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5ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

IL NOUS FAUT RESTER AUX PIEDS DE JÉSUS POUR RECEVOIR SON PARDON

 

Pardon 1« Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette, le premier, une pierre. Eux, entendant cela, s’en allèrent un à un à commencer par les plus vieux ». Il leur avait dit simplement que, s’ils se sentaient la conscience tranquille, ils pourraient lui jeter la première pierre, il ne leur avait pas demandé de s’en aller. Mais c’est bien cela qui est étrange : ils sont partis. Simplement le fait d’entendre cette parole du Seigneur a fait que tous ces hommes, venus pour manifester la force de la Loi qui condamne l’homme à cause de son péché, sitôt que le Christ les remet eux-mêmes devant leur propre péché, sont curieusement pris d’un sentiment d’inutilité comme s’ils n’avaient plus rien à faire à cet endroit. Parce qu’ils n’ont pas trouvé la confirmation qu’ils espéraient pour exécuter la Loi de Moïse et condamner cette femme et porter sur elle le poids et la force de la Loi, ils pensent alors qu’ils n’ont plus qu’à s’en aller.

Nous-mêmes, nous trouvons que ce sont des mœurs bien cruelles que de vouloir lapider une femme pour adultère, et nous pensons qu’aujourd’hui, nous avons beaucoup évolué dans notre considération de la faute et du châtiment. Mais le plus grand péché qui était dans le cœur de ces hommes, n’était pas de vouloir condamner la femme au nom de la Loi, le plus grand péché c’était d’être partis loin d’elle parce qu’ils n’avaient pas pu la condamner. Car ils manifestaient au grand jour leur dureté de cœur. En lisant cet évangile de la femme adultère, il me prend de penser : « Ah ! Si vraiment nous étions de vrais pécheurs ». Comprenez-moi bien, je ne dis pas que nous devrions faire de plus grands péchés, de la surenchère dans le domaine du péché, comme si c’était uniquement par le jeu de cette surenchère que nous pouvions effectivement prendre conscience du pardon de Dieu. Mais en parlant de ‘vrais pécheurs’, je veux dire par là que la plupart du temps nous sommes de ‘faux pécheurs’, c’est-à-dire des gens qui passent leur temps à ne pas reconnaître la vérité de leur péché. Et c’est bien le drame latent dans cette affaire de la femme adultère : ces hommes ont vu le péché de la femme adultère et ils sont prêts à exécuter les sentences de la Loi. Mais quand le Christ les met devant leur propre péché, ils montrent qu’ils sont de ‘mauvais pécheurs’, ils ne supportent pas de voir leur péché mis à nu par le regard du Christ qui leur a lancé ce défi.

Amour, pardon, réconciliation

Toute la différence entre la femme adultère et les hommes qui l’accusent, n’est pas une affaire de moralité, c’est une différence de vérité : l’une se reconnaît vraiment pécheresse et les autres ne supportent pas de se reconnaître véritablement pécheurs. Et je pense à cette phrase d’un moine du désert qui disait : « Celui qui pleure son péché est plus grand que celui qui ressuscite un mort ». C’est vraiment ‘la vérité du Bon Dieu’. Pleurer son péché c’est le plus grand miracle qui puisse arriver dans notre existence, car à ce moment-là au moins en face de Dieu et sous son regard, nous avons reconnu la vérité de ce que nous sommes, alors que la plupart du temps, nous n’avons pas du tout envie de pleurer ! Simplement dans ce mouvement de dérobade qui a commencé au premier péché d’Adam dans le Paradis et qui n’a cessé de continuer à travers toute l’histoire du peuple élu et qui ne cesse de continuer aujourd’hui encore dans l’histoire de l’Église et notre propre histoire, nous ne supportons plus de voir notre péché en face.

Il y a peut-être pire encore, je me demande si dans le cœur des hommes, le plus grand péché ne serait pas le suivant : s’ils venaient tendre des pièges au Christ, c’est sans doute parce qu’ils avaient bien senti en Lui Quelqu’un qui les dépassait, et s’ils avaient pu condamner cette femme avec l’appui de Jésus, leur acte aurait acquis une légitimité plus grande. Ils auraient pu tuer non seulement au nom de Moïse, mais avec l’appui de ce Rabbi dont ils pressentaient l’extraordinaire autorité. Or lorsqu’ils posent la question pour tendre un piège à Jésus, pressentant que sa réponse pourrait avoir quelque chose de décisif, une peur presque instinctive les pousse à ne pas rester : à cause de leur lâcheté, ils ne parviendraient pas à regarder en face l’acte par lequel Jésus va pardonner cette femme. Le mystère d’iniquité qu’il y a dans le cœur de ces hommes qui s’en vont, est double : d’une part, ils refusent de voir leur propre péché, d’autre part, ils sont incapables de voir cette femme comme une femme radicalement sauvée, totalement et absolument pardonnée. Ils n’ont pas plus le courage de voir leur péché en face qu’ils n’ont le courage de voir le pardon de Dieu en face.

Si nous préparons notre cœur durant le Carême, c’est pour entrer dans le grand Pardon, c’est pour regarder en face cette réalité du pardon de Dieu. La Pâque, c’est d’abord la grande fête du pardon, l’univers est réconcilié, l’homme est saisi jusque dans le tréfonds de son cœur par l’infinie miséricorde de Dieu qui vient épouser totalement notre humanité brisée et blessée par le péché. À l’approche du triduum pascal, nous entrons dans ce mystère du pardon de Dieu. Lorsque le Christ brisera le pain et le donnera à ses disciples en disant : « Ceci est mon corps livré », puis passera la coupe en disant : « Ceci est mon sang versé pour vous, pour la rémission des péchés », nous verrons le pardon de Dieu en acte, pour le monde entier. Lorsque le Christ sera cloué sur la croix, nous verrons le moment où Il dit : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », c’est encore le pardon de Dieu qui sera sous nos yeux. Quand Il sera déposé au tombeau, nous serons appelés à contempler invisiblement le mystère de sa descente aux enfers, nous le verrons traquer la mort et le péché jusque dans leurs derniers retranchements.

miséricorde

Puisque nous sommes pécheurs, restons près du Christ, ayons le courage de la femme adultère, elle est restée auprès du Seul qui pouvait lui jeter la pierre parce que précisément elle a compris qu’Il était miséricorde. Peut-être cela nous permettra-t-il de deviner le sens mystérieux de ce geste par lequel le Christ écrivait sur le sable. Ce geste est tellement obscur et tellement mystérieux qu’on se sent démuni pour l’expliquer. Pourtant il y a peut-être une chose qui pourrait non pas l’expliquer, mais nous permettre d’en pressentir le sens. Que vous voulez-vous que le Christ écrive ? Où voulez-vous que le Christ écrive ? Je crois qu’Il ne peut écrire nulle part ailleurs que dans le livre de la vie. Au fond, ce que Jésus gravait sur le sable, ce jour-là, c’était le nom de ces hommes. Et Il avait envie de les écrire dans le livre de la vie, dans le livre de sa Pâque, dans le livre dont Il allait ouvrir les sceaux lorsqu’Il serait l’Agneau égorgé. Mais eux, à cause de leur refus, ne Lui permettaient pas d’écrire durablement dans le livre et ils ne Lui offraient que le sable de leur cœur fuyant. Et ce n’est donc pas le Christ qui a effacé ces noms qui étaient inscrits sur la terre, mais ces hommes eux-mêmes qui l’ont effacé à cause de leur refus de regarder en face le pardon de Dieu.

En entrant nous-mêmes dans cette Pâque, nous ne recevons pas le pardon de Dieu ‘au compte-goutte’, absolution par absolution, mais en recevant, chacun personnellement, le pardon de Dieu, c’est le pardon accordé à tout l’univers qui est accordé à chacun d’entre nous, c’est le début de cette grande réconciliation, c’est le renouvellement de cette fête de l’Expiation de Yom Kippour, du jour du grand pardon inauguré déjà lorsque Moïse, pour la seconde fois, monta sur la montagne et que Dieu Lui-même, en ce jour-là, prononça son nom : « Seigneur, Seigneur, Dieu de tendresse et de pardon qui fait miséricorde à toutes les générations ». C’est la fête du grand pardon. Et le voile se déchire en deux dans le Temple, car désormais, nous ne sommes plus séparés de l’amour de Dieu par un voile. Mais le Christ, laissant briser le voile de sa chair, fait resplendir sur nous l’abîme de son pardon. Nous sommes des pécheurs, mais soyons de vrais pécheurs comme la femme adultère, non pas des pécheurs qui ne veulent pas se reconnaître pécheurs comme tous ces hommes qui s’en allaient.

Ayons le courage de mettre toute notre liberté et notre volonté dans l’Unique qui peut nous pardonner, et restons comme cette femme aux pieds de Celui qui désormais inscrit nos noms dans le livre de la vie, par la puissance de son pardon. AMEN.




