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La Résurrection du Seigneur- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

La divine surprise

christ est vivant« Nous sommes ressuscités avec le Christ ».

Frères et sœurs, aujourd’hui Pâques, c’est littéralement la divine surprise. C’est divin parce que c’est Dieu qui agit. C’est une surprise parce que nous ne nous y attendions pas. En effet, qui aurait pu croire à une histoire pareille : un rabbi galiléen qui fait deux années de ministère public, qui se brouille avec les autorités du temple qui dictent la vérité des choses, et qui termine comme un prophète assassiné. C’est normalement le point final.

À cette époque-là, mourir sur la croix, c’était pire que mourir sur la chaise électrique aux Etats-Unis. Qui aurait pu croire qu’après une histoire pareille, pratiquement deux mille ans après, les églises seraient encore pleines ? Si nous sommes là, il n’y a pas d’autre raison, c’est parce que Dieu nous a fait une divine surprise. Dieu nous surprend toujours, mais là on ne pouvait pas s’y attendre. Comment un pauvre homme qui a subi un supplice pendant plusieurs heures, qui a été mis au tombeau, et dont on a considéré que l’affaire était terminée, dont les disciples pour la plupart se sont enfuis ou se sont cachés, comment croire que le matin de Pâques ils ont proclamé qu’il était vivant ?

Effectivement, frères et sœurs, ce n’est pas facile de croire. Pourquoi ? Parce que notre foi est un vrai paradoxe. C’est quelque chose que nous ne maîtrisons pas. Ce n’est pas simplement un système, et c’est cela la surprise. Ce ne sont pas des idées, ce n’est pas une idéologie, c’est un fait. Si dans la nuit et le jour de Pâques nous baptisons des catéchumènes, c’est parce que nous croyons que ce que disait l’apôtre Paul dans l’épître aux Colossiens (3, 1-4) est encore vrai aujourd’hui : nous sommes ressuscités avec le Christ. C’est cela qui est étonnant. La plupart du temps dans les religions, nous avons l’impression qu’on nous donne des idées que nous n’aurions pas pu avoir par nous-mêmes.

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Vous, nous, nous nous débrouillons avec l’informatique, avec la technique avec les biotechnologies, avec l’automobile, on gère tous les jours depuis les soucis les plus matériels du ménage jusqu’aux fusées qu’on envoie dans l’espace. Nous, nous considérons que c’est cela notre domaine. C’est le domaine de la terre et nous avons les pieds, les mains et les yeux sur terre. Nous considérons que la religion est une sorte de petit supplément d’imagination, de choses étranges, et la preuve c’est qu’il y a tellement de religions et chacun pense ceci et cela, on sera vivant après, notre âme sera immortelle, on sera réincarné dans un moustique etc. Les religions nous apparaissent comme des systèmes, des idées qui gèrent l’inconnu. Voilà les idées que nous nous faisons sur les religions : les religions, ce sont des idées.

Or, depuis que Paul a dit : « Nous sommes ressuscités avec le Christ », il a dit une chose inouïe que personne n’avait imaginée jusque-là. Désormais, la véritable relation avec Dieu n’est plus une idée, mais un transfert de vie. Que les messieurs me pardonnent, je vais parler plus spécialement aux dames qui ont eu un enfant. Ce mystère extraordinaire des premiers temps de la grossesse, lorsqu’elles sentent tout à coup qu’il y a quelque chose qui se passe. Il y a de la vie qui est née en soi, de la vie qui mystérieusement a germé. On y est pour quelque chose, on sait en général d’où cela vient, mais c’est vrai qu’il y a ce moment extraordinaire dans lequel j’imagine qu’une femme peut dire à celui qu’elle aime : « Je suis enceinte ». Quand elle dit cela, elle n’explique pas une idée ou une théorie, elle ne dit pas : « J’ai fait un nouveau petit citoyen français ! » Elle dit : « Je suis enceinte », c’est-à-dire « je suis prise par la vie, je suis saisie par quelque chose qui me dépasse ». Bien sûr on peut expliquer toutes les raisons physiologiques, la biologie, les cellules, l’ADN et la génétique, mais il y a ce moment où une femme se sent saisie par la vie.

Toutes proportions gardées, parce que nous les messieurs nous bénéficions du même avantage vis-à-vis de la résurrection : c’est la même chose. C’est comme si tout à coup nous étions, pardonnez-moi l’expression, enceints de Dieu. C’est comme si nous percevions tout à coup que la vie de Dieu, loin d’être une idée que nous projetons au-dessus de nous, loin d’être un projet de transformation du monde qu’on n’arrive d’ailleurs jamais à transformer, car c’est de plus en plus fatigant de transformer le monde, tout à coup, on s’aperçoit qu’on est ressuscités avec le Christ avec toutes les difficultés, les ennuis qu’on rencontre tous les jours, avec le mari qui n’a pas descendu les poubelles et la femme qui a raté son rôti, avec les enfants qui ont des mauvais résultats à l’école. C’est vrai qu’il y a tout cela, et pourtant, nous sommes ressuscités avec le Christ. Il y a quelque chose d’une vie nouvelle qui a germé en nous. Nous ne sommes pas à la hauteur, nous ne pouvons pas comprendre comme je pense la première fois qu’une femme a conçu, elle sait que l’événement la dépasse et surtout pour le premier, elle a des angoisses pour l’accouchement.

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Mais ici c’est la même chose. Nous sommes riches d’une vie, non pas d’une idée, mais d’une vie qui est passée en nous. Cette nuit, aujourd’hui – et c’est si bouleversant et si beau de pouvoir célébrer les baptêmes maintenant en pleine assemblée eucharistique –, les catéchumènes qui ne se rendront compte de rien, seront visités par une vie nouvelle. Eux-mêmes sont déjà rayonnants et heureux, ils ont des mines épanouies, resplendissantes, et ils jouissent de la vie humaine qu’ils ont reçue de leurs parents, mais tout à l’heure, ils vont recevoir comme une nouvelle vie. Une vie si discrète, si simple, si douce, si tendre qu’on ne la remarquerait pas et pourtant, elle est là. Vous comprenez bien que dès demain on ne va pas leur faire le catéchisme pour leur expliquer des idées sur Dieu. Mais dès aujourd’hui, ils sont déjà saisis par la réalité de la vie du Christ ressuscité.

Oui, frère et sœurs, quand nous célébrons la résurrection, nous célébrons notre propre résurrection, pas simplement celle du Christ il y a environ deux mille ans, mais nous célébrons notre résurrection. L’intuition, la certitude que les premières communautés chrétiennes ont eue, ce n’était pas que le Christ consistait simplement en une histoire à raconter, un projet sur le monde, mais que c’était tout à coup qu’il était vivant. C’est pour cela que lorsqu’ils se saluaient ils se disaient : « Christ est ressuscité », et ils se répondaient les uns aux autres : « Oui, vraiment il est ressuscité ». Ce « vraiment » ne signifiait pas qu’ils étaient d’accord l’un avec l’autre, cela signifiait : « Vraiment, en moi aussi, Il est ressuscité ». C’est la seule force du christianisme. Tout le reste, tout ce que l’on met habituellement sous l’étiquette de l’Église, la hiérarchie, les grands pouvoirs, les grandes idées, les grandes institutions, tout cela est très respectable et très important, l’Église essaie de défendre cela bec et ongles, et ce n’est pas très facile. Mais nous, à notre place, là où nous sommes, nous avons à laisser percer en nous ce mystère de vie.

Je voudrais ajouter une dernière petite réflexion. Nous avons parlé de bébés et de la naissance. Mais je voudrais parler aussi des membres de nos familles qui sont malades, peut-être de maladies graves, c’est la même chose. Nos frères qui sont sur leur lit de souffrance, qui s’interrogent sur leur avenir proche, qui se demandent comment cela va finir, ce qu’ils attendent de nous à ce moment-là, non pas de façon tapageuse, bruyante, avec des espèces de convictions un peu à la matraque, c’est simplement d’être auprès d’eux comme ceux qui leur disent en les accompagnant : « Pour toi aussi, Christ est ressuscité ».

Frères et sœurs, laissons-nous saisir par cette joie, laissons-la éclater en nous, laissons-la éclater dans nos familles, dans nos enfants, dans tous ceux et celles qui ont été touchés par ce mystère extraordinaire de la présence du Christ. Oui, Christ est ressuscité. Alleluia. Il est vraiment ressuscité. Alleluia.JESUS-CHRIST_EST_JOIE




La veillée Pascale par P. Claude Tassin (26 Mars 2016)

(Les trois premières lectures de l’Ancien Testament s’imposent normalement).

 

Genèse 1, 1 – 2, 2 (« Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon « )

Au seuil du carême, nous avons médité  sur les origines de l’homme. La veillée pascale propose le grand récit de la création, un joyau de la littérature mondiale. Le texte, dépourvu de toute prétention scientifique, a été composé par des prêtres juifs exilés à Babylone. Les Babyloniens adoraient le soleil et la lune. Ces astres sont ici ravalés au rang de luminaires, et la lumière naît, à l’origine et avant les astres, d’un simple mot de Dieu : « Que la lumière soit ». Sa Parole crée, en nommant les choses et en les séparant. Séparer, c’est distinguer ; distinguer, c’est comprendre. Ainsi, Dieu donne à l’homme un monde bien fait dont on peut comprendre l’ordre, *la beauté, pour s’en servir à bon escient. Les religions anciennes voient, dans les créatures de la nature, des images des dieux auxquelles l’homme se soumet avec crainte. Pour la foi d’Israël et la nôtre, au contraire, c’est l’homme qui est l’image de Dieu, chargé de gouverner la création avec sagesse.

