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5ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 1-8) – par Francis COUSIN

« Demeurez en moi … comme je demeure en vous. »

 

Très souvent, on a l’impression que Dieu est un Dieu lointain, là-haut, … dans le ciel, … dans un univers inaccessible …

Et Jésus aussi, lui qui s’est fait homme, non pas loin dans l’espace … mais dans le temps : deux mille ans, ça fait beaucoup …

Mais ce n’est rien par rapport à l’origine de la vie !

Et Jésus nous dit qu’il demeure en chacun de ses apôtres … en chacun de ses disciples !

Bien sûr, si c’est Jésus qui le dit, en tant que catholique, on va le croire … mais quand même, on a quelque fois quelques doutes … souvent, (ou plutôt tout le temps), inspirés par le Malin, le Démon !

Mais cela, on ne s’en rend compte …

C’est aussi ce que pensait Saint Augustin dans sa recherche de Dieu : « Tard je t’ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée ! mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi et j’étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c’est au dehors que je te cherchais ; je me ruais dans ma laideur sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi … » (Les confessions, 10,27).

Et la dernière phrase de saint Augustin est une phrase que nous pouvons sans doute reprendre à notre compte, … tout au moins pour certains jours de notre vie …

Et pourtant nous savons que Jésus est toujours avec nous … il nous l’a dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Mais, dans le texte de l’évangile de ce jour, Jésus ne dit pas « Je suis avec vous », mais « Je demeure en vous. », ce qui est encore plus fort.

Jésus est vraiment présent en nous, tout le temps, depuis avant notre naissance : « C’est toi qui m’as tiré du ventre du ma mère … dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu » (Ps 21,10-11), jusqu’à notre rencontre avec lui à la fin des temps …

Jésus est fidèle, il est toujours en nous, avec tout ce qu’il est, avec son amour … avec son Père (puisque les deux sont Un), … avec le Saint Esprit …

 Et surtout il demeure en nous par sa Parole qui nous a été transmise par les évangélistes et les auteurs du nouveau testament …

Tout cela, nous l’avons appris par nos parents, les catéchistes, par les prêtres que nous avons rencontrés, par l’exemple de telle ou telle personnes, par nos lectures …

Pour nous qui sommes catholiques, cela semble normal …

Mais Jésus demeure aussi en ceux qui ne sont pas de notre religion … ou qui n’en ont pas … et même en ceux refusent toute religion ou qui les combattent …

Jésus est présent en eux !

On a vu tout à l’heure l’exemple de saint Augustin … on a aussi l’exemple de saint Paul, en arrivant à Damas : « Mais le Seigneur dit à Ananie : « Va ! car cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations, des rois et des fils d’Israël. » (Ac 9,15).

Jésus demeure en tout le monde, et il peut changer le cœur des gens même les plus hostiles à son enseignement.

Jésus demeure en tous … mais attention : il y a la première partie de la phrase : « Demeurez-en moi. ».

Et cette partie-là concerne chacun de nous : c’est nous qui devons demeurer en Jésus … et c’est important pour nous car : « De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. », et plus loin il ajoute : « car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. », du moins, rien de productif pour le Royaume des cieux : il se dessèche, et on le brûle.

Il y a un autre passage dans l’évangile de Jean qui utilise les mêmes mots : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6, 56).

Et cela pose une autre question, non pas scolaire, mais existentielle : Quand je communie à la messe, est-ce que je suis conscient que cela veut dire que ’’je demeure en Jésus, et lui demeure en moi’’ ? Qu’il m’apporte son amour … pas seulement pour un instant … mais pour toujours ?

Est-ce que je suis vraiment digne de le recevoir ?

Seigneur,

être chez toi comme chez moi.

Trouver en toi ma véritable demeure,

être enfin là où je me sentirai le mieux.

Tu as pour nom « Hospitalité », Ô Seigneur !

Tu m’offres d’habiter en toi

comme l’enfant se tient dans le ventre

ou dans les bras de sa mère.

Tu me dis qu’il n’y a pas d’autre domicile sûr pour moi

en dehors de ton Amour.

Habiter l’Amour !

Telle est ta proposition,

                                                               Telle est ton offre.                                           

                                                                                              Christian Delorme

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

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5ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 15, 1-8)

 « Je Suis la vigne, et vous les sarments » 

(Jn 15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

         « Nous avons contemplé sa gloire », dit St Jean de Jésus, « gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Or, « si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1,18). Toute la mission de Jésus consiste donc à nous inviter à recevoir ce dont il est rempli, ce qu’il tient de son Père de toute éternité en tant que « Fils unique », « engendré non pas créé »… « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)…

            Au moment de son baptême par Jean-Baptiste, « le ciel se déchira et l’Esprit descendit sur lui comme une colombe. Et une voix partit du ciel : « Tu es mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » » (Lc 3,21-22). Avec Jésus, cet « aujourd’hui » a valeur d’éternité. Il est en effet ce « Fils unique » que le Père engendre à sa vie « avant tous les siècles » en se donnant totalement à Lui par amour, en lui donnant tout ce qu’il a (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’il est, et il « Est Esprit » (Jn 4,24). Jésus est ainsi « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, et cela depuis toujours et pour toujours, un Don par lequel il est engendré en Fils. Et toute la mission de Jésus consiste à nous proposer de recevoir ce dont il est rempli : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22).

            « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26). Engendré par le Père qui lui donne la vie, sa vie, et cela de toute éternité, Jésus « vit par le Père » (Jn 6,57). Et toute sa mission consiste à nous aider à recevoir ce dont il est rempli : « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). Mais nous, nous sommes pécheurs, blessés, notre cœur est compliqué et malade (cf Jr 17,9 ; Mc 7,21), il n’est pas toujours tourné vers le Père, comme l’est celui du Fils (cf. Jn 1,18). Mais « ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,31-32). Et cet appel, il ne cesse de le lancer à tout homme, partant à sa recherche comme s’il était le seul à s’être perdu, et cela « jusqu’à ce qu’il le retrouve » (Lc 15,1-7), jusqu’à ce qu’enfin, il se laisse retrouver en acceptant d’être aimé (cf. Ap 3,20). Et comme « revenir » à Dieu est encore au-delà de ses forces, c’est à nouveau Lui qui va se proposer de le ramener à la Maison du Père en le mettant sur ses épaules. Et c’est une joie pour Lui (cf. So 3,16-18) !

