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Rencontre autour de l’Évangile – 17ieme dimanche du temps ordinaire

« Quand vous priez, dites : ‘Père…’« 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 11, 1-13)            

Cet enseignement de Jésus sur la prière vient juste après la visite de Jésus chez Marthe et Marie. Jésus a dit que l’attitude du vrai disciple c’est d’écouter attentivement la Parole du Seigneur. Dans l’évangile que nous allons méditer, Jésus enseigne la prière du disciple.

 Soulignons les mots importants

L’animateur demande à chacun de noter les mots qui lui semblent importants ou pour lesquels il voudrait une explication.

Jésus en prière : Luc nous montre souvent Jésus “ en prière ”. Comment comprenons-nous cette expression ?

Père : pour un juif, il était impensable qu’on donne à Dieu ce nom familier. Pourquoi ?

Nom : Quelle est la signification du nom dans la Bible ?

Sanctifié : Dieu seul est saint, car Dieu seul est Dieu. Que peut vouloir dire “ que ton Nom soit sanctifié ” 

Règne : Qu’est-ce que nous demandons concrètement quand nous disons “ que ton Règne vienne ” ?

Le pain : Quel est ce pain que nous demandons pour chaque jour ?

Pardonne-nous : Comment Dieu peut-il être “ offensé ” ? Si nos péchés pouvaient changer quelque chose en Dieu, cela voudrait dire qu’il n’est pas Dieu ?

Ne nous soumets pas : Comment comprendre cette demande plutôt choquante, comme si Dieu pouvait nous mettre exprès sous le coup de l’attirance du mal ?

Demandez : Qu’est-ce que nous demandons le plus souvent dans nos prières ?

Cherchez : Qu’est-ce qu’il faudrait chercher sans cesse ?

Frappez :  Faut-il sans cesse “ déranger ” Dieu ?

Vous qui êtes mauvais : Ce n’est pas très flatteur pour nous. Que veut dire Jésus ?

L’Esprit-Saint : Pour Saint Luc, voilà la demande que son disciple doit faire.  Pourquoi ?

 

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Ensemble regardons Jésus 

Regardons Jésus en prière. Il s’est retiré dans un endroit calme. Il vit une relation filiale profonde avec Dieu son Père.  Il prend du temps pour cela. C’est un temps de communion intime avec lui. Il lui dit son amour. Il le loue. Il lui rend grâce.  Il lui parle de sa mission. Il se nourrit de la volonté du Père. Il parle à son Père de ce monde où il est en mission, des hommes qu’il aime et qu’il veut sauver.

 

   

Pour l’animateur 

Jésus était un grand priant. Cela avait frappé les disciples.

“ Père ” : Avant Jésus Christ aucun juif n’avait osé parler à Dieu avec cette intimité : “ Abba ” (nom familier correspondant à papa). Le Juif ne prononçait jamais le nom de “ Yahvé ”, le Dieu trois fois saint. Il le remplaçait par “ Adonaï ” (Seigneur). Jésus donne à ses disciples de pouvoir appeler Dieu “ Père ” comme lui.

“ Nom ” : dans la Bible le nom désigne la personne et aussi sa vocation, son rôle. Dieu n’a qu’un Nom : il est Père. Dans notre prière nous demandons qu’il soit reconnu, respecté par les hommes comme le Père infiniment sacré. Seule une attitude filiale à la suite de Jésus peut glorifier Dieu pleinement.

Le Règne de Dieu, c’est son Amour de Père qu’il offre à tous les hommes en leur donnant son Fils. Dieu Règne quand les hommes accueillent son Fils et que par cette force d’aimer ils essaient de construire un monde plus juste, plus humain, plus fraternel.

Le pain : ne demander que le pain de la journée, c’est faire confiance au Père pour demain. Ce pain, c’est tout ce dont on a besoin pour vivre, sans oublier le Parole de Dieu. (“ L’homme ne vit pas seulement de pain… ”)

Dieu se montre Père  quand  son pardon libère nos cœurs et nous fait revivre. En fait notre péché ne dénature pas Dieu, mais nous-mêmes. “ Qui donc est Dieu qu’on peut si fort ‘blesser’ en blessant l’homme ? ” Si nous osons demander pardon, c’est que, instruits par Jésus, nous avons appris à pardonner à nos frères.

Le pardon de Dieu est don gratuit qui ne se mérite pas. Mais si nous refusons de pardonner à autrui, nous risquons de nous fermer au pardon du Père des Cieux.

“ Ne nous soumets pas à la tentation. ” Cette tentation est celle du désespoir. Nous demandons au Père de ne pas nous laisser tomber quand nous avons l’impression d’être abandonné de Dieu. Le Christ a connu cette tentation à Gethsémani.

Jésus invite ses disciples à chercher sans cesse le Seigneur et ce qui lui plaît, à ne pas se décourager, à faire confiance, car Dieu est celui qui donne et qui ouvre. Il nous invite  à purifier nos prières de demande en demandant l’Esprit-Saint : en lui nous avons toute la lumière pour faire ce qui plaît à Dieu et qui est bon pour nous.

       

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

 Est-ce que nous pensons à nous mettre à l’école de Jésus pour apprendre à prier ?

Nous disons peut-être beaucoup de prières ! Mais est-ce que “ nous prions ” vraiment ?

Qui est Dieu pour moi ?

Un être lointain qui me surveille pour peser mes actes ?

Un être tout-puissant dont j’essaie, à force de prières, d’avoir des faveurs ?

Un être tout-puissant dont j’ai peur  ?

Est-il pour moi le Père de Jésus Christ ?

 Un Père plein de tendresse et de miséricorde, qui me connaît et m’appelle à vivre avec lui une relation filiale, à grandir sans cesse dans l’amour et la confiance ?

Est-ce que je lui demande l’Esprit-Saint puisque Jésus dit qu’il ne refuse jamais de le donner ?

 » Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai quelle est ta prière ? ” 

Ensemble prions

 Notre Père ….

 

 

 

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16ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Pourquoi t’inquiéter ?

 

Enmarthe et marietre nous, ce n’est pas très gentil de choisir un évangile pareil pour évoquer la figure de sainte Marthe. Pour peu qu’on y réfléchisse, c’est comme si on choisissait le triple reniement de Pierre pour parler du premier des apôtres. Mais, après tout, peut-être que cet évangile de Marthe veut dire autre chose que ce que l’on pense habituellement. On pense que c’est comme dans tous les ménages, il y en a qui arrivent et qui se mettent directement devant la télévision, en l’occurrence c’était devant le Seigneur ce qui est bien mieux, et puis il y a l’épouse, la mère au foyer qui s’occupe des casseroles et du ménage. Et dans une vue des choses qui n’est pas très chrétienne mais profondément païenne, on extrapole en disant que, après tout, dans la vie, il y a deux métiers, deux vocations. Il y a une sorte de vocation contemplative dans laquelle on ne s’occupe de rien, on vit toujours un tout petit peu au-dessus du niveau du sol. Et puis, il y a une vocation active qui, au contraire, est celle où l’on s’occupe de toutes les tâches les plus humbles, où l’on s’arrange pour que la vie familiale puisse se dérouler le plus harmonieusement possible. D’où, à partir de ce moment-là, un certain ressentiment et quelques murmures de la part des maîtresses de maison qui n’auraient plus la liberté d’esprit et de cœur pour écouter le Seigneur comme Marie.

Si vous avez remarqué la manière dont le Christ reprend sainte Marthe, il ne lui dit pas qu’elle travaille beaucoup trop. Il lui dit simplement : « Tu t’agites et tu t’inquiètes trop ». Il ne lui reproche pas de l’accueillir à la maison et de préparer le repas. Il lui reproche de le faire dans un certain esprit qui n’est peut-être pas le meilleur. Le Seigneur lui lance un appel à la conversion en lui expliquant que le problème n’est pas une répartition des tâches. L’histoire du salut n’est pas une division du travail. Le problème est de savoir que, quelle que soit la situation dans laquelle on est, il y a toujours une seule chose qui est nécessaire : c’est la présence du Christ. Effectivement il est possible, et c’est cela que Marthe ne comprenait pas, il est possible de faire ces petites tâches en sachant que même si l’on est un peu éloigné du Christ au plan matériel, on n’est pas à ses pieds, une certaine attitude du cœur permet un véritable accueil de l’unique nécessaire.

dieu parle

Dans notre vie, contrairement à ce que nous pensons, nous vivons la plupart du temps, même les plus contemplatifs, au niveau de Marthe. Nous avons des tas de choses auxquelles nous devons faire face et l’on se trouve toujours être la Marthe de quelqu’un parce que notre égoïsme nous fait penser que peut-être on en fait trop et nous souhaitons un peu de calme. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans toutes ces activités, il s’agit toujours d’accueillir le Seigneur. Ce que Marthe ne comprenait pas, c’est qu’au moment où elle préparait la table, elle était en train d’accueillir le Christ. Elle avait dissocié les deux choses. Elle n’avait pas su intégrer les gestes même nécessaires dans l’unique amour du Seigneur. C’est, je crois, ce dont nous avons le plus besoin.

