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Rencontre autour de l’Évangile – 23ième Dimanche du Temps Ordinaire

 » Tout ce qu’il fait est admirable :

il fait entendre les sourds

et parler les muets. »  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 7, 31-37))

Le passage sur lequel nous allons partager fait suite à la rencontre de Jésus avec cette maman syro-phénicienne de la région de Tyr, une païenne qui a obtenu la guérison de sa fille.

Remarque

Nous gardons la méthode que nous avons suivie depuis quelques rencontres : la contemplation de Jésus. Nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.

 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons-réfléchissons-méditons

Regardons Jésus et  écoutons-le : 

Durant son ministère, Jésus a beaucoup marché : si nous regardons sur une carte de la Palestine, nous verrons le grand trajet dont parle  cet Evangile : Jésus quitte la région de Tyr et de Sidon (sur la côte Méditerranéenne – aujourd’hui le Liban), il traverse la Galilée et il continue sa route plus loin que le Lac de Tibériade, jusque dans une terre païenne, « la Décapole »

On lui amène un sourd-muet : bien réaliser ce qu’est cette infirmité : ne pas entendre, ne pas parler, donc impossibilité d’accueillir et de recevoir aucun message ; communication pratiquement impossible. Or, pourquoi Jésus a-t-il été envoyé ?

Noter tous les gestes que fait Jésus sur cet infirme. (noter que Jésus emmène l’infirme loin de la foule : admirons la délicatesse de Jésus et sa discrétion)

Noter la parole de Jésus  « Effata »-« Ouvre-toi »

Ses oreilles s’ouvrirent. Sa langue se délia

Et il parlait correctement :  Jésus est dans une terre païenne : Quelle peut être la signification de ce miracle raconté par saint Marc ?

Pourquoi Jésus demande aux gens  de ne rien dire à personne ?

« Tout ce qu’il fait est admirable : Il fait entendre les sourds et parler le muets » : Si nous avons sous les yeux le texte d’Isaïe de ce dimanche, regardons quels sont les signes qui seront accomplis par Dieu quand il viendra. Qui donc est Jésus ?

Pour l’animateur 

Les gestes de Jésus : Jésus ne se contente pas d’une simple imposition des mains, comme on le lui demande, il entraîne l’homme à l’écart, il touche les organes qui ne fonctionnent pas (il met ses doigts dans les oreilles, de la salive sur  la langue de l’infirme). Jésus ne fait là que qu’emprunter à la médecine de l’époque certains de ses usages (le contact physique sur la partie malade, et la salive, regardée comme source de vie, proche de la parole. Jésus prie (il lève les yeux au ciel), pousse un soupir (expression d’une œuvre difficile à faire), il prononce une parole « ouvre-toi ».

Ce miracle en terre païenne a une signification symbolique qui est claire : pour entendre la Bonne Nouvelle et proclamer la Gloire à Dieu, les païens ont besoin que Jésus ouvre les oreilles de leur cœur et mette sa parole dans leur bouche.

Pourtant Jésus impose le silence à l’entourage de l’homme guéri, comme souvent dans l’évangile de Marc, parce qu’il craint qu’on se trompe sur le genre de « Messie » qu’il veut être. Quand Pierre lui dira «  Tu es le Messie » (8,30), il faudra qu’il attende la Passion et la Résurrection de Jésus pour que le titre de Messie donné à Jésus reçoive sa pleine signification.

En fait, Marc souligne que les gens ne respectent pas la consigne de silence : comme pour dire au lecteur d’aujourd’hui, que  non seulement la consigne n’est plus valable, mais qu’il faut au contraire proclamer la Bonne Nouvelle du Christ partout.

De fait, la réaction des païens est présentée par saint Marc comme une véritable profession de foi, puisque Jésus réalise la promesse de Dieu annoncée par le prophète : Jésus, c’est Dieu qui vient pour faire « entendre les sourds et parler les muets. »

Alors que ceux qui suivent Jésus (ses disciples) restent sourds et muets devant le message de leur Maître, l’exemple  des païens leur est offert. C’est à eux que s’adresse le « Ouvre-toi ». Jésus invite ses compagnons – et Marc à ses lecteurs- à s’ouvrir à la Parole et à l’Action du Sauveur, à ne pas craindre de les « proclamer » dans le monde.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, tu fais entendre les sourds et parler les muets. Tu es bien le Messie annoncé par les prophètes. Prononce encore sur nous ce mot de puissance et de bonté  « effata ». Ouvre nos oreilles pour que nous écoutions ta Parole avec amour, et ouvre nos lèvres pour que nous annoncions tes louanges.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Dieu nous a parlé par son Fils, qui est sa Parole faite homme : et il continue de nous parler, dans l’Evangile, dans et par son Eglise, par les témoins qu’il met sur notre route : comment l’écoutons-nous ? (une écoute attentive ? une écoute qui cherche à comprendre ? une écoute qui aide la Parole à descendre dans notre cœur et à transformer notre vie ?Ne sommes-nous pas volontairement sourds aux appels du Christ, de l’Eglise, de nos frères ?)

Le sourd est du même coup muet : celui qui ferme ses oreilles et son cœur à Jésus, Parole de Dieu, à son enseignement, ne peut pas dire quoi que ce soit de Jésus, il ne peut pas être son témoin, reconnaître ses bienfaits et proclamer ses louanges. Sommes-nous des témoins de l’Evangile ? Est-ce que nous osons parler quand il le faut ? Il nous faudrait parler pour dénoncer cette injustice, pour encourager cette voisine, pour dire notre foi  mais nous préférons nous taire !

Aujourd’hui encore, le Seigneur « fait entendre le sourds et parler les muets » : quand un cœur endurci s’ouvre à la Parole de Dieu,  quand un timide qui avait peur de  témoigner de sa foi ose prendre la parole : savons-nous alors nous émerveiller et rendre gloire à Dieu ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route.

Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve.

Incline mon cœur vers tes exigences.

Ta Parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route.

 

Chant :

Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles  de ton amour. (C.1 et 4)

 

 

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22ième Dimanche du Temps Ordinaire (29 août 2021 – Mc 7, 1-8.14-15.21-23 ; DJF)

Ecouter la Parole de Dieu

et la mettre en pratique pour entrer dans la Vie…

          Ce n’est pas si fréquent : les trois lectures de ce jour évoquent un seul et même thème, celui de la Parole de Dieu qu’il s’agit d’accueillir de tout cœur…

          Pour nous, aujourd’hui, cette Parole nous a été transmise par Jésus, le Fils. Lui même l’a accueillie, entendue auprès de son Père : « Ma doctrine », nous dit-il, « n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (Jn 7,16). En effet, « le Père qui m’a envoyé m’a lui-même prescrit ce que j’avais à dire et à faire connaître. Ainsi donc, ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis » (Jn 12,49-50).

          Et puisque, dit-il encore, « je dis la vérité que j’ai entendue de Dieu » (Jn 8,40), Jésus sait que « l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité qui vient du Père lui rend témoignage » (Jn 15,26). Et comment fait-il ? Quand Jésus nous parle de la vie avec Dieu, de la vie éternelle, l’Esprit Saint communique à tous ceux et celles qui l’écoutent de tout cœur le Don même de cette vie en étant ainsi tout simplement, comme nous le disons dans notre Crédo, « Seigneur qui donne la vie ». C’est ainsi qu’en écoutant Jésus, St Pierre ne pouvait que lui dire : « Tu as les Paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Il vivait, en l’écoutant, « quelque chose » qu’il n’avait jamais vécu auparavant avec personne d’autre : une vie nouvelle, une Plénitude nouvelle, une douceur nouvelle…

          En effet, le Don de l’Esprit se joint toujours à la Parole du Christ, comme nous l’explique Jean Baptiste : « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5,25). C’est ainsi que St Jacques déclare dans la seconde lecture : « Le Père des lumières a voulu nous engendrer par sa Parole de vérité » (Jc 1,18), c’est-à-dire par le Don de cet « Esprit qui est vie », un Don qui se joint toujours à la Parole de Dieu et qui nous engendre à cette vie nouvelle et éternelle qui est la vie même de Dieu. Et puisque « le fruit de l’Esprit est douceur » (Ga 5,22), il nous invite à « accueillir dans la douceur la Parole semée en vous » et donc au même moment ce Don de l’Esprit de Douceur qui se joint à elle et qui nous rejoint au plus profond de nous-mêmes…