  Mais celui qui a dit : « Que la lumière soit » a relevé le Christ d’entre les morts. C’est « le premier jour » d’une semaine nouvelle inaugurant un monde nouveau qui va vers le Sabbat de Dieu, la fête sans fin. Par le baptême, le Souffle de Dieu, l’Esprit Saint, nous recrée plus merveilleusement à l’image du Christ ressuscité, premier homme de la nouvelle création.

* La beauté. « Les cieux, l’air, la terre, les mers, sont revêtus de splendeur, et le cosmos tout entier doit son nom à sa magnifique harmonie. Nous apprécions cette beauté des choses d’instinct, naturellement, mais la parole qui l’exprime est toujours inférieure à ce que notre intelligence a saisi. À plus forte raison le Seigneur de la beauté est-il au-dessus de toute beauté ; et si notre intelligence ne peut concevoir sa splendeur éternelle, elle garde pourtant l’idée de splendeur… » (Saint Hilaire de Poitiers [4e siècle]).

  1. NB. Avant l’apparition des « cosmonautes », le terme grec kosmos, le monde, avait chez les anciens le sens de bel ordre et de beauté (ce sens a perduré dans notre mot « cosmétique »).

Genèse 22, 1-13.15-18 (Sacrifice et délivrance d’Isaac, le fils bien-aimé)

L’ordo liturgique impose cette lecture pour la veillée pascale. Les équipes liturgiques et les pasteurs qui l’omettent manifestent leur absence de culture théologique.

« Dieu mit Abraham à l’épreuve. » Épreuve barbare ! Sacrifier un fils unique ! Le Créateur de la vie se contredirait-il ?

  L’auteur compose ce récit bien des siècles après la mort d’Abraham. Il sait que son humour tragique interpellera ses lecteurs. Il sait que Dieu interdit tout sacrifice humain. Il suppose même qu’Abraham le sait. D’ailleurs, dans ce récit, Dieu empêche Abraham d’aller au bout de son obéissance. Alors, que veut dire notre conteur ?

1) La naissance d’Isaac était le moyen par lequel Abraham put se survivre dans l’histoire. Or, cette naissance miraculeuse était le don de Dieu. Si Abraham refusait de sacrifier l’enfant, il se constituait en propriétaire (il est à moi !) et oubliait que c’est Dieu qui donne tout. En même temps, il ne pouvait pas penser que Dieu annulait ce qu’il avait juré. Il ne lui restait qu’à « craindre Dieu », à s’en remettre à lui dans cette situation insensée.

2) Selon une lecture théologique correcte, nous devons tout à Dieu ; nous vivons par lui. C’est cela qu’exprimait le sacrifice juif de l’holocauste. Dieu nous demande de nous offrir nous-mêmes, non pas en nous tuant, mais en cherchant à chaque instant quelle est sa volonté (voir Romains 12, 1-2).

La tradition juive ancienne fait dIsaac un jeune adulte de trente-sept ans s’offrant lui-même librement à Dieu, en communion avec Abraham. Les auteurs du Nouveau Testament le savaient. Ils ont vu ainsi un parallèle entre le sacrifice d’Isaac et celui de Jésus, le « Fils bien-aimé » que le Père a tiré de la mort, lui « qui n’a pas épargné son propre Fils » (Romains 8, 32). L’expression fait écho à la déclaration divine adressée à Abraham : « Tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Genèse 22, 16 ; cf les versets 2 et 12). Les traditions légendaires juives anciennes faisaient d’Abraham le premier *croyant en la résurrection.

* Abraham, croyant en la résurrection. La légende juive humoristique, relayée par saint Éphrem, raisonnait en ces termes : Abraham, juste et saint, ne pouvait désobéir à Dieu. Il allait donc immoler son fils. Mais il ne pouvait pas non plus mentir. Si donc il dit à ses serviteurs, au pluriel : « Restez ici avec l’âne (…) puis nous reviendrons vers vous », c’est dans la conviction, à travers ce « nous », que Dieu ressusciterait son garçon. D’où cette formule, dans les Dix-Huit Bénédictions synagogales : « Béni es-tu, Bouclier d’Abraham ! Tu es puissant éternellement, Seigneur. Tu fais vivre les morts, débordant de salut. »

Exode 14, 15 – 15, 1a (« Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer »)

Pharaon s’est repenti d’avoir renvoyé les Israélites, et les voici coincés entre la mer Rouge et l’armée égyptienne. Certains reprochent à Moïse de ne pas les avoir laissés à leur esclavage, préférable à la mort qui les attend (cf. Exode 14, 11-12). Difficile apprentissage de la liberté ! Alors Dieu intervient.

  Ce récit biblique est une sorte d’acte de naissance de la communauté des sauvés ne s’est pas écrit en un jour : les auteurs sacrés l’a remanié d’âge en âge, tant l’événement semblait important, et les traditions ne s’y harmonisent pas toujours. Pour l’une, Dieu fait souffler un vent qui assèche la mer ; pour une autre, Dieu fend la mer en deux murailles, et cette dernière tradition domine l’état actuel du récit. Par là, Dieu agit en Créateur : il sépare la mer, symbole du Mal et du néant, comme il avait séparé les eaux d’en haut et les eaux d’en bas (cf. Genèse 1, 7), et dans cette fente créatrice, le peuple s’engouffre vers la vie. Quand Dieu nous sauve, c’est en nous recréant et en nous délivrant des forces de mort ; c’est pourquoi ce passage de la Mer est pour nous le symbole du baptême. Mais rappelons aussi la portée finale de l’Exode dans la foi juive, foi exprimée dans *la quatrième nuit du Poème des Quatre Nuits.

  Le Cantique qui suit la lecture est d’époque postérieure : il prolonge l’événement jusqu’à l’entrée en Terre promise, à l’ombre du Temple.

* « La quatrième nuit, quand le monde arrivera à sa fin pour être dissous : les jougs de fer seront brisés et les générations perverses seront anéanties. Et Moïse montera du milieu du déert et le Roi Messie viendra d’en-haut. L’un marchera à la tête du troupeau et sa Parole marchera entre les deux, et Moi et eux marcherons ensemble. »

Isaïe 54, 5-14 (L’amour de Dieu pour Jérusalem son épouse)

Dans ce chant d’amour de Dieu, l’épouse est Jérusalem, c’est-à-dire, à la fois, les habitants de la ville exilés à Babylone, et la cité elle-même, vidée par cette déportation.

  « Ton époux, c’est Celui qui t’a faite… » Le Créateur peut agir partout, jusqu’en Babylonie. Il est aussi « rédempteur ». Ainsi appelait-on celui qui avait la charge de venger l’honneur familial bafoué. Ce Dieu-là prend fait et cause pour l’épouse momentanément répudiée (le prophète caractérise l’exil comme une répudiation) et il ouvre l’ère d’une pleine réconciliation.

  Quand l’homme s’égare, il pense facilement que c’est Dieu qui s’écarte et lui cache sa face – qu’il est en « colère », selon nos mots humains. Mais, selon le Psaume 29 [30], 6, « sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie. » C’est un amour éternel, inébranlable, une grande tendresse.

  Le poète se tourne vers la ville elle-même, « Jérusalem, malheureuse ». Elle va devenir une cité rutilante de pierres précieuses. Elle vivra dans une paix totale, ses enfants se laissant instruire par Dieu en personne, selon la prophétie de l’Alliance nouvelle* (Jérémie 31, 31-34). Dans cette épouse et cette cité renouvelée, l’Apocalypse verra l’Église, l’épouse de cet Agneau dont le sang versé a permis le mystère de paix et de réconciliation (cf. Apocalypse 21).

* L’Alliance nouvelle. Paul prolongera cette prophétie de Jérémie. Il dira aux nouveaux baptisés de Thessalonique : « Vous avez appris vous-mêmes de Dieu [littéralement : vous êtes des “théo-didactes”] vous aimer les uns les autres » (1 Thessaloniciens 4, 9).

Isaïe 55, 1-11 (Le mystère de l’eau et de la parole)

Voici l’épilogue du Livre de la Consolation (Isaïe 40 – 55). Le prophète a longuement annoncé la libération des Juifs déportés à Babylone. Il suffit maintenant d’y croire.

  1. « Vous tous qui avez soif… » C’est le cri du porteur d’eau. Sans argent, les assoiffés se fatiguent pour ne rien gagner. Tels sont les Exilés (cf. Isaïe 41, 17). Qu’ils aient simplement soif de Dieu, de sa parole, source de vie, et le bonheur viendra : vin, lait et viandes savoureuses. Qu’ils aient soif de sa Sagesse (comparer Proverbes 9, 1-5) qui s’exprime dans l’histoire des hommes.

  2. Dieu promet « une alliance éternelle ». Le peuple entier rayonnera de la grandeur qu’avait le roi David. il convoquera les nations à son gré car Jérusalem deviendra le centre de l’univers, résidence du « Saint d’Israël ».

  3. Ce Dieu si grand est proche, il se laisse trouver. Ceux qui, dans leur exil, s’étaient laissé aller à l’infidélité, par découragement, doivent se convertir. Nulle rancune possible en Dieu, tant ses pensées sont nobles et élevées.

  4. C’est par sa Parole que le Créateur agit, lorsqu’il fait pleuvoir et neiger pour donner à l’homme sa subsistance. C’est la même Parole qui annonce la délivrance : elle dit ce que Dieu veut, elle fera ce que Dieu dit.

  Exode et Exil sont les symboles de l’événement pascal. Par l’eau et l’eau vive du baptême, nous sommes recréés, selon les promesses annoncées par les prophètes.

Baruc 3, 9-15.32 – 4, 4 (Marche vers la splendeur du Seigneur)

Baruc, secrétaire du prophète Jérémie, est censé s’adresser aux Juifs déportés à Babylone. En réalité, sous ce pseudonyme, un sage juif du 2e siècle avant notre ère, s’adresse à ses frères dispersés dans les royaumes d’Orient, et qui s’interrogent : Pourquoi Dieu nous laisse-t-il vivre dans un environnement païen qui nous opprime et nous pervertit ? Comment survivre de manière intelligente dans ce milieu ?