            « Dieu, fais-nous revenir, fais luire ta face et nous serons sauvés » (Ps 80,4). Oui, « aux païens aussi », à tout homme, « Dieu a donné la repentance », de pouvoir se repentir, une « repentance qui conduit à la vie » (Ac 11,18). Oui, « c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5,19-20).

            Alors, grâce à Lui, le sarment peut de nouveau être rattaché à la vigne, et recevoir d’elle la sève de la paix et de la vie qui lui permettra de porter beaucoup de fruit… Et cela en s’abandonnant tout simplement à l’Amour, envers et contre tout, et en le laissant accomplir inlassablement, dans nos cœurs et dans nos vies, son œuvre de réconciliation et de Vie !

                                                                                                                                              DJF




5ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 1-8)- Homélie du Père Louis DATTIN

 

La vigne et les sarments

Jn 15, 1-8

La vigne, c’était en Israël, une image traditionnelle, le symbole du « peuple de Dieu« . Quand Dieu parle de sa vigne : tout Juif comprenait et traduisait « mon peuple« . Les prophètes Osée, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel adoptent tous l’image de la vigne « Domaine et lieu de travail de Dieu parmi les hommes ».

Sur le fronton du temple de Jérusalem reconstruit par Hérode, au temps de Jésus, l’entrée du sanctuaire était précisément surmontée d’une superbe vigne d’or, symbole du « Peuple de l’Alliance« . Aussi n’est-il pas étonnant que Jésus ait recours à ce thème biblique pour annoncer, aux foules le Royaume de Dieu :

  1. la parabole des ouvriers envoyés à la vigne à différentes heures du jour, jusqu’à la 11e heure ;

  2. la parabole des deux fils à qui il est demandé d’aller à la vigne : l’un dit « oui » et n’y va pas, l’autre dit « non » et il y va tout de même ;

  3. et surtout cette belle parabole des vignerons homicides où le Père, après avoir envoyé ses serviteurs, les prophètes mis à mort les uns après les autres, y dépêche son propre fils qui y subit le même sort. Après s’être présenté comme la « vraie lumière« , la « vraie nourriture« , dimanche dernier, le « vrai berger« , Jésus déclare aujourd’hui : « Je suis la vraie vigne », c’est-à-dire le fondateur du « nouveau peuple de Dieu« , le véritable Israël qui devient l’Eglise= « nouveau peuple de Dieu » en marche vers le Royaume par opposition à l’Ancien Israël qui n’a pas su répondre à l’attente divine.

Jésus, au passage, rappelle l’initiative du Père : « Mon Père est le vigneron ». C’est lui, le créateur de cette vigne. C’est lui qui l’a plantée. C’est le Fils qui en est le cep, le tronc. Nous, nous sommes les sarments c’est-à-dire cette tige nouvelle qui, chaque année, réapparaît à Pâques pour éclore ses feuilles et ses grappes. La description de l’activité du vigneron se fait en 2 étapes :

– il y a d’abord le travail d’hiver : à cette saison, on coupe tous les sarments qui ne peuvent pas porter de fruits afin qu’ils n’épuisent pas inutilement le cep ;

– puis, 2e opération, au printemps : quand la vigne a poussé, on ôte encore toutes les petites branches inutiles.

« Tout sarment qui donne du fruit, mon Père le nettoie pour qu’il en donne davantage ».

Nous sommes, nous, ces sarments, ces petites branches, unis au cep et cette greffe à la vie du Christ est le point central sur lequel le Christ insiste tout au long de cette parabole. Nous devons, comme il le dit, « demeurer en lui ». Ce mot revient neuf fois en ces quelques lignes. « Etre uni à lui », participer à sa vie, condition « sine qua non » de toute vie chrétienne, telle est la situation indispensable pour les disciples chrétiens sarments car « en dehors de moi, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire ».

« Demeurer en lui » : c’est être uni à lui par des liens d’amour et de vie et, par lui, le Fils, être introduit dans l’intimité du Père.

« Demeurez en moi, comme moi en vous ».

Le sarment tout seul, séparé ou coupé, ne peut pas donner du fruit par lui-même. Il ne peut plus vivre s’il n’est pas branché sur la vigne : « Je suis la vigne. Vous êtes les sarments ».

Branchés sur le Christ, vous pouvez vivre ; débranchés, c’est la mort à court terme. « Tout sarment qui n’est pas branché sur moi, mon Père l’enlève car il se dessèche ; une fois sec, on le coupe, on le jette, on le ramasse puis jeté au feu, il brûle ». Ainsi arrive-t-il à celui qui veut vivre par lui-même, coupé de Dieu, coupé des autres. L’égoïste, l’orgueilleux qui ne veut dépendre de personne, celui-là, se dessèche vite, il n’en a pas pour longtemps à vivre autonome : la vie n’arrive plus et ce n’est pas avec sa petite vie à lui qu’il pourra survivre, à plus forte raison : faire éclore fleurs et fruits.

Il aurait fallu pour cela qu’il soit relié à la source de la vie. S’il se coupe, c’est l’arrêt de mort, en arrêtant la vie. Que diriez-vous à la rivière qui veut se couper de la source ? A la couleur qui renonce à la lumière ? A la lampe qui renonce au courant ? A la voiture qui renonce au carburant ? Tous, ils perdent leur raison d’être et ne sont plus bon à rien, sans vie, inutilisables et nous en avons vu, autour de nous, de ces personnes, à la fois coupées de Dieu, et coupées des autres, qui, par repli sur soi, suffisance, égoïsme et orgueil, croyant se suffire par elles-mêmes, sont des morts vivants, des morts en sursis.

Pour eux, la vie terrestre, au lieu d’être un printemps en attente de fleurs et de fruits, ne sont qu’un automne mortifié qui annonce un hiver d’où toute vie va se retirer.

« Appelés à la vie » ou « condamnés à mort » ? Tout dépend de notre adhésion, de notre branchement sur Jésus qui a dit : “Je suis la vie”. “Je suis le cep”. “Je suis la lumière”. “Je suis la voie”. Se couper de la vraie vigne, s’écarter de Jésus, c’est se vouer à la mort. « Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent ».

Mais, par contre, si elle est réelle, si elle est authentique, cette adhésion au Christ se traduira par des comportements concrets : de foi, de prière, de charité, de dévouement, d’oubli de soi. Elle se vérifiera aux fruits produits : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits ». Mais, même celui-là, doit subir l’épreuve de la taille : un test de solidité et la garantie de sa fécondité. « Tout sarment qui donne du fruit, mon Père le nettoie pour qu’il en donne davantage ».