Une véritable sagesse chrétienne n’est pas détournée du monde, n’est pas une sorte de mépris de toutes ces petites choses quotidiennes qui recèlent une certaine profondeur et une certaine sagesse de la vie. Mais là où la foi chrétienne met quelque chose de merveilleux, c’est qu’elle apprend à Marthe à ne pas se perdre, mais au contraire à retrouver le Seigneur même dans ce qu’elle fait. Alors demandons à sainte Marthe d’intercéder pour que le Seigneur nous donne cette grâce de conversion qui a dû alors irradier son cœur en présence du Seigneur. Amen.




16ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Ecoute » (Lc 10, 32-42) »  

     En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.
Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.
Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

 

dieu parle

Marthe reçoit Jésus chez elle et commence à accomplir son devoir de maîtresse de maison avec toutes les obligations qu’elle pense être indispensables en de telles circonstances. Sa sœur Marie, elle, ne fait rien. « Assise aux pieds du Seigneur, elle écoute sa Parole », ce qui laisse supposer que Jésus parle, et que Marthe ne l’écoute pas… Elle ne le peut pas, elle a trop à faire ! Et elle est scandalisée par l’attitude de sa sœur, scandalisée et surprise que Jésus ne le soit pas lui aussi ! Elle est en effet si sûre de son bon droit qu’elle se permet de lui faire des reproches : « Cela ne te fait rien ? ». Qu’il retrouve donc son bon sens et qu’il corrige avec elle cette Marie insouciante en lui demandant de venir « l’aider » dans « les multiples occupations du service » !

            Mais non ! Ce n’est pas Marie qui se trompe… Et Jésus va interpeler Marthe en l’appelant deux fois par son nom, comme Dieu le fait lorsqu’il invite quelqu’un à le servir : « Marthe, Marthe », « Moïse, Moïse » (Ex 3,4), « Samuel, Samuel » (1Sm 3,10), « Saül, Saül » (Ac 9,4)… 

            Mais Marthe est déjà, semble-t-il, à son service ! Semble-t-il, car ce qu’elle fait pour Jésus correspond-il vraiment à ce qu’il attend d’elle ? « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses »… Ces « choses », qui lui a demandé de les faire : le Christ, ou bien elle-même, ou une tradition toute humaine (Mc 7,1-13) ?

            N’aurait-elle pas dû d’abord demander à Jésus ce qu’il attend d’elle ? Qu’aurait-elle « fait » alors ? Elle se serait assise à ses pieds, comme sa sœur Marie,  et elle aurait « écouté sa Parole ». Alors, en se tournant vers lui, elle aurait compris qu’il est lui-même tout entier tourné vers le Père (Jn 1,18), à l’écoute de sa Parole, avec un seul désir : accomplir sa volonté (Jn 4,34 ; Lc 22,42). Et quelle est-elle ? « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4), gratuitement, par Amour…  Aussi, est-il venu les inviter, avec son Fils et par Lui, à manger à sa Table au grand festinde la Vie (Lc 14,15-24), et Lui-même les servira (Lc 12,37) !

            Marie s’est laissée invitée… Que Marthe fasse donc de même ! Alors, en accueillant cette Parole donnée par le Fils (Jn 17,8), elle recevra aussi avec elle« l’Esprit donné sans mesure » (Jn 3,34), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) en communiquant « la vie éternelle » (Jn 6,47 ; 6,68), cette Plénitude d’Être et de vie qui est celle de Dieu Lui-même ! Telle est « la meilleure part » qui ne leur sera pas enlevée, car Dieu nous a tous créés pour elle…                                   DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 16ieme dimanche du temps ordinaire

« Le Christ est au milieu de vous.« 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 10, 32-42)            

Jésus est en route vers Jérusalem. Il demande l’hospitalité. Il fait une halte chez des amis, Marthe et Marie.

Soulignons les mots importants

Marthe le reçut : Quelle est l’attitude de Marthe à l’égard de Jésus ?

sa maison: Selon notre propre expérience, qu’est-ce ce que la “ maison ”  évoque?

Seigneur : Ce nom donné à Jésus signifie quelque chose : quelle est l’intention de Luc?

Marie …assise aux pieds du Seigneur : Marthe fait plein de choses. Marie apparemment ne fait rien. Mais elle “ fait ” quelque chose d’essentiel en réalité! Quoi ? Que signifie son attitude ?

Accaparée : Par quel autre mot pourrions-nous remplacer ce mot ?

Tu t’inquiètes et tu t’agites…: Est-ce que Jésus ne reconnaîtrait pas le dévouement de Marthe?

La meilleure part : De quelle part il s’agit ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Ensemble regardons Jésus

 Représentons-nous la scène. Regardons Jésus qui demande l’hospitalité. Il se passe toujours quelque chose d’important quand on accueille le Seigneur Jésus. Sa présence remet de l’ordre dans la vie de celui qui l’accueille et lui consacre du temps pour l’écouter.

“ Voici, je me tiens à la porte et je frappe, dit le Christ ressuscité. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. ” (Ap. 3.20)

 

  

 

Pour l’animateur

 

Jésus est en voyage et il a demandé l’hospitalité. Marthe, la maîtresse de maison, se montre accueillante, à la manière des femmes de l’Ancien Testament qui accueillaient les prophètes. La maison, dans notre expérience évoque la famille, le repos, l’hospitalité.

Cependant, Marthe “ s’enferme ” dans le rôle traditionnel des femmes de l’époque : au service des hommes. Et elle veut que sa sœur n’agisse pas autrement qu’elle. Le soin qu’elle porte aux choses pour améliorer l’accueil prend trop de place par rapport à l’essentiel, et l’essentiel est d’être auprès de Jésus et de l’écouter. Elle ne voit pas le risque de laisser les soucis et même le dévouement, étouffer en elle le besoin de la Parole. Elle est trop  “ accaparée ”, “ prisonnière ” de l’idée que la société se fait du rôle de la femme.

Jésus reconnaît que Marthe est tout à son service et à celui des disciples. Il est sensible à tout le mal qu’elle se donne. Il n’est pas question de la déprécier, ni de l’opposer à Marie

Mais Jésus  lui reproche d’accorder la priorité au service de la table, tandis qu’il justifie Marie qui fait passer l’écoute de sa parole avant toute considération.

Jésus veut éveiller Marthe à cette meilleure part d’elle-même, sa vocation à devenir pleinement disciple, pour qu’elle ne s’identifie pas à son rôle utilitaire. Jésus lui ouvre un chemin de dignité, de gratuité.

Marie est présentée par Luc à la communauté chrétienne (et à nous !) comme la disciple parfaite, disponible, assise aux pieds de Jésus pour écouter son enseignement. Et c’est une femme !

Marthe s’adresse à Jésus en l’appelant “ Seigneur ” : c’est le titre donné au Ressuscité par la première communauté chrétienne dans sa profession de foi. Luc veut enseigner que la communauté de disciples, l’écoute de la Parole de Dieu, l’intimité avec Jésus, doit être prioritaire sur les services d’ordre matériel. 

       

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

 Quel accueil le Seigneur Jésus trouve-t-il dans notre maison ?

Et l’hospitalité ? Accueillir un frère ou une sœur, n’est-ce pas accueillir le Christ lui-même ?

Le Christ fait un reproche amical, mais vital, à Marthe. Il désire ce tête-à-tête pour nous combler de sa présence.

Quel temps nous accordons à l’écoute du Seigneur dans sa Parole ? Dans notre vie personnelle ? Dans notre famille ? Dans notre communauté chrétienne ?

 Les deux sœurs travaillent. Marie fait le “ travail ” le plus important ! Nous faisons des tas de choses, beaucoup d’activités ?

Nos activités, même généreuses, ne cachent-elles pas quelquefois un grand vide intérieur, une profonde absence de Dieu ?

Quand deux époux ne trouvent plus rien à se dire, quel malheur !

Et quand c’est la même chose entre le Christ et nous ?

 

Ensemble prions

Seigneur Jésus, qui as dit :

“ Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper moi près de lui et lui près de moi ”.

