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33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 14-30) – Homélie du Père Louis DATTIN

Talents

Mt 25, 14-30

Aujourd’hui, frères et sœurs, nous sommes appelés à prendre conscience de ce qu’exige notre vocation de chrétien.

Être chrétien, ce n’est pas rien : nous avons beaucoup, beaucoup reçu. Au départ, il y a eu le Baptême, devenus fils de Dieu, nourris ensuite par l’Eucharistie, nous sommes aussi confirmés, pardonnés à chaque fois que nous avons péché, réconfortés alors que nous étions malades, fortifiés pour vivre une vie conjugale ou sacerdotale : sans oublier la Parole de Dieu, le soutien de l’Église, … Oui, c’est vrai, ce que nous avons reçu est énorme : d’ailleurs, un « talent », dans le temps, c’était aussi une somme énorme, environ « 35 kg d’or » qui correspondait au salaire de 6 000 journées de travail d’un ouvrier.

« Il leur confia ses biens, à chacun, selon ses capacités ». Dieu nous a beaucoup donné : Dieu espère beaucoup de nous ! Il fait confiance, nous laisse un capital conséquent et il va même partir en voyage, nous laissant le soin du domaine. Bien sûr, il reviendra et nous demandera des comptes : c’est dans l’ordre des choses. Mais, en attendant, c’est nous, les chrétiens, c’est nous, qui devenons responsables de la fortune de Dieu.

Dieu me confie ses biens : il ne suffit pas de veiller les bras croisés ou les mains jointes. Il faut être actifs, entreprenants.

Deux serviteurs font fructifier ce que le Seigneur leur a donné, le troisième enterre l’unique talent qui lui a été remis. Après tout, ce 3e, il est honnête : il va rendre à son maitre ce que son maitre lui a confié. Il est même prudent : il va enterrer, ce trésor de 6 000 francs or. Honnête, prudent : ce ne sont pas des qualités chrétiennes prioritaires. Avec tout ce qu’il a reçu, le chrétien, lui, doit être avant tout dynamique, constructif, productif. Dieu ne nous a pas confié sa création, son amour, l’Évangile, le message de son Fils, pour le garder pour nous, à notre profit personnel : nous devons rendre compte, un jour de la façon dont nous aurons mis en valeur tout ce que Dieu m’a donné.

Autrement dit, nous devenons  responsables, responsables non pas comme un gardien de coffre-fort, mais responsable comme un entrepreneur, comme un architecte.

Au départ, Dieu nous donne les matériaux : à chacun de nous de les utiliser au mieux pour en faire un chef-d’œuvre qui sera celui de notre vie.

Ma vie chrétienne n’est pas quelque chose à garder soigneusement, à veiller jalousement, un trésor à cacher. Elle est, au contraire, un capital à multiplier, une somme à placer pour la faire produire et fructifier : le chrétien ne se contente pas de conserver et de restituer.

Dieu nous a dotés en plus, chacun également, de qualités et aussi d’une liberté d’initiatives qui va nous permettre de mettre en œuvre toute une créativité, une participation qui ne sera d’ailleurs pas uniquement extérieure à nous, mais dont nous serons, nous-mêmes, les premiers bénéficiaires.

On a souvent confondu christianisme avec conservation. Il fallait « garder », « protéger », « veiller sur », observer les commandements, conserver la foi qui nous a été transmise comme un précieux dépôt. Dans les banques, il y a deux sortes de capitaux : ceux qui dorment, enfermés dans la salle des coffres, improductifs et ceux qui travaillent sur le marché ; investis, ils alimentent le marché du travail, de la production, de l’entreprise. Il y a l’argent qui travaille et l’argent qui dort.

Eh bien, dans l’Eglise aussi, il y a la grâce de Dieu qui travaille et celle qui ne travaille pas. Dieu donne à chacun sa grâce, sa vie, ses biens : qu’en faisons-nous ? Est-ce-que nous capitalisons ce que Dieu nous a donné et qui ne servira jamais à rien parce que nous ne le communiquons pas aux hommes de notre temps ? Un capital qui dort parce que son propriétaire est un chrétien assoupi ou au contraire, une somme de grâces qui va, comme dit le monde financier, « faire des petits » parce qu’il est lancé sur le marché des hommes, placé à bon escient, investi par des chrétiens actifs, avisés, entreprenants, qui se risquent et qui se lancent dans le monde de l’évangélisation, de la charité, de l’apostolat.