 Un chrétien fidèle n’est pas à l’abri de l’épreuve, à l’abri du sécateur. Il doit faire plus, il peut faire plus, ses fruits doivent être plus beaux encore et c’est l’ambition de Dieu pour nous : que notre épanouissement soit maximum, notre réussite totale et c’est une loi de la vie, tout comme une exigence spirituelle, “que l’on a rien sans mal”, qu’il faut souffrir pour être belle, travailler pour réussir, se donner de la peine pour arriver à un résultat.

Il en est même de notre vie chrétienne. On ne peut pas vivre en chrétien dans la facilité, dans l’euphorie continuelle ou dans l’optimisme béat. Au temps de la Résurrection, dans cette joie, nous nous souvenons par où est passé le Christ pour en arriver là : le chemin du disciple n’est pas différent de celui du maître.

 « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix et se mette en marche » et si nous rencontrons des épreuves (et qui n’en a jamais eu ?), si notre vie chrétienne rencontre des résistances, cette résistance même incite la foi à plus de pureté, donc à plus de vigueur.

Chrétiens, notre foi n’est pas facile à vivre ! Nous sommes en crise, mais cette épreuve est l’occasion pour chacun, et pour nous tous, d’un printemps, d’une Eglise qui portera du fruit parce qu’elle a su rester fidèle à Jésus, la vraie vigne. AMEN




Rencontre autour de l’Evangile (Jn 15, 1-8) – 5ème Dimanche de Pâques

 

 » Je suis la vraie vigne, et vous, les sarments.

Celui qui demeure en moi et en qui je demeure,

celui-là donne beaucoup de fruits « .

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 15, 1-8)

Dans l’évangile de Jean, il y a deux discours d’adieu de Jésus. Avec l’évangile de la Vigne commence le second discours. Jésus est avec ses disciples, au cours du dernier repas avant sa Passion et sa Mort.

Le sens des mots

Moi, je suis la vraie vigne : Dans l’Ancien Testament (Is 5,1-7 ; 27,2-5 ; Jr 5,10 ; 12,10-11) l’image de la vigne désigne Israël. Que veux dire alors Jésus en disant qu’il est « la vraie vigne ».

Mon Père est le vigneron : Par cette expression qu’est-ce que Jésus nous apprend de sa relation au Père ?

Demeurez en moi, comme moi en vous : Noter combien de fois ce mot ‘demeurer’ revient dans la bouche de Jésus. Qu’est-ce que cela nous dit d’important pour la relation qui existe entre Jésus et les chrétiens ? 

Vous (êtes)les sarments : C’est la même sève de vie qui circule entre le pied de vigne et les sarments : quelle est cette sève qui circule entre Jésus et nous  et qui fait que nous ne formons qu’un avec lui et nous tous ‘ un’ en lui ? 

Celui-là donne beaucoup de fruit: Quel est ce fruit abondant que produit celui qui demeure uni au Christ ? (On peut aller voir Galates 5,22) 

En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire : Quel est le sens de cette parole ? 

Les sarments jetés au feu et qui brûlent : Les sarments qui ne portent pas de fruits seront éliminés... A qui peut-on penser en cette dernière nuit qui précède sa Passion de Jésus?Quel est le sens de ces mots ?Est-ce qu’ils nous disent quelque chose du sort de ceux qui sont en rupture avec la communauté de l’Eglise ?

Vous serez pour moi des disciples : c’est quoi précisément être disciple de Jésus ?

 

Pour l’animateur 

Moi, je suis : Nous retrouvons ici cette expression qui laisse deviner l’identité de Jésus : il reprend le Nom de Dieu « Je suis » (Ex 3,14).

La vraie vigne : La Bible utilise souvent l’image de la vigne pour parler du peuple d’Israël. Mais cette vigne n’a jamais produit que des fruits de médiocre qualité. En se disant la « vraie vigne », Jésus prend le relais d’Israël et inaugure le peuple nouveau. L’appartenance à ce peuple n’est plus d’ordre ethnique, racial ou religieux, mais dépend de l’union étroite avec Jésus.

Jésus, le Fils du Père, est uni au Père dans l’obéissance : il se reçoit du Père et lui appartient.

Entre Jésus et ses disciples, une même sève, une même vie, circule : c’est la même vie qui unit Jésus à son Père, c’est  l’Esprit-Saint qui est dans les disciples depuis le baptême et qui les unit tous ensemble dans le Christ. La Vigne, c’est Jésus prolongé en ses disciples. C’est l’Église, mystère de communion. Le baptisé appartient à Jésus et par lui, au Père, comme le sarment appartient à la vigne. Demeurer dans le Christ, c’est vivre de sa présence, de son amour.

Qui se détache du cep se dessèche ; il est jeté au feu et il brûle : il ne faut pas voir dans cette expression une description de l’enfer et de ses châtiments. Cependant, cette perspective décrit la gravité de la situation de celui qui se coupe de Jésus. En cette nuit de la Passion, comment ne pas penser à Judas. Et dans la communauté chrétienne de Jean, il y a des « antichrists », (1Jn 2,19). Et dans nos communautés chrétiennes !? Il faut voir dans ces paroles de Jésus un appel à la conversion.

Mais demeurer lier à Jésus, c’est accepter de souffrir avec lui, d’être un sarment que le vigneron taille (nettoie) pour assurer la récolte à venir, tout comme Jésus, qui va  entrer dans sa Passion, chemin obligé de sa résurrection et de sa glorification par le Père.

Qui demeure lié à Jésus porte du fruit,  c’est vivre en disciple de Jésus : adhérer à Jésus dans la foi et l’amour, dans une attitude de conversion permanente, un amour qui soit signe pour le monde par sa qualité et son intensité.Communion au Christ pour une évangélisation qui porte du fruit.

En dehors de moi vous ne pouvez rien faire : S’il est vrai que Jésus est la Parole de Dieu, qui nous révèle de façon parfaite qui est Dieu et quel est son plan d’amour, alors il doit rester pour le croyant le repère incontournable, la référence obligée. Mais pour les croyants sincères d’autres religions, le Seigneur les éclaire de la façon que lui seul connaît.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

 Inviter le groupe à redire l’une ou l’autre parole du texte, en  forme de méditation partagée, pour intérioriser cette belle page d’évangile.  

