1

Solennité du Christ, Roi de l’Univers – Homélie du Père Louis DATTIN

La toute- puissance  d’amour

Lc 23, 35-43

Un pendu lamentable, des rieurs qui se moquent de lui ; à côté,  un autre condamné à mort qui lui donne toute sa confiance et, au-dessus du crucifié, cet écriteau « Celui-ci est le roi des juifs ». Tel est le spectacle qui s’offre au Golgotha, ce vendredi après-midi, le 8 avril de l’an 30. Jésus vit ses derniers moments… Etait-il vraiment le Messie attendu, le roi des juifs ? Hier, comme aujourd’hui, les hommes continuent à se diviser en deux camps : ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Pourquoi certains refusent-ils la royauté de Jésus ? C’est tout simplement parce qu’ils se font une autre idée de ce qu’est un roi. Pour eux :

– un roi, c’est celui qui se venge sur ses ennemis

– un roi, c’est celui qui se sauve lui-même bien sûr

– un roi, c’est celui qui est honoré, respecté et non pas humilié.

Or, Jésus est le contraire de cette image. Il ne correspond en rien à cette définition. Ici nous avons un condamné qui a perdu son procès, qui n’a pas ouvert la bouche pour défendre sa cause. Où est sa force de frappe ? Comment riposte-t-il ?

. Un roi écrase ses adversaires, leur fait payer cher leur agression : lui, Jésus, il se montre impuissant à faire le mal, impuissant même à dire du mal. Au lieu de proférer des menaces, de maudire, il demande à son Père de leur pardonner !

. Un roi doit se tirer d’un mauvais pas. Or, les chefs, les soldats, l’autre malfaiteur lui crient : « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même », «Et nous avec ! », ajoute le brigand, ironique.

Quelle confiance peut-on faire à un soi-disant “Sauveur ” qui ne peut pas se sauver lui-même ?

. Enfin, un roi, c’est quelqu’un qui s’impose, qui triomphe, qui commande, un puissant !

. Or, il est sur la Croix : supplice réservé aux esclaves. Qui va vouloir suivre cet esclave qui se fait obéissant jusqu’à la mort ? Selon les idées du monde, Jésus ne peut pas être le roi promis et attendu : « le Messie ».

Et pourtant, il y a, juste à côté de lui, un homme, un malfaiteur, dans la même situation que lui, lui aussi sur le point d’expirer et qui va nous dévoiler le vrai visage du vrai roi, Jésus crucifié : « Lui, il n’a rien fait de mal ! ». Il proclame l’innocence de son compagnon de misère. Il voit juste : Jésus n’a rien fait de mal. C’est un juste et malgré les apparences, Dieu est avec lui et voilà qu’il se tourne vers son voisin : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton Royaume ».

Cet acte de foi stupéfiant a traversé l’histoire : Jésus n’est plus cet homme fantoche et ridicule. L’inscription a raison, elle dit vrai : oui, cet homme est bien « le roi des Juifs » et c’est bien lui qui reviendra demain dans la puissance et la gloire de son Royaume.

Il y a un autre aussi qui va plus loin que les apparences et qui devine que Jésus est le vrai roi : celui-là, il est au pied de la croix. C’est un centurion romain et il est d’accord avec ce que dit le malfaiteur, lui aussi dit : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! ». Deux actes de foi : celui du brigand converti et celui du païen de l’armée d’occupation.

Ces deux  actes de foi  font tout changer et bousculent notre connaissance de Dieu :

– Dieu n’est pas tel que nous l’imaginons parfois, une espèce de Louis XIV dans les cieux, un Napoléon céleste, mais tel qu’il est en son Fils bien-aimé.

– Dieu est comme son Fils : incapable de faire du mal à ses ennemis, impuissant à dire du mal sur les autres.

– Dieu est Père. Il a fait de l’homme un enfant à son image. Il ne peut pas haïr ses enfants. Il est tout puissant, c’est vrai, mais sa toute-puissance est une toute puissance d’amour : « capable d’aimer quand même, capable de pardonner quand même à tous ceux qui le mettent en Croix ».

Voilà où est sa puissance : incapable de maudire, il ne sait que bénir ! Il n’est pas le Dieu qui écrase ses ennemis, qui détruit les pécheurs et punit sévèrement. Il est le Père, tout puissant d’amour et bien sûr, cette paternité change tout le sens de sa royauté : c’est une paternité royale, une royauté paternelle dans une toute puissance d’affection et de pardon, quoiqu’il arrive. N’abusons pas de cette bonté de Dieu, car nous aussi, nous serions de ceux dont il disait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous aurions été incapables de comprendre la vraie royauté de Jésus, une royauté filiale, une royauté fraternelle. Dieu nous aime tellement qu’il préfère perdre la face et se mettre dans le camp des humiliés, des petits, des opprimés, des victimes plutôt que dans le camp des bourreaux, des puissants, des chefs de ce monde, avec ceux qui souffrent, plutôt qu’avec ceux qui font souffrir.

Voilà, maintenant qu’il nous demande à nous de choisir avec lui et comme lui, même si nous devons y perdre l’honneur et la vie comme son Fils bien-aimé !

Sommes-nous  prêts, comme  Jésus, à  choisir  le  camp  de  la justice, de la fidélité, de l’amour et du pardon ?

« Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Jésus se maîtrise et c’est pour cela qu’il est devenu le « Maître ».

Jésus se domine et c’est pour cela qu’il est devenu « Seigneur ».

Il aime jusqu’au bout : c’est pourquoi il est le plus fort, le plus fort en amour.

A la Croix, il remporte la plus grande victoire de tous les rois : au lieu de se faire servir, il vient servir les autres. « Courage, j’ai vaincu le monde ». Pour le bon larron, la réponse ne se fait pas attendre : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec  moi  dans  le  paradis ». Cet  accueil  triomphal, c’est  pour tout de suite : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Le trône royal est déjà préparé pour celui qui sera décloué de la Croix. Dans un instant, l’Agneau immolé va en prendre possession en compagnie de tous ceux qui ont accepté de partager son destin et son espérance : même s’ils étaient des pécheurs. Le malfaiteur pardonné le reconnaît :

« Pour nous, cette Croix est justice, mais lui, il n’a rien fait ! »

Tout pécheur qu’il est, le brigand entre avec lui, en même temps que lui, dans le Royaume et la Communion des Saints. C’est lui le premier sauvé du Sauveur !

Oui, reconnaissons-le : « Dieu est plus grand que notre cœur » et c’est pour cela qu’il est notre Roi !   AMEN




Rencontre autour de l’Évangile (Lc 23,35-43) – Christ Roi

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 23, 35-43)      

Ce passage d’évangile fait partie du récit de la Passion selon saint Luc. Jésus est en croix. Au dessus de sa tête, une inscription : « Celui-ci est le roi des Juifs ».

                

Soulignons les mots importants

«Le Messie de Dieu, l’Elu» : Comment comprenons-nous ces deux titres donné à Jésus ?

«Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même» : Est-ce que cette parole des soldats et de l’un des malfaiteurs, comme les moqueries des chefs religieux, ne nous rappellent pas une manœuvre du Diable lors des Tentations de Jésus au désert ?