Ce capital de ma foi, va-t-il donner de la foi aux autres ? Cet amour de mon cœur va-t-il être partagé et se répandre ? Cette espérance qui est mienne, va-t-elle soulever l’espoir des hommes autour de moi ?

            Ne pas garder pour moi ce dont les autres ont tant besoin : ils ont droit à notre foi, droit à notre amour, ils réclament notre espérance. Rappelez-vous cette affiche d’une banque où l’on voyait un homme au regard vif qui disait : « Votre argent m’intéresse ».

Les hommes les plus conscients des besoins de notre époque disent aux chrétiens la même chose : « Vos talents, votre foi, votre espérance, votre charité nous intéressent ». Ce que vous avez reçu, c’est la clé qui ouvre la vraie porte, le mot de passe qui nous fait aller plus loin, le passeport qui nous permet de passer dans le pays VRAI : celui de Dieu.

Ces clés, ces mots de passe, ces passeports, ces messages qui ne doivent pas rester secrets : les garderons-nous pour nous ? Allons-nous les enterrer, les mettre au coffre ou bien les mettre à disposition de tous ?

Oui, c’est vrai, nous avons reçu un trésor, nous avons, depuis notre Baptême, notre Confirmation, dans notre Evangile, un véritable trésor : qu’en faisons-nous ? Sert-il à quelque chose ?

Ces « talents », nous ne devons pas les garder pour nous en disant : « Moi, je fais mon salut. Je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver. Que les autres se débrouillent, c’est leur problème ».

Dieu ne nous donne que pour distribuer à notre tour, pour partager, pour rayonner. Un don gardé pour soi est une valeur qui pourrit parce qu’elle n’est pas utilisée, comme une nourriture gardée trop longtemps au frigidaire. Tout ce que Dieu nous donne est offert par Dieu pour que je l’offre aux autres.

Rappelez-vous les dernières paroles de Jésus avant l’Ascension : « Maintenant, allez, évangélisez ; de toutes les nations faites des disciples ». Evangéliser, c’est faire fructifier les talents confiés. Posons-nous la question : « Est-ce-que je suis un secours pour les autres ? Est-ce-que je porte aux autres une espérance ? Peuvent-ils compter sur mon partage ? Bénéficient-ils, eux aussi, de tous les talents que j’ai reçus du maître ?

En cette période de crise monétaire, toutes les bourses de New-York, Londres, Paris, Tokyo peuvent s’affoler, toutes les monnaies peuvent perdre des points et les courbes plonger. Les valeurs évangéliques, elles, celles qui justement sont toujours stables et actuelles, ces valeurs-là, ont-elles « la côte » aux yeux des hommes grâce à des chrétiens qui les lancent sur le marché et les font apprécier comme étant les seules qui ne peuvent pas se dévaluer, s’écrouler, ces valeurs qui, dit la liturgie, « ne passent pas » mais « demeurent » ?

Frères et sœurs, nous sommes les gérants de cette fortune, ne la cachons pas dans l’oreiller sur lequel nous dormirons. Lançons la aux quatre coins du monde afin qu’elle puisse fructifier. N’ayons pas « peur » comme le 3e serviteur, mais usons de l’audace que la liberté de Dieu nous accorde, afin que le maître, à son retour, puisse nous dire, à nous aussi : « Très bien ». AMEN




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 15-21) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

L’autre jour, un prêtre qui a été missionnaire en Centrafrique me racontait que lorsqu’il était là-bas, des gens venaient  régulièrement au presbytère pour mendier. Il frappaient à la porte, et lorsque l’un des prêtres ouvrait, ils criaient: « Matthieu 7, 7 » ! Il s’agit du verset dans lequel Jésus dit à ces disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ».

En citant ce verset de l’Évangile, ces pauvres essayaient de forcer les prêtres à répondre à leurs besoins.

Cependant, il me semble que lorsque Jésus dit « « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez », il  ne parle pas de biens matériels. Ce sont plutôt les biens spirituels que Jésus nous invite à demander et à rechercher.

Pourquoi ne chercherions-nous pas la sagesse ?