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE 

Est-ce que nous recevons les échecs, les souffrances, les coups durs, comme des épreuves par lesquelles le Père nous purifie et purifie nos engagements pour qu’ils portent du fruit ? 

La vigne, c’est Jésus uni à notre communauté d’Église : Est-ce que chacun de nous est un sarment uni aux autres,  un membre qui prend sa place dans la communauté ?

 

ENSEMBLE PRIONS  
Le Seigneur nous a aimés comme on n’a jamais aimé.
Il rassemble tous les hommes et les fait vivre de sa vie.
Et tous les chrétiens du monde sont les membres de son corps.
Rien ne peut les séparer de son Amour.
 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 5ième DIMANCHE de pâques Année B

 

 




Audience Générale du Mercredi 17 avril 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 Avril 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 15. La tempérance

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je parlerai de la quatrième et dernière vertu cardinale : la tempérance. Avec les trois autres, cette vertu partage une histoire très ancienne qui n’est pas l’apanage des seuls chrétiens. Pour les Grecs, la pratique des vertus avait comme objectif le bonheur. Le philosophe Aristote a écrit son plus important traité d’éthique en l’adressant à son fils Nicomaque pour l’instruire sur l’art de vivre. Comment se fait-il que tout le monde recherche le bonheur et que si peu y parviennent ? Voici la question. Pour répondre à cette question, Aristote aborde le thème des vertus, parmi lesquelles l’enkráteia, c’est-à-dire la tempérance, occupe une place de choix. Le terme grec signifie littéralement « pouvoir sur soi-même ». La tempérance est un pouvoir sur soi-même. Cette vertu est donc la capacité de se dominer soi-même, l’art de ne pas se laisser envahir par des passions rebelles, de mettre de l’ordre dans ce que Manzoni appelle le « fouillis du cœur humain ».

Le Catéchisme de l’Église Catholique nous dit que «la tempérance est la vertu morale qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés ». Et poursuis le Catéchisme, « Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une saine discrétion et ne se laisse pas entraîner pour suivre les passions de son cœur » (n° 1809).

Ainsi, la tempérance, comme le dit la parole italienne, est la vertu de la juste mesure. Dans toutes les situations, on se comporte avec sagesse, car les personnes qui agissent toujours sous le coup de l’impulsion ou de l’exubérance ne sont finalement pas fiables. Les personnes sans tempérance ne sont pas toujours fiables. Dans un monde où tant de gens se vantent de dire ce qu’ils pensent, le tempérant préfère au contraire penser ce qu’il dit. Saisissez-vous la différence ? Ne pas dire ce qui me vient à l’esprit, ainsi… Non, penser à ce que je dois dire. Il ne fait pas de promesses en l’air, mais prend des engagements dans la mesure où il peut les tenir.

Même avec les plaisirs, la personne tempérante agit avec discernement. Le libre cours des pulsions et la licence totale accordée aux plaisirs finissent par se retourner contre nous-mêmes, nous plongeant dans l’ennui. Combien de personnes qui ont voulu tout essayer avec voracité se sont retrouvées à perdre le goût de toute chose ! Mieux vaut alors rechercher la juste mesure : par exemple, pour apprécier un bon vin, mieux vaut le savourer par petites gorgées que de l’avaler d’un trait. Tous nous le savons.

La personne tempérante sait bien peser et doser les paroles. Elle pense à ce qu’elle dit. Elle ne laisse pas un moment de colère détruire des relations et des amitiés qui ne se reconstruiront que difficilement par la suite. En particulier dans la vie de famille, où les inhibitions sont réduites, nous courons tous le risque de ne pas maîtriser les tensions, les irritations et la colère. Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire, mais dans les deux cas, il faut savoir garder la mesure. Et cela vaut pour beaucoup de choses, par exemple être avec d’autres et rester seul.

Si la personne tempérante sait maîtriser sa propre irascibilité, ce n’est pas pour cela qu’on la verra toujours avec un visage paisible et souriant. En effet, il est parfois nécessaire de s’indigner, mais toujours de la manière juste. Ce sont là les termes : la juste mesure, la juste manière. Une parole de reproche est parfois plus salutaire qu’un silence aigre et rancunier. La personne tempérante sait que rien n’est plus désagréable que de corriger l’autre, mais elle sait aussi que c’est nécessaire : sinon, on donnerait libre cours au mal. Dans certains cas, la personne tempérante parvient à tenir ensemble les extrêmes : elle affirme des principes absolus, revendique des valeurs non négociables, mais sait aussi comprendre les gens et faire preuve d’empathie à leur égard. Elle fait preuve d’empathie.

Le don de la personne tempérante est donc l’équilibre, une qualité aussi précieuse que rare. Tout, en effet, dans notre monde, pousse à l’excès. Au contraire, la tempérance se marie bien avec des attitudes évangéliques telles que la petitesse, la discrétion, la dissimulation, la douceur. Qui est tempérant apprécie l’estime des autres, mais n’en fait pas le seul critère de chacun de ses actes et de chacune de ses paroles. Il est sensible, sait pleurer et n’en a pas honte, mais il ne pleure pas sur lui-même. Vaincu, il se relève ; victorieux, il est capable de retourner à la vie cachée de toujours. Il ne cherche pas les applaudissements, mais sait qu’il a besoin des autres.

Frères et sœurs, il n’est pas vrai que la tempérance rende maussade et sans joie. Au contraire, elle permet de mieux savourer les biens de la vie : être ensemble à table, la tendresse de certaines amitiés, la confiance des personnes sages, l’émerveillement devant les beautés de la création. Le bonheur dans la tempérance est une joie qui fleurit dans le cœur de ceux qui reconnaissent et valorisent ce qui compte le plus dans la vie. Prions le Seigneur de nous faire ce don : le don de la maturité, de la maturité de l’âge, de la maturité affective, de la maturité sociale. Le don de la tempérance.

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins provenant des paroisses et des établissements scolaires de France.

Apprenons à cultiver la vertu de la tempérance pour savoir contrôler nos paroles et nos actes, afin d’éviter des situations de conflits inutiles, et promouvoir la paix dans notre société.

Que Dieu vous bénisse !





4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – par Francis COUSIN

  « Le Bon Pasteur. »

 

Jésus ne dit pas : « Je suis un bon pasteur » mais, « Je suis le bon pasteur ».

Cela veut dire qu’il est le seul à pouvoir être qualifié ainsi : il est le pasteur par excellence.