«Crainte de Dieu » : Que veut dire ici « craindre Dieu » ?

«Il n’a rien fait de mal » :   Durant le procès de Jésus, qui avaient déjà donné ce témoignage sur l’innocence de Jésus ?

« Jésus, souviens-toi de moi » : Que penser de cette prière du «bon larron» ? Qui représente-t-il dans cette supplication à Jésus crucifié ?

 «Quand tu viendras inaugurer ton Règne» : Quelle est la foi du second malfaiteur par rapport à Jésus qui est crucifié à côté de lui ?

 «Aujourd’hui» : Nous avons rencontré ce mot dans l’évangile de Zachée. Quelle est son importance ici dans la bouche de Jésus ?

«avec moi » … «le  Paradis » : Etre avec le Christ et être dans le Paradis, n’est-ce pas deux manières de dire la même chose ?

TA PAROLE DANS NOS COEURS 

Jésus, tu es sur la croix, et c’est le trône où nous te reconnaissons notre Roi : un Roi d’amour, un Roi serviteur, un Roi qui donne sa vie pour rassembler dans l’unité tous les hommes tes frères, un roi de Paix. Aujourd’hui, tu es élevé dans la gloire auprès de ton Père. Ton Royaume, c’est aujourd’hui, quand nous nous aimons, quand nous œuvrons pour la paix, pour rapprocher ceux qui sont séparés, pour unir ceux qui sont divisés, quand nous donnons notre vie pour un monde meilleur, plus juste et plus fraternel. Prends pitié de nous.  

    

Pour l’animateur 

Les moqueries prennent la forme d’une triple tentation : celle des chefs juifs, celle des soldats Romains et celle du malfaiteur. Tous ils lancent à Jésus le défi de se sauver lui-même par un acte de puissance à son profit « s’il est le Christ, le Fils de Dieu, l’Elu ». Luc nous rappelle ici qu’à travers ces moqueries,  le Tentateur de Jésus au désert revient à la charge, au moment du combat final qui se joue sur la croix. Jésus est  le Messie, celui qui a été ‘consacré’, qui a reçu l’onction (Christ) par l’Esprit pour sa mission de Sauveur, celui qui est ‘le Bien-aimé’ du Père, l’Elu.

Sa mission est celle du Serviteur souffrant, et non celle d’un Messie triomphant par la force et le prestige. C’est cela la volonté du Père. Jésus est fidèle. Durant la Passion et sur la croix, le Père ne fait aucun miracle pour sauver Jésus. Mais, le grand miracle par lequel il va le sauver et avec lui toute l’humanité dont il est solidaire, ce sera la Résurrection. « Dieu l’a souverainement élevé » dit saint Paul et l’a fait « Seigneur » (Phi 1,9).

Sans le savoir, le second malfaiteur, appelé couramment le « bon larron », à la suite de Pilate et d’Hérode, témoigne que ce crucifié, nommé Jésus, est innocent et n’a rien fait qui mérite la condamnation. Mais lui, contrairement aux autorités, pauvre condamné, reconnaît ses fautes et professe sa foi en la puissance de la réconciliation que Jésus nous obtient. Il réagit comme un véritable « converti ». Il voit l’inscription « Jésus roi des Juifs » : il lui fait confiance.

La crainte de Dieu, c’est reconnaître que Dieu est Dieu et s’en remettre à lui, avec confiance et humilité.

« Aujourd’hui », le salut est arrivé pour l’humanité : le salut promis au malfaiteur repentant, c’est le salut que Jésus obtient pour toute l’humanité par sa mort sur la croix. Jésus inaugure son Règne, « aujourd’hui » même, sur la croix, qui est son « trône ».

Le Paradis dont parle Jésus nous fait penser au ‘paradis’ la Genèse, où se trouve  l’arbre de vie. Le Paradis, ou le Ciel, c’est être avec le Christ, celui qui est la Résurrection et la Vie. C’est lui, avec sa croix glorieuse, qui est le véritable arbre de Vie. Etre avec Jésus, c’est avoir sa vie, sa gloire. Dès maintenant, celui qui reconnaît Jésus est « roi » avec lui. « Là où est le Christ, là est le Royaume. » (St Ambroise)

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Jésus a manifesté sa royauté en se faisant serviteur, en se faisant solidaire de notre humanité de faiblesse et de péché, en donnant sa vie, en pardonnant, en réconciliant les pécheurs avec Dieu son Père…

Et nous ?

Nous ne sommes-nous pas surtout préoccupés d’affirmer nos droits, de rechercher nos intérêts, d’imposer nos idées, de nous accorder aux ambitions du monde ?

Si le Christ règne dans nos relations, dans nos cœurs, dans nos actes d’amour, il régnera dans nos sociétés.

Que faire pour que la Royauté de Jésus s’installe dans nos cœurs ? Dans notre famille ? Dans notre entourage ? Dans notre paroisse ?

Et la croix de Jésus, qui a manifesté que sa Royauté est un Règne d’amour, d’humilité et de service, comment est-elle plantée dans nos cœurs et dans nos vies ?

 

Ensemble prions

 

Tous : Règne sur nous Seigneur

Christ, notre Dieu et notre Roi,

gouverne ton peuple et donne-lui ta vie.

Toi, le vrai Berger, qui meurt pour tes brebis,

rassemble dans l’unité.

Toi, le Roi de l’univers,

restaure en toi toute la création.

Toi, qui rends témoignage à la vérité,

sois le maître des esprits et des cœurs.

Toi, le Juge éternel,

donne-nous part au Royaume préparé pour nous.

Toi, le Prince de la paix,

délivre-nous de la guerre.

Toi, le premier-né d’entre les morts,

reçois nos frères défunts dans ton Royaume.

 

 

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

Christ-Roi

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Fête du Christ Roi de l’Univers (Lc 23,35-43) – D. Jacques FOURNIER

L’Amour Tout Puissant, Roi de l’univers

(Lc 23, 35-43)

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

 

jesus-en-croix

 

            Deux logiques s’affrontent au pied de la Croix. La première est celle de l’orgueilleux qui croit tout savoir et pouvoir juger de tout. Fier de son indépendance d’esprit, du pouvoir de sa position sociale, qu’il soit « chef » du Peuple ou « soldat », il reproche à Jésus de ne pas partager sa logique qui, à l’évidence, est la seule valable en ce monde… « Les chefs ricanaient »… « L’orgueil est leur collier, la violence, l’habit qui les couvre… Ils ricanent, ils prônent le mal, de très haut, ils prônent la force » (Ps 73(72)) car ils comprennent tout en terme de « pouvoir » et donc de « force »… Pour eux, si Jésus a soi-disant accompli des miracles, « sauvé » telle ou telle personne, il le devrait à sa propre force, à la mise en œuvre d’un pouvoir qui serait le sien… « Une force sortait de lui » (Lc 6,19)… S’il est vraiment si fort que cela, qu’il agisse donc pour lui-même, c’est le moment ou jamais ! Ils verront alors de leurs propres yeux et ils ne pourront que croire en l’évidence… « Si tu es le Messie de Dieu, l’Elu », si la force du Dieu Tout Puissant est avec toi, « sauve-toi toi‑même ! » Mais non, à l’évidence, il est là, crucifié, « à bout de force »  (Ps 6,3)…

