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Fin de vie : le point de vue chrétien (04/2024)…

Fin de vie, euthanasie, le débat est lancé… Qu’en disent les chrétiens ?

Voici la déclaration de la Conférence des Evêques de France (cliquer sur le titre suivant)…

Fin-de-vie-CEF

… et celle du Conseil National des Evangéliques de France (cliquer sur le titre suivant)…

Fin de vie – CNEF

« Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance… Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau et moi, je vous soulagerai » (Jn 10,10; Mt 11,28)…

 




Jésus de Nazareth, de la nativité au Golgotha par Yannick LEROY

JÉSUS DE NAZARETH

DE LA NATIVITÉ AU GOLGOTHA

CONFÉRENCE

par Yannick Leroy

(intervenant auprès du SEDIFOP et historien des origines du Christianisme)

MAISON DIOCÉSAINE (ÉVÉCHÉ)

 Samedi 27 avril

de 14h à 17h – Entrée Libre

 

 

Pour visualiser l’affiche cliquer ici : CONFERENCE JESUS DE NAZARETH YANNICK LEROY




3ième Dimanche de Pâques (Lc 24, 25-48) – par Francis COUSIN

« Reconnaître Jésus. »

 

Nous sommes toujours le « premier jour de la semaine », notre dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, mais cette fois-ci, dans l’évangile selon saint Luc, le seul qui relate l’apparition de Jésus à ceux que l’on appelle les ’’pèlerins d’Emmaüs’’. Ceux-ci étaient en train de raconter aux autres disciples comment ils avaient reconnu Jésus à la fraction du pain lorsque Jésus se fait présent au milieu d’eux.

Après leur intervention, on aurait pu penser que les disciples auraient été sensibilisés à la possibilité de la résurrection de Jésus !

Et bien non ! C’est comme s’ils n’avaient rien dit !

Quand fût là, comme à son habitude, il les salue : « La paix soit avec vous. ».

Mais personne ne le reconnut ! 

Pas même les deux disciples d’Emmaüs qui pourtant venait de le reconnaître deux heures avant, et qui venaient justement annoncer la nouvelle aux autres disciples …

Non seulement ils ne le reconnaissent pas … mais ils croient voir un fantôme … et se mettent à paniquer …

Jésus est obligé de les calmer. « Pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? »

Il leur montre ses mains et ses pieds, avec la marque des clous, leur demande de le toucher, pour qu’ils puissent vérifier qu’il n’est pas un esprit, qu’il a bien un corps …

« Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. »

Alors Jésus leur propose de manger quelque chose devant eux : s’il est un esprit, la nourriture ne pourra pas disparaître, et tombera au sol.

Il prit donc une part de poisson grillé qu’il mangea devant eux.

Alors il leur redit ce qu’il avait dit de lui avant qu’il ne soit crucifié … les annonces de la Passion …

Et il refit pour tous ceux qui étaient là le même enseignement qu’il avait fait aux deux disciples d’Emmaüs à leur retour chez eux.

Et il termine son enseignement par un envoi en mission : afin « que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »

Comment se fait-il que personne n’ait reconnu Jésus ?

Cela ne faisait pourtant que trois jours qu’ils le ne l’avaient pas vu !

Y avait-il une espèce de voile qui entourait Jésus, et qui le rendait méconnaissable ?

Un voile qui empêcherait de reconnaître Jésus … ou qui le ferait reconnaître à tort ?

Il semble qu’on soit plus dans le domaine de la subjectivité … La peur de le reconnaître … à tort ou à raison …

Il fallait quelque chose d’autre qui leur permette de le reconnaître à coup sûr … et cela ne peut être que l’amour.

Non pas l’amour des uns et des autres vis-à-vis de Jésus, ce dont nous ne pouvons pas douter pour ceux qui sont présent ce soir-là …Mais l’amour dont ces personnes se sentent aimés par Jésus …

Et c’est aussi valable pour nous : Si on est sûr et certain que Dieu nous aime, … si on est en confiance totale avec lui, alors on le reconnaîtra, là où il est, même et surtout là où on ne l’attend pas …

Cela ne veut pas dire que cela marchera du premier coup, comme saint Jean : « Il vit, et il crût. » (Jn 20,8) …

Cela peut prendre du temps, voire à postériori, comme les disciples d’Emmaüs : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24,32).

Seigneur Jésus,

Parfois on se demande pourquoi

 les disciples ne t’ont pas reconnu

après ta résurrection …

Mais nous …

nous ne sommes pas meilleurs

quand nous ne te reconnaissons pas

dans le pauvre qui a faim,

dans celui qui est seul, abandonné …

prends pitié de nous, Seigneur.

Jésus, j’ai confiance en toi !

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Pâques 3° B

 




3ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Luc 24, 36-48)

 « Les Apôtres, témoins du Ressuscité

pour le salut de tous »

(Lc 24,36-48)

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.
Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,
et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins. »

 

           Le Christ Ressuscité apparaît ici à ses disciples et leur dit, une fois de plus : « La paix soit avec vous ! » Dans le langage de la Bible, le mot « paix » est synonyme de « plénitude » et il renvoie ici à la Plénitude même de Dieu. « En Lui », le Christ, « habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, et vous vous trouvez, en lui, associés à sa Plénitude » (Col 2,9). En effet, si « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « il vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8). « Cherchez donc dans l’Esprit votre Plénitude » (Ep 5,18) ! Et elle sera avant tout « paix » au plus profond du cœur : « Que la paix du Christ règne donc dans vos cœurs : tel est bien le terme de l’appel qui vous a rassemblés en un même Corps » (Col 3,15). Cette Paix, synonyme de silence intérieur et de repos, est le premier critère de l’action du Ressuscité en nos vies : tout ce que fait « le Dieu de la Paix » par son Fils « doux et humble de cœur » (Rm 15,13 ; Mt 11,29) se réalise très concrètement dans la douceur et dans la paix : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, douceur » (Ga 5,22-23)…