La figure du pasteur est courante dans l’ancien testament, normal pour un peuple qui a été longtemps nomade, et qui se déplaçait avec ses troupeaux, et qui garde cette figure de celui qui mène sa famille, sa maison, son peuple … et ce ne s’est pas toujours bien passé.

C’est surtout Ézéchiel qui en parle : « Car ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. (…) C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu. » (Ez 34,11.15). Dieu reprend la main sur le troupeau des fils d’Israël.

Mais un peu plus loin, il ajoute : « Je susciterai à leur tête un seul berger ; lui les fera paître : ce sera mon serviteur David. Lui les fera paître, il sera leur berger. » (Ez 34,23), et comme Jésus est fils de David, …

Mais c’est aussi une manière d’affirmer à tous ceux qui écoutent Jésus qu’il est celui qui représente Dieu, qu’il est Dieu lui-même, et son envoyé.

Trois points :

1°) La proximité avec les brebis, avec comme point principal le fait que les brebis sont à lui, contrairement aux ouvriers qui sont payés par les propriétaires pour garder leur troupeau.

De ce fait, il y a une accointance entre les brebis et lui : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent… et il les appelle chacune par leur nom. ».

Dans le langage de la bible, ça veut dire qu’il les aime. L’amour de Dieu est toujours présent pour nous.

Quand j’avais dix ans et que l’allais à la ferme voisine, j’étais toujours surpris par le fermier qui appelait chacune de ses vaches par un prénom féminin. Un jour je lui demandais comment il faisait pour les reconnaître, moi je ne voyais que des taches noires sur leur robe blanche ; il me dit : les taches ne sont pas toutes les mêmes, à force on les connaît, et puis il y a leur caractère, celle-là est vicieuse, il faut s’en méfier, celle-là se laisse toujours faire, celle-là, il faut toujours l’aborder par devant, qu’elle nous voit, sinon on risque des ruades, celle-là, il faut lui parler, la caresser …

L’importance de se connaître. Mieux, de s’aimer. Et pour Dieu, ce n’est pas un problème : « Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49,16)

2°) « Je donne ma vie pour mes brebis. »

À l’époque, sans doute personne n’a bien compris de que Jésus voulait dire …

Nous, nous comprenons, avec la Passion, la mort et la résurrection de Jésus …

Mais le verbe est au présent de l’indicatif, et non pas au futur …

Cela veut donc dire que Jésus ne cesse pas de donner sa vie pour ses brebis.

Et donc à chaque messe, chaque jour, partout dans le monde, Jésus renouvelle le don de sa vie pour nous, pour ceux qui assistent à la messe … mais aussi pour tous ceux qui ne se sentent pas concernés, pour diverses raisons, parce qu’ils ne le connaissent pas, par indifférence, ou par refus …

Et pour ces derniers aussi, Jésus se fait leur pasteur : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. ».

Et c’est là où Jésus a besoin de nous.

Parce qu’il n’est plus sur terre pour mener à bien cette mission, même s’il est toujours présent avec nous …

3°) Prier pour les vocations … pour qu’il y ait toujours des personnes qui puissent prendre le relais et devenir à leur tour pasteurs d’une partie du troupeau des chrétiens.

Bien sûr, on pense en premier aux prêtres … mais dans l’évangile, ce n’est pas tout à fait ce qui est écrit : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »

Jésus parle d’envoyer des ouvriers pour la moisson … et ne parle pas de prêtres (un terme qui ne prendra son sens que plus tard …

Bien sûr il faut des prêtres, c’est nécessaire, pour pouvoir célébrer la messe et administrer les sacrements … mais les ouvriers de la moisson, c’est plus large que cela : cela concerne les moines, les religieuses, les frères, les diacres, les catéchistes, tous les ouvriers de la pastorale … et tous les parents dont c’est la mission d’éduquer leurs enfants dans la religion catholique …

Prions pour qu’il y ait de nouveaux ouvriers … mais n’oublions pas de prier pour ceux qui sont déjà engagés, pour qu’ils restent fidèles à leur engagement.

Ô Père,

fais se lever parmi les chrétiens

de nombreuses et saintes vocations

qui maintiennent la foi vivante

et gardent une mémoire pleine de gratitude

de ton Fils Jésus.

Renforcent ceux qui sont déjà engagés.

Permet que de nombreux jeunes

suivent le chemin de leurs ainé(es)

par la prédication de sa Parole

et pour certains par

 l’administration des Sacrements,

par lesquels tu renouvelles

continuellement tes fidèles.

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

 

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4ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 10, 11-18)

 « Jésus est le Bon Pasteur de l’Humanité tout entière « 

(Jn 10, 11-18)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis.
Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse.
Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau.
Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

« Tout fut par Lui, et sans Lui, rien ne fut » (Jn 1,3). « Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui » (Col 1,16-17). Jésus, le Fils, est ainsi « la Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9). Il est donc proche de tout homme, il vit en « alliance éternelle » avec « toute chair » (Gn 9), et cela, depuis que le monde existe. Et comme « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et qu’Il n’est qu’Amour, il ne cesse de rechercher le bien de « tous les hommes qu’il aime » (Lc 2,14), et cela gratuitement, par Amour. « Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait ; car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé » (Sg 11,24).

            Les hommes ne vivent pas une relation de cœur avec Lui, se privant du même coup de cette Plénitude de Vie qu’il voulait leur communiquer dans une relation d’amour librement consentie ? Le Père va envoyer son Fils dans le monde, avec une seule Parole à leur transmettre de sa part : « Revenez ! Car le Père lui-même vous aime » (Jr 3,22 ; Mc 1,15 ; Mt 4,17 ; Jn 16,27)… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Lc 2,14).

            Or aimer, c’est vouloir le bien profond de celui, de celle qu’on aime… Tel est le désir de Dieu pour chacun de ses enfants, pour tout homme ici-bas… « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4). Et « aimer » pour Dieu, c’est « rassasier de biens », combler de biens, pour le seul bien de l’être aimé : « Il te couronne d’amour et de tendresse », dit le Psalmiste, « il rassasie de biens ton existence » (Ps 103(102),4). Or le mot « bien » employé ici peut aussi prendre le sens de « beau », de « bon », de « bonheur »… Ainsi Dieu, qui Est « le Bon », « le Bien » par excellence, et la source de tout « bien », ne cesse-t-il de proposer à l’homme ce qui est « bien » pour lui, ce qui est « bon », et si ces « biens » sont effectivement accueillis, ils ne pourront que lui apporter le vrai « Bonheur », car Dieu nous a tous créés pour cela : nous partager sa Plénitude !

