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3ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

La mort est injustifiable

figuier stérile 4Ce passage de l’évangile nous intrigue beaucoup parce qu’il nous semble qu’il répond, ou en tout cas qu’il traite de l’une des questions que nous nous posons le plus souvent. Au fond, ce qui était arrivé ce jour-là, c’est ce qui arrive encore de nos jours : Pilate qui fait massacrer des Galiléens en train d’offrir un sacrifice parce qu’il y voit un signe de révolte et de rébellion vis-à-vis de l’autorité romaine qui occupe le pays, une tour qui s’écroule et fait dix-huit victimes. Ce genre d’accident, ce genre de massacre dans une dictature ou un pays en guerre, nous les connaissons, c’est ce qui fait la chronique de nos journaux. Et la plupart du temps nous avons envie de poser la question : « Mais pourquoi y a-t-il des choses pareilles ? »

A l’époque de Jésus, la réponse qui venait sur les lèvres de tous ses contemporains ou presque, c’était très simple. C’était que ces gens qui avaient rencontré la mort d’une façon prématurée, l’avaient rencontrée de façon méritée à cause de quelque péché connu ou secret. Et par conséquent la mort prématurée, cette mort accidentelle avait une raison et une explication, qui plus est, une explication religieuse puisqu’il s’agissait de gens pécheurs. Et, (c’est sans doute pour cela que cette parole de Jésus nous a été rapportée), la réaction de Jésus est extrêmement ferme. Il veut couper court radicalement à ce genre d’interprétation, car pour Jésus, la mort c’est précisément l’injustifiable. Il n’y a pas de raison à la mort. La mort, cela ne s’explique pas. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas l’attribuer à Dieu et le livre de la Sagesse dit explicitement : « Dieu n’a pas fait la mort ». Et les prophètes n’ont cessé de dire que « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ». Dieu ne veut pas la mort du pécheur, même s’il est pécheur. Il ne faut pas qu’il meure car Dieu n’a qu’un désir, c’est le désir qu’il vive. D’une certaine manière, pour Dieu, la réalité de la mort est encore plus étrangère que pour nous.

Autrement dit, ce que le Christ veut dire à ses contemporains c’est ceci : « N’allez pas attribuer à Dieu un châtiment qu’il imposerait à certains parce que ces gens l’auraient mérité en fermant leur cœur à Dieu. La mort, ça ne s’explique pas, pas plus que ne s’explique notre péché comme manque d’amour à Dieu ». Lorsqu’on touche à ces réalités comme le péché ou comme la mort, on touche à proprement parler l’inexplicable, l’injustifiable. Et c’est pourquoi le Christ dit simplement cela : « N’allez pas jouer avec des réalités vis-à-vis desquelles vous n’avez rien à dire ». Effectivement on reste en silence devant le mystère de la mort, tout comme le Christ Lui-même a été conduit à la mort, « comme un agneau qui n’ouvre pas la bouche ». Le grand mystère de la Passion du Christ, c’est son silence devant la mort. À aucun moment on ne peut lui prêter cette pensée qui nous vient parfois à l’esprit : oui, le Christ savait l’avenir et il savait qu’il ressusciterait et qu’au fond, la passion et la mort n’étaient qu’un mauvais moment à passer. À aucun moment, le témoignage des évangiles ne nous permet de dire ou de penser une chose pareille. Le Christ a vécu la mort dans ce silence absolu. La seule chose qu’il ait dite, c’est de témoigner de ce qu’il est, mais il n’a jamais parlé de sa mort en expliquant sa mort.

croire en jésus

C’est cela que nous devons, nous aussi, garder dans notre cœur. Nous devons garder dans notre cœur une attitude de silence devant la mort. Le mystère même de la mort nous renvoie à ces données les plus obscures de notre existence, là où notre péché se mêle à notre fragilité, là où notre péché, parce qu’il est un refus inexplicable de l’amour de Dieu, a changé de façon tout aussi inexplicable le passage de notre vie sur la terre à notre vie dans le cœur de Dieu. Cependant il y a une chose que le Christ dit de la mort, ce n’est pas une explication de la mort, mais c’est une conclusion que nous devons tirer. La mort, la mort des autres est pour nous le signe de l’exigence de la conversion. Et c’est très profond et très beau. La mort, quelle qu’elle soit, malgré son aspect le plus déroutant, malgré son aspect le plus inacceptable et le plus injustifiable est encore une réalité qui doit nous ramener au cœur de notre existence, c’est-à-dire nous tourner vers Dieu. Déjà dans notre vie, tout est occasion de nous tourner vers Dieu même si notre péché nous fait profiter de cette vie pour nous détourner de Dieu, mais il y a des moments où, paradoxalement, ce qui pourrait, en soi, le plus nous détourner et nous révolter contre Dieu est en réalité un appel à la pénitence et à la conversion. Sur ce point encore, c’est pure grâce.

En ces jours où nous pouvons faire plus intense notre prière pour tous ceux qui nous sont chers et qui sont morts dans la paix du Seigneur, que notre regard sur la mort soit un regard de vérité. Non pas donner ces pseudo-justifications : « Il est mort parce que… », mais garder ce silence du Christ au moment où il marche vers sa Croix et savoir précisément que la seule réponse à la mort n’est pas une réponse qui explique. C’est une réponse par laquelle l’éternité de Dieu fait irruption dans le cœur même de notre fragilité et de notre temps. Là même où nous nous éprouvons le plus destinés à la mort, c’est là que le mystère de la grâce surabondante de Dieu fait irruption et d’abord dans cet acte même de la conversion. AMEN.




3ième Dimanche de Carême par P. Claude Tassin (Dimanche 28 février 2016)

Exode 3, 1-8a.10.13-15 (« Celui m’a envoyé vers vous, c’est JE-SUIS « )

Le troisième dimanche de Carême évoque traditionnellement Moïse et Israël au désert. Cette année il s’agit de la révélation de Dieu à Moïse et de l’envoi de ce dernier. Les extraits liturgiques de l’épisode s’organisent ainsi :

Le Buisson ardent

Moïse découvre le buisson ardent. La ressemblance en hébreu entre sènèh (buisson) et Sinaï a pu faire naître cette légende. La montagne est ici désignée par son autre nom : l’Horeb. Le double appel (« Moïse, Moïse »), la réponse (« me voici ») et la crainte du bénéficiaire de la manifestation céleste sont, dans l’Ancien Testament, les composants habituels d’un récit de vocation.

L’envoi

Dieu se présente à Moïse comme le Dieu fidèle aux patriarches du passé. Il a vu le malheur de son peuple opprimé en Égypte et a décidé d’intervenir et de lui accorder une terre à lui, merveilleuse. « Maintenant donc, va ! » : Dieu envoie Moïse pour réaliser ce projet de libération.

La révélation du Nom de Dieu

Pour confirmer sa mission, Moïse demande à Dieu de lui révéler son Nom. Car dans la Bible, le nom révèle la nature de celui qui le porte, et livrer son nom à un autre, c’est tisser avec lui une relation. Dans certaines cultures, celui qui, fâché, dit à un autre : « Ne dis plus mon nom », exprime la rupture d’une relation.

  Dieu se révèle alors sous la formule *Je suis qui je suis, censée expliquer le nom de Yahvé que l’on appelle aussi le « tétragramme », puisqu’en hébreu il s’écrit en quatre consonnes, YHWH, un nom qui, par respect, ne se prononce pas dans le judaïsme. Plus simplement, par ressemblance verbale en hébreu (’hyh), Dieu se présente encore plus laconiquement sous le mot Je-suis.

  Ce nom est « un mémorial » : en le prononçant, on se rappelle qui est Dieu, un Dieu qui agit en faveur de son peuple, et on lui rappelle que l’on compte sur son action, car, dans la grammaire hébraïque, le verbe être (« Je-suis ») est un verbe d’action. Dieu se découvre dans son agir envers nous, spécialement en son Christ à qui les évangélistes font dire parfois : « C’est moi » ou, littéralement, « Moi, je suis ».

* Je suis qui je suis. L’expression est difficile à rendre. Comparer les traductions : « Je suis celui qui est » (Bible de Jérusalem) ; « Je suis qui je serai » (Traduction œcuménique de la Bible [TOB]). En hébreu, le verbe être implique l’idée d’action : Dieu va être là avec Moïse et son peuple, au présent et au futur, pour agir en libérateur. « C’est par l’histoire du salut des hommes que Dieu manifestera peu à peu qui il est » (TOB). « Je suis celui qui suis et qui dois être », traduit la Bible araméenne ou Targoum. Ce que l’Apocalypse prolongera par la formule « Il est, il était et il vient »… une formule décalquée par la doxologie des psaumes adressée « au Dieu qui est, qui était et qui vient… »

Psaume 102 ( » Il révèle ses desseins à Moïse « )

Ce psaume a la forme d’une hymne et pour contenu la gratitude éprouvée par le pécheur que Dieu a pardonné.