          Mais cette Vie nouvelle semée en nous par la Parole de Dieu et le Don de l’Esprit Saint demande tout simplement à « vivre », c’est-à-dire à s’exprimer par des actes qui lui correspondent. « Mettez donc la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion » (Jc 1,22). C’est exactement l’invitation que lançait Moïse dans la première lecture : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique… vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous les garderez, vous les mettrez en pratique » (Dt 4,1.6)…

          En effet, puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), cette vie de Dieu semée en nous est de l’ordre de l’amour (Rm 5,5 ; Ga 5,22) : elle ne peut donc qu’être ouverture à l’autre, écoute de l’autre, attention à l’autre et action pour l’autre, pour son bien. C’est ce qu’écrit St Jacques avec un exemple particulier : il s’agit de « visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse » (Jc 1,27). Et il s’agit aussi de mourir à tout ce qui s’oppose à cette logique de l’amour, c’est-à-dire à tout ce qui nous ramène à nous-mêmes, nous replie sur nous-mêmes et nous empêche ainsi de nous ouvrir aux autres : « Gardez vous sans tache au milieu du monde » (Jc 1,27)…

          C’est l’invitation que lance Jésus aux Pharisiens. Ils s’attachaient en effet à toutes sortes de pratiques qu’ils présentaient comme étant « le comportement religieux pur et sans souillure » (Jc 1,27) : « Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ;  et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats » (Mc 7,3-4). Le grand danger d’une telle attitude est en fait une subtile recherche de soi. En effet, quand ils constataient qu’ils avaient effectivement pratiqué tout ce qui leur était demandé, ils pouvaient se dire en eux‑mêmes : maintenant, je suis « pur et sans souillure », contrairement à mon voisin qui, ne mettant pas en pratique tous ces préceptes, ne peut qu’être impur et souillé… St Luc nous présente ainsi un Pharisien qui « se tenait debout et priait ainsi en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” » (Lc 18,11-12). Hélas, une telle attitude, sur la base même d’une Loi qui peut être « sainte, juste et bonne » (Rm 7,12), n’est qu’orgueil, mise en avant de soi au détriment des autres, exaltation de soi et mépris des autres, rejet des autres, refus de vivre en relation avec les autres et donc fermeture aux autres… Or, notre cœur n’a qu’une seule porte : la fermer aux autres que nous voyons, c’est aussitôt la fermer au même moment à l’Autre que nous ne voyons pas, et donc à Dieu et au Don de sa Lumière et de sa Vie… Etre habité par un tel orgueil revient donc à se condamner soi‑même, à vivre non pas dans la Lumière mais dans les ténèbres, non pas dans la pureté de cœur mais dans la pire des souillures, alors même que l’on peut prétendre avec force être tout le contraire !

         L’important, nous dit ici Jésus, n’est pas de pratiquer ceci ou cela en pensant que cette pratique fera de nous des justes… Non, Dieu veut notre cœur, et Lui seul le voit et le connaît à fond… Il s’agit donc d’un appel à une conversion radicale et profonde : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur » (Mc 7,20-23). St Paul écrit exactement la même chose : « Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice ne recevront pas le royaume de Dieu en héritage ? Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, les idolâtres, les adultères, ni les dépravés et les sodomites, ni les voleurs et les profiteurs, ni les ivrognes, les diffamateurs et les escrocs, aucun de ceux-là ne recevra le royaume de Dieu en héritage » (1Co 6,9-10).

          En effet, tout ce mal qui nous replie sur nous-mêmes dans une inlassable recherche de nous-mêmes nous empêche de nous ouvrir à un Autre que nous-mêmes pour recevoir ce qui ne peut venir que de Lui : le Don de sa Lumière, le Don de sa Vie, le Don de son Esprit… Mettre sa Parole en pratique, vivre l’amour de l’Autre et des autres, c’est demeurer dans cette dynamique d’ouverture de cœur à Dieu qui, Lui, de son côté, n’est qu’Amour et donc « Don gratuit de tout ce qu’il est en Lui-même » : « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner » (Pape François). Alors, si « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), il est ainsi éternellement Don de l’Esprit, « Source d’Eau Vive » (Jr 2,17 ; 17,13), cette « Eau Vive » de l’Esprit (Jn 4,10-14 ; 7,37-39)  « qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), tous les hommes de bonne volonté qui l’accueillent (Lc 2,14)…

          Alors, « si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds » (Mc 9,43-45). Et dans le dernier exemple, avec « l’œil », Jésus parlera cette fois non pas de « la vie éternelle » mais du « Royaume de Dieu » : « Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas » (Mc 9,47-48). « En effet, le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est mystère de communion dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), dans « la communion du Saint Esprit » (1Co 13,13), un Esprit qui est Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et vie…

 

          Tel est « le Don de l’Amour » qui englobe tous « ces dons parfaits, qui proviennent tous d’en haut, et descendent d’auprès du Père des lumières » (Jc 1,17). Et rien ni personne ne pourra empêcher Dieu d’être ce qu’Il Est (Ex 3,14), c’est à dire « Amour inconditionnel » (Pape François), Amour gratuit (1Jn 4,8.16), Amour Don de Lui-même (Jn 3,35 ; 4,10 ; Ac 8,20 ; Rm 6,23 ; 2Co 9,15 ; Ep 2,8 ; 1Th 4,8) : « Il n’est pas en effet, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses » (Jc 1,17). Nous, pécheurs instables, malades, blessés, nous pouvons toujours compter sur Lui. Il ne nous manquera jamais : « Si nous sommes infidèles, Dieu, lui, reste fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13). « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45). Et c’est par le Don de la Lumière de son Esprit aux « méchants », le Don de cette « pluie » « d’Eau Vive » de son Esprit sur « les injustes » qu’il « frappe à la porte de leur cœur » fermé (Ap 3,20) pour les inviter à la conversion : qu’ils se détournent du mal et s’ouvrent à Lui ! Ils ne pourront qu’être comblés par la Plénitude de son Esprit, source du seul vrai Bonheur durable, paisible…

          Alors, « cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien » (Is 1,16), « mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter » (Jc 1,22). Avec elle et par elle, « recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). Alors, « vous vivrez, et vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères » (Dt 4,1), ce Royaume de Dieu qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17) car, en vous donnant l’Esprit Saint, « votre Père s’est complu à vous donner le Royaume » (Lc 12,32)… Nous avons tous été créés pour vivre de la Plénitude de cet Esprit… Alors, « cherchez dans l’Esprit votre plénitude » (Ep 5,18)…

                                                                                         DJF

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 25 Août 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 25 Août 2021


Frères et sœurs, bonjour!

La Lettre aux Galates rapporte un fait plutôt surprenant. Comme nous l’avons entendu, Paul dit qu’il a réprimandé Céphas, c’est-à-dire Pierre, devant la communauté d’Antioche, parce que son comportement n’était pas bon. Que s’était-il passé de si grave au point d’obliger Paul à s’adresser en termes durs même à Pierre? Peut-être Paul a-t-il exagéré, a-t-il trop laissé place à son caractère sans savoir se retenir? Nous verrons qu’il n’en est pas ainsi, mais qu’une fois encore la relation entre la Loi et la liberté est en jeu. Et nous devons revenir sur cela de nombreuses fois.