            « Je suis le Bon Pasteur » nous dit ici Jésus. Il « se soucie de ses brebis », c’est-à-dire de tout homme, quel qu’il soit, et il continue à faire en son humanité ce que Dieu ne cesse de faire de toute éternité : se donner par amour, se donner lui-même, donner sa vie pour ses créatures, cette vie qu’il reçoit du Père de toute éternité, et cela pour leur seul bien, pour les combler, gratuitement, par amour. « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis », et il le fera jusqu’au don ultime de la Croix, pour le salut et la vie de tous…        DJF




4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le bon pasteur

Jn 10, 11-18

Des candidats pour devenir des « Bons pasteurs » ou des dirigeants dans la société, il y en a ! Il y en a même beaucoup, beaucoup trop !

Et le plus souvent, ces pasteurs-là nous ont menés à la catastrophe.

Des faux pasteurs, il y en a eu dans l’histoire ! Alexandre, César, Tamerlan, Hitler, Staline et plus près de nous : Ben Laden, Kadhafi, Pol-Pot, Mao-Tsé-Toung, Saddam Hussein.

– Ceux du monde politique : je n’ai pas besoin de vous les citer, nous les entendons tous les soirs pérorer sur le petit écran, qu’ils soient de droite ou de gauche.

 

– Ceux du monde philosophique ne manquent pas non plus depuis Marx, Voltaire, Spinoza, Sartre, Kant, Hegel, Freud et tutti quanti.

– Ceux du monde religieux, ils foisonnent aussi : Mohamet, Bouddha, Luther et plus près de nous : l’Ayatollah Khomeiny, le Révérend Moon, Juliano Verbard et ce foisonnement de sectes qui essaient de détourner le troupeau des hommes vers leur doctrine pour les mener « Dieu sait où ? »

Parmi tous ces hommes, dont beaucoup étaient sincères, combien, en présentant leur programme d’action, pour guider l’humanité dans sa marche, ont bâti leur programme sur l’amour ? Pas seulement un amour en général, mais sur l’amour qu’il avait pour chacun, amour qui va aller jusqu’à donner sa vie pour lui. Ne cherchez pas, n’allez pas consulter une encyclopédie : il n’y en a qu’un. Il s’agit de celui qui a osé dire : « Je suis le Bon pasteur ».

Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le père et je donne ma vie pour mes brebis », et il l’a fait ! Il a effectivement donné sa vie pour la nôtre et plus encore, en donnant sa vie, il sauve la nôtre et nous communique la sienne.

Oui, vous pouvez passer en revue tous les grands hommes de la terre, tous les héros de l’humanité :

 

  • aucun n’a donné sa vie pour vous,

  • aucun ne vous a aimé personnellement,

  • aucun n’a pu vous transmettre sa vie,

  • aucun ne vous a sauvé,

  • aucun n’est capable de conduire à la fois vos parents et vos enfants, sur la route qui mène vers le Père qui est aussi son Père.

Jésus est passé, il y a vingt siècles, dans une grande démarche de lumière et il nous a montré définitivement le chemin vers l’unité humaine et le bercail du Père et il est toujours là, au cœur du monde, l’énergie de l’avenir ! Jésus invitait les siens à ne pas s’enfermer et il se présente toujours, après tous les rois d’Israël et tous les meneurs d’hommes comme le vrai Berger :

  • le seul Berger,

  • le seul qui nous a vraiment sauvés en donnant sa vie pour nous,

  • le seul qui nous connaît et nous aime personnellement,

  • le seul qui ne divise pas l’humanité entre les méchants et les bons, mais qui désire qu’elle soit rassemblée en un seul troupeau dans une même bergerie…

Je me demande si les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas trop souvent aveugles ou peureux :

aveugles parce qu’ils sont tellement habitués, accoutumés à ce message incroyable de l’Evangile qu’ils ne savent plus voir les merveilles de Dieu.

peureux parce qu’ils ne savent plus s’en réjouir et les publier. On a voulu, à juste titre, éviter une foi utilitaire… et, à mon neveu qui me demandait, comme beaucoup de jeunes en recherche : « La foi, à quoi ça sert ? ». Je fus tenté de dire : « Elle ne sert à rien, mais elle change tout ». Avec elle, on ne voit plus comme avant, tout est transformé. Et en fin de compte, je lui ai répondu : « La foi, c’est comme l’amour, elle sert, oui, elle sert à rendre heureux et ce n’est pas rien ! »

« Heureux » : grâce à Jésus Vivant, avec nous, en nous, qui nous aime, qui nous protège, qui nous conduit, lui, notre Vrai Berger, qui nous connaît mieux que nous ne nous connaissons, nous-mêmes, qui nous aime, mieux que nous ne pouvons-nous aimer nous-mêmes et ce n’est pas peu dire !

Jésus, qui, par sa Résurrection, sera toujours plus fort que notre péché, qui nous propose une nouvelle route d’humanité : celle qui va vers Dieu car elle vient de Dieu, la route généreuse, d’aimer et qui nous montre au loin l’humanité enfin réussie, enfin réunie !

Le terminus du voyage semble bien loin ! Mais, Jésus, le Vrai Berger, marche devant et il nous montre la direction.

La caractéristique qui fait la différence entre un vrai pasteur et un faux prophète, c’est : la gratuité de l’amour, un amour tel qu’il est capable de livrer une vie au profit d’une autre. Un faux prophète, un faux berger fait cela pour de l’argent ou pour le pouvoir ou par orgueil : conduire le troupeau pour la joie de l’autorité ou du commandement, désir de profit ou d’être en tête… tandis que le vrai pasteur, lui, est un serviteur, capable de tout par amour et sans autre motif que celui-là.

Il avait bien compris cela, le 1er pape qui signait au bas de ses lettres :

« Le serviteur des serviteurs », un amour qui n’engage pas seulement son honneur, son zèle au service des autres, sa responsabilité dans la tâche entreprise, mais qui va bien plus loin : donner sa vie pour défendre son troupeau, le protéger, le garder de tout danger :

. vie donnée d’un père Kolbe, mort à la place d’un autre au camp de concentration d’Auschwitz

. vie donnée par Mgr Oscar Romero, assassiné le 24 mars 1980 alors qu’il achevait sa messe

. vie donnée par la sœur Alice et sa compagne : deux religieuses françaises portées « disparues » en Argentine

. vie donnée par le père André Jarlon atteint par une balle, dans sa chambre alors qu’il méditait le psaume « De profundis » (ps 129)

. vie donnée par le père Popieluszko, vicaire à la paroisse St-Stanislas de Varsovie, enlevé le 27 octobre 1984, découvert le 30 dans la Vistule, défiguré, torturé. Assassinés aussi les neufs moines trappistes de Tibhirine égorgés en Algérie.