            Mais la Puissance qui se déployait en Jésus ne venait pas de lui, mais de son Père… Lui est « doux et humble de cœur », il est « le Serviteur » du Père (Mt 11,20 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30).  Il ne peut « rien faire de lui-même, sinon ce qu’il voit faire au Père, car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20)… De plus, la Toute Puissance de Dieu, avec laquelle l’univers visible et invisible a été créé, n’est pas de l’ordre d’une force qui renverse l’adversaire, domine et écrase… Elle est la Toute Puissance de l’Amour. « On dit parfois : Dieu peut tout ! Non, Dieu ne peut pas tout, Dieu ne peut que ce que peut l’Amour. Car il n’est qu’Amour » (P. François Varillon, « Joie de croire, joie de vivre »). Et l’Amour Tout Puissant est respect infini de l’autre… Il ne fait rien sans son consentement: « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande un jour Jésus à un aveugle. « Rabbouni, que je recouvre la vue ! » lui répondit-il, « et aussitôt, il recouvra la vue » (Mc 10,46-52). Un autre jour, il vit un « homme, infirme depuis trente huit ans, » qui espérait être guéri par des rituels magiques… Il s’approcha et lui dit : « Veux-tu guérir ? » (Jn 5,1‑9). Dieu ne fera jamais en effet le meilleur pour nous sans notre consentement… « Je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai » (Ap 3,20)… Sinon, il restera à la porte et continuera à frapper…

            Ici, les cœurs des chefs du Peuple, des soldats et de l’un des malfaiteurs resteront fermés. Et pourtant, Jésus leur a déjà manifesté la Toute Puissance de l’Amour en leur pardonnant (Lc 23,34). Et une fois ressuscité, c’est vers eux qu’il se tournera en premier pour leur offrir sa bénédiction, s’ils acceptent de se repentir (Ac 3,26). Le bon larron l’a fait et aussitôt il a été accueilli par l’Amour Tout Puissant, par une Miséricorde sans limite :

« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».                                                                                                              

DJF




Audience Générale du Mercredi 9 Novembre 2022

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 9 Novembre 2022


Le voyage Apostolique au Bahreïn

Chers frères et sœurs, bienvenus et bonjour !

Avant de parler de ce que j’ai préparé, je voudrais attirer l’attention sur ces deux jeunes gens qui sont venus ici. Ils n’ont pas demandé la permission, ils n’ont pas dit : « Ah, j’ai peur » : ils sont venus directement. C’est ainsi que nous devons être avec Dieu : directement. Ils nous ont donné un exemple de la manière dont nous devons être avec Dieu, avec le Seigneur : aller de l’avant ! Lui, il nous attend toujours. Cela m’a fait du bien de voir la confiance de ces deux enfants : c’est un exemple pour nous tous. C’est ainsi que nous devons toujours nous approcher du Seigneur : avec liberté. Merci.

Il y a trois jours, je suis rentré de mon voyage au Royaume de Bahreïn, que je ne connaissais pas, vraiment : je ne savais pas bien comment était, ce royaume. Je tiens à remercier tous ceux qui ont accompagné cette visite avec le soutien de la prière, et renouveler ma gratitude à Sa Majesté le Roi, aux autres Autorités, à l’Eglise locale et à la population pour leur accueil chaleureux. Et aussi, je veux remercier les organisateurs des voyages : pour effectuer ce voyage, il y a beaucoup de gens qui se déplacent, la Secrétairerie d’État travaille tant pour préparer les discours, pour préparer la logistique, tout, beaucoup de gens sont mobilisés… ensuite, les traducteurs… et puis, le Corps de la Gendarmerie, le Corps de la Garde suisse, qui sont très braves. C’est un travail énorme ! Tous, tous, je voudrais vous remercier publiquement pour tout ce que vous faites pour qu’un voyage du Pape se passe bien. Merci.

La question se pose spontanément : pourquoi le pape a-t-il voulu visiter ce petit pays à très forte majorité musulmane ? Il existe de nombreux pays chrétiens : pourquoi ne pas aller d’abord dans l’un ou l’autre ? Je voudrais répondre à travers trois mots : dialogue, rencontre et marche.

Dialogue : l’occasion de ce voyage désiré depuis longtemps a été offerte par l’invitation du Roi à un Forum sur le dialogue entre Orient et Occident. Un dialogue qui sert à découvrir la richesse de ceux qui appartiennent à d’autres peuples, d’autres traditions, d’autres croyances. Bahreïn, un archipel composé de nombreuses îles, nous a permis de comprendre qu’il ne faut pas vivre dans l’isolement, mais en se rapprochant. Au Bahreïn, qui sont des îles, ils se sont rapprochés, ils se sont effleurés. La cause de la paix l’exige, et le dialogue est « l’oxygène de la paix ». N’oubliez pas ceci : le dialogue est l’oxygène de la paix. Même dans la paix domestique. Si une guerre y a été livrée, entre le mari et la femme, alors avec le dialogue on poursuit avec la paix. Dans la famille, il faut également dialoguer : dialoguer, car avec le dialogue on peut maintenir la paix. Il y a près de soixante ans, le Concile Vatican II, parlant de la construction de l’édifice de la paix, affirmait que « cette œuvre exige que [les hommes] ouvrent leur intelligence et leur cœur au-delà des frontières de leur propre pays, qu’ils renoncent à l’égoïsme national et au désir de dominer les autres nations, et qu’ils entretiennent un profond respect envers toute l’humanité, qui s’avance avec tant de difficultés vers une plus grande unité.  » (Gaudium et spes, 82). Au Bahreïn, j’ai ressenti ce besoin et j’ai souhaité que, dans le monde entier, les leaders religieux et civils sachent regarder au-delà de leurs propres frontières, de leurs propres communautés, pour prendre soin de l’ensemble. C’est la seule façon d’aborder certains problèmes universels, comme par exemple l’oubli de Dieu, la tragédie de la faim, le soin de la création, la paix. Ensemble, on pense cela. Dans ce sens, le Forum de dialogue, intitulé “Orient et Occident pour la coexistence humaine”, a exhorté à choisir la voie de la rencontre et à rejeter celle de la confrontation. Combien nous en avons besoin ! Combien avons-nous besoin de nous rencontrer ! Je pense à la guerre folle – folle ! – dont est victime l’Ukraine martyrisée, et à tant d’autres conflits, qui ne seront jamais résolus par la logique puérile des armes, mais seulement par la force douce du dialogue. Mais au-delà de l’Ukraine, qui est martyrisée, pensons aux guerres qui durent depuis des années, pensons à la Syrie – plus de 10 ans ! – Pensons par exemple à la Syrie, pensons aux enfants du Yémen, pensons au Myanmar : partout ! Maintenant, plus proche est l’Ukraine, que font les guerres ? Ils détruisent, ils détruisent l’humanité, ils détruisent tout. Les conflits ne doivent pas être résolus par la guerre.