D’ailleurs, la première lecture tirée du Livre de la Sagesse (Sg 6, 12-26) nous dit que la sagesse « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (v. 12), ou encore que « Celui qui la cherche dès laurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte » (v. 14).

Comment la recherche de la sagesse peut-elle être si simple ?

Un peu plus loin dans le livre, relisant le célèbre épisode d’1 R 3 dans lequel Salomon demande à Dieu de lui donner un cœur sage pour gouverner son peuple, l’auteur du Livre de la Sagesse écrit: « Je savais que je ne pourrais jamais obtenir la sagesse si Dieu ne me la donnait, et il me fallait déjà du discernement pour savoir de qui viendrait ce bienfait. » (Sg 8, 21) Donc pour trouver la sagesse, il suffit de la demander au Seigneur: «  Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ».

Relisons la fin du texte :

« celui qui veille à cause delle sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes delle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre » (v. 15-16).

Relevons tout d’abord qu’il est ici question de « veille » et de « rencontre » comme dans le texte d’évangile de ce dimanche: « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » (Mt 25, 6) ; « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni lheure » (Mt 25, 12).

Ensuite dans notre texte, la sagesse semble personnifiée. L’auteur en parle comme s’il s’agissait d’une personne. Mais qui est-elle ? La Tradition chrétienne l’a identifié à Jésus. Pourquoi pas ?

En ce qui me concerne, je dirai simplement que si l’auteur du Livre de la Sagesse écrit sous l’autorité de Salomon, Jésus lui, affirme qu’il est « bien plus que Salomon » (cf. Mt 12, 42). Ce n’est pas rien, car Salomon est la figure de sagesse par excellence dans l’Ancien Testament.

Soyons donc attentif à l’enseignement de « Rabbi Jésus » sur la sagesse.

Le texte d’évangile de ce dimanche est une parabole qui s’inscrit dans le cadre du long discours eschatologique des chapitres 24-25. Dans ce contexte de « fin des temps », l ‘époux désigne le Christ lors de son retour glorieux, la salle des noces est une image du Royaume des cieux, et les dix jeunes filles représentent la communauté de celles et ceux qui suivent Jésus, c’est à dire nous.

 

Dans cette parabole, cinq des jeunes filles sont « prévoyantes » et « sages » (φρόνιμοι), alors que cinq sont « insouciantes », ou plutôt « insensées » (μωραί). Jésus veut nous mettre en garde, et nous inviter à imiter les jeunes filles sages et prévoyantes. L’enjeu est donc de taille, car la « sagesse » est requise pour entrer dans la salle des noces, c’est à dire dans le Royaume des Cieux.

Que signifie « être sage » ? Quel est le sens de la métaphore des flacons d’huile que prennent avec elles, les jeunes filles sages de la parabole ?

Réfléchissons ensemble ! L’invocation des jeunes filles insensées: « Seigneur ! Seigneur ! Ouvre-nous ! » au v. 11, ne nous est-elle pas familière ? Et, n’y a t-il pas un autre passage dans l’évangile selon saint Matthieu où il est question de deux personnages, l’un « sage / prudent » (φρόνιμος) et l’autre « insensé » (μωρός) ?

En fait, le texte d’évangile que nous avons entendu aujourd’hui fait écho à la fin du chapitre 7 de l’évangile de Matthieu dans lequel l’invocation « Seigneur ! Seigneur ! » est présente, et dans lequel deux hommes, l’un prévoyant et l’autre insensé, s’apparentent aux jeunes filles prévoyantes et insensées de notre parabole. Ce chapitre 7 peut donc nous éclairer et nous permettre de comprendre ce que signifie « être sage » pour Jésus:

À la fin du chapitre 7 nous lisons:

« Ce nest pas en me disant : Seigneur, Seigneur !quon entrera dans le royaume des Cieux, mais cest en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (7, 21).

Nous avons déjà une réponse. S’il faut être « sage » pour entrer dans le Royaume, cette sagesse, c’est faire la volonté du Père Céleste.

Dès lors, se pose la question de savoir comment faire pour être sûr de faire la volonté du Père. Poursuivons notre lecture de la fin du chapitre 7:

« Celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne sest pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison sest écroulée, et son écroulement a été complet. » (7, 24-27)

Tout est dit. Pour faire la volonté du Père, il faut écouter les paroles de Jésus et les mettre en pratique. C’est cela la vraie sagesse. La seule qui est nécessaire pour entrer dans la salle des noces, pour entrer dans le Royaume des Cieux.