En écrivant aux Galates, Paul mentionne de manière voulue cet épisode qui s’était passé à Antioche des années auparavant. Il entend rappeler aux chrétiens de ces communautés qu’ils ne doivent absolument pas écouter ceux qui prêchent la nécessité de se faire circoncire et donc tomber « sous la Loi » avec toutes se prescriptions. Rappelons que ce sont ces prédicateurs fondamentalistes qui sont arrivés là-bas et qui ont créé de la confusion, et ils ont également ôté la paix à cette communauté.  L’objet de la critique à l’égard de Pierre était son comportement dans la participation à table. La Loi interdisait à un juif de prendre ses repas avec les non juifs. Mais Pierre lui-même, dans une autre circonstance, était allé à Césarée dans la maison du centurion Corneille, tout en sachant qu’il transgressait la Loi. Il affirma alors: «Mais Dieu vient de me montrer, à moi, qu’il ne faut appeler aucun homme souillé ou impur» (Ac 10, 28). Une fois rentré à Jérusalem, les chrétiens circoncis fidèles à la Loi mosaïque réprimandèrent Pierre pour son comportement, mais il se justifia en disant: «Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur: Jean, disait-il, a baptisé avec de l’eau mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint.   Si donc Dieu leur a accordé le même don qu’à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu?» (Ac 11,16-17). Rappelons que l’Esprit Saint est venu  à ce moment-là dans la maison de Corneille quand Pierre est allé là-bas.

Un fait semblable était arrivé également à Antioche en présence de Paul. Auparavant, Pierre était à table sans aucune difficulté avec les chrétiens venus du paganisme; mais quand plusieurs chrétiens circoncis de Jérusalem – ceux qui venaient du judaïsme – arrivèrent en ville, alors il ne le fit plus, pour ne pas subir leurs critiques. Et c’est l’erreur: il faisait davantage attention aux critiques, à faire bonne figure. Et cela est grave aux yeux de Paul, également parce que Pierre était imité par d’autres disciples, le premier d’entre eux Barnabé, qui avec Paul avait précisément évangélisé les Galates (cf. Ga 2,13). Sans le vouloir, Pierre, avec cette façon de faire – un peu comme ci, un peu comme ça… sans clarté sans transparence – créait de fait une division injuste au sein de la communauté: «Je suis pur… je suis cette ligne, je dois faire ainsi, on ne peut pas faire cela…».

Paul, dans son reproche – et le cœur du problème est là –, utilise un terme qui permet d’entrer dans le vif de sa réaction: hypocrisie (cf. Ga 2,13). C’est un mot qui reviendra de nombreuses fois: hypocrisie. Je crois que nous comprenons tous ce que cela signifie. L’observation de la Loi de la part des chrétiens conduisait à ce comportement hypocrite, que l’apôtre entend combattre avec force et conviction. Paul était droit, il avait ses défauts – beaucoup, son caractère était terrible – , mais il était droit.   Qu’est-ce que l’hypocrisie? Quand nous disons : faites attention à celui-ci qui est un hypocrite : que voulons-nous dire ? Qu’est-ce que l’hypocrisie ? On peut dire que c’est la peur de la vérité. L’hypocrite a peur de la vérité. On préfère faire semblant plutôt qu’être soi-même. C’est comme maquiller son âme, comme maquiller ses attitudes, comme maquiller ses façons de faire: ce n’est pas la vérité: «J’ai peur d’aller de l’avant comme je suis et je me maquille avec ces attitudes».    Et la dissimulation empêche d’avoir le courage de dire ouvertement la vérité et on se soustrait ainsi facilement à l’obligation de la dire toujours, partout et malgré tout. Et la dissimulation te conduit à cela: aux demi-vérités. Et les demi-vérités sont une fiction : parce que la vérité est vérité ou n’est pas la vérité. Mais les demi-vérités sont cette manière d’agir qui n’est pas vraie. On préfère, comme je l’ai dit, feindre plutôt que d’être soi-même, et la dissimulation empêche ce courage de dire ouvertement la vérité. Et on se soustrait ainsi à l’obligation – et c’est un commandement – de dire toujours la vérité, de la dire partout et de la dire malgré tout.  Et dans un milieu où les relations interpersonnelles sont vécues à l’enseigne du formalisme, le virus de l’hypocrisie se diffuse facilement. Ce sourire qui ne vient pas du cœur, cette recherche pour être en bon termes avec tout le monde, mais avec personne…

Dans la Bible, on trouve divers exemples dans lesquels on combat l’hypocrisie. Un beau témoignage pour combattre l’hypocrisie est celui du vieil Eléazar, à qui l’on demandait de faire semblant de manger la chair sacrifiée aux divinités païennes pour pouvoir sauver sa vie : faire semblant de la manger, mais il ne la mangeait pas. Ou faire semblant de manger de la viande de porc, mais ses amis lui en avaient préparé une autre. Mais cet homme qui craint Dieu répondit: «A notre âge, ajouta-t-il, il ne convient pas de feindre, de peur que nombre de jeunes, persuadés qu’Eléazar aurait embrassé à 90 ans les mœurs des étrangers, ne s’égarent eux aussi, à cause de moi et de ma dissimulation, et cela pour un tout petit reste de vie. J’attirerais ainsi sur ma vieillesse souillure et déshonneur» (2 Mac 6, 24-25). Honnête : il n’emprunte pas la voie de l’hypocrise. Quelle belle page sur laquelle réfléchir pour s’éloigner de l’hypocrisie! Les Evangiles rapportent eux aussi diverses situations dans lesquelles Jésus réprimande fortement ceux qui apparaissent comme des justes de l’extérieur, mais qui sont pleins de fausseté et d’iniquité en eux (cf. Mt 23,13-29). Si vous avez un peu de temps aujourd’hui, prenez le chapitre 23 de l’Evangile de saint Matthieu et voyez combien de fois Jésus dit: «Hypocrites, hypocrites, hypocrites», et il révèle ce qu’est l’hypocrisie.

L’hypocrite est une personne qui fait semblant, qui flatte et qui trompe car elle vit avec un masque sur le visage, et elle n’a pas le courage de se confronter à la vérité. C’est pourquoi elle n’est pas capable d’aimer vraiment – un hypocrite ne sait pas aimer – elle se limite à vivre d’égoïsme et n’a pas la force de montrer son cœur en transparence. Il y a de nombreuses situations dans lesquelles l’hypocrisie peut avoir lieu. Elle se cache souvent dans les lieux de travail, où l’on cherche à paraître amis avec les collègues, alors que la compétition conduit à les frapper dans le dos. Dans la politique, il n’est pas inhabituel de trouver des hypocrites qui vivent un dédoublement entre leur vie publique et privée. L’hypocrisie dans l’Eglise est particulièrement détestable, et malheureusement l’hypocrisie existe dans l’Eglise, et il y a de nombreux  chrétiens et de nombreux ministres hypocrites. Nous ne devrions jamais oublier les paroles du Seigneur: «Que votre langage soit: « Oui? oui », « Non? non »: ce qu’on dit de plus vient du Mauvais» (Mt 5, 37). Frères et sœurs, pensons aujourd’hui à ce que Paul condamne et que Jésus condamne: l’hypocrisie. Et n’ayons pas peur d’être véridiques, de dire la vérité, de sentir la vérité, de nous conformer à la vérité. Un hypocrite ne sait pas aimer.  Agir autrement que dans la vérité signifie mettre en danger l’unité au sein de l’Eglise, celle pour laquelle le Seigneur lui-même a prié.

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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les Servants d’Autel des diocèses de Tulle, Limoges et Angoulême, ainsi que les Servants d’Autel de la Paroisse de Meyzieu.

En ce temps de vacance et de rencontres, ne nous laissons pas conditionner par la peur des préjugés qui affaiblit l’amour du Seigneur en nous et nous pousse à exclure et à marginaliser le prochain. Apprenons plutôt à cultiver entre nous des relations vraies et sincères, capables de redonner vie et espérance à ceux qui nous entourent.

Sur chacune de vos personnes, j’invoque la Bénédiction de Dieu.




Le sacrement de l’Ordre

Au sein de l´Église catholique, le service de la communauté est assuré plus particulièrement par les évêques, les prêtres et les diacres, que l’on appelle “ministres ordonnés”.

Leur mission dans l´Église leur est confiée, au nom de Jésus Christ, par le sacrement de l´ordre, généralement appelé « ordination ».

Le sacrement de l´ordre se caractérise par l´imposition des mains et la prière de consécration prévue. Le sacrement est conféré une fois pour toutes.

