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Christ Roi (St Mt 25, 31-46)- par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 26 et Dimanche 27 Novembre 2023

 

Ézéquiel 34.11–12, 15–17 ; 1Corinthiens 15.20–26.28 ; Matthieu 25.31–46

Avant que n’arrive la Pâque, son unique sacrifice, Jésus insiste sur ce qui lui paraît, à ses yeux, le plus important dans notre vie, pour que nous héritions du Royaume de Dieu : nourrir ceux qui ont faim, donner à boire ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, recueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers. Maintes fois, nous avons entendu ces mots et certains les appliquent tandis d’autres n’en font aucun cas. Ceux qui n’en tiennent pas compte, Jésus leur dira à la fin des temps : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ». Il est bon de rappeler que pour aller en enfer, il faut vraiment le vouloir, il faut que la personne dise « non » au Christ, même après sa mort, jusqu’au moment où la porte de l’enfer se ferme sur son âme. Car Dieu est Miséricordieux et sa Miséricorde n’est limitée que par la décision ferme de l’homme d’aller lui-même en enfer. Toutes ces expressions « nourrir ceux qui ont faim, donner à boire ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, recueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers » sont des œuvres de miséricorde. Et la miséricorde de Dieu surpasse la justice de Dieu, souvent mal comprise. Voici ce que nous raconte Thérèse de Lisieux qui montre que la Miséricorde divine peut nous éviter le purgatoire pour aller directement au Ciel. La petite Thérèse est la plus jeune Docteur de l’Eglise. Au Carmel de Lisieux, sœur Marie Philomène était convaincue qu’à sa mort, elle irait au Purgatoire. Lorsqu’elle partagea cette opinion avec Sainte Thérèse, celle-ci lui répondit : « Tu n’as pas assez confiance en Dieu! Tu as trop peur de Lui ( elle a trop peur de Dieu parce qu’elle n’arrête pas de comptabiliser le nombre de bonnes et de mauvaises actions qu’elle fait, de peser le pour et le contre). Je peux t’assurer qu’il en est vraiment peiné. Tu ne dois pas craindre le purgatoire pour la raison qu’on y souffre; au contraire, tu devrais demander de ne pas mériter d’y aller afin de plaire à Dieu, qui impose cette punition tellement à contrecoeur! Dès lors que tu cherches à lui plaire en tout, et si tu as une confiance inébranlable en lui, il te purifie à chaque instant de son amour et il ne permet pas que quelque péché puisse rester. Ainsi, tu peux être sûre de ne jamais devoir aller au purgatoire ». Thérèse alla même plus loin. Elle pensait sincèrement que les personnes offensaient Dieu en ne croyant pas qu’elles pourraient aller au Ciel après leur mort. Lorsque certaines de ses sœurs lui affirmèrent qu’elles pensaient aller au purgatoire, elle s’exclama : « Oh! Que vous me faites de la peine! Vous faites un grand tort au Seigneur en croyant aller au purgatoire! Quand nous aimons, nous ne pouvons pas y aller! « Le Seigneur donna à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus la grâce de comprendre que le purgatoire n’avait pas été pensé comme une règle incontournable mais plutôt comme une exception. L’Eglise nous enseigne que chacun de nous reçoit des grâces suffisantes pour aller tout droit vers Dieu, après avoir surmonté ses épreuves sur terre. Mais le purgatoire est une « Entrée de Secours » donnant sur le Ciel pour ceux qui n’ont pas saisi la grâce de Dieu pour eux. Un jour, une de ses novices, sœur Marie de le Trinité, lui dit : « Qu’est-ce qui m’arrivera si je tombe même dans les plus petites choses? Puis-je encore d’aller tout droit au Ciel? » Sainte Thérèse, qui connaissait bien les faiblesses de sa novice, répondit :  » Oh oui, Dieu est si bon! Il saura comment faire pour t’attirer. Mais malgré cela, cherche à être fidèle pour ne pas lui faire attendre en vain ton amour! » Si les pauvres âmes du purgatoire avaient connu sur la terre ce qui les attendait dans l’éternité, le purgatoire serait resté vide! Sœur Fébronie, la sous-prieure, âgée de soixante-sept ans, ne partageait pas la doctrine de sainte Thérèse sur le purgatoire. Elle trouvait présomptueux de croire que nous pouvons aller tout droit au Ciel. Sainte Thérèse, la benjamine de la communauté, lui adressa à propos de la vision sur le purgatoire, une leçon mémorable. Un jour où la vénérable ancienne défendait à outrance les droits de la justice divine (autrement dit « si tu fais de bonnes choses tu iras au Ciel et si tu en fais de mauvaises, ce sera l’enfer) et Thérèse ceux de la miséricorde infinie, cette dernière voyant qu’elle ne gagnait rien et restait toujours dans son sentiment, finit par lui dire sérieusement: « Ma sœur, vous voulez de la justice de Dieu, vous aurez de la justice de Dieu. L’âme reçoit de Dieu exactement ce qu’elle en attend ». Moins d’un an après cette réplique, sœur Fébronie fut emportée par l’épidémie qui décima la communauté en janvier 1892. Le 22 mai suivant, Thérèse eut un songe qu’elle confia à Mère Marie de Gonzague : « Ô ma Mère, ma sœur Fébronie est venue cette nuit demander que l’on prie pour elle; elle est en purgatoire, sans doute pour n’avoir pas assez compté sur la miséricorde du Bon Dieu. Par son air suppliant et son regard profond, elle semblait me dire: « Vous avez raison, toute justice s’accomplit sur moi, mais c’est ma faute, si je vous avais cru, j’aurais été droit au Ciel ». – Le cas de Gloria Polo est encore plus frappant. Cette femme, une colombienne, a mené une vie bourgeoise après avoir réussi son diplôme de dentiste, finissant par blasphémer Dieu, l’Eglise, les commandements de Dieu, les doctrines catholiques, elle ridiculise même ses parents parce qu’ils n’étaient pas de son niveau intellectuel, elle vantait l’avortement aux jeunes filles qui lui demandaient conseils, encourageait le divorce, et refuse le pardon, s’implique dans les commérages, se moquaient des gens et les dévalorisait. Elle avait un désir effréné et obsessionnel de la richesse. Et voilà qu’elle est frappée par la foudre. Emmenée à l’hôpital, elle connait une Expérience de Mort imminente (EMI) où elle se voit sortir de son corps et son âme fonce directement dans un tunnel noir et au passage, elle voit ses parents et leur demande de l’aide, mais ils ne peuvent rien faire…Direction l’Enfer. Mais elle n’y entrera pas parce qu’elle a crié haut et fort qu’elle était catholique et parce que Dieu a entendu la prière d’un pauvre monsieur qui a lu la triste histoire de Gloria Polo sur un vieux journal dans lequel le commerçant y avait mis du sucre qu’il venait d’acheter. Et pour avoir rappelé qu’elle était catholique, elle passe l’épreuve de la connaissance des dix commandements. C’est là qu’elle voit que tout ce qu’elle a fait, tout a été contraire aux dix commandements passés en détail par rapport à sa vie. Et par sa grande Miséricorde, Dieu lui laisse une chance car sa Miséricorde se fait, même après la mort, dans ce tunnel ténébreux qui mène aux portes de l’Enfer. Et voilà Glorio Polo qui revient à la vie terrestre, guérie. Après avoir témoigné à Fatima en 2007, Gloria Polo sillonne le monde pour témoigner de Dieu, de l’Eglise, des doctrines catholiques. Mais ce sont surtout les petits ou ceux qui se font petits qui attirent la miséricorde de Dieu, c’est ce que nous dit Padre Pio (Padre Pio de Pietrelcina – Transparent de Dieu – P.275) : « Celui qui tremble devant Dieu, qui est écrasé sous le poids de la souffrance, abattu à la vue des profondes blessures que ses propres péchés ont faites en lui, qui traine son front dans la poussière, s’abaisse, s’humilie, pleure, crie, soupire et prie, c’est celui-là qui est vainqueur, qui triomphe de Dieu et l’oblige à user de miséricorde envers lui ». C’est pourquoi Saint-Paul nous dit en Ep 4,17-24 : 17 Je vous dis donc et vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement 18 et leurs pensées enténébrées : ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qu’a entraînée chez eux l’endurcissement du cœur, 19 et, leur sens moral une fois émoussé (ayant perdu tout espoir), ils se sont livrés à la débauche ( débauche de péchés,) au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d’impureté dans la cupidité. 20 Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, 21 si du moins vous l’avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, 22 à savoir qu’il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, 23 pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement 24 et revêtir l’Homme Nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité ». Et lorsque vous serez transformés dans le Christ, la grâce de Dieu vous fera délaisser, en douce et sans secousse, presque même sans vous en apercevoir,  vos anciennes passions et vous n’en aurez aucun regret, que ce soit l’alcool, les sports, les danses, et autres diverses passions dans lesquelles vous étiez à 100% pour reprendre une nouvelle passion, celle du Christ qui vous suffira amplement. Et Le sanctuaire de Montligeon dans son « Manuscrit du Purgatoire » (P.99) nous fait la très juste remarque :  « Vous éprouverez souvent une grande indifférence pour les choses qui, autrefois, vous auraient trouvée sensible ; c’est encore une miséricorde de Celui qui vous aime et qui désire vous voir dans ce dégagement qu’il attend des âmes qu’il veut à lui seul. Jésus permet que ces âmes privilégiées éprouvent une espèce d’ennui pour tout ce qui n’est pas Lui. Il leur fait trouver pénible ce qui ne le touche pas directement, parce qu’il veut par-là les amener à vider leur cœur de tout l’humain (= de toutes les faiblesses humaines) qui s’y trouve afin qu’il le comble de ses grâces et qu’il y fasse déborder son amour. Sœur Faustine nous explique (§1697) que « La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures.