Suivant le conseil de Jésus, et à l’exemple de Salomon, tournons-nous vers Dieu le Père, « demandons et recevons ;  cherchons et trouvons » la grâce de cette sagesse véritable. Ainsi au retour glorieux du Christ, comme l’écrit saint Paul dans la deuxième lecture, « nous serons emportés sur les nuées du ciel, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur » (1 Th 4, 17).

Amen !




Audience Générale du Mercredi 8 Novembre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 Novembre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 25. Madeleine Delbrêl. La joie de la foi parmi les non-croyants

Chers frères et sœurs, bonjour !

Au nombre des témoins de la passion pour l’annonce de l’Évangile, ces évangélisateurs passionnés, aujourd’hui je présente la figure d’une femme française du XXe siècle, la vénérable servante de Dieu Madeleine Delbrêl. Née en 1904 et décédée en 1964, elle a été assistante sociale, écrivaine et mystique, elle a vécu pendant plus de trente ans dans les banlieues pauvres et ouvrières de Paris. Eblouie par sa rencontre avec le Seigneur, elle écrit : « Quand nous avons connu la parole de Dieu, nous n’avons pas le droit de ne pas la recevoir ; quand nous l’avons reçue, nous n’avons pas le droit de ne pas la laisser s’incarner en nous ; quand elle s’est incarnée en nous, nous n’avons pas le droit de la garder pour nous : dès lors, nous appartenons à ceux qui l’attendent » (La santità della gente comune, Milan 2020, 71). Beau : beau ce qu’elle écrit…

Après une adolescence vécue dans l’agnosticisme, – elle ne croyait en rien – à vingt ans environ Madeleine rencontre le Seigneur, frappée par le témoignage d’amis croyants. Elle se met alors à la recherche de Dieu, laissant s’exprimer une soif profonde qu’elle ressentait en elle, et comprend que le « vide qui criait dans son angoisse » c’était Dieu qui la cherchait (Abbagliata da DioCorrispondenza 1910-1941, Milan 2007, 96). La joie de la foi l’a conduite à mûrir un choix de vie entièrement donnée à Dieu, au cœur de l’Église et au cœur du monde, partageant simplement en fraternité la vie des « gens de la rue ».  Poétiquement elle s’’adressait à Jésus, ainsi : « Pour être avec Toi sur Ton chemin, nous devons partir, même quand notre paresse nous supplie de rester. Tu nous as choisis pour être dans un équilibre étrange, un équilibre qui ne peut s’établir et se maintenir que dans le mouvement, que dans l’élan. Un peu comme une bicyclette, qui ne peut tenir debout sans rouler […] Nous ne pouvons tenir debout qu’en avançant, en se déplaçant, dans un élan de charité ». C’est ce qu’elle appelle la « spiritualité de la bicyclette » (Umorismo nell’AmoreMeditazioni e poesie, Milano 2011, 56). Ce n’est qu’en se mettant en route, en marchant que nous vivons dans l’équilibre de la foi, qui est un déséquilibre, mais c’est comme ça : comme la bicyclette. Si tu t’arrêtes, elle ne tient pas.

Madeleine avait le cœur constamment en éveil et se laisse interpeller par le cri des pauvres. Elle comprenait que le Dieu vivant de l’Évangile devait brûler en nous jusqu’à ce que nous ayons porté son nom à ceux qui ne l’ont pas encore trouvé. Dans cet esprit, tournée vers l’agitation du monde et le cri des pauvres, Madeleine se sent appelée à « vivre entièrement et à la lettre l’amour de Jésus, depuis l’huile du Bon Samaritain jusqu’au vinaigre du Calvaire, lui rendant ainsi amour pour amour […] afin qu’en l’aimant sans réserve et en se laissant aimer jusqu’au bout, les deux grands commandements de la charité s’incarnent en nous et n’en fassent plus qu’un » (La vocation de la charité, 1, Œuvres complètes XIII, Bruyères-le-Châtel, 138-139).

Enfin, Madeleine Delbrêl nous enseigne encore une chose : qu’en évangélisant, on est évangélisés : en évangélisant, nous sommes évangélisés. C’est pourquoi elle disait, en écho à saint Paul :  » malheur à moi si l’évangélisation ne m’évangélise pas « . En évangélisant, on s’évangélise soi-même. Et c’est une belle doctrine.