Le ministre ordonné manifeste à tous que c´est le Christ qui appelle, rassemble et envoie sur les chemins du monde.

Le sacrement de l’ordre comporte trois degrés :

  • l’épiscopat pour les prêtres appelés par le pape à devenir successeurs des apôtres auprès d’une Eglise particulière

  • le presbytérat pour les diacres appelés par leur évêque à devenir prêtre par l’ordination sacerdotale, collaborateurs des évêques ; ils sont envoyés au service d’une partie du peuple de Dieu (paroisse…)

  • le diaconat pour les hommes appelés par leur évêque à servir l’Eglise diocésaine à l’image du Christ Serviteur

LE DIACONAT PERMANENT

Les diacres

Par leur ordination, les diacres signifient et rappellent à tout le peuple de Dieu, que l’Église ne doit cesser de manifester la charité du Christ pour tout homme. En particulier les plus pauvres, ceux qui sont à la marge.

Ils sont au sein de l’Église, et pour le monde, le signe du Christ serviteur « lui qui s’est anéanti en prenant la condition de serviteur et devenant semblable aux hommes » (Ph 2,7). Le geste du lavement des pieds (Jn 13) est le signe par excellence du Dieu qui vient à la rencontre de l’homme par un chemin bouleversant, celui du service.

Les diacres permanents

Dès les premiers temps de l’Église, les Apôtres choisissent « sept hommes remplis de l’Esprit-Saint » pour le partage des tâches et pour une plus grande attention aux besoins de la communauté (Actes des Apôtres, 6). Ils étaient les précurseurs[…]

L’ORDINATION DES PRÊTRES

Les prêtres sont ordonnés par l´évêque de leur diocèse.

Ils sont co-responsables de l´Église locale : le prêtre est défini comme coopérateur, collaborateur de l´évêque. Il est “envoyé” (un don fait) à une communauté, il n´en est pas le délégué.

Ses missions peuvent s´exercer dans des cadres très divers. Mais, quelle que soit la charge que le prêtre a reçu (une ou plusieurs paroisses, une aumônerie; …), sa présence consiste toujours à éveiller chacun au Christ, à sa parole libératrice.

L’ordination des prêtres

Le 29 juin, l’Église fête saint Pierre et saint Paul. Différents et complémentaires, l’un et l’autre nous rappellent que l’Église est fondée sur les apôtres. C’est aux alentours de cette date que la majorité des ordinations de nouveaux[…]

 

L’ORDINATION ÉPISCOPALE

Les évêques

Le mot “évêque” vient du grec episcopos, qui désigne la mission de veiller sur la communauté, de la protéger, pour que celle-ci se comporte le plus justement possible en véritable peuple de Dieu.

Les évêques reçoivent, comme les Apôtres, la plénitude du sacrement de l’Ordre. Ils sont garants de l´annonce de la foi et de l’Évangile dans leur diocèse. Ils sont responsables quant à l’administration des sacrements, avec toutes les questions pastorales que cela soulève aujourd’hui. Enfin, les évêques exercent une responsabilité de gouvernement – appelée aussi “charge pastorale”, au nom du Christ, envers “la portion du peuple de Dieu –diocèse– qui lui est confiée”.




Un mot, une piste de réflexion : CONFIANCE (Joëlle et Roger GAUD)

CONFIANCE

 

–         « A quoi, à qui faisons-nous confiance dans la vie ? Au monde, à la banque, à la bourse, aux assurances, à mon argent que j’ai soigneusement placé?

–         Sûrement pas.

–         À mes amis ?… Mais nous savons que même nos amis peuvent nous décevoir un jour…

–         On peut aussi parfois entendre: « J’ai finalement placé ma confiance en moi-même, car en ce monde, on ne peut se fier à personne… »

–         Et puis voilà que tu te retrouves dans la vallée de l’ombre et de la mort…

–         Et tu te souviens avoir entendu un jour « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire…  Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, le bonheur et ta grâce me poursuivent tout au long de ma vie… En toi j’ai mis ma confiance, tu ne me déçois pas…. »

–         Oui. Et alors je crie « Aide-moi Seigneur!  » Cette confiance en Dieu vient souvent à la suite d’un tel appel au secours, lorsque, après avoir mis toute sa confiance en quelqu’un, on a été trahi, ou alors, lorsque, après n’avoir plus fait confiance qu’à soi-même, on se retrouve quand même au fond du gouffre.

–         Oui, quand je crie vers Dieu, ne serait-ce que « Aide-moi Seigneur!  » et que je mets toute ma confiance que le Seigneur écoute ma prière, je découvre alors l’amour infaillible de Dieu qui nous sauve, qui nous aime toujours, toujours, qui peut et qui veut nous aider. Confiance dans le Seigneur surtout dans les moments d’obscurité, même si parfois nous ne comprenons pas ce qui se passe.

–         Ça peut être simplement pour que l’histoire du peuple de Dieu se réalise. Je pense à Joseph, qui découvre que Marie, la femme qui lui est promise, est enceinte. C’est un moment difficile pour Joseph. Il ne comprend pas, mais il sait que Marie « est incapable d’infidélité». Il a confiance en Marie.

–         Oui, et là, l’intervention de l’ange qui se manifeste à lui dans un rêve n’est pas là que pour le rassurer, mais elle lui fait découvrir aussi le plan de Dieu, dans lequel il a un grand rôle à jouer, puisque l’ange lui dit: « Marie, ton épouse, est enceinte par l’intervention de l’Esprit Saint, elle mettra au monde un fils et  TOI, TU lui donneras le nom de Jésus. »

–         Dieu a toujours voulu nous sauver. Il veut nous sauver, même dans les moments les plus durs, même dans la maladie.

–         Et même quand nous nous rendrons compte qu’il n’y a  pas d’autre issue que celle de passer de cette vie terrestre à la Vie avec un grand V. Puissions-nous dire alors , comme le dit le Pape François –  » Seigneur, l’histoire n’a pas commencé avec moi et ne finira pas avec moi. Va de l’avant, je suis prêt ». Le Pape dit : » Souvenons-nous de nous mettre dans les mains du Seigneur. »

–         Et la confiance dans le Seigneur  nous donne une paix que nous ne pourrions jamais avoir autrement.

–         Alors, à nous de prendre la bonne habitude qui consiste à « marcher dans la présence de Dieu ».  C’est ce que demande Dieu à Abraham au chapitre 17 de la Genèse. Dieu veut nous sauver et Il nous apporte son aide, Il nous aide à faire ce que nous devons faire. Dans tous les domaines de notre vie. Même les domaines les plus concrets, les plus terre-à-terre. Par exemple, si nous savons que nous mangeons au-delà de ce qui est raisonnable, avant de nous mettre à table, prions Dieu en Lui disant  » Seigneur, Tu sais comment je suis, j’ai besoin de Ton aide. Donne-moi la force de manger raisonnablement…  » Avoir confiance en Dieu, c’est Le placer au coeur du concret de notre vie.

–         Même pour faire un achat quelconque, une voiture, un vêtement?

–         Bien sûr.

–         Mais faire confiance à Dieu quels que soient les événements de notre vie, est-ce que ça veut dire « accepter le malheur quand il arrive »?

–         Non, je ne pense pas. Quand un malheur arrive, la première réaction doit être de nous tourner vers Dieu et, dans la CONFIANCE, de présenter cet événement à Dieu, prêts à lutter avec la force que Dieu nous donne, à travers les sacrements, la prière et la Parole de Dieu. Et seul le Saint Esprit peut ensuite nous faire comprendre quelles décisions  prendre ou si nous devons être soumis à cet événement.

–         Faire confiance à Dieu, on pourrait dire que c’est être toujours prêt à dire oui à Dieu et prendre garde à mon ressenti. Car j’ai confiance qu’Il veut le meilleur pour moi, Il veut me sauver.