5ième Dimanche de Carême par P. Claude Tassin (Dimanche 13 mars 2016)

Isaïe 43, 16-21 (« Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple »)

Le 4e dimanche de carême montrait le peuple d’Israël entrant en Terre sainte. Mais notre histoire avec Dieu ne s’arrête pas là. Avec un bond de quelques siècles, le 5e dimanche nous fait entendre un oracle du « Second Isaïe », au temps de l’exil des Israélites à Babylone. Les prophètes s’expriment comme les ambassadeurs des rois : voici d’abord ce qu’on appelle la formule du Messager (« ainsi parle le Seigneur (le Roi)… ») suivie des qualités de l’envoyeur (« lui qui… ») et du message proprement dit (« Ne vous souvenez plus… »).

Du passé vers l’avenir

Selon le message du prophète, Dieu est d’abord celui « qui fit un chemin dans la mer (Rouge) » pour sauver les siens de l’esclavage, qui anéantit l’armée égyptienne comme mèche s’éteignant au contact de l’eau. Mais tout cela relève du *passé. Voici que Dieu fait « une chose nouvelle », traçant une route dans le désert transformé en paradis ruisselant d’eau, pour que le Peuple revienne sur sa Terre, escorté par les fauves pacifiés. Ce Peuple n’est pas un troupeau anonyme, mais « l’élu », le partenaire que Dieu a « façonné », créé, et qui « redira sa louange », comme autrefois sur la rive de la mer Rouge (cf. Exode 15, 1-21).

L’avenir est aventure

« Ne songez plus aux choses d’autrefois », écrit le prophète. Pierre Dac disait (je le cite de mémoire) : L’avenir, c’est ce qu’on a dans le dos, quand on se retourne sur son passé. Cette boutade rejoint une vieille mentalité sémitique : on voit le présent et le passé, mais l’avenir échappe au regard. Pourtant, il y a aussi un *mirage du passé. La foi ne nous tourne pas vers un passé révolu. Dieu reste à jamais créateur : il fait toujours pour nous du neuf, de l’inouï qui « germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » La foi tournée vers l’avenir s’appelle le risque de l’espérance.

* Le mirage du passé. « Qu’est-ce que nos ancêtres n’ont pas déjà souffert ? Ou bien, quand nous souffrons tels malheurs, savons-nous s’ils n’ont pas souffert les mêmes ? On rencontre pourtant des gens qui récriminent sur leur époque et pour qui celle de nos parents était le bon temps ! Si l’on pouvait les ramener à l’époque de leurs parents, est-ce qu’ils ne récrimineraient pas aussi ? Le passé, dont tu crois que c’était le bon temps, n’est bon que parce que ce n’est pas le tien » (saint Augustin).

 

Psaume 125 (Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie)

En lien avec la 1ère lecture, ce psaume chante le retour des exilés et, dans un élargissement du sens, il prophétise le rassemblement final du peuple de Dieu, le rassemblement à venir de tous les croyants. Les non-croyants, désignés ici comme « les nations », seront ébahis par ce dénouement triomphant. Les fidèles dispersés avaient semblé trimer dans les larmes quand ils essayaient de semer leurs actes de fidélité au Seigneur ; ils connaîtront, ils l’espèrent, la moisson récompensant leur foi.

  Les psaumes vivent leur vie ! Celui-ci n’échappe pas aux mutations. Certes, en son état actuel, il a le sens que l’on vient de résumer. Mais la subtilité de la langue hébraïque permet de remonter à une préhistoire du poème : Quand le Seigneur ramena les captifs.., peut se comprendre en ces termes : Quand le Seigneur fit produire le produit (de la terre)… De même, Ramène, Seigneur, nos captifs, peut se lire ainsi : Fais produire, Seigneur, notre produit. Bref, étonnante mutation ! En son sens originel, le poème rendait grâce au Seigneur pour des récoltes extraordinaires, qui ont fait l’admiration des peuples voisins, « les nations », et le poète espérait qu’à travers les duretés de la saison des semailles, viendraient encore et toujours de belles moissons.

  Les psaumes vivent leur vie ! Lecture de l’histoire des exils, lecture de l’expérience agricole… Comment ces deux lectures se conjuguent-elles aujourd’hui entre l’expérience des milieux urbains et celle des milieux ruraux ? Ici s’arrête mon mini-commentaire, avant qu’il ne devienne homélie, un exercice qui n’est pas de mon ressort.

 

Philippiens 3, 8-14 (« À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans sa mort »)

La 1ère lecture nous tournait vers le monde nouveau que Dieu prépare. À son tour, Paul s’adresse à ses amis philippiens que tente un retour en arrière, c’est-à-dire aux pratiques juives. Il donne en exemple sa propre *vocation d’apôtre. « Les valeurs anciennes (…) réévaluées à la lumière du Christ révèlent combien le regard de Paul sur la réalité, son interprétation du monde et de l’histoire sont devenus autres. Plus encore, c’est une nouvelle perception de soi-même, où l’Apôtre reçoit désormais son identité d’un Autre, situé en dehors de lui-même » Yara Matta, À cause du Christ).

Pour gagner…

Les « avantages » dont parle Paul étaient le capital de sa sainteté, de son zèle de pharisien fidèle à la Loi mosaïque. Il pensait que Dieu l’estimait juste en raison de ce capital de mérites. Mais il a découvert en Jésus le Messie et le seigneur de sa vie. Alors, il a rejeté comme sans valeur ses anciennes sécurités. Il n’a rien gagné au change, mais s’est mis en route pour mieux connaître ce Christ qui l’a « saisi » comme on empoigne un témoin dans une course de relais. Mais le Christ court encore devant lui et il lui faut le rattraper, comme le trophée de la compétition.

… ce qui n’est pas encore gagné

Par les épreuves et les succès de sa vie missionnaire, Paul fait l’expérience mêlée des « souffrances de la passion » du Christ et de « la puissance de sa résurrection », dans l’espérance de parvenir, lui aussi, à ressusciter d’entre les morts. C’est cette foi en l’avenir, et non ses mérites, qui le rend juste aux yeux de Dieu, parce que c’est le choix que Dieu attend de nous, le choix de notre route de carême. Car, avec Paul, nous disons, nous aussi : Je ne suis pas encore au bout, au but.

* La vocation de Paul. À la différence de la mise en scène de Luc (cf. Actes 9), Paul n’évoque dans ses épîtres aucun scénario de l’appel du Christ à sa mission d’apôtre, sur la route de Damas. Il n’en livre que le sens. Selon Galates 1, 15-16, sa vocation est une révélation : Dieu lui révèle que Jésus est le Fils ; il lui dévoile qu’il a été choisi dès le sein maternel, tel Jérémie et le Serviteur du Seigneur (voir Jérémie 1, 5 et Isaïe 42, 6 ; 49, 6), pour que l’Évangile atteigne les nations païennes. En Philippiens 3, Paul dit seulement qu’il a reconnu Jésus comme son Seigneur.

 

Jean 8, 1-11 (‘ »Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre « )

La discipline des Églises des premiers siècles n’avaient pas l’indulgence de Jésus à l’égard des pécheurs publics. Voilà sans doute pourquoi on tint plutôt caché l’épisode de la femme adultère, un « texte voyageur » que les anciens manuscrits copient à différents endroits des évangiles et qu’il faudrait peut-être placer après Luc 21, 38.

La situation

En tout cas, la scène appartient à l’étape finale de la vie de Jésus à Jérusalem et ressemble à la controverse sur l’impôt dû à César (cf. Luc 20, 20-26). Ici aussi scribes et pharisiens cherchent à piéger l’enseignement du Maître. Le récit est trop stylisé pour qu’on puisse comprendre exactement le cas mis en scène (voir Lévitique 20, 10 et Deutéronome 22, 22-24) : cette femme a-t-elle été légalement jugée ? Ou s’apprête-t-on plutôt à un simple lynchage ? Où sont le mari et l’amant impliqués dans l’affaire ? Rien de tout cela n’intéresse l’évangéliste, mais seulement deux éléments : 1) Le piège : Jésus ira-t-il contre la loi mosaïque de la lapidation, ou bien y souscrira-t-il, se mettant par là en tort face à l’autorité romaine qui se réserve, au moins en principe, la décision des peines capitales ? 2) l’attitude de Jésus face à l’être humain pécheur.

La mise en scène

Sage interprète de la Loi divine, Jésus se donne le temps du silence  : il «  *il écrivait sur la terre. ». Certains commentateurs songent à Jérémie 17, 13, là où Dieu dit : « Ceux qui s’écartent de moi sont inscrits sur la terre », et Jésus se ferait alors le juge de ceux qui accusent la femme adultère.

  « Celui d’entre vous qui est sans péché… » Le Maître renvoie les dénonciateurs à leur propre conscience et, par là, à une interprétation humaine et simple de la Loi. « Les plus âgés » se retirent d’abord, sans doute plus sages et plus lucides sur l’expérience de ce genre de péché, d’autant plus que l’Antiquité méditerranéenne attribue volontiers aux vieux la tendance à la luxure (voir déjà, comme typique, le récit célèbre de Daniel 13 sur Suzanne).