  Une longue méditation répond à ces problèmes. Si vous en êtes arrivés là, dit-elle, c’est que vous avez oublié Dieu, « la Source de la Sagesse » ; vous la cherchez là où elle n’est pas. La véritable sagesse s’exprime dans la création d’un monde bien fait, bien rythmé par le mécanisme de la nature dont vous ne percez pas le mystère, mais qui vous révèle une pensée supérieure.

  La Sagesse, art de Dieu pour faire vivre, est aussi un art de vivre, puisque, depuis la manifestation du Seigneur au Sinaï (Exode 19 – 24), « la Sagesse est apparue sur la terre », elle se condense dans « le livre des commandements de Dieu ». Suivre ceux-ci, voilà la seule manière intelligente de vivre, le privilège des croyants.

  Pour nous, « la Sagesse apparue sur la terre » est le Christ qui nous invite à suivre ses commandements. Par le baptême, il nous tire « du séjour des morts », de tout ce qui, en ce monde, menace notre foi.

Ézékiel 36, 16-17a.18-28 (« Je répandrai sur vous une eau pure et je vous donnerai un cœur nouveau « )

Le prophète révèle trois choses aux « gens d’Israël » : pourquoi ils sont déportés à Babylone, pourquoi Dieu les ramènera sur leur terre, et comment il opérera.

  1. Le pays donné par Dieu, Israël, le Peuple l’a souillé par ses injustices (le sang versé) et sa perversion religieuse (ils installaient chez eux des cultes d’idoles). En conséquence, Dieu a nettoyé la Terre sainte en la débarrassant des pécheurs, en les dispersant dans les nations païennes.

  2. Mais Dieu ne peut pas laisser durer la situation. La présence des Israélites chez les païens signifie la victoire de ces derniers et la défaite de Dieu. C’est l’honneur de Dieu qui est en jeu, sa sainteté : « Je montrerai *la sainteté de mon grand nom, qui a été profané dans les nations. » En rassemblant de nouveau son Peuple sur sa terre, Dieu montrera qu’il est bien le plus grand.

  3. Mais Dieu doit aussi rendre son peuple digne de lui. Pour cela, il va le purifier, avec une eau pure, mais de l’intérieur. Il va mettre en l’homme « un cœur nouveau », une nouvelle intelligence, « un esprit nouveau », un nouveau souffle, et ce souffle sera l’Esprit de Dieu lui-même. Alors, l’homme sera comme un complice aimant du vouloir de Dieu, de ses commandements. Tel est le mystère de notre baptême qui, du péché, nous conduit vers la Terre promise de la Pâque de Jésus, pour l’honneur de Dieu.

* La sainteté de mon grand nom. Littéralement : « Je sanctifierai mon grand nom ». C’est ce que redit le Notre Père : « Que ton Nom soit sanctifié ». C’est-à-dire, fais-toi reconnaître, manifeste-toi comme le Dieu Saint qui accomplit ce qu’il dit. Dans la prière des baptisés, c’est avant tout l’honneur du Père qui nous tient à cœur.

 

 

Romains 6, 3b-11 (Le baptême nous donne la vie nouvelle du Christ mort et ressuscité)

En Romains 5, Paul disait que le Christ nous a introduits dans l’amour gratuit de Dieu. Alors comment nous situer vis-à-vis du péché ? Pour répondre à cette question, on partira de la fin du texte : « Pensez que vous êtes morts au péché. »

  C’est l’occasion pour l’Apôtre se redéfinir le baptême : l’eau ne donne pas le pardon ; elle y conduit, en nous plongeant dans la mort du Christ. De quelque manière, « notre mort ressemble à la sienne » : il est mort à cause du péché des hommes qui l’ont condamné. Nous, nous avons à faire mourir en nous « l’homme ancien », « notre être de péché ». De fait, dans le *baptême qui nous unit à la mort du Christ, nous tuons cet être ancien dominé par la puissance du mal.

  Ainsi « affranchis », rendus libres, nous nous tournons vers l’avenir : nous ressusciterons, nous vivrons avec lui. « Le Christ ne meurt plus » et il ne veut pas non plus que meure notre être nouveau, né au baptême et orienté vers Dieu. Pour Paul, le baptême est un point de départ, une libération pour que nous accédions à l’essentiel : nous laisser guider par l’Esprit Saint qui met dans nos cœurs l’amour de Dieu (cf. Romains 8) et qui nous libère de ces tendances égoïstes que Paul appelle « la chair ».

* Baptême et tombeau. « Vous avez été conduits par la main [par les parrains ?] à la piscine du baptême, comme le Christ est allé de la croix au tombeau qui est là devant vous [= au lieu du Saint Sépulcre].(..) Nous n’avons pas été véritablement morts ni véritablement ensevelis (…) Le Christ a été réellement crucifié, réellement enseveli, et il a ressuscité véritablement. Et tout ceci nous est accordé par grâce. Unis par la représentation de ses souffrances, c’est en toute vérité que nous gagnons le salut » (Catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés, vers l’an 350).

Psaume 117 ( » La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle « )

Ce psaume est un Te Deum, selon le titre proposé par la Bible de Jérusalem. La mise en scène est la suivante : le roi vient de remporter une difficile victoire (« on m’a poussé, bousculé pour m’abattre, mais le Seigneur m’a défendu », verset 13). Le voici à présent aux portes du Temple où il vient pour rendre grâce. Dans son ensemble, Le psaume a une forme dialoguée entre le discours du vainqueur, la réaction des assistants et les monitions des prêtres. Ainsi, au début, le souverain invite le peuple à s’unir à son triomphe qu’il doit à Dieu : « Que le dise Israël ; Éternel est son amour ! »

  Les versets retenus ici n’ont pas de rapport direct avec l’épître qui précède. Simplement, c’est un programme de louange du temps pascal, le partage de notre joie avec le Ressuscité qui, selon la lecture chrétienne, s’exprime en ces termes : « Non, je ne mourrai pas, je vivrai, pour annoncer les actions du Seigneur. » Oui ! Le Seigneur Dieu a ressuscité son Fils, notre roi. « La pierre », Jésus, que les autorités juives et romaines (les bâtisseurs) avaient mis au remblai, est devenue « la pierre d’angle », la clé de voûte de la foi chrétienne.

  Ce poème est champion ! Il n’est cité pas moins de seize fois dans le Nouveau Testament, toujours en lien explicite ou implicite avec la résurrection du Seigneur. Dans la liturgie des heures, ce psaume, soit à laudes, soit au milieu du jour, revient chaque dimanche, le jour qui célèbre la résurrection du Seigneur : « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie » (verset 24).

Luc 24, 1-12 (« Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? « )

La Résurrection, mystère de foi

Certains voient dans la découverte du tombeau vide une scène de « preuve » : l’absence du corps prouverait la résurrection de Jésus. Après tout, cependant, d’autres explications de cette disparition sont possibles, comme celle de l’enlèvement du corps (cf. Matthieu 28, 11-15). En fait, le sommet de la scène se trouve dans le message des anges. Portant un « vêtement éblouissant », ils sont forcément des anges ! voir Luc 24, 23. Ce message s’adresse à nous et proclame ceci : seul le Ciel peut nous révéler comme un mystère la résurrection du Christ et son sens, et c’est à notre foi seulement, non à des preuves matérielles, que s’adresse cette révélation de Dieu.

Une révélation

Alors que les disciples masculins ont disparu de la scène, les femmes viennent honorer un défunt aimé. Elles l’ont suivi et servi en Galilée (cf. Luc 8, 3), elles étaient présentes au Calvaire et elles ont suveillé l’ensevelissement. C’est par elles que les disciples vont retrouver le chemin de la foi (Luc 24, 12.22-24). Entrées dans le tombeau, elles ne trouvent pas le corps « du Seigneur Jésus ». Ici la foi desaint Luc anticipe sur le cours du récit : qu’elles cherchent le corps de Jésus, soit ! Mais celui du Seigneur, non !

  La première parole des anges joint une révélation à un reproche : Il est le Vivant et ne peut se trouver chez les morts. Elles devraient le comprendre : « Rappelez-vous… » La suite du message reprend ce que diront les premières Églises confessant le Christ ressuscité ; réciproquement, cette mise en scène affirme que la foi pascale des Églises vient d’une révélation divine.

La foi pascale est mémoire

Selon la perspective de Luc, ces femmes auraient dû, au contact de Jésus et de son Évangile, se préparer à une telle révélation. Mais, en fin de compte, les anges réussissent leur mission : « Alors, elles se rappelèrent ses paroles. » Toujours dans l’optique de Luc, et à la différence de Marc et Matthieu, on ne trouve pas ici l’annonce d’apparitions du Christ en Galilée : c’est à Jérusalem qu’a commencé la Bonne Nouvelle du salut, avec l’annonce à Zacharie ; de même, c’est à Jérusalem, la ville du salut, que doit naître l’Église pascale et missionnaire.

Épilogue

D’abord les femmes rapportent leur expérience : on ne les croit pas. Il faudra que le Seigneur lui-même, dans cette journée pascale, réveille la foi de ses disciples. Pierre cependant veut bien constater, sans conclure, les signes rapportés. Sa découverte du linceul est mieux exploité par Jean 20, 6-7 qui semble dire symboliquement que le Seigneur n’a plus besoin de cette parure mortuaire.

  Au seuil du temps pascal, les anges nous renvoient à notre mémoire croyante, à la nécessité de retrouver sans cesse dans les paroles et les gestes de Jésus les bases de notre foi en sa résurrection.