L’introduction

Dans la strophe initiale, le psalmiste s’invite lui-même à bénir le Seigneur. Il exhorte ainsi son âme, son souffle, et son être, la profondeur de ses pensées et de ses sentiments. Il veut bénir Dieu, c’est-à-dire reconnaître en juste gratitude les bénédictions qu’il a reçues de Dieu, ses bienfaits qu’il serait injuste d’oublier.

L’expérience du pardon divin

La deuxième strophe précise la nature de ces bienfaits. C’est le total pardon. Les expressions du quatrain peuvent s’entendre en deux sens. Ou bien, selon une antique mentalité, le psalmiste était tombé gravement malade, au bord de la tombe et voyait dans sa maladie une conséquence de ses offenses ; mais il constate avec reconnaissance que le Seigneur l’a guéri et lui a donc pardonné ses erreurs. Ou bien c’est plus simplement l’état de pécheur que l’auteur compare à une maladie mortelle.

En tout cas, Dieu ne lui a pas seukement accordé un sursis, mais il lui a conféré un dignité nouvelle représentée par un couronnement (comparer Psaume 8, 6), la couronne étant ici l’amour et la tendresse divines. Le verset 13, ici omis, insiste : « Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint ! »

Une expérience communautaire

Avec la troisième strophe, le poète intègre son heureuse situation dans la foi de tout le Peuple élu. Chaque croyant doit proclamer la justice du Seigneur qui, à travers sa patience ; équivaut à son pardon ; sa justice aussi qui veille à ce que soit reconnu le droit des opprimés (comparer Deutéronome 10, 18-19 ; 15, 7-11). Toute cette justice, divine et sociale a été révélée à Moïse sur le Sinaï, comme aussi les hauts faits du Seigneur qui allaient jalonner la route de l’exode des Hébreux.

Une explicitation du nom Je-suis

Les deux vers ouvrant la dernière strophe se réfèrent encore à l’expérience de Moïse sur la montagne. Quand celui-ci supplie le Seigneur de se montrer à lui, il s’entend répondre : Je vais passer devant toi (…), et je prononcerai mon nom devant toi… (Exode 33, 8). Et lorsque se réalise la promesse, la voix divine déclare : Le Seigneur ! le Seigneur ! Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité… (Exode 34, 6). Cette phrase est une belle explicitation du nom Je-suis (1ère lecture).

 Dieu n’est point bonasse. Il sait punir les transgressions. Mais il est patient, car il connaît notre fragilité (voir Psaume 102, 14-15). Dans cette culture antique ignorant les instruments d’astronomie, la distance vertigineuse entre la voûte céleste et la terre donne au psalmiste, dans les deux derniers vers, une idée d’immensité, l’immensité de l’amour du Seigneur pour nous.

 

1 Corinthiens 10, 1-6.10-12 (La vie de Moïse avec le peuple au désert, l’Écriture l’a racontée pour nous avertir)

La vocation de Moïse (1ère lecture) ouvrait l’histoire de l’Exode d’Israël. Ici, Paul évoque globalement les leçons de cet Exode pour le lecteur chrétien. Dans un passage où l’Apôtre traite de la liberté chrétienne (1 Corinthiens 8 – 10), cette séquence invite à la prudence, dans la fidélité au Christ, à la lumière de l’expérience d’Israël au désert.

L’Exode comme annonce des réalités chrétiennes

« Nos pères » par la médiation de Moïse, disposaient de la première ébauche des signes chrétiens du baptême (la nuée du passage de la mer Rouge) et de l’eucharistie (la manne) ; et même, *le rocher qui les accompagnait était déjà une certaine et réelle présence du Christ, à travers la Sagesse  divine qui guidait Israël dans le désert : « ce rocher c’était  le Christ. » Pourtant, les ancêtres ont failli, se révoltant contre Moïse, et ils ont péri (cf. Nombres 14, 16).

L’Exode comme avertissement

« Ces événements » ne sont pas racontés pour condamner l’ancien Israël, mais pour « nous servir d’exemple », et Paul songe sans doute ici à l’épisode des serpents en Nombres 21, 5-6. Cette histoire nous vise, nous qui vivons « à la fin des temps », l’ultime étape de notre salut, nous qui possédons les réalités que l’Ancien Testament annonçait seulement.

 Alors, « attention à ne pas tomber », en confondant liberté et licence ! Ce texte ne parle pas d’un Dieu vengeur. Il dit qu’il y a un engrenage de mort quand on se détourne du projet de salut de Dieu.

* Le rocher. A partir d’une comptine, « Monte, puits ! », Nombres 21, 16-18 évoque un puits qui abreuva Israël au désert et dont s’empara la légende. Les légendes assimilèrent le puits au rocher frappé par Moïse (Nombres 20, 10-11). Il devint une sorte de wagon-citerne accompagnant l’exode d’Israël. Pour les scribes juifs du 1er siècle, ce puits-rocher d’eau vive était la Loi de Moïse, source de vie. Non, proteste Paul, qui connaît la légende : ce puits- rocher, c’était déjà le Christ, Sagesse de Dieu !

 

Luc 13, 1-9 ( » Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même « )

Le 3e dimanche de carême de l’Année C aborde un thème cher à Luc : l’appel à la conversion et la bonté patiente de Dieu. L’évangile de ce jour appartient à la première étape du voyage de Jésus vers Jérusalem (Luc 9, 51 – 13, 21), étape égrenant les enseignements qui inspireront la prédication des futurs missionnaires du Seigneur. Notre texte a pour prélude un appel à se mettre au plus vite en règle avec Dieu (Luc 12, 57-59). Voici à présent la raison de cette urgence : la vie est fragile. Si Dieu semble si patient, c’est pour nous laisser le temps de la conversion (comparer 2 Pierre 3, 9). Le texte se répartit finement en trois épisodes : deux faits divers et une parabole.

Une  » manif.  » qui tourne mal

On ignore tout d’un massacre perpétré par Pilate à l’encontre de pèlerins venus de Galilée. Mais on sait que les pèlerinages des grandes fêtes à Jérusalem favorisaient l’agitation populaire et que Pilate frappait vite et fort, quitte à regretter des représailles maladroites qui ne faisaient qu’exacerber l’hostilité à son égard.

 Jésus interprète l’événement : Non ! *Dieu n’a pas puni spécialement ces malheureux. Mais l’incident donne à penser : la mort s’avère imprévisible, et on risque de ne point se trouver prêt à affronter le Juge de toute vie (cf. Luc 12, 58-59).

Des architectes urbains incompétents

Après le cas des Galiléens, un deuxième fait divers concerne les habitants de Jérusalem, avec la chute de la tour de Siloé qui, sur le mur de la ville, surplombait la vallée du Cédron. Même leçon, mais ce second accident, tout aussi inconnu des historiens, permet de mettre sous le même avertissement Galiléens et Judéens, provinciaux ruraux et citadins de la capitale.

Une clé de lecture des faits divers tragiques : la parabole du figuier

La parabole du figuier épargné semble une composition de Luc, à partir de la malédiction du figuier par Jésus en Marc 11, 1.2-14.20-21, une tradition ignorée de Luc. Ou plutôt, Luc la transforme en une leçon de patience de la part de Dieu qui ne nous laisse du temps que comme un sursis pour notre conversion, pour que nous portions enfin du fruit. « Au figuier, resté improductif pendant trois ans, le propriétaire du terrain accorde en effet, grâce à l’intercession de son jardinier, une année de rémission, de sursis, la dernière avant la sanction inévitable de son improductivité » (S. Beaubœuf, La montée à Jérusalem). Dans la pensée de Luc, le vigneron intercesseur est le Christ.

Bref, nul privilège devant les aléas de la vie

L’évangéliste illustre ici le message de Jean Baptiste, qui exclut tout privilège : « Produisez donc des fruits qui expriment votre conversion. Et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham [pour sauf-conduit !]. Car je vous le dis: avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham » (Luc 3, 8). Or, après la parabole du figuier (épisode masculin), Jésus relèvera à la synagogue une femme courbée (épisode féminin) que, clin d’œil des symboles numériques, est enchaînée par Satan depuis dix-huit ans, comme la tour de Siloé a tué dix-huit personnes. Jésus délivre cette femme parce qu’elle est « une fille d’Abraham » (Luc 13, 16).

Le carême fait réfléchir sur la fragilité de la vie et sur la patience de Dieu. Quels que soient nos efforts, c’est en Jésus que nous nous confierons pour nous guérir, comme cette femme qu’il redresse, le jour du sabbat.

