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La Sainte Trinité : les notions de « personne » et de « nature » (1)

« Le Mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi, lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la hiérarchie des vérités de la foi. Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s’unit les hommes qui se détournent du péché » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, & 234).

Dieu est ainsi un mystère de relations éternelles entre trois personnes distinctes. Ce terme même de personne renvoie à « quelqu’un » d’unique, le seul à être « qui » il est. Il est un centre d’existence irréductible à lui-même. A ce titre, deux personnes ne peuvent qu’être en face en face. Une personne ne peut pas être « dans » une autre personne. Leur différence est la base même de la relation qui les unit. Ainsi, « celui qui est le Fils n’est pas le Père, et celui qui est le Père n’est pas le Fils, ni le Saint Esprit n’est celui qui est le Père ou le Fils » (Concile de Tolède XI, 675ap JC).

St Pierre, dans sa seconde Lettre, parle de « nature divine » (2P 1,4). Cette notion renvoie à ce qu’est en elle-même une Personne divine, ce par quoi elle vit et s’exprime. Cette nature divine, ce qui fait que « Dieu Est Dieu », est commune aux trois Personnes divines. St Jean nous offre trois affirmations à son sujet. La première, la plus importante, apparaît deux fois : « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16). Nous sommes ici au cœur de notre foi. « Dieu Est Amour », Il n’Est qu’Amour, tout en Lui est de l’ordre de l’Amour… Puis St Jean écrit : « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5). Cette Lumière est donc celle de l’Amour… Il écrit encore : « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24). A nouveau, il s’agit de l’Esprit d’Amour… Notons que dans cette dernière affirmation, « Esprit » est un nom commun qui évoque ce que Dieu Est en Lui-même… Dans la Bible, nous lisons souvent également, sous une forme ou sous une autre, « Dieu Est Saint » (Lv 11,44-45 ; 19,2 ; 21,8…). « Saint » est ici un adjectif qui qualifie à nouveau ce que Dieu Est en Lui même. En mettant les deux ensembles, nous obtenons « Dieu Est Esprit Saint », une affirmation qui renvoie encore une fois à la nature divine, à ce que Dieu Est en Lui-même. Mais attention, « Esprit Saint » ou « Saint Esprit » peut aussi être employé comme un nom propre pour désigner la Troisième Personne de la Trinité, la seule à être « qui » elle est. Chaque fois que nous rencontrerons cette expression « Esprit Saint », il faudra donc se poser cette question : de quelle réalité parle-t-on, Personne divine ou nature divine ?

Pour conclure ce point et l’illustrer, appliquons à chaque Personne divine ce que nous venons de voir. Le Père Est Esprit, il Est Saint, il Est Esprit Saint. Le Fils Est Esprit, il Est Saint, il Est Esprit Saint. L’Esprit Saint Est Esprit, il Est Saint, il Est Esprit Saint. Le Père n’est pas le Fils, l’Esprit Saint n’est ni le Père, ni le Fils, mais tout ce qui Est dans le Père Est également dans le Fils et dans l’Esprit Saint. Car les Trois possèdent pleinement une seule et même nature divine…

                                                                                          D. Jacques Fournier




7ième Dimanche de Pâques – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Frères et sœurs, il vous est sans doute arrivé à l’un ou l’autre moment grave de votre vie, de vous trouver face à un être proche, très intime, un ami, une épouse, un fils, un père, une mère, qui à ce moment-là était accablé d’un immense chagrin ou bien au contraire, débordant d’une joie profonde et pratiquement inexplicable. Et il vous est peut-être arrivé, généralement ces instants-là sont très profondément gravés dans notre mémoire, de tenir cette personne que vous aimiez ainsi, et dont vous compreniez toute la peine et toute la joie, de la tenir dans vos bras parce qu’alors il n’y a plus d’autre geste qui soit à la mesure de l’événement. Vous avez alors senti tout le poids d’un être, d’une existence qui vous est chère, s’abandonner tout d’un coup à vous, s’appesantir sur vous, comme si ce que cette personne portait en elle était trop lourd à porter pour elle seule, comme s’il fallait que d’une manière ou d’une autre, elle partage ce poids de souffrance écrasante ou cette joie débordante, poids qui de toute façon ne pouvait plus rester dans son cœur, ni dans sa chair, il fallait ce geste pour que soit communiquée la lumière d’une ineffable tendresse d’une amitié, d’un amour, et que dans l’impossibilité où nous sommes d’y communier totalement et parfaitement, parce que nous sommes autres que celui qui est en face de nous, nous recevions ce poids, ce fardeau que l’autre nous confie.

Et vous vous souvenez sans doute de ceci : dans un tel moment, on ne sait plus qui soutient l’autre. A la fois on a conscience de porter le poids de la présence, un poids que nous ne sommes pas capables de porter, et nous sommes comme éblouis par le fait que la personne que nous aimons et nous-mêmes, sommes trop petits et comme démunis, nous sentons que normalement nous devrions être écrasés, brûlés, réduits à rien. En fait, nous percevons tout à coup dans un simple acte de communion, dans un geste simple et inexprimable d’amitié, une sorte de ressource inespérée, une foi et une espérance qui nous permettent de tenir debout et de recevoir le fardeau comme si on était porté par lui.