 




La Résurrection du Seigneur par le Diacre Jacques FOURNIER

« Il est ressuscité ! » (Lc 24,1-12)

Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés.
Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau.
Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.
Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant.
Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?
Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée :
“Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.” »
Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.
Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres.
C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres.
Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas.
Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

           

la résurrection1Le corps de Jésus avait été déposé dans un tombeau neuf, en toute hâte, avant le début du sabbat. Dès qu’il se termine, aux premières lueurs de l’aube, les femmes viennent avec les aromates, pour accomplir à son égard un dernier geste d’amour.

            Mais surprise : « la pierre » est « roulée sur le côté du tombeau » et le corps de Jésus n’est plus là… Deuxième surprise : elles pensaient être seules et voici que « deux hommes se présentent à elles », mais leur « vêtement éblouissant » rappelle « la blancheur fulgurante » (Lc 9,29) de celui de Jésus transfiguré… Ces êtres habillés de Lumière sont des messagers de ce Dieu qui est Lumière (1Jn 1,5). « Je suis la Lumière du monde », disait Jésus. Et au tout début de son Evangile, St Jean l’avait présenté en écrivant : « En lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes, et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 8,12 ; 1,4-5).

            C’est exactement ce qu’il vient de se passer… Le Père vient « d’établir » Jésus « Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts » (Rm 1,4). « Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus que vous, vous aviez fait mourir en le suspendant au gibet » (Ac 5,31), diront les Apôtres. Et il l’a fait en déployant en son Fils la Puissance de « l’Esprit de sainteté », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), cet « Esprit » qui est tout à la fois « Lumière » et « Vie »… L’affirmation de Jésus sur son Mystère de Fils s’est pleinement vérifié jusqu’en son corps déposé au tombeau : « Comme le Père a la Vie en Lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la Vie en Lui-même ». « Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Et tout ceci se réalise par « l’Esprit qui vivifie ». Alors, diront les Anges aux femmes, « pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ? »

Initiative de Dieu, surprise de Dieu, Don gratuit de Dieu mis en œuvre au cœur des conséquences les plus dramatiques de ce mal qui nous habite tous… Voilà ce que Dieu veut aussi réaliser dans la vie de chacun d’entre nous : une surprise de Vie, de Gratuité, de Plénitude, toujours prête à jaillir au cœur de nos êtres blessés. « Moi, Lumière, je suis venu dans la monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres, mais ait la Lumière de la Vie » (Jn 12,46 ; 8,12). Accepterons-nous de nous laisser ainsi aimer, pour la plus grande joie de Dieu ?                         DJF

           




Messe Chrismale par P. Claude Tassin (Mercredi 23 Mars)

Isaïe 61, 1-3a.6a.8b-9 (La mission du Messie pour le salut des hommes)

L’auteur de la troisième partie du Livre d’Isaïe présente sa mission, puis il s’adresse à ceux qu’il vient secourir.

La mission du prophète prêtre

Le Deuxième Isaïe (42, 1.7) évoquait le Serviteur dont Dieu dit : « J’ai fait reposer sur lui mon Esprit (… Tu feras sortir les captifs de leur prison. » Dans le recueil du Troisième Isaie (56 – 66) le nouveau prophète, qui est sans doute aussi un prêtre, prend la relève, mais la situation a changé : la Bonne Nouvelle concerne « les humbles » au sens social, c’est-à-dire les pauvres. Car le pays est dans la misère, les cœurs sont brisés, les endettés jetés en prison. Le héraut proclame donc « une année de bienfaits », c’est-à-dire une *année jubilaire, dont le grand prêtre fixait la date et qu’il faisait ouvrir au son de la trompe rituelle, le shophar, en la fête du Kippour, jour des Expiations

Consacré lui aussi par l’Esprit des prophètes et des prêtres, Jésus s’appliquera ce poème, par son homélie, dans la synagogue de Nazareth (cf. évangile).

L’huile de joie

Ceux qui pleuraient vont alors connaître un revirement spectaculaire symbolisé par le diadème, les habits de fête et « l’huile de joie » l’huile d’olive parfumée qui s’imposait dans tous les repas de fête. Surtout, ils retrouveront leur dignité. Dieu les appellera « prêtres du Seigneur », selon la promesse faite lors de l’alliance du Sinaï : « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte » (Exode 19, 6).

En cette messe chrismale, nous nous rappelons que nous avons reçu cette consécration, cette onction, par notre baptême.

* L’année jubilaire, tous les cinquante ans, exigeait juridiquement le retour de chacun dans son patrimoine, l’extinction des dettes et la libération des esclaves (cf. Lévitique 25, 8-17). C’est l’année de « l’affranchissement » qui commençait avec la fête de Kippur ou « des Expiations » dans laquelle le grand prêtre oint obtenait pour le peuple le pardon de Dieu.

 

Psaume 88 (« Je l’ai sacré avec mon huile sainte »)

Le long psaume 88 chante la fidélité de Dieu envers la dynastie de David, malgré les aléas de l’histoire. Trois leaders, trois messies possibles, au long de l’Ancien Testament, étaient consacrés à Dieu par une onction : le roi, le prêtre et le prophète. Ce dernier n’était sans doute pas oint matériellement, mais il l’était « spirituellement », puisqu’il était l’homme de l’Esprit, l’onction conférant l’Esprit à ceux qui la recevaient.

À tout baptisé, l’onction qui achève le rituel du sacrement, confère la triple dignité de prêtre de prophète et de roi, une dignité offerte à tous les croyants, bien supérieure à la légion d’honneur. Et on ne le sait plus ! On notera surtout la formule de la dernière strophe du psaume retenue par notre liturgie : Il me dira : Tu es mon Père. C’est la première moitié d’un contrat d’alliance, supposant la réponse divine : Tu es mon Fils (comparer Psaume 2, 7). Car, au jour où le roi d’Israël était sacré, il devenait le fils adoptif de son Dieu. C’est ce qui nous arrive dans le sacrement du baptême. Et on ne s’en souvient plus.

 

Apocalypse 1, 5-8 («Il a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père»)

Dans la petite liturgie qui ouvre le livre de l’Apocalypse, on peut distinguer trois parties où reviennent tour à tour le lecteur et l’assemblée. C’est une préface à la grandiose vision du Fils de l’homme (1, 9-20).

La bénédiction initiale est donnée « de la part de » Jésus. Il est « le témoin fidèle », la preuve vivante, par sa résurrection, de la véracité de la promesse faite à David, à savoir que son descendant deviendrait « le prince des rois de la terre » (Psaume 89, 28).

L’acclamation de l’assemblée qui suit, conclue par un « amen », salue le Christ comme « lui qui nous aime » et nous l’a montré « par son sang ». Voici évoqués ainsi le sang de l’agneau pascal qui sauva les Hébreux (Exode 12, 23) et l’alliance du Sinaï où Dieu fit d’Israël un « royaume de prêtres » (Exode 19, 6 ; cf Apocalypse 5, 10 ; 20, 6).

Mais, reprend le lecteur, Jésus est aussi, à la fois, le Ressuscité et le Crucifié, le Fils de l’homme glorieux (Daniel 7, 13) qui vient « avec les nuées », et le pasteur transpercé par les siens (Zacharie 12, 10-14 ; cf. Jn 19, 37). Les païens le verront et se convertiront (« se lamenteront »). La conclusion est plus solennelle encore : « Oui ! *Amen ! »

Tout cela, dit l’oracle final à la première personne, est l’œuvre de Dieu, Alpha et Oméga (première et dernière lettre de l’alphabet grec), principe et aboutissement de toute chose. Il domine toute l’histoire, comme « celui qui est, qui était et qui vient ». Par cette expression, le judaïsme du 1er siècle développait la révélation d’Exode 3, 14 : « Je suis qui je suis. »

C’est dans ce grand projet du « souverain » de l’univers (en grec, Pantokrator, maître de tout, qui était aussi un titre de l’Empereur romain) que nous sommes « les prêtres pour Dieu », chargés par notre baptême d’assurer la vraie louange en ce monde, chargés par le sacrement de l’ordre d’annoncer aux hommes et aux femmes « le premier-né d’entre les morts ».

* Amen. Ce mot hébreu, passé dans toutes les liturgies chrétiennes, signifie : c’est vrai, c’est du solide, c’est ce que l’on doit souhaiter voir se produire (« ainsi soit-t-il »). C’est le nom même de Dieu, le « Dieu de l’Amen » (Isaïe 65, 16). C’est le nom du Christ : « Ainsi parle l’Amen, le Témoin fidèle et vrai… » (Apocalypse 3, 14). Notre « amen » liturgique nous consacre dans ce mystère de la solidité divine.

Luc 4, 16-21 (‘L’Esprit du Seigneur est sur moi ;  il m’a consacré par l’onction)

C’est après son baptême que Jésus se rend à Nazareth pour sa première prise de parole en public. Au centre de cette scène se trouve une citation du livre d’Isaïe qui éclaire aussi notre vocation chrétienne.

Jésus vint à Nazareth

Jésus enseigne en milieu ouvert, dans les synagogues (cf. Luc 4, 15), lieu habituel de rassemblement des communautés juives locales. Mais il vient cette fois dans sa propre patrie, c’est effectivement, selon Luc, sa première prise de parole en public, et ce discours éclaire non seulement tout l’évangile, mais encore les Actes des Apôtres écrits par le même évangéliste. C’est dans une scène synagogale analogue que Paul, citant aussi le livre d’Isaïe (49, 6) orientera sa mission vers les païens (Actes 13, 44-47).

La prophétie d’Isaïe

Le service du sabbat s’ouvrait par des prières, puis on lisait un chapitre de la Loi de Moïse, suivi d’un bref passage tiré des prophètes et de l’homélie. On confiait volontiers celle-ci à un visiteur important, tel Jésus (ou plus tard Paul, cf. Ac 13, 15). Ici, délaissant l’ensemble des rites, Luc se concentre sur le passage d’Isaïe choisi par Jésus (cf. 1ère lecture).