En contemplant cette femme témoin de l’Evangile, nous apprenons nous aussi que dans toute situation et circonstance personnelle ou sociale de notre vie, le Seigneur est présent et nous appelle à habiter notre temps, à partager la vie des autres, à nous mêler aux joies et aux tristesses du monde. En particulier, elle nous enseigne que même les milieux sécularisés peuvent aider pour la conversion, parce que le contact avec les non-croyants provoque le croyant à une révision continuelle de sa manière de croire et à redécouvrir la foi dans son essentialité (cf. Noi delle strade, Milan 1988, 268 ss).

Que Madeleine Delbrêl nous apprenne à vivre cette foi “in moto” –  » en mouvement « , disons, cette foi féconde qui fait de tout acte de foi un acte de charité dans l’annonce de l’Évangile. Je vous remercie.

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins venus de France ainsi que tous les membres de l’Union Nationale des Associations familiales catholiques. Face à notre monde sécularisé, ne nous lamentons pas mais voyons-y un appel à éprouver notre foi et une invitation à communiquer la Joie de l’Évangile. Que Dieu vous bénisse.





32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13) – par Francis COUSIN

« Maranatha ! »

« Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. »

Ces dix jeunes filles ne sont pas des demoiselles d’honneur, comme souvent on le pense, car alors, nécessairement, elles entrent toutes à la noce, même avec peu de retard. En fait, elles représentent chacun de nous, filles ou garçons, baptisés … ou pas encore … qui faisons partie des habitants du monde, et qui sont appelés … à mourir … et donc à devenir « des invités au repas des noces de l’Agneau. » (Ap 19, 9), dans le Royaume des cieux, pour les noces entre Jésus et l’Église, entre Jésus et chaque croyant …

Parmi ces jeunes filles, cinq sont dites prévoyantes, et les autres insouciantes !

Pourquoi ? parce que les prévoyantes ont amené une réserve d’huile, et pas les autres !

Et on voit à la fin de la parabole que celles qui avaient prévue une réserve sont admises dans le Royaume des cieux … et pas les autres …

Tout ça pour une question d’huile !!

La vie éternelle perdue … pour une question d’huile !

Mais que représente donc cette huile ?

Ce n’est pas tant l’huile qui compte, mais la préparation de notre la rencontre avec Jésus et son Père … mais surtout Jésus, car à la fin des temps, c’est lui qui reviendra pour juger si on peut entrer dans le Royaume des Cieux, directement ou en passant par ce qu’on appelle le purgatoire, … ou aller « Là [où] il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. » (Lc 13,28) … ce que je ne souhaite pour personne …

Et comment s’y préparer : Saint Matthieu l’explique un peu plus loin dans un texte que nous lirons dans quinze jours, en citant les sept œuvres corporelles de miséricorde : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40), quand on voit Jésus dans chaque être humain, et qu’on réagit comme l’aurait fait Jésus, … c’est-à-dire avec amour …

Il faut pour cela beaucoup de temps … toute une vie … pour agir comme Jésus, pour lui montrer notre amour …

Une durée qui nous est donné par Jésus pour que nous puissions lui montrer que l’amour que nous avons pour lui est un amour vrai, qui n’est pas qu’une passade, une émotion superficielle, qui ne dure pas …

Un temps suffisamment long pour nous permettre d’améliorer notre amour, le parfaire …

            Et un temps suffisamment long pour que Jésus puisse s’assurer de « la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur » (Ep 3,18) de notre amour pour lui, … de sa sincérité …

            Dans la parabole, Jésus met en avant notre relation avec la lumière, que certaines filles avaient en suffisance, et d’autres qui ne pouvaient en avoir pour longtemps.

Si on prend le début de l’évangile selon saint Jean, on lit : « Au commencement était le Verbe, … et le Verbe était Dieu … En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,1.4-5), et plus loin : « Moi, je suis la lumière du monde. » (Jn 8,12).

La lumière … qui illumine nos vies … c’est Jésus, c’est l’amour de Jésus pour nous … et c‘est aussi l’amour que nous avons pour Jésus.