Mais il ne peut y avoir de dialogue sans – deuxième mot – rencontre. Au Bahreïn, nous nous sommes rencontrés, et plusieurs fois j’ai entendu le souhait qu’entre chrétiens et musulmans, il y ait plus de rencontres, qu’il y ait des relations plus fortes, que chacun prenne l’autre plus à cœur. Au Bahreïn – comme c’est la coutume en Orient – les gens portent la main à leur cœur lorsqu’ils saluent quelqu’un. Je l’ai fait aussi, pour faire de la place en moi pour ceux que j’ai rencontrés. Car, sans accueil, le dialogue reste vide, apparent, il reste une question d’idées et non de réalité. Parmi les nombreuses rencontres, je repense à celle avec mon cher frère, le Grand Imam d’Al-Azhar – cher frère ! et à celle avec les jeunes de l’Ecole du Sacré-Cœur, des étudiants qui nous ont donné une grande leçon : ils étudient ensemble, chrétiens et musulmans. En tant que jeunes, en tant qu’enfants, il faut apprendre à se connaître, afin que la rencontre fraternelle prévienne les divisions idéologiques. Et ici, je veux remercier l’Ecole du Sacré-Cœur, remercier Sœur Rosalyn qui a si bien dirigé cette école, et les enfants qui ont participé avec des discours, des prières, des danses, des chants : je m’en souviens bien ! Merci beaucoup. Mais les anciens ont également offert un témoignage de sagesse fraternelle : je repense à la rencontre avec le Conseil Musulman des Anciens, une organisation internationale fondée il y a quelques années, qui promeut les bonnes relations entre les communautés islamiques, sur la base du respect, de la modération et de la paix, en s’opposant au fondamentalisme et à la violence.

Ainsi nous allons vers le troisième mot : marche. Le voyage au Bahreïn ne doit pas être considéré comme un épisode isolé, il fait partie d’un parcours, inauguré par Saint Jean Paul II lorsqu’il s’est rendu au Maroc. Ainsi, la première visite d’un Pape au Bahreïn a représenté une nouvelle étape dans la marche entre les croyants chrétiens et musulmans : non pas pour confondre ou édulcorer la foi, non, le dialogue n’édulcore pas ; mais pour construire des alliances fraternelles au nom du Père Abraham, qui était un pèlerin sur terre sous le regard miséricordieux du Dieu unique du Ciel, Dieu de la paix. C’est pourquoi la devise du voyage était : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté« . Et pourquoi je dis que le dialogue n’édulcore pas ? Parce que pour dialoguer, il faut avoir sa propre identité, on doit partir de sa propre identité. Si tu n’as pas d’identité, tu ne peux pas dialoguer, car tu ne comprends même pas ce que tu es. Pour que le dialogue soit bon, on doit toujours partir de sa propre identité, être conscient de sa propre identité, et c’est ainsi qu’on peut dialoguer.

Dialogue, rencontre et marche au Bahreïn ont également eu lieu entre chrétiens : par exemple, la première rencontre, en effet, a été œcuménique, de prière pour la paix, avec le cher patriarche et frère Bartholomée et avec des frères et sœurs de diverses confessions et rites. Elle a eu lieu dans la Cathédrale, dédiée à Notre-Dame d’Arabie, dont la structure évoque une tente, celle dans laquelle, selon la Bible, Dieu rencontrait Moïse dans le désert, tout au long de la marche. Les frères et sœurs dans la foi, que j’ai rencontrés au Bahreïn, vivent vraiment « en marche » : ce sont pour la plupart des travailleurs migrants qui, loin de chez eux, trouvent leurs racines dans le peuple de Dieu et leur famille dans la grande famille de l’Église. C’est merveilleux de voir ces migrants, Philippins, Indiens et autres, chrétiens, se rassembler et se soutenir mutuellement dans la foi. Et ceux-ci avancent avec joie, dans la certitude que l’espérance de Dieu ne déçoit pas (cf. Rm 5,5). En rencontrant les Pasteurs, les consacrés, les agents pastoraux et, lors de la Messe festive et émouvante célébrée dans le stade, tant de fidèles, venus aussi d’autres pays du Golfe, je leur ai apporté l’affection de toute l’Église. Le voyage a consisté en cela.

Et aujourd’hui, je voudrais vous transmettre leur joie authentique, simple et belle. En nous rencontrant et en priant ensemble, nous avons senti que nous étions un seul cœur et une seule âme. En pensant à leur marche, à leur expérience quotidienne du dialogue, sentons-nous tous appelés à dilater les horizons : s’il vous plaît, des cœurs ouverts, pas des cœurs fermés, durs. Ouvrez les cœurs, parce que nous sommes tous frères et pour que cette fraternité humaine aille plus loin. Élargir nos horizons, ouvrir, élargir les champs d’intérêt et se dédier à la connaissance des autres. Si tu te dédies à la connaissance des autres, tu ne seras jamais menacé. Mais si tu as peur des autres, tu seras toi-même une menace pour eux. Car le chemin de la fraternité et de la paix a besoin de tous et de chacun pour se poursuivre. Je donne la main, mais si de l’autre côté il n’y a pas une autre main, cela ne sert à rien. Que la Vierge nous aide dans cette démarche ! Merci !


Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins du diocèse d’Auch et les jeunes de l’École des Francs Bourgeois-La Salle.

Frères et sœurs, à l’exemple du peuple du Bahreïn, sentons-nous tous appelés à élargir nos horizons et nos intérêts, en nous ouvrant à la connaissance des autres. Car pour avancer sur le chemin de la fraternité et de la paix, nous avons besoin de tous et de chacun.

Que Dieu vous bénisse !




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 21, 5-19)

 « Cela vous amènera à rendre témoignage. » 

 

            Plus on approche de la fin de l’année liturgique, et plus la liturgie nous parle de la fin du monde … non pas pour nous faire peur, au contraire, mais pour nous éveiller à ce que Jésus nous a promis : La Vie Éternelle !

Jésus profite de l’admiration des apôtres devant la beauté du Temple de Jérusalem pour leur dire : « Attention ! Ce que vous admirez ne durera pas ! Des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. ». Et effectivement, trente-sept ans plus tard, le temple est détruit.

Inquiétude des apôtres : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »

Pas d’affolement, ce n’est pas pour tout-de-suite ! Et Jésus décline toute une série de malheurs … annonciatrice du meilleur !

Comme il l’avait déjà dit par ailleurs : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux. » (Mt 5,11-12).

Tous ces malheurs qui se passeront sur cette terre ne sont que la préfiguration du bonheur que nous aurons dans la Vie éternelle … à une condition : que nous soyons fidèles à la Parole du Christ. « Cela vous amènera à rendre témoignage », témoignage de l’amour de Dieu pour nous, en toutes circonstances … mais aussi témoignage de notre amour pour lui

Et cela, c’est moins évident …

Pourtant, c’est un point essentiel pour tous les baptisés, et qui est repris dans l’intitulé du synode sur la synodalité : « Pour une Église synodale : Communion, Participation, Mission ».

Et la mission, ce n’est pas d’abord à l’étranger, loin de chez soi …

La mission, elle se fait là où l’on vit, d’abord : dans la famille, dans les lieux de travail ou d’études, dans le monde associatif, dans le sport … partout où nous rencontrons des personnes … « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1P 3,16).