« L’Esprit du Seigneur est sur moi », dit le texte. Luc a insisté sur le lien entre Jésus et l’Esprit (Luc 3, 22 ; 4, 1.14). Le lecteur devine donc d’emblée que cette prophétie concerne Jésus. Ou, en d’autres termes, la prophétie éclaire le sens du baptême de Jésus, une scène de vocation. L’Esprit que Jésus a reçu l’a « oint », consacré pour une mission de prophète auprès des pauvres, des infirmes, des opprimés. C’est à eux d’abord qu’est destinée la Bonne Nouvelle, l’Évangile. Luc élimine du texte d’Isaïe la mention du « jour de revanche de notre Dieu ». Il ajoute au contraire : « apporter aux opprimés la libération ». Cette phrase d’Isaïe 58, 6 était lue à la synagogue à la fête du Grand Pardon (Kippur), celle qui ouvrait les années jubilaires (cf. 1ère lecture). C’est le grand prêtre qui ouvrait officiellement l’année sainte, et peut-être l’évangéliste veut-il suggérer que Jésus remplit cette fonction sacerdotale (cf. 1ère et 2e lecture).

Tout cela qui dessine la mission de Jésus, Pierre le résumera ainsi : « Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de force… Il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable » (Actes 10, 38). D’ailleurs, dans l’Ascension selon Luc 24, 50-52, le Ressuscité prend la posture du grand prêtre bénissant son peuple au jour du Kippur (cf Siracide 50, 20-21).

«Aujourd’hui»

Jésus ne dit pas : C’est de moi que parle le prophète, mais plus discrètement : «Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit.» Jésus appelle ses auditeurs à une démarche de foi : il leur revient d’écouter Jésus, de voir ses actes, et de découvrir eux-mêmes, au long des pages de l’évangile de Luc, que la prophétie s’accomplit en lui. La suite de l’épisode dira que cet accomplissement d’une vocation universelle engendre une crise grave entre Jésus et Israël.

Par notre baptême, nous participons à cette mission du Christ, à sa dignité. C’est ce que signifie *l’onction du saint chrême, comme le rappelle la bénédiction de la messe chrismale : «Tes enfants, après être renés dans l’eau du baptême, sont fortifiés par l’onction de l’Esprit, et, rendus semblables au Christ, ils participent à sa fonction prophétique, sacerdotale et royale.»

*L’onction. Les mots Christ, chrême, chrismal viennent de la même racine grecque qui signifie « oindre ». Le Messie est « l’Oint » (mot inélégant en français), et nous le sommes aussi par « l’onction » baptismale. Dans l’Ancien Testament, trois personnages sont bénéficiaires d’une onction : le Roi, le Prêtre, et le Prophète. Peut-être ce dernier ne recevait-il pas une onction matérielle (malgré 1 Rois 19, 16). Mais, puisque l’onction confère l’Esprit de Dieu et que le prophète est l’homme de l’Esprit, il est réellement un Oint. Quand le Nouveau Testament présente Jésus comme Oint (Messie), il insiste tantôt sur sa royauté, tantôt sur sa mission prophétique et, plus rarement, sur sa fonction sacerdotale (Lettre aux Hébreux).

 




Audience Générale du Mercredi 16 Mars 2016

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 16 Mars 2016


 

Frères et sœurs, la miséricorde de Dieu est capable d’ouvrir le cœur des affligés à l’espérance. Devant des situations de souffrance et de détresse que nous traversons nous-mêmes ou que connaissent beaucoup de nos frères, il peut arriver de nous sentir abandonnés de Dieu. Comment-peut-il permettre cela ? Cependant le prophète Jérémie annonçait au peuple en exil que Dieu n’est pas absent de cette épreuve, il apporte le salut à qui se confie à lui. Le Seigneur est fidèle, il n’abandonne personne dans la détresse, et puisqu’il aime d’un amour sans fin, il remplira de joie et de consolation le cœur de l’homme. La vie triomphera de la mort. Jésus-Christ porte à son accomplissement ce message d’espérance du prophète. Le Seigneur veut accomplir cette promesse de retour d’exil en chacun de nous, par son pardon qui nous convertit et nous réconcilie avec lui.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes des lycées et des collèges. Alors que nous continuons notre chemin vers Pâques, j’invite chacun à s’approcher du Seigneur, en particulier en recevant le Sacrement de la réconciliation, afin d’expérimenter sa miséricorde et de connaître la paix et la joie.

Que Dieu vous bénisse.

     

 

 

 



 

 




 » Je sais bien que l’Église n’est pas parfaite : j’en suis !  » (Mgr Pierre Calimé – 1933 / 2015)

Pierre a écrit :

« Je demande avec force que l’on s’abstienne de toute carte d’identité lors de mes funérailles présentant mes activités et ma « carrière » : je craindrai la froideur autant que les démonstrations.

A la rigueur, ceci et seulement ceci :

Pierre Calimé 2« J’ai infligé à mes parents, qui avaient trois enfants, de ne pouvoir devenir grand- père et grand-mère. J’ai voulu servir l’Église. Elle l’a bien voulu. J’en ai été réjoui. Comme tout le monde, j’en ai souffert de la vouloir parfaite. Et j’ai tenté de vivre de ce mot du Cardinal Etchegaray : ″Je sais bien que l’Église n’est pas parfaite : j’en suis ! ″

Je demande pardon à ceux que mon excessive vivacité de parole, jamais maîtrisée, a pu blesser et remercie celles et ceux qui m’ont fait confiance, avec ou sans réserve. Que le Seigneur vous garde en paix comme, j’ose l’espérer de sa Miséricorde, il voudra me garder dans son éternité. »

 

Homélie de Mgr Benoît Rivière, Evêque d’Autun

 

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Frères et sœurs !

Avec la vigueur intérieure qui le caractérisait, avec aussi cette secrète et indicible tendresse envers les autres, Pierre Calimé a demandé que l’homélie de ses obsèques soit brève, et qu’elle s’attache à une seule chose : dire la fidélité de Dieu plus forte que nos trahisons.

La fidélité de Dieu, plus forte que tout ! Pierre Calimé l’aura éprouvée et annoncée, durant toute sa vie de prêtre. À l’heure de remettre à Dieu notre dernier souffle, comme à l’heure de la naissance où nous poussons notre premier cri, notre appui n’est pas en nous-même. Quelle chance ! Oui ! Quelle chance d’asseoir nos pas avec certitude sur le roc qui est le Christ. En lui le Christ, nous pouvons dire notre oui, et le dire partout et toujours. En lui nous pouvons annoncer la fidélité de Dieu, de génération en génération.

En lui nous pouvons chanter son Amour. C’est un amour édifié pour toujours : sa fidélité est plus stable que le cosmos lui-même.

Qu’est-ce qui tient vraiment bon dans le monde qui n’en peut plus des abandons de toutes sortes ?

Qu’est-ce qui a valeur d’éternité dans une vie d’homme ?

Qu’est-ce qui maintient la joie dans une existence donnée à l’Église ?

Qu’est-ce qui permet de repartir à nouveau, chaque matin, en allant de commencement en recommencement, toujours en chemin ?

L’Apôtre Paul – ô combien témoin de la fidélité de Dieu – chante ce qui tient bon, au début de sa lettre aux Éphésiens, que nous venons d’entendre : « Béni soit Dieu, le père de notre Seigneur Jésus Christ. Il nous a choisis en Lui dès avant la création du monde pour que nous soyons saints et immaculés en sa Présence dans l’amour. »

Ce qui tient bon, c’est l’amour qui nous a fait naître, caché avec le Christ en Dieu.

Pierre Calimé, vous le savez, s’est endormi dans le Seigneur le jour même de la fête de la Nativité du Sauveur. Les premiers mots publics du Sauveur, sur les collines de Galilée, seront l’expression d’un débordement du cœur qui n’est que joie : bienheureux les pauvres, les doux, les affamés et assoiffés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les faiseurs de paix, les persécutés pour la justice, les insultés à cause du Christ !

Comment faisons-nous l’expérience de la fidélité de Dieu, dans les jours de notre vie mortelle et jusqu’à l’heure de notre mort ?

La fidélité de Dieu resplendit sur le visage du Christ et de son Église à travers le monde. Elle brille, cette fidélité, en ceux qui, déjà sur cette terre, sont transformés par la joie pure des Béatitudes.

L’épreuve de la maladie et le nécessaire dépouillement qu’elle impose, ne font-ils pas participer déjà en espérance, c’est-à-dire en réalité, au Royaume ouvert aux pauvres ?

Le détachement de soi-même pour accueillir avec simplicité et bienveillance la parole du frère, n’est-il pas déjà réelle participation au don de la terre promise aux doux ?

Ne pas tenir le compte des offenses, croire en la Miséricorde inépuisable de Dieu, plus grande que notre cœur et plus fidèle que nos trahisons petites ou grandes, n’est-ce pas voir dissoudre en vrai la dureté de cœur, et voir jaillir la joie divine qui balaie toute tristesse sur son passage ? N’est-ce pas voir le visage de Miséricorde sur tant de visages humains ?

La progressive simplification de nous-même, la clarté du regard, ne donnent-elles pas déjà – dans le clair-obscur de la foi certes, mais ô combien réellement- de participer à la béatitude de ceux qui voient la face du Père du ciel et de la terre ?

Et pour ce qui est de la béatitude des affligés, il s’agit de bien autre chose que de la simple et superficielle émotion devant la peine des autres, ou la nôtre personnelle ; il s’agit de ce que Dieu seul peut consoler, à l’endroit même du déchirement de la mort, à l’endroit des injustices graves et parfois irréparables, à l’endroit encore des doutes les plus profonds.

Chez ceux et celles, innombrables, qui dans une patience de fourmi, tissent les liens du pardon et de la paix, brillent la joie durable des enfants de Dieu.