Nous avons entendu ta vivante Parole, nous t’ouvrons la porte de notre cœur, de notre maison, de notre communauté, nous te prions : sois notre hôte.

Que chacun d’entre nous dans les joies et les peines de sa route, sente le réconfort de ta présence.

Par delà les ténèbres de ce monde, conduis-nous jusqu’au matin du Jour éternel où tu nous invites toi-même, au festin du Royaume que nous offre ton Père dans sa maison, pour les siècles des siècles. Amen !

 

 

 

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Quel projet d’Église en détention ? (Fr Dominique CHARLES – OP)

Il n’est pas si simple d’imaginer l’Église que nous sommes amenés à construire en prison. Il y a beaucoup d’obstacles et de difficultés que nous ne pouvons pas ignorer. Il y a aussi de vraies chances à ne pas manquer, pour faire advenir un type de communauté chrétienne, sinon nouvelle, du moins plus proche de ce que furent celles dont nous parlent les Actes des Apôtres et du projet que Jésus a essayé de réaliser avec ses disciples et les foules qui venaient à lui.

L’Église invitée à renaître

En prison, nous avons une chance de faire naître un visage d’Église renouvelé. Car nous n’y sommes pas perçus comme serviteurs d’une Église instituée ; nous y sommes au service d’une Église à naître. Nous y rencontrons, au hasard, des gens de toutes origines et de toutes religions. C’est un des rares lieux, avec l’hôpital, où les frontières sont perméables. Permettez-moi d’évoquer cette histoire évangélique de la pèche infructueuse. Simon et ses proches revenaient épuisés après une nuit de travail. Les filets étaient vides. Alors Jésus surgit, monte dans la barque et les invite à recommencer, à lancer les filets en sa présence (Lc 5,4) « Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, dit Simon, mais sur ton ordre je vais jeter les filets. » N’oublions pas cette leçon. Rappelons-nous que nous travaillons en présence de Jésus, avec lui dans la barque. C’est lui le maître de la pèche. Nous ne travaillons jamais seuls ! Nous sommes au service d’une mission qui nous dépasse, celle de l’Église. Jésus en est la tête. Ce n’est pas notre mission ! Nous ne faisons que collaborer à la sienne. C’est lui qui nous a appelés et c’est lui qui nous envoie.

saint-esprit

J’interrogerai notre choix d’être aumônier de prison, avec ces mots de Pierre Claverie, l’ancien évêque d’Oran, assassiné en 1996, qu’il adressait aux chrétiens de son diocèse dans l’éditorial du numéro d’octobre 1994 du lien, le journal diocésain d’Oran : « Viens, suis-moi ! Rappelons-nous que Jésus ne nous a pas promis un bonheur facile. Il nous met en garde contre l’évasion hors de notre condition humaine et de l’histoire concrète où elle se déroule. Dans cette existence concrète, il nous avertit de ne pas accrocher notre espérance et notre raison d’être à la « gloire qui vient des hommes » et à nos succès humains. Lui-même n’a pas pris ce chemin et l’Église se trompe si elle croit qu’elle peut faire l’économie de la Croix en se contentant d’être une multinationale de la charité, avec ses œuvres et ses volontaires tout-terrain. Lorsque le sens se dérobe et que paraît l’échec, Jésus nous appelle à ne pas renoncer au don de notre vie, avec lui. En deçà de ce moment, il n’y a que confiance en soi. Au-delà, et au-delà seulement, commence la foi. (…) L’avenir, alors, n’a plus rien de terrifiant. Quel qu’il soit, quels qu’en soient les passages, il est le lieu d’une rencontre qui se renouvelle et s’approfondit à la mesure de notre confiance et de notre abandon. (…) Par où la foi en Jésus a-t-elle saisi notre vie et jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans la confiance et l’abandon[1] ? »

amour-du-christ

Nous serons au service de l’Église en prison en nous remettant, quoi qu’il arrive, dans cette confiance au Christ que nous avons décidé de servir : il nous accompagne en détention et c’est lui que nous rencontrons en chaque personne détenue : « J’étais en prison, et vous êtes venus vers moi » (Mt 25,36). Il importe pour un aumônier d’avoir cette attitude de remise profonde en Dieu. Si vous n’en êtes pas convaincus, écoutez ce passage de l’impressionnante « confession de foi » que fit Mgr Guy-Marie Riobé, huit jours avant sa mort : « (…) Je crois que Dieu nous accompagne tous dans notre aventure humaine et que seule sa présence est éternelle, et non pas les structures, les paroles, les images que, peu à peu, au fil des siècles, nous avons adoptées pour nous signifier à nous-mêmes son compagnonnage. Notre Église n’a rien à redouter des critiques qui lui viennent d’ailleurs quand elle sait les écouter comme un appel de Dieu. Elle ne saurait verrouiller les portes pour disposer plus sûrement d’elle-même. Elle se reçoit à chaque instant de Dieu pour être sans cesse envoyée, immergée dans le monde, pauvre, modeste, fraternelle, messagère de joie, donnant sa voix aux pauvres, aux hommes que l’on torture ou que l’on tue, à tous ceux-là qui nous crient silencieusement l’Évangile. (…) C’est bien l’humanité tout entière qui a rendez-Jésus christvous avec Dieu : à sa naissance ? À certains moments de son histoire ? À l’apogée de son évolution ? Que m’importe, c’est le secret de Dieu et non le mien, mais je crois qu’il est et sera là, de manière inattendue aux rendez-vous de l’histoire humaine, comme il est et sera aux rendez-vous de chacune de nos histoires personnelles. Il me suffit de retrouver dans cette immense espérance une grande part de l’Évangile. C’est alors que je me souviens de Jésus de Nazareth. Je le retrouve aujourd’hui au cœur de tout ce peuple des chercheurs de Dieu. Oui, je crois que Jésus est vivant, ressuscité, source de l’Esprit, qu’il est une personne présente, qu’il peut être l’ami des hommes et que cette amitié peut faire le but de toute une vie. Être chrétien, après tout, n’est-ce pas accepter de se recevoir continuellement du Christ comme on se reçoit de tout regard d’amour ? Tous les jours, il me semble rencontrer le Christ pour la première fois[2]. »

Il est bon d’écouter ces paroles de prophètes de notre temps. Ils croyaient en l’Église au service de laquelle ils se sont donnés. Si Mgr Riobé invitait à « une Église du courage », le pape actuel nous invite à une « Église en sortie » (Evangelii gaudium 24). Cela peut sembler paradoxal de se penser au service d’« une Église en sortie » en rassemblant des personnes détenues ! Pourtant, l’« Église en sortie » et l’« Église du courage » sont des modèles qui me semblent féconds pour penser une aumônerie en détention.

Le sens du mot « Église »

foulePardonnez-moi de faire ce petit détour sémantique. Vous savez que le mot « Église » vient du grec ekklèsia, un terme qui a une longue histoire biblique. Dans la Bible grecque des Septante, en effet, il traduit le plus souvent le mot hébreu qahal, qui signifie « assemblée ». On trouve souvent ce mot dans l’expression « assemblée du Seigneur[3] ». Ekklèsia vient du verbe grec kaléô qui signifie « appeler, convoquer ». Le mot « Église » suggère ainsi une action de Dieu semblable à celle du mot hébreu, lui-même apparenté au substantif qôl qui désigne la « voix » : l’Église c’est donc l’assemblée de ceux qui ont entendu l’appel ou la convocation du Seigneur, et qui lui ont répondu par la foi. Le mot « église » ne se trouve qu’une fois dans les évangiles (Mt 16,10). Il est surtout présent dans les Actes des Apôtres, les lettres pauliniennes et l’Apocalypse. En le choisissant pour caractériser leur assemblée, les premiers chrétiens ont probablement voulu marquer la rupture avec le judaïsme : la Bible grecque des Septante traduit également le mot qahal par sunagôguè ; ils ont aussi voulu marquer la continuité avec la tradition héritée du Premier Testament qui impliquait de fonder l’existence de la communauté dans une initiative de Dieu qui rassemble lui-même son peuple et dans une réponse active de ceux qui ont reconnu sa voix et ont répondu à son appel.

BonPasteurSi le mot « église » ne se trouve pas dans les évangiles, la réalité de l’appel s’y trouve bien. Tout particulièrement dans les paraboles de Jésus où il est question des repas, surtout dans saint Luc. En effet, si le verbe kaléô signifie « appeler », il peut aussi se traduire par « inviter ». Vous vous souvenez de ces paraboles des invités qui se mettent à la première place ou qui se dérobent parce qu’ils ont d’autres occupations prévues (Lc 14). Je crois que nous nous retrouvons bien dans la seconde, où « le maître de maison dit à son serviteur : « Vas vite par les places et les rues de la ville, et introduis ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. » (Lc 14,21). On pourrait ajouter à la liste les détenus et tous les exclus de notre société. Notre mission est justement celle du serviteur de la parabole. Nous sommes envoyés au nom d’un autre qui veut rassembler à son repas tous ceux qui acceptent son invitation.