Et voici le témoignage de Maria Simma, une mystique Autrichienne, amie des âmes du Purgatoire, morte en 2004 à Sontag en Autriche : « (un jeune garçon, pour des raisons personnelles et justifiées, avait une haine féroce pour tout ce qui concerne l’Eglise, les prêtres, et autres). Beaucoup de personnes avaient tenté de l’aider par la suite mais il avait continué à grandir loin de l’Église qu’il attaquait souvent. Puis il est tombé malade et il est mort en maudissant toujours l’Eglise jusqu’à la fin. Un brave homme fort pieux qui connaissait toute l’histoire est allé voir Thérèse Neumann (une grande sainte allemande, mystique catholique qui avait les stigmates) qui pouvait elle aussi savoir où se trouvaient les âmes des défunts. Quand elle le sut, elle dit que ce garçon était sauvé mais qu’il était encore au Purgatoire. L’homme qui avait posé la question en fut très surpris parce que cet homme était mort en mau­dissant l’Eglise jusqu’au tout dernier moment. Et voici l’ex­plication donnée par Thérèse Neumann: bien que Satan eut bloqué son chemin vers la vérité alors qu’il était encore un jeune garçon très sensible et fort impressionnable, il avait toujours poursuivi en silence sa quête du vrai Dieu ; et parce qu’il avait conservé ce besoin dans son cœur, la miséricorde de Dieu l’a tiré vers lui. Nous avons là une fois de plus une grande preuve de la miséricorde de Dieu, et cela prouve que nous ne pouvons jamais tirer trop vite des conclusions, même si, ce que nous avons nous-mêmes vu ou entendu semblait aller dans la mauvaise direction ». Et Mt 12,32 confirme qu’après la mort, Dieu peut encore pardonner dans l’autre monde: « quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l’autre ». « Ni dans l’autre monde » signifie bien que Dieu peut donc pardonner ou non les péchés après la mort. L’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle qu’il nous faut nous tourner vers les autres pour les aider et non pour détruire : accueillir les étrangers, vêtir ceux qui en ont besoin, donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif, visiter les malades, les isolés, les prisonniers, être miséricordieux à l’exemple de Dieu. La miséricorde, nous dit le Cardinal Walter Kasper, c’est « avoir un cœur qui bat pour les pauvres. Il ne faut pas sous-estimer la miséricorde de Dieu (qui est infinie, mais il ne faut pas non plus ) le prendre pour un imbécile qui, dans sa générosité, fermerait les yeux sur nos fautes et notre méchanceté et laisserait tout faire. Nietzsche s’est moqué de Dieu de cette façon en disant que Dieu était mort à cause de sa pitié pour les hommes (P.22) (alors qu’Il est mort par amour pour nous). On ne peut pas s’amuser avec Dieu; il ne permet pas qu’on le nargue (Ga 6,7-8 : « 7 Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème, on le récolte : 8 qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la corruption; qui sème dans l’esprit, récoltera de l’esprit la vie éternelle). Dans sa miséricorde, Dieu retient plutôt sa juste colère; en un sens, il se retient lui-même. Il le fait pour donner à l’homme une chance de se convertir. La miséricorde de Dieu offre au pécheur un délai parce qu’il désire sa conversion; elle est, en fin de compte, la grâce donnée pour se convertir… ». Le miséricordieux est à l’image du Christ… « Christ-Roi, Sauveur et rassembleur de toute l’humanité composée de brebis éparpillées, dispersées, perdues, égarées, blessées, malades. Il le fera par son Eglise, signe et instrument du salut des hommes, à travers sa hiérarchie, ses saints, ses apôtres, prêtres, religieux, laïcs, pour un immense travail de rassemblement des hommes dans la paix, la joie des retrouvailles avec le Christ. D’où le travail missionnaire qui nous attend. Il nous faut donc nous tourner vers les autres pour les évangéliser d’une manière ou d’une autre : catéchèse, enseignement, formation, chorale, parole de Dieu, serviteurs de Dieu par l’exemple et le témoignage d’une vie. Un chrétien faux, belliqueux, coléreux… pourra être difficilement missionnaire » (Achille Degeest – Le Pain du Dimanche). Nous n’avons plus le temps de nous perdre en enfantillage, en querelles inutiles. Nous avons un seul but : le Christ. Marie, notre sainte Mère, nous aidera à nous unir à son fils bien-aimé, le Christ-Roi, sauveur du monde, qui toute sa vie s’est mis au service de l’humanité.




34ième Dimanche du Temps Ordinaire – Le Christ Roi (Mt 25, 31-46) – par Francis COUSIN

« C’est à moi que vous l’avez fait … »

Dernier dimanche de cette année liturgique … Reprenons rapidement les évangiles de ces dernières semaines :

Il y a quinze jours, nous étions invités à un festin de noces, celles de Jésus avec son Église, avec les dix jeunes filles, prévoyantes ou non, avec la conclusion : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » (Mt 25,31).

La semaine dernière, un maître, Jésus, part pour un long voyage, et donne à chacun de ses employés des sommes importantes, signes de la confiance qu’il a en eux. Il leur donne des ‘’talents’’, sans aucune explication … mais en attendant secrètement qu’ils les fassent fructifier … pour « entre[r] dans la joie de [leur] seigneur. » (Mt 25,21).