Un amour déposé dans notre cœur le jour de notre baptême par l’onction du saint chrême, sans qu’on y fasse vraiment attention … et qui dure toute notre vie …

Une vie qui peut être courte pour certains … sans doute parce que Jésus avait éprouvé la grandeur de leur amour pour lui dès leur jeune âge. On peut penser à Ste Blandine, Ste Agnès, St Tarcisius, et plus près de nous à St Dominique Savio, Ste Thérèse de l’enfant Jésus et de la sainte face, Claire de Castelbajac, St Pier Gorgio Frassati ou Carlo Acutis … et bien d’autres, connus ou inconnus, ceux dont seul Dieu connait la grandeur de leur amour pour lui.

Tiens ma lampe allumée,

la flamme est si fragile,

Ce soir je viens mendier

ton pain, ton eau, ton huile.

Tiens ma lampe allumée

jusqu’à ton domicile, (Le Royaume des Cieux)

Toi seul, peut me guider.

 

 Allume dans mes yeux quelque chose de pur,

Quelque chose de Toi que rien ne puisse éteindre,

Ni le poids du présent, ni l’avenir peu sûr,

Et que dans mon regard ta clarté vienne poindre.

                                     (Jean-Claude Gianadda)

Francis Cousin

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Prière dim ord A 32°

 




Rencontre autour de l’Évangile – 32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13)

« Veillez donc car vous ne savez

ni le jour ni l’heure »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 25, 1-13)

Matthieu a regroupé à la fin de son évangile, juste avant la Passion, les paraboles de la vigilance où Jésus parle de sa venue à la fin des temps

 

Soulignons les mots importants 

Lire attentivement la parabole.

Jésus parle de sa venue à la fin des temps

Les jeunes filles insensées. Les cinq jeunes filles prévoyantes

Que représentent ces « vierges » ?

Toutes s’endormirent :

Est-ce qu’il leur est reproché de s’être endormies ?

La demande des insensées et le refus des prévoyantes :

Qu’est-ce que Jésus veut faire comprendre?

Voici l’époux : Qui représente l’époux ? L’époux tardait : Que symbolise ce retard ? Que représente la salle des noces ?

La porte close : En quoi cette porte close nous  interpelle-t-elle ?

Amen ! Je ne vous connais pas : comment ne pas entendre cette parole de la bouche de Jésus sans une certaine gêne ? Et pourtant sur quoi Jésus veut mettre l’accent ?

Veillez : Cela veut dire ?

Pour l’animateur  

L’assoupissement des dix jeunes filles n’est pas fautif : il indique seulement que l’époux a tardé plus que prévu ; sa brusque arrivée réveille tout le monde.

Par la discussion entre les insensées et les prévoyantes et  Jésus veut faire comprendre que l’heure est décisive et que le sort de chacun va se jouer ;  nul ne peut plus rien pour l’autre.

Cette parabole peut être lue comme une « allégorie »  (chaque détail représente quelque chose).

Les premiers chrétiens se servaient de cette histoire pour parler de la « parousie », c’est-à-dire la venue du Christ à la fin des temps :

 l’époux, c’est le Christ

 les vierges représentent l’Eglise qui se porte au-devant du Christ.

 Le retard symbolise la longue attente de la venue du Christ.

 Accéder à la salle des noces, c’est entrer dans le Royaume

 La porte close : rappelle la fin du Sermon sur la Montagne (Mt 7, 22-23) et exprime le rejet définitif.

« Je ne vous connais pas » : La sévérité  de la parole d’exclusion, et la réaction qu’elle provoque chez le lecteur,  souligne bien  le message de la parabole : pour cette fête peu ordinaire, être invité ne suffit pas ; il faut s’être préparé « Veillez ».

Sans être un être stressé comme si le retour du Christ allait se produire dans l’immédiat, le chrétien doit prendre ses dispositions pour gérer sa foi dans la durée : c’est l’image de l’huile qui ne doit jamais manquer, si l’on ne veut pas être surpris.