            Mais les disciples, ici, sont « frappés de stupeur et de crainte », une réaction qui ne va pas durer et que le Christ va apaiser ! En le voyant, « ils croyaient voir un esprit », « l’esprit » d’un mort, et ils ont peur, bien sûr, de ce monde des morts, source inépuisable de tant de superstitions… Mais non, Jésus n’est pas un mort venu les chercher pour les entraîner dans la mort… Il est le Vivant venu leur offrir la Plénitude de sa Vie, de sa Paix et de sa Joie par le Don de l’Esprit Saint (Jn 14,27 ; 15,11). Et les disciples commencent à l’accueillir : « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire »…

            Alors, pour bien les convaincre qu’il est « le Premier-Né d’entre les morts », le même et pourtant « le tout autre » dans sa chair glorifiée, il va les inviter à le toucher : « Voyez mes mains et mes pieds », ils ont encore les marques de la Passion, signes de sa victoire sur la mort. « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » Et il mangera devant eux « un morceau de poisson grillé »…

            Une fois apaisés, il pourra leur expliquer le sens de sa mort et de sa résurrection annoncées depuis bien longtemps par les prophètes. Par amour, il a voulu « porter lui‑même nos fautes dans son corps » (1P 2,21-25) : il a vécu ce que vivent les plus grands pécheurs, pour que nous tous, pécheurs, nous puissions vivre ce que Lui vit de toute éternité : cette Plénitude de Vie, de Lumière et de Paix et qu’il reçoit du Père avant tous les siècles. C’est pourquoi il enverra ses Apôtres en « témoins » de sa Miséricorde et du Pardon des péchés donné en surabondance à quiconque se repent de tout cœur !

D. Jacques Fournier




Rencontre autour de l’Évangile (Lc 24, 35-48) – 3ième Dimanche de Pâques

 » C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! « 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Luc 24, 13-35)

Luc est le seul évangéliste à nous rapporter cette rencontre des deux disciples avec Jésus Ressuscité sur le chemin qui va de Jérusalem à Emmaüs. Ces deux disciples ont fait, tout en cheminant sur la route, un chemin intérieur, une véritable expérience pascale, que nous allons découvrir ensemble.

Soulignons les mots importants

Le troisième jour après la mort de Jésus : Quel est ce jour ?

Jérusalem : Que représente cette ville pour les deux disciples qui font route vers Emmaüs ?

Jésus lui-même s’approcha : Qui est-ce qui a l’initiative de la rencontre ?

Il marchait avec eux : Comment interpréter ce compagnonnage ?

Leurs yeux étaient aveuglés : Qui est ce compagnon pour les deux disciples ? Pourquoi ne le reconnaissent-ils pas ?

Ils s’arrêtèrent tout tristes : Comprenons bien cette tristesse des deux disciples. Quel autre mot pourrions-nous utiliser pour dire leur état d’esprit ?

Quels événements ? Jésus fait semblant d’ignorer. Pourquoi les « événements de Jérusalem » sont-ils importants à interpréter ?

Libérateur d’Israël : Quelle était l’espérance des disciples à propose du Messie qu’ils attendaient ?

Vous n’avez donc pas compris ? Qu’est-ce qu’ils n’ont pas compris ?

Votre cœur est lent à croire : Pourquoi Jésus parle-t-il du « cœur » quand il s’agit de croire ?

Ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela… : Où est-ce que Jésus a puisé pour donner un sens à sa souffrance ?

Moïse et tous les prophètes : Que représente cette expression ?

Jésus fit semblant d’aller plus loin : Comment interpréter cette attitude de Jésus ?

Il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et leur donna : Que nous rappelle ces paroles ? Quelle est l’intention de Luc ?

Leurs yeux s’ouvrirent : Qui est-ce qui a ouvert leurs yeux ? Et de quels yeux s’agit-il ? Il disparut à leur regard : Pourquoi ?

Notre cœur…brûlant : Quelle est l’expérience des deux disciples ; quel est le rôle des Ecritures ? Finalement quelle est la « clé » pour bien interpréter les textes de l’Ancien Testament.

Ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem : Pourquoi ce demi-tour ?

 

Pour l’animateur        

Le troisième jour après la mort de Jésus : c’est le premier jour de la semaine,  le jour de la Résurrection. Pour ces deux disciples, Jérusalem, c’est la ville de l’échec pour leur Maître, la ville de la déception pour ses disciples, la ville de la mort de leur espérance. Ils ont quitté le groupe réuni avec les Onze.

Jésus, comme dans toutes les apparitions pascales, prend l’initiative de la rencontre. La foi est un don de Dieu. Il prend le temps de marcher avec eux : cette marche sur le chemin symbolise le cheminement intérieur qu’il fera faire aux deux disciples.

Au début, pour les deux disciples, Jésus n’est qu’un pèlerin venu célébrer la Pâque à Jérusalem. Ils parlent de Jésus au passé, comme d’un mort. « Cet homme était…ils l’ont livré… » etc. Leur espérance est bien morte. Découragement. Déception. Déprime, désespoir…des mots qui disent leur tristesse. Ils attendaient un Messie triomphateur et libérateur.

C’est leur manque de foi en la Parole de Dieu annoncée par les prophètes qui les empêche de reconnaître qui est leur compagnon. Il faut dire également que les yeux de chair sont impuissants à reconnaître le Ressuscité, car il est entré dans une condition totalement nouvelle. Ce sera au Seigneur de leur ouvrir les yeux, l’intelligence, le cœur.