L’Église que nous voulons former en prison est donc faite de ceux que Dieu appelle, en faisant une expérience personnelle de conversion intérieure, ou en répondant à l’invitation que nous pouvons faire en son nom. Nous sommes « serviteurs » du « Maître ». Ces mots employés dans la parabole évoquent ceux du lavement des pieds en Jn 13. Je vous laisse prolonger la méditation de ce rapprochement entre « Église » et « serviteur ».

Le projet de Jésus et le nôtre

Jésus n’a pas cessé d’appeler ceux qu’il a rencontrés sur les routes de Galilée, de Samarie et de Judée. Certains ont répondu à son appel et l’ont suivi. D’autres non. Il a constitué une petite « Église », avec les disciples et les femmes. Ce qu’ils ont vécu se résume dans la formule « être avec lui » (Lc 8,1-2). Faire Église, c’est avancer ensemble avec Jésus ; c’est cela que nous essayons de réaliser en prison.

Pape François - jeudi saint en prison

Pour nous, aumôniers en détention, il est un passage qui fonde notre activité en prison. Jésus ouvre sa mission en lisant solennellement dans la synagogue de Nazareth le chapitre 61 d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle (euangélizô)[4] aux pauvres. Il m’a envoyé (apostellô) annoncer (kèrussô) aux captifs la délivrance (aphésis) et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer (apostellô) en liberté (aphésis) les opprimés, proclamer une année d’accueil par le Seigneur » (Lc 4,18-19). Jésus dit qu’il est « envoyé » pour « évangéliser » les pauvres ; et il explique ce que cela veut dire : libérer les captif, guérir les malades, proclamer la grâce et l’accueil du Seigneur pour tous les pauvres.

Jésus commence sa mission en commentant la Parole de Dieu et en invitant la communauté à s’ouvrir, à élargir ses frontières. Il fait comprendre que l’Évangile demande qu’on se convertisse pour accueillir tous ceux qui « sont perdus ». La réaction de la communauté de Nazareth est caricaturale et instructive : elle rejette Jésus ! On peut voir ici l’intention de Luc d’annoncer la passion qui ponctuera la mission de Jésus. Mais on peut aussi en conclure qu’il est difficile pour une communauté de s’ouvrir à l’étranger, à celui qui est du dehors. En prison, nous vivons l’enjeu de l’ouverture de la mission de l’Église ! Il nous sera toujours difficile de faire comprendre cela dans les communautés chrétiennes, en dehors de nos prisons ; pourtant, cela fait partie de notre mission. Comme celle du Christ, elle consiste à aller à la rencontre de gens qui sont le plus souvent des étrangers de nos communautés d’Église, ou qui s’en sont éloignés.

prodigueD’une certaine manière, ceux qu’un comportement déviant a éloignés de l’Église ressemblent à l’enfant prodigue : le milieu carcéral, comme la famine de la parabole, provoque une « rentrée en soi-même » (Lc 15,17) qui rend possible une vraie prise de conscience de la situation sans issue dans laquelle ils se sont mis. Nous sommes souvent témoins de ce retournement, de ces itinéraires de conversion ; un changement de vie est vraiment souhaité, pas seulement rêvé. C’est l’occasion de faire l’expérience d’un Dieu miséricordieux qui n’enferme pas le pécheur dans la situation où il s’est mis lui-même, mais qui accueille sans condition ses enfants perdus qui reviennent vers lui, comme le Père de la parabole. Notre mission est sans doute d’aider de telles personnes à découvrir ce vrai Dieu, qui sait toujours redonner une chance, qui réintroduit le fils converti dans sa maison. Perçu comme un ami du Christ, qui va vers ceux qui sont abandonnés, perdus, pécheurs, l’aumônier renvoie à ce Dieu miséricordieux. Le plus important dans sa mission est sa disponibilité à l’écoute. Dans la parabole, le Père ne pose aucune question au fils qui revient. Simplement il va à sa rencontre et il l’accueille en silence. Il l’habille avec de beaux vêtements et fait préparer un repas de fête. Il accueille sans prononcer un seul reproche, sans même demander ce qui s’est passé ! N’est-ce pas le premier rôle de l’aumônier que d’être là, simplement pour l’accueil ! Être signe, par la présence, du Dieu miséricordieux, et du Christ dont la mission est de chercher tous ceux qui sont perdus.

Le document de janvier 2009 Accompagner des coupables souligne que l’aumônier est au service de tout détenu qui appelle, sans distinction : « Nous devons répondre présent quand quelqu’un nous appelle, quel que soit l’acte qu’il a commis. Nous nous interdisons de l’enfermer dans la condamnation sans appel, plaquée sur lui, y compris à l’intérieur d’un monde carcéral sans pitié pour les auteurs présumés ou avérés de certains actes criminels. À ceux-ci, nous essayons d’être particulièrement attentifs : les indéfendables, eux aussi, font partie des exclus ! » (p. 2). À l’aumônerie, toute personne doit pouvoir se sentir accueillie sans préjugé. Accueillir comme Jésus n’est pas facile ! Lui-même s’est heurté à des réactions st jeannégatives quand il accueillait des prostituées (Lc 7,37-39), mangeait avec des publicains ou s’invitait dans la maison de Lévi après l’avoir appelé à sa suite (Lc 5,29-32) ou dans celle de Zachée (Lc 19,7). Comme Dieu, dont on dit qu’il « ne fait pas acception des personnes », qu’il est « impartial » (cf. Ac 10,34-35 ; Rm 2,11 ; Ep 6,9 ; Col 3,25 ; 1 P 1,17), Jésus ne juge pas les personnes d’après leurs actes ou leurs conduites (cf. la femme adultère en Jn 8,10-11) ; quand ils les rencontrent, elles se trouvent rétablies dans leur dignité et décident de changer de vie ! Jésus ne leur impose aucune conversion ; s’il invite à un changement de vie, il laisse toujours la liberté, comme on le voit pour le jeune homme riche (Lc 18,22-23). Ayant rencontré Jésus, beaucoup décident librement de changer de vie, souvent de suivre Jésus, tel Bartimée, l’aveugle de Jéricho (Lc 18,42-43).

Le document Accompagner des coupables dit encore : « Quand bien même un condamné aurait causé l’irréparable, il mérite notre attention et notre respect. Nous avons à aider cette personne qui compte sur nous, sur ce que notre ministère représente pour elle » (p. 2). Au fond, ce qui importe avant tout c’est la façon dont les membres de l’aumônerie accueillent les Pape françois et jeune enfantdétenus et sont disponibles pour écouter leurs détresses et leurs souffrances. Nous pouvons nous référer à ce beau passage de Gaudium et spes : « De nos jours surtout, nous avons l’impérieux devoir de nous faire le prochain de n’importe quel homme et, s’il se présente à nous, de le servir activement : qu’il s’agisse de ce vieillard abandonné de tous, ou de ce travailleur étranger, méprisé sans raison, ou de cet exilé, ou de cet enfant né d’une union illégitime qui supporte injustement le poids d’une faute qu’il n’a pas commise, ou de cet affamé qui interpelle notre conscience en nous rappelant la parole du Seigneur : ‘Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’ (Mt 25,40) » (n° 27 § 2).

Il me semble que les fondements d’une Église en prison sont très bien exprimés dans ces mots de Pierre Claverie, prononcés dans une homélie en 1981 : « Nous sommes et nous Dieu-Amourvoulons être des missionnaires de l’amour de Dieu tel que nous l’avons découvert en Jésus-Christ. Cet amour, infiniment respectueux des hommes ne s’impose pas, n’impose rien, ne force pas les consciences et les cœurs. Avec délicatesse et par sa seule présence, il libère ce qui était enchaîné, réconcilie ce qui était déchiré, remet debout ce qui était écrasé, fait renaître à une vie nouvelle ce qui était sans espoir et sans force. Cet amour, nous l’avons connu et nous y avons cru : nous l’avons vu à l’œuvre dans la vie de Jésus et de ceux qui vivent de son Esprit. Il nous a saisis et entraînés. Nous croyons qu’il peut renouveler la vie de l’humanité pour peu qu’elle le reconnaisse. Mais comment le reconnaîtrait-elle si elle n’était mise en présence d’authentiques témoins ? Dieu nous a donné de connaître son Christ pour que nous soyons ces témoins. »

Pourquoi l’Église en prison ?