L’Eglise sait qu’à l’horizon de l’histoire, il y aura la venue du Christ son Epoux, mais c’est aujourd’hui, jour après jour, dans nos choix quotidiens conformes à l’Evangile que nous nous préparons

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur Jésus, tu ne veux pas que nous rations le grand rendez-vous de la rencontre avec toi. Tu ne cesses de nous dire « soyez prêts ». Ne permets pas que les soucis de la vie quotidienne nous égarent loin de toi. Que chacune de nos journées soit vécue en ta présence dans l’amour, l’amour de Dieu et de nos frères. C’est bien cela « l’huile » qui ne doit jamais manquer dans la lampe de notre cœur. Nous nous rappelons que « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné. » (Rm 5 ,5)

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie             

– Nous sommes tous les invités des « noces éternelles »  du Royaume des cieux : Quels sentiments cela fait naître en nos cœurs ?

– L’heure de la rencontre avec le Christ peut sonner pour chacun(e) de nous à n’importe quel moment : c’est quoi concrètement « veiller » ?

–  Nous préparons-nous à sortir à la rencontre du Christ le jour de notre mort où il viendra nous chercher ?

–  Sommes-nous prêts à rencontrer Jésus-Christ quel que soit le moment où il se présente à nous, à travers telle rencontre, tel événement, telle parole de l’évangile…?

– Quels moyens l’Église nous propose-t-elle pour que « notre lampe ne manque pas de réserve d’huile» ?

Ensemble prions 

Chant : Heureux celui  …p.154  c.1-2-3-5

VEILLEZ ET PRIEZ

Seigneur Jésus, tu nous dis

de veiller et de prier,

puisque nous ne savons

ni le jour ni l’heure.

Fais que chaque jour nous trouve plus prêts

à t’accueillir en notre vie,

et que le dernier de tous

en soit plus joyeux,

puisque nous rentrerons alors à la maison.

Vienne le jour où nous te verrons face à face,

Toi notre Père,

Jésus, notre Seigneur et notre frère, et

L’Esprit qui habité en nos cœurs. Amen.

 

 

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32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Veillez à demeurer dans l’Amour… »

(Mt 25,1-13)

  En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :
les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.
Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”
Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”
Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

         

                   « Vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel », dira Jésus pendant sa Passion, peu après notre passage (Mt 26,64). Ce retour glorieux du Christ ressuscité marquera la fin de notre monde… «  Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel… Pour ce qui est des temps et des moments de la venue du Seigneur, vous savez très bien, frères, que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1Th 4,16 ; 5,1‑2)… Et il en est de même pour la mort de chacun d’entre nous, qui sera aussi pour nous, « le Jour du Seigneur », le Jour du face à face avec Lui dans la Lumière…

            Avec cette parabole des dix vierges, Jésus nous invite ici à nous préparer à cette rencontre. Chacune a une lampe, que nous pourrions regarder comme notre cœur… Cette lampe n’est rien en elle-même : pour être lumière, elle a besoin d’huile… Or, l’huile dans la Bible renvoie souvent au Don de Dieu, l’Esprit Saint. Ainsi, Samuel entendit un jour Dieu lui dire : « Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! Je t’envoie auprès de Jessé de Bethléem, car j’ai vu parmi ses fils mon roi. » Et en rencontrant le jeune David, « Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là » (1Sm 16,1-13)…

            Or « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) et le propre de l’Amour est de donner, gratuitement, tout ce qu’Il Est en Lui-même (Jn 3,35). Si « Dieu est Esprit  » (Jn 4,24) et si « Dieu est Saint » (Ps 99(98)), il ne cesse donc de donner « l’Esprit Saint ». Mais pour le recevoir, encore faut-il se tourner de tout cœur vers lui, et donc au même moment renoncer à tout ce qui lui est contraire. Tel est l’appel au repentir, à la conversion que Jésus lance en St Marc dès ses premières paroles (Mc 1,15). Que cet appel soit entendu, et aussitôt, le Don de l’Esprit pourra trouver le chemin du cœur qui s’ouvre ainsi à lui, et il accomplira son œuvre purificatrice, vivificatrice, illuminatrice… Et il s’agira ensuite de « se tenir sur nos gardes, de peur que nos cœurs ne s’appesantissent dans la débauche, l’ivrognerie, les soucis de la vie » (cf. Lc 21,34). « N’éteignez donc pas l’Esprit », dira St Paul, « mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,19-22). Autrement, privés du Don de Dieu, nous ne serions plus en communion avec lui, une situation qu’évoque Jésus avec l’époux qui dit ici aux vierges folles: « Je ne vous connais pas »…

                                                                                                                                              DJF

           




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13)- Homélie du Père Louis DATTIN

Les 10 Vierges

 Mt 25, 1-13

 

Pour bien comprendre cette comparaison choisie par Jésus, il faut savoir comment se passait une noce à son époque et dans son pays. Pendant les fiançailles, les jeunes gens restaient séparés chacun dans leur maison, chez leurs parents respectifs. Le jour de la noce, les parents de la jeune fille allaient chez ceux du jeune homme pour mettre au point les derniers détails au sujet de la dot. Ces palabres orientaux duraient parfois fort longtemps. D’ailleurs, on n’était pas pressé puisque c’est le soir, tard, à cause de la chaleur, que commençait la fête proprement dite.