Les événements de la Passion et de la Mort de Jésus sont la base historique de notre foi en la Résurrection. Notre foi ne repose pas sur une légende, sur un mythe, une histoire imaginée, mais sur des faits, dont on peut retrouver les traces.

C’est en méditant les Psaumes, Moïse et les Prophètes (c’est à dire toutes les Ecritures) que Jésus a pu découvrir peu à peu le sens de sa vie et de sa mort. Et c’est en repassant avec eux tous les « événements » à la lumière des Ecritures, que Jésus peu à peu réchauffe le cœur des deux disciples et fait renaître l’espérance. Jusque là ils n’avaient pas compris chaque fois que Jésus leur disait qu’il lui fallait souffrir et mourir pour entrer dans la gloire du Royaume. Jésus le leur reproche. Ils espéraient un Royaume terrestre.

Jésus, au bout du chemin, fait semblant d’aller plus loin : il ne veut pas s’imposer. L’invitation amicale et suppliante des deux disciples lui permet de se révéler pleinement dans le repas partagé. La façon dont Luc raconte les gestes familiers de Jésus durant ce repas renvoie les deux disciples à la Cène et nous renvoie en même temps à l’eucharistie, la « fraction du pain », le grand signe laissé par Jésus pour célébrer sa Mort et sa résurrection.

Jésus ressuscité leur a ouvert les yeux du cœur : ils renaissent à la foi. Ils passent de la mort à la vie. Le cœur brûlant : c’est le fruit de l’Esprit à l’œuvre dans les Ecritures et en Jésus ressuscité. C’est l’expérience pascale que devront faire tous les apôtres. La résurrection de Jésus est donc la « clé » qui permet d’interpréter toutes les Ecritures. Les deux disciples n’ont plus besoin de voir. Jésus ressuscité, bien qu’invisible, est présent partout d’une autre manière. Jérusalem redevient pour les deux disciples la ville de la Vie, de l’Espérance, de la communauté des témoins, d’où la bonne Nouvelle partira vers le monde entier.

 

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Les disciples d’Emmaüs font un « long chemin de foi » : ensemble retrouvons les étapes de ce chemin.

En quoi cette expérience des disciples nous aide à vérifier où nous sommes rendus sur le chemin de notre foi ?

Quelle place les événements de la passion et de la mort de Jésus tiennent dans notre foi ?

Les grandes questions de notre condition humaine : les souffrances, les épreuves, les échecs, le mort reçoivent-elles une lumière par tout ce que Jésus a vécu ?

Et la résurrection de Jésus : est-elle au centre de notre foi ?

Quelle place tiennent les Ecritures dans notre vie chrétienne. Est-ce que nous prenons soin de nous faire aider pour une bonne interprétation de la Bible ?

Est-ce que nous pouvons retrouver dans le récit des Disciples d’Emmaüs les principaux moments de la célébration de l’Eucharistie d’aujourd’hui ?

Nos « eucharisties » (nos messes) ou encore nos « fractions du pain », sont-elles pour des rendez-vous avec le Ressuscité ? Sont-elles le moment où nos yeux s’ouvrent pour le reconnaître ?

Et la proclamation des Ecritures dans nos assemblées : comment sont-elles faites ? Et nos homélies ?  Est-ce que la Parole de Dieu vient éclairer notre vie, dénoncer nos manques de foi, rendre nos cœurs brûlants d’amour pour Dieu et pour nos frères ?

La messe achevée, sommes-nous motivés pour témoigner par notre vie et nos paroles : Le Seigneur est vraiment ressuscité » ?

 

Ensemble prions

Prière : choisir un chant du temps pascal (carnet paroissial)

Oraison : Seigneur Jésus, ouvre nos esprits à l’intelligence des Écritures, comme tu le fis pour tes apôtres. Explique-nous ce qui te concerne dans la Loi de Moïse, dans les prophètes et les psaumes.

Alors, dans chaque pas de l’Ecriture, nous pourrons reconnaître ton visage, ô Ressuscité.

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 3ème DIMANCHE DE Pâques

 

 

 

 

 

 

 

 

 




3ième Dimanche de Pâques (Lc 24, 35-48)- Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus ressuscité parle à ses apôtres

Luc 24, 35-48

Peut-être, frères et sœurs, avons-nous du mal à réaliser et à prendre conscience de l’importance de la Résurrection du Christ pour nos vies chrétiennes. Nous avons parfois tendance à mettre cette fête au niveau des précédentes et des suivantes… un épisode de la vie du Christ que nous célébrons au même titre que les autres, selon la chronologie de la vie du Seigneur et son application liturgique : il y a eu Noël , la Présentation du Christ au Temple , l’Annonciation, le 25 mars. Après Pâques, il y aura l’Ascension puis la Pentecôte et n’oublions pas ces fêtes auxquelles l’Eglise a donné beaucoup de solennités : le 15 août, celle de la Vierge Marie, la fête de tous les saints, le 1er novembre.

Attention ! Ne mettons pas la fête de Pâques au même niveau ! Ne l’inscrivons pas seulement dans la succession des fêtes de l’Eglise.