Des paraboles pour le futur … lointain …

Cette semaine, ce n’est plus une parabole que Jésus utilise, il se met directement en cause, car « le Fils de l’homme », c’est lui-même. Mais il parle au futur … « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. » … il séparera … il placera … c’est lui qui décidera si on va à sa gauche ou à sa droite …

« Alors le Roi dira à ceux qui sont à droite : Venez les bénis de mon Père … ».

Jésus se présente comme Roi qui juge les humains à la fin des temps, … mais aussi comme le fils de son Père, Dieu à l’égal de Dieu : « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30).

Et que dit-il : « Car j’avais faim, … j’avais soif, … j’étais un étranger, … j’étais nu, … j’étais malade, … j’étais en prison … » et vous êtes venus à mon secours …

On a l’habitude de dire que ce sont les œuvres de miséricorde corporelles … qui sont sept dans la liste de saint Thomas d’Aquin : il en manque donc une : « ensevelir les morts. ». On peut comprendre que Jésus ne l’ait pas citée, car depuis tout le temps, cela ne posait aucun problème pour tout le monde, et les découvertes archéologiques l’ont montré, quel que soit le lieu ou l’époque, le respect vis-à-vis des morts était toujours présent.

Pourquoi saint Thomas d’Aquin l’a-t-il ajouté ? Pour faire « sept », nombre parfait ? On ne sait pas …

Mais quand on voit les images des dégâts causés par les bombes envoyées sur la bande de Gaza (ou ailleurs), ou lors des tremblements de terre, on voit que pour la plupart des personnes décédées, cela est impossible à faire, car on ne sait pas où sont passés les corps, disséminés par les bombes ou les éboulis … au grand dam des familles … qui, elles, voudraient bien pourvoir honorer leurs défunts … Est-ce que, dans ces cas-là, seule l’intention compte ? …

Surprise pour tous les ’’justes’’ : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? »

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ».

Jésus s’identifie aux plus petits … Humilité de Jésus …

Il l’avait déjà dit auparavant : « si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18.3).

« Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. ». (Mt 19,14).

Cela ne veut pas dire qu’il faut être un enfant pour aller dans les cieux, mais avoir une âme pure, simple, confiante, comme les petits qui ne cherchent pas à dominer les autres : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 18,10).

Mais aussi surprise pour ceux qui ont été mis sur le côté gauche de Jésus : « Seigneur, quand t’avons-nous vu [dans le besoin] sans nous mettre à ton service ? ».

La réponse de Jésus est semblable : « Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. ».

Là encore, Jésus s’identifie aux plus petits, ceux qu’on laisse tomber, ceux dont on ne s’occupe pas, ceux qui n’ont pas de prix à nos yeux …

Le problème, c’est qu’il est totalement impossible de séparer « toutes les nations » en deux groupes distincts : les justes et les autres, car nous le savons, chacun d’entre nous réagis différemment pour une même situation en fonction de notre humeur, de la personne concernée ou de l’ambiance générale autour de nous : des fois on agira selon les préceptes de l’évangile, … et d’autre fois de manière différente …

Dans ce cas-là, qui concerne pratiquement tout le monde, on ne pourra compter que sur la miséricorde de Dieu …

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que, quel que soit ce que nous avons fait, nous serons toujours jugés sur l’amour que nous avons eu pour Dieu, et aussi pour les autres humains.

Jésus qui est tout amour, nous jugera selon le commandement de l’amour : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

C’est vers un Amour que je marche en m’en allant,

c’est vers son Amour que je tends les bras,

c’est dans la vie que je descends doucement.

Si je meurs ne pleurez pas,

c’est un Amour qui me prend paisiblement.

Si j’ai peur ? Et pourquoi pas ! (…)

Oui, Père !

Voici que je viens vers Toi comme un enfant,

je viens me jeter dans ton Amour,

ton Amour qui m’attend.

                                                                                   Jean de la croix

Francis Cousin

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Rencontre autour de l’Évangile – Solennité du Christ Roi (Mt 25, 31-46)

‘Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous ne l’avez pas fait
à l’un de ces plus petits,
c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 25, 31-46)

Jésus parle de sa venue à la fin des temps. La scène du grand jugement récapitule en quelque sorte tout l’évangile. En public Jésus donne à ses disciples son dernier testament.

 

Soulignons les mots importants 

Le Fils de l’homme…et tous les anges : Qui est le Fils de l’homme et que signifie la présence des anges à ses côtés ?

Toutes les nations : A qui s’adressent Jésus dans la parabole ? Finalement qui est concerné pare le jugement ?

Il séparera les brebis et les chèvres : A quoi se compare Jésus dans la scène du jugement ?

A droite et à gauche : Quel sens donner à ces deux mots ?

Les bénis de mon Père : Qui sont désignés par cette expression ?

Les actes de charité : en les énumérant qu’est-ce que Jésus nous apprends de la vie chrétienne ?

Quel rapport entre  la liste donnée par Jésus et le combat pour « les droits de l’homme » ?

Comment expliquer la grande surprise des uns et des autres ?

« Venez les bénis de mon Père…Allez-vous-en loin de moi, maudits » : Que vous inspire ce jugement du Roi Pasteur ?

 

 

Pour l’animateur  

+ Le Fils de l’homme, c’est  Jésus lui-même, qui annonce qu’il l’aura l’autorité de Dieu lui-même : c’est le sens de la présence des anges. Il est le Roi-berger, annoncé par le prophète Ezéchiel (34, 17-23). Jésus s’adresse à ses disciples, mais tous sont concernés par le jugement : païens ,juifs et chrétiens.

+ En Palestine, brebis et chèvres paissaient ensemble ; mais le soir le berger les séparait pour mettre les chèvres en un endroit plus abrité. Jésus est le Roi-berger.

+  Le jugement est donc présenté comme un tri. La droite et la gauche n’ont rien à voir avec le langage de la politique actuelle. Dans l’Antiquité, de manière un peu superstitieuse, droite et gauche indiquaient le bon et le  mauvais sort.

Le Fils de l’homme agit au service de Dieu : les élus sont les bénis de son Père.

+ Les actes de charité énumérés par Jésus étaient considérés par les juifs pieux comme  une imitation de Dieu qui, dans toutes les Écritures, est celui qui nourrit l’affamé et prend fait et cause pour le pauvre et le malheureux. Se désolidariser des pauvres, c’est rejeter la cause de Dieu. (cf Is.58, 6-7).

+ La surprise des justes comme des mauvais montre qu’ils n’ont pas compris qu’en servant ou en rejetant  les pauvres, ils servaient ou rejetaient Jésus, leur Roi.

Cela ne veut pas dire que celui qui sert les pauvres doit faire un calcul intéressé : comme si on se servait des pauvres comme moyen pour aimer Jésus et faire son salut. Il s’agit d’aimer de manière désintéressée : la parabole souligne la profondeur de la solidarité du Christ avec les hommes en détresse : il s’agit de les servir pour eux-mêmes. Le disciple et le Christ se retrouvent ensemble dans cet acte d’amour ; et Dieu est honoré, lui qui a pris fait et cause pour les malheureux.

+ Étonnement du chrétien qui en négligeant l’homme en détresse n’a pas servi la cause de son Roi ! Étonnement aussi de tout homme qui, sans le savoir, dans l’amour  de son prochain, a servi le Christ !

+ En fait les actes de charité énumérés par le Christ et qui visent les détresses les plus élémentaires et les plus profondes (nourriture, logement, santé, marginalisation, étranger déraciné, prisonniers…) nous renvoient à tous ceux qui, individuellement ou dans les organismes humanitaires luttent pour la défense des droits de l’homme.