En même temps, nous sentons bien que ce geste ne peut pas être autre chose que ce geste d’amitié échangé l’un vers l’autre : il semble que les mots et les phrases seraient tellement de trop. Il semble qu’alors, seule une lueur imperceptible dans le regard, une certain expression du visage, la manière dont la main se pose amicalement sur vous peuvent dire la vérité de ce qui se passe et que si on ajoutait quoique ce soit, ce serait la réalité même de ce qui est en jeu. Lorsqu’on veut parler de la gloire de Dieu, c’est à ce genre d’expérience qu’il faut se référer. Parfois entraînés dans un certain sens du spectacle ou du visible, nous avons tendance à penser que la gloire est d’abord la lumière, la lumière aveuglante et éblouissante qui vous envahit de l’extérieur pour vous brûler. Mais dans la réalité de l’expérience d’Israël en quête de son Dieu et dans la foi que les disciples ont eue en la révélation du nom de Dieu par le Christ, ce n’est pas d’abord à ce registre de lumière qu’ils faisaient allusion. En effet, « gloire » en hébreu veut dire quelque chose comme poids, pesanteur, une réalité qui vient sur vous et pèse sur vous sans que vous l’ayez demandé, et qui paradoxalement vous fait sentir tout son poids et toute sa force sans vous écraser. Les deux registres d’images ne sont pas contradictoires, ils sont même extraordinairement complémentaires, car quoi de plus illuminant que cette expérience d’une présence de Dieu qui s’abat sur vous et vous terrasse comme saint Paul sur le chemin de Damas, ou comme le Christ au moment de son agonie, qui ne peut plus prier que prostré à terre ? Or, c’est précisément au moment où la personne se sent la plus lourde, la plus accablée dans sa condition de chair, la plus affectée dans son cœur, que la présence et la gloire de Dieu pèsent sur elle de tout leur poids.

Frères et sœurs, la prière que nous venons d’entendre : « Père, glorifie ton Fils pour que ton Fils te glorifie », c’est uniquement cela, ce moment où le Christ s’étant avancé dans la chair, ayant dit à son Père : « Tu n’as voulu ni holocauste ni victime, mais Tu m’as façonné un corps, alors j’ai dit voici, je viens vers Toi et je passe de ce monde à Toi », ce moment où le Christ dans sa chair est comme accablé et comme écrasé par l’amour de son Père, parce qu’Il sait que maintenant cette chair sera meurtrie, déchirée et mise à mort par le poids immense et immonde du péché du monde. Or, cette chair, il n’y a plus qu’une personne à qui Il peut la confier dans ce geste de confiance filiale et absolue : la personne du Père. « Père, il n’y a que Toi qui peux porter le poids du péché qui m’accable actuellement dans la force et le poids de ton amour. Tout le poids de cette inconscience, de cette malveillance du péché, de la récolte du monde, voici qu’il est marqué dans ma chair. C’est pourquoi je te la confie et je te la donne pour que Tu y fasses resplendir le poids même de ton amour ».

Aujourd’hui, une des choses qui nous manque le plus, c’est la gloire de Dieu. C’est vrai que nous l’avons caricaturée dans ce qu’on appelle habituellement le triomphalisme. C’est vrai à certains moments, nous avons voulu traduire d’une manière sans doute maladroite et innocente, mais à la limite un peu fausse, une fausse grandeur de Dieu qui n’a rien à voir avec cette grandeur de Dieu qui n’est pas « distance », mais qui est « présence infinie ». Cependant, ce n’est pas une raison pour ne plus voir les choses en face, car la gloire de Dieu c’est le fait que non seulement Il est quelqu’un, mais que cette existence, cette réalité pèsent de tout leur poids sur l’Église, sur chacun d’entre nous, sur le destin de chaque homme, et que cette gloire de Dieu ne pèse pas comme un fardeau qui écraserait, mais qu’il s’agit au contraire du geste d’un ami qui vient nous accueillir et nous ouvrir les bras parce qu’il voit dans quelle détresse nous sommes plongés, à quelle mort nous sommes voués, à quelle désespérance nous sommes condamnés. La gloire de Dieu, c’est la réalité de Dieu qui rayonne de cette manière infiniment proche jusqu’à peser sur nous comme les mains et les bras d’un ami qui veut nous dire sa confiance au milieu de sa détresse, comme le dit ce verset du psaume 138 : « Tu as posé ta main sur moi ».

Voilà le secret de la gloire de Dieu. Il n’a pas peur de la pauvreté et de la détresse dans laquelle nous sommes. Il n’a pas peur de se salir les mains en posant sa main sur nous, car sa main est à la fois lumière et tendresse qui pardonne. Et la gloire de Dieu, c’est précisément la manière extrêmement confiante et pleine de tendresse avec laquelle Dieu, dans ce geste de son amour paternel et infini pose la main sur chacun d’entre nous. Cela nous l’avons vu dans la mort et dans l’exaltation du Christ. Cette chair crucifiée, lacérée, meurtrie, tournée en dérision, voici que le Père dans son amour, y a fait resplendir sa gloire pour manifester qu’il n’est rien dans ce monde et dans cette création qui, lorsqu’il est touché, atteint dans ce contact étroit et cette pesanteur du réalisme avec lequel Dieu se saisit de nous, il n’est pas d’être qui immédiatement au plus profond de son cœur, et plus tard, lorsque la gloire de Dieu se révèlera en plénitude, ne soit transfiguré radicalement en un corps et une existence de gloire.

Nous n’avons que cela à dire au monde d’aujourd’hui, nous sommes pécheurs comme les autres, nous ne valons pas mieux. Nous ne sommes pas pire non plus, mais il est une chose que nous savons et que le monde ne connaît pas, c’est que Dieu pour nous donner son salut, a posé sa main sur nous, que la gloire, dans ce monde de péché et de détresse, resplendit encore aujourd’hui, et que si elle ne resplendit pas assez, c’est parce que nous n’ouvrons pas suffisamment notre cœur au poids de cet amour qui vient peser sur nous.

Et nous qui nous préparons à l’effusion de l’Esprit nous devons laisser peser sur nous l’amour de Dieu dans toute sa force, Lui qui sait à quel point, et nul ne le sait mieux que Lui, nous pouvons être accablés par la souffrance, l’angoisse et le péché. Même si nous avons du mal à le reconnaître, Lui nous connaît et ne cesse de poser la main de son Esprit pour que nous soyons transfigurés et glorifiés. Il faut donc que nous ayons de plus en plus, à travers toute notre vie, le souci de laisser se manifester ce réalisme de la gloire de Dieu, cette pesanteur de sa présence, cet enracinement de l’amour dans notre chair, dans notre cœur, dans notre vie, puisque c’est à cela que nous sommes destinés. Amen.