* Dieu fait-il mourir ? L’Ancien Testament voit en Dieu le maître de la vie (cf. 1 Samuel 2,6). De là à penser qu’une mort prématurée révélait un châtiment, il n’y avait qu’un pas que contestera le livre de la Sagesse (3, 1-9). Jésus rencontra cette mentalité avec la question des disciples devant l’aveugle-né : « Pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » Jésus déplace la question : « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui » (Jean 9, 2-3). Jésus ne donne pas de réponse au « pourquoi » du mal. Mais il y a un « pour quoi (faire) » : que faire avec le mal ? Le guérir, selon les moyens que Dieu donne ; ou, simplement, se faire solidaire de ceux qui souffrent, comme en témoigna Jésus dans sa passion.

Luc explore une autre voie : la vie humaine tient à un fil. Dieu ne fait pas mourir, mais les accidents de toute sorte invitent à prendre au sérieux cette fragilité. Nous avons tendance à remettre au lendemain les corrections qui s’imposent pour notre propre bien et celui de notre entourage.




3ième Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

Choisis la Vie, et non le péché et la mort (Lc 13,1-9) !

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?”
Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

         figuier stérile 3   A l’époque de Jésus beaucoup pensaient qu’il existe un lien direct entre péché, malheurs, maladie et mort. Cette conception s’enracine dans les temps les plus anciens. Déjà, les peuples voisins d’Israël, croyaient en ce que l’on appelle souvent « le Principe de Rétribution selon les actes ». Cette croyance était totalement païenne, au sens où les dieux n’intervenaient pas. Elle est très certainement née de l’expérience, mais la vision du monde qu’elle transmet est non seulement simpliste, mais encore erronée. Selon cette conception, lorsqu’un homme commet le mal, il déclenche une puissance malfaisante qui, tôt ou tard, retombera sur lui et sur son entourage.

            Israël va accueillir cette croyance et l’intégrer dans sa foi encore toute jeune. Lors de la sortie d’Egypte, racontée dans le Livre de l’Exode, ils ont vu le Seigneur à l’œuvre avec une grande Puissance, et ils en ont déduit que cette Puissance ne pouvait qu’être celle du Dieu Créateur, ce Dieu Tout Puissant qui a fait surgir l’univers du néant. Et ils se faisaient une telle idée de cette Toute Puissance de Dieu qu’ils pensaient que rien ne pouvait lui échapper, pas même le mal (Am 3,6 ; Lm 3,38)… Ces conséquences mauvaises qui, soi disant, retombent sur le pécheur ne pouvaient donc venir que de Dieu. « Le Principe de Rétribution selon les actes » a ainsi conduit Israël à s’imaginer que Dieu était un Juge qui, du haut du ciel, récompense les justes et punit ceux qui font le mal : « Toi, écoute au ciel et agis ; juge entre tes serviteurs : déclare coupable le méchant en faisant retomber sa conduite sur sa tête, et justifie l’innocent en lui rendant selon sa justice » (1R 8,32 ; Ez 7,3 et 22,31).

            Avec une telle croyance, les galiléens massacrés par Pilate et ces « dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé », ne pouvaient qu’être des pécheurs que Dieu avait punis par suite de leurs fautes. « Eh bien non », dit Jésus. Ils n’étaient pas « plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem. Et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. »

            Nous sommes donc de nouveau invités ici à nous convertir, à renoncer au péché qui nous tue pour apprendre, avec Jésus, à aimer. Et la parabole suivante du figuier insiste tout particulièrement sur la patience de Dieu, qui inlassablement s’offre à nos cœurs pour les purifier, les nourrir et leur donner de pouvoir enfin porter du fruit (Jn 15)…    DJF





Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême

“ Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur,

mais écoutons la voix du Seigneur ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Lc 13, 1-9)

Un premier lecteur lit du début jusqu’à “ de la même manière ”.

Un deuxième lecteur continue avec la parabole. Cela afin de bien marquer les deux parties de cet évangile : la première dit l’urgence de la conversion, la deuxième révèle la patience de Dieu.

 Situons le texte

Dans le passage qui précède l’évangile de ce jour, Jésus a reproché à ses compatriotes de ne pas savoir interpréter les signes du temps qui est arrivé avec lui, l’Envoyé du Père. Chacun doit pouvoir juger par lui-même de la gravité de l’heure, et se dépêcher de se convertir, de se réconcilier avec son adversaire s’il le faut.

L’évangile d’aujourd’hui continue dans le même sens. 

Soulignons les mots importants

 Le massacre des Galiléens par Pilate

La catastrophe de Siloé

Il s’agit de deux malheurs : l’un causé par la cruauté humaine et l’autre par un accident. Comment réagissent les compatriotes de Jésus?

Et nous, ne disons-nous pas trop facilement devant un malheur que Dieu a puni. « Bon Dieu y puni pas l’roches ! ”

 Si vous ne vous convertissez pas : C’est quoi cette conversion que demande Jésus ?

Vous périrez tous de la même manière : Que veut dire Jésus à ceux qui l’écoutent ?

Le figuier stérile : quel est le sens de cette parabole ? Va-t-il un rapport avec ce que Jésus vient de dire juste avant ?

Ensemble regardons Jésus

L’appel à la conversion est sérieux. Jésus nous apparaît comme un prophète à l’air grave ? Ce n’est pas pour rien que son Père l’a envoyé. Il est patient. Mais on ne se moque pas de Dieu ! “ Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur…  (silence)

 

 

Pour l’animateur

 Les compatriotes de Jésus pensaient que les malheurs étaient des châtiments d’une faute. Jésus déclare nettement que le massacre par Pilate, pas plus que la catastrophe de la Tour de Siloé, n’était pas une punition pour les malheureuses victimes 

Il affirme en même temps que tous sont pécheurs et ont besoin de conversion : c’est à dire d’un changement radical de vie en accueillant sa Parole et en l’accueillant comme l’Envoyé du Père. Jésus veut obtenir que ses interlocuteurs changent la direction de leur vie. 

Les deux types de mort brutale dont il est question doivent servir d’avertissement à ceux qui ne sont pas pressés de changer de comportement. C’est maintenant, avant l’accident, lorsque la vie est apparemment tranquille qu’il faut faire pénitence et accueillir la Parole de Jésus. Après, il est trop tard ! 

C’est le sens de la parabole du figuier stérile : le reproche fait au figuier sert d’avertissement aux auditeurs de Jésus. C’est maintenant qu’ils doivent se décider pour Dieu afin de porter du fruit. La patience de Dieu, loin d’encourager le pécheur à remettre sa conversion à plus tard, doit au contraire l’inciter à se mettre au travail pour commencer à changer de vie.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Ce n’est pas notre péché qui entraîne la condamnation de Dieu, mais notre refus de nous convertir.

Pour réaliser le chemin qu’il nous reste à faire pour parvenir à la sainteté qui est notre vocation à tous, il nous faut réaliser à quel point le Père nous aime et à quel point nous ne savons pas répondre à son amour.

Est-ce que nous nous reconnaissons réellement pécheurs ? Est-ce que la routine ne nous fait pas rester dans la médiocrité? Nous nous contentons peut-être d’une “ petite moyenne  ” dans notre vie de fils ou de filles bien-aimés du Père?  Croyons-nous à la nécessité de nous réconcilier avec lui ? Ou de nous rapprocher de lui ? D’être des chrétiens plus “ engagés ” dans la vie de tous les jours : ne suis-je pas un peu ce figuier stérile qui est peu productif (quels sont les fruits que le Père attend de moi ?) Est-ce que je n’ai pas tendance à remettre à plus tard ce qu’il faudrait changer maintenant dans ma vie ?

 Tant de drames, de catastrophes et de massacres remplissent les colonnes des journaux ou les reportages télévisés : comment réagissons-nous? Pouvons-nous les considérer comme un appel de Dieu notre Père à prendre notre part, si modeste soit-elle, dans la lutte contre le péché du monde?

Ne serait-ce qu’en luttant, là où nous sommes, pour le respect de la vie, le respect des personnes, pour le refus de la violence, tant dans nos paroles que dans nos actes ?

Ensemble prions.

Seigneur, tu es un Dieu patient et miséricordieux. Tout au long de notre existence, tel un compagnon invisible, tu chemines à nos côtés et tu nous entraînes peu à peu à régler notre pas sur le tien dans la longue montée de toute l’humanité vers le Père. Nous te rendons grâce pour ce compagnonnage et pour ce temps du carême où tu prends patience à notre égard. Fixe toi-même nos yeux sur ton Fils, Jésus-Christ, en qui nous reconnaissons notre Sauveur, lui qui règne avec toi pour les siècles des siècles. Amen

 

Chant : Prenons la main que Dieu nous tend.