La mission, cela s’apprend, il existe des formations pour cela, et c’est sans doute plus facile quand on est plusieurs … on s’entraide, on peut se relayer, avec des points de vue divers …

Mais si cela s’apprend, cela ne suffit pas. Comme le dit le Père Etienne Grenet, responsable du pôle mission du diocèse de Paris : « On croit trop souvent qu’il faut avoir fait des années d’études pour parler de la foi. En réalité, il suffit de l’avoir pour qu’un autre puisse la recevoir. »

Oui … mais … ?

Mais on n’est pas seul : « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. », et c’est aussi vrai pour la défense que pour l’annonce de la foi !

« C’est par votre persévérance [dans la foi] que vous garderez votre vie », votre Vie Éternelle … bien sûr !

« La fin du monde, ce n’est pas notre affaire, mais celle du créateur de l’univers et de son Fils qui feront ce qu’il faut au bon moment, et pour le bien de tous. Nous, occupons-nous du présent en persévérant dans l’estime de la foi et en enfonçant dans notre caboche le mot de Charlie Chaplin : ’’La vie est merveilleuse si l’on n’en a pas peur’’. » (Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine).

Que rien ne te trouble,

que rien ne t’épouvante.

Tout passe,

Dieu ne change pas.

La patience triomphe de tout.

Celui qui possède Dieu

ne manque de rien.

Dieu seul suffit

                                  Sainte Thérèse d’Avila

 

                                                                                                    Francis Cousin 

 

 

        

 

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim ord C 33°




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

La « fin d’un monde »

Lc 21, 5-9

L’année liturgique est bientôt terminée. Vous savez que l’on  recommence  une autre année avec le 1er dimanche de l’avent qui se situe environ un mois avant Noël. Et traditionnellement,  nos derniers dimanches ordinaires insistent sur le futur, sur ce que nous appelons « la fin du monde » et que j’appellerai plutôt « la fin d’ »un monde » et  la naissance d’un « nouveau monde ».

 

Certains, pensant  à cette fin du monde, sont affolés, ont peur ! Pour eux, « fin du monde » égale : catastrophes, ténèbres, panique générale et il est vrai que le Christ lui-même nous parle, pour ce moment-là, de guerres, de conflits, d’épidémies, de faits terrifiants et de grands signes dans le ciel. Or, le Christ nous dit : « Ne vous effrayez pas ! » Bien sûr, il faut que cela arrive ! Mais ce sera pour nous, chrétiens, l’occasion de « porter témoignage » et il ajoute : « Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à préparer votre défense… que ce sera l’Esprit Saint  qui vous inspirera un langage et une sagesse à  laquelle vos adversaires ne pourront opposer ni résistances ni contradictions ». Saint Luc, d’ailleurs, met l’accent sur le caractère actuel de la crise, son caractère intérieur et il décourage les questions sur l’avenir.

La fin du monde n’est pas un lointain mystérieux : elle fait déjà partie de notre histoire, déjà le combat est engagé, autour de nous, et en nous, entre le bien et le mal, entre Jésus et Satan, entre la lumière et les ténèbres.

Déjà Jésus, par sa Passion et sa Résurrection,  nous  a  dit comment tout se terminera : il y aura certes, comme pour lui, l’agonie, la passion, l’échec apparent du Vendredi Saint, mais surtout Pâques, et la victoire finale, …

La « fin du monde », ce sera la Passion de Jésus que nous vivrons à notre tour et aussi et surtout « le triomphe de la Résurrection », la vie définitive et glorieuse ; le mal étant écrasé une fois pour toutes…

Tout ce qui est arrivé à Jésus, nous arrivera à nous aussi : persécutions, trahison, mort… mais aussi la victoire dans la persévérance : « Par où est passé le maitre, le disciple passera aussi »  et de même que nous ne pouvons pas séparer  » la Passion » de « la   Résurrection », nous ne pouvons pas non plus séparer les épreuves de la fin du monde d’avec son aboutissement heureux : son issue finale qui est la joie et le bonheur de tous dans un monde divin, enfin libéré du mal, du péché et de toute menace. C’est pourquoi, ce texte, aussi bien que celui de l’Apocalypse, est gorgé d’espérance et de sérénité.

Bien loin de nous  affoler, ce temps, pour les chrétiens, est un « temps de grâce » et l’occasion de manifester davantage encore de notre foi et notre témoignage.

            Aussi, Jésus  nous donne-t-il quelques conseils applicables, non seulement pour « la fin des temps », mais pour tout temps, y compris le nôtre, conseils applicables dès aujourd’hui dans notre vie quotidienne.

Le 1er est « Ne vous laissez pas égarer » : à la fin des temps, comme maintenant, nous avons à discerner le « vrai » du « faux ». Il y a tellement de faux prophètes, de fausses théories, de propagandes, de mensonges, de publicités que les gens sont intoxiqués et qu’ils sont prêts à suivre n’importe qui, dans des sectes, des mouvements, des partis. On ne sait plus “ est la vérité ?”, “où est le faux ?” C’est ce que l’on appelle à présent : la « désinformation ». Systématiquement, on lance de fausses nouvelles pour désorienter d’abord et embrigader ensuite des populations entières. Nous, chrétiens, ayons de la jugeote, du sens critique et tout simplement du  « bon sens » en jugeant d’après l’idéal que le Seigneur nous a proposé dans l’Evangile.

Le 2e conseil : « Ne vous effrayez pas » : bien sûr, les temps sont durs, et ils le seront encore ; il a des crises : morales encore plus qu’économiques. Mais pensons au cri de Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur », ne cédez pas à la peur, ne paniquez pas, d’ailleurs la peur est pourvoyeuse de haine et de mal. A travers la dureté des temps, les nôtres et ceux de la fin, nous avons à faire confiance. La victoire est au bout, comme la Résurrection, celle du Christ et la nôtre. D’ailleurs Jésus ne nous a t-il pas dit : « Désormais, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps », et « s’il est avec nous, qui sera contre nous ? », uniquement les ennemis de Dieu. Il est vainqueur avec nous, alors qu’avons-nous à craindre ?

3e conseil relevé dans cet évangile : « Ne vous souciez pas de votre défense ». Dès que nous sommes en conflit, nous cherchons tout de suite quels sont les arguments que je vais avancer, quelles sont les preuves que je vais produire, quelles sont mes justifications personnelles.  Là, le Seigneur nous dit :

« Ne vous en faites pas, ne préparez pas à l’avance une plaidoirie en votre faveur ».

Vous n’avez pas à préparer votre défense, vous aurez en vous « l’Esprit Saint » que l’on appelle aussi « le Paraclet » qui veut dire, en grec, l’avocat : un autre parlera pour vous et parlera bien mieux que vous ! Il mettra dans votre bouche, un langage qui sera bien supérieur au vôtre et auquel vos adversaires ne pourront pas répondre grand-chose…

4e remarque du Christ à notre égard, pour les temps difficiles : « Je vous inspirerai une sagesse ». Ce langage, cette sagesse n’est pas fixée une fois pour toutes : on ne la trouve dans aucun livre, elle vient en nos cœurs, « par l’Esprit Saint » et celui-ci le réinvente tout au long de l’histoire, s’adaptant à notre temps, à notre mentalité, à notre contexte historique. Si nous portons l’Esprit de Dieu en nous, celui-ci saura bien nous inspirer la conduite à tenir.