La solution

Scribes et pharisiens ont entouré cette femme de leur cercle accusateur. Jamais ils ne lui ont adressé la parole. Ils l’ont poussée en avant comme un cas juridique abstrait à examiner, semblable au problème de l’impôt dû à César. Mais voici brisé ce cercle mortel et voici Jésus s’adressant enfin à cette femme dont rien n’est dit au sujet de ses sentiments, sinon qu’elle invoque humblement Jésus comme « Seigneur », s’en remettant à sa décision. Jésus ne l’accuse pas et ne l’excuse pas. Simplement, il la renvoie, libre, à son propre avenir : « Va, et désormais ne pèche plus », comme il a ouvert un avenir aux scribes et aux pharisiens en les renvoyant à leur conscience et à leur conduite.

Carême

Telle est la miséricorde du Seigneur : elle donne le temps de la conversion, comme l’indiquait l’évangile du 3e dimanche C du carême, avec la parabole du figuier. Ajoutons que, sous la plume des prophètes, le Peuple de Dieu se trouve souvent décrit comme une femme adultère envers son Dieu, de par son idolâtrie, son immoralité et son injustice (par exemple Osée 1 – 3). Ainsi sommes-nous, de toute façon, cette femme adultère, à moins que nous soyons du côté des scribes et des pharisiens, prompts à condamner, mais peu enclins à la conversion.

* « Il écrivait sur la terre ». « Mis en demeure de prononcer une condamnation conforme à la Loi, Jésus se tait. Il s’abstrait dans un geste. Les diverses explications de ce geste proposées par les commentateurs négligent la teneur du texte, surprenante. La phrase “il écrivait sur le sol” aurait suffi pour dire l’action si celle-ci se limitait à évoquer le jugement de Dieu sur tout homme pécheur ou à créer un temps de silence. Mais le texte détaille les mouvements : par deux fois il décrit Jésus qui “se courbe” puis “se redresse”. Pourquoi cette insistance dans un récit si bref ? La mention du Mont des Oliviers dans l’exorde a déjà situé l’épisode dans l’imminence de la Passion. Par ces deux verbes contraires, le geste acquiert une signification christologique : il mime l’abaissement et le relèvement par lesquels Jésus va réconcilier avec Dieu l’humanité prisonnière de sa condition pécheresse » (X. Léon-Dufour, Lecture de l’Évangile selon Jean).

 




Rencontre autour de l’Évangile – 5ième Dimanche de Carême

Jésus lui dit : 

« Moi non plus, je ne te condamne pas.

Va, et désormais ne pèche plus. ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 8, 1-11)

Cette page d’évangile est bien connue. Mais en lisant lentement, en regardant les personnages, cette rencontre de Jésus avec la femme adultère est toujours bouleversante. Elle est Parole de Dieu pour nous.

Situons le texte

Jésus est à Jérusalem. Il a participé à la fête des tentes, qui rappellent chaque année le séjour des Hébreux au désert et la dédicace du temple de Salomon.Jésus profite de l’affluence pour enseigner dans le temple.

Soulignons les mots importants

Jésus est assis et enseigne : Jésus est présenté comme le maître qui interprète la Loi avec autorité et sagesse. C’est pourquoi on lui présente un cas à résoudre selon la Loi de Moïse.

Adultère : Que signifie exactement ce mot? Comment nous l’exprimons dans le langage courant ?

Jésus s’était baissé et traçait des traits sur le sol ? :

Que signifie cette attitude? (il fait durer le silence) 

Les plus âgés partent les premiers : Pourquoi eux ? 

Jésus seul avec la femme en face de lui : “ la misère et la miséricorde ” ( St Augustin).

Je ne te condamne pas, va ne pêche plus.

La femme était enfermée dans un cercle de mort. Que fait Jésus ?

 

Ensemble regardons Jésus

Il est assis. Il baisse les yeux. Il se tait. Il trace des traits sur le sol. Silence qui appelle à la réflexion. Il est le nouveau Moïse. A la Loi qui condamne la faute, il apporte la miséricorde du Père pour le pécheur. Il reste seul avec la femme. Il la regarde. Il lui parle. Il la remet debout et la fait repartir vers une vie nouvelle.

 

Pour l’animateur

Selon le livre du Lévitique (Lv 20,10) l’infidélité conjugale était punie de mort (pour les deux) par lapidation. A l’époque où Jean écrit son Evangile, au début de l’Eglise, l’adultère était considéré comme un des rares péchés pour lesquels une pénitence publique était nécessaire et qui ne pouvait être remis qu’une fois dans la vie. En face de cette rigueur extrême, l’indulgence de Jésus remet les choses à leur juste appréciation.

Les prophètes ont comparé souvent l’infidélité du peuple envers son Dieu à un adultère.

 On ne saura jamais si Jésus a écrit des mots sur le sol. L’évangéliste dit qu’il traçait des traits. Mais Jésus est le nouveau Moïse : il écrit la Loi du pardon et de l’amour : Tu aimeras comme ton Dieu t’aime.

 Si les plus âgés se retirent les premiers, c’est peut-être parce qu’ils sont plus sages pour reconnaître leur condition de pécheurs.

 Jésus parle à la femme et lui permet de sortir de l’enfermement de son péché. Cette femme est devenue quelqu’un qui a un avenir. Jésus ne nie pas la gravité de la faute. Mais son pardon libère la femme et lui donne une nouvelle chance.C’est la manière d’aimer de Dieu.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Le comportement et les pensées des scribes et des pharisiens nous font réfléchir sur notre comportement à nous quand nous nous trouvons devant des cas semblables.

  • Ne serions-nous pas tentés de juger et de condamner sans laisser aucun espoir de changement ou de nouveau départ ?

  • Ou au contraire ne serions-nous pas portés à minimiser la gravité de la faute parce que c’est, hélas, devenu chose courante ?

  • Comment nous apparaît Jésus dans cette scène d’évangile?

  • Que nous inspire l’attitude de Jésus pour notre vie personnelle et pour nos communautés chrétiennes ?   Jésus n’enferme jamais le pécheur dans son péché. Son amour qui pardonne ouvre toujours un avenir à celui qui reconnaît sa faute : “ Va, et désormais ne pèche plus. ” Il faut reconnaître que notre société pousse au désordre dans le domaine de la vie conjugale, et en même temps elle ignore le pardon et encourage les solutions extrêmes et faciles comme le divorce. Et nous disciples de Jésus, là-dedans ?

Ensemble prions.

Seigneur Jésus, en agonie au jardin des Oliviers, envahi par la tristesse et l’effroi, réconforté par un ange :

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, trahi par le baiser de Judas, abandonné par tes apôtres, livré aux mains des pécheurs,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, accusé par de faux témoins, condamné à mourir sur la croix, souffleté par les valets, couvert de crachats,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, renié par Pierre, ton apôtre, livré à Pilate et à Hérode, mis au rang de Barrabas,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, portant ta croix au Calvaire, consolé par les filles de Jérusalem, aidé par Simon de Cyrène,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 5ième Dimanche de Carême Année C

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Seuls les baptisés sont-ils enfants de Dieu ?

On peut être choqué par une phrase qu’on lit parfois dans un bulletin paroissial : «  Sont devenus enfants de Dieu par le baptême, un tel et un tel… » Mais alors, les milliards d’hommes et de femmes qui ont vécu ou vivent sans être baptisés ne sont-ils pas les enfants de Dieu ?

Dieu ne connaît pas nos limites, il est le Père de tous, son Esprit est à l’œuvre en tout homme, son amour déborde les frontières de l’Eglise. La grâce de Dieu n’est pas limitée par les sacrements. Les évêques au Concile Vatican II ont affirmé : « Puisque le Christ est mort pour tous et la vocation dernière de l’homme est réellement unique, c’est-à-dire divine, nous devons tenir que l’Esprit saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal. » (Gaudium et spes 22, 5) Les chrétiens participent à ce mystère par le sacrement du baptême. Est-ce que Dieu aime moins ceux qu’il n’a pas choisis ? Non. Tout être humain est enfant de Dieu, aimé d’un amour spécifique, choisi pour une mission qui n’appartient qu’à lui.

baptêmeMais quelle grâce et quelle joie de savoir que par le baptême nous sommes devenus enfants bien-aimés du Père avec Jésus notre frère aîné ! de pouvoir dire à Dieu « notre Père » ! Quelle responsabilité aussi ! L’amour de Dieu est manifesté à quelques-uns afin qu’ils soient témoins de l’amour de Dieu pour tous. C’est la mission du chrétien.

Père Antoine DENNEMONT

 




Audience Générale du Mercredi 2 Mars 2016

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 2 Mars 2016


 

Frères et sœurs, comme un bon père de famille Dieu éduque et corrige ses enfants, favorisant leur croissance dans le bien. Dans le livre d’Isaïe, le Père est blessé et déçu par l’ingratitude des fils d’Israël, portés, dans leur orgueil, à des prétentions d’autonomie et d’autosuffisance. Dieu en appelle à leur conscience pour qu’ils se repentent et se laissent de nouveau aimer. La conséquence du péché est alors la souffrance, car là où il y a refus de Dieu, la vie n’est plus possible, elle perd ses racines, tout est perverti et anéanti. Mais le châtiment même doit faire réfléchir le pécheur, pour l’ouvrir à la conversion et au pardon. Le salut comporte ainsi la décision d’écouter et de se laisser convertir. Il est nécessaire de se rapprocher de Dieu, les mains purifiées, évitant le mal et pratiquant le bien et la justice.