Nous mettre à la suite du Christ, c’est connaître les exigences d’amour de l’Évangile et lui donner le droit de me juger à tout instant. C’est à lui de juger si je l’aime bien ou mal. « Ce n’est pas celui qui dit ‘Seigneur, Seigneur’ qui entrera dans le Royaume des Cieux, c’est celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans le Cieux. »

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Nous te rendons grâce, Seigneur Jésus-Christ. Tu as pris le parti des petits, des pauvres et des humiliés, et tu attends que nous t’accueillions aujourd’hui en les accueillant. Tu nous rappelles que la Loi du Royaume, c’est l’amour et qu’au soir de notre vie, c’est au poids de l’amour que tu pèseras nos vies. Donne-nous de prendre au sérieux, dès aujourd’hui, tes paroles, pour qu’un jour nous tu nous accueilles parmi les bénis de ton Père.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie         

Comment accueillons-nous cet évangile du jugement dernier ?

La Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu que Jésus est venu inaugurer sur la terre des hommes, il l’a annoncée d’abord aux pauvres, aux petits. Il l’a payé de sa vie. La Loi d’Amour de ce Royaume  est d’autant plus exigeante que Seigneur Jésus est à la fois le souverain juge et en même temps le frère et le défenseur de tous les déshérités.  En s’identifiant aux malheureux, Jésus est à la fois Juge et partie. Cela explique la sévérité du jugement.

Nous avons beau connaître cette page d’évangile, ça passe difficilement dans notre vie. Pourquoi ?

Mais de fait, est-ce que nous aurions reconnu le Seigneur dans ce supplicié pendu au bois de la  Croix ?

Demandons-nous qui nous connaissons autour de nous à avoir faim,  à être étranger, à être malade ou en prison… ? Que faisons-nous ? Qu’est-ce qui est fait dans notre paroisse en faveur des détresses ?

A tous les hommes, l’Église, au nom du Christ, rappelle qu’en définitive nous serons jugés sur l’amour, condition de notre entrée dans le Royaume définitif où l’unité recherchée ici-bas trouvera son plein épanouissement dans le Christ, Roi de l’univers.

« Celui qui prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas, et n’aime pas son frère qu’il voit est un menteur » nous dit saint Jean. Si j’aime Dieu, ne puis rester insensible dans mon confort tranquille. Je sais que ne puis rien ajouter à Dieu, mais je dois apporter quelque chose à mes frères en humanité. C’est d’ailleurs là-dessus que je serai jugé. » (Père Lebret, Dimensions de la charité)

 

Ensemble prions  

Avec Mère Teresa

Quand j’étais sans logis, tu as ouvert tes portes

Quand j’étais nu, tu m’as donné ton manteau

Quand j’étais las, tu m’as offert le repos

Quand j’étais inquiet, tu as calmé mes tourments.

Quand j’étais  petit, tu m’as appris à lire

Quand j’étais seul, tu m’as apporté l’amour

Quand j’étais en prison, tu es venu dans ma cellule

Quand j’étais alité, tu m’as donné des soins.

En pays étranger, tu m’as fait bon accueil

Chômeur, tu m’as trouvé un emploi

Cherchant la bonté, tu m’as tendu la main

Quand j’étais âgé, tu m’as offert un sourire

Quand j’étais soucieux, tu as partagé ma peine.

 

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Solennité Christ Roi (Mt 25, 31-46) – Homélie du Père Louis DATTIN

Le jugement dernier

 Mt 25, 31-46

 

Quelle image, frères et sœurs, vous faites-vous du Christ-Roi ?

Le voyez-vous dans un amoncellement de nuages, triomphant, entouré d’éclairs et de lumières irréelles ? Ou bien, est-ce ce pauvre condamné, coiffé d’une couronne d’épines, revêtu d’un manteau rouge de comédie, présenté à la foule par Pilate alors qu’il est défiguré et couvert de crachats ?

 

« Voici votre roi ! » est la réponse cinglante d’un peuple méprisant. « Nous n’avons pas d’autre roi que César ! »

Est-ce encore ce berger, attentif, debout au milieu de ses brebis et qui n’a qu’un souci : les mener vers les bons pâturages, les eaux tranquilles ? Quelle image, quelle idée, vous faites-vous de Jésus-Christ ? Selon la réponse que vous donnez, votre religion sera différente et votre vie chrétienne pas du tout la même.

Seigneur, comment t’imaginer, comment te représenter ? Quel est ton visage ? Il est vrai que des techniciens de la Nasa, avec l’aide d’ordinateurs puissants, ont pu, grâce aux multiples renseignements donnés par le St-Suaire de Turin, reconstituer un visage de Jésus qui ressemble, dit-on, d’assez près, à l’aspect extérieur de l’homme Jésus.

Mais nous continuons à chanter : « Je cherche le visage, le visage du Seigneur. Je cherche son image tout au fond de vos cœurs ».

« Comment es-tu, Seigneur, que nous puissions te reconnaître au jour du jugement, te voir tout de suite dans la foule et pouvoir dire : Ah ! Oui ! C’est toi… C’était bien l’image que je m’étais faite de toi. Pas de surprise ! »

Eh bien, l’Evangile d’aujourd’hui, cette grande scène du jugement dernier, nous dit que, pour tous, ce sera l’étonnement général, et que tous, nous serons pris à contre-pied. « Mais, Seigneur, ce n’est pas possible, tu nous dis que nous t’avons déjà vu ! Quoi, tu étais affamé ! Tu avais soif ! Tu étais cet émigré ! Tu étais en guenilles et nous t’avons donné des vêtements !… Tu étais malade !… En prison aussi !… Ce n’est pas possible !… Ces gens-là, je ne les fréquente pas, ils ne font pas partie de mes relations, ils ne sont pas de notre milieu. Je laisse à d’autres le soin de s’en occuper. Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? »

« Vous, vous n’êtes pas venus jusqu’à moi, mais moi, je suis venu jusqu’à vous… Je me suis présenté à vous… Oh ! Pas avec une carte de visite ! Pas même en sonnant à ta porte : nous n’habitons pas les mêmes quartiers. Oui, j’étais l’affamé d’Ethiopie, l’assoiffé du Sahel, le Comorien de la rue de la Digue, la vieille de l’hospice, le détenu de la Rivière-des-Galets, le yab avec ses gonis, et pas seulement eux, mais aussi cet enfant qui pleurait la nuit quand tu ne t’es pas levé, ce vieillard que tu as sorti de son lit pour l’installer dans un fauteuil, cette voisine à qui tu as sacrifié 20 minutes parce qu’elle avait besoin de parler, cet enfant qui ne comprend rien en classe et à qui tu as réexpliqué pour la 4e fois son exercice, ce trisomique avec qui j’ai joué pendant une demi-heure alors que j’avais bien d’autres choses à faire. Oui, tous ceux-là : c’était moi, le Christ aux mille visages, avec des yeux interrogateurs, la bouche ouverte, les mains tendues, le cœur en attente et le corps aussi.

« J’étais trop nombreux, trop différents pour que tu puisses m’identifier et pourtant, c’était moi, bien moi, à chaque fois que tu l’as fait, à chaque fois que tu ne l’as pas fait. C’est de moi que tu t’es occupé, si tu as fait attention. C’est moi que tu as laissé tomber lorsque tu t’es détourné ».