–         Oui, je crois que c’est ça.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 28/8/2021 et Dimanche 29/8/2021

22e dimanche ordinaire – Année B – Deutéronome 4,1–8 ; Jacques 1,17–27 ; Marc 7.1–23

 

Les textes du jour nous parlent de la pratique des commandements de Dieu. Le 1er texte nous apprend que les lois qui viennent du Dieu-Amour nous sont données pour que nous vivions. Ne pas les appliquer – surtout le commandement de l’amour – nous conduira à la mort, c’est-à-dire à la mort éternelle (= enfer) parce que dans ce lieu, il n’y a pas d’amour.  Dieu donne son amour à son peuple et le peuple doit n’aimer que Lui. «  » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Dt 6,5).  « Je vous ai enseigné des lois et des coutumes, pour que vous les mettiez en pratique » (Dt 4,5). « Gardez-les et mettez-les en pratique » (Dt 4,6).  Pratiquer les commandements de Dieu est une manière au peuple de dire à Dieu qu’il l’aime. Mais à l’époque où ce texte a été écrit, le peuple juif avait une très longue pratique de l’idolâtrie : on adorait toutes sortes de dieux ou ce qui pour eux constituait des dieux : les astres, les montagnes, les lacs, les arbres, les animaux, et de nombreux objets fabriqués localement. Après la révélation, les Israélites avaient du mal à n’adorer que Lui. Ils étaient souvent infidèles et retournaient à l’idolâtrie comme à Baal-Péor.  Baal-Péor était à la fois le nom d’un lieu et le nom d’une idole locale. Et le peuple de Dieu s’est prosterné devant Baal-Péor, ce qui constitue une infidélité vis-à-vis du Dieu unique.  « Ce peuple m’honore des lèvres; mais leur cœur est loin de moi ». Et « la colère de Dieu s’enflamma contre le peuple» (Nb 25,3). Il nous faut donc comprendre qu’il est impossible d’être dans deux religions à la fois puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui qui s’est révélé à Abraham, Moïse, David et qui s’est incarné en la personne de Jésus. Un chrétien n’a qu’une seule religion : il ne suit que le Christ et personne d’autre.  Le Christ est celui qui est venu accomplir la Loi. Mt 5,17: 17 « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».  « Accomplir la loi » évoque l’idée de plénitude (de totalité), d’achèvement, de perfection et il faut la mener à bonne fin. Et Saint Paul ajoute (Rm 13,8) : « celui qui aime son prochain a pleinement accompli la Loi ». Pour que nous puissions nous aussi accomplir pleinement la loi divine, il nous faut aimer toutes les personnes que nous rencontrons. C’est-à-dire les aimer tels qu’elles sont, avec leurs faiblesses et défauts, sans aucune arrière-pensée, sans jugement intérieur que l’on pourrait faire parfois dans son cœur sans le dire à voix haute. Is 5,21 : « Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et s’estiment intelligents ». Jc 1,19 : « …que chacun soit prompt à écouter la Parole de Dieu, lent à parler et lent à la colère ». « Contre la charité, il y a les péchés…tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas…parfois secrètement, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons…La rancune entretenue mène au pire » (Sœur Emmanuel Maillard – L’étonnant secret des âmes du Purgatoire » – Entretien avec Maria Simma – P.20-21). Jc 1,21 (2ème lecture) : « Rejetez donc toute malpropreté, tout reste de malice ». Les Pères de l’Eglise, tels que Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome, n’ont pas cessé de dénoncer le manque d’amour entre chrétiens. Grégoire de Nazianze se plaint amèrement des manques d’amour et des disputes dans l’Eglise. Pour Jean Chrysostome, le manque d’amour entre chrétiens est tout simplement honteux… Il est nécessaire pour le chrétien d’observer méthodiquement et scrupuleusement son propre état de conscience et sa propre vie intérieure afin d’extirper, si nécessaire, et avec la grâce de Dieu, le mal qui s’y trouve : tendance à juger intérieurement les autres, rancune secrète et tenace contre telle ou telle personne, mauvaises paroles. Jc 1,26 (2ème lecture d’aujourd’hui) : « Si quelqu’un s’imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine ». Dans nos rapports avec les autres, surtout quand on a à faire à quelqu’un qui ne nous aime pas, il ne faut jamais répondre du « tac au tac », et être lent à la colère, et même ne pas être en colère du tout. Celui qui dit du mal de nous n’est pas animé de l’Esprit de Dieu, mais de l’Esprit du Mal.

Et il ne faut jamais discuter avec l’Esprit du mal, on ne discute pas avec Satan, on le combat par la Parole de Dieu comme le Christ l’a fait dans la tentation au désert ou par la prière. Il arrive souvent que les personnes qui sont constamment dans le péché ne peuvent pas voir qu’ils pêchent, car ils s’y sentent bien et ne veulent rien changer. Pour voir ses propres péchés, il nous faut être éclairés de la lumière de Dieu. « Le meilleur et l’unique moyen pour conserver sa fidélité à Dieu est que cette personne, qui se trouve presque toujours en contact avec des gens sans foi ni loi, qui a toujours le blasphème à la bouche et la haine de Dieu dans le cœur, s’approche chaque jour de la Table des Anges pour recevoir Jésus… ». Et ce conseil de Padre Pio demeure toujours valable (Saint Pio de Pietrelcina – « Transparent de Dieu » – P. 88). Il nous faut donc demander à Dieu la grâce de l’écoute de la Parole, la force et le courage pour la mettre en pratique…et cela se reçoit surtout à la table de l’Eucharistie.

L’Evangile d’aujourd’hui nous parle de ce qui est pur et impur. La société juive , au temps de Jésus, rangeait sous le nom de « pécheurs » des gens de toutes sortes. Certains ont une conduite immorale (adultères, prostituées, faussaires, etc…), d’autres exercent des métiers poussant à la malhonnêteté, comme ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots) ou ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions qui mettent en rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, etc…). Ainsi, par le jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouve exclu des relations humaines et religieuses. Pour les Juifs très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était prohibé. A plus forte raison, un repas partagé créait une souillure grave, punie d’expulsion. Et Jésus, ainsi que ses disciples, mange avec toutes sortes de personnes.

« 18 Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, 19 parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance  (ainsi il déclarait purs tous les aliments). 20 Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ». C’est lorsque nous disons ou lorsque nous avons de mauvaises pensées sur les autres, et que nous les mettons en pratique que nous nous souillons nous-mêmes. Sœur Faustine nous dit (§118) :  « Dieu ne se donne pas à une âme bavarde … : l’âme bavarde est vide à l’intérieur. Il n’y a en elle ni vertu fondamentale, ni intimité avec Dieu. Il n’est pas question pour elle, d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure le Seigneur. Celui qui n’a jamais goûté à la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet qui trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui étaient dans les gouffres de l’enfer pour n’avoir pas su garder le silence. Elles me l’ont dit elles-mêmes, lorsque je les questionnais pour savoir ce qui avait causé leur perte ». Elle ajoute : « Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous (c’est-à-dire « aimer Dieu et son prochain » ) et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu ». Et pour que notre intérieur change, il faut d’abord le vouloir, désirer ardemment changer son propre cœur. Et comme nous ne pouvons pas le faire seul, avec notre seule force, il faut demander à Dieu cette grâce d’avoir un cœur qui lui plaise. « S’il y a dans mon cœur les racines de tous les péchés possibles (Mc 7, 21), c’est donc sans cesse que je dois demander à Dieu de me préserver de l’orgueil et de me purifier, par son Esprit, de toutes mes tendances au mal. D’ailleurs, plus les saints se laissent envahir par l’Esprit du Seigneur, plus ils s’aperçoivent de leur condition de pauvres pécheurs » (L’Abbé Pierre Descouvemont – Guide des difficultés de la foi chrétienne – P.482).  Il nous faut donc prier tous les jours pour que le cœur de tous les chrétiens change en mieux. Et ne dites pas que nos prières ne servent à rien. C’est complètement faux. Je vous donne un seul témoignage – parmi tant d’autres – de l’efficacité de la prière, raconté par Maria Simma à Sœur Emmanuel Maillard (L’étonnant secret des âmes du Purgatoire – Maria Simma – Sœur Emmanuel Maillard – P.33-34) : Hermann Cohen, un artiste juif converti au catholicisme et qui a beaucoup vénéré l’Eucharistie. En 1864, il quitte le monde pour rentrer dans un ordre religieux très austère et adorait très fréquemment le saint Sacrement pour lequel il avait une grande vénération. Pendant ses adorations, il suppliait le Seigneur de convertir sa mère qu’il aimait beaucoup. Mais sa mère mourut sans s’être convertie. Hermann en devint fou de douleur. Il se prosterna devant le Seigneur et, donnant libre court à ses plaintes, pria ainsi: Seigneur, je vous dois tout, il est vrai, mais que vous ai-je refusé? Ma jeunesse, mes espérances dans le monde, le bien-être, les joies de la famille, un repos peut-être légitime? J’ai tout sacrifié dès que vous m’avez appelé. Mon sang? Je l’eusse donné de même, et vous Seigneur, vous l’éternelle Bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de ma mère. …Mon Dieu, je succombe à ce martyr, le murmure va s’exhaler de mes lèvres ». Les sanglots étouffaient ce pauvre coeur. Tout à coup, une voix mystérieuse frappe son oreille et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée, sache que la prière a tout pouvoir auprès de moi. J’ai recueilli toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère et ma Providence lui en a tenu compte à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle, elle m’a vu et s’est écriée: « Mon Seigneur et mon Dieu ». Relève donc ton courage, ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du Purgatoire ». Toutes nos prières sont prises en compte par Dieu. Jn 14,13 : “…tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils”. Prions le Seigneur, avec Marie, pour que les êtres humains soient réceptifs à l’amour dont Dieu nous comble en permanence.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