Pâques, c’est « LA FÊTE ». Pâques, c’est « l’ÉVÉNEMENT ». Pâques, c’est le tournant décisif pour le salut et l’histoire des hommes, à tel point que l’on peut dire, sans majorer la fête de Pâques, qu’il y a 2 histoires du monde :

avant Pâques, où les hommes étaient animés d’une grande espérance, période de recherche, d’attente, de yeux levés vers un horizon où tout se révèlera. C’est cette période qui correspond à ce que nous appelons « l’Ancien Testament », la Bible et son peuple élu et puis …

après Pâques, où tout le sens du monde et son explication devient, à la lumière de la Résurrection, un autre univers :

le même et pourtant absolument différent ! Par Jésus-Christ, mort et ressuscité, c’est l’entrée dans un monde nouveau où l’homme peut accéder à la vie divine, pénétrer dans un autre univers, « devenir » la famille de Dieu « et nous le sommes vraiment » insiste St-Jean. L’espoir devient réalité, l’attente devient le désir comblé, la recherche devient découverte. Les yeux n’ont plus à se lever vers un horizon lointain et irréel, mais à fixer les cicatrices du Ressuscité devant lesquelles nous n’avons plus qu’à dire, à genoux devant le Christ : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Pâques, c’est le retournement, le changement absolu, cet instant inouï et éblouissant qui fait que, d’un coup, l’univers est autre, que le monde n’est plus le même et qu’il ne sera jamais plus comme avant !

            Vous avez certainement eu, dans votre vie, un moment privilégié, un événement extraordinaire qui vous a marqué définitivement, si bien que lorsque vous vous référez à votre histoire, vous vous dîtes : dans ma vie, il y a avant ce moment-là… et après : de ces grandes joies ou grandes peines fulgurantes qui ne nous laissent pas intacts mais qui nous marquent définitivement, même à notre insu. Pâques, c’est la charnière des deux volets de l’histoire de l’Humanité. Tout d’abord, il y eut cette lente montée de la vie de l’esprit, millénaire après millénaire, jusqu’à ce que l’homme soit capable de concevoir, plus loin et plus grand que lui. Aidé par la révélation, il s’engage dans toutes sortes de pistes, à la recherche de l’absolu. Un peuple, élu, y arrive et Moïse pose la question fondamentale : « Qui es-tu ? ». Dieu lui révèle : « Je suis qui je suis », c’est-à-dire l’indicible, source et racine de toute existence « mouvement et être ».

Cette quête de Dieu n’est encore qu’extérieure à nous-mêmes. Arrive le moment où celui qui aime ne veut plus faire qu’un avec l’être aimé, où Dieu choisit d’être l’un de nous, parmi nous, homme parmi les hommes, levain de la pâte humaine pour la transformer et la diviniser à tel point qu’un jour, les hommes puissent dire à Dieu « Notre Père » et que ce Père, à son tour, puisse dire à chacun, comme au Christ lui-même : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ».

 C’est ce que Dieu a pu dire de vous, le jour de votre Baptême, à chacun de vous : « Celui-ci est mon fils, ma fille bien aimé ». Grâce à la mort et à la Résurrection du Christ, vous mourrez au péché avec lui, et vous ressuscitez, vous aussi, avec lui, pour être introduit dans une vie nouvelle dont nous avons bien du mal à réaliser l’importance et la grandeur.

Pâques : point de départ d’une Humanité nouvelle, naissance d’un peuple de Dieu, l’Eglise en marche, à son tour, vers une autre « Terre promise » : le Royaume de Dieu, Royaume qui se construit déjà et qui, dans une gestation plus longue encore que celle du Messie, deviendra, un jour, la société idéale, « la Cité nouvelle » que nous annonce St-Augustin, la Cité enfin réconciliée, sous la conduite de son nouveau Moïse : Jésus-Christ Ressuscité dans “la Jérusalem céleste”.

Frères et sœurs, avec un tel langage, avec de tels objectifs, peut-être sommes-nous pris pour des rêveurs, des utopistes, des irréalistes, un peu comme St-Paul annonçant la Résurrection à Athènes et à qui les Grecs, en ricanant, répondent : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois ». Au mot de « Résurrection », les uns se moquaient, les autres le quittaient ». « Résurrection », c’était pourtant le mot-clé, l’événement central, la seule vraie mutation de l’Humanité.

Peut-être ces Athéniens avaient-ils pour excuse de croire que ce n’était qu’un événement. « Pour demain », « Nous t’entendrons plus tard », disent-ils et là, ils se sont trompés, comme nous-mêmes, à notre tour, nous faisons erreur. Le Royaume de Dieu, il n’est pas « pour demain« .  Il est pour aujourd’hui, il est actuel. Il est déjà en chantier. Le Royaume de Dieu, nous répète le Christ, il est déjà , au milieu de vous. Cette Résurrection du Christ, elle a déjà eu lieu ; elle nous a, nous-mêmes, déjà changés à notre Baptême ! Nous sommes morts et ressuscités avec le Christ, depuis Pâques, c’est-à-dire le « passage ». Nous sommes déjà passés dans le Royaume. La Mer Rouge est derrière nous. « La Cité nouvelle, la Jérusalem Céleste » est déjà en chantier.

Il ne s’agit pas pour nous d’un au-delà, mais d’un déjà-là à mettre en place, à construire, à faire grandir et à développer selon les plans de l’Evangile. Ne faisons pas comme si le plan de cette Humanité nouvelle n’existait pas. N’agissons pas comme si l’homme idéal n’était pas encore venu. Jésus-Christ, Ressuscité, prototype de l’Homme, de tout l’homme, à la fois modèle et chef de chantier de la société future et définitive, nous conduit et nous structure en société idéale, déjà existante, déjà embryonnaire, mais que nous avons, au cours des siècles, génération après génération, à mettre en place.

Le Royaume de Dieu est une œuvre de longue haleine. Et, nous chrétiens, que nous soyons de simples citoyens, des élus, des responsables ou des hommes d’état, n’oublions pas, qu’à l’instar de ces ouvriers des cathédrales qui ne voyaient jamais leur œuvre achevée, mais qui savaient qu’elle le serait un jour, nous avons, nous aussi, à notre niveau, à bâtir, à construire cette Cité de Dieu, cette Jérusalem Céleste, ce Royaume de Dieu dont nous sommes déjà, depuis la Résurrection du christ, des citoyens à part entière. AMEN




Dimanche de la Divine Miséricorde (Jean 20, 19-31), Père Rodolphe EMARD.

