pas sa bienveillance à notre conversion : celle-ci tout au plus est une conséquence de l’amour de Dieu. Saint Paul dit que Dieu nous a aimés même lorsque nous nous étions trompés. Qui de nous aime de cette manière, sinon un père ou une mère ?  Une mère aime son enfant même quand il est pécheur. Dieu fait la même chose avec nous, nous sommes ses enfants bien-aimés. L’amour appelle l’amour ! Pour changer le cœur d’une personne malheureuse, il faut d’abord l’embrasser, lui faire sentir qu’elle est désirée, qu’elle est importante, alors elle cessera d’être triste. Que souffle ici sur nos visages un vent de libération. Que germe ici le don de l’espérance.

Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue française, en particulier aux étudiants de la « Conférence Olivaint » de Paris ainsi qu’aux groupes venus de France, de Belgique et de l’Île Maurice. Souvenons-nous que nous sommes tous les enfants bien-aimés de Dieu, et que nous sommes tous précieux à ses yeux ! C’est la source de notre espérance ! Que Dieu vous bénisse !