Quelques semaines avant sa mort, le même Pierre Claverie disait avec insistance que la mission de l’Église du Christ est avant tout de se tenir au pied de la croix, où Jésus meurt, abandonné des siens. Il ajoutait : « Je crois que l’Église meurt de ne pas être assez proche de la croix de son Seigneur. Sa force et sa fidélité, son espérance et sa fécondité viennent de là et de nulle part ailleurs. » S’il y a une justification théologique de la présence de l’Église en prison, il faut donc la chercher dans cette présence silencieuse de la Mère et du disciple au pied de la croix. En étant dans les lieux de détention, nous nous tenons au pied de la croix du Christ, parce que nous sommes dans des lieux où des femmes et des hommes souffrent. C’est une place difficile et humble que de se tenir au pied de la croix. Cela nous demande une attitude spirituelle qui consiste à confier, à celui qui est sur la croix et qui est vainqueur du mal, chaque détenu que lui seul peut rejoindre dans le mystère de sa personne, un mystère qui nous reste inaccessible. La justification de l’aumônerie en détention est donc principalement théologique, avant même d’être pastorale.

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Pour finir, j’aimerais vous lire un texte assez ancien qui a été écrit par un détenu du Centre de Détention de Mulhouse, sous la forme d’une lettre de Jésus, intitulée « Lettre de Jésus aux hommes abandonnés ».

Tu n’es pas seul entre tes quatre murs.

Avec toi, je suis là.

Je partage ta peine.

Chaque jour de ton enfer, je pleure avec toi.

Ton angoisse, je la connais.

Je l’ai vécue comme toi.

Moi aussi, j’ai été abandonné de tous.

C’est pour cela que je te dis

que je suis avec toi,

car si je ne connaissais pas ta peine,

comment pourrais-je dire

que je suis avec toi ?

 

Croix de Lumière

N’écoute pas ceux qui t’ont parlé de moi.

Ils ne me connaissent pas.

Car pour me connaître,

il faut être comme moi,

seul et abandonné de tous.

Ta peine, ils ne la porteront pas,

car ils ne savent pas.

Non tu n’es pas seul dans ta cellule.

Car, sache-le, je te vois.

Dans cette ombre où seul retentit

le bruit des clefs et des portes.

Dans ce lieu

où l’on t’a jeté et rejeté,

moi je suis là.

Désormais dis-toi

que tu as un ami.

Ton Dieu aime

les plus pauvres de ce monde

et les plus abandonnés.

Et moi, Jésus,

je suis mort sur une croix

où comme pour toi,

plus personne n’était là…

Signé : Jésus.

[1] Lettres et messages d’Algérie, Karthala, 1996, p. 155.

[2] Le Monde, 9-10 juillet 1978.

[3] Voir Michel Trimaille, Cahiers Évangile 39, p. 13-16.

[4] Littéralement : « évangéliser ».




Journée commune Cycle Long (3 juillet)

Ce dimanche, les six groupes Cycle Long de l’île étaient invités à se retrouver à St Denis au Collège St Michel. Malgré la période de « communions – confirmations » et le début des vacances, 210 participants ont pu se libérer.

Samedi après midi, l’équipe de service aidée de quelques participants a préparé les salles du collège.

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Le Christ était à l’accueil…

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Nous avons ensuite prié les Laudes, la Prière du Matin…

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Claude Won Fah Hin est ensuite intervenu sur le thème : « Dieu Miséricordieux jusqu’au delà de la mort ».

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Puis ce fut « Jésus Pain de Vie par sa Parole et sa chair offerte » (Jn 6) par Jacques Fournier.

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Et enfin la matinée s’est conclue par une intervention du P. Pascal Chane Teng sur « Gn 3 : chute, relèvement et salut ».

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Nous sommes tous ensuite allés manger un bon civet de coq préparé par Didier, qui nous proposait aussi de la dorade au combava, un rougail saucisses avec comme légumes des chouchous de Salazie, et en dessert, un plateau de pastèque et des glaces…

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Et la journée s’est conclue par une intervention du Père Joseph Lekundayo, « le Dieu de Miséricorde nous accorde son pardon sans limite », suivie de la célébration de l’Eucharistie.




15ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Le bon Samaritain

bon samaritain« Mais un Samaritain qui était en voyage le vit, fut saisi de compassion, s’approcha de lui et soigna l’homme qui était tombé aux mains des brigands ». Ce texte du bon Samaritain est un texte que nous croyons connaître, et pourtant il nous dit des choses extrêmement profondes que peut-être nous ne soupçonnons pas, parce qu’elles nous touchent de si près, parce qu’elles révèlent quelque chose de notre cœur qui est si difficile à voir parce que c’est tout simple et tout proche. Nous croyons connaître la parabole et notre sensibilité ou même notre intelligence sont pour ainsi dire blindées à la simplicité même de ce que ce récit et cette parabole du Seigneur veulent nous dire.

Il s’agit d’un voyage. Il s’agit de nous qui sommes en voyage. Quand nous regardons notre propre vie, n’avons-nous pas l’impression que nous sommes toujours sur un chemin, n’avons-nous pas toujours l’impression d’être jetés dans le temps, avec derrière nous le chemin parcouru et avec devant nous le chemin à parcourir ? Nous sommes en voyage et quand nous regardons notre propre vie, n’y a-t-il pas en nous une part de cet homme blessé tombé aux mains des brigands, avec toutes les épreuves et les difficultés qui nous sont tombées dessus, avec tous les malheurs, avec toutes les failles de notre propre existence auxquelles nous avons dû nous confronter et desquelles nous ramenons trop souvent plaies et bosses ? Et quand nous regardons notre existence, n’y a-t-il pas aussi cet homme en voyage qui ne fait pas beaucoup attention à ceux qui sont tombés à côté de lui ? Et puis il y a peut-être aussi, plus discret, plus étonnant, cet homme en voyage qui sait s’arrêter, qui sait se laisser toucher le cœur, ému de compassion, parce qu’il voit son prochain tombé et frappé ? Ce prochain pouvant d’ailleurs être soi-même, tant il est vrai qu’à certains moments nous n’avons pas beaucoup de compassion ou de tendresse pour notre propre existence ou notre propre voyage.

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Nous sommes tous sur le chemin qui va de Jérusalem à Jéricho, nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, sur ce chemin qui descend vers la vallée de la mort. Nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, dans cette solitude du voyageur qui avance pas à pas, aux risques et aux périls de son expérience, aux risques et au défi de ce mal qui sans cesse nous talonne, nous menace et nous tracasse. Simplement, comment vivons-nous ce voyage ? Comment marchons-nous sur ce chemin ? Et d’abord, où nous mène-t-il ? Ce chemin part de Jérusalem, et pour nous tous, nous savons que Jérusalem représente l’Église. Nous savons que, jour après jour, lorsque nous quittons l’assemblée de l’eucharistie, nous nous engageons sur ce chemin dans lequel nous affronterons au cours de la semaine un certain nombre de dangers, de difficultés, d’épreuves et de tentations. Mais nous savons aussi que nos racines sont dans l’Église, que nos racines sont à Jérusalem, que tout notre être est enraciné dans cette présence de Dieu.

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Mais alors, où allons-nous ? C’est vrai que l’on peut dire que nous descendons à Jéricho, que nous descendons vers la mort. C’est vrai cela. Le sens profond de notre existence, ce jour après jour, ce temps qui s’use et ces épreuves qui nous blessent et nous meurtrissent, tout cela est, d’une manière ou d’une autre, la marque de la mort. Le temps nous use et notre pauvre cœur s’use, avec son désir. Mais en même temps, et c’est peut-être là que nous ouvrons les yeux, en même temps que nous marchons jour après jour vers cette mort, il y a quelque chose d’étonnant. Nous marchons aussi, heureusement et c’est là notre foi et notre espérance, nous marchons vers Dieu. Le chemin de Jérusalem à Jéricho n’est pas n’importe quel chemin. C’est un chemin déjà tracé. Nous marchons toujours un peu sur les sentiers battus, c’est comme cela que nous menons notre existence. C’est un chemin déjà tracé parce que Dieu, heureusement, d’une manière nous l’a déjà tracé. Il est « le chemin, la vérité et la vie ». C’est Lui-même qui l’a dit. C’est un chemin de chair et de sang. C’est un chemin de croix. Et c’est aussi un chemin de résurrection.