5e et dernière remarque adressée à tous les chrétiens :     « C’est  par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».  

A travers toutes les crises, au travers de tous les évènements douloureux ou perturbés de notre monde, une seule chose nous fera tenir debout, une seule qualité nous fera traverser la tourmente : notre fidélité qui prouve la solidité de notre foi.

Il faut durer, persévérer, ne pas changer de cap ;

alors, nous arriverons, malgré les tempêtes,

jusqu’à la rive de Dieu.  AMEN

 




33ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 21, 5-19)

Triompher des épreuves avec le Christ

(Lc 21,5-19)

En ce temps-là, comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom.
Cela vous amènera à rendre témoignage.
Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.
C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer.
Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous.
Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom.
Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

            En 66, Israël se soulève contre l’occupant romain… Le 29 août 70, Titus, le fils de l’empereur Vespasien, prend la ville de Jérusalem… Le Temple est incendié, détruit… Il est encore possible aujourd’hui de voir  les énormes pierres qui tombèrent au pied de ses murs d’enceinte… Les premières paroles de Jésus font ici allusion à cette catastrophe : « Il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera jeté bas »…

            A cette même époque, les Juifs qui n’avaient pas reconnu en Jésus le Messie, persécuteront leurs compatriotes devenus chrétiens. Le Grand Prêtre Caïphe avait en effet crié au blasphème lorsque Jésus avait fait allusion à sa dignité de rang divin (Mt 26,64-66). Etienne sera lapidé (Ac 7,55-60), Paul et ses compagnons « ravageaient l’Eglise ; allant de maison en maison, ils en arrachaient hommes et femmes et les jetaient en prison » (Ac 8,3). Les chrétiens seront exclus des synagogues. Nous en trouvons un écho dans l’Evangile de Jean écrit à la fin du 1° siècle : « Les parents (de l’aveugle né) avaient peur des Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue » (Jn 9,22). « On vous persécutera, on vous livrera aux synagogues et aux prisons », dit ici Jésus. « Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos proches et vos amis ; on fera mourir plusieurs d’entre vous »…

            Mais les chrétiens persécutés pour leur foi ne seront pas abandonnés à eux-mêmes. « Ce sera l’occasion pour vous de rendre témoignage… Je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction », dit ici Jésus. « Quand on vous livrera, ne vous tourmentez donc pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,19-20). « Heureux alors serez-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse », « car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous » (Mt 5,11-12 ; 1P 4,14). Tel est en effet le grand cadeau que Dieu propose à tout homme de bonne volonté pour le soutenir, le réconforter, le consoler dans ses épreuves (2Co 1,3-7). Grâce à Lui, il est possible de traverser l’épreuve, toujours difficile humainement parlant, avec « quelque chose » qui, envers et contre tout, est de l’ordre de la joie, « la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,6).

                                                                                                                                              DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 33ième Dimanche du Temps Ordinaire

« On vous persécutera…

Ce sera pour vous l’occasion

de rendre témoignage. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 21, 5-19)

Le Temple de Jérusalem était considéré comme l’une des Sept merveilles du monde antique. Il était d’une richesse et d’une beauté qui provoquaient l’admiration des visiteurs et des pèlerins. Il a été détruit le 30 août 70 par l’armée romaine de Titus. Aujourd’hui quand les juifs prient devant le « Mur des lamentations » ils sont devant les fondations de ce Temple. Pour les chrétiens du début de l’Eglise, la ruine de Jérusalem et du Temple était étroitement associée au Retour glorieux du Christ à la fin des temps venant juger l’univers et instaurer le Règne de Dieu de façon définitive. Voilà le contexte de l’évangile que nous allons méditer.

Et soulignons les mots importants 

Une question générale 

Quelles sont nos réactions après avoir lu cet évangile ? (il est important que les gens disent librement leur ressenti. Cela les aidera à entrer dans une compréhension plus juste de l’enseignement de Jésus.)

Jésus vient d’annoncer que le Temple de Jérusalem sera détruit. Les disciples surpris et inquiets voudraient bien savoir le signe qui annoncera l’événement. Jésus ne répond pas mais il avertit ses disciples :

Prenez garde… ne marchez pas derrière eux : Contre qui Jésus met-il ses disciples en garde ? La tentation n’est-elle pas grande aussi pour beaucoup de gens de notre temps de croire à des faux prophètes qui prétendre annoncer la fin du monde ?

« Guerres, tremblements de terre, épidémies, famines, de grand signes dans le ciel » : Est-ce que Jésus en disant cela veut nous donner des signes qui annoncent la fin du monde ?

« devant les rois et gouverneurs » : Qui les premiers ont été traînés devant ces autorités ? (Luc en parle dans son Evangile et dans les Actes des Apôtres)

 « on vous persécutera »: Quand Luc écrit son évangile dans les années 80, le Temple est détruit et les chrétiens depuis longtemps déjà font l’expérience de la persécution. Que nous enseigne Jésus ?

« rendre témoignage » : Que veut nous faire comprendre Jésus ?

« Moi-même je vous inspirerai un langage et une sagesse. » : Au chap.12, 12 Jésus annonçait que la défense des disciples serait assurée par l’Esprit-Saint. Ici qui est-ce qui intervient pour défendre les disciples ? Quelle réflexion cela nous inspire ?

« Vous serez livrés même   par vos parents, vos frères, vos amis… » Jésus a déjà prévenu que sa personne provoquera des divisions même parmi nos proches (Lc 12,51) ici il va encore plus loin.. !

« détestés à cause de mon Nom » :  Que signifie le Nom dans la Bible ?

« Pas un cheveu de votre tête… » : Dans quel but Jésus dit cela ? « Persévérance » : Que veut dire ce mot ?

Pour l’animateur  

  • Dans la Bible, certains discours ou récits sont écrits dans une forme qu’on appelle « apocalyptique ». Bien que le mot apocalypse veut dire « révélation », ces écrits restent obscurs ou énigmatiques pour le lecteur moderne. Dans la Bible il y a une conviction fondamentale : l’histoire des peuples est conduite par Dieu vers un but soigneusement préparé. (voir Ap 21, 3-4). Tout ce qui appartient au monde ancien (larmes, tristesses, douleur, deuil…ne seront plus). Un Monde nouveau sera définitivement là : tel est le salut qui constituera le terme éternel de l’histoire de l’humanité. « Dieu sera tout en tous » dit saint Paul. 1Co 15, 28)

  • Ce discours de Jésus ne nous raconte pas la fin, mais nous dit en termes imagés la marche de l’humanité vers sa libération. Le but de saint Luc c’est d’insuffler au lecteur la force de tenir la tête haute au milieu des épreuves, de lui rappeler que le temps présent est le lieu où Dieu lui fait signe pour qu’il lui fasse confiance.