La miséricorde de Dieu est offerte à tous. Mettons à profit ce temps du carême qui nous est donné pour regretter nos péchés, et nous engager courageusement dans une vie nouvelle.

Je vous souhaite un bon chemin vers Pâques, et que Dieu vous bénisse.

 

 

 



 

 




Le Crédo, un commentaire (P. Rodophe Eymard)

Aux messes dominicales, la paroisse a pris la décision de prendre le Crédo de Nicée Constantinople pour proclamer notre foi après la méditation de la Parole de Dieu. Je vous propose d’expliciter sommairement les grands aspects de ce Crédo à partir de l’enseignement du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC). Dans le Crédo, nous avons l’essentiel de la foi.

« Je crois en un seul Dieu,

le Père tout puissant,

créateur du ciel et de la terre,

de l’univers visible et invisible,

Je crois en un seul Seigneur,

Jésus Christ,

le Fils unique de Dieu,

né du Père avant tous les siècles :

Il est Dieu, né de Dieu,

lumière, né de la lumière,

vrai Dieu, né du vrai Dieu

Engendré non pas créé,

de même nature que le Père ;

et par lui tout a été fait.

Pour nous les hommes, et pour notre salut,

il descendit du ciel ;

par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie,

et s’est fait homme.

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,

Il souffrit sa passion

et fut mis au tombeau.

Il ressuscita le troisième jour,

conformément aux Ecritures,

et il monta au ciel;

il est assis à la droite du Père.

Il reviendra dans la gloire,

pour juger les vivants et les morts

et son règne n’aura pas de fin.

Je crois en l’Esprit Saint,

qui est Seigneur et qui donne la vie;

il procède du Père et du Fils.

Avec le Père et le Fils,

il reçoit même adoration et même gloire;

il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.

J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen »

Je crois en un seul Dieu

 

Je crois : crédo en latin. En disant Je crois, je professe ma foi. La foi est un acte personnel, une adhésion.

Icône de la TrinitéEn un seul Dieu : Dieu est unique. Les chrétiens sont monothéistes (foi en un seul Dieu ≠ polythéisme). Les chrétiens sont baptisés « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » et non au nom du Père, au nom du Fils et au nom du Saint-Esprit. Au nom d’un seul et unique Dieu qu’on nomme la Trinité. Et le mystère de la Sainte Trinité est le mystère central de notre foi. Une seule unité, une seule nature divine, trois personnes : trois personnes en un seul Dieu. Mais les trois personnes sont distinctes entre elles. Chacune des trois personnes participe d’une façon personnelle dans l’œuvre unique de Dieu, dans le plan de Dieu pour l’humanité1. C’est ce que nous allons voir.

 

 

Le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre de l’univers visible et invisible.

 

Le Père tout puissant : Dieu est Père. Dieu est tout puissant parce qu’il créateur. Tout ce qui existe c’est lui qui l’a fait. La toute-puissance de Dieu se comprend par sa paternité. Sa paternité s’exprime par l’amour et la miséricorde infinis. Dieu est tout puissant en amour et en pardon. Il faut bien comprendre cette toute-puissance car nous avons en arrière-fond des visions filmographiques de la toute-puissance : des guerriers, des conquérants. La toute-puissance de Dieu s’exprime dans la croix du Christ. Dieu a révélé son pardon et son amour infinis dans la croix. Se pose la question du mal : comment Dieu qui est tout puissant peut-il le tolérer ? Dieu a créé l’homme libre, c’est un mystère. En l’homme, il y a un libre arbitre pour choisir le bien et le mal. C’est l’homme en exerçant mal sa liberté, en se détournant de Dieu qui commet le mal. Le mal n’est pas une création de Dieu car Dieu n’est qu’amour. Dieu aime tellement l’homme qu’il ne l’enchaîne pas. Ce dernier est libre de choisir Dieu ou de le refuser.

Dieu Père (Giovanni Battista Cima) 2

Créateur du ciel et de la terre de l’univers visible et invisible : Pourquoi Dieu a-t-il créé ? Dieu a créé par sagesse et par amour, pour sa plus grande gloire. Dieu crée ‘de rien’, il n’avait besoin d’aucune aide pour créer. C’est un acte de liberté. Dieu n’avait pas besoin de créer pour exister… A l’origine, Dieu a créé le monde bon et bien ordonné (avant que le péché soit commis). Dieu a créé par le Fils et par le Saint Esprit. Donc la création est l’œuvre de la Trinité.

Du ciel et de la terre de l’univers visible et invisible : Tout ce qui existe. La terre est le monde des hommes. Le ciel désigne le « lieu » propre de Dieu. Dieu a créé l’homme et des entités invisibles : les anges (une vérité de foi !).

Les anges sont des créatures spirituelles qui glorifient Dieu sans cesse. Ils sont au service de Dieu.

« Dieu créa l’homme et la femme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il le créa » (Gn 1, 27). L’humanité est sexuée : homme et femme ; différence sexuelle voulue par Dieu. L’homme seul est à l’image de Dieu. L’homme seul a le souffle de Dieu en lui. L’homme seul est doté d’une conscience pour discerner le bien et le mal, pour discerner ses actes. L’homme a une place particulière au sein de la création. Dieu lui confie sa création, il est co-créateur. L’homme n’est pas un animal parmi d’autres !

Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ

 

Deuxième personne de la Trinité. Jésus est au cœur de la catéchèse. Le CEC précise : « La transmission de la foi chrétienne, c’est d’abord l’annonce de Jésus-Christ, pour conduire à la foi en Lui » (n°425).

 

Jésus : En hébreu : « Dieu sauve ». Ce nom signifie que Dieu est présent en la personne de Jésus. Nom divin qui seul apporte le Salut : « C’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21).

jésus enseignant 2

Christ : Messie = oint. Jésus est l’envoyé de Dieu. Jésus est le Christ car Dieu « l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance » (Ac 10, 38). Il est ce Messie attendu par Israël, annoncé par les prophètes dans les Ecritures Saintes.

Seigneur : Titre divin. Souveraineté divine.

 

le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, né de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu Engendré non pas créé, de même nature que le Père ; et par lui tout a été fait.

 

Unique : Jésus est l’unique Fils de Dieu. Nous sommes fils de Dieu par adoption. Nous sommes fils dans le Fils unique.

marieDe toute éternité, bien avant la création, la Trinité existe : Père, Fils et Saint-Esprit. De toute éternité, le Fils qu’on dit aussi le Verbe de Dieu est engendré par le Père c’est-à-dire que toute éternité, le Fils tire sa source du Père. Le Verbe est vrai Dieu, de même nature que le Père. Il est de toute éternité donc non crée. Et à un jour précis de notre histoire, le Verbe de Dieu s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie. Conséquence : une des personnes de la Trinité, le Verbe de Dieu est depuis le jour de l’incarnation est pour l’éternité vrai Dieu et vrai homme.

 

Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.

 

Visage de JésusPourquoi le Verbe de Dieu s’est fait chair ? Pour notre Salut c’est-à-dire pour nous sauver. Le Verbe de Dieu fait chair par l’action de l’Esprit Saint nous sauve en réconciliant avec Dieu car l’homme de par son péché s’est détourné de Dieu. Le Verbe de Dieu s’est fait chair pour nous révéler l’amour du Père. Le Verbe de Dieu s’est fait chair pour être notre modèle de sainteté : Jésus nous montre le chemin à suivre pour aller vers Dieu (selon ce que nous enseigne l’Evangile). Le Verbe de Dieu s’est fait chair pour nous rendre participants de la nature divine, pour faire de nous des fils qui partagent la vie même de Dieu.

Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Il est le trait d’union, la médiation entre Dieu et les hommes. En Jésus, Dieu se fait proche de l’homme et l’homme se fait proche de Dieu. Dieu n’a jamais été aussi proche de nous !

Nous comprenons alors pourquoi Jésus est au cœur de notre foi. Il est le seul chemin pour atteindre de Dieu.

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures, et il monta au ciel; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.

 

La deuxième personne de la Trinité occupe le plus grand développement au sein du credo. Cette partie du credo est le cœur du cœur de la foi chrétienne. Nous faisons exprimons ce mystère de la foi à chaque Eucharistie : c’est l’anamnèse : « Tu as connu la mort, tu es ressuscité et tu reviendras dans la gloire ! » Tel est le cœur de notre foi. Le mystère pascal : la passion, la mort et la résurrection du Christ est la première annonce faite par les apôtres et que l’Eglise doit continuer à annoncer au monde.