Ce deuxième dimanche de Pâques est celui de la Divine Miséricorde. Ce dimanche a été institué pour toute l’Église universelle par le saint pape Jean-Paul II, le 30 avril 2000. C’était le jour de la canonisation de Sœur Faustine, une religieuse polonaise du début du XXème siècle[1].

Nous savons que Sœur Faustine a eu des apparitions de Jésus. Elle a rapporté notamment dans son Petit Journal cette demande de Jésus : « Je désire que le premier dimanche après Pâques soit la fête de la Miséricorde »[2].

Jésus lui en donne le sens : « Je désire que la fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour, les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde (…) Qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de Moi, même si ses péchés sont comme l ‘écarlate. Ma miséricorde est si grande »[3].

 

Ce dimanche nous rappelle que par son mystère pascal, sa mort et sa Résurrection, le Christ nous a réconcilié avec Dieu, il nous a obtenu le pardon de Dieu. La miséricorde du Christ est pour chacun de nous !

En ce dimanche, chacun est invité personnellement à redécouvrir et à accueillir cette miséricorde du Christ dans sa vie. Cette miséricorde nous sauve ! Aucun péché ne peut nous écarter du Christ si nous lui demandons sincèrement pardon, même pour le péché qui est « comme l’écarlate », rouge vif.

Il y a donc un pas à franchir, oser nous approcher sans peur de Jésus miséricordieux. Cela suppose un acte de foi, de croire sans avoir vu, comme le Christ nous l’invite dans l’évangile de ce dimanche : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. ». Personne ne pourra nous contraindre de croire, c’est à chacun de se décider ou pas pour le Christ ressuscité.

Thomas est un personnage qui nous est fort sympathique car son expérience de foi est proche de la nôtre sous certains traits. Nous sommes une génération très portée sur ce que la science peut prouver. On reste souvent qu’au domaine du palpable, de ce qu’on peut toucher. C’était le cas de Thomas au départ : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

C’est bien ce qui nous freine dans notre chemin de foi, nous nous arrêtons trop souvent qu’à ce que nous voyons de nos yeux de chair. Plusieurs de nos contemporains disent : « Je ne crois que ce que je vois ! » Pourtant, beaucoup des choses existent et que nous ne voyons pas et ces choses ont des effets sur nous : l’air, les ondes, les rayons ultraviolets, les microbes…

Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas que ça n’existe pas. Il en est de même pour les affaires de la foi. Antoine de Saint-Exupéry disait ou faisait dire au Petit Prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux » ; « On ne voit bien qu’avec le cœur ».

Oui le Christ existe, il est ressuscité mais pour le rencontrer il faut descendre dans son cœur. Il est en nous, au plus profond de nous depuis notre baptême, c’est-là qu’il faut le chercher. Là, il nous faut opter pour les « yeux du cœur ».

Chers enfants de la première année de catéchèse, vous êtes huit ce matin à vous présenter pour recevoir le baptême. Par le baptême, vous serez unis à Jésus pour toute votre vie. Apprenez à le connaître, à l’aimer un peu plus chaque jour. Thomas dans l’évangile va progresser dans son expérience de foi et il va nous donner la plus belle profession de foi concernant Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Le Christ est notre Seigneur et notre Dieu. Il vous aime chers enfants d’un amour infini et il ne veut que votre bonheur. Alors accueillez-le dans vos vies.

Le baptême est la première étape de votre parcours. Il faudra vous préparer au sacrement de l’eucharistie, à la première communion avec vos autres camarades de première année, déjà baptisés. Vous continuerez la catéchèse sur trois années encore pour approfondir votre relation à Jésus, jusqu’au sacrement de la confirmation. Notre relation à Jésus est l’histoire de toute notre vie ! Nous vous souhaitons une belle route avec lui !

Et nous frères et sœurs, que la démarche de ces huit enfants nous donne d’oser un vrai pas pour le Christ. Que nous puissions le voir avec les yeux de notre cœur. Que nous puissions réellement nous ouvrir à son pardon. Son pardon a vraiment le pouvoir de nous restaurer et de nous relever. Son pardon nous pousse à ne pas nous résigner de nos échecs et de nos erreurs.

Le pardon du Christ peut vraiment nous faire rebondir si nous le recevons dans nos vies, dans nos relations, dans nos engagements et dans les responsabilités qui nous sont confiées. Cela me permet de vous rappeler que ce pardon du Christ peut se vivre concrètement dans le sacrement de la Réconciliation. Puissions-nous le redécouvrir dans nos vies.

Belle fête de la Divine Miséricorde à tous. Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alléluia.

[1] Faustine était une religieuse mystique surnommée « l’apôtre de la Miséricorde divine ». Elle est née le 25 août 1905 et morte le 05 octobre 1938. Elle était religieuse de Notre-Dame de la Miséricorde.

[2] Petit Journal, 299.

[3] Petit Journal, 699.




Fête de la Miséricorde Divine Dimanche 7 avril à l’Eglise St Jean Evangéliste Petite-Ile

Marie Madeleine et le bon larron…

Pourquoi eux ? Et pourquoi pas moi ?

 

Pour la fête de la Divine Miséricorde,

Les sœurs de la Fraternité Apostolique Miséricordieux et

l’équipe d’animation animent une veillée de prières,

le dimanche 7 avril 2024 à 15h00

à l’Eglise St Jean Evangéliste à Petite-Ile

L’enseignement sera donné par le

Frère Manuel Rivero, O. P.

Venez tels que vous êtes !