 

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Une rencontre avec Jésus Miséricordieux…

Le récit de certains évènements, on ne peut pas l’inventer. On peut le faire que si on l’a vraiment vécu. D’autre part, l’assistance, la personne qui est en face aura du mal à accepter ce qu’on lui raconte, à moins qu’elle ait vécu elle – même un événement semblable ou du même ordre.

Rassurez-vous, à votre place, je réagirais comme vous…. je serais méfiant…

Je m’appelle Albert, je suis né en 1945 aux Camélias à St Denis.

Je suis marié, père de 3 enfants et grand père de 4 petits enfants.

Je quitte la Réunion en 1962 et y reviens en 1977 après 15 années au sein de la marine nationale.

Je m’installe alors comme infirmier libéral à st Denis.

Tout va très bien. J’aime mon métier que j’exerce avec passion. Je travaille énormément et la situation professionnelle est florissante.

Vers 1987 je reprends mes anciennes activités sportives : courses de montagne, marathon etc…

J’ai beaucoup d’activités…..et à partir de 1993 le surmenage commence à se faire sentir…

Début juillet 94 : gros problème cardiovasculaire. Le cardiologue me mets immédiatement au repos.

Des examens sont faits et un quadruple pontage coronarien est proposé.

Je sais plus ou moins ce que je vais subir…

Je décide de me faire opérer à Montpellier où ma fille est étudiante… Je suis seul à m’occuper des formalités de départ… Le cardiologue de la Réunion me remet la cassette de ma coronarographie… Un quadruple pontage c’était le maxi en 1994…

A partir du 5 juillet l’angoisse, le stress, s’emparent de moi, je m’enlise… dans l’attente de l’opération.

Tout est contre moi… mon médecin traitant qui est un ami me fait part que le cardiologue lui a dit que j’avais les coronaires d’un vieillard !… Démarche… billet d’avion…

Le 14 juillet départ – en compagnie de ma fille qui était en vacances à la Réunion – déchirant à Gillot…

Je me sens au fond de l’abîme : je pense à mes enfants, à ma femme… que je risque de quitter à jamais. Je suis loin de la religion et de l’Eglise. Je ne vais plus à la messe depuis plus de 30 ans ! Je ne prie jamais. Je suis loin de la spiritualité…

Je savais le risque encouru. Pour symboliser ma fragilité, je dis toujours que j’avais un pied sur le tranchant d’une lame de rasoir et l’autre dans le vide… L’attente de l’opération se fait longue, interminable… Je me sens presque mourir… au bord du gouffre…

Le 19 juillet consultation au CHU de Montpellier : le Pr SEGUIN me dit: « Vos artères ne sont pas simplement sténosées mais carrément bouchées »…

La veille de l’intervention, je suis au au plus bas de ma condition morale, et pourtant, le matin de l’opération je me sens… presque bien, prêt à monter sur le billard !!!

Une parenthèse pour vous dire que depuis l’âge de 17 ans je n’allais plus à la messe…

(mais marié à l’église, baptême et communion des enfants).

Je suis donc opéré le 26 juillet 94. L’intervention dure environ 8 h, et je suis maintenu dans un coma pendant 4 jours, tout va assez bien…

Jésus Miséricordieux

Un certain temps après mon réveil (je ne peux pas préciser si c’est 2,8 ou 15 jours après) des souvenirs me viennent et me ramènent à ma période de coma : dans la salle d’attente d’un de mes anciens patients, ma dépouille est installée sur un lit.

       En haut et à gauche de ma dépouille le Christ, deux faisceaux partant de sa poitrine, ses deux bras le long du corps et sa couronne en forme de soleil. Qui me dit qu’il s’agit du Christ ? Je n’ai pas vu son visage… je n’ai aucune preuve à vous donner… mais j’ai la certitude qu’il s’agissait bien du Christ…

Les images disparaissent…

C’est alors que le Christ, alors que je suis dans un aveuglement total, s’adresse à moi.

D’une voix forte, grave, rassurante et douce à la fois, il me dit : « N’AIE PAS PEUR, NE CRAINS RIEN ». Je réagis rapidement et je repousse énergiquement son message : « NON PAS MOI, JE SUIS PECHEUR. »

Qui me dit qu’il s’agit de la voix du Christ ? Je ne connais pas le son de sa voix, je n’ai aucune preuve à vous donner, mais j’ai la certitude que c’était la voix de Jésus.

Tout se passe très rapidement.

Sacré Coeur

Les images reviennent, et le visage du Christ pivote légèrement sur sa gauche et les rayons (rayons en or) de sa couronne se braquent sur ma poitrine, la foudroient et la transpercent avec une puissance inouïe et une douceur infinie… Tout cela se passe très rapidement.

C’était une sensation très agréable et cela m’a fait du bien… J’étais hors du temps… C’était la paix, la sérénité totale, sensation de bien-être profond, le plus merveilleux moment de ma vie. La notion de temps n’existait plus, plus de passé, plus d’avenir.

Les souvenirs s’arrêtent là … sans grand bouleversement dans la suite de mon quotidien, sans autres sensations que le souvenir…

Je suis placé en invalidité totale et définitive à 50 ans !

Je mène une vie de convalescent pendant environ 2 ans, puis le quotidien reprend le dessus.

Je ne vais toujours pas à la messe, je ne prie pas et ne sais pas prier, et si quelque fois je m’arrête dans une église (ancienne) c’est surtout par mon attirance pour ce qui est du côté de l’art et de la sérénité, du repos que j’y trouve. Je ne fais aucune prière : je n’en connais pas.

Les souvenirs reviennent très souvent, mais je les garde secrètement.

Ce qui s’est passé pendant mon coma, je ne l’ai dit à personne, même pas à ma femme. Je l’ai gardé pour moi pendant plus de 15 ans !

Ma femme va à la messe, fait partie de la chorale, participe au Rosaire et fait quelque fois le catéchisme.

UNE METAMORPHOSE, UN CHANGEMENT EXTRAORDINAIRE VA SE PRODUIRE.

Vers 2009 (15 ans après mon opération) je décide d’aller, moi aussi à la messe, en me disant que cela ne pourrait me faire que du bien. Donc tous les dimanches à la messe…

Par contre je ne vais pas à la communion. Je me disais que ce n’était pas concevable d’aller à la communion aussi rapidement après une absence de prés de … 50 ans !

Je ne savais rien de la messe : l ‘Homélie, l’Eucharistie , je ne savais pas ce que c’était et je ne comprenais pas grand chose, mais petit à petit je deviens plus attentif, et je découvre…

Après 1 année, je décide de me confesser (juste me confesser, sans raconter mon vécu) et d’aller à la communion : je ne sais pas pourquoi, mais j’ai vécu cela comme un moment important et avec une grosse émotion…

LES CHOSES SERIEUSES VONT ALORS COMMENCER

Après quelques communions (2,3 ou 4, je ne sais plus) les souvenirs de ce qui s’était passé pendant mon coma ressurgissent de façon intense, très, très intense. J’étais comme englobé dans une bulle de souvenirs TRES TRES FORTS. J’étais comme dans une atmosphère surnaturelle. C’étaient comme des souvenirs vivants. J’étais dedans en permanence, c’était agréable, j’étais bien… et cela a duré environ … 2 mois. J’étais anormalement bien, dans un autre monde, très bouleversé, un peu perdu. L’émotion était trop forte…

Je fais part à ma femme de mes souvenirs et elle est stupéfaite : comment ai-je pu me taire pendant si longtemps après un tel événement ! Je la sens bouleversée…

Christ MiséricordieuxJe vois une image de Jésus sur sa table de nuit et lui demande ce que représente cette image.

Elle me répond que c’est Jésus Miséricordieux. Je lui dis alors c’est ce que j’ai vu pendant mon coma, mais qu’il avait les bras le long du corps… Moi je ne connaissais pas Jésus Miséricordieux (je ne partais plus à l’église depuis plus de 50 ans)…

Une interrogation de ma part : comment ai-je pu reconnaître que c’était Jésus ? Mais j’ai la certitude que c’était le CHRIST.

La voix que j’ai entendue, qui me dit que c’est celle de JESUS ? J’en ai pourtant la CERTITUDE.

Ne me posez pas la question, je ne pourrai pas vous répondre. Mais c’était bien Jésus que j’ai vu et qui s’est adressé à moi.

J’étais comme fou ! Je voulais m’en sortir, en parler, mais comment faire ? À qui en parler ?

Cette sensation de bien-être total, j’avais envie de la revivre… C’est impossible, mais je sais que le moment venu je le revivrai.