7ième Dimanche de Pâques par Francis COUSIN

 

 

« L’heure est venue.

Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. »

L’évangile de ce jour est une partie de la grande prière que Jésus adresse à son Père avant sa Passion.

« L’heure est venue. Glorifie ton Fils… ». Pourquoi ? Pour que le Fils puisse rendre gloire à son Père, ce qu’il a fait tout au long de sa vie sur la terre.

A vue humaine, c’est une raison qui n’est pas une raison, et qui ne nous satisfait pas vraiment. Si Jésus avait tout fait auparavant pour la gloire de son Père, pourquoi demander maintenant qu’il soit glorifié dans ce but, et surtout en quoi ce qui va suivre, sa Passion, va le glorifier ? La gloire de Jésus sera montrée quand, jusqu’au bout, il aura tout fait par amour pour les hommes : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13) : c’est sa Passion, ses souffrances, sa mort sur la croix qui vont donner du poids à sa vie, qui vont faire qu’il n’est pas un simple philosophe et qu’on pourra croire en lui, après la manifestation de la gloire de Dieu le Père qui le ressuscitera : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc,24,26).

La gloire de Jésus se manifestera dans son abaissement, basé sur l’amour et le don de soi, jusqu’à l’ultime, basé que la justice et la vérité. Ce qui est tout le contraire de notre vision de la gloire dans le monde : la gloire, pour beaucoup, c’est quand on se met au-dessus des autres, par des événements futiles, sans lendemain, quitte parfois à utiliser des moyens frauduleux, le mensonge ou la triche … et on en a un bel exemple avec la plupart de ceux qui se présentent actuellement aux élections législatives, ou d’autres faits divers. Jésus bâtie sa gloire sur sa relation avec son Père, sur la transcendance. Les hommes sur l’évanescence (pas tous …).

Faut-il faire alors comme le Christ ?

Être dans l’abaissement, dans l’humilité : oui. Rechercher la gloire : non. Rechercher la souffrance comme le Christ lors de sa Passion : non !

C’est dans ce sens qu’il faut entendre le passage de saint Pierre dans la deuxième lecture. « Bien-aimés, dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera ». Il s’agit ici de la gloire du Christ, qui se révélera à la fin des temps, et pas de la nôtre. On retrouve ici la dernière Béatitude : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5,11). D’ailleurs, Pierre ne parle pas d’une quelconque gloire qui rejaillirait sur les personnes concernées, mais de la gloire de Dieu qu’il invite à remercier : « Mais si c’est comme chrétiens … qu’il rende gloire à Dieu ».

La gloire n’est jamais pour nous.

La gloire est toujours pour Dieu. Car c’est lui qui nous fait agir comme chrétiens.

Rendre gloire à Dieu dans la prière. On voit combien pour les premiers chrétiens, la prière, la relation à Dieu était importante. Ainsi, dans la première lecture : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière ».

Il faut dire qu’avec Jésus, ils avaient appris combien est importante cette relation avec le Père : « Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez obtenu, et cela vous sera accordé. » (Mc 11,24).

La prière avant l’action, pour demander. La prière pendant l’action, pour demander l’aide de l’Esprit, la prière après l’action, pour remercier Dieu de son aide.

Jésus était tellement sûr que son Père accueillerait sa prière qu’il le remerciait même avant que l’action ne soit réalisée, notamment avant que Lazare ne fut revenu à la vie : « Je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours » (Jn 11, 41-42).

Cette certitude, cette foi en la réponse de Dieu à nos prières, est-ce que nous l’avons toujours ?

Seigneur Jésus,

Tu nous invites à rendre gloire à ton Père,

comme toi tu l’as fait,

dans toutes les circonstances,

joyeuses ou douloureuses.

Avec l’Esprit Saint,

nous y arriverons.

Francis Cousin




7ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Le seul désir de Jésus : que nous recevions la Vie éternelle (Jn 17,1-11)…

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie.
Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire.
Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe.
J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole.
Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi,
car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi.
Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi.»

 

            « Père, l’heure » de la souffrance, de la Passion et de la mort « est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie ». C’est ce que le Père fait déjà pour lui depuis toujours, « je l’ai glorifié et de nouveau je le glorifierai » (Jn 12,28). Et le Père le glorifie en lui donnant « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Gloire » (1P 4,14), un Esprit par lequel il l’engendre en Fils « né du Père avant tous les siècles ». Mais Jésus prie ici avec une intensité toute particulière car il sait que le chemin qui l’attend est redoutable : déchainement de violence, de méchanceté, de barbarie à son égard, Lui qui pourtant « a passé en faisant le bien » (Ac 10,38)… Aussi, « Père, glorifie ton Fils », donne-toi à ton Fils dans toute la Puissance de ton Amour, pour que ton Fils puisse se donner à son tour… Cet « Esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi » (2Tm 1,7) donnera à Jésus de ne pas répondre à l’insulte par l’insulte (cf. 1P 2,21-25). Bien au contraire, à tous ceux qui lui infligeront tant de maux et de souffrances, il répondra par de l’amour, « Père, pardonne-leur » (Lc 23,34), et il aura la force de tout offrir pour leur salut… « Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie et que selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés », et le Père a donné à son Fils le monde à sauver (Jn 3,16‑17), c’est-à-dire « tous les hommes » (1Tm 2,3-6), tous, sans aucune exception. Et c’est ainsi que, ressuscité, il viendra à la rencontre de tous ceux qui ont contribué à sa mort, non pas pour les punir, mais pour les bénir : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur, et il l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26).