 

 




Audience Générale du Mercredi 3 avril 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 3 Avril 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 13. La justice

Chers frères et sœurs, nous parlons aujourd’hui de la seconde vertu cardinale : la justice. Le catéchisme la définit comme une volonté constante et inébranlable de rendre à Dieu et au prochain ce qui lui est dû. Elle est la vertu sociale par excellence car elle cherche à régler avec équité les rapports entre personnes. Elle est fondamentale pour une coexistence pacifique. Son but est que chacun soit traité selon sa dignité. Sans justice, les conflits émergent et la loi du plus fort prévaut.

L’homme juste est simple et droit, il établit avec les autres des rapports sincères, sans dissimulation. Il aime et respecte la loi sachant que celle-ci protège les démunis de l’arrogance des puissants. En effet, il ne peut y avoir de bien véritable pour les uns s’il n’y en a pas pour les autres. Les hommes justes ne sont pas des moralistes qui se posent en censeurs mais des personnes droites qui ont faim et soif d’équité et qui rêvent de la fraternité universelle dont notre monde a besoin. Ces hommes attirent la grâce et les bénédictions sur eux et sur le monde dans lequel ils vivent.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier:  les paroisses et les jeunes venus de France. En cette semaine de Pâques, que la lumière du Seigneur Ressuscité nous éclaire dans la rechercher la justice, pour bâtir un monde fraternel.

Que Dieu vous bénisse.





Christ est Ressuscité, libre et vainqueur, pour nous libérer et être notre victoire… (Pâques 2024) par le Diacre Jacques Fournier

          Au chapitre 8,31-36 de l’Evangile selon St Jean, Jésus déclare :

         « « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples,

et vous connaîtrez la vérité

et la vérité vous libérera. »

Ils lui répondirent : « Nous sommes la descendance d’Abraham

et jamais nous n’avons été esclaves de personne.

Comment peux-tu dire : « Vous deviendrez libres ? »

Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis,

quiconque commet le péché est esclave.

Or l’esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais.

Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres. »

Or, dans l’Evangile selon St Jean, la notion de vérité renvoie toujours à Dieu lui-même. Dès le Prologue, Jésus est ainsi ce Verbe « plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14), et au chapitre 14,6, il se présente en disant : « Je Suis le chemin, la vérité et la vie ». Et tout comme Jésus, le Fils, est « la lumière véritable » (Jn 1,9), « la vigne véritable » (Jn 15,1), le Père, lui aussi, est, dans la bouche de Jésus, « le seul véritable Dieu » (Jn 17,3). Enfin, St Jean est l’unique Evangéliste à nous présenter l’Esprit Saint en l’appelant « l’Esprit de vérité » (Jn 14,17 ; 15,26 ; 16,13) et toute son œuvre est de « nous introduire dans la vérité tout entière » (Jn 16,13), c’est-à-dire en Dieu, en communion avec Lui…

« Vous connaîtrez la vérité », Dieu, « et la vérité », Dieu, « vous libèrera »… C’est donc en tant que Dieu Est ce qu’il Est de toute éternité qu’il libère…

Quelle est donc sa vérité ?

Là encore, c’est toujours St Jean qui nous donne, en deux fois, le résumé le plus concis, et le plus lourd de sens : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et « il n’Est qu’Amour » ajoute le Père François Varillon. Tout en Lui est Amour. Telle est la base, le fondement de notre foi, sur lequel nous revenons sans cesse car tout le reste en découle…

En effet, puisque Dieu est éternellement Amour, rien de ce que nous disons, faisons, pensons ne peut l’empêcher d’être ce qu’il Est…

Le prophète Osée nous présente Israël, infidèle, courant après les idoles et déclarant : « Ce sont elles qui me donnent mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson »… Et Dieu déclare juste après : « Elle n’a pas reconnu que c’est moi qui lui donnais le froment, le vin nouveau et l’huile fraîche, qui lui prodiguais cet argent et cet or qu’ils ont employés pour Baal » (Os 2,4-10). Ainsi, alors même qu’Israël lui était infidèle, Dieu continuait de la combler de ses bienfaits… « Quand nous sommes infidèles », écrit St Paul, « Dieu, lui, reste à jamais fidèle, car il ne peut pas se renier lui-même » (2Tm 2,13), il ne peut pas ne pas être ce qu’il est, il ne peut pas ne pas être amour… Or l’amour ne cherche, ne désire, ne poursuit que le bien de l’être aimé… Voilà ce que Dieu fait, toujours, inlassablement, que nous le percevions ou pas… A ce peuple infidèle qui ne cessait de l’abandonner et de se détourner de lui, il déclare dans le prophète Jérémie : « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien. Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur, de toute mon âme » (Jr 32,40-41). Et notre joie fait sa joie : « Le Seigneur prendra plaisir à ton bonheur, comme il avait pris plaisir au bonheur de tes pères » (Dt 30,9-10). Tous ces éléments se retrouvent dans la parabole de la brebis perdue (Lc 15,4-7) : « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et vient à en perdre une, n’abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? Et, quand il l’a retrouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules et, de retour chez lui, il assemble amis et voisins et leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !  » C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n’ont pas besoin de repentir ».