  • Au temps de Jésus, il y avait, comme aujourd’hui, des personnages qui prétendaient annoncer avec précision la fin du monde ; certains se présentaient comme le grand Prophète des derniers temps ou même le Messie. Jésus demande à ses disciples de ne pas tenir compte des prophètes de malheur qui interprètent les bouleversements et les catastrophes comme des signes de la fin du monde.

  • Par contre, Jésus prévient les chrétiens qu’ils auront à subir le choc des persécutions : il les rassure en leur disant qu’il sera là, lui le Ressuscité, à côté d’eux pour prendre leur défense. Lui-même, la source de l’Esprit, mettra dans leur cœur et dans leur bouche les mots qu’il faut pour qu’ils soient de fidèles témoins de sa Personne (son Nom) et de sa Résurrection.

  • Jésus dévoile aussi que les persécuteurs ne seront pas tous des étrangers, mais se recruteront à l’intérieur même du groupe des intimes ; et que la persécution peut aller jusqu’à la mort. (Quand Luc écrit son Evangile, Etienne a déjà été lapidé, Jacques le responsable de la communauté de Jérusalem a été décapité, Pierre et Paul ont été exécutés, et bien d’autres chrétiens…). Mais Jésus utilise le proverbe des cheveux pour assurer ses disciples que Dieu ne cesse de protéger ceux qui sont attachés à son Fils.

  • La persévérance, c’est justement cette fidélité à toute épreuve qui permet de recevoir la vie véritable. C’est aller jusqu’au bout de la foi et de l’amour.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Jésus médite sur la fragilité de toutes choses. Tout ce qui est construit de main d’homme finit par tomber en ruine. A quoi notre cœur est-il attaché ?

 Jésus nous invite à vivre, jour après jour, sans savoir la date, sans nous laisser séduire par les faux-messies, sans nous laisser effrayer par les faits terrifiants de l’histoire.

Comment, en tant que chrétiens, nous réagissons devant les grands bouleversements qui secouent notre monde ? (les massacres, les génocides, les guerres, le déferlement du terrorisme…et les cataclysmes naturels) Est-ce que nous percevons dans tous ces événements des appels à réajuster notre vie sur l’essentiel, sur le Christ et l’Evangile ? A témoigner de notre espérance en Dieu qui, à travers tous ces événements, conduit son Projet qui est de sauver ce monde qu’il aime ?

La condition des chrétiens en ce monde est de se trouver continuellement en butte aux moqueries à cause de leur foi : c’est une occasion de porter témoignage au Christ. Il nous a promis de nous assister.

Croyons-nous que les obstacles et les moqueries que rencontre notre vie chrétienne sont pour nous une occasion de porter témoignage du Christ ?

Est-ce que nous comptons sur le secours du Christ quand nous avons à rendre compte de notre foi et de notre espérance dans des circonstances difficiles ?

Persévérer dans la foi et la charité, jour après jour, rester attachés à Jésus Christ dans notre société, c’est difficile : quels moyens prendre pour tenir ?

Comment aidons-nous les jeunes, les nouveaux baptisés, les jeunes confirmés, à persévérer dans leur attachement à Jésus-Christ ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

Heureux ceux qui sont persécutés parce qu’ils croient au message d’amour et de liberté. Heureux ceux qui sont critiqués et subissent des moqueries à cause de leur fidélité au Nom de Jésus.

Seigneur Jésus, lorsque notre foi est mise à l’épreuve, donne-nous de croire que tu es près de nous pour nous inspirer les mots justes, afin que notre témoignage touche les cœurs.

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

33ème Dimanche du Temps Ordinaire

 




Prédication pour la Toussaint 2022 par Fr. Manuel Rivero O.P.

Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 1er novembre 2022

 

Introduction :

En ce premier novembre, nous célébrons de manière solennelle la fête de tous les saints. Dieu seul est saint. C’est lui qui sanctifie tous les saints que nous connaissons. Les plus grands saints sont les plus grands sauvés par la mort et la résurrection de Jésus le Christ. C’est pourquoi le lieu par excellence de la communion des saints est la messe où nous louons le Seigneur trois fois saint avec tous les saints du Ciel.

Nous ne gagnons pas la sainteté ; elle est don de Dieu, par sa miséricorde. Aussi reconnaissons-nous pécheurs en nous confiant à l’intercession de tous les saints.

………………….

Homélie

Qui sont ces saints que nous fêtons aujourd’hui ? Ils ne forment pas une petite élite ou un club restreint de privilégiés inaccessible au commun des mortels. C’est une foule immense d’enfants, d’hommes et de femmes de toute nation, langue et culture.

Nous célébrons dans la joie le mystère de l’Église, la Famille de Dieu, le Corps mystique du Christ. Qu’il est bon d’entrer dans la vision communautaire de notre foi catholique, bien plus grande et belle que des approches individualistes : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière », nous enseigne saint Pierre dans sa prière lettre (I P 2,9s).

Appel universel à la sainteté ! Il y a les saints des vitraux de nos églises mais ils ne représentent qu’une toute petite partie de la foule des saints. Très probablement des membres de nos familles, grands-parents, parents, enfants, amis et connaissances resplendissent de la gloire de Dieu.

Il est vrai qu’au Ciel la hiérarchie existe : la hiérarchie de la charité. Ce n’est pas sans raison que l’art chrétien a présenté des évêques et des religieux et religieuses dans les flammes du purgatoire.

Jésus l’a bien souligné dans l’Évangile. Dieu regarde non pas les apparences ou le statut social mais le cœur. La veuve qui a donné deux piécettes, dont elle avait besoin, a donné davantage que ceux qui ont versé au temple de leur superflu.

L’important est d’aimer Dieu de tout son cœur et ses proches comme soi-même.

Nous pouvons tous atteindre la sainteté car elle relève non pas de l’avoir ou du faire mais de l’amour. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face l’a bien compris : « Au sein de l’Église, ma Mère, je serai l’amour ».

Aimer dans la vie ordinaire d’un amour extraordinaire. Et « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs à tous par le Saint Esprit qui nous a été donné » (Rm 5,5), s’exclamait saint Paul.

Tous nous traversons des épreuves. Si nous les vivons avec le Christ, nous deviendrons des saints. Par le baptême et par l’eucharistie, nos péchés ont été lavés par le Sang de l’Agneau immolé. Nous avons revêtu la tunique blanche du baptême. Nombreux sont ceux qui portent au Ciel des palmes à la main : palme du martyre rouge du sang versé et palme du martyre blanc du travail fidèle et quotidien au service de la famille, de l’Église et de l’humanité. Martyre blanc des parents fidèles dans les épreuves : alcoolisme, maladie, infidélité, solitude affective, misère, persécution dans la foi …

En cette fête de la Toussaint, demandons au Seigneur la grâce de la prière en famille. Puissent les enfants avoir un coin-prière à la maison et bénéficier du témoignage de la foi des parents. Y a-t-il un bonheur plus grand que de grandir dans l’amour de Dieu, la confiance dans la vie et la solidité familiale ?