L’intérieur et l’extérieur

Mc 7, 1-8 ; 14-15 ; 21-23

 

Vous avez sans doute remarqué, mes frères, l’unité de thème entre les trois lectures de la messe d’aujourd’hui. Toutes les trois, nous parlent de la Parole de Dieu qui s’exprime par la Loi c’est-à-dire ce qu’il nous demande de faire.

La 1ère lecture, celle de Moïse, nous rappelle : 

« Ecoute les commandements. Ecoute Dieu » ; « Gardez les ordres du Seigneur » ; « Cette parole sera votre sagesse, votre intelligence ».

La 2e lecture, celle de Jacques, nous dit à son tour :

« Il ne s’agit pas seulement d’écouter Dieu et sa Parole : il faut que vous la mettiez « en pratique » sinon vous êtes dans l’illusion. Vous vous contentez de bonnes paroles mais vous ne faites rien… ! »

Enfin, dans l’Evangile, le Christ va encore beaucoup plus loin. Il nous dit, lui, et c’est encore beaucoup plus profond : ce n’est pas seulement par l’oreille que doit passer la Parole de Dieu, mais il faut l’écouter. Ce n’est pas seulement par la main que doit passer la parole de Dieu. L’oreille, la main, c’est très bien mais ce serait insuffisant si la Parole de Dieu ne passait pas d’abord par notre cœur. Il faut passer de l’extérieur à l’intérieur ; de l’oreille qui écoute ce que dit Dieu, à la main qui agit selon le désir de Dieu, en passant par le cœur. « C’est ce qui sort du cœur qui rend l’homme bon ou mauvais, pur ou impur ».

 

C’est d’abord du dedans, du cœur de l’homme que naît le bien ou le mal : autrement dit, ce que nous écoutons ou ce que nous faisons n’a d’importance que si, avec notre cœur, au dedans de nous-mêmes, nous désirons être d’accord avec ce que Dieu nous demande, nous voulons vraiment « mettre en pratique » ce qui est le désir de Dieu.

 L’oreille, la main, le cœur : voilà par où doit passer nécessairement la Parole de Dieu dans notre vie. L’oreille pour écouter ce que Dieu nous demande, la main pour mettre en pratique cette parole qui nous demande d’agir, mais comme l’homme n’est pas une marionnette, il doit faire passer tout cela dans son cœur, au-dedans de lui-même, sinon la Parole de Dieu risque d’être une Parole vide de sens ou un acte dénué de toute portée.

L’oreille, la main, le cœur…

 

Voyons d’abord l’oreille. Pour devenir un vrai fils de Dieu, il faut d’abord écouter : pas simplement « entendre » mais « écouter » c’est-à-dire « se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu ». Que pourrait faire un serviteur qui serait sourd et qui ne pourrait entendre les paroles ou les ordres de son maître ? Il serait inutile, on le congédierait. Souvent, très souvent, Dieu nous parle et nous ne l’écoutons pas : il y a tellement de paroles autour de nous – celle de la radio, de la télévision, des tablettes, des haut-parleurs, des mobiles et ordinateurs, des bavardages de nos voisins – nous sommes saturés de paroles. Or Dieu, lui, ne parle pas fort. Il est discret, sa voix se laisse souvent couvrir par tout le bruit des hommes. Si nous ne prêtons pas attention, si nous ne tendons pas l’oreille, non seulement nous n’écouterons pas Dieu, mais nous ne l’entendrons même pas !

Tenez, même dans une famille où l’on s’aime bien, l’un dit à l’autre : « Ecoute, mais écoute donc » ; « Je te l’ai déjà dit, mais tu n’as pas écouté » et une institutrice à ses élèves : « Est-ce-que vous allez écouter ? » ; « Si vous n’avez pas compris, c’est parce que vous n’écoutiez pas ! »

Est-ce-que nous écoutons Dieu ? Est-ce-que nous nous mettons à l’écoute de sa Parole ?

Pendant la guerre, pour écouter la radio anglaise sous l’occupation allemande, le soir, on fermait les volets, on ouvrait son poste de TSF. On mettait l’aiguille sur un endroit bien précis et malgré le brouillage fait par les Allemands pour empêcher d’écouter, on tendait l’oreille pour essayer de savoir, d’apprendre les bonnes nouvelles, celles qui nous remontaient le moral, qui nourrissaient notre espérance : comme on écoutait bien ! Comme l’oreille était importante !

Ah ! Si nous écoutions la Parole de Dieu de la même façon ! Essayant de surmonter tous les bruits du monde, tous les brouillages intérieurs et extérieurs pour écouter le message de Dieu qui nous est adressé !

Après l’oreille, il y a la main. Ce n’est pas tout d’écouter le message, il faut ensuite l’accomplir. Dieu, en parlant, nous donne des ordres, des conseils, des suggestions.

A quoi ça sert d’avoir écouté si nous ne faisons rien, si nous restons inertes et si nous n’en faisons qu’à notre tête ? Si nous en restons à nos idées à nous ? Que penseriez-vous d’un soldat qui reçoit un message à transmettre et qui, le mettant dans sa poche, va jouer à la pétanque avec ses amis ? D’une personne que l’on charge d’une nouvelle importante à diffuser et qui rentre chez elle pour faire ses mots croisés ?

Après avoir entendu, écouté Dieu, il faut agir, agir en chrétien, accomplir la mission que nous donne le Seigneur.

Ecouter, c’est bien, mais agir après avoir écouté, c’est bien mieux ! On voit autour de nous, des gens qui ont des bonnes paroles plein la bouche, mais leur conduite, c’est toute autre chose ! « Ils disent, mais ils ne font pas ».

Et le Christ nous avertit : « Ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur, Seigneur », qui entreront dans la Royaume des cieux, mais ceux qui ayant écouté la Parole, la mettent en pratique ».

Peut-être, parfois, avez-vous entendu cette réflexion : « Oh ! Les chrétiens, ils ne sont pas meilleurs que les autres », peut-être que certains n’ont pas encore écouté la Parole de Dieu, peut-être que d’autres après avoir écouté cette parole, n’en ont fait qu’à leur tête. Ils ont des oreilles, mais ils n’ont pas de mains, ou s’ils en ont, elles semblent paralysées.

 C’est beau de dire comme les serviteurs de Dieu : « Parle, ton serviteur écoute », mais que penseriez-vous de ce serviteur qui, après avoir écouté, ne fait rien ? Il faut avoir des oreilles, mais il faut aussi avoir des mains, c’est-à-dire : faire la volonté de Dieu, la mettre en pratique, la mettre en œuvre. Le chrétien est un ouvrier de la moisson de Dieu, il ne reste pas sur la lisière du champ, il se met au travail.