Pendant toute sa vie, Jésus avait manifesté en paroles et en actes à quel point « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), « Dieu n’Est qu’Amour » (P. François Varillon). « J’ai manifesté ton Nom aux hommes, je t’ai glorifié sur la terre », Père, « en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donnée de faire ». En effet, avait-il déjà déclaré, « le Fils ne peut rien faire de lui-même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement, car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20). Les œuvres de Jésus étaient donc avant tout celles du Père (Jn 10,37 ; 14,10). En serviteur du Père, obéissant de tout cœur à son Père, Jésus le laissait accomplir avec Lui et par Lui ce qu’il voulait, et tel était toute sa joie. Maintenant, il prie pour ses disciples, pour nous tous, afin que nous suivions ses traces, en vivant comme Lui il a vécu, en serviteurs de Dieu et des hommes…   DJF

         

 




Rencontre autour de l’Évangile – 7ième Dimanche de Pâques

« La vie éternelle, c’est de te connaître,

toi le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. »

 

 

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 17, 1-8)

Saint Jean est le seul à nous rapporter cette grande prière de Jésus, au moment où il va entrer dans sa Passion et sa mort pour passer de ce monde à son Père. C’est la prière sacerdotale de Jésus. Il se tourne vers son Père en faisant comme un bilan de sa mission terrestre, et il s’en remet à lui avec confiance.

 

 

Soulignons les mots importants

Père : Dans la bouche de Jésus, ce mot exprime une relation particulière qu’il vit avec Dieu : laquelle ?

L’heure est venue : De quelle « heure » Jésus parle-t-il ? Rappelons-nous ce qu’il répond à sa mère aux noces de Cana.

« Glorifie ton Fils, comme ton Fils te glorifie » : La gloire du Fils et la gloire du Père dépendent l’une de l’autre : c’est la vie éternelle communiquée aux hommes par la victoire du Fil sur le péché et la mort.

La vie éternelle : quelle est cette vie dont parle Jésus ?

Te « connaître» et « connaître » celui que tu as envoyé : Que veut dire connaître quelqu’un ? Comment connaître le vrai Dieu et Celui qu’il a envoyé ? Qu’est-ce que cela doit changer dans notre vie ?

L’œuvre que tu m’as confiée : Quelle a été l’essentiel de l’œuvre accomplie par Jésus ?

Avant le commencement du monde : En tant que Fils de Dieu, Jésus existe depuis toujours. Quel est ici le sens du mot « monde »

J’ai fait connaître ton « nom » : De quel nom Jésus parle-t-il ?

Quels sont les mots ou les expressions employés par Jésus pour dire la foi de ses apôtres ?

Le mot « monde » : Jésus dit qu’il ne prie pas pour « le monde » et pourtant ses disciples sont envoyés « dans le monde ». Essayons de comprendre ce que veut dire Jésus.

Pour l’animateur   

  • – Père : La prière de Jésus commence par une invocation filiale : le mot « abba », c’est un terme familier de l’araméen, la langue de Jésus, pour dire papa.

    – L’Heure  de Jésus. Dans l’évangile de Jean il est souvent question de « l’heure ». A Cana, il dit à Marie :  « Mon heure n’est  pas encore venue »

    L’heure d’un général, c’est le moment où il défile avec son armée victorieuse. L’heure d’une mère, c’est le moment où elle met au monde son enfant.

    Jésus révèle qu’aucun croyant ne peut faire une expérience directe de Dieu. Le Père se rencontre dans la foi en Jésus et l’écoute de sa Parole. Philippe est invité à croire, c’est-à-dire à reconnaître dans l’homme Jésus la manifestation du Père parmi les hommes. L’heure de la religieuse ou du prêtre, c’est le moment du pas décisif qui change l’orientation de leur vie …

    Toute la vie de Jésus a été tendue vers « son heure » : C’est l’heure décisive : à la fois l’heure de sa mort et de sa victoire sur la mort ; l’heure de son humiliation et de sa glorification par le Père. L’heure du passage de ce monde vers le Père. L’heure où Jésus sauve toute l’humanité en la faisant passer en lui de la mort à la vie éternelle.

    – La vie éternelle : c’est précisément le fruit, le résultat, la conséquence de cette  « Heure ». C’est la vie même de Dieu qui transforme totalement l’humanité de Jésus dans la Résurrection et que Jésus, solidaire de toute l’humanité, veut communiquer à tous ses frères. Cette vie éternelle est donnée dès maintenant sur terre.

    – C’est le sens du mot « connaître » = naître avec. Etre uni, être dans l’intimité du Père en étant uni à Jésus. C’est une expérience intime et forte. Comme deux époux se connaissent.

    – L’œuvre du Fils c’est justement de faire connaître le Père : c’est son Nom.

    – Pour un chrétien, avoir la foi c’est : vivre une expérience personnelle de relation avec le Christ et en lui avec le Père qui l’a envoyé. C’est cela « connaître Dieu ». C’est la foi des apôtres : garder fidèlement la Parole du Père ;  reconnaître que les paroles de Jésus sont les paroles du Père et les accueillir ; reconnaître que Jésus vient du Père.

    – Dans la prière de Jésus, le mot monde veut dire tantôt « la création » Jésus comme Fils du père existe « avant le commencement du monde » ; tantôt, le mot monde désigne tout ce qui entraîne le monde loin de Dieu « je ne prie pas pour le monde » ; tantôt  c’est  le monde des hommes que Dieu aime. « Dieu a tant aimé le monde… » (Jn3, 16)

   

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Jésus, fais-nous entrer dans ta prière filiale. Fais-nous entrer avec toi dans l’intimité du Père. Apprends-nous à prier avec tout ce qui fait notre vie, comme toi. Rends-nous accueillants à tes paroles, car elles sont les paroles du Père qui t’a envoyé. Tu as les paroles de la vie éternelle.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Þ Comment cette prière filiale de Jésus peut-elle nous aider à renouveler notre manière de prier ?

Þ Comment notre vie peut-elle « glorifier » le Père.

Þ Si nous appartenons à Jésus et si Jésus nous a donné la vie éternelle, qu’est-ce que cela change ou doit changer dans notre vie de tous les jours ?