Croix Lumière

Jésus est venu pour annoncer le Règne de Dieu. Il n’est pas venu abolir la loi comme il le dit lui-même : « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir mais accomplir » (Mt 5, 17). La loi donnée par Dieu au peuple par l’intermédiaire de Moïse est bonne en elle-même mais Israël la pratiquait mal. Jésus est venu montrer comment la pratiquer en remettant au centre ce pourquoi la Loi était donnée : en vue de l’amour de Dieu et du prochain.

En s’annonçant comme le Fils de Dieu, beaucoup se sont opposés à Jésus. Les autorités de l’époque l’ont donc mis à mort. Par sa mort et sa résurrection, Jésus a vaincu la mort, le mal et le péché de toute l’humanité. Jésus s’est offert librement sur la croix pour aller jusqu’au bout du témoignage de Dieu et de l’amour2. Ainsi, il a porté tous les péchés du monde. Par son obéissance radicale, Jésus répare nos fautes, la désobéissance de l’homme vis-à-vis de Dieu. La croix exprime donc l’amour infini de Dieu pour l’humanité qui a accepté de livrer son propre Fils en vue de la libération. Le sacrifice du Christ est unique et définitif. Il n’est plus à refaire. Le mystère pascal du Christ apporte le Salut définitif. Chaque homme doit coopérer pour recevoir le Salut apporté par le Christ. Dieu compte sur notre liberté car il ne peut pas nous sauver si nous le refusons.

Jésus ressuscite Adam et Eve

Le symbole des apôtres nous dit que le Christ est descendu aux enfers. Il faut faire une distinction entre « les enfers » et « l’enfer ». Le séjour des morts où le Christ mort est descendu, l’Ecriture l’appelle les enfers, le Shéol ou l’Hadès. Ce sont les morts qui étaient privés de la vision de Dieu. Tous ces morts ont précédé la venue de Jésus sur terre et l’âme du Christ est descendue aux enfers pour libérer les âmes justes qui attendaient le Libérateur annoncé par les Prophètes et les Ecritures. Les enfers sont un « lieu » d’attente. Jésus a sauvé toute l’humanité, de toutes les générations. L’enfer est la séparation éternelle d’avec Dieu. Par un choix libre, à sa mort, l’homme peut refuser l’amour miséricordieux de Dieu. C’est l’état de l’enfer.

Il monta au ciel; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin : Depuis son ascension, Jésus est entré dans la gloire totale de Dieu dans son humanité. Il n’est plus présent physiquement en ce monde mais par son Esprit. Il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes. Il reviendra dans la gloire3 où il instaurera une fois pour tout son règne, sa victoire définitive sur le mal existant en ce monde. Mais sa victoire est déjà acquise par son mystère pascal. Il jugera les vivants et les morts. Tous, nous serons jugés et le Christ n’étant que l’amour nous jugera sur l’amour c’est-à-dire sur les œuvres d’amour qui seront faites en ce monde. Se pose à nous la question de la responsabilité et de la conversion.

 

Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie; il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire; il a parlé par les prophètes.

 

Esprit SaintL’Esprit Saint : Troisième personne de la Trinité. L’Esprit Saint est Dieu. Ce n’est pas un esprit quelconque. Toute la mission de Jésus a été accomplie dans l’Esprit Saint. Au cœur même de Dieu, il y a l’amour et cet amour c’est l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est l’amour que le Père a pour le Fils et que le Fils a pour le Père. C’est lui qui nous permet de rentrer en relation avec Dieu, de nous aimer les uns les autres à la manière de Jésus. L’Esprit Saint nous permet de nommer Dieu, notre Père Abba, de nous rappeler de l’enseignement de Jésus et de le mettre en pratique. L’Esprit Saint dépose en nous ses dons pour nous aider à vivre et agir en chrétiens. Jésus nous a promis cet Esprit Saint reçu à la pentecôte pour constituer et élargir l’Eglise aux dimensions du monde. L’Esprit Saint anime, sanctifie et dirige l’Eglise.

       Ce qui est premier c’est cette foi en Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Le reste du credo est l’œuvre de Dieu, le projet de Dieu pour l’humanité, le don de Dieu…

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique

Le mot Eglise signifie « convocation ». Une assemblée convoquée par le Christ. L’Eglise est à la fois visible et invisible. Il y a l’Eglise du ciel et l’Eglise de la terre qui ne forment qu’une seule et unique Eglise. Elle est le sacrement du Salut c’est-à-dire que c’est dans l’Eglise que le Salut se réalise par Jésus Christ. Elle est l’instrument par lequel le Christ agit, le signe et l’instrument de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. L’Eglise est à la fois humaine et divine : humaine car elle est composée d’hommes et de femmes, elle est structurée pour sa bonne marche mais divine car elle est instituée et dirigée par le Dieu trinitaire. C’est pourquoi on dit de l’Eglise qu’elle est le peuple de Dieu, le corps du Christ et le temple de l’Esprit Saint.

 Jésus Eglise

Une : Car l’Eglise confesse un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Elle ne forme qu’un seul corps vivifié par l’Esprit Saint.

Sainte : Bien qu’elle soit composée de membres pécheurs, l’Eglise est sainte parce que le Christ qui est la Tête est saint. C’est l’Esprit Saint qui la sanctifie.

Catholique : C’est-à-dire universelle, L’Eglise est de tous temps et répandue à travers le monde.

 

Apostolique : Elle repose sur le témoignage des 12 apôtres. Elle a l’unique mission de continuer le témoignage des apôtres.

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.

BaptemeLe baptême est le premier et principal sacrement pour le pardon des péchés, c’est-à-dire que nous échappons à l’esclavage du péché pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu. Au baptême, nous sommes unis au Christ mort et ressuscité, nous recevons l’Esprit Saint, nous devenons enfants de Dieu et nous entrons dans la famille des chrétiens (= l’Eglise).

J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

 

Résurrection - Lourdes Basilique du RosaireJ’attends la résurrection des morts : c’est-à-dire je crois à la résurrection de la chair. L’homme est corps et âme, il ne faut jamais dissocier ces deux aspects. A la mort, l’âme qui est immortelle est séparée du corps. Au dernier jour, nous croyons que nous ressusciterons dans un corps semblable à celui du Christ. Non pas dans ce corps que nous connaissons en ce monde voué à disparaitre mais dans un corps glorieux et spirituel. La résurrection du Christ est le gage, l’espérance de notre propre résurrection.

Baptême signifie « plongée ». Nous sommes plongées dans la mort et la résurrection du Christ. Pour ressusciter il faut passer par la mort. La mort est donc un passage et non une fin… Par le baptême, la résurrection est déjà inscrite en nous.

La vie du monde à venir : La vie éternelle, dans le Royaume de Dieu. Jésus a prêché la venue de ce Royaume qui nous est promis en héritage. La vie éternelle c’est vivre dans la plénitude de Dieu.

Le symbole des apôtres évoque « la communion des saints » : ce sont toutes les personnes qui nous ont précédées dans la foi et que nous attestons être déjà dans la gloire de Dieu car ils ont mis l’Evangile en pratique tout au long de leurs existences. La communion des saints témoigne de cette espérance en la vie éternelle.

Amen

Amen se rattache à la même racine que le mot « croire ». Il exprime la solidité, la fiabilité, la fidélité. En le disant, il confirme tout ce qui a été dit. On pourrait dire : « OK je crois ! »

                                                                                                                P. Rodolphe Eymard

 

Credo – P. Rodolphe Eymard : cliquer sur le titre précédent pour avoir accès au document PDF pour lecture ou éventuelle impression.




4ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Fils cadet et fils aîné

 

Nous le savons bien, cette parabole du fils prodigue est inépuisable parce qu’au fond elle résume en elle-même toute l’histoire du salut : Dieu a pardonné à l’humanité. J’aimerais simplement essayer de voir comment nous sommes à la fois des fils aînés et des fils cadets.

fils cadet

Je crois qu’une des choses les plus criantes de notre vie, c’est que nous sommes très souvent des fils cadets en demandant la part d’héritage qui nous revient, nous disons purement et simplement à Dieu que cette vie, qu’Il nous a donnée, nous voulons la vivre et l’arranger à notre goût et à notre manière pour la vivre sans Lui. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus glorieux dans notre existence, mais ça arrive plus souvent qu’à son tour.

Ce en quoi je pense il nous faut ressembler à ce fils cadet, c’est que, lorsque nous sommes réduits, à force de n’avoir voulu à en faire qu’à notre tête, lorsque nous sommes réduits à garder les cochons et à ne pas pouvoir manger même ce que mangent les cochons, lorsque notre péché nous a fait entrer dans une telle misère, dans une solitude et dans un isolement tels qu’ils nous deviennent insupportables, ce en quoi il nous faut imiter le fils cadet, c’est de nous souvenir du bonheur profond qu’il y a à vivre auprès de notre Dieu. C’est cela qui a bouleversé le cœur de ce prodigue. C’est cela qui devrait bouleverser notre cœur. Le seul motif pour lequel nous devrions nous convertir, ce n’est pas pour améliorer notre vie comme s’il fallait parfaire et fignoler ce personnage spirituel idéal auquel nous voudrions correspondre, le seul motif de nous convertir, c’est qu’il y a toujours, où que nous en soyons de notre péché et de l’oubli de Dieu, il y a toujours cette présence secrète, cette voix secrète qui nous dit : « Reviens vers le Père, car c’est là qu’est ton bonheur ». Voilà, je crois, ce qui caractérise au mieux, l’attitude du fils cadet et ce que nous devons essayer d’imiter dans notre propre vie : ce désir de nous convertir et de trouver le pardon de Dieu, parce que nous avons besoin et que nous avons soif du bonheur d’être auprès de Dieu.