Je n’ai plus peur de la mort… Ce n’est pas la fin… C’est la veille d’un heureux évènement…

Pendant des mois je reste concentré sur la prière. Très souvent cloîtré dans ma chambre… J’apprends à prier, je prie dans ma chambre, le jour, la nuit…

J’en parle à un ami, ancien séminariste, et il me répond par un petit sourire au coin des lèvres…

Lors d’une confession (sans raconter mon vécu), le prêtre me dirige vers un diacre qui me reçoit deux fois, puis me conseille de rencontrer le curé de ma paroisse à qui je fais toute ma confession. Il me dit que j’ai de la chance… Il me parle de Sœur Faustine – que je ne connaissais pas – et me conseille la lecture du livret la concernant. C’est ce que je fais et je découvre des merveilles.

J’apprends à prier, je fais quelques lectures, et dans ces lectures je découvre beaucoup, beaucoup de similitudes avec mon vécu…

Je suis conscient que mon comportement a changé. C’est flagrant.

Je suis informé des séances bibliques tenues à l’église de Trois Mares.

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Dés la 1ère séance cela me parait intéressant, captivant… Je suis dans mon bain…

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La méfiance est toujours là. Pour lever tout doute, je décide de rencontrer un psychiatre (catholique). Il me reçoit à 5 reprises. Tout se passe très bien. Je vide TOUT !

A la fin, sa réponse : « Mr Lacaille, vous avez vécu un évènement exceptionnel, mais gardez le pour vous, ou alors choisissez vos interlocuteurs, car peu de gens vous croiront »…

Malgré ma réserve, ma retenue, j’arrive à m’inscrire au Cycle Long du SEDIFOP où je commence une formation…

Ma vie a totalement changé, j’ai changé, je ne suis plus le même…

MERCI JESUS




2ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Fais briller sur nous ta face

 

MOISE BUISSON ARDENTLorsque Moïse se trouva devant le buisson ardent, il vit un feu qui brûlait dans le buisson sans le consumer. Ce feu, c’était la présence de Dieu et le buisson était la figure du peuple de Dieu : Dieu était présent dans son peuple comme un feu mais le peuple n’était pas dévoré par la présence brûlante de l’amour de son Dieu, et Moïse demanda le nom de Celui qui l’envoyait, il entendit et il connut le nom de Dieu : « Je Suis qui je Suis », mais la face de Dieu, il ne la vit pas. Lorsqu’il gravit plus tard la montagne du Sinaï, Moïse supplia encore le Seigneur qui avait gravé sa Parole sur les tables de pierre pour convertir le cœur des Israélites : « Seigneur, je t’en prie, fais-moi voir ton Visage ». Le Seigneur parla à Moïse, lui donnant les tables de son amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu », mais Moïse ne vit pas la face de Dieu car le Seigneur lui dit : « Celui qui voit ma face, mourra ». On ne peut voir la face de Dieu sans mourir. Et Moïse qui avait vu Dieu, non pas de face mais de dos et qui redescendit parmi les Israélites, se couvrit le visage d’un voile : son visage resplendissait de la présence de Dieu.

Quelques siècles plus tard, le prophète Élie s’avança à son tour sur la montagne de l’Horeb, le Sinaï, et demanda au Seigneur de se manifester à lui, le Seigneur ne se manifesta ni par le feu, ni par les éclairs, ni par le vent violent, mais par la douceur d’une brise légère ; alors Élie comprit que le Seigneur était là, et, prenant son manteau, il en fit un voile sur son visage. Élie non plus n’a pas vu la face de Dieu, car le maître-mot de l’ancienne Alliance c’est : « Ecoute Israël ». Israël est un peuple qui écoute son Dieu, qui entend sa Parole, mais ne peut voir son Dieu face à face, sinon ce serait la mort. Or, ni Moïse, ni Élie n’ont demeuré de façon définitive dans la terre d’Israël, dans la terre promise : Moïse est mort de l’autre côté du Jourdain, sur le Mont Nébo, ayant devant les yeux cette terre que Dieu avait promise à son peuple ; et Élie ne fut pas enterré en terre promise, puisqu’il fut emporté auprès de Dieu.

Ces événements ont un sens, c’est parce que Moïse et Élie avaient été tous les deux les porteurs et les messagers de la présence de Dieu dans le feu du buisson et dans la brise légère, présence de Dieu brûlante, dans le Buisson Ardent, et tendresse pleine de délicatesse dans la brise légère. L’un et l’autre avaient entendu la Parole de Dieu et avaient deviné quelque chose du mystère de Dieu à travers le voile, ils ont été de tous les hommes de l’Ancien Testament, ceux qui se sont trouvés le plus proche de Dieu, tel qu’Il se manifestait.

Or, Moïse et Élie avaient reçu un rendez-vous que nous fêtons ce matin. Dans l’Ancienne Alliance, ils ne pouvaient pas voir Dieu face à face. Et voici qu’en ce jour, au temps fixé, ils ont un rendez-vous pour voir la face de Dieu. Ils sont sur la montagne avec les colonnes de l’Église : Pierre, Jacques et Jean, et le Seigneur Jésus se manifeste à eux. Maintenant, ce n’est plus le peuple qui entend la Parole, ce n’est plus simplement « Écoute Israël », en ce jour, Moïse et Élie ont un rendez-vous qui inaugure la fin des temps : le temps à partir duquel on peut contempler Dieu face à face avec les apôtres et tout le peuple de Dieu. L’Ancienne Alliance était une Alliance dans la Parole de Dieu : « J’écrirai ma Loi et mes Paroles dans leur cœur ». La Nouvelle Alliance c’est le mystère de la vision.

Frères et sœurs, il faut de l’audace pour affirmer des choses pareilles, nous le savons bien : Dieu, personne ne l’a jamais vu. Et cependant, pour vous faire comprendre cela, je voudrais repartir d’une expérience qui nous est coutumière : l’expérience du regard. N’avez-vous jamais remarqué que ce qui fascine dans un visage, ce ne sont pas d’abord les traits, ni même les expressions du visage ? Ce qui est le cœur du visage, c’est le regard, la flamme du regard. Et tant qu’on n’a pas vu les yeux de quelqu’un, on ne l’a pas encore vraiment vu, on ne sait pas qui il est. Le regard a ceci de particulier, qu’il n’est pas une tache de couleur parmi les autres traits du visage, c’est une lumière. Le regard, c’est une flamme au milieu de notre visage. Comme le disait un écrivain contemporain : « L’Esprit se lit dans les regards ». On peut dire que le regard est le feu de la présence de quelqu’un. Tant que dans notre vie nous n’avons pas été éblouis par le regard d’une personne, on ne peut pas dire que nous l’aimons.

Tant que nous n’avons pas eu cette expérience merveilleuse d’avoir le cœur tout illuminé, transfiguré par ce regard de tendresse, ou de miséricorde ou de pardon, ce regard lumineux qui se pose sur nous en nous disant qu’il est notre joie, nous ne savons pas ce que c’est qu’aimer nos frères.

Pape François Compassion

Toutes proportions gardées, et Dieu sait qu’il faut multiplier les proportions à l’infini, c’est ce qui s’est passé ce jour-là pour Moïse, Élie et les apôtres, ce qu’ils ont vu ce jour-là, c’est le véritable regard de Dieu, un regard qui n’était plus simplement un regard humain, mais un regard qui apportait lui-même la lumière. Et lorsque l’évangile nous dit que Pierre, Jacques et Jean furent saisis dans la nuée, j’aime à croire que cette nuée c’est le regard de la tendresse et de la miséricorde de Dieu, le feu de son amour brûlant qui s’est posé sur eux pour les envelopper.

Notre foi, c’est un regard, non pas d’abord le regard que nous posons, mais ce regard brûlant de tendresse, cette brise légère, cette nuée très douce de la lumière de Dieu qui nous enveloppe et qui se pose sur nous. C’est à ce moment-là seulement que le voile est levé. Si la synagogue comme la représente la statuaire du Moyen Âge porte un voile sur les yeux, ce n’est pas parce qu’elle se serait volontairement aveuglée mais parce qu’elle était déjà tout entière saisie et captivée par la Parole de Dieu, Parole qui lui révélait son péché, ce voile déposé sur son cœur et sur ses yeux. Elle ne pouvait pas encore contempler le sourire ni le regard de son Bien-aimé tant que Celui-ci ne s’était pas manifesté dans la chair. Et voici qu’aujourd’hui, c’est l’Église qui jaillit du sein de la nuée, c’est le voile qui tombe des yeux de ceux qui ont cherché le Seigneur et qui, jusqu’ici, ont écouté sa Parole, aujourd’hui le voile tombe et notre regard est émerveillé par la flamme du buisson, car le buisson ardent ne brûle plus comme un feu, mais le feu est devenu un visage. Aujourd’hui Élie n’est plus saisi par la brise qui passe doucement sur le mont Sinaï mais c’est la brise elle-même, le souffle vivant de 1’Esprit, personne divine, regard du Christ porté sur son Père, qui le saisit et qui l’emporte dans le cœur de Dieu. Élie, Moïse et les apôtres, et nous aussi avec eux, nous plongeons notre regard dans la lumière du regard de Dieu.