Pendant ce temps-là, la mariée attendait dans sa maison, en compagnie de ses demoiselles d’honneur, jusqu’à ce que le futur mari arrive et vienne chercher sa fiancée pour la conduire dans sa maison. C’était alors un cortège joyeux, une procession aux flambeaux qui se déplaçait d’une maison à l’autre.

Mais une fois le cortège introduit dans la maison du mari, on fermait les portes, tout de suite, pour éviter que ne s’introduisent de faux invités, des pique-assiettes et aussi de mauvais plaisants toujours prêts à faire des farces de plus ou moins mauvais goût pendant une nuit de noces.

Et voilà une histoire joliment commencée. Les dix jeunes filles du cortège se préparent : la robe, le maquillage, les bijoux.

C’est le grand jour, ça n’arrive pour elles que deux ou trois fois dans leur vie ! Et, vous savez ce que c’est, un jour de fête ; on est plus ou moins affolé, il règne un climat fiévreux, les autres amies qui arrivent déjà, alors on se dépêche : « Ah ! Ma lampe, où est-elle ? Ouf ! La voilà ! Vite, allons rejoindre les autres ».

Les palabres pour le contrat de mariage ont dû être longs, ce soir-là, un peu plus longs que d’habitude. On attend.

L’époux ne vient toujours pas, alors, on s’allonge, et comme toute la nuit, on va danser, il serait sage de prendre un peu de sommeil à l’avance. Pendant ce temps-là, les lampes continuèrent à brûler, car le fiancé peut arriver d’un moment à l’autre. Et tout à coup, dans la nuit, pas loin de la maison, on entend un cri : « Voici l’époux, sortez à sa rencontre ! »

Dès lors, entre les demoiselles d’honneur, qui, toutes, se sont assoupies, s’opère un tri décisif. Cinq d’entre elles sont dites ‘’prévoyantes’’, sages, avisées : un qualificatif qui traduit moins une sagesse humaine qu’une intelligence active et efficace du projet de Dieu. Celles-là se trouvent immédiatement prêtes à prendre part, ‘’ lampes allumées’’, au cortège qui s’avance à la rencontre de l’époux.

Par contre, les cinq autres, dites ‘’insensées’’ : c’est plus qu’une simple distraction, c’est une attitude spirituelle ‘’d’oubli de Dieu’’. Est ‘’insensé’’ selon la Bible, « celui qui s’égare sur des chemins qui ne sont pas ceux de Dieu ». Celles-là, n’ayant pas su prévoir une quantité d’huile suffisante, se trouvent prises au dépourvu par l’arrivée soudaine de l’époux, le temps de courir chez le marchand, le cortège a déjà pénétré dans la maison nuptiale et la porte de la salle des fêtes s’est définitivement refermée.

Le sens de cette parabole, vous l’avez compris. Un soir, une nuit : la nuit est dans la Bible le symbole du péché. Le sommeil, lui, est le signe de l’engourdissement spirituel.

Un cri retentira : ‘’Jésus !’’ Il est là ! Il vient te chercher ! Il vient t’emmener, te prendre dans son cortège nuptial qui va célébrer éternellement les noces de Dieu avec l’humanité, noces du Christ avec son Église.

Es-tu prêt ? Es-tu capable de te lever immédiatement avec ta lampe allumée, c’est-à-dire avec une vie intérieure éclairée et nourrie par la pratique évangélique, pour aller à la rencontre de celui, qui, nous le savons, doit venir.

 

Tous les dimanches à la messe, nous disons : « Nous attendons ton retour » et « nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre sauveur ».

L’attendons-nous vraiment ? Car là est le problème : « Nous ne savons ni le jour ni l