Chez ceux et celles que la croix du Christ entraîne plus avant dans la participation au mystère de rédemption, oui, déjà en chemin, nous voyons briller la belle fidélité du Seigneur !

Que l’exemple de la vie et du ministère presbytéral de Pierre Calimé notre frère, éclaire et encourage les jeunes et les moins jeunes, à ne pas perdre de vue l’amour indéfectible du Christ qui nous a appelés avec lui pour aimer et servir les autres comme lui. Amen !

Mgr Benoît Rivière




Dimanche des Rameaux- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

UNE DOUBLE LECTURE DE LA PASSION

Jésus rameauxFrères et sœurs, en ce dimanche des Rameaux, nous entendons le récit de la Passion selon saint Luc. Il y a deux manières d’écouter ce récit. Et ces deux manières correspondent à deux attitudes de l’homme moderne qui nous orientent vers deux voies totalement différentes.

La première attitude, la première écoute nous fait dire : « Je suis en train d’entendre tout ce que Dieu a fait pour moi, voilà ce que Dieu a payé pour moi, voilà ce que Dieu a souffert pour moi. Voilà tout ce que je lui dois ». Dans cette première attitude, on écoute la Passion – pardonnez-moi l’expression –, d’une façon économique, donnant-donnant. Lui-même, il a fait tout cela pour moi, donc, je luis dois « tant ». Et comme en général nous sommes assez lucides pour nous dire que nous ne pourrons jamais rembourser la dette, à ce moment-là, on a l’impression que ce récit de la Passion augmente en nous la mauvaise conscience : « Je devrais faire plus, je devrais être mieux, ma religion est une religion d’effort, il faut que je fasse davantage, davantage, davantage ! »

C’est une certaine manière de voir les choses. Il n’y a pas que du faux là-dedans, mais c’est vrai qu’à certains moments cette religion-là est devenue la religion de l’échange, de la compensation. Surtout, comme dans toutes les transactions économiques, elle est devenue la religion de la sélection. Il y a ceux qui arrivent à faire un petit quelque chose pour se présenter devant Dieu en disant : « Voilà, j’aurai quand même droit à un strapontin ». Cette religion-là, c’est la religion souvent de la mauvaise conscience : « Je suis un mauvais chrétien, je ne fais pas ce qu’il faut ».

On peut se demander si c’est la bonne manière de lire et d’entendre ce récit de la Passion. Est-ce que vraiment Dieu est un comptable ou pire encore, un banquier ? Est-ce que Dieu calcule les intérêts, calcule pour savoir si sa Passion, sa souffrance et sa mort ont été de bons rapports ou non ? Autrement dit, est-ce que Dieu rentre dans le calcul de nos manières humaines de voir ? La religion ne serait-elle que ce qui englobe et ce qui résume tous nos comportements, toutes nos attitudes surtout dans ce monde où aujourd’hui rien n’est gratuit, tout se calcule, tout se paie, tout se doit ?

croix_tripleIl y a une deuxième manière de lire la Passion, je crois qu’elle est plus vraie. Il y a une deuxième manière d’entendre le personnage de Jésus comme un homme qui a souffert pour nous, comme un homme qui a porté nos péchés, un homme qui a enduré pour nous toutes les souffrances, c’est indéniable. Mais le Christ n’a pas fait cela pour nous mettre dans une situation de dette. Il l’a fait gratuitement. Il faut une générosité folle pour venir dire aux hommes : « Je sais ce qu’est le fond de votre cœur. Je sais la violence et le péché qui habitent les hommes et cependant, je viens au milieu de vous pour vous dire que l’amour de Dieu est sans conditions, sans intérêts, sans préalables financiers, économiques ou d’échanges. Désormais, je ne veux plus être avec vous dans une relation de dettes, je veux vivre avec vous dans la relation de gratuité que je suis en train d’instaurer ».

A ce moment-là pour Dieu, le maximum de la gratuité consiste à dire : « Vous voyez, même dans ce domaine de la souffrance, dans ce vis-à-vis de la mort dans lequel chaque homme, et nous en sommes tous, demande toujours des comptes, pourquoi faut-il mourir ? Pourquoi y a-t-il tant de drames ? Pourquoi y a-t-il tant de mal ? Moi-même je l’assume, je le prends, et je le vis pour vous ». Ici, le mot « pour » a un tout autre sens que dans le premier cas. Dans le premier cas, le sens économique de « pour », c’est : « Je le fais pour toi mais je t’enverrai la facture ». Ici, le Christ dit : « Je le fais pour toi et il n’y aura pas de facture ! »

Saint Paul d’ailleurs avait pensé exactement la même chose en disant un jour à ces premiers chrétiens qui devaient penser un peu comme cela : « Devant tout ce que le Christ a fait, qu’est-ce que je lui dois ? » Et saint Paul avait dit : « Il a déchiré la cédule de notre dette ». C’est une traduction un peu malheureuse, cela qui veut dire qu’il a simplement déchiré la facture. Ce n’était pas une fausse facture, elle était vraie et le Christ l’a déchirée. Dieu ne veut plus vivre avec nous dans un rapport de dette.

amour du christ

Évidemment, cela suppose de notre part de changer complètement d’attitude. La foi chrétienne n’est pas une opération de bon rapport financier en misant sur les bonnes actions de l’au-delà au sens bancaire du terme. La foi chrétienne, c’est la réponse gratuite à cette gratuité de Dieu. Et quand nous entendons cet évangile de la Passion, ce qui devrait être notre premier sentiment, note première attitude, c’est cette gratuité et ce merci parce que Dieu a bien voulu jouer le jeu de tout ce qui pèse sur nous, de tout ce qui nous écrase, mais pour nous dire simplement que son seul souci c’est de nous rendre libres. La Passion de Jésus-Christ n’est pas une école d’asservissement par les dettes, elle est une école de libération par la gratuité de Dieu : « Puisque je t’ai aimé gratuitement, aime-moi sans me demander de comptes. Aime-moi sans calculer, je n’ai pas calculé pour toi. Je n’exige rien, si tu ne le fais pas, on verra plus tard, mais la seule chose que je te demande, c’est de ne plus calculer avec moi ».

rameaux2Frères et sœurs, c’est pour cela qu’aujourd’hui, pendant la fête des Rameaux, nous lisons la Passion. En réalité, la véritable attitude que nous devons avoir devant la Passion, c’est celle que nous avons en agitant gratuitement des rameaux. En acclamant le Christ par un geste absolument gratuit et un peu fou, pour le remercier parce qu’il est là, pour ce qu’il a fait pour nous. Il y a une complémentarité fondamentale entre le geste d’entrer en acclamant le Christ pour la gratuité de son salut, et d’autre part le récit de sa Passion lu en ce dimanche des Rameaux, récit de la gratuité de l’offre du salut par Dieu lui-même. Ceci a une énorme importance dans notre propre vie. Vous le savez, si nous hésitons entre les deux lectures, la lecture économique et la lecture de la gratuité, c’est parce que nous nous sentons pris petit à petit dans un monde où c’est l’échange réglé, mesuré et calculé qui a fini par envahir toute notre vie et tous nos réflexes.

Il ne nous reste plus qu’une petite banquise qui risque de fondre. C’est la banquise de la générosité et de la gratuité. Cette petite banquise-là, il ne faut pas la perdre. Il faut que nous en soyons les témoins. Nous avons dans ce monde actuel, qui à certains moments étouffe sous le poids de la contrainte, de la misère, et je dirais même, dans ce monde actuel qui à certains moments, donne une idée de la gratuité ou de la richesse qui bafoue les pauvres, nous avons à être les témoins d’une gratuité sans mépris, sans suffisance, une gratuité qui vient de Dieu, celle par laquelle il a dit : « Père, pardonne-leur ». Amen.




Dimanche des Rameaux et la Passion par P. Claude Tassin (Dimanche 20 mars 2016)

Isaïe 50, 4-7 (Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances)

Ce passage du livre d’Isaïe est le troisième des * quatre poèmes du Serviteur du Seigneur. Le prophète se confie ici dans le style des confessions de Jérémie (cf. Jérémie 11, 18-20).

Le Serviteur, disciple et prophète

En fidèle disciple, le Serviteur est à l’écoute du Seigneur qui lui donne chaque jour sa parole pour « réconforter celui qui n’en peut plus », à savoir les petites gens de l’Israël exilé à Babylone qui doit se préparer à un retour au pays, à un nouvel Exode libérateur. Mais ce message dérange certains Juifs installés, voire enrichis, à Babylone. Ils ne souhaitent pas le changement annoncé et couvrent d’insultes le messager de la libération. Le Serviteur ne se dérobe pas à la persécution : elle fait partie de sa mission et c’est le projet libérateur divin que l’on conteste à travers lui. Le Seigneur assistera sûrement celui qu’il a envoyé et qui, dans la ligne de ses prédécesseurs (cf. Ézékiel 3, 8-9), se contente de ceci : « j’ai rendu ma face dure comme pierre » pour supporter l’épreuve.

Jésus, héritier du Serviteur

Luc 9, 51 reprendra cette dernière expression (« il endurcit son visage ») pour traduire la décision de Jésus d’aller à Jérusalem en vue de sa mort et de son Ascension. Et si les évangélistes signalent les coups et les crachats dans les récits de la Passion (cf. Matthieu 26, 67 et 27, 30), c’est pour nous renvoyer à ce Serviteur en qui ils voient déjà Jésus, prophète persécuté et confiant jusqu’au bout en son Dieu. Notons cependant que, par respect pour le Seigneur, Luc évitera ces détails sordides dans son récit de la Passion.