Nous vivons dans un monde qui est sourd et aveugle. Il est sourd à la Parole de Dieu, ce n’est pas de sa faute, ses oreilles sont encore bouchées, il est aveugle au mystère de Dieu, et cela j’ose le dire, c’est de notre faute à nous. C’est notre plus grande faute à la face d’un monde qui sombre peu à peu dans l’agnosticisme, dans lequel il perd toute son énergie et se laisse aller au désespoir et à la solitude, si nous ne sommes pas les témoins du fait que, par les yeux des apôtres, nous avons vu le Seigneur, si nous ne sommes pas les témoins que, par les oreilles de Moïse et Élie, nous avons entendu dire : « Je suis le Seigneur ton Dieu ».

Si nous ne sommes pas les témoins de la Parole d’un Dieu qui parle, et du regard de Dieu qui nous voit et que nous voyons mystérieusement par la foi, mieux vaut pour nous nous taire et nous cacher. Si notre foi n’est pas en sa racine, ce regard d’amour éperdu plongé dans les yeux du Bien-aimé, si elle n’est pas le désir de cette resplendissante beauté du Seigneur qui plonge sur nous le regard de sa tendresse et de son amour, c’est que nous n’avons rien compris.

carêmeC’est le temps du carême, c’est le temps de la conversion. Tournez votre regard, ouvrez vos oreilles, ouvrez votre cœur, plongez votre regard dans le regard de Dieu et vous lirez à chair ouverte cette chair de Jésus crucifié sur la croix et marquée de la plaie des clous, cette chair percée par la lance de notre haine, vous lirez à chair ouverte, la flamme brûlante du regard du Christ Ressuscité. AMEN




2ième Dimanche de Carême par P. Claude Tassin (Dimanche 21 février 2016)

Genèse 15, 5-12.17-18 (L’Alliance de Dieu avec Abraham)

Dans l’histoire sainte racontée au long du Carême, le 2e dimanche évoque chaque année la figure d’Abraham. Il s’agit, en cette année C, de l’Alliance conclue par Dieu avec le patriarche. Ces extraits liturgiques de Genèse 15 dessinent le scénario suivant :

  1. Dieu promet à Abraham une descendance innombrable. L’auteur évoque sobrement *la foi d’Abraham.

  2. Dieu se révèle comme celui qui a fait sortir Abraham de sa patrie pour lui donner « ce pays ». Le patriarche demande une confirmation (« comment vais-je savoir… »).

  3. Dieu ordonne un sacrifice. Le rite consiste à passer entre les morceaux d’animaux sacrifiés pour appeler sur soi le sort de ces victimes si l’on vient à trahir ses engagements. Abraham écarte du lieu les oiseaux de mauvais augure.

  4. La frayeur religieuse et le sommeil surnaturel (comme le sommeil d’Adam lors de la création d’Ève, Genèse 2, 21) signifient que Dieu agira seul. De fait, rite inouï, Dieu seul s’engage (Abraham dort !) : il passe entre les quartiers d’animaux, sous les symboles du brasier et de la torche ; il se maudit lui-même, en quelque sorte, au cas où il ne tiendrait pas la promesse qu’il répète solennellement.

  C’est la rencontre de deux gratuités : Dieu engage son honneur, sans rien demander en échange, et Abraham croit Dieu sur parole.

* La foi d’Abraham. Genèse 15, 6 dit littéralement : « Abraham crut dans le Seigneur qui le lui compta comme justice. » Il est « juste » aux yeux de Dieu, non pour quelque action méritoire, mais parce qu’il reconnaît Dieu comme Dieu, comme Celui qui fait ce qu’il dit et réalise ce qu’il promet.

Le judaïsme ancien louait la fidélité d’Abraham à « la Loi du Très-Haut » et surtout son obéissance à l’ordre de sacrifier Isaac (cf. Siracide 44, 19-20 ; 1 Maccabées 2, 52).

Saint Paul renversera ce point de vue : la Loi de Moïse n’existait pas au temps du patriarche; ce n’est donc pas pour sa fidélité aux commandements que Dieu l’a déclaré juste. Mais, déjà comme mort et sans descendance, Abraham a cru Dieu capable de réaliser l’impossible, de tirer la vie de la mort, comme nous croyons que Dieu a tiré Jésus de la mort. Par là, Abraham n’est pas le père des seuls Juifs, mais de tous ceux qui, Juifs ou païens d’origine, croient en la promesse de vie inscrite dans la résurrection de Jésus (voir Galates 3, 6-11 et Romains 4).

 

Psaume 26 (« C’est ta face, Seigneur, que je cherche « )

Ce Psaume se déploie en deux panneaux, peut-être à l’origine deux poèmes différents. Du premier panneau, notre dimanche retient la première strophe. Les trois autres viennent de la seconde partie. La liturgie juive inscrit ce psaume dans les fêtes d’automne qui ont quelque rapport avec le Carême chrétien. Les extraits d’aujourd’hui n’ont pas de lien direct avec les autres lectures qui l’entourent. Ils ont un simple but pédagogique, comme un modèle de prière en notre montée vers Pâques.

Pour ceux et celles qui ont une sensibilité poétique

Ce psaume de demande et surtout d’espérance s’ouvre par des « interrogations rhétoriques », de fausses questions auxquelles on répond par non. De qui aurais-je crainte ? de personne, évidemment ! Devant qui tremblerais-je ? Devant personne, bien sûr ! Telle est la conviction du psalmiste. La dernière strophe confirme cette assurance par un « parallèlisme croisé » (A B B A) – car l’essentiel de la poésie hébraIque tient dans les parallélismes littéraires : Espère le Seigneur (A), sois fort (B), prends courage (B), espère le Seigneur (A).

Un contexte d’hostilité

Le poète dit vivre dans un monde hostile, selon le verset 2 omis par la liturgie : Des méchants s’avancent contre moi… une armée se déploie devant moi… » Quel chrétien (question rhétorique !) ne se reconnaîtrait pas, au sein de ses propres épreuves, dans ces expressions ? Le psalmiste, quant à lui, est sûr des bontés du Seigneur sur la terre des vivants, dans la vie d’aujourd’hui et non dans ce que les Hébreux appelaient le Shéol, ce lieu souterrain où, après la mort, on connaît un éternel et tranquille coma (voir Job 3, 11-19) ?

C’est ta face que je cherche

Selon une tradition biblique, des privilégiés voient Dieu, comme Moïse et les Anciens sur le Sinaï (Exode 24, 9-10). Selon une tradition concurrente, Dieu déclare à Moïse : « Tu ne peux voir ma face ; car l’humain ne peut me voir et vivre » (Exode 33, 20). Notre psalmiste ne prétend pas « voir » Dieu. Simplement, il cherche sa face. D’une part, il s’exprime dans le langage des antiques cours orientales. « Ceux qui voient la face du roi » sont les nobles qui bénéficient de son intimité, à l’abri de son courroux. D’autre part, chercher la face du Souverain céleste, c’est chercher ce qu’il attend de nous sur la terre des vivants.

  Le lectionnaire met entre guillemets les deux derniers vers qui constituent sans doute la réponse divine, peut-être par l’intermédiaire d’un prêtre du Temple. En tout cas, Dieu confirme la confiance du poète par un encouragement qui fait écho à celui adressé à Josué, quand celui-ci allait affronter tant de combats : « Sois fort et courageux. Ne crains pas, ne t’effraie pas. Car le Seigneur ton Dieu sera avec toi partout où tu iras » (Josué 1, 9).

 

Philippiens 3, 17 – 4, 1 (Le Christ nous transfigurera)

Si la Lettre aux Philippiens se compose de plusieurs billets de Paul, le texte d’aujourd’hui ferait partie du dernier. Libéré de prison, Paul s’est rendu à Philippes où il a constaté que certains missionnaires chrétiens imposent des usages juifs à la communauté comme nécessaires au salut.

  Paul demande à ses amis de Philippes de prendre pour modèle son christianisme, son « exemple », et non ces missionnaires qui agissent « en ennemis de la croix du Christ » : au lieu de se confier au Christ mort pour nous, ils se fient aux prescriptions alimentaires juives (« leur dieu, c’est leur ventre ») et dans le rite de la circoncision (« leur honte », allusion aux parties dites « honteuses »).