C’est donc sur l’amour des autres, exclusivement sur l’amour, que nous serons jugés ; et sur un amour très simple : donner à manger, à boire, habiller, visiter, soigner et ce sera, le grand tri, je devrais dire « c’est déjà » le jugement… parce que ce Juge qu’ils croiront voir pour la première fois, les hommes l’auront rencontré depuis longtemps, tout au long de leur vie quotidienne : l’homme a déjà affaire au Juge céleste à chaque fois qu’il est devant son prochain.

En réalité, c’est maintenant, dans l’instant présent que mes gestes d’amour ou d’égoïsme, sont décisifs pour ma destinée.

Pas plus les sauvés que les damnés n’ont réalisé que c’était dans leur vie quotidienne que s’est joué le verdict définitif. Ainsi, ce jugement que nous imaginons futur est en fait un « événement permanent ».

C’est « aujourd’hui », c’est tous les jours, le jour de notre jugement.

Dieu n’aura pas à juger les hommes : c’est leur conduite qui les aura jugés tout au long de leur vie.

Dieu n’aura rien de plus à faire que de nous dévoiler ce qui était caché dans chacune de nos journées. La vie éternelle, elle est déjà bien commencée, bien engagée, déjà jouée, peut-être pour chacun d’entre nous. Le temps de notre vie est un temps de brouillard : nous avons du mal à mesurer les conséquences de nos actes, l’importance des décisions que nous prenons. Des choix sont faits, des décisions sont prises sans que l’on n’ait jamais tous les éléments suffisants pour apprécier avec justesse leurs effets positifs ou pervers.




Christ Roi de l’Univers (Mt 25, 31- 46) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Accueillir l’Amour, pour soi et pour les autres ... »

  (Mt 25, 31-46)

  En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :
il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”
Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”
Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

                         

           

            Nous sommes ici à la fin du monde. Toute l’humanité est ressuscitée et rassemblée autour du Christ en gloire. Voilà déjà une formidable bonne nouvelle, pleine d’espérance. En effet, dit le Christ en St Jean, « l’heure vient, où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu et sortiront »… Tous les morts ressusciteront donc. « Ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie » (Jn 5,28‑29). C’est ce que dit ici Jésus : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparés depuis la fondation du monde »… Or le Père bénit tous les hommes, tous, sans aucune exception, depuis leur création « à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28 : « Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds » »…), et ensuite tout au long de leur vie : « Votre Père qui est aux cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes ». « Le Seigneur Dieu est » en effet « un soleil : il donne la grâce » en donnant l’Esprit Saint, « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), « il donne la gloire » (Ps 84(83),12) en donnant encore et toujours l’Esprit Saint,  « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14). « Les bénis du Père » sont donc toutes celles et ceux qui lui ont ouvert leur cœur, et ont effectivement reçu ce Don de Dieu offert à tous. « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22). Or, « le fruit de cet Esprit » reçu gratuitement de l’Amour est « amour, joie, paix » (Ga 5,22). Amour pour Dieu bien sûr, mais aussi au même moment pour tous ceux et celles qui cheminent eux aussi sur cette terre, et tout spécialement ceux qui en ont le plus besoin : « les affamés, les assoiffés, les étrangers, les malades, les prisonniers ». En contribuant à leurs besoins, les « bénis du Père » manifestent bien qu’ils sont dans ce courant d’amour et de vie qui ne pourra que s’épanouir dans l’éternité auprès de Dieu, « à sa droite »…

            « On reconnaît l’arbre à ses fruits » (Mt 7,16). Les autres, qui n’ont rien fait, manifestent qu’ils ne vivent pas sous l’impulsion de l’Amour : ils n’ont pas accueilli en leur cœur la bénédiction du Père, le Don de l’Esprit d’amour et de vie. Pour eux, que se passera-t-il ? « Ceux qui auront fait le mal sortiront pour une résurrection de jugement » (Jn 5,28-29). Or Dieu ne juge jamais au sens de « condamner » (cf. Rm 8,31-39). « Dieu en effet a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16‑17). Au pécheur, il ne cesse de donner son Amour et sa bénédiction, et cela avec d’autant plus de force qu’il est bouleversé par sa souffrance, sa détresse. Car le mal ne peut qu’engendrer « souffrance et angoisse pour quiconque le commet » (Rm 2,9). Alors, quelle sera la réaction « des méchants, des injustes » ? Accepteront-ils enfin de se repentir, de faire la vérité dans leur vie, comme le fils prodigue (Lc 15,11-32) ? Espérons-le, car avant même qu’ils aient commencé à dire « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi », ils se retrouveront dans ses bras, couverts de baisers et de tendresse…                                                                                                            DJF




33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 14-30) par D. Alexandre ROGALA

Depuis quelques années dans l’Église, nous nous interrogeons sur la place des femmes. Lors de la première session générale du Synode pour une Église synodale à Rome, la question l’ordination des femmes a même été évoquée. Il est assez courant d’entendre des personnes critiquer le modèle patriarcal de l’Église. Moi le premier ! Nous avons tendance à nous souvenir uniquement des versets bibliques qui présentent les femmes comme inférieures aux hommes, et nous généralisons: « Les auteurs bibliques sont tous misogynes ! ». Nous oublions qu’il existe aussi des textes bibliques qui parlent de la femme autrement et qui font son éloge.

La première lecture fait partie de ces textes. Il s’agit d’un extrait du dernier chapitre du Livre des Proverbes (ch. 31) qui est, j’ose le dire, « féministe ».

Ce texte fait le portrait de la « femme parfaite », et celle-ci est l’opposée de la « femme soumise ». Le femme de valeur travaille et prend des initiatives: « Elle sait choisir la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers » (v. 13). La femme de valeur sait aussi être généreuse et tendre la main aux pauvres (v. 20). Une telle femme est digne de louange ! (v. 30-31)

L’Église est appelée à avoir les mêmes qualités que cette « femme parfaite » de la première lecture si elle veut « entrer dans la joie de son maître ».

Comme la semaine dernière, le texte d’évangile d’aujourd’hui (Mt 25, 14-30) est une parabole prononcée par Jésus dans le cadre du discours eschatologique des chapitres 24-25 de l’Évangile selon saint Matthieu. Jésus veut une fois de plus, nous mettre en garde pour nous éviter une issue négative au jour du jugement.

Le maître de la parabole représente Jésus, et à travers les serviteurs, ce sont les différentes options de comportement des croyants pendant l’absence de Jésus sur terre qui sont décrites.

Une première remarque que nous pouvons faire est que les tâches que les disciples ont à remplir sont distribuées de manière individuelle, car à chacun des serviteurs est confiée une somme d’argent différente « en fonction de ses capacités ». Mais cette différence de capacité, ne s’inscrit pas dans une logique de valeur et de mérite.

Faisons une petite digression, éclairons l’Écriture par l’Écriture, et relisons un extrait du célèbre passage sur les charismes de la Lettre de saint Paul aux Corinthiens qui fait écho à la « parabole des talents » de Jésus:

« Les dons de la grâce sont variés, mais cest le même Esprit. Les services sont variés, mais cest le même Seigneur. Les activités sont variées, mais cest le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de lEsprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par lEsprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans lunique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné dopérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à lun, de parler diverses langues mystérieuses ; à lautre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, cest lunique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier ».(1 Co 12, 4-11)

Quand nous lisons dans la parabole que le maître donne « à chacun selon ses capacités », il faudrait peut-être comprendre « selon la diversité des charismes ». Puisqu’il est un don de l’Esprit Saint, chaque charisme a une grande valeur. D’ailleurs, le « talent » que le maître donne à ses serviteurs dans la parabole est une somme d’argent colossale ! Elle correspond à 6000 deniers, c’est à dire au salaire de 6000 journées de travail. Même celui qui n’a reçu qu’un talent a donc reçu une somme d’argent énorme !