Ce en quoi nous sommes des fils aînés, malheureusement, c’est aussi fréquent c’est que nous sommes sans cesse à calculer et à compter que les autres en font beaucoup moins que nous, qu’ils se cassent beaucoup moins la tête et que ça va toujours mieux pour eux que pour nous. Et c’est bien malheureux que nous ayons un tel regard sur l’existence des autres, parce qu’au fond ce qui fait le malheur de ce frère aîné, c’est qu’ayant toujours vécu auprès de son père, il n’imagine pas ce que c’est que le pardon.

amour de dieuLe pardon, ça ne peut pas se mesurer en affaire d’héritage, ça ne peut pas se mesurer au fait qu’on a gaspillé ou non cet héritage. Le pardon, c’est le fait qu’à un certain moment, dans la détresse de quelqu’un a surgi la grâce de Dieu. Et à ce moment-là, il n’y a qu’une chose à faire, c’est de se mettre à genoux et de rendre grâces, ce que ne fait précisément pas l’aîné et ce que nous ne faisons pas souvent. Chaque fois que nous sommes en présence de notre frère, nous devrions d’abord le voir comme un pécheur pardonné et ne pas d’abord nous préoccuper de savoir s’il est plus pécheur ou moins pécheur que nous. Cela n’a aucun intérêt, au contraire, cela ne sert qu’à nous égarer et à nous perdre nous-mêmes. Mais chaque fois que nous rencontrons nos frères, nous devrions être capables, à propos de chacun d’eux, de rendre grâces parce que ce frère est un pécheur pardonné et qu’il a connu la miséricorde comme nous aussi nous l’avons connue.

C’est vrai que, par certains aspects, nous sommes des frères aînés. C’est vrai que nous avons connu déjà d’immenses grâces de Dieu, que nous avons essayé, tant bien que mal, de rester toujours fidèles à l’appel de notre Dieu. Mais, de grâce, lorsque nous voyons nos frères qui sont en train de se convertir, de rentrer dans le sein de la miséricorde de Dieu, n’ayons pas le réflexe de celui qui se croit sur un terrain dont il est le possesseur, le propriétaire, de manière privée. Qu’au contraire nous ayons ce cœur ouvert, puisque Dieu a ouvert son cœur et sa miséricorde à nos frères. Que, nous aussi, à notre mesure, mais avec beaucoup d’amour et d’espérance, nous ouvrions notre cœur à la miséricorde et au pardon mutuel.

Je voudrais enfin insister sur un tout petit aspect qui est un des moteurs de la parabole. Lorsque le fils se dit qu’il doit retourner chez son père, à vrai dire il n’a pas, comme on dirait aujourd’hui « une image du père » tellement flatteuse. Il va lui dire : « Je ne mérite plus d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes journaliers ! » Autrement dit, le fils imagine le stratagème suivant. Si je vais travailler chez mon père, j’aurais à manger. Il est conscient de son péché, de l’indignité dans laquelle il est tombé. Il a trahi le statut de fils qu’il avait eu, par grâce, par le simple fait qu’il était né dans cette maison. Et il se dit : « Etant donné que je suis déchu, on ne peut pas aller au-delà d’un contrat donnant-donnant. Si mon père, à cause de la reconnaissance et de l’aveu, acceptait que je puisse être chez lui un salarié, alors j’aurais de quoi manger ». Les motifs du retour ne sont reluisants ni du point de vue du jeune fils qui se trouve dans la misère, et c’est vraiment la faim qui fait sortir le loup du bois, ni du côté du but car il s’imagine que son père va signer avec lui un contrat.

misericordia

Or ce qui fait précisément le revirement et la tension de la situation, c’est que, au moment même où le fils arrive, il n’a pas le temps de raconter ce qu’il avait préparé. Il reconnaît simplement, à haute voix, qu’il a péché contre le ciel et contre son père, mais son père ne lui laisse pas finir la deuxième phrase qu’il avait soigneusement établie pour essayer d’entrer dans ses bonnes grâces. C’est que, dans l’attitude de Dieu, le pardon est préalable à tous les dons. Pour nous qui sommes pécheurs, nous devons comprendre que la grâce de Dieu n’est pas simplement un contrat en bonne et due forme, dans lequel nous essaierions au mieux d’aménager nos relations avec Dieu. Combien y a-t-il de chrétiens qui croient que c’est parce qu’on se donne la peine de dire ses fautes que Dieu nous les pardonne, ce qui est une compréhension extrêmement dévoyée du mystère du pardon, un peu d’ailleurs celle du jeune fils qui prend la résolution de retourner à la maison. Le pardon est immotivé. D’une certaine manière, il est aussi immotivé que le péché, que le départ du jeune fils. De la part de Dieu, pardonner signifie le maximum de la grâce. A l’intérieur de ce pardon, ensuite, pourront s’épanouir tous les dons.

C’est là un des aspects les plus fondamentaux de notre existence chrétienne. C’est que le pardon signe la gratuité absolue de la réconciliation et de la rentrée en grâce. Ainsi tout ce qui nous est donné par la suite, toutes les grâces qui nous sont faites, tous les dons qui nous sont accordés, sont faits, de la part de Dieu, « sur fond de pardon ». Ainsi donc, pour chacun d’entre nous, la grâce la plus fondamentale est celle d’être pardonné. Pardon = donner parfaitement. En l’occurrence, cette définition porte quelque chose de tout à fait vrai. Si nous sommes ainsi pardonnés, alors nous recevons, par ce pardon, l’assurance que Dieu ira jusqu’au bout de son don, c’est-à-dire jusqu’à l’achèvement de nous-mêmes dans la gloire et dans la réconciliation avec Dieu, puisqu’Il a commencé par le geste le plus absolu et le plus décisif pour chacun d’entre nous. Amen.




4ième Dimanche de Carême par P. Claude Tassin (Dimanche 6 mars 2016)

Josué 5, 10-12 (L’arrivée en Terre Promise et la célébration de la Pâque)

 

Dans l’histoire sainte tracée au long du carême par les lectures de l’Ancien Testament,, le 4ième dimanche chaque année rappelle le don de la *Terre promise.

 Il s’agit, en cette année C, de la première Pâque célébrée sur ce sol si longtemps espéré. Sous la conduite de Josué (en grec « Jésus »), successeur de Moïse, le peuple a traversé le Jourdain à pied sec et s’est installé à Guilgal le 10 du mois de nisan (cf. Josué 4, 19), jour prescrit pour la préparation de la Pâque. On a circoncis ceux qui ne l’avaient point été durant l’exode ; car ne peuvent participer à la Fête que les circoncis (cf. Exode 12, 48). Avec les premières récoltes dans le pays, on mange les pains sans levain, sans doute selon un rite ancien qui distingue encore la célébration des pains azymes (fête des sédentaires) et la Pâque elle-même (fête des nomades), puisqu’on n’évoque pas ici l’immolation de l’agneau. La consommation d’épis grillés est une particularité inconnue par ailleurs, sauf lors de l’offrande des prémices de la récolte (cf. Lévitique 2, 14).

Cette festivité clôt l’errance du Peuple de Dieu : une première Pâque avait préludé à la libération de l’oppression de l’Égypte (Exode 12 – 15) ; la nouvelle Pâque accomplit la promesse de Dieu. Dès lors cesse le don de la manne, ce pain « de pauvreté » (Deutéronome 8,16). qui avait nourri le « carême » d’Israël dans le désert

 

* Entrer en Terre promise. « Lorsque tu abandonnes les ténèbres de l’idolâtrie et que tu désires accéder à l’obéissance de la loi divine, alors tu commences ta sortie d’Égypte. Lorsque tu es inscrit au groupe des catéchumènes et que tu commences à suivre les préceptes de l’Église, tu traverses la mer Rouge. Dans les haltes que tu fais chaque jour au désert, tu t’appliques à écouter la voix de Dieu et à contempler le visage de Moïse qui te révèle la gloire du Seigneur. Mais lorsque tu arrives enfin à la source spirituelle du baptême et que tu es initié par les prêtres et les lévites à ces mystères vénérables et merveilleux que connaissent ceux-là seuls qui ont droit de les connaître, alors, avec l’aide des prêtres, tu traverses le Jourdain et tu entres dans la Terre de la promesse : c’est la Terre où, après Moïse, c’est Jésus lui-même qui te prend en charge et te guide sur la route nouvelle » (Origène [3e siècle], Homélies sur Josué).