  Notre « corps social » représentatif (traduit ici par « nous sommes citoyens des cieux ») n’est ni la citoyenneté juive ni la citoyenneté romaine, mais la cité céleste. Nous cherchons l’honneur, social et personnel. Nous attendons Jésus Christ comme « Sauveur » (un titre de l’empereur romain). Il doit venir transfigurer nos corps par la résurrection et nous conformer à son être de Ressuscité. Il ne faut pas insulter cette destinée, cette dignité, en s’attachant à des pratiques qui sont, pour Paul, un retour en arrière. En attendant la prochaine visite de l’Apôtre, que les Philippiens tiennent bon !

  Ce texte est choisi pour son lien avec l’évangile : la Transfiguration du Seigneur est la promesse de notre propre transfiguration.

 

Luc 9, 28b-36 (« Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre « )

Bientôt Jésus prendra la décision de se rendre à Jérusalem (cf. Luc 9, 51). C’est pourquoi, dans les passages qui précèdent, tel cet épisode de la Transfiguration, se dessinent déjà la passion et la résurrection. Comme lors du Baptême, il s’agit ici d’une révélation de l’identité profonde de Jésus, une manifestation de la résurrection glorieuse qui l’habite déjà. On notera, par rapport à Marc et à Matthieu, les traits particuliers du récit de Luc.

« Pendant qu’il priait… « 

Comme lors du baptême (Luc 3, 21), l’évangéliste montre Jésus en prière, et la glorification qui survient apparaît comme le fruit de cette prière. Le premier bénéficiaire de la Transfiguration est Jésus lui-même en son humanité, ainsi encouragé dans sa décision d’affronter la passion. À la fin du récit, c’est encore lui qui est au centre de l’événement : « Il n’y avait plus que Jésus, seul. »

La transfiguration

Luc écrit : « L’aspect de son visage devint autre. » Il évite le terme « métamorphose » qui, pour des lecteurs grecs, évoque les avatars des divinités païennes (comparer Actes 14, 11-12). La blancheur et l’éclat du vêtement sont l’indice d’un personnage céleste et, dans les apocalypses juives, une telle transfiguration est promise aux élus pour le jour de leur résurrection.

Vers l’Ascension

Moïse et Élie ont aussi rencontré Dieu sur la montagne. Élie monta aux cieux, de même Moïse selon d’antiques légendes juives. Voilà autour de Jésus ses deux aînés dans l’expérience d’une ascension. Ils parlent d’ailleurs avec lui « de son exode qui allait s’accomplir à Jérusalem ». Le mot grec exodos signifie à la fois la mort et le voyage. À Jérusalem, lieu clé de l’histoire du salut, sera répandu l’Esprit Saint à la Pentecôte. Car, pour Luc, le mystère de Pâques culmine dans l’Ascension, Exode du Seigneur de cette terre vers le ciel, et le don de l’Esprit.

  Le récit souligne une distance entre l’événement et les témoins, qui voient la gloire de Jésus, mais endormis. Pierre pense qu’est arrivée l’éternelle fête des Tentes en présence du Messie et « il ne sait pas ce qu’il dit ». Plus tard, le Ressuscité lui-même devra les éclaire sur le sens de ses souffrances et de sa gloire (voir Luc 24, 25-26.45-47) ; et c’est pourquoi aussi l’événement ne peut pas encore être divulgué, faute d’une compréhension suffisante : « les disciples gardèrent le silence…

La nuée et la voix

*La nuée qui survient signifiait, dans les récits de l’exode d’Israël, la présence palpable et impressionnante de Dieu. La voix céleste s’adresse à la fois aux disciples et aux lecteurs : Jésus a été choisi par Dieu, comme le prophète Serviteur de Dieu en Isaïe 42, 1 et comme le nouveau Moïse promis par le Deutéronome 18, 15 : « Parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. »

  « Pour appartenir au peuple sauvé par Dieu, c’est désormais Jésus qu’il faut écouter car il parle avec une autorité plus grande que Moïse et Élie » (H. Cousin, L’Évangile de Luc) et cette scène solennelle annonce notre propre transfiguration, au terme de notre cheminement pascal sur cette terre.

* Dans la nuée… « Accourons, dans la confiance et l’allégresse, et pénétrons dans la nuée, ainsi que Moïse et Élie, ainsi que Jacques et Jean. Comme Pierre, sois emporté dans cette contemplation et cette manifestation divines, sois magnifiquement transformé, sois emporté hors du monde; abandonne la chair, quitte la création et tourne-toi vers le Créateur à qui Pierre disait, ravi hors de lui-même : Seigneur, il nous est bon d’être ici ! Certainement, Pierre, il est vraiment bon d’être ici avec Jésus, et d’y être pour toujours. Qu’y a-t-il de plus heureux, qu’y a-t-il de plus noble que d’être avec Dieu, d’être transfiguré en Dieu dans la lumière ? Certes, chacun de nous, possédant Dieu dans son cœur, et transfiguré à l’image de Dieu doit dire avec joie : Il nous est bon d’être ici, où tout est lumineux (…) : là il fait sa demeure avec le Père et il dit, en y arrivant : Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison » (Anastase, Abbé du monastère du Sinaï [8e siècle], Homélie pour la Transfiguration).

 

 




2ième Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

Tous appelés à la Gloire (Lc 9,28-36) !

Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.
Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,
apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrentà personne rien de ce qu’ils avaient vu.

TRANSFIGURATION3« Pendant que Jésus priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante… Pierre Jean et Jacques étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus »… Le Fils prie. Il se tourne avec une intensité toute particulière vers le Père, et son Mystère apparaît, resplendissant, aux yeux de ses disciples. « Je Suis la Lumière du monde » (Jn 8,12), leur avait-il dit. Et ils constatent ici, dans le cadre de cette prière qui est bien référence à un Autre, le Père, à quel point Jésus est bien « Lumière née de la Lumière » : « Ils virent sa gloire ».

            Or, la notion de « gloire » dans la Bible vient d’un mot hébreu, kabôd, dont la racine évoque l’idée de ‘poids’ : peser lourdement, être lourd. Pour l’hébreu donc, la gloire ne désigne pas tant la renommée que la valeur réelle d’un être estimée à son poids, et c’est ce poids qui définit ensuite l’importance de cet être dans l’existence… Pour les hommes, ce ‘poids’ peut être celui de la richesse, d’un talent particulier, de la position sociale, etc… Pour Dieu, il renvoie à ce qu’Il Est en Lui-même, à sa nature divine, son Être divin… Ce que nous appelons « gloire de Dieu » n’est donc rien d’autre que la manifestation, d’une manière ou d’une autre, de ce que Dieu Est en Lui-même… Pas de gloire de Dieu sans la nature divine qui en est la source…

            Dans un tel contexte, la notion de « gloire » est alors indissociable de celle de « nature divine ». Ainsi par exemple : « Et le Verbe s’est fait chair, et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14). Et juste avant sa Passion, Jésus dira : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant même la création du monde » (Jn 17,24). Ainsi, de toute éternité, le Père donne au Fils « la gloire », c’est-à-dire la nature divine, et cela gratuitement, par amour… Et c’est ainsi qu’il l’engendre « avant tous les siècles » en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, de même nature que le Père ».

            Mais en percevant ainsi le Mystère du Fils, vrai Dieu et vrai homme, les disciples prennent conscience également de ce à quoi Dieu appelle tous les hommes : participer à sa gloire en recevant, comme le Fils et par le Fils, le Don de sa nature divine (2P 1,4). « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » (Jn 17,22)…                                 DJF





« Seigneur, donne-moi un signe ! »

Telle fut la demande de Pierre… Et Dieu a de l’humour… Il lui a donné un cygne !

« J’étais quelqu’un de très sportif depuis mon jeune âge, j’ai pratiqué le vélo à partir de 14 ans, ayant beaucoup de difficultés à l’école je pensais devenir cycliste professionnel.

Cependant à 17 ans je me suis orienté vers une branche professionnelle, je me suis formé au CFA en menuiserie. Ce métier me plaisait beaucoup et j’ai même obtenu mon Brevet de Maîtrise. La menuiserie en bâtiment a été mon métier jusqu’à 48 ans (j’en ai 55 aujourd’hui).

J’avais un travail dans la menuiserie d’une collectivité. Je me suis marié à 27 ans et de notre union sont nés un garçon et une fille. Nous avions tout pour être heureux et vivions une vie simple et heureuse, enfin nous le pensions jusqu’au jour où…

Une chose que je tiens à dire, je donne beaucoup, beaucoup d’amour à mes enfants car c’est quelque chose que je n’ai jamais reçu, ni de mon père et pas non plus de ma mère qui était totalement effacée devant lui.