* Les quatre poèmes du Serviteur. On appelle ainsi quatre poèmes qui, dans le livre d’Isaïe, dépeignent la figure énigmatique du Serviteur : le 1er chant (Isaïe 42, 1-7) présente sa vocation initiale de prophète. Le 2e (Is 49, 1-9) réaffirme sa vocation de « lumière des nations » (Isaïe 42, 6 et 49, 6), avec ses luttes intérieures pour assumer sa mission difficile. Le 3e (50, 4-11, dimanche des Rameaux) montre le personnage persécuté. Le 4e (52, 13 – 53, 12) évoque le martyre du Serviteur s’offrant en sacrifice pour les pécheurs. Il reste difficile de savoir à qui pensait l’auteur, qui envisage tantôt un personnage singulier, tantôt une communauté. Les interprétations sont aujourd’hui nombreuses. L’essentiel pour nous tient dans la fréquence avec laquelle les évangélistes recourent à ces quatre poèmes pour éclairer la destinée et la mission de Jésus, voire celles de saint Paul. Peut-être Jésus lui-même a-t-il abordé sa Passion dans l’esprit du quatrième poème que nous lisons le vendredi saint. Le 1er et le 2e chant se lisent respectivement le lundi et le mardi saints.

Psaume 21 (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »)

Évidemment, ce psaume est retenu par les évangélistes de la Passion en raison de détails qui concordaient avec le supplice de Jésus : pieds et mains percés, vêtements mis à l’encan. Vraisemblablement, les premières communautés chrétiennes priaient ce psaume lorsqu’elles. célébraient la Passion du Seigneur. Le quatrième Évangile fait fort ! Il a lu le parallélisme : « (A) Ils partagent entre eux mes habits / (A’) et tirent au sort mon vêtement ». Bien sûr, les habits et le vêtement sont la même chose dans le poème. Mais, pour montrer que la prophétie s’accomplit « à la lettre » dans la Passion du Seigneur, saint Jean ne craint pas de disloquer ces deux vers (A-A’) : partage des vêtements de Jésus (A), puis tirage au sort de la tunique (A’). Du point de vue des événements, pourquoi pas ? Mais c’est l’humour littéraire qui se profile ici.. Car la Passion de Jésus mérite la vertu de l’humour. Qui le nierait, quand notre évangéliste (vendredi saint) travestit la mort du Nazaréen comme une marche vers la Gloire ?

  Pour revenir au psaume. On ignore l’identité du psalmiste, sinon qu’il est lourdement persécuté ou se fait le porte-parole de malheureux en proie à une violente hostilité et raillés par des voisins sans compassion. Au premier abord, on a l’impression d’une prière de supplication : « ô ma force, viens vite à mon aide ! » En réalité, il s’agit d’un psaume d’action de grâce, selon la deuxième partie du poème dont la liturgie de ce dimanche cite la première strophe : « Tu m’as répondu ! » Les épreuves évoquées sont du passé, et voici le psalmiste sauvé, rendant grâce dans « l’assemblée » liturgique, au milieu de ses frères croyants. Peut-être la suite de ce deuxième volet (« vous sui le craignez, louez le Seigneur ») restitue-t-il l’oracle d’un prêtre ou d’un prophète lié au culte et tirant, pour les fidèles réunis, les leçons du salut dont le psalmiste a bénéficié.

  Selon Marc 15, 34, relayé par Matthieu 27, 36, le premier verset du psaume a été la dernière parole de Jésus sur la croix : « Éloï, Éloï, lema sabactani. Ce qui se traduit : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L’expression lancée en araméen donne à ce cri ultime un parfum d’authenticité. Dès lors, à travers les siècles suivants, les commentateurs vont se diviser en deux courants. Pour les uns, en prononçant le début du poème, le Crucifié songe à l’ensemble du psaume et proclame ainsi l’espérance de sa résurrection (« Tu m’as répondu ! »… « Et moi, je vis pour lui… ») Pour les autres, Jésus ressent atrocement sa mort comme un abandon de Dieu, mais, du fond de son drame et comme dernier acte de foi, il prie encore son Dieu et Père. C’est ce second sens que saint Luc a compris. C’est pourquoi, craignant de heurter la foi fragile de ses lecteurs grecs, il a remplacé cet aveu par la citation plus paisible d’un autre psaume : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23, 46 =, modifié : Psaume 30 [31], 6).

  Que voulait dire Jésus de Nazareth dans sa parole finale ? C’est son secret ! Nous en aurons la clé, quand nous le rejoindrons dans le monde des Ressuscités.

 

Philippiens 2, 6-11 (Abaissement et glorification de Jésus)

Paul a peut-être pris et retouché dans le livre de chants de l’Église d’Antioche, où il a séjourné avant ses premières missions, cet hymne qui célèbre le Christ abaissé et glorifié. Deux figures se profilent entre les lignes : celle d’Adam qui voulut se faire l’égal de Dieu à l’instigation du tentateur (« vous serez comme des dieux », Genèse 3, 3 ; cf. verset 22), et celle du Serviteur souffrant qui « s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort » (Isaïe 53, 12). Le texte ne s’arrête pas à l’idée que le Christ est mort « pour nous » ; il décrit quel homme fut Jésus devant Dieu, quel type d’homme il a plu à Dieu d’élever. Le tout se divise en deux parties.

L’abaissement

Jésus, le nouvel Adam ne revendiqua rien pour lui. Sa vie fut une opération vérité : il est allé jusqu’à la mort la plus humiliante par solidarité avec l’histoire d’une humanité tombée en esclavage, l’esclavage du péché. Littéralement, « il s’est vidé ». Se fondant sur le verbe grec sous-jacent, les théologiens parlent de la *« kénôse » du Christ. Il a compté que Dieu seul pouvait lui rendre justice. Peut-être est-ce Paul qui, au cantique primitif, a ajouté l’expression : « et la mort de la croix. »

L’élévation

« C’est pourquoi », se voyant compris par cet homme, Dieu l’a placé au sommet de l’univers. Désormais, quand nous disons « Jésus », nous devons dire aussi « Seigneur », c’est-à-dire le Nom même de Dieu dans l’Ancien Testament. Et nous disons « Seigneur » « pour la gloire du Père », pour que Dieu soit fier de nous voir reconnaître son œuvre dans le mystère de Pâques. Notons que la louange du Christ doit être universelle ; selon les conceptions antiques d’une création en trois étages, elle doit retentir aux cieux, sur la terre et dans l’abîme (les régions souterraines). À cette représentation du monde correspondent les formules du credo ; « il descendit du ciel », « il est descendu aux enfers » et « il est monté aux cieux ». Enfin, appliquée à Jésus, l’expression que « tout genous fléchisse » est audacieuse

 

Luc 22, 14 – 23, 56 (La Passion du Seigneur)

Luc n’écrit pas en journaliste. Il nous fait entrer dans son interprétation de la Passion, et son message, à nous adressé aussi, pourrait se résumer ainsi : Lis la Passion en disciple, attaché à ton Seigneur, essayant de le suivre, en priant, en confrontant tes épreuves quotidiennes aux siennes, en adoptant les dispositions dont les personnages du récit t’offrent le modèle. Car, sur son chemin vers la croix, Jésus change les cœurs. Si je ne puis suivre la Passion en disciple fidèle, du moins puis-je pleurer avec Pierre en disciple repentant ; avec les femmes de Jérusalem (épisode propre à Luc), je peux entendre un appel à ma propre conversion ; avec le « bon larron » (épisode propre à Luc), je peux confesser ma confiance en la pleine royauté du Crucifié et, comme lui, exercer mon pardon ; avec le centurion du Calvaire, je peux proclamer *le Juste, Fils pleinement innocent et sauvé par Dieu (voir Sagesse 2, 16-18). Je dois savoir surtout que la Passion de Jésus traîne avec elle, répétons-le, le parfum du pardon. D’où la conclusion propre à Luc, avant l’ensevelissement : « Tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine » (Luc 23, 48).

Le jardin des Oliviers

  Après le *Testament que constitue la Cène, la clé du message se trouve dans la manière dont Luc raconte l’épisode du mont des Oliviers. Il a d’abord dit : « Ses disciples le suivirent. » Puis une phrase encadre cette séquence : « Priez pour ne pas entrer en tentation », et l’évangéliste, à la différence des autres, se garde bien de mentionner la fuite des disciples : nous sommes justement les disciples appelés à suivre le Christ au sein de nos propres épreuves qui nous assimilent à sa Passion. Quant à Jésus, sa prière est une lutte mortelle, une agonie (cf. les « gouttes de sang », une image propre à Luc) en laquelle il s’ajuste au vouloir de Dieu. Il avance en confiance vers la mort. Son premier mot, dans ce drame, aura été « Père, si tu veux… », ses dernières paroles seront : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Telle est la confiance que nous devons avoir, nous aussi.

  Luc écrit lui-même en disciple vénérant son Maître : il n’ose pas dire carrément que le traître Judas embrassa Jésus; il réduit au minimum les scènes d’outrage contre Jésus, il ne dit nulle part que Jésus est « condamné » et il tait la tradition du « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il la remplace par un psaume de confiance : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »

Un arrière-fond : l’expérience de la mission chrétienne

Enfin, Luc écrit depuis une Église qui, comme la nôtre, vit parfois la Passion. Dans les Actes des Apôtres, les apôtres ont comparu devant le sanhédrin, ils ont été battus ; Étienne, lapidé à mort, reprend les dernières paroles de Jésus (voir Actes 7, 59). Et Luc, dans les Actes, décrit la vie de Paul arrêté comme une imitation du témoignage de Jésus. Plus encore, si Luc innocente Pilate qui et (lui seul) renvoie l’Accusé devant Hérode Antipas, c’est en songeant que Paul eut affaire aux autorités romaines, mais que celles-ci renvoyèrent toujours l’Apôtre libre en disant que l’Évangile dénoncé devant elles était un problème entre Juifs, et non une atteinte à l’ordre de l’Empire. Nous lirons en disciples la Passion du Seigneur à la mesure où nous sommes capables de lire les situations d’aujourd’hui qui identifient l’Église à l’épreuve de Jésus.