L’oreille, la main, le cœur : l’oreille écoute, la main exécute mais, nous rappelle le Christ dans l’Evangile, quelle serait la valeur de cette écoute, la valeur de ce travail si le cœur n’y était pas ? Tout ce que nous faisons pour Dieu, pour les autres, c’est par et avec amour que nous devons le faire.

Quelle est la valeur d’un travail fait à contre cœur, sans intérêt, vide d’affection : travail d’esclave que celui-là ! Quelle que soit notre tâche, il faut la faire avec intérêt, avec goût même si parfois, humainement  du moins, elle nous semble guère attractive ou passionnante.

« Il vaut mieux, disait Guy de Larigaudie, éplucher des pommes de terre avec amour que de bâtir une cathédrale sans enthousiasme ». Dans le Petit Prince, c’est la Rose qui déclare : « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur ».

Mettons-nous vraiment notre cœur, notre amour dans tout ce que nous faisons ? Alors cela change tout ! Dieu ne pourra plus nous dire comme à Israël : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ». « Ce qui sort du cœur : voilà ce qui importe », qu’importe alors les paroles, qu’importe alors les actes eux-mêmes ! Quel est d’abord l’état de mon cœur ? C’est du dedans, du cœur de l’homme que peut sortir le bien, mais aussi le mal : l’amour, mais aussi la haine ; le respect, mais aussi le mépris ; l’humilité, mais aussi l’orgueil, si bien que nous ne voulons pas ressembler aux hypocrites que Jésus dénonce dans l’Evangile, ces pharisiens qui s’en tenaient à l’extérieur, aux gestes traditionnels, mais vides de sens et vides d’amour.

 Il va falloir mettre en accord mes oreilles, mes mains et mon cœur :

    – mes oreilles pour écouter ce que Dieu me demande

    – mes mains pour exécuter ce que Dieu m’a demandé

    – mon cœur surtout, pour vivifier mes gestes et leur donner une pleine signification.

Demandons au Seigneur, pendant cette messe, cette unité de notre personne qui, à la fois, écoute, fait et aime. Parce que nous aurons écouté, nous ferons la volonté de Dieu, et parce que nous aimerons, nous la ferons avec cœur, avec amour. AMEN




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 7,1-8.14-15.21-23)

Vérité, humilité, miséricorde…

(Mc 7,1-8.14-15.21-23)

 

    En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus,
et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
– Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.
Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : ‘Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.
C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.’
Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien.
Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

     

           A l’époque de Jésus, les Pharisiens étaient très attachés à toutes sortes de pratiques qu’ils avaient reçues des générations précédentes. Ils étaient « fidèles à la tradition des anciens », persuadés d’être sur le seul et unique bon chemin, le leur, et ils critiquaient tous ceux qui n’agissaient pas comme eux : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens », demandent-ils ici à Jésus ? Pourquoi n’agissent-ils donc pas comme nous ? Parler ainsi, c’est dire : « Nous, nous avons raison. Nous, nous agissons bien. Nous, nous sommes sur le bon chemin parce que nous mettons en œuvre telle ou telle pratique. » Mais ce n’est pas cela que Dieu cherche en l’homme… Lui, il veut vivre avec chacun d’entre nous une relation vraie, en cœur à cœur. Et puisque nous sommes tous pécheurs (Rm 3,9-31 ; 5,12), cela ne peut se faire que dans la vérité de notre misère reconnue et offerte, mais aussi et surtout dans la Vérité de son Amour surabondant, inépuisable, toujours offert… Et cet Amour ne poursuit qu’un seul but, le bien de tout homme… « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien, et cela de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,37-41). Et Dieu est infini ! Puisqu’il n’Est qu’Amour, Dieu ne cesse ainsi de nous suivre pour nous combler de ses bienfaits : « Tu couronnes une année de bienfaits ; sur ton passage, ruisselle l’abondance » (Ps 65,64),12). Or, « bien », « bienfaits », « bon », « bonheur », ne sont qu’un seul et même mot dans la langue de Jésus : pour Dieu, « nous faire du bien », c’est nous combler de « ses bienfaits », gratuitement, par amour, et cela ne peut qu’être synonyme pour nous que de « bonheur profond »…

            Dieu veut donc avant tout nos cœurs… Nos pratiques ne sont donc importantes que dans la mesure où elles expriment le cœur… En elles-mêmes, pour elles-mêmes, elles ne sont rien, sinon une occasion pour l’orgueilleux de se glorifier, et cela se fait toujours au détriment de ceux qui n’agissent pas comme lui : « Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères » (Lc 18,9-14)… Pour preuve, « je jeûne deux fois la semaine », je fais ceci ou cela, je m’habille comme ci ou comme ca… « Hypocrites », leur dit ici Jésus, « ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi ». Et il se désole, car ils ne peuvent qu’être malheureux, alors que Dieu nous appelle tous à partager sa joie (Jn 15,11) ! DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – 22ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mc 7, 1-8. 14-15. 21-23)

Après la série de textes d’évangile selon saint Jean,  retrouvons l’évangile selon saint Marc.

Remarque importante

Nous gardons la méthode que nous avons suivie depuis quelques rencontres : la contemplation de Jésus. Nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser, catéchiser les lecteurs.

 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons Jésus et  écoutons-le.

Où se trouve Jésus ? Avec qui est-il ?

Les pharisiens : Qui sont-ils ?

Quels reproches font-ils à Jésus ?

Quelle réponse leur fait Jésus ?

Jésus s’adresse à la foule : 

Qu’est-ce qu’il lui dit d’important ?

Jésus s’adresse à ses disciples :

Quelle est l’importance son enseignement ?

Où est la racine du mal pour Jésus ? 

 

Pour l’animateur 

Jésus est entouré de pharisiens et de scribes : Les pharisiens forment un groupe de juifs qui ont un idéal de pureté dans la pratique de la Loi, et de ce fait ils se mettent à part. Mais ils attachent tellement de rigueur aux pratiques extérieures et aux traditions qui se sont accumulées au point d’oublier que la vraie religion est celle du cœur. Et ils se considèrent comme des «purs» tout en critiquant ceux qui ne font pas comme eux. Ils critiquent les disciples de Jésus.

Jésus a  condamné, non pas le pharisianisme, qui est ce mouvement de recherche d’une pratique parfaite de la Loi, mais le « pharisaïsme »,  c’est à dire la « religion du paraître », qui se soucient avec exagération des signes extérieurs de la religion et oublient que l’essentiel est au « dedans ».

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Jésus enseigne qu’au plan religieux, dans la relation avec Dieu et avec le prochain, la souillure ne vient pas de l’extérieur, mais du cœur de l’homme. L’essentiel n’est pas de se laver les mains, mais le cœur. Jésus nous alerte contre le danger de l’hypocrisie.

C’est pourquoi, il a tout entrepris pour guérir le cœur et l’esprit de l’homme, le « dedans » de l’homme.

Les scribes, savants de la Loi et des Écritures, sont souvent des pharisiens. Jésus a compté des amis parmi les pharisiens : Gamaliel, Nicodème. Plus tard, Paul dira non sans fierté qu’il était pharisien, fils de pharisien, disciple de Gamaliel.

A la foule, Jésus enseigne que l’impur n’est pas un danger extérieur, mais un danger intérieur à l’homme quand il se détourne de Dieu pour suivre les inspirations de son cœur mauvais.

Aux disciples, Jésus expliquent ces pensées mauvaises qui, du dedans de l’homme, rendent l’homme impur et l’empêchent de «voir» Dieu. A l’opposé, Jésus dit « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, tu ne regardes pas l’apparence, comme font les hommes. Tu sondes les reins et les cœurs. Fais-nous la grâce de ne pas régler notre vie d’après le regard que les autres portent sur notre extérieur, mais sur ton regard qui voit le fond des cœurs.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

– Être chrétien pratiquant, qu’est-ce que c’est ? C’est vivre selon les préceptes de sa religion. Par exemple, se rassembler le dimanche nous est demandé par l’Église.