 

Alors, puisque le mal nous séduit, nous trompe et nous apporte tout le contraire du bien espéré, « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9), Dieu nous appelle tous au repentir pour que disparaisse de nos vies, autant qu’il est possible, ce qui pour nous ne peut qu’être tristesse, désespoir, désolation etc… « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,27), ce que Dieu ne veut pas pour ses créatures, ses enfants bien-aimés…« Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu que je te prescris aujourd’hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras et tu multiplieras, Yahvé ton Dieu te bénira dans le pays où tu entres pour en prendre possession. Mais si ton cœur se détourne, si tu n’écoutes point et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, je vous déclare aujourd’hui que vous périrez certainement et que vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre où vous pénétrez pour en prendre possession en passant le Jourdain » (Dt 30,15-18). Mais s’ils entrent sur cette terre pour en prendre possession, c’est bien parce que Dieu la leur donne, se révélant ainsi fidèle à ses promesses faites autrefois à Abraham alors même que le peuple lui est infidèle (Gn 15,18 : « A ta postérité je donne ce pays »…) ! Nous retrouvons ainsi ce Dieu et Père, imperturbablement fidèle ! Il en sera toujours ainsi avec son Fils Jésus Christ, écrit St Paul. « En effet, c’est alors que nous étions sans force (conséquences du péché : « Le péché m’a fait perdre mes forces, il me ronge les os » (Ps 31(30),11),c’est au temps fixé que le Christ est mort pour des impies ;  – à peine en effet voudrait-on mourir pour un homme juste ; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir ; mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous » (Rm 5,6-8). Et il meurt pour remporter la victoire sur tout ce qui, dans notre vie, est source de tristesse, de souffrance, de mort, d’angoisse et de peur… Il meurt pour notre bien, alors même que c’est nous qui le tuons par nos fautes. « Vous avez livré Jésus, vous l’avez renié devant Pilate alors qu’il était décidé à le relâcher. Vous avez chargé le Saint, le Juste et vous avez réclamé la grâce d’un assassin (Barabbas) tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Mais Dieu l’a ressuscité des morts… et c’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,11-26).

Autrement dit, Dieu nous bénit toujours, toujours, quoique nous disions, fassions, pensions, et telle est bien la caractéristique première de l’Amour, nous l’avons vu, mais pour recevoir cette bénédiction, il nous faut bien nous tourner de tout cœur vers Celui qui nous la donne ! D’où cette première parole de Jésus en St Marc : « Le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous », retournez-vous, détournez-vous du mal et tournez-vous vers votre Dieu et Père, « et croyez à la Bonne Nouvelle » de l’Amour Inconditionnel (Mc 1,15)… Cessez de faire ce mal qui vous tue, et tournez vous vers votre Dieu et Père pour recevoir, gratuitement, par Amour, ce qu’il veut vous donner pour votre plus grand bonheur, ce qu’il ne cesse de donner d’ailleurs, cet Esprit Saint qui n’est rien que moins qu’une participation à sa Plénitude d’Être, de Lumière et de Vie…

Mais nous l’avons entendu : « Quiconque commet le péché est esclave » du péché qu’il commet (Jn 8,34). C’est ce que disait déjà le Livre de l’Exode dans un des textes les plus importants de l’Ancien Testament, « les Dix Paroles ». En effet, là où nous lisons dans nos traductions « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux (les idoles), tu ne les serviras pas » (Ex 20,5), le texte hébreu a littéralement : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, tu ne te laisseras pas faire serviteurs d’eux », autrement dit, « tu ne te laisseras pas asservir par eux »… Et il est impossible, pour « l’esclave » du péché, de se libérer lui-même. Tous ses efforts, toutes ses tentatives n’aboutissent finalement qu’à l’échec… C’est le Christ qui vient nous libérer… Mais pour le lui demander, encore faut-il bien sûr prendre conscience que nous sommes esclaves, et cela encore, c’est le Christ qui nous le donne… Se repentir est un Don de Dieu : «Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus, que vous, vous aviez fait mourir en le suspendant au bois du supplice. C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder par lui à Israël la repentance et le pardon des péchés. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Ac 5,30-32). Et si cette affirmation concerne ici Israël, Pierre déclarera un peu plus loin : « Dieu a accordé aux païens le même don qu’à nous ». Et ses interlocuteurs Juifs lui répondront : « Ainsi donc aux païens aussi Dieu a donné la repentance qui conduit à la vie » (Ac 11,18).

          Cette œuvre de libération est centrale et elle intervient tout de suite en St Luc dans ce qui apparaît comme étant le programme d’action de Jésus (Lc 4,16-20) :

          Jésus vint à Nazara où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. (17) On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit (cf. Is 61,1-2) :

(18)    L’Esprit du Seigneur est sur moi,

          parce qu’il m’a consacré par l’onction,

          pour porter la bonne nouvelle aux pauvres.

          Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance        

          et aux aveugles le retour à la vue,

          renvoyer en liberté les opprimés, (Is 58,6 : « Renvoyez les opprimés en liberté »)

(19)    proclamer une année de grâce du Seigneur.

 (20)  Il replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. (21) Alors il se mit à leur dire: « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture. » (22) Et tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche.

 

          Or derrière nos traductions « délivrance », « liberté », se cache un seul et même mot grec, que St Luc prend la peine de répéter par deux fois en insérant dans Is 61,1-2 un extrait d’Is 58,6 « ἄφεσις, aphêsis ». Dans tous les autres emplois, aussi bien dans l’Evangile que dans les Actes des Apôtres,  il s’agira toujours du « pardon des péchés, ἄφεσις ἁμαρτιῶν ». Déjà, avant Lc 4,18, ἄφεσις est apparu deux fois en ce sens :

                    1Lc 1,77 : cantique de Zacharie :

(76)    Καὶ σὺ δέ, παιδίον,                                 « Et toi, petit enfant,

          προφήτης ὑψίστου κληθήσῃ·                   tu seras appelé prophète du Très-Haut ;

          προπορεύσῃ γὰρ ἐνώπιον κυρίου ἑτοιμάσαι ὁδοὺς αὐτοῦ,

                        tu marcheras en effet devant le Seigneur pour préparer ses chemins

(77)     τοῦ δοῦναι γνῶσιν σωτηρίας τῷ λαῷ αὐτοῦ ἐν ἀφέσει ἁμαρτιῶν αὐτῶν,

             pour donner la connaissance du salut à son peuple « dans » (par…) le pardon de ses péchés,

           (CNPL : Pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés.)