 

Psaume 33

La liturgie nous offre les trois premières strophes de ce psaume. Le poème bénit, loue Dieu qui soutient les justes au milieu de leurs épreuves, le Seigneur qui vient au secours du pauvre persécuté en raison sa fidélité à Dieu. Le rapport de ces versets à la 1ère lecture est assez lâche, sinon par l’antienne, tirée du verset 9 ; « Goûtez et voyez ; le Seigneur est bon ! » Par leur première Pâque sur la Terre promise, par les produits du sol, les fils d’Israël ont enfin goûté, après leur long exode, la bonté du Seigneur.

De manière plus large, le psaume est mis en lien avec le Carême, parce que, dans les premières Églises, ce poème scandait la préparation des catéchumènes au baptême.

 

2 Corinthiens 5, 17-21 (Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ»)

Cette page de Paul nous prépare à entendre l’évangile du fils perdu et retrouvé, de la réconciliation entre le père et son fils entre les frères.

Les circonstances de la lettre

Au départ, l’Apôtre tente ici de régler un problème concret : les Corinthiens ont prêté l’oreille à des prédicateurs qui dénigrent sa manière d’exercer son ministère. Quelqu’un a même insulté Paul en public (cf. 2 Corinthiens 2, 5-7). L’heure est venue d’une vraie *réconciliation, qui sera le signe d’une réconciliation avec Dieu lui-même.

La réconciliation, pour une création nouvelle

Le chrétien est « une créature nouvelle ». Mieux vaudrait traduire ainsi : le croyant est « une création nouvelle ». L’accent de Paul ne porte pas sur le statut du baptisé, mais sur l’action de Dieu qui, par le don de la réconciliation ou, synonyme, de la restauration, crée un monde nouveau.

Le chrétien doit quitter « le monde ancien » de la discorde. Dieu a pris l’initiative d’une sorte d’amnistie générale du genre humain. Opérée par le Christ, grâce au pardon des péchés, cette œuvre se prolonge par le ministère des apôtres qui sont les ambassadeurs du Christ, ses représentants attitrés. Et si les Corinthiens restaient fâchés contre Paul, ils l’empêcheraient d’exercer son ministère de réconciliation, qui est aussi « ministère d’une alliance nouvelle » (lire 2 Corinthiens 3, 1-6). Qu’ils se rappellent l’essentiel de l’Évangile qu’ils ont reçu : ce Christ sans péché, Dieu a permis que tombe sur lui le sort des pécheurs (voir Isaïe 53, 4) afin qu’ainsi, le péché étant vaincu, oublié, nous puissions devenir des justes aux yeux de Dieu, des êtres nouveaux dans un monde à qui Dieu a offert et offre toujours sa réconciliation avec nous.

* Réconciliation ? Dans le langage d’aujourd’hui, la réconciliation suppose d’ordinaire une démarche de réciprocité entre deux personnes ou deux groupes. Tel n’est pas le sens du mot grec (katallagè) utilisé par Paul. Le terme, en son origine, a des résonnances politiques. Il s’agit du décret par lequel un souverain rend à une cité les droits qu’elle avait perdus – d’où, sous la plume de Paul, l’image complémentaire de l’ambassade. Après des affrontements séculaires, César avait accordé à la ville de Corinthe une katallagè. Ce n’est pas nous qui nous réconcilions avec Dieu. C’est Dieu qui nous offre sa réconciliation et nous propose de l’accepter.

 

Luc 15, 1-3.11-32 (Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie)

La liturgie de ce jour retient la dernière des trois « paraboles de la miséricorde », celle dite du Fils prodigue, ainsi que le dialogue d’introduction indiquant l’occasion de ces paraboles. Le problème est, à l’origine, celui des fréquentations de Jésus : pourquoi « fait-il bon accueil » à ceux que l’on classe comme pécheurs, qui n’observent pas la Loi ? Voilà le scandale des pharisiens et des scribes : lui, un juste appartenant à leur propre camp, pourquoi s’intéresse-t-il aux ennemis de Dieu ? En fait, comme dans la confrontation entre les pharisiens et les pécheurs, le ressort de la parabole tient dans la confrontation implicite entre le cadet et l’aîné.

Le cadre

Le personnage du fils cadet, représentatif sans doute de certaines fréquentations de Jésus, devait susciter le dégoût des auditeurs pharisiens : gaspillage de l’héritage paternel, vie dissolue, en terre païenne, au contact de cochons impurs et prêt à manger leur nourriture ! Et voici le premier déclic important du texte : dans sa décision de rentrer à la maison, le prodigue, dé »couvrant son indignité, a décidé de se situer en ouvrier, et non en fils, en oubliant ce que c’est peut-être aussi au père de déterminer sa propre réaction.

Nous avons oublié, par lecture routinière, que l’accueil du père tient du scandale : un oriental digne, maître d’un grand domaine, ne « court » pas, surtout pour étreindre pareil voyou ! La clé de cette attitude choquante sonne ainsi : « il fut saisi de compassion. » Il restaure le fils dans sa dignité de fils : vêtement de fête, bague (bague à sceau pour signer les factures ?), sandales du citoyen libre. Le père ordonne la fête. Pour ce fils mort, *le pardon est une nouvelle naissance.

L’aîné

Le récit culmine dans le dernier acte, avec l’arrivée du fils aîné dont on comprend aisément la colère. De nouveau se révèle ce père peu commun : il avait couru sans vergogne étreindre le cadet. À présent il sort au devant de l’aîné – et « le supplie », sans amour propre aucun. Dans la logique de Jésus, ce fils ne comprend pas mieux la fibre paternelle que son cadet : « je te sers… je n’ai jamais transgressé ton commandement… » Lui aussi se situe en serviteur. Il faut que le père lui rappelle le privilège d’une intimité qu’il semble oublier : « Mon enfant, tu es toujours avec moi… »

Le personnage du *fils aîné porte sur lui tout le poids de la parabole et représente l’attitude des pharisiens dans leur relation avec Jésus : ils l’estiment et voudraient le voir rentrer sans compromission dans le rang des justes. Mais lui voudrait au contraire les voir partager la tendresse de Dieu qu’il incarne dans ses fréquentations envers ceux qui sont perdus.

Relecture

Luc, évangéliste et missionnaire, relit la parabole dans le sens suivant : « Le fils aîné représente évidemment Israël, plus confiant dans la justice légale de ses propres œuvres que dans celle que Dieu donne par sa miséricorde, et qui refuse l’intégration des nations, représentées par le fils cadet. La proposition d’accueil reste cependant en vigueur et Israël ne peut donc être exclu, puisque sa situation dépend seulement de sa propre décision… » (S. Beaubœuf, La montée à Jérusalem).

Sauf si des parents entendent aussi incarner la tendresse de Dieu, cette parabole n’est pas une leçon de morale familiale. Mais il y a deux justices : celle qui établit les droits et les devoirs, et celle de l’amour, la tendresse du Père des cieux. Jésus nous invite à la partager en accueillant ceux qui sont perdus, pour qu’ils découvrent qu’ils ont un Père… et des frères.

* Le pardon, une naissance. « Je me lèverai et j’irai vers mon père. Celui qui dit ces paroles gisait à terre. D’où lui vient cet espoir ? Du fait même qu’il s’agit de son père. « J’ai perdu, se dit-il, ma qualité de fils; mais lui n’a pas perdu celle de père. » Il n’est pas besoin d’un étranger pour intercéder auprès d’un père : l’affection même de celui-ci intercède et supplie au plus profond de son cœur. Ses entrailles paternelles le pressent à engendrer de nouveau son fils par le pardon » (saint Pierre Chrysologue).

* Le fils aîné. « La position du fils aîné, dans laquelle nous place la finale du récit, est plus inconfortable que celle proposée par les liturgies pénitentielles; celles-ci se limitent au premier volet et nous conduisent de la sorte à nous identifier avec le cadet – ce qui est probablement plus facile ! Indéniablement, Luc insiste davantage sur le second volet. Quoi qu’il en soit, l’éclairage principal porte sur l’amour et la compassion du père à l’égard de chacun, à l’œuvre tout au long du récit » (H. Cousin, L’Évangile de Luc).

 




4ième Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

Consentir à ce Dieu et Père qui nous cherche tous (Lc 15,1-32)…

En ce temps-là,  les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

           

            fils prodigueL’Evangile de ce Dimanche est à lui seul un condensé de la Bonne Nouvelle. Trois paraboles s’enchaînent : la brebis perdue et retrouvée (Lc 15,4-7), la pièce de monnaie perdue et retrouvée (Lc 15,8-10), le plus jeune fils qui, ayant choisi au début un chemin de perdition, décide enfin de se repentir et de revenir chez son Père (Lc 15,11-32). Et ce dernier dira en l’accueillant les bras grands ouverts : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ».