– Mais pratiquer sa religion, est-ce seulement une affaire de « pratiques religieuses » ? L’Evangile du Christ nous rappelle qu’il faut aller plus loin que les règles : le commandement de l’amour dépasse la loi. Pratiquer notre foi, c’est aussi pratiquer l’amour et le service du prochain.

– La fidélité a des règles, sans amour, est-ce  une vraie fidélité ? La loi sans le cœur, est-cela la vraie religion ? N’est-ce pas cela qui engendre les « purs et durs » qui n’ont plus aucune miséricorde et qui jugent et condamnent ?

– Le danger, n’est-ce pas de chercher une pureté religieuse (des pratiques), mais qui n’engage pas une conversion profonde de notre manière de vivre ?

–  Est-ce que nous ne méritons pas souvent le reproche de Jésus : « ce peuple m’honores des lèvres, mais son cœur est loin de moi » ?

N’avons-nous pas à faire le ménage en nous-mêmes pour ne pas être complices  de toutes les immoralités de notre monde ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Dieu d’amour, tu as donné aux fils d’Israël les lois qui leur ont permis de mieux vivre pour toi et de mieux aimer leurs frères. Ton Fils Jésus est venu nous révéler que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain. Donne-nous de savoir toujours nous tenir en vérité sous ton regard. Amen

 

Chant : Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 22ième Dimanche Temps Ordinaire B

 

 

 

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (22 août 2021 – Jn 6,60-69 ; DJF)

Dans la première lecture du Livre de Josué, ce dernier pose la question au Peuple d’Israël : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vous pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays »…

La question est donc posée : « Servir Dieu ou servir les idoles »… Or « servir une idole », quelle qu’elle soit, c’est « se rechercher soi-même », c’est « se replier sur soi-même », c’est vouloir et vouloir encore la satisfaction immédiate qu’elle procure, d’une manière ou d’une autre… Or, comme ce bonheur passager qu’elle apporte ne dure pas, mais s’estompe aussi vite qu’il est venu, laissant derrière lui un grand vide plus douloureux encore, il s’agira, pour le retrouver, de servir et de servir encore cette idole, pour que cette satisfaction passagère se renouvelle et se renouvelle encore… C’est donc en fait devenir l’esclave de l’idole que l’on sert…

C’est ce que déclare le Seigneur dans ces « Dix Paroles » qu’il donne à Moïse au sommet du Mont Sinaï, en disant : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas » (Ex 20,5)… En effet, littéralement, en hébreu, la langue de l’Ancien Testament, pour une minime variation de la voyelle, nous n’avons pas ici une conjugaison normale, mais, grammaticalement, « le causatif passif » du verbe « servir », ce qui peut se traduire par : « Tu ne te laisseras pas faire serviteurs d’eux » c’est-à-dire, « Tu ne te laisseras pas asservir par eux. » Cette nuance est importante car « servir une idole » est équivalent à « se laisser rendre esclave par elle ». Nous retrouvons ainsi dans la Parole de Dieu les simples constatations que nous pouvons tous faire à partir de l’expérience de nos vies quotidiennes…

De plus, une idole à travers laquelle l’homme se recherche lui-même, n’a pas d’existence réelle… « Une nation change-t-elle de dieux ? Or, ce ne sont pas même des dieux », dit le Seigneur dans le prophète Jérémie (Jr 2,11). Et le Psalmiste écrit : « Leurs idoles, or et argent, ouvrage de mains humaines ! Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des narines et ne sentent pas. Leurs mains ne peuvent toucher, leurs pieds ne peuvent marcher, pas un son ne sort de leur gosier ! » (Ps 115(113B),4-7).

Et il poursuit en déclarant : « Qu’ils deviennent comme elles, tous ceux qui les font, ceux qui mettent leur foi en elles. » Autrement dit, puisqu’une idole n’est rien, celles et ceux qui les adorent deviennent à leur tour des « rien »… Et c’est exactement ce que Dieu déclare dans le Prophète Jérémie : « Ainsi parle le Seigneur : En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste pour s’être éloignés de moi, pour marcher derrière la Vanité et devenir eux-mêmes vanité ? » (Jr 2,5). Or, le mot hébreu traduit ici par « vanité, hévél », signifie « souffle, ce qui n’est rien, sans consistance ; ce qui est vain, vanité »… Puisqu’une idole n’est rien, celles et ceux qui se tournent vers elle ne peuvent en fait recevoir d’elle quoique ce soit, sinon du vide, du « rien », et voilà ce dont leur cœur est « rempli »… Là aussi, cette constatation rejoint notre expérience lorsque nous constatons à quel point, en empruntant tel ou tel chemin, notre vie peut être vide, sans consistance, ne laissant au cœur que trouble, dégoût, désespoir, amertume… « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9)…

Or, c’est précisément ce que Dieu ne veut pas… « Une nation change-t-elle de dieux ? Or ce ne sont pas même des dieux ! Et mon peuple a échangé sa Gloire contre l’Impuissance ! Cieux, soyez-en étonnés, horrifiés, saisis d’une grande épouvante, oracle du Seigneur. Car mon peuple a commis deux crimes : Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau. Israël est-il un esclave ? Est-il un domestique pour qu’on en fasse un butin ? (…) N’as-tu pas provoqué cela pour avoir abandonné le Seigneur ton Dieu, alors qu’il te guidait sur ta route ? Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur ton Dieu… Ah ! comme tu t’es tracé un bon chemin pour quêter l’amour ! » (Jr 2,12-19.33).

En se détournant des idoles qui ne sont rien, et qui ne peuvent qu’apporter en retour du « rien », du « vide », du « néant », de « l’amertume », du « désespoir », et en se tournant vers Dieu, Israël ne pourra que se tourner vers l’Amour qui est éternellement recherche du seul bien de l’autre, de son bonheur, de sa Plénitude… C’est ce que déclare St Paul dans la seconde lecture : « le Christ a aimé l’Église », et à travers elle l’humanité tout entière : « il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier », elle, la pècheresse, « en la purifiant », elle, la souillée, « par le bain d’eau qu’une parole accompagne », c’est-à-dire le baptême et avec lui le Don de l’Esprit Saint. « Car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5,25-27). Or, « le fruit de l’Esprit est joie, paix » (Ga 5,22), c’est-à-dire bonheur profond et durable, plénitude… Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes…

Et il est « avec nous », « tout proche » (Mc 1,15), et cela « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20) pour nous aider à faire les bons choix, à nous détourner des idoles pour nous tourner vers lui… Et il sait à quel point, pour nous, pécheurs, l’attrait de ces idoles peut être fort, irrésistible même, si nous sommes laissés à nos pauvres forces qui ne se révèlent finalement qu’être faiblesses… Le Don gratuit de l’Esprit Saint, reçu au baptême, renouvelé à chaque eucharistie, nous est justement proposé pour que, avec Lui et grâce à Lui, nous puissions, jour après jour, encore et encore, faire le bon choix, celui non pas de l’égoïsme mais de l’Amour, non pas du repli sur soi mais de l’ouverture aux autres, non pas du « tout pour soi » mais aussi du don pour les autres… Renoncer à nos égoïsmes, aux idoles de ce monde, aux plaisirs éphémères qu’elles peuvent apporter, d’une manière ou d’une autre, telle est la seule vraie Croix : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Lc 9,23-25).

Et avec cette démarche de renoncement à l’égoïsme, à la seule recherche de soi, à l’orgueil, nous ne pouvons que passer de l’esclavage à la liberté (Jn 8,31-32; Ga 5,1), du mal-être à la perception, bien réelle car elle est « vie » et « paix », d’une Plénitude qui n’est pas de ce monde : « Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous : vous êtes sous la grâce » (Rm 6,12-15), sous « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), sous « l’Esprit Saint », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), le Don gratuit de ce Dieu qui est Amour, qui n’est qu’Amour et donc « Don de Lui-même » pour notre seul vrai bien… « Ils m’ont abandonné, moi la Source d’Eau Vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau »… Alors, « si quelqu’un a soif », nous dit Jésus, « qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39)…

                                                                                                 D. Jacques Fournier