Un jour, donc, en rentrant du travail, arrivé devant le portail, j’essaye de descendre de ma moto et réussis avec difficulté. Il m’était presque impossible de me tenir debout, après mille efforts, je réussis à ouvrir le portail et à entrer dans la maison. Je me suis affalé sur le lit et j’ai dormi le reste de l’après-midi.

Quand mon épouse est rentrée du travail et m’a trouvé endormi tout habillé, elle s’est inquiétée, je lui ai dit que je me sentais très faible et que je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Voilà le début de ma (de notre descente aux enfers puisque vous l’imaginez bien ma femme y est descendue avec moi, mais également nos enfants puisqu’ils ont souffert de voir notre souffrance qu’on essayait de cacher tant bien que mal à eux et à la famille).

Ça a été le début de visites innombrables et interminables chez les médecins, les spécialistes, les cabinets de radiologies et hôpitaux (200 radios et IRM) pour essayer de comprendre cette maladie. Ça a duré 5 ans. Je me suis affaibli au fur et à mesure, jusqu’à ne plus être capable de faire mon métier, je n’avais plus la force de tenir un marteau ou tout autre petit matériel. J’ai perdu 25kg en 4 mois. Ma bouche s’ouvrait à peine et je devais me nourrir de bananes écrasées et de soupe de légumes.

Du fait qu’ils ne trouvaient pas d’explications, les médecins ont fini par me dire que ma maladie était feinte pour ne plus travailler, je me suis senti insulté et j’ai dit que je ne voulais plus entendre parler de médecin.

La malchance m’a fait croiser le chemin d’une personne qui ne me connaissait pas et qui m’a dit droit dans les yeux que « si je ne levais pas mon pied pour trouver ma guérison, je ne passerais pas l’année ». Il proposait de faire des tisanes parce que selon lui j’avais été victime de sorcellerie Eh oui, pour la première fois j’étais confronté à ce mot « sorcellerie ». J’avais déjà entendu bien sûr tant que ça ne vous touche pas, ça ne pouvait pas vraiment exister !!

Mon épouse a catégoriquement refusé la proposition de cette personne de me soigner et disant que nous ne pouvions pas « aller vers ces choses qu’on ne connait pas » puisque ses parents mettaient en garde contre les pratiques inconnues.

Je pense que vous comprenez à demi-mots que je suis allé voir ailleurs comme on dit.

Ça a été la grosse erreur, tout allait de travers, de mal en pis, de plus en plus malade et l’argent qui file entre les doigts.

J’ai dit à mon épouse maintenant, je veux qu’on me laisse mourir chez moi, plus de médecin, plus rien !!

Il faut être honnête, nous allions à la messe occasionnellement, mais nous ne connaissions pas Dieu. Au moment de la maladie, mon épouse passait des nuits à pleurer et prier, sans résultat (c’est ce que nous pensions encore une fois), c’est ce qui nous a décidés à aller voir ailleurs.

La grande chance que nous avons, c’est que ma belle-sœur a toujours suivi le Seigneur, elle m’a dit un jour, quand elle a réalisé que nous avions de gros problèmes, de venir à l’église pour la prière du renouveau charismatique. Nous sommes allés sans convictions.

Et là au bout de quelques séances de prières, un jour ma femme se met à pleurer et me dit qu’elle ressent des choses surprenantes, que dans son cœur elle n’en veut pas du tout à quiconque même si cette histoire de sorcellerie serait réelle. Moi je ne ressens rien encore !

Ma belle-sœur nous dit que l’année suivante en août, une retraite de prière et louange est organisée si nous voulions participer, c’était un « OUI » immédiat, même si nous ne savions pas trop ce qui nous attendait.

Ne connaissant pas vraiment mes prières, je me suis mis à toutes les apprendre, y compris le chapelet et du coup je les récitais tout le temps.

Arrive la session après la mise en place, le premier intervenant nous dit « ici il n’y a pas de chapelet, pas de prières que vous faite chez vous ». Surprise, mon chapelet était bien sûr avec moi.

Pour débuter, ils ont chanté un chant de louange, dès que je l’ai entendu, j’ai ressenti dans mon corps une grosse chaleur, et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. C’étaient des sensations très fortes que je n’arriverais pas à vous expliquer précisément. Dès cet instant, j’ai entendu comme une voix qui me disait « je t’ai cherché depuis longtemps et maintenant je t’ai trouvé, tu deviens mon héritier ». Il s’est alors passé des choses à peine croyables pour moi, pendant cette semaine.

Le Seigneur m’a fait visionner toute ma vie, depuis le sein de ma mère, jusqu’à ma maladie. J’étais battu depuis que j’étais dans le ventre de ma mère (comprenez par-là bien sûr qu’elle était une femme battue).

La session finie, de retour à la maison, comme je ne savais pas vraiment lire, en tout cas je ne comprenais pas ce que je lisais, j’ai pris ma bible et j’ai dit au Seigneur « enseigne-moi ». Je lisais la parole tous les jours pendant des heures, plus je lisais plus j’avais le désir de lire toujours plus.

Depuis cette rencontre avec le Seigneur nous allons en semaine et tous les dimanches à la messe. C’était devenu un besoin vital pour nous. Un jour une dame m’aborde et me demande si je veux faire la première lecture, je suis pris de panique à l’idée de monter sur l’autel (j’étais un grand timide) mais je dis « OUI » sentant que je n’ai pas le droit de refuser cela à Jésus qui m’a sauvé.

Oui c’est ce qui m’est arrivé, j’allais vers la mort et JESUS M’A SAUVE.

Cygne 2Je lisais donc très souvent la parole à la messe et un jour en fin d’année je parle à Jésus et je lui dis « Seigneur, à l’école je n’ai pas su apprendre, je n’ai jamais eu de tableau d’honneur, ni de prix d’excellence, mais toi Seigneur, si tu trouves que j’ai bien travaillé pour toi, fais-moi voir un signe. Et je priais. Et voilà quelques jours après, j’arrive à la maison après le travail je trouve « une grosse oie » devant le portail et je me dis qu’est-ce qu’elle fait là cette oie ? J’ai un peu peur, mais je l’attrape, elle se laisse faire, je la mets dans l’arrière-cour qui n’est pas fermée et elle reste là. Quand mon fils rentre, je lui dis « regarde cette oie qui était devant le portail » et là il me répond « mais papa, ce n’est pas une oie c’est un cygne !! »

Je vous laisse imaginer mon émotion, j’ai tout de suite pensé à ma demande à Jésus de me faire un signe !! Nous avons écouté aux alentours si quelqu’un avait perdu un cygne et depuis il vit encore chez nous.

Notre vie a complètement changée, depuis qu’on a rencontré le Seigneur, elle est axée autour de lui principalement, notre regard sur la vie a changé, nos priorités ne sont plus les mêmes. Notre plus grand bonheur est que Dieu fait partie de la vie de nos enfants également. Et eux aussi ont vécu des choses extraordinaire je ne donne pas de détails sinon on aurait un livre à la fin.

Quand je porte un regard sur là d’où on vient, les nuits en pleurs, mon enregistrement à la MDPH (organisme pour les handicapés) puisque je ne pouvais plus travailler etc, je me dis que la grâce de Dieu nous accompagne.

J’ai arrêté de courir pour le plaisir de faire du sport, on court derrière le Seigneur. Comme dans 1 Corinthiens 9,24-25 : on ne court plus pour un prix mais pour obtenir une couronne incorruptible !!

                                                                                                                                  Pierre




Audience Générale du Mercredi 10 Février 2016

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 10 Février 2016


 

Frères et sœurs, le Jubilé était une institution importante d’Israël, un événement de libération, où la miséricorde du Seigneur était invoquée sur le peuple. Il s’agissait, tous les 50 ans, d’une sorte de rémission générale des dettes, une restitution des terres qui aidait à combattre l’inégalité, en permettant aux pauvres de retrouver le nécessaire pour vivre. La terre appartient à Dieu, les hommes ne peuvent s’en attribuer une possession exclusive. Le Jubilé aidait le peuple à vivre une fraternité concrète. D’autres institutions permettaient d’expérimenter la miséricorde de Dieu : la « dîme » prévoyait que la dixième partie des revenus soit versée au pauvres, aux veuves et aux orphelins ; les « prémices », première partie des récoltes, étaient réservées aux prêtres et aux étrangers. Combien de situations d’usure, de nos jours, causent de la souffrance et de l’angoisse aux familles. Or, le Seigneur a promis sa bénédiction à celui qui donne avec largesse.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de Suisse et de France.

Nous entrons aujourd’hui en Carême. Je vous invite à prier les uns pour les autres en ce temps de conversion afin que nous puissions ensemble expérimenter la miséricorde du Seigneur et la transmettre aux plus pauvres d’entre nous.

Que Dieu vous bénisse.