            Trois récits, et pourtant, juste avant le premier, St Luc écrit : « Jésus leur dit cette parabole », au singulier… Autrement dit, tout ce qui suit est comme une seule parabole. Ces trois récits renvoient donc à une seule et même réalité…

            Or, dans les deux premiers, le pasteur et la femme sont deux images qui renvoient à Dieu, ce « Père » qui nous aime avec des « entrailles » de Mère (Is 63,15‑17). Entre Dieu et l’homme pécheur qui l’a abandonné et si souvent offensé, c’est Dieu qui a toujours l’initiative et qui ne cesse de le « chercher avec soin, jusqu’à ce qu’il le retrouve ». Voilà comment Dieu se comporte envers tout homme sur cette terre ! Nous sommes tous des « cherchés par Dieu », des « désirés par Dieu », des « voulus par Dieu », car Dieu est notre Père à tous, un Père qui aime infiniment chacun de ses enfants. Non, « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés ». (1Jn 4,10). « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5,8).

            « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien, je trouverai ma joie à leur faire du bien » (Jr 32,40-41). Voilà ce que fait Dieu vis-à-vis de l’homme qui se perd dans les ténèbres de son péché… Et quand ce dernier dresse enfin l’oreille de son cœur, il ne peut qu’entendre la Voix de Celui qui n’a cessé de le suivre pour lui offrir toute sa Tendresse, son Amour et sa Miséricorde infinie… S’il accepte de se laisser rejoindre, de se laisser aimer tel qu’il est, il s’entendra dire alors : « Je t’ai suivi jusqu’à maintenant dans tous tes errements. Maintenant, lève-toi, détourne-toi de tout ce qui en fait te détruit, et suis-moi ! ». Et Dieu au même moment lui offrira la Force de son Esprit sans laquelle il ne peut rien… Avec Elle et par Elle, c’est Lui qui le portera et le ramènera à la Maison (les deux premiers récits). Mais rien ne se fera sans le consentement libre et responsable de ce fils perdu, qui, une fois retrouvé par son Dieu et Père, décide de consentir à cet Amour qui le précède : « Je vais retourner chez mon Père, et je lui dirai : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi »… Et il se retrouvera aussitôt revêtu de la plus belle robe de la Maison du Père, celle du Père Lui-même, Robe de Splendeur, de Majesté, de Lumière et de Gloire…               DJF





Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de Carême

 Ton frère que voilà était mort,

et il est revenu à la vie. ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Lc 15, 1-3, 11-32)

On peut proposer au groupe une lecture dialoguée en répartissant les rôles : un narrateur, le fils prodigue, le père, le domestique, le fils aîné. Cette manière donnera plus de vie au texte et permettra de mieux situer chaque personnage de la parabole. 

Situons le texte

Cette parabole est la troisième des “ paraboles de la miséricorde ” qui forment le chapitre 15 de l’évangile selon Saint Luc. Les deux premières sont la parabole de la brebis perdue et retrouvée suivie de celle de la pièce d’argent perdue et retrouvée. Avec elles, c’est Dieu, le premier, qui part à la recherche du pécheur jusqu’à ce qu’il le retrouve. Dans la troisième, c’est le fils prodigue qui prend la décision de revenir… Mais le contexte général permet de dire que s’il en est ainsi, c’est que son Père l’a déjà retrouvé, et il a consenti à son appel de revenir de tout cœur à Lui en se repentant de ses fautes. Tout vient de Dieu, tout est Don de Dieu, mais nous sommes tous invités, en toute liberté, à consentir à sa Présence et à sa grâce, une grâce qui nous permettra de revenir à Lui, de nous convertir vraiment… 

Soulignons les mots importants 

Les publicains : qui sont-ils et pourquoi sont-ils mis avec les pécheurs ?

Les pécheurs : ce sont tous ces gens qui sont considérés pécheurs parce qu’ils ne pratiquent pas parfaitement tous les préceptes de la Loi de Moïse, ceux qui sont considérés comme impurs parce qu’ils sont en contacts avec les païens, les infirmes.

Cet homme fait bon accueil… et mange avec eux : Cette fois, c’est Jésus qui accueille, sans doute chez lui (chez Pierre), à sa table.

Pourquoi cela provoque-t-il les réactions des pharisiens ?

Les personnages de la parabole :

Quels sont les mots importants de la parabole? 

            – qui décrivent l’attitude du fils cadet ?

            – qui décrivent l’attitude du Père ?

            – qui décrivent l’attitude du fils aîné ?

Quel est le personnage central de la parabole ?

Qu’est-ce que Jésus nous révèle de Dieu son Père?

 

Ensemble regardons Jésus

Jésus nous révèle le Père : par toute sa vie, son attitude à l’égard des pécheurs, de tous ceux que l’on méprise ou mis de côté. “ Qui me voit, voit le Père ” (Jn 14,9).

 

 

Pour l’animateur

Les publicains étaient, au temps de Jésus, des juifs qui percevaient  les impôts (le denier public) pour le compte des Romains qui occupaient le pays. Ils n’étaient pas rémunérés. Ils se payaient eux-mêmes en augmentant le montant de la taxe prévue. Non seulement ils travaillaient pour les occupants, des païens, mais ils avaient la réputation de s’enrichir sur le dos de leurs compatriotes. Ils étaient considérés comme des pécheurs publics, peu fréquentables. Parmi les Douze, Matthieu était un publicain. Nous connaissons aussi un autre publicain célèbre : Zachée.

            Inviter quelqu’un à sa table, c’est lui montrer de la considération et souvent, de l’amitié. De plus, chez les juifs, le repas avait toujours un caractère sacré. L’évangile nous montre souvent Jésus dans un repas : Noces de Cana, chez Simon le pharisien, chez Zachée, chez Marthe et Marie…On comprend que les pharisiens qui vivaient “ séparés ” pour se protéger et se considéraient comme des purs, étaient choqués de voir Jésus partager un repas avec des publicains.

            Les personnages de la parabole :

            Le plus jeune : “ il part pour un pays lointain – gaspille – vie de désordre – dans la misère – je meurs de faim – garder les cochons (la pire déchéance pour un juif) réfléchit – j’ai péché – partit pour aller vers son Père. ” Ce n’est pas tellement le regret d’avoir rompu avec son père qui le pousse à revenir. C’est la misère et la faim.

            Le Père (personnage central de la parabole). “ Son père l’aperçut (au loin), saisi de pitié, courut, se jeter à son cou, le couvrit de baisers…vite, le plus beau vêtement, une bague, des sandales, faisons la fête. Il sort et supplie son fils aîné. Ton frère était mort et il est revenu à la vie. ”

C’est en mesurant à quel point son Père l’aime et l’a toujours aimé, que ce fils mesure la gravité de son attitude et en même temps éprouve le bonheur d’être pardonné.

            Le fils aîné : “ Je suis à ton service, sans avoir jamais désobéi, ton fils que voilà ”. Lui non plus, il n’a jamais fait l’expérience de la tendresse de son Père. D’ailleurs il se considère comme un serviteur, et non un fils. Il n’aime pas davantage son frère. C’est l’homme de la loi, qui se considère juste, irréprochable et méritant. Jésus vise les pharisiens qui d’ailleurs  comprennent bien qu’il parle pour eux.

Jésus nous révèle un visage de Dieu étonnant : non seulement il ne fait aucun reproche, mais il offre généreusement sa tendresse au pécheur qui se présente avec sa misère et il fait la fête en pardonnant.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Quelle idée nous nous faisons de Dieu ? Quelqu’un qui nous surveille de haut et de loin ? Quelqu’un qui est prêt à nous punir ? Un Père qui souffre de voir un de ses fils ou l’une de ses filles loin de lui, se détruisant dans une vie de désordre ? Qui attend avec patience le retour du pécheur ? Qui accueille, pardonne et embrasse son fils ou sa fille qui était perdu et qui est retrouvé ?

Quelle est notre attitude vis à vis de ceux qui sont partis? Qui ont quitté la “ maison de famille ”. Quel est notre regard sur ceux qui sont loin ? Quel visage de Dieu je leur présente par mon attitude, par mes paroles ?

La parabole ne dit pas si finalement le fils aîné a répondu à la supplication du père en participant à la fête des retrouvailles : la parabole est ouverte. C’est à chacun de nous de nous mettre à la place du fils aîné et de voir ce qu’il nous reste à faire.

Dans l’Église, nous sommes tous des pécheurs pardonnés. Ce qui nous unit dans la fraternité de l’Église, c’est bien que, tous, nous avons été réconciliés avec le Père et entre nous, grâce au sang de Jésus son Fils.

Mais vivons-nous vraiment en fils et filles bien-aimés du Père et en frères entre nous ?

La paroisse, c’est “ une maison de famille fraternelle et accueillante ” (Jean Paul II). Où en sommes-nous ?

 

Ensemble prions.

Nous voici devant toi Seigneur Jésus, comme le fils qui a dilapidé l’héritage : toi le Fils bien-aimé, conduis-nous vers le Père. (tous)

Nous voici devant toi comme la pécheresse accusée : toi qui es sans péché, donne-nous le pardon. (tous)

Nous voici devant toi comme Zachée le publicain : toi l’ami des pécheurs, apprends-nous à donner. (tous)

Chant : L’enfant prodigue p.184 (carnet paroissial)

ou “  Oui je me lèverai p.185 c.1,6,7, 8, 9

 

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