Oui, l’Evangile est une force qui dérange. Jésus a dérangé : on l’a tué ; les apôtres ont dérangé : ils sont tous morts martyrs, sauf un et je viens de vous le rappeler : ça continue aujourd’hui comme hier et pourtant, nous rappelle St-Pierre, dans la 1ère lecture : « En dehors de lui, il n’y a pas de salut ». Le nom de Jésus annoncé aux hommes est le seul qui puisse nous sauver.

Voilà pourquoi, à notre tour, quel que soient les risques encourus, nous devons devenir « bons pasteurs » pour les autres. Les chrétiens deviennent les « Bergers de l’Humanité » : ils doivent devenir les guides de toutes ces brebis dont le Seigneur avait pitié car elles erraient sans pasteur.

Mais n’oublions pas que cela entraîne de donner sa vie, de connaître les autres, de vous faire connaître d’eux et de rassembler au nom du Christ : le Vrai Berger. AMEN




Rencontre autour de l’Evangile – 4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 11-18)

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 10, 11-18)

Après avoir prononcé la parabole de la bergerie et du pasteur (v.1-6) devant les juifs qui s’opposent à lui et le menacent, Jésus donne l’interprétation de la parabole (v. 7 et ss) parce que ses adversaires n’avaient pas compris ce qu’il voulait dire.

Le sens des mots

Je suis le bon pasteur : Quand Jésus dit « Je suis », il laisse entendre quelque chose de son identité  (Rappelons-nous le Nom que Dieu révèle à Moïse au Buisson ardent de l’Exode) On peut se rappeler d’autres paroles de Jésus qui commencent par « je suis ».

Berger mercenaire : Que signifie ce mot ? (on en parle quelque fois dans certains coups d’Etat)

Le loup s’empare des brebis et les disperse : De qui Jésus parle-t-il ?

Des mots très forts expriment les liens qui existent entre le bon berger et ses brebis : relever les expressions qui décrivent ces liens.

Moi, je suis le bon pasteur : Jésus est le bon pasteur pour deux raisons : lesquelles ?

« Je connais » mes brebis et mes brebis « me connaissent » : le mot « connaître » dans la Bible a un sens plus profond que dans notre langage courant. Comme le Père me connaît et je connais le Père : Qu’est-ce que Jésus nous révèle de la relation qu’il y a entre lui et ses disciples ?

Je donne ma vie pour mes brebis : Qu’est-ce Jésus annonce par ces mots ?

J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie…il faut que je les conduise : Qu’est-ce Jésus porte dans son cœur en disant ces paroles ?A qui pense-t-il ?

Elles écouteront ma voix : Quelle est la force de la parole de Jésus ?

 

Pour l’animateur

Les mots « je suis » qui précède bon pasteur nous permettent de réaliser que Jésus s’attribue le Nom même de Dieu. Dans l’Ancien Testament, les prophètes ont parlé de Dieu comme le pasteur de son peuple. Le prophète Ezéchiel en particulier a annoncé que Dieu lui-même, devant la conduite des mauvais pasteurs qu’il a donné à son Peuple, viendrait lui même prendre la tête de son troupeau. (Ez.34). Jésus réalise cette prophétie.

A l’inverse du mercenaire qui est « payé pour » et pour qui les brebis ne comptent pas vraiment, entre le bon berger et ses brebis, il y a des liens très forts : les brebis lui appartiennent, les brebis comptent beaucoup pour lui, ils connaissent sa voix (v.4), il les connaît et elles le connaissent, c’est à dire il y a une connaissance du cœur, une communion, entre le bon berger et ses brebis. Il donne sa vie pour elles.

Cette connaissance de cœur et de communion entre Jésus et les membres de son peuple s’enracine dans la communion qui existe entre le Père et Jésus son Fils.

La parabole renvoie clairement à la mort de Jésus  (« Je donne ma vie pour mes brebis ») Jésus versera son sang pour la multitude (Mc 14,24). Son « corps sera donné pour vous » (Lc 22,19)

Le mercenaire abandonne ses brebis ; Jésus dira « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14,18). Personne n’arrachera les brebis de sa main pour les disperser ; au contraire il va mourir pour « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. » (Jn 11,52) Le loup représente tous ceux qui attaquent le troupeau et cherchent à le détruire ou à le diviser.

« J’ai encore d’autres brebis… » Jésus pense aux croyants  qui viendront du monde païen  et qui par l’intermédiaire des disciples, croiront en lui.

Elles écouteront ma voix : Le rassemblement se fera autour de Jésus et de sa parole. La Parole de Jésus est une force de rassemblement et source d’unité.

La disposition des derniers versets, ci-dessous, laisse voir l’intimité de Jésus avec son Père, intimité qui donne sens à sa vie et à sa mort. Le Père est à la source et à la fin de l’activité de Jésus. Tout vient de lui : le commandement n’est rien d’autre que l’expression de l’amour

La mort est un acte souverainement libre dans lequel Jésus accomplit le commandement du Père. Jésus reste maître parce qu’il accomplit ce que Dieu, dans son amour, a voulu pour apporter la vie aux hommes.

Le Père  m’aime : Parce que je DONNE ma vie pour la REPRENDRE ensuite  personne ne peut me l’enlever.

                             Je la donne de moi-même, j’ai pouvoir de la DONNER et le pouvoir de la REPRENDRE

                             voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, tu es le bon pasteur. Nous sommes les brebis de ton troupeau. Chacun de nous est important pour toi. Tu nous connais et tu nous invites à te connaître, comme des époux ou des amis qui s’aiment ; comme ton Père et Toi vous vous connaissez et vous aimez. Tu as donné ta vie pour le salut de tous les hommes. Comme ton Père, tu portes dans ton cœur le désir de faire entrer dans ton troupeau tous ceux qui ne te connaissent pas encore. Envoie des ouvriers de l’évangile pour faire entendre ta voix.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

Est-ce que nous nous laissons aimer et guider par Jésus, le Bon Pasteur ? Est-ce que nous cherchons à le connaître ? à connaître ses paroles ?