Les saints ignorent la rivalité et la jalousie. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus se réjouit de sa petitesse car elle demeurait incapable de s’élever vers Dieu ; Jésus, à l’image d’un ascenseur, l’a conduite à la gloire de Dieu le Père. Pour les saints, aimer c’est chercher le bien de l’autre pour lui-même et non pour soi. Un jour, une carmélite se plaignait auprès de la petite Thérèse des échanges nombreux et privilégiés d’une autre sœur avec la supérieure. Cela la blessait car elle s’estimait victime d’une injustice dans ces échanges qui lui semblaient favoris. Alors la petite Thérèse lui répond : « Ma sœur, ce n’est pas la supérieure que vous aimez, mais vous vous aimez vous-même ! ».

Dans la Communion des saints tout devient commun dans un perpétuel échange d’amour.

Le Fils de Dieu est devenu petit, le petit bébé de la crèche de Noël et le serviteur souffrant du Calvaire, par amour pour l’humanité. L’amour rend humble et petit, aux antipodes du désir de possession et de domination qui aboutit à la violence.

C’est pourquoi Thérèse se plaisait à être appelée « Thérèse de l’Enfant-Jésus ». Elle avait ajouté « et de la Sainte-Face », car le visage ensanglanté de Jésus au cours de sa Passion lui révélait l’amour fidèle et fort de Dieu.

Nous avons des dessins de la Sainte-Face de Jésus par sainte Thérèse, artiste. Poète, Thérèse adore le visage de Jésus, le plus beau des enfants des hommes : « Ta Face est ma seule patrie, elle est mon royaume d’Amour, elle est ma riante prairie, mon doux soleil de chaque jour. »

La figure de Véronique qui avait essuyé le visage de Jésus portant la croix inspirait Thérèse qui aspirait à devenir une autre « Véronique » en essuyant les larmes et les gouttes de sueur et de sang de l’humanité en souffrance.

Jésus grave son visage dans l’âme de ceux qui le servent en la personne de ses frères affamés, assoiffés, malades, étrangers ou en prison : 

« Laisse en moi la divine empreinte

De tes traits remplis de douceur

Et bientôt je deviendrai sainte

Vers Toi j’attirerai les cœurs. », s’exclamait Thérèse habitée par la Sainte-Face défigurée dans la Passion et transfigurée dans la Résurrection.

Les saints sont fêtés le jour de leur mort devenue naissance au Ciel. « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie », disait sainte Thérèse.

C’est pourquoi le moment de la mort représente non pas la fin mais le commencement d’une vie nouvelle : la Communion éternelle avec le Christ Jésus, lui ressemblant dans la mort pour passer « par lui, avec lui et en lui » dans la gloire de la résurrection.

Pendant longtemps les malades mourraient à la maison ; après une veillée funéraire longue et solidaire, la dépouille mortelle était portée dans l’église où le chrétien avait reçu les sacrements : baptême, Communion, confirmation, mariage … Après la célébration des funérailles, les restes mortels trouvaient leur place dans le cimetière.

Aujourd’hui les malades meurent plutôt à l’hôpital et la dépouille mortelle est transférée dans un centre funéraire où a souvent lieu la crémation.

L’étape de la célébration des funérailles à l‘église tend à disparaître pour des raisons pratiques dommageables. Il convient d’accorder à la mort, moment du passage de ce monde au Père, la dignité et le sens ecclésial qui lui correspondent. Alors que l’on oppose un refus ferme à la célébration du baptême et du mariage en dehors de nos lieux liturgiques sacrés, nous nous contentons aisément des célébrations des funérailles dans des centres funéraires laïques.

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que « l’Eucharistie est le cœur de la réalité Pascale de la mort chrétienne » (n°1689). Qu’il est juste et bon de célébrer sur l’autel le sacrement de l’amour du Christ pour nos défunts, sanctifiés par pure grâce. Nos œuvres nous condamnent mais Jésus nous sauve par sa Passion et sa Résurrection actualisées ici et maintenant à la messe.

« Au jour de notre mort, chacun sera jugé selon ses œuvres », et sainte Thérèse d’ajouter « selon ses œuvres à Lui », Jésus. Oui, « ses œuvres à Lui » nous rendent justes et saints !

 

 

 




32ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 20, 27-38)

       « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » 

Quelle affaire !

« Quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – interrogèrent Jésus … » pour lui présenter un cas abracadabrantesque de sept frères qui meurent successivement sans avoir pu donner un enfant à la femme du premier, selon la loi du lévirat (Dt 25,5), « A la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »

Il faut vraiment être un peu farfelu pour inventer une telle situation … mais enfin, la question est posée … non pas pour avoir une réponse … mais pour mettre Jésus dans l’embarras au sujet de la résurrection.

C’est un thème qui existait déjà depuis quelques temps, et dont la première lecture, qui date du deuxième siècle avant Jésus-Christ, nous montre des hommes qui y croyaient : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie. »

Ce débat entre ceux qui croient ou non à la résurrection des morts, à une vie éternelle, existe encore aujourd’hui puisque selon certaines statistiques seulement dix pour cent des français croient à la résurrection après la mort, cette vie après la mort … Et même parmi les catholiques pratiquants, beaucoup de croient pas à la résurrection … même s’ils disent qu’il y a quelque chose près la mort, mais qu’ils ne savent pas quoi …

Et pourtant, tous les dimanches on affirme dans le credo « Je crois … à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. » …

Et nous venons de fêter la Toussaint … qui est la fête de tous les saints, reconnus par l’Église, et surtout de tous ceux qui ne sont pas reconnus … les défunts de nos familles … qui ont vécu une vie normale de chrétien, avec ses hauts et ses bas … et qui sont auprès de Dieu, ce que nous espérons (et croyons …).

Serait-ce en vain ?

Non !

La vie éternelle après la mort existe ! Et Jésus nous le dit dans l’évangile de ce jour : « … ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts … ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. », ainsi qu’à chaque fois qu’il parle du Royaume des cieux, ou quand il dit : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. ( … ) Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,3.6)

Il est vrai que la vie après la mort, on a du mal à imaginer ce que cela sera !

Et on ne le saura que quand on y sera … Donc, attendons, et nous verrons !

Mais on connait déjà un peu … quelques aperçus racontés par ceux qui ont vécu ce qu’on appelle des Expériences de Mort Imminente … Et il n’y a pas de quoi avoir peur, au contraire …

Pourrait-il en être autrement ?

Dieu qui n’est que tout amour ne peut que nous combler d’amour … et nous offrir ce qu’il y a de mieux pour nous … pour tous … dans une vie éternelle …

« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (Mt 7,11)

« Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « ’’Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé.’’. Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : ’’Voici que je fais toutes choses nouvelles.’’ Et il dit : ’’Écris, car ces paroles sont dignes de foi et vraies. ’’ » (Ap 21,3-5)

Seigneur Jésus,

Beaucoup ne croient pas en la résurrection,

sans doute par peur de la mort,

par peur de l’inconnu,

de ce qu’on ne peut imaginer …

Et pourtant tu nous attends,

auprès de ton Père,

et avec l’Esprit Saint,

pour nous donner tout votre amour !

Alors, pourquoi hésiter ?

Oui, je crois en la résurrection !

 Francis Cousin 

 

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim ord C 32°