Curieusement, au bord de ce chemin, à tout moment, il nous est donné de le rencontrer. Dieu n’est pas au bout du chemin. Dieu n’est pas à la fin de notre voyage sur la terre. Dieu est déjà là, sur ce chemin que nous parcourons, sur ce chemin que nous portons, sur ce chemin de notre cœur. Et c’est sans doute l’erreur du lévite et du prêtre d’avoir cru que Dieu était au bout du chemin, et qu’il fallait se dépêcher, se hâter pour ne pas regarder de trop près le cadavre qu’il y avait au bord de la route, de peur de se souiller et de ne pouvoir accomplir les prescriptions rituelles.

dieu vous aime

L’erreur du prêtre et du lévite c’est de croire que Dieu est au bout du chemin, alors qu’en réalité, Il était là sur le bord du chemin. La parabole du bon Samaritain est la manière même dont Dieu se fait le plus pauvre, le plus démuni, au bord du chemin. C’est la manière dont Il veut que nous le rencontrions, dès maintenant, de façon souvent impromptue, improvisée, imprévisible. C’est la manière même dont Dieu surgit tout à coup comme celui qui n’est pas attendu et surtout comme celui que, dans un premier mouvement, nous ne voulons pas reconnaître, parce qu’Il porte encore les coups et les stigmates de sa passion.

L’histoire du bon Samaritain, c’est l’histoire d’un Dieu qui s’est fait proche à ses risques et périls, et surtout à nos risques et périls. Risque de ne plus le voir, risque de le méconnaître, risque de passer outre. L’histoire du bon Samaritain c’est précisément Dieu qui se met sur notre chemin pour que nous Le rencontrions, dans la simplicité même de ce geste par lequel nous sommes tout simplement pris de pitié et que nous avons envie de secourir le frère qui est au bord du chemin.

Voyez-vous, nous disons souvent que « Le Verbe s’est fait chair ». Nous disons souvent que Dieu s’est fait homme, mais Il s’est fait l’homme tombé au pouvoir du mal. Il s’est fait celui qui est tombé et mort sur la croix, pour nous relever. Il est dans le cœur du frère qui incarne pour nous, d’une manière ou d’une autre, la présence du Christ qui a besoin de notre amour, de notre attention. Ce que Jésus voulait faire comprendre dans cette parabole, c’est que le visage du prochain n’est pas simplement la misère du monde en général, qu’il faudrait secourir par de grands organismes caritatifs ou philanthropiques. La manière dont Jésus voulait nous faire comprendre le prochain, c’était qu’il y avait comme une surimpression, comme on parle en langage photographique de deux photos qui ont été prises l’une sur l’autre, une sorte de surimpression du visage de Dieu sur le visage de l’homme.

Le bon Samaritain est le moment où nous savons voir dans toute blessure ou toute souffrance humaine, quelque chose du mystère de Dieu qui a souffert pour nous. Le mystère du bon Samaritain est le moment où nous savons deviner qu’Il est là, tout simplement sur le chemin de notre cœur. Alors si nous entrons dans ce chemin de vacances, dans cette route un peu plus détendue où l’on peut flâner, où l’on peut musarder d’un côté ou d’un autre de la route, peut-être qu’il faut que nous laissions s’attarder notre cœur, comme à l’école buissonnière. Peut-être que nous avons à regarder autour de nous, si proche de nous que la plupart du temps nous ne le voyons pas, le visage d’un conjoint, le visage d’un enfant, le visage d’un voisin qui porte en lui les coups de la vie et qui a peut-être besoin que nous nous penchions sur lui, que nous soignions ses plaies, avec un amour qui ne vient pas de nous, parce qu’à ce moment-là, lorsque nous nous penchons sur le visage de l’autre qui est déjà le visage du Christ transfiguré, nos mains déjà, ne sont plus nos mains, mais les mains du Christ Ressuscité.

l'amour de dieuC’est ce mystère profond de la configuration de celui qui souffre et de celui qui aide, par lequel le Christ nous dit le double visage de la pauvreté, du dénuement dans lequel Il est entré pour nous sauver de la mort. Et d’autre part ce visage de la richesse et de l’infinie miséricorde par laquelle Il nous donne les trésors de sa bonté et de sa douceur. Que cela soit notre chemin de vacances. Que les autres ne soient pas seulement ceux qui sont extérieurs à nous, mais ceux que, mystérieusement, Dieu a placés sur le chemin de notre propre vie et de notre propre cœur. Amen.

 

 

 




15ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Aime et tu vivras » (Lc 10, 25-37) »  

     En ce temps-là, voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »
L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

 

envoyés pour servir

Par la question qu’il pose à Jésus, ce Docteur de la Loi révèle son attitude de cœur vis à vis de Dieu : « « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? ». Il s’agit donc avant tout pour lui de « faire », en obéissant à la Loi religieuse de l’époque. Et s’il « fait » bien, il aura en récompense, comme un dû, comme un salaire, cette vie éternelle qu’il pense mériter, après tous ses efforts ! Dans cette logique, Dieu n’a pas sa place. L’homme peut très bien se débrouiller tout seul et être son propre juge : « J’ai fait ceci et cela ; objectivement, c’est bien. Je suis quelqu’un de juste, un bon croyant. Je mérite donc la vie éternelle »… Dieu n’a rien à dire. Il ne peut qu’acquiescer et s’exécuter en silence en donnant ce qui lui revient : la vie éternelle. Telle est en fin de compte l’attitude de l’orgueilleux, seul avec lui-même.

            Finesse de Jésus. A sa question, il répond par une autre question, sur la Loi, et il sait très bien que ce Docteur de la Loi la connaît par cœur : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Comment lis-tu ? » Et il répond parfaitement bien : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Il ne s’agit donc pas de « faire » mais « d’aimer », de tout son être… Et le premier à « aimer », c’est Dieu, Lui qui, de son côté, ne cesse de nous aimer de tout son Être, puisqu’Il Est Amour (1Jn 4,8.16) : « Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,41). Notons le verbe employé : ici, c’est Dieu qui « fait », par amour, et non pas l’homme… Et que fait-il ? « Il nous a donné de son Esprit » (1Jn 4,13), un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), un « Esprit qui est vie » (Ga 5,25), vie éternelle…

            Dans un tel contexte, que faut-il donc faire pour avoir part à la vie éternelle ? Accepter la relation d’Amour que Dieu veut vivre avec chacun d’entre nous, nous laisser aimer tels que nous sommes, dans la vérité de notre être blessé, et le laisser agir en « médecin » (Lc 5,31), en « Bon Pasteur » : « La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai » (Ez 34,16). Voilà qui est Dieu, et voilà comment « l’homme créé à son image et ressemblance » devrait être (Gn 1,26-28). Et c’est bien l’exemple que donne ici Jésus : un Samaritain, ennemi traditionnel d’Israël, « fut bouleversé de compassion » devant un Israélite blessé par des bandits. « Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin » Alors, « toi aussi : va, et, fais de même !»DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 15ieme dimanche du temps ordinaire

« Que dois-je faire

pour avoir la vie éternelle ? »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 10, 25-37)            

Jésus est en route vers Jérusalem. Le chemin qu’il a pris pour se faire proche et solidaire de notre humanité de misère l’emmènera jusqu’au bout de l’amour.

Soulignons les mots importants

La Loi :  Dans la Bible, ce mot a un sens particulier : pouvons-nous le préciser ?

Docteur de la Loi : Nous connaissons les “ docteurs en médecine ”. On parle aussi de “ docteur en philosophie ou en théologie ” : que signifie ici le mot “ docteur ? ” Sur quoi porte sa question ?

Vie éternelle : Comment comprenons-nous ces deux mots ?

Tu aimeras … Nous pouvons partager sur la réponse du docteur de la Loi : comment la trouvons-nous ?

Prochain : Pour ce docteur de la loi et pour les juifs, qui était considéré comme “ le prochain ” ?

Un homme juste : Comment comprendre ce mot “ juste ” ?

Prêtre, lévite : quelles étaient les fonctions de ces personnages ?

Samaritain: rappelons-nous comment les juifs traitaient les gens de Samarie.

Il le vit : Ce verbe “ voir ” est employé pour les trois voyageurs. Mais quelle différence ! 

Fut saisi de pitié : Cette expression exprime un sentiment fort que Jésus a lui même éprouvé devant des gens malheureux ? Est-ce que nous pouvons citer quelques exemples dans l’évangile ?

Lequel a été le “ prochain ” ? Quelle est la manière nouvelle de comprendre le mot “ prochain ” que Jésus nous donne ?