La somme d’argent reçue, comme le charisme, n’implique pas une hiérarchie entre les disciples. Alors qu’au départ, ils n’avaient pas reçu la même somme d’argent, le fait qu’à la fin, les deux serviteurs qui ont agi selon la volonté du maître, soient honorés exactement de la même manière le prouve: « entre dans la joie de ton seigneur »

Disons-le en passant, si à la fin, tout le monde reçoit la même récompense, il est inutile d’envier le talent d’une autre personne.

Regardons maintenant de plus près l’attitude du « serviteur mauvais et paresseux » car c’est justement sur lui qu’insiste Jésus pour nous mettre en garde afin que nous ne nous ne faisions pas comme lui.

D’où vient son inaction ? Pourquoi a-t-il caché le talent dans la terre ?

Le serviteur se sent obligé de se justifier. Il cherche à expliquer son comportement au maître. Il dit: « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu nas pas semé, tu ramasses là où tu nas pas répandu le grain. Jai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre » (v.24-25).

Le serviteur dit avoir eu peur de son maître. Mais craindre le Seigneur n’est pas quelque chose de positif ? N’avons nous pas lu dans la première lecture que la « femme parfaite est justement celle qui craint le Seigneur ? « La femme qui craint le Seigneur mérite la louange » (Pr 31, 30).

En fait, dans la Bible, la « crainte du Seigneur » désigne le sens de la grandeur de Dieu et la conscience de la distance entre Dieu et nous. En régime chrétien, la « crainte du Seigneur » est un don de l’Esprit Saint qui suscite non seulement une attitude d’humilité et d’émerveillement, mais aussi la prise au sérieux de la volonté de Dieu.

Dans la parabole, la peur du troisième serviteur ne peut pas être le don de l’Esprit Saint, car cette peur l’a complètement paralysé et l’a conduit à faire tout le contraire de la volonté du Seigneur.

La peur du troisième serviteur prend racine dans l’image qu’il se fait de son maître, qu’il considère comme un homme dur. Or, pour nous qui entendons cette parabole aujourd’hui, nous savons bien que cette image ne peut pas s’appliquer à Jésus.

Jésus est tout le contraire d’un maitre dur. D’ailleurs dans ce même évangile selon saint Matthieu, il se définit lui-même par sa douceur: « je suis doux et humble de cœur » (11, 29), et il est capable de montrer sa compassion (9, 36 par ex.).

Alors, écoutons l’exhortation de saint Paul dans la deuxième lecture: « Ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres » (1 Th 5, 6).

N’ayons pas peur, et accomplissons avec assurance, la mission qui nous est confiée par le Seigneur selon notre charisme personnel.

Ainsi, le jour où notre Seigneur Jésus reviendra à la fin des temps, « ne nous surprendra pas comme un voleur » (cf. 1 Th 5, 4). Pleins de confiance, nous pourrons aller à la rencontre du Seigneur, et il nous dira, peut-être avec les mots du psalmiste: « Heureux es-tu ! À toi, le bonheur ! »  (Ps 127, 2)




Audience Générale du Mercredi 15 Novembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 Novembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 26. L’annonce est joie

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir rencontré divers témoins de l’annonce de l’Évangile, je propose de résumer ce cycle de catéchèses sur le zèle apostolique en quatre points, inspirés par l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium, qui fête ce mois-ci ses dix ans. Le premier point, que nous examinons aujourd’hui, le premier des quatre, ne peut concerner que l’attitude dont dépend la substance du geste évangélisateur : la joie. Le message chrétien, comme nous l’avons entendu dans les paroles adressées par l’ange aux bergers, est l’annonce d’une « grande joie » (Lc 2,10). Et la raison ? Une bonne nouvelle, une surprise, un bel événement ? Bien plus, une Personne : Jésus ! Jésus est la joie. C’est Lui le Dieu fait homme qui est venu chez nous ! La question, chers frères et sœurs, n’est donc pas de savoir s‘il faut l’annoncer, mais comment l’annoncer, et ce « comment » est la joie. Ou nous annonçons Jésus avec joie, ou nous ne l’annonçons pas, parce qu’une autre voie pour l’annoncer n’est pas capable de porter la vraie réalité de Jésus.

C’est pourquoi un chrétien mécontent, un chrétien triste, un chrétien insatisfait ou, pire encore, en proie au ressentiment ou à la rancœur n’est pas crédible. Celui-ci parlera de Jésus mais personne ne le croira ! Une personne m’a dit un jour, en parlant de ces chrétiens : « Mais ce sont des chrétiens à visage de morue ! », c’est-à-dire sans aucune expression, ils sont comme ça, et la joie est essentielle. C’est essentiel de veiller sur nos sentiments. L’évangélisation met en œuvre la gratuité, parce qu’elle vient de la plénitude et non de la pression. Et quand on fait une évangélisation – on veut la faire mais cela ne va pas – sur la base d’idéologies, ce n’est pas cela évangéliser, ce n’est pas l’Évangile. L’Évangile n’est pas une idéologie : l’Évangile est une annonce, une annonce de joie. Les idéologies sont froides, toutes. L’Évangile a la chaleur de la joie. Les idéologies ne savent pas sourire, l’Évangile est un sourire, il te fait sourire parce qu’il touche l’âme avec la Bonne Nouvelle.

La naissance de Jésus, dans l’histoire comme dans la vie, est le principe de la joie : pensez à ce qui est arrivé aux disciples d’Emmaüs qui dans la joie ne pouvaient pas croire, et aux autres, puis à l’ensemble des disciples, lorsque Jésus se rend au Cénacle, qui ne pouvaient pas croire à cause de la joie (cf. Lc 24, 13-35). La joie d’avoir Jésus ressuscité. La rencontre avec Jésus apporte toujours de la joie, et si cela ne t’arrive pas, ce n’est pas une vraie rencontre avec Jésus.

Et ce que Jésus fait avec les disciples nous révèle que les premiers à être évangélisés sont les disciples, les premiers qui doivent être évangélisés c’est nous, chrétiens : c’est nous. Et c’est très important. Immergés dans le climat actuel, rapide et confus, même nous en effet nous pouvons nous aussi vivre la foi avec un sens subtil du renoncement, convaincus que l’Évangile n’est plus audible et qu’il ne vaut plus la peine de s’engager pour l’annoncer. Nous pourrions même être tentés par l’idée de laisser « les autres » suivre leur propre chemin. En revanche, c’est précisément le moment de revenir à l’Évangile pour découvrir que le Christ « est toujours jeune et source constante de nouveauté » (Evangelii gaudium, 11).

Alors, comme les deux d’Emmaüs, on retourne à la vie quotidienne avec l’élan de celui qui a trouvé un trésor : ils étaient joyeux ces deux disciples, parce qu’ils avaient trouvé Jésus et il leur a changé la vie. Et l’on découvre que l’humanité regorge de frères et de sœurs qui attendent une parole d’espérance. L’Évangile est également attendu aujourd’hui : l’humanité d’aujourd’hui est comme l’humanité de tout temps : elle en a besoin, même la civilisation de l’incroyance programmée et de la sécularité institutionnalisée ; et mème, surtout la société qui laisse déserts les espaces du sens religieux a besoin de Jésus. C’est le moment favorable pour l’annonce de Jésus. C’est pourquoi je voudrais redire à tous : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. (ibid., 1) ». N’oublions pas cela. Et si l’un d’entre nous ne perçoit pas cette joie, qu’il se demande s’il a trouvé Jésus. Une joie intérieure. L’Évangile emprunte le chemin de la joie, toujours, c’est la grande annonce. J’invite chaque chrétien, où qu’il soit, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre avec Jésus-Christ. Que chacun d’entre nous prenne aujourd’hui un peu de temps et médite : « Jésus, Tu es en moi : je veux Te rencontrer tous les jours. Tu es une Personne, pas une idée ; Tu es un compagnon de route, pas un programme. Tu es Amour qui résout tant de problèmes. Tu es le principe de l’évangélisation. Toi, Jésus, tu es la source de la joie ». Amen.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment les groupes de religieuses de Bordeaux et de Castres, les fidèles et les élèves venus de France.