* « C’était un juste… » En Marc 14, 39, le centurion proclame : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » et chez Matthieu (27, 54) c’est tout le détachement des gardes qui professe la foi chrétienne. Plus sensible aux étapes de la mission chrétienne, Luc juge cette déclaration anachronique : « C’était un juste », dit simplement l’officier (Luc 23, 47). Mais Luc s’inspire là du livre de la Sagesse pour qui le fils de Dieu est le juste massacré que Dieu sauve de la mort comme son enfant (Sagesse 2, 18 ; 5, 4-5). C’est donc une prophétie de la résurrection de Jésus.

* Le Testament de la Cène. Le judaïsme ancien a publié des apocryphes appelés « testaments ». Il s’agit généralement d’un patriarche biblique rassemblant ses descendants avant de mourir. Pour eux, il fait le bilan de sa vie et leur livre son héritage spirituel pour se survivre en eux. Il prophétise les épreuves auxquelles ils succomberont parfois et les merveilles que Dieu fera pour eux au terme de l’histoire. Une lecture attentive de la Cène selon Luc montre que l’évangéliste a coulé l’épisode de la Cène dans ce genre « testament ».

 




Dimanche des rameaux par le Diacre Jacques FOURNIER

«La Passion, pour le Salut de tous « 

(Lc 22,14-71.23,1-56)…

Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. »
Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous.
Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »
Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme-là par qui il est livré ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Non, de rien. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouverson accomplissement. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant :
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre.
Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Mais Jésus dit : « Restez-en là ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. »
S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance.
On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux.
Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Non, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » Pierre répondit : « Non, je ne le suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et, dehors, pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes.
Lorsqu’il fit jour, se réunit le collège des anciens du peuple, grands prêtres et scribes, et on emmena Jésus devant leur conseil suprême.
Ils lui dirent : « Si tu es le Christ, dis-le nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « Vous dites vous-mêmes que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. »
L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate.
On se mit alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »
Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient avec force : « Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée ; après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. »
À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les grands prêtres et les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence.
Hérode, ainsi que ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux.
Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. »
[…]
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils vociféraient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcheraprès lui avoir fait donner une correction. »
Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur requête.
Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !”
Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.”
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »

Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,
car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »
Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder.
Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste,
qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

 Jésus rameaux

            La Passion est toute proche, Jésus le sait… « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir »… Et tout cela, il le supportera pour chacun d’entre nous, pour notre guérison profonde, pour que « nous cessions de faire le mal et apprenions à faire le bien » (Is 1,16). Le mal en effet tue en premier celui qui le commet… « Le péché m’a fait perdre mes forces, il me ronge les os ». « Oui, mes péchés me submergent, leur poids trop pesant m’écrase » (Ps 31(30),11 ; 38(37),5). « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal ». « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 2,9 ; 6,23).

            Que ses créatures meurent, même par la suite de leurs propres fautes ? Voilà ce que Dieu ne supporte pas… Aussi est-il venu en son Fils s’unir à l’humanité perdue, qui se déchire et se mutile elle-même par la méchanceté et la violence qui l’habite. Ses disciples les plus proches le trahiront, le renieront, l’abandonneront, le laissant seul face à ses accusateurs et à ses tortionnaires… Et Jésus portera, supportera des souffrances extrêmes jusqu’à mourir crucifié… En agissant ainsi, il a ouvert tout grand ses bras à tous les hommes qui souffrent, quelle que soit l’origine de leurs souffrances, même si parfois elle peut être la conséquence directe de leurs fautes… Et il a tout porté, tout supporté sans jamais basculer du côté de la haine des ennemis, avec sa soif de vengeance… Il n’a cessé d’aimer, de chercher envers et contre tout le bien de tous. Le bien du tortionnaire, qu’il trouvera par sa conversion et sa repentance, aidé en cela par la Lumière et la Force de l’Esprit… Le bien de l’innocent écrasé qu’il rejoint aujourd’hui encore par la Puissance de ce même Esprit, pour le soutenir, l’encourager, le réconforter et lui donner de pouvoir sortir victorieux de son épreuve… « Le Christ lui-même a souffert pour vous… Couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice. Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice : c’est par ses blessures que vous avez été guéris » (1P 2,2124), guéris par celui qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4-6), « les méchants comme les bons », « les justes comme les injustes » (Mt 5,45)… « Père, pardonne-leur »… « Que celui qui exerce la Miséricorde le fasse en rayonnant de joie » (Rm 12,8)… On pressent comment Jésus vécut ses derniers instants sur la Croix, et quelle fut l’admiration du Centurion romain qui se tenait en face de lui : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39) !

                                                                                                                                 DJF

           




Rencontre autour de l’Évangile – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

“ Moi, je suis au milieu de vous

comme celui qui sert.. » 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons (Luc 22, 14-23, 56)

La plupart des personnes auront sans doute entendu le récit de la passion selon saint Luc à la messe des rameaux. Mais une deuxième lecture plus attentive est nécessaire dans le groupe.Répartir les rôles. La lecture de la Passion, plus encore que pour d’autres passages, est porteur de grâces.

Situons le texte

Saint Luc écrit son évangile comme une montée de Jésus à Jérusalem. Nous sommes donc au sommet de la vie de Jésus. Satan, l’adversaire du projet de Dieu, que Jésus a vaincu au début de son ministère, va tenter de se mettre à nouveau en travers de sa route. Cependant la Passion selon saint Luc n’a pas le caractère tragique du récit de Matthieu. L’atmosphère, bien que grave, est marquée par une certaine sérénité de Jésus. Nous serons attentifs à toutes les gestes et attitudes qui manifestent la bonté, la miséricorde de Jésus tout au long du récit.

 

Repérons les étapes du récit

La trahison de Judas (Satan va se servir de l’un des Douze)

Le repas pascal et tout ce qui s’y passe, (surtout l’institution de l’eucharistie)

Au mont des Oliviers

prière de Jésus

arrestation de Jésus

Reniement de Pierre : le regard de Jésus sur son ami.

Le procès :

devant le Sanhédrin

devant Pilate

devant Hérode

Sur le chemin de calvaire : Simon de Cyrène, les femmes de Jérusalem

Jésus sur la croix : Prière de Jésus, prière du malfaiteur.

Mort et ensevelissement

 

Ensemble regardons Jésus

Notre partage consistera surtout à regarder Jésus  à chaque moment de sa Passion :

  • Jésus envoie Pierre et Jean préparer le repas pascal.

  • Notons ses sentiments quand il est à table avec les Douze ; et par rapport à Judas.

Comment se présente Jésus quand ses disciples se disputent pour savoir qui est le plus grand ?

  • Jésus confie un rôle particulier à Pierre, malgré sa chute : lequel ?

  • Regardons Jésus en prière au jardin des Oliviers : quelle est son attitude vis à vis de son Père ? Il vit un véritable combat intérieur : comment Luc le décrit ? Au moment de son arrestation, quelle est son attitude à l’égard de Judas ?Le calme de Jésus tandis qu’on l’arrête. Le regard de Jésus sur Pierre après son reniement.

  • Et le geste de Jésus sur le serviteur du grand prêtre ?

  • Qu’est-ce qui caractérise l’attitude de Jésus durant son procès ?

  1. devant le grand conseil du Sanhédrin il affirme calmement son identité.

  2. Devant Pilate, il accepte le titre de roi…mais sans plus.

  3. Devant Hérode, qui veut satisfaire sa curiosité, il ne dit rien.

  • Durant sa Passion, Jésus se montre tel qu’il a toujours été : il réconforte ses disciples, il console les femmes de Jérusalem, il pardonne à ses bourreaux ainsi qu’au malfaiteur sur la croix, il meurt confiant entre les mains du Père. A cela, l’officier païen reconnaît que cet homme était un juste.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

A la fin des tentations du désert, Satan s’était retiré “  jusqu’au moment fixé ”. Ce temps est venu et Satan en personne vient diriger la manœuvre en utilisant son arme préférée : l’argent. (Judas) Quelle réflexion cela nous inspire?

Dans la communauté de Jésus (l’Eglise) la responsabilité est avant tout un service. (“ Qui est le plus grand? ”) : En quoi cela nous interpelle ?

Une fois de plus Jésus prie à un moment important de sa vie. Dieu n’abandonne pas celui qui met sa confiance en lui au moment de l’épreuve (Agonie). “ Priez ” : Lorsque Satan teste la persévérance des croyants, la prière ardente donne seule la force de ne pas succomber au pouvoir du mal, de rester fidèle dans la crise éprouvante que l’on traverse. Et nous ?

Sa prière sur la croix : il remet sa vie entre les mains de son Père.

A la lecture de ce récit de la Passion quels appels trouvons-nous pour notre vie d’aujourd’hui ?

(pour l’animateur : Prière filiale dans l’épreuve, le service, le pardon des ennemis, fidélité, prise de conscience de notre faiblesse, notre rapport à l’argent…)

Jésus s’engage dans la mort d’une façon exemplaire en mettant en pratique ce qu’il a enseigné à ses disciples…“ comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ”. Nous le disons facilement dans le « Notre Père ” ! Mais dans la pratique ?

 

Ensemble prions

Seigneur Jésus, en agonie au jardin des Oliviers,

envahi par la tristesse et l’effroi, réconforté par un ange :

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, trahi par le baiser de Judas,

abandonné par tes apôtres, livré aux mains des pécheurs,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, accusé par de faux témoins,

condamné à mourir sur la croix, souffleté par les valets, couvert de crachats,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, renié par Pierre, ton apôtre,

livré à Pilate et à Hérode, mis au rang de Barrabas,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, portant ta croix au Calvaire,

consolé par les filles de Jérusalem, aidé par Simon de Cyrène,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous.

 

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