Þ Gardons-nous fidèlement la Parole du Christ ? Quelle place donnons-nous à la lecture personnelle de l’Evangile pour approfondir notre connaissance du Christ et du Père ?

Þ Sommes-nous dans le monde les témoins du seul et vrai Dieu ? Qu’est-ce que nous faisons pour aider nos frères à le connaître ?

 

Ensemble prions

Chant : O Père, je suis ton enfant (Carnet des paroisses p.287)

 

Dieu Père,

nous te louons et nous te bénissons parce que tu es le Père de Jésus,

et que tu veux être aussi notre Père selon ton amour et ta miséricorde.

Dieu Fils,

nous te louons et nous te bénissons

parce que tu es le Fils de son amour,

et que tu veux être aussi le frère premier-né de tous les enfants de Dieu.

Dieu Saint-Esprit,

nous te louons et nous te bénissons

parce que tu es l’amour du Père et du Fils jaillissant comme un feu de leur tendresse, et que tu veux aussi habiter en nos cœurs comme un brasier d’amour.

Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, nous te louons et nous te bénissons

parce que tu es le Dieu au-delà de toute louange et que tu acceptes cependant les balbutiements de notre adoration.

A toi notre amour pour les siècles des siècles. Amen

 

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J’étais où avant de naître ?

  Paul, 6 ans 

« J’étais où avant de naître ? »          

Père Antoine DENNEMONT

Avant de naître, tu n’étais nulle part, tu n’existais pas. Mais tu n’es pas là par hasard : ton papa et ta maman t’ont espéré, et par leur amour, ils t’ont donné la vie. Pendant neuf mois, ils t’ont attendu pendant que tu grandissais dans le ventre de ta maman. Ils se sont préparés à t’accueillir, en choisissant ton prénom, en préparant ta chambre…Dieu qui est à l’origine de l’amour unit ton papa et ta maman, a préparé ta venue, lui aussi. Avant ta naissance, il te connaissait déjà, et se réjouissait de ton existence. Tu t’inscris dans une histoire familiale, qui a été tracée par les ancêtres de tes parents. Mais tu es aussi fils de Dieu : comme un Père, il te guide vers ce qui est tellement important pour lui : l’amour.




Audience Générale du Mercredi 17 mai 2017

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 Mai 2017


Chers frères et sœurs, bonjour!

Ces dernières semaines, notre réflexion se déroule, pour ainsi dire, dans l’orbite du mystère pascal. Nous rencontrons aujourd’hui celle qui la première, selon les Evangiles, vit Jésus ressuscité : Marie Madeleine. Le repos du samedi s’était conclu depuis peu. Le jour de la passion, il n’y avait pas eu le temps de terminer les rites funèbres; c’est pourquoi, en cette aube pleine de tristesse, les femmes se rendent à la tombe de Jésus avec les onguents parfumés. C’est elle qui arrive la première : Marie de Magdala, l’une des disciples qui avaient accompagné Jésus jusqu’en Galilée, se mettant au service de l’Eglise naissante. Dans son trajet vers le sépulcre se reflète la fidélité de tant de femmes qui fréquentent pendant tant d’années les allées des cimetières, en souvenir de quelqu’un qui n’est plus là. Pas même la mort ne brise les liens les plus authentiques : certaines personnes continuent à aimer, même si la personne aimée s’en est allée pour toujours.

L’Evangile (cf. Jn 20, 1-2.11-18) décrit Madeleine, en soulignant immédiatement que ce n’était pas une femme qui s’enthousiasmait facilement. En effet, après la première visite au sépulcre, elle revient déçue dans le lieu où les disciples se cachaient; elle rapporte que la pierre a été déplacée de l’entrée du sépulcre, et sa première hypothèse est la plus simple que l’on puisse formuler : quelqu’un doit avoir fait disparaître le corps de Jésus. Ainsi, la première annonce que Marie apporte n’est pas celle de la résurrection, mais d’un vol que des inconnus ont commis, alors que Jérusalem tout entière dormait.

Les Evangiles racontent ensuite un deuxième voyage de Madeleine vers le sépulcre de Jésus. Elle était têtue ! Elle est allée, elle est revenue… parce qu’elle n’était pas convaincue ! Cette fois, son pas est lent, très lourd. Marie souffre doublement : tout d’abord de la mort de Jésus, et ensuite, de la disparition inexplicable de son corps.

C’est alors qu’elle est penchée près de la tombe, les yeux remplis de larmes, que Dieu la surprend de la manière la plus inattendue. L’évangéliste Jean souligne combien son aveuglement est persistant : elle ne s’aperçoit pas de la présence de deux anges qui l’interrogent, elle n’a aucun soupçon en voyant l’homme derrière elle, qu’elle pense être le gardien du jardin. Et en revanche, elle découvre l’événement le plus bouleversant de l’histoire humaine lorsque finalement elle est appelée par son nom : «Marie!» (v. 16).

Comme il est beau de penser que la première apparition du Ressuscité — selon les Evangiles — a eu lieu d’une manière aussi personnelle ! Il y a quelqu’un qui nous connaît, qui voit notre souffrance et notre déception, et qui s’émeut pour nous et nous appelle par notre nom. C’est une loi que nous trouvons gravée dans beaucoup de pages de l’Evangile. Autour de Jésus se trouvent de nombreuses personnes qui cherchent Dieu ; mais la réalité la plus prodigieuse est que, bien avant, c’est tout d’abord Dieu qui se préoccupe pour notre vie, qui veut la relever, et pour ce faire, il nous appelle par notre nom, en reconnaissant le visage personnel de chacun. Chaque homme est une histoire d’amour que Dieu écrit sur cette terre. Chacun de nous est une histoire d’amour de Dieu. Dieu appelle chacun de nous par son propre nom : il nous connaît par notre nom, il nous regarde, il nous attend, il nous pardonne, il a de la patience avec nous. Est-ce vrai ou n’est-ce pas vrai ? Chacun de nous fait cette expérience.