Je vous invite tous à renouveler aujourd’hui votre rencontre personnelle avec le Christ qui est l’origine de l’Évangélisation et la source de toute joie !

Que Dieu vous bénisse !





33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 14-30) – par Francis COUSIN

« Avoir confiance ou peur … »

 La parabole des talents, que nous lisons ce jour a été dite par Jésus à ses seuls apôtres. C’est donc une parabole qui les concerne principalement, … et nous aussi, en tant que baptisés, nous aussi disciples de Jésus.

C’est une parabole qui est confiée aux apôtres peu de temps avant que Jésus ne meurt, et qu’il parte pour un long voyage. C’est un peu comme une feuille de route que Jésus propose à ses apôtres : il les appelle « et leur confia ses biens ».,

Quels biens ? lui « qui n’avait pas d’endroit où reposer sa tête » ? (Mt 8,20). Des biens matériels ? Aucuns, sans doute : il ne vivait que d’aumônes et de partages. Mais il avait donné tout son enseignement, trois ans de discussions avec ses apôtres … et c’est à eux qu’il confie ce cadeau inestimable … « à chacun selon ses capacités. », non pas actuelles, ils n’ont pas passé d’examen … mais les capacités futures. Jésus savait déjà ce que ferait chacun.

Et il donne des talents, dans notre compréhension actuelle … 5 talents, 2 talents, 1 talent.

Et il partit …

Aussitôt, chacun s’évertua de faire fructifier ses talents, de leur donner vie en faisant découvrir aux autres l’enseignement de Jésus …

Sauf un, peut-être Judas … qui alla enterrer son talent … qui devint inutile. Le maître absent devient ignoré, en même temps que le talent : il n’existe plus pour lui.

Qu’est-ce qui fait la différence entre ceux qui ont plusieurs talents et Judas ? La confiance réciproque entre Jésus et les onze apôtres … et l’absence de confiance réelle de Judas vis-à-vis de Jésus.

Judas a peur de Jésus, une peur qui l’empêche de parler à Jésus, de lui demander pardon … une peur qui l’empêche de croire à l’amour de Jésus qui est toujours là, et en sa miséricorde …

il préfère fuir et se pendre …

Dommage pour lui … « Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ! », c’est-à-dire « Jetez-le en enfer »

Il aurait pu faire comme Pierre, lors de son reniement : « Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : ’’Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois.’’. Il sortit et, dehors, pleura amèrement. » (Lc 22,61-62). Pas une seule parole entre les deux, mais un regard d’amour auquel répondit un regard de regret, et Pierre sût qu’il était pardonné …

La confiance n’a pas besoin de mots …

Mais il faut avoir les yeux fixés sur ceux de Jésus pour le comprendre …

Ce sont les mêmes talents que Jésus nous confie aujourd’hui, à la suite des apôtres : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les (ou faites-les baptiser) au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,19-20).

Dans la confiance, et dans l’amour partagés … en sachant que Jésus est toujours avec nous, et que quand cela va mal pour nous, il suffit de dire : « Seigneur, sauve-moi ! », alors il étendra la main et nous remettra d’aplomb. (cf Mt 14,30-31)

Et surtout pensons que Jésus regarde toujours vers l’avenir … et non pas le passé …

« Quand le Seigneur nous appelle, il ne pense pas à ce que nous sommes, à ce que nous étions, à ce que nous avons fait ou cessé de faire. Au contraire, au moment où il nous appelle, il regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l’amour que nous sommes capables de propager. Lui parie toujours sur l’avenir, sur demain. Jésus te projette à l’horizon, jamais au musée. (…)

Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la ‘‘folie’’ de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. » (Pape François, JMJ Cracovie, 30 juillet 2016).

Et ce qui est vrai pour les jeunes … est aussi valable pour les plus âgés …

Seigneur Jésus,

trop souvent on entends des gens dire

« je ne suis pas capable »

avant même d’essayer …

Heureusement que Toi,

tu avais confiance en tes apôtres,

tu as cru en eux, et eux ont cru en toi.

Aide-nous à découvrir nos talents cachés

pour les mettre à ton service

et à celui de nos frères.

 

Francis Cousin

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Prière dim ord A 33°

 




Rencontre autour de l’Évangile – 33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 14-30)

«  Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. « 

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 25, 14-30)

Jésus parle de sa venue à la fin des temps. La parabole des talents vient juste après celle des jeunes filles invitées de la noce.

 

Soulignons les mots importants 

Lire attentivement la parabole.

Il appela ses  serviteurs, il leur confia ses biens : que penser du comportement de ce  maître ?

Chacun selon ses capacités : Qu’est-ce que cette expression nous apprend de ce maître  et de ses  serviteurs?

Les talents : Aujourd’hui on emploie ce mot dans certaines expressions courantes. Lesquelles ? Savons-nous  ce qu’il représentait au temps de Jésus ?

Aussitôt : Pourquoi ce mot dans la parabole ?

Longtemps après : Jésus insiste souvent sur ce long temps qui sépare le présent de sa venue. Pourquoi ?

Seigneur…Tu m’as confié…A qui nous fait penser ce mot « Seigneur » ?

J’en ai gagné… : Qu’est-ce qu’il a fallu comme qualité pour cela ?

Serviteur bon et fidèle… je t’en confierai beaucoup entre dans la joie de ton maître : quel est le sens de ces paroles pour nous chrétiens ?

J’ai eu peur… : que penser de cette « peur » ? Est-ce de la prudence de la part du troisième serviteur ?

Serviteur mauvais et paresseux : Qu’est-ce qu’il lui est reproché en réalité ?

Celui qui a recevra encore : Comment cela ?

Jetez -le dehors : Pourquoi cette sévérité ?

 

Pour l’animateur  

A la fin de la parabole des jeunes filles de la noce, Jésus disait «  veillez ». Mais comment veiller ? Cette parabole des talents donne une réponse. C’est une sorte de fable racontée avec le langage des affaires. Le talent était à la fois un poids et une monnaie. Comme poids, le talent équivalait à 35 kg. Il se divisait en «  mines » et en « sicles ». Un talent = 150.000 sicles. Il servait à peser les métaux précieux.

En tant que monnaie, le talent d’argent = 6000 F or ;  le talent d’or : 150.000 F or. Donc, dans la parabole, il s’agit d’une somme très importante. Celui qui a reçu un talent  a en main l’équivalent de plus de quinze ans de salaire d’un ouvrier de l’époque.

Il leur «confia ses biens » : C’est un acte de confiance sans limite.

Il laisse toute liberté pour la gestion de ces sommes. Il tient compte des capacités de chacun. Chacun est unique et différent Il y a un appel et une responsabilité confiée. Les « serviteurs » deviennent des partenaires « gérants »..

Le mot « aussitôt » souligne l’empressement des deux premiers serviteurs : ils se risquent dans des opérations qui leur permettent de doubler leur capital.