Cet évangile du Bon Pasteur nous l’entendrons le dimanche où l’Eglise prie pour les vocations, en particulier des vocations de prêtres. Quel est l’intérêt que nous portons à l’éveil des vocations ? Quelle serait notre réaction si l’un de nos garçons nous faisait part de son désir d’être prêtre ?

Pour faire vivre son peuple et pour faire connaître le salut qu’il offre à tous les hommes,  Jésus a besoin aussi de diacres, de religieux, de religieuses, de missionnaires, de couples chrétiens qui témoignent de l’amour de Dieu :  est-ce que nous portons dans notre cœur et notre prière toutes ces vocations ? Est-ce que nous rejoignons Jésus dans son désir de rassembler tous les hommes dans l’amour du Père ?

ENSEMBLE PRIONS 

Dieu, Père éternel et tout-puissant, guide-nous jusqu’au bonheur du ciel ; que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur, Jésus Christ, est entré victorieux. Lui qui règne avec Toi, dans l’Amour de l’Esprit, pour le siècles.

Chant : Pasteur d’un peuple en marche

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 4ième dimanche de Pâques Année B 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 10 avril 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 10 Avril 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 14. La force d’âme

Chers frères et sœurs, bonjour !

La catéchèse d’aujourd’hui est consacrée à la troisième des vertus cardinales, à savoir la force d’âme. Commençons par la description qu’en donne le Catéchisme de l’Église Catholique : « La force est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions. » (n. 1808). Ainsi déclare le Catéchisme de l’Église Catholique à propos de la vertu de la force d’âme.

Voici donc la plus « combative » des vertus. Alors que la première des vertus cardinales, la prudence, est d’abord associée à la raison de l’homme, et que la justice trouve sa place dans la volonté, cette troisième vertu, la force d’âme, est souvent rattachée par les auteurs scolastiques à ce que les anciens nommaient « l’appétit irascible ». La pensée antique n’imaginait pas un homme sans passions : ce serait une pierre. Et les passions ne sont pas nécessairement le résidu d’un péché, mais elles doivent être éduquées, elles doivent être dirigées, elles doivent être purifiées par l’eau du baptême, ou mieux par le feu de l’Esprit Saint. Un chrétien sans courage, qui ne plie pas ses propres forces au bien, qui ne dérange personne, est un chrétien inutile. Pensons-y ! Jésus n’est pas un Dieu diaphane et aseptisé, qui ne connaît pas les émotions humaines. Au contraire, face à la mort de son ami Lazare, il fond en larmes. Devant la mort de son ami Lazare, il fond en larmes ; et dans certaines expressions transparaît son âme passionnée, comme lorsqu’il dit : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49) ; et face au commerce dans le temple, il réagit vivement (cf. Mt 21,12-13). Jésus avait de la passion.

Mais cherchons maintenant une description existentielle de cette vertu très importante qui nous aide à porter du fruit dans la vie. Les anciens – tant les philosophes grecs que les théologiens chrétiens – reconnaissaient dans la vertu de force d’âme un double mouvement, un passif e un autre actif.

Le premier est orienté vers l’intérieur de nous-mêmes. Il y a des ennemis intérieurs que nous devons vaincre, qui ont pour nom anxiété, angoisse, peur, culpabilité : autant de forces qui s’agitent au plus profond de nous-mêmes et qui, dans certaines situations, nous paralysent. Combien de combattants succombent avant même d’avoir commencé le défi ! Pourquoi ne se rendent-ils pas compte de ces ennemis internes. La force d’âme est avant tout une victoire contre nous-mêmes. La plupart des peurs qui surgissent en nous sont irréalistes et ne se réalisent pas du tout. Mieux vaut alors invoquer l’Esprit Saint et tout affronter avec une patiente force d’âme : un problème à la fois, comme nous le pouvons, mais pas seuls ! Le Seigneur est avec nous, si nous lui faisons confiance et cherchons sincèrement le bien. Alors, dans chaque situation, nous pouvons compter sur la providence de Dieu qui nous sert de bouclier et d’armure.

Et puis le second mouvement de la vertu de force d’âme, de nature plus active cette fois. Aux épreuves intérieures s’ajoutent les ennemis extérieurs, que sont les épreuves de la vie, les persécutions, les difficultés auxquelles on ne s’attendait pas et qui nous surprennent. En effet, nous pouvons essayer de prévoir ce qui va nous arriver, mais la réalité est en grande partie faite d’événements impondérables, et dans cette mer, notre bateau est parfois ballotté par les vagues. La force d’âme fait alors de nous des marins résistants, qui ne s’effraient pas et ne se découragent pas.

La force d’âme est une vertu fondamentale parce qu’elle prend au sérieux le défi du mal dans le monde. Certains prétendent qu’il n’existe pas, que tout va bien, que la volonté humaine n’est pas parfois aveugle, que dans l’histoire il n’existe pas des forces obscures porteuses de mort. Mais il suffit de feuilleter un livre d’histoire, ou malheureusement même les journaux, pour découvrir les actes néfastes dont nous sommes en partie victimes et en partie protagonistes : guerres, violences, esclavage, oppression des pauvres, des blessures jamais guéries et qui saignent encore. La vertu de force nous fait réagir et crier un « non », un « non » catégorique à tout cela. Dans notre Occident confortable, qui a quelque peu édulcoré les choses, qui a transformé le chemin de la perfection en un simple développement organique, qui n’a pas besoin de lutter parce que tout lui semble identique, nous ressentons parfois une saine nostalgie des prophètes. Mais elles sont très rares les personnes inconfortables et visionnaires. Il faut que quelqu’un nous sorte de la mollesse dans laquelle nous nous sommes installés et nous fasse répéter résolument notre « non » au mal et à tout ce qui conduit à l’indifférence. « Non » au mal et « non » à l’indifférence ; « oui » au cheminement, au cheminement qui nous fait avancer, et pour cela nous devons lutter.

Redécouvrons donc dans l’Évangile la force d’âme de Jésus et apprenons-la du témoignage des saints et des saintes. Merci !

* * *

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier les groupes des Paroisses et des Écoles venus de Belgique, de la Principauté de Monaco et de France.

Je vous invite à vous entraîner à la vertu de force pour combattre vos peurs et trouver le courage de manifester votre foi avec enthousiasme.

Que Dieu vous bénisse tous !