Et Jésus l’appelle: «Marie !»: la révolution de sa vie, la révolution destinée à transformer l’existence de chaque homme et femme, commence par un nom qui retentit dans le jardin du sépulcre vide. Les Evangiles nous décrivent le bonheur de Marie: la résurrection de Jésus n’est pas une joie donnée au compte-goutte, mais une cascade qui renverse toute la vie. L’existence chrétienne n’est pas tissée de doux bonheurs, mais de vagues qui emportent tout. Essayez de penser vous aussi, en cet instant, avec le bagage de déceptions, et d’échecs que chacun de nous porte dans son cœur, qu’il y a un Dieu proche de nous qui nous appelle par notre nom et nous dit: «Relève-toi, arrête de pleurer, car je suis venu te libérer!». Cela est beau.

Jésus n’est pas quelqu’un qui s’adapte au monde, en tolérant que dans celui-ci se poursuivent la mort, la tristesse, la haine, la destruction morale des personnes… Notre Dieu n’est pas inerte, mais notre Dieu — je me permets le mot — est un rêveur: il rêve de la transformation du monde, et il l’a réalisée dans le mystère de la Résurrection.

Marie voudrait embrasser son Seigneur, mais Lui est désormais tourné vers le Père céleste, alors qu’elle est invitée à apporter l’annonce à ses frères. Et ainsi, cette femme qui, avant de rencontrer Jésus, était en proie au malin (cf. Lc 8, 2), est à présent devenue apôtre de la nouvelle et plus grande espérance. Que son intercession nous aide à vivre nous aussi cette expérience: à l’heure des pleurs, et à l’heure de l’abandon, entendre Jésus Ressuscité qui nous appelle par notre nom, et avec le cœur plein de joie aller annoncer: «J’ai vu le Seigneur!» (v. 18). J’ai changé de vie parce que j’ai vu le Seigneur! A présent, je suis différent d’avant, je suis une autre personne. J’ai changé parce que j’ai vu le Seigneur. Cela est notre force et cela est notre espérance. Merci.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le collège de défense de l’otan, le groupe de l’université catholique de Louvain, le pèlerinage du diocèse de Gand, ainsi que les pèlerins venus de France, de Suisse et de Côte d’Ivoire.

Frères et sœurs, Marie-Madeleine aurait voulu étreindre le Seigneur. Mais lui l’envoie porter la bonne nouvelle aux apôtres. Nous aussi, à l’heure des pleurs et de l’abandon, puissions-nous entendre Jésus nous appeler par notre nom, et nous envoyer porter la bonne nouvelle à nos frères.

 




6ième Dimanche de Pâques – Claude WON FAH HIN

« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ». Pour savoir si j’aime le Christ, je dois donc me demander si j’obéis à ses commandements. Commandements d’aimer essentiellement. Thérèse d’Avila [1], nous dit : Il  importe beaucoup que nous comprenions l’étroite obligation où nous sommes de nous conformer à trois points pour posséder la paix intérieure et extérieure: l’amour, le détachement de toutes les créatures, et la véritable humilité, vertu qui, bien que nommée la dernière, est cependant la principale et embrasse toutes les autres.

Saint Bernard distingue quatre degrés  de l’amour[2] :

  1. Au premier, l’homme s’aime lui-même

  2. Au second, il aime Dieu…pour

  3. Au troisième, il aime Dieu pour Lui

  4. Au quatrième, il ne s’aime plus soi-même que pour Dieu

Et il ne suffit de dire : « j’aime Dieu et j’aime mon prochain ». Dire c’est facile, le faire c’est autre chose. Difficile aussi d’avancer si on le fait par « force ». Sainte Baouardy nous rapporte ces paroles de la Vierge Marie : « l’âme ne doit pas dire : « je voudrais…Je désirerais …parce que la volonté propre gâche tout. L’essentiel est d’accepter, avec amour … tout ce qu’il plaira au Seigneur de nous envoyer ».  Bien sûr, chacun peut demander, dans toutes ses prières, la grâce d’aimer davantage, aimer Dieu et son prochain, mais toujours en passant par la prière, les sacrements, la méditation, les bonnes actions… Aimer, cela demande de passer par Dieu lui-même qui est Amour. Dans le cas contraire, Saint Bernard aura raison de dire que l’homme aime Dieu pour qu’il en tire profit pour sa propre personne. Il va se servir de Dieu pour son intérêt propre. Il ne pense qu’à lui-même. On tombe alors dans l’orgueil et dans la recherche d’une sorte de gloire, caché peut-être, mais gloire recherché en secret malgré tout. Ce que Padre Pio dénonce quand il dit[3] : « Attention à l’orgueil!…Gardez-vous aussi de l’amour de la vaine gloire, défaut propre aux personnes dévotes. Celui-ci nous pousse,  sans nous en apercevoir, à paraître toujours plus que les autres, à conquérir pour nous l’estime de tous. Contre ce maudit vice, véritable ver, véritable teigne de l’âme pieuse, opposez le mépris de cette vaine gloire. N’acceptez pas que l’on parle beaucoup de vous ; la piètre opinion de soi-même, en croyant tout le monde supérieur à soi, est l’unique remède pour nous protéger de ce vice. Sans compter que c’est là la source  et le germe de toute division. L’humilité, au contraire, nous rendra semblables au Seigneur qui, dans son Incarnation, s’est abaissé et s’est anéanti, prenant la forme d’un esclave ».

Et l’abbé Pierre Descouvemont  complète en disant[4]: « Il arrive que Dieu accorde – c’est Dieu qui accorde – parfois à ses enfants  ce que Thérèse d’Avila appelle une grâce d’ « humilité infuse » : « Quand l’Esprit de Dieu agit en nous, il n’est pas nécessaire de rechercher péniblement des considérations  pour nous exciter à l’humilité et à la confusion de nous-mêmes. Le Seigneur met en nous une humilité bien différente de celle que nous pouvons nous procurer par nos faibles pensées. La nôtre, en effet, n’est rien en comparaison de cette humilité vraie et éclairée que Notre Seigneur enseigne alors, et qui produit en nous une confusion capable de nous anéantir…Plus ses faveurs sont élevées, plus cette connaissance est profonde». Aimer demande de l’humilité. Et c’est parce que l’humilité est présente, en se plaçant au bas de l’échelle, en restant très simple, quasi anonyme, sans aucune prétention, avec en soi une prière continuelle pour que le Christ nous tienne compagnie,  que l’on peut aimer tout le monde sans jamais avoir le sentiment d’être supérieur à tous.