Le troisième enterre son talent : il joue la prudence. Dans le droit juif, enterre un dépôt, c’était pour un maximum de sécurité et une manière pour le dépositaire de se dégager de toute responsabilité.

Longtemps après, (le long temps de la mission, temps pour mettre à profit les biens reçus) c’est l’heure des comptes. Les serviteurs s’adressent  à leur maître  en l’appelant « Seigneur » : ce mot rappelle au lecteur que le Seigneur Jésus demandera à son Eglise  les comptes de sa gestion des biens du Royaume.

Voici ce que « j’ai gagné » : les deux premiers serviteurs ont géré les biens du maître comme leurs propres biens : ils ont agi en partenaires et non comme esclaves. Le maître reconnaît la valeur de cette attitude : « très bien serviteur bon et fidèle ». Les deux serviteurs ont la même promotion et la même récompense « je t’en confierai beaucoup, entre dans joie de ton maître » parce que chacun est allé jusqu’au bout de ses capacités.  Au sens profond, nous comprenons qu’au chrétien qui gère bien tous les talents reçus (toutes les richesses spirituelles, ses dons personnels, ses biens…) en vrais fils et filles de Dieu participera pleinement au Royaume de Dieu.

Le troisième a eu peur. Il est traité de paresseux, bon à rien. Il n’a pas fait comme si le talent était à lui « voilà ton talent » « ce qui t’appartient. Ce n’est pas une attitude responsable digne des dons reçus. Il s’est conduit comme un esclave.

« Celui qui a » : celui qui a acquis un capital de fidélité, celui-là recevra sa récompense.  Celui qui n’a rien produit, n’a rien de fait de mal ; mais, pire, il n’a rien fait. Il n’est pas digne du Royaume. Le verdict du maître souligne le sérieux de l’enseignement de Jésus sur tout ce qu’il a confié à son Eglise et à chaque baptisé.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur, donne-nous de prendre au sérieux tout ce que tu nous as confié : nous pouvons en faire le compte. Tu nous fais confiance. Tu as été généreux envers nous : nous ne le réalisons pas toujours. Délivre-nous de la peur.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie         

Selon notre état de vie et notre vocation personnelle, le Seigneur a remis entre nos mains des « talents », c’est-à-dire des « dons de l’Esprit » liés aux responsabilités qui sont les nôtres pour nous mettre au service des autres.

Quels sont ces « dons ou talents  » que le Seigneur nous a confiés ? (chacun est invité à faire le compte pour soi-même)

Chacun a reçu aussi des « dons », des « capacités » : comment les faisons-nous produire du fruit pour le Royaume de Dieu ? Comment les mettons-nous au service des autres ?

Et ce bien si précieux qu’est notre vie et dont nous sommes les gérants ?

 

Et il y a toutes les richesses spirituelles que le Seigneur a laissées à son Eglise : sa Parole, les sacrements…Il y a quelques années, lors d’une visite en Métropole, le pape Jean-Paul II s’adressait aux chrétiens en leur disant : « Qu’avez-vous fait de votre baptême ? »

Nous pouvons nous poser la même question.

Nous ressemblons parfois au troisième serviteur : nous l’allons peut-être  pas jusqu’au bout de nos possibilités…par peur du risque.

Ensemble prions  

« Seigneur, pardonne-nous d’avoir, souvent, enfoui les trésors de notre cœur dans un bas de laine et d’avoir eu peur de prendre des risques!

Nous n’avons pas toujours su aimer à fond, à pleins poumons.

Te considérant parfois plus comme un Juge sévère que comme un Père, nous avons observé, méticuleusement, scrupuleusement, tous tes commandements. Nous avons ainsi, peu à peu, transformé ton Alliance d’Amour en devoirs religieux. Par excès de prudence et par manque de confiance, nous avons canalisé et figé la lave incandescente de ta Bonne Nouvelle.

Nous avons, souvent, enfoui les trésors de la foi, de l’espérance et de la charité, dans le maquis des préceptes à observer. » (Michel Hubaut)

 

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33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 14-30) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Aimer, c’est recevoir et se donner soi-même ... »

  (Mt 25, 14-30)

  En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt,
celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres.
De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.
Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.
Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.”
Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.”
Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.
J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.”
Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.
Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.
Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” ».

                           

La mort de Jésus est désormais toute proche. Très bientôt, « il partira en voyage », l’ultime voyage, en confiant à ses disciples le soin de continuer sa mission : annoncer la Bonne Nouvelle de ce Dieu Père, plein d’amour et de tendresse pour tous les hommes. Pour cela, il leur « confiera ses biens », tous ses biens, en leur donnant cet Esprit Saint (Ac 1,8) qu’il reçoit Lui-même du Père, un Esprit qui communiquera à chacun ses Dons différents (1Co 12,7-11), pour le bien de tous…

Le disciple de Jésus, en croyant en Lui, s’est ouvert à l’Amour de Dieu, à son infinie Miséricorde. Avec Lui, il a découvert « où » se trouve la vraie Plénitude, et du même coup, tout ce qui lui est contraire. Aidé par la Force de cet Amour, il va apprendre petit à petit à s’aimer lui-même en rejetant tout ce qui le souille, le blesse, le fait souffrir, le détruit, et l’empêche finalement d’accueillir cette Plénitude de Vie que Dieu veut voir régner au cœur de tous les hommes. Entraîné dans cette logique d’Amour, il ne pourra aussi qu’apprendre petit à petit à aimer tous ceux et celles qui l’entourent, à désirer le meilleur pour eux, ce meilleur qu’il a expérimenté en accueillant le Christ et le Don de sa Vie. Aimer son prochain ne pourra alors qu’être synonyme de travailler à son bien pour qu’il puisse accueillir lui aussi cette Plénitude de Vie offerte gratuitement à tous.

Dans cette parabole, deux disciples reçoivent l’un cinq Dons de l’Esprit, l’autre deux. Ils les accueillent vraiment et entrent donc dans cette dynamique d’Amour qui ne peut que chercher le bien de l’autre, de tous les autres. Et en puisant dans ce Trésor dont ils sont eux-mêmes les premiers heureux bénéficiaires, ils travaillent activement à l’annonce de l’Evangile…

Le Maître donne aussi un talent à un troisième, mais contrairement aux deux premiers, il ne le reçoit pas vraiment et il enterre ce Don de Lumière et de Vie, comme on le fait pour un mort. Son cœur ne peut qu’être dans les ténèbres. « Si la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! » (Mt 6,23). Et c’est à « la lumière » de ces « ténèbres » qu’il va regarder son Maître. Sa perception ne pourra qu’en être faussée… Il est « doux et humble de cœur », « bouleversé » devant la souffrance des hommes ? « Tu es un homme dur ! » Il n’est que Bonté ? « Tu moissonnes là où tu n’as pas semé », comme le pire des voleurs… Autrement dit, ce n’est pas la Lumière qu’il voit, mais ces ténèbres qui l’habitent : tout pour lui devient ténèbres. Hélas, il est bien sous « l’empire de Satan », ce « voleur qui ne vient que pour voler, égorger et faire périr » (Ac 26,18 ; Jn 10,10). Aurait-il quelque chose ? Avec un tel maître, de toute façon, « il se fera enlever même ce qu’il a ». S’il avait choisi la Vérité et la Lumière de l’Amour, n’aurait-il rien eu au départ, sinon sa misère et son péché, la Miséricorde infinie de Dieu aurait eu vite fait de tout lui pardonner pour le combler, car l’Amour ne sait que donner et donner encore. C’est pourquoi, « celui qui a », pour l’avoir reçu de l’Amour, ne pourra que recevoir et recevoir encore, pour sa plus grande joie !    DJF