Va et fais…

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Ensemble regardons Jésus

  Nous regardons Jésus avec les yeux du cœur, en fermant les yeux du corps. Il accueille le docteur de la Loi, sa question. Il le félicite de sa réponse. Il se montre bienveillant à son égard.

Jésus se reconnaît dans le bon Samaritain qui s’est montré compatissant,  qui a aimé gratuitement, généreusement, sans calcul. Comme le Samaritain, Jésus est un “ étranger ”. La terre n’est pas son pays ! Il vient, et le cœur plein de miséricorde, s’approche du blessé. Et ce blessé, c’est nous, c’est moi, blessé par les difficultés de la vie, parfois abandonné…Il est seul à pouvoir me guérir de mes blessures profondes.

 

  

 

Pour l’animateur

 

Dans la Bible le mot  Loi, en Hébreu, “ Torah ” (Enseignement) désigne les 5 premiers livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. C’est le cœur de la Bible Hébraïque et au cœur de la Torah : le Décalogue (les Dix paroles de vie) et la première Parole : Ecoute Israël, le Seigneur Dieu est l’unique, tu aimeras….) C’est le fameux ‘Shéma Israël’ que tout juif pieux récite deux fois par jour.

Celui qui interroge Jésus éprouver ses connaissances, est un expert de la Torah, un sage et un savant,  et son rôle est de l’enseigner et de l’interpréter : il est Docteur de la Loi. Sa question porte sur le “ faire ” : “Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? Cette vie en plénitude, c’est la Vie même de Dieu, cette vie qui est participation à l’Amour de Dieu, une “ vie pour toujours ”.

Et Jésus lui répond en l’interrogeant sur son interprétation de la Loi : “ Que lis-tu ? Comment lis-tu ? ” Le docteur de la Loi répond par le premier commandement et il ajoute le commandement de l’amour du prochain qu’il met au même niveau que l’amour de Dieu. Et Jésus le félicite et l’invite à mettre en pratique ce commandement d’amour à deux dimensions.

Mais dans l’interprétation des juifs de l’époque, le prochain était quelqu’un de la religion d’Israël, du même groupe religieux ou du même clan ; pas l’étranger, encore moins ces Samaritains qu’on traitait en plus d’hérétiques. Le docteur de la Loi veut montrer que sa vie est en accord avec la Loi, qu’il est un homme “ juste ”. C’est pourquoi il rebondit avec la question “ qui est mon prochain ? ”  Et Jésus répond par une  parabole qui va renverser complètement sa façon de voir les choses.

Jésus met en scène des personnages contrastés : d’un côté deux honorables serviteurs du Temple (prêtre et lévite) et de l’autre, un Samaritain, un étranger et un hérétique, puisqu’il ne reconnaît pas l’enseignement des autorités de Jérusalem. Quand à l’être humain à demi mort, c’est un anonyme !

Les trois le “ voient ”, mais Les deux premiers, soit disant “ juifs pratiquants ” sont indifférents et “changent de trottoir ”. Car c’est peut-être un cadavre, avec du sang : le toucher se serait se rendre impur ! Le Samaritain lui, le voit et est “ saisi de pitié ” : la pitié dont parle Jésus, c’est ce sentiment fort (pris aux entrailles)  qu’il a éprouvé lui-même devant la foule affamée, devant la veuve de Naïm, au tombeau de Lazare… Sentiment qui pousse à agir pour sortir l’autre de sa souffrance. Le Samaritain “ fait ” beaucoup de gestes qui expriment son amour, un amour qui se donne de la peine.

Et Jésus transforme la question du docteur de la Loi “ lequel des trois s’est montré le prochain de l’homme blessé ? ” Le prochain, ce n’est plus l’inconnu blessé, mais celui qui s’est fait “  proche ” de lui  et qui lui a manifesté de la miséricorde. Et le docteur de la Loi reconnaît que c’est le Samaritain, qu’il traite d’infidèle, qui s’est montré le véritable prochain. Jésus n’a plus qu’à lui dire d’inventer une pratique semblable s’il veut hériter de la vie de Dieu.

        

TA PAROLE DANS NOS CŒURS    

Ensemble regardons Jésus

En silence, regardons-le envoyer ses disciples. Ecoutons-le nous dire : “ La moisson est abondante…priez…Allez ! Je vous envoie…comme des agneaux au milieu des loups ”. Ce n’est pas une tâche facile que d’être les missionnaires du Règne de Dieu dans un monde d’argent et de violence. Ecoutons-le nous dire “Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison ”. Jésus souhaite que je sois un ami de la paix ”.

 

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

  Le Docteur de la Loi pose la question “ Que dois-je faire ” pour avoir en moi la vie de Dieu ? Les auditeurs de Jean-Baptiste et ceux de Pierre et des apôtres le jour de la Pentecôte sera la même : “Que devons-nous faire ? ” Car il ne s’agit pas de connaître, il s’agit de mettre en pratique.

Ce savant en Ecriture connaît parfaitement le grand commandement : mais dans la pratique, il sépare l’amour de Dieu et l’amour d’autrui, quel qu’il soit. Et nous ?

v  On dit qu’il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Le prêtre et le lévite ont “ changé de trottoir ” ! Jésus nous invite à être le prochain de tous ceux qui ont besoin de nous, sans nous occuper de connaître leur race, leur religion, leur caractère…

Qui sont mes frères ? N’ai-je pas tendance à réserver ce nom à des gens qui sont proches de moi, ceux de mon milieu, de mon ethnie, de ma religion…. ? Est-ce que nous aussi nous ne choisissons pas notre prochain : des gens bien, intéressants, reconnaissants… ?

v  Jésus, dans la parabole, a amené le docteur de la Loi à comprendre qu’il peut recevoir une leçon d’un Samaritain, qu’il traite de païen.

Est-ce que je suis prêt à reconnaître que des gens qui ne sont pas chrétiens, qui pratiquent une autre religion, peuvent être pour moi des modèles, des témoins de l’amour de Dieu ? Comment nous considérons la générosité, la solidarité, le désintéressement, des gens qui ne croient pas comme nous ou qui sont incroyants ? 

Ensemble prions 

  • Seigneur, fais de nous les bons samaritains de ceux que tu mets sur notre route. Qu’à travers notre  attitude, ils expérimentent ton amour plein de tendresse pour eux.

  • Tu nous appelles à un amour parfait de charité. Change toi-même notre cœur.

  • Tu veux que nous soyons le sel de la terre et la lumière du monde : prends pitié de nous.

  • Fais nous la grâce, Seigneur, de te chercher dans l’amour de nos frères, de découvrir ton nom dans leur visage, de te rencontrer ainsi au cœur de notre vie.

 

Chant : Pour aimer du plus grand amour (P.116, carnet paroissial)

 

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14ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

La moisson est abondante

envoyés pour servir« La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux ! » C’est un refrain, je dirais même un slogan évangélique, qui a servi de leitmotiv à travers l’histoire de l’Église pour encourager les vocations sacerdotales, éventuellement religieuses et surtout missionnaires. Cette phrase a été inscrite des millions de fois sur des images d’ordinations sacerdotales, a été répétée des centaines de fois dans des discours, des sermons ou des retraites pour susciter des vocations au milieu des églises. Je vous le dis comme je le pense, c’est un contre-sens total sur le sens de cette phrase. Le problème n’a rien à voir avec des vocations religieuses. La preuve, c’est que Jésus adresse ce discours non pas aux apôtres qui peuvent figurer les ministres de l’Église, mais à soixante-douze disciples c’est-à-dire des gens qui écoutent la Parole de Dieu comme vous, je ne peux pas dire comme vous et moi puisque précisément je suis prêtre et que vous ne l’êtes pas. La première chose que je voudrais dire c’est que je m’inscris en faux contre une interprétation qui s’est appuyée sur cette parole pour remettre le souci missionnaire à toute l’Église dans sa ‘cléricalité’ pour laisser les laïcs, les baptisés, couler des jours heureux sans se préoccuper de la dimension missionnaire de notre foi.

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ! » Cela s’adresse autant à vous qu’aux frères religieux. Cela s’adresse même d’abord à vous et c’est cela qu’il faut bien comprendre. C’est un appel adressé de la part du Christ à ses disciples comme disciples et non pas d’abord comme prêtres, comme religieux ou comme missionnaires. Ce n’est pas du tout le problème. Alors qu’est-ce que cela veut dire ? C’est précisément là qu’est le contresens. Cela veut dire : le monde est une moisson abondante et les disciples sont peu nombreux, les communautés chrétiennes sont peu nombreuses. Il faut quand même réaliser qu’avant la généralisation de la foi chrétienne dans le bassin méditerranéen, les communautés chrétiennes, surtout au premier siècle, étaient vraiment très peu nombreuses. Par conséquent le Christ et les évangélistes qui nous ont rapporté ses paroles s’adressent à ces tout petits noyaux de communautés qui commençaient la mission en Judée et en Samarie. Mais ce n’était pas uniquement les disciples au sens restreint du terme et qui seraient les apôtres. Ce sont toutes les communautés chrétiennes qui doivent considérer le monde comme la moisson de Dieu.