Si nous gardons ses commandements, c’est-à-dire si nous les appliquons, en aimant réellement en pratique et non pas du bout des lèvres, le Christ priera son Père pour nous envoyer un autre Paraclet, l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, pour qu’il soit avec nous à jamais. Et L’Esprit de Vérité nous permettra de vivre dans le vrai personnellement et envers les autres et non pas dans le faux, dans le mensonge envers soi-même. 

Cela pourrait être ainsi pour le monde, c’est-à-dire le monde qui semble ne pas avoir besoin de Dieu pour vivre, mais ce monde ne veut pas de l’Esprit de Vérité parce qu’il ne le voit pas, parce qu’il n’a pas la foi. Le monde désire voir pour croire, il veut des preuves scientifiques et historiques de l’existence de Dieu,  sans pour autant vouloir aller les chercher, ces preuves historiques car il y en a, bien sûr, alors que le disciple du Christ n’a pas besoin de voir pour croire : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Le monde dans lequel nous vivons est un monde difficile, qui tient Dieu pour rien, où seul compte la réussite sociale. Thérèse d’Avila[5] : « Il faut beaucoup de vertus pour traiter avec le monde, vivre au milieu du monde, s’occuper des affaires du monde, s’adapter à la conversation du monde, et demeurer intérieurement étranger au monde, ennemi du monde, se conduire comme si l’on vivait au fond d’un désert … pour être des anges bien plus que des hommes ». Et c’est ce défi là qu’il nous appartient de relever pour être disciples de Jésus et que ce dernier nous dise : « c’est celui-là qui m’aime ».

A nous donc de rester vrai dans cet amour de Dieu. Sans triche, sans faire semblant, sans honte, montrant ainsi que nous sommes témoins du Christ. Car si quelqu’un a l’Esprit en lui, il agira selon la vérité, pas de mensonge en lui, pas de fausseté, pas d’hypocrisie, ni de sournoiserie. Ainsi, nous agirons en chrétien aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Restons ouverts à l’Esprit de Dieu pour que nous puissions nous abandonner totalement au Christ, et avoir en Lui une confiance totale, sans limite. C’est à cause de cette confiance en Jésus que ce dernier vient vers nous et en nous. Mais le chemin que nous propose Jésus n’est pas toujours facile. C’est ce que nous Pierre dans la deuxième lecture d’aujourd’hui : mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu’en faisant le mal. Padre Pio nous dit en plusieurs fois[6] : « Ce serait une grossière erreur de concevoir l’amour de Dieu sans la Croix, …car la Croix a été l’unique moyen choisi par Dieu pour réconcilier l’humanité avec Lui » ; «  La Croix, c’est toujours le chemin le plus sûr pour aller vers Dieu[7] » ; « Veillons à ne pas séparer la Croix de l’amour pour Jésus, cette Croix sans cet amour deviendrait un poids que notre faiblesse ne pourrait supporter »[8] ; « suivre Jésus n’a jamais été chose facile. Mais lorsque Dieu appelle une âme à le rejoindre, c’est toujours pour la fixer avec Lui sur la Croix[9]… ». Padre Pio nous fait comprendre  que Dieu ne se laisse chercher que par le dépouillement total, qu’il nous attire que par la souffrance purificatrice, qu’Il ne se laisse trouver que par la Crucifixion…Et le chrétien qui lutte à chaque instant de sa vie, pour contrer l’influence du malin tout en restant uni au Christ, vit une forme de calvaire et en même temps source de joie, qui le fait devenir à la ressemblance du Christ. Padre Pio nous dit[10] : « La lumière divine qui éclaire l’âme va le purifier et va le disposer à être unie le plus étroitement possible à elle. Le feu divin de l’amour avant de s’unir l’âme, avant de la transformer en soi, va tout d’abord les purifier de tous les éléments contraires. Cette flamme d’amour va détruire dans cette âme tout ce qui est humain. Au fur et à mesure qu’elle se dépouille et qu’elle se purifie, l’âme est transformée en Dieu, elle devient de plus ne plus divine ». « Or celui qui m’aime sera aimé de mon Père; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui ». Le chrétien, lié ainsi au Christ, a alors une autre vision du monde. Ce qui est grave pour lui, c’est la possibilité de s’éloigner du Christ, autrement dit la possibilité de pécher, de ne pas assez aimer le monde. Sa relation avec le monde qui l’entoure sera autre. S’il a les capacités, il rendra le maximum de service sans retirer aucun avantage, aucun intérêt, ne désirant aucune reconnaissance de qui que ce soit. A cause de son humilité, il restera incognito, et s’il a une mission à remplir, il le fera du mieux qu’il pourra et repartira sans bruit, sans rien demander, sans rien attendre. Il est juste pressé d’aller remercier le Seigneur et de le retrouver dans le silence de la prière, dans les textes bibliques, dans la méditation tout en étant toujours prêt à accueillir quiconque veut bien le rencontrer pour une raison ou pour une autre. Il ne fuira pas ses responsabilités, mais ne recherchera pas non plus à en avoir plus que tout le monde. Il s’effacera autant que possible, tout en étant présent quand on aura besoin de lui. Il n’aura besoin d’ailleurs que de peu de chose, mais il veillera surtout à rester en lien permanent avec le Christ Jésus. Le chrétien doit être en paix parce le Christ est en lui,  même si le corps peut souffrir à cause d’une mauvaise santé possible. Heureux le chrétien en paix.