(78)    διὰ σπλάγχνα ἐλέους θεοῦ ἡμῶν,  « à cause de… » (grâce aux…)                                                                                        entrailles de miséricorde de notre Dieu

          ἐν οἷς ἐπισκέψεται ἡμᾶς ἀνατολὴ ἐξ ὕψους,

            en lesquelles nous visitera « l’Astre levant venu d’en haut » (TOB)

(79)     ἐπιφᾶναι τοῖς ἐν σκότει καὶ σκιᾷ θανάτου καθημένοις,

          pour se manifester à ceux qui habitent dans les ténèbres et l’ombre de la mort

          τοῦ κατευθῦναι τοὺς πόδας ἡμῶν εἰς ὁδὸν εἰρήνης.

          pour diriger (mettre droit, redresser) nos pas vers le chemin de la paix.

                    2 – Lc 3,3 : Jean-Baptiste vint dans la région du Jourdain « pour proclamer un baptême de repentir pour le pardon des péchés, κηρύσσων βάπτισμα μετανοίας εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν. Jean-le Baptiste proclame « un baptême de repentir », c’est à dire un rite qui signifie « le repentir » afin de préparer les foules à accueillir par ce repentir « le pardon des péchés » apporté par le Christ.

 3 – Lc 24,47 : au début de l’Evangile de Luc, le ministère de Jésus est donc immédiatement précédé par la proclamation de ce « baptême de repentir pour la rémission des péchés » que Jésus recevra (annonce de la Passion) dans son désir de totale solidarité avec ce monde pêcheur qu’il est venu rejoindre au plus profond de son mal pour l’arracher à ses ténèbres… Telle sera la victoire de la résurrection où Jésus sort victorieux de tous les assauts du mal… et l’Evangile se termine par les dernières paroles du Ressuscité à ses Apôtres avant l’Ascension :

            Lc 24,46-48 : « Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, (47) et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés (εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν) serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. (48) De cela vous êtes témoins. » »

St Luc utilisera encore l’expression « ἄφεσις ἁμαρτιῶν, pardon des péchés » dans le livre des Actes des Apôtres, en Ac 2,38 ; 5,31 ; 10,43 ; 13,38 ; 26,18. Lisons ce dernier texte où Paul rapporte au roi Agrippa les paroles que lui adressa le Christ ressuscité lorsqu’il lui apparut sur la route de Damas. Nous retrouvons les images du Cantique de Zacharie et de Lc 4,18 :

            Ac 26,15-18 : « « Qui es-tu, Seigneur ? » (dit Paul au Christ ressuscité). Le Seigneur dit : « Je suis Jésus, que tu persécutes. (16) Mais relève-toi et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu : pour t’établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi. (17) C’est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t’envoie, moi, (18) pour leur ouvrir les yeux afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumière, et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles reçoivent par la foi en moi, la rémission de leurs péchés, ἄφεσιν ἁμαρτιῶν, et une part d’héritage avec les sanctifiés » ».

          Ainsi le grand cadeau que Jésus est venu offrir aux pécheurs est « le pardon des péchés », un pardon qui est offert instant après instant par l’Amour, inlassablement, en surabondance, d’une manière incroyablement fidèle… Ecoutons la première parole que Jean Baptiste nous dit de Jésus lorsque ce dernier entre en scène dans l’Evangile de Jean : « Jean Baptiste voit Jésus venir vers lui et il dit : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » » (Jn 1,29). Or, en grec, nous avons pour le verbe « enlever », un participe présent : « ὁ αἴρων τὴν ἁμαρτίαν τοῦ κόσμου, l’enlevant le péché du monde ».  Or, Dieu se présente à Moïse en disant : « Je Suis Celui qui Est », en grec, « Ἐγώ εἰμι ὁ ὤν, Je Suis l’Etant »(Ex 3,14). Avec le Christ, l’éternel « Unique Engendré » (Jn 1,18), « l’Etant » apparaît comme « l’Enlevant » le péché du monde… Etant donné que Dieu Est ce qu’Il Est, face au péché, il n’a qu’un geste, qu’un acte, qu’un mouvement : « l’enlever »… Il suffit que nous consentions à le lui offrir de tout cœur, ce qui revient bien sûr à y renoncer, à se repentir, à se convertir… instant après instant, tout au long de notre vie… Jésus est en effet « l’image du Dieu invisible » (Col 1,15), « l’expression parfaite de son Être » (Hb 1,3) la révélation de ce Dieu Amour qui ne cesse de se donner en tout ce qu’il est, « ce Soleil qui donne la grâce, qui donne la gloire » (Ps 84,12), en donnant « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14), cet Esprit Saint qui est Lumière (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5), une Lumière qui brille dans nos ténèbres et que « les ténèbres n’ont pu saisir » (Jn 1,5)… L’Amour Infini ne peut qu’être victorieux dès lors que nous lui offrons tout…

          Il est aussi cette Source d’Eau Vive qui ne cesse de jaillir (Jn 4,10-14 ; 7,37-39), une eau vive « qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6) et qui est aussi tout en même temps « eau pure qui purifie »… « Je verserai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures,  de toutes vos ordures, je vous purifierai… Je mettrai en vous mon Esprit » (Ez 36,24-29). « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,11).

          Et c’est ce même Don gratuit de l’Esprit qui, petit à petit, de pardon en pardon, nous libère et nous donne la force de dire non à tout ce qui nous tue : « L’épreuve qui vous a atteints n’a pas dépassé la mesure humaine. Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter » (1Co 10,13). « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint » (Ac 1,8), ce Don de Dieu qui ne cesse de jaillir de Lui de toute éternité, gratuitement, par amour…

 

Jacques Fournier