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Et c’est là qu’il nous faut faire une seconde révision assez déchirante. Le monde n’est pas un ennemi, le monde ne devrait pas faire peur, il est la moisson de Dieu. Voilà la première chose qu’il faut bien réaliser. Pour chacun d’entre nous, ce monde dans lequel nous vivons n’est pas une réalité étrangère dans laquelle nous serions plongés avec le risque perpétuel d’être étouffés. Mais si les premières communautés chrétiennes avaient vécu sur ces peurs obsessionnelles comme on en rencontre dans nos communautés chrétiennes d’aujourd’hui, l’évangélisation n’aurait jamais eu lieu. C’est précisément parce que nous vivons aujourd’hui comme chrétiens dans une espèce de peur du monde comme d’un épouvantail à moineaux que notre christianisme à certains moments, notre foi chrétienne paraît plate, sans intérêt, une religion de timorés, de gens qui ont besoin d’être consolés. Mais ce n’est pas du tout l’attitude fondamentale que nous devons avoir par rapport au mystère du monde. La création est la moisson de Dieu et nous y sommes envoyés. Je n’ai jamais vu de moissonneurs, en tout cas s’ils sont dignes de ce nom, qui en arrivant devant le champ de blé disent : « Oh ! J’ai peur de couper le blé ! J’ai peur de m’approcher du champ ! » Ce serait ridicule. La première chose nécessaire est donc une absence de peur parce que nous l’Église, nous sommes faits pour annoncer au monde le salut et non pas pour nous tenir là, renfermés, frileux, paralysés devant le pouvoir du monde. Voilà la première chose. Je dirais : « Pas de panique ! Pas de peur ». Le monde, qu’on le veuille ou non, est l’élément naturel dans lequel notre foi doit être vécue, doit être célébrée, doit être proclamée. Et si nous vivons dans la peur, nous sommes nous-mêmes les premières victimes de nos peurs et surtout le monde est victime de notre peur.

lumièreMais alors vous me direz : « Comment nous avancer vers le monde ? » Les conseils de Jésus sont clairs : « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales ! Ne vous attardez pas en chemin ! » Notre attitude vis-à-vis du monde est une attitude de démunis. Voilà une chose très importante. Là encore, que de confusions ! Que de fois nous avons compris la mission comme une conquête ! Je crois que, grâce à Dieu, aujourd’hui la norme de la vie apostolique de l’annonce de la Parole de Dieu n’est pas celle que voudraient nous proposer certains mouvements qui pensent accomplir l’œuvre de Dieu dans une immense entreprise de subversion catholique de nos sociétés modernes. Nous sommes démunis devant le monde. Nous n’avons pas de pouvoir, « ni argent, ni besace, ni même de sandales » et pourtant il faut marcher ! C’est donc que nous sommes devant ce monde littéralement « les mains nues ». C’est là que se mesure notre propre courage devant ce monde. Si nous commençons à nous barder de tout un système, si nous reprenons les valeurs du monde ou certains systèmes par lesquels le monde fonctionne, si bonnes soient-elles, par exemple le travail, c’est que nous avons déjà perdu ce caractère démuni par lequel nous devons nous avancer vers le monde. Et c’est précisément cela que Jésus nous demande. Nous n’avons pas à conquérir le monde, contrairement à ce que l’on a cru parfois. C’est d’ailleurs par un idéal de conquête qu’on pensait devoir députer selon les cas des croisés, des jésuites ou des congrégations missionnaires du dix-neuvième siècle. Mais dans tous les cas, c’est le mauvais instrument ou un instrument qui ne répond pas exactement à l’attitude que Jésus demande dans ce passage, d’aller pieds nus, sans besace, sans argent et d’être là, simplement au cœur de ce monde.

groupe_solidaireMais si nous sommes démunis au cœur de ce monde cela suppose que nous en acceptons un certain nombre de dépendances. Quand les disciples arrivent dans les villes ou les villages, ils doivent « manger ce qui leur est offert ». C’est fondamental. Les communautés chrétiennes n’ont pas à vivre dans une sorte d’angélisme missionnaire par lequel elles se reconstitueraient comme des sociétés autonomes, des espèces de super-sociétés totalement indépendantes du monde. Non, nous avons besoin de tout ce tissu de relations sociales, humaines, de relations d’entraide, de voisinage, de relations familiales qui constituent le monde dans lequel nous vivons notre appartenance au Christ. S’avancer en acceptant ce que le monde nous offre, c’est le début de l’attitude missionnaire. Non pas dire que nous arrivons et allons changer les structures, les manières de penser etc. Non ! Quand le missionnaire arrive, il accepte de manger à la table des païens, de ceux qui ne connaissent pas le Christ et même de recevoir d’eux le gîte et le couvert. L’Église n’a pas peur d’habiter dans le monde. Ceci n’est pas très évident dans la mentalité de nos chrétiens contemporains, reconnaissons-le.

Voilà ce que nous demande Jésus lorsqu’Il nous envoie en mission. Accepter que ce monde soit le lieu même, la création de laquelle nous recevons toute occasion de proclamer la foi, de dire : « La paix soit avec vous ! Le Royaume de Dieu est proche ! » Comment voulez-vous dire que le Royaume de Dieu est proche si vous vous tenez sans cesse à distance de l’interlocuteur ? Cela ne sert à rien, il n’y a pas de communication possible. Enfin le Christ dit que lorsque nous approchons de nos frères pour leur annoncer la paix, pour leur annoncer la joie de la proximité du Royaume, si le monde n’accueille pas, nous devons repartir. Cette phrase signifie fondamentalement que le Royaume s’adresse à la liberté humaine. Tout homme que nous rencontrons, à qui nous annonçons le Royaume, par le seul fait que nous soyons là en face de lui et que nous lui proposons la bonne nouvelle du salut, ne devient pas notre proie ou l’objet possible d’une conquête, mais il en est totalement remis à sa liberté. C’est à lui de choisir. Ce n’est pas à nous de dire : « Désormais, tu es des nôtres et tu vas passer par tel ou tel comportement, mais tu es appelé, dans ta liberté, toi qui fais partie de la moisson de Dieu, à savoir et à vouloir être engrangé pour le Royaume de Dieu ». A ce moment-là, notre simple présence, la présence de l’Église au milieu de ce monde est un appel adressé à ce monde, dans le total et intégral respect de sa liberté, de la liberté de chacun de nos frères, de dire oui ou non au Royaume de Dieu. Le Christ nous dit que s’il y a refus explicite du Royaume, mais ce n’est pas toujours clair, il y a beaucoup de cas où l’indécision est totale, s’il y a refus, on s’en va. Cela veut dire que l’urgence du Royaume est telle qu’il faut aller à ceux qui ne connaissent pas encore cette bonne nouvelle. C’est pour cela que le Christ dit : « Ne vous arrêtez pas de maison en maison ! » Il y a une sorte d’urgence de la proclamation du Royaume.

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Ainsi, si nous appliquons jusqu’au bout cette parole de Jésus, au moment même où Il conclut et où les disciples reviennent tout enchantés d’avoir proclamé le Royaume et chassé les démons, le Christ leur dit en quelque sorte : « Ne vous focalisez pas sur le fait que vous chassez les démons, ne vivez pas dans la peur et dans la crainte de cet ennemi, mais vivez plutôt dans le mystère de ce que, par votre annonce du Royaume de Dieu, vos noms sont inscrits dans les cieux ». C’est le mystère de notre identité baptismale. Chacun de nous a été baptisé, a reçu son nom pour être ce signe de la présence du Royaume au milieu du monde. Il nous faut donc regarder ce monde comme la moisson de Dieu c’est-à-dire un monde qui ne nous fait pas peur, un monde qui est pour nous le milieu naturel de la proclamation de notre foi, un monde vis-à-vis duquel nous avons le devoir d’annoncer le Royaume de Dieu et enfin un monde qui, recevant la Parole de Dieu, voit son nom inscrit dans le ciel, c’est-à-dire reçoit sa destinée plénière de fils grâce à notre parole, grâce à notre goût de vivre de l’évangile et de l’annoncer. Amen.