[1] Chemin de la Perfection P.64

[2] Saint Bernard » – Philippe Barthelet – P.80

[3] Saint Pio de Pietrelcina – P.194

[4] Guide des difficultés de la foi catholique – P.483

[5]  Chemin de la Perfection – P.58

[6] Padre Pio de Pietrelcina, transparent de Dieu-  P.235

[7] ib. P.256

[8] ib. P. 256

[9] ib.P.303

[10] Padre Pio de Pietrelcina, transparent de Dieu – P.547-548




Cycle Long Bagatelle – 14 mai

Ce dimanche 14 mai le groupe Cycle Long de Bagatelle s’est retrouvé pour la quatrième rencontre biblique consacrée aux charismes. Voici quelques photos de cette journée, avec, tout à la fin, le résumé de la rencontre précédente réalisé par un groupe de participants.

 

Résumé Bagatelle de la journée du 9 avril 2017 En cliquant sur le titre précédent, vous accédez au résumé fait par Nadine, Monique, Marie, Jean Paul, Ghislaine, Sylvie, Laurent et Gaëlle  du secteur de Sainte Marie.




6ième Dimanche de Pâques par Francis COUSIN

 

« Si vous m’aimez … »

On sent bien, à travers l’évangile de ce jour, que nous nous approchons de l’Ascension (« D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus. ») et de la Pentecôte ([Le Père] vous donnera un autre Paraclet l’Esprit de vérité.).

« Si vous m’aimez …». Il ne s’agit pas ici d’aimer de manière sentimentale. Jésus n’a que faire des fans ou des groupies, ou du nombre de ‘j’aime’ sur un compte facebook ; L’amour qu’on a pour lui doit se traduire dans nos comportements, pour nous-mêmes et envers les autres : « … vous garderez mes commandements »,  « …vous garderez mes paroles ». Et garder, cela ne veut pas dire mettre dans un placard, ou enfouir dans la terre comme le ‘mauvais serviteur’ de la parabole des talents. Il s’agit de faire fructifier ces paroles, les garder pour les redonner, pour les mettre en pratique.

Et pour Jésus, c’est tellement important qu’il redit la même chose d’une autre manière : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ». Et il va encore le redire, en positif et en négatif un peu plus loin. L’amour qu’on a pour Jésus ne peut se manifester que dans l’observance de ses commandements.

Et ses commandements sont principalement : « Aimez-vous les uns les autres », « Faites cela en mémoire de moi », « Allez ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19), qui sont tournés vers les autres.

Pour aider ses disciples, Jésus demandera au Père de nous envoyer « un autre Paraclet qui sera toujours avec vous : l’Esprit de vérité ».

Un autre Paraclet, l’Esprit-Saint, qui vient pour soutenir les humains dans leur démarche de témoins de Jésus, envoyé à la demande de celui-ci, qui est le premier Paraclet venu dans le monde par la volonté du Père et la puissance du Saint Esprit. Le premier Paraclet, Jésus, nous a donné la Bonne Nouvelle, par sa Parole et pas ses actes, et il est « avec [nous] tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20). Le second est là qui « [nous] enseignera tout, et [qui nous] fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14,26).

L’un et l’autre Paraclet, le Fils et l’Esprit, sont toujours avec nous, avec ceux qui aiment Jésus, avec ceux qui croient en lui, tous les deux envoyés par le Père. Jésus dit : « Je suis en mon Père, (que) vous êtes en moi, et moi en vous. », et que l’Esprit « sera en vous ». Alors cela revient à dire que les disciples de Jésus deviennent pratiquement les Temples de la Trinité. Lourde responsabilité !

Parce que si les deux Paraclets sont avec nous, en nous, UN avec le Père, ce n’est pas pour qu’on se dire ‘Je suis bien’, pour qu’on ne pense qu’à soi, mais qu’au contraire nous nous tournions vers les autres pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, en paroles et surtout en actions. Et il est important que tous les chrétiens soient, non seulement baptisés, ayant avec eux le premier Paraclet, mais qu’ils soient aussi confirmés pour recevoir en plénitude l’Esprit de Dieu en eux.

Comme ce fut le cas avec le diacre Philippe dans une ville de Samarie (1° lecture) où les gens « entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même les voyaient », mettant « dans cette ville une grande joie ». Il n’avait pas eu peur d’aller dans une région où les habitants étaient mal vus des juifs qui considéraient leur religion comme bâtarde, mélange de paganisme et de judaïsme, et il avait eu grand succès, baptisant beaucoup de personnes. Mais celles-ci n’avaient pas reçus la plénitude de l’Esprit, que seuls les apôtres, ancêtres des évêques, avaient la possibilité de donner. C’est pourquoi Pierre et Jean allèrent dans cette ville pour leur donner l’Esprit par l’imposition des mains.

Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile d’avoir l’audace d’affirmer sa foi. Même si c’est sans doute moins dangereux que dans les premiers temps de l’Église. Encore que, dans certains pays, il faut vraiment avoir la foi pour oser s’affirmer chrétien, au risque de se retrouver en prison, ou pire, de trouver la mort. C’est pour encourager ces premiers chrétiens que Pierre (2° lecture) leur demande d’être fermes dans la foi, avec « une conscience droite », leur demandant d’être « prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous (…) Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. »

Voilà des recommandations que nous avons sans doute du mal à entendre, parce que nous sommes bien trop englués dans notre train-train quotidien, avec son confort et ses mirages. Nous avons oubliés que « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête » et que la plupart des apôtres sont morts en martyrs.

C’est une grande invitation à nous bouger, à nous remuer, à quitter nos ‘basses eaux’, … en fait, à être de vrais chrétiens !

Seigneur Jésus,

heureusement que tu nous envoies

ton Esprit Saint

pour nous obliger à partir sur les chemins

pour être les témoins de ton amour.

Aide-nous à ne pas rester

sourds à ses incitations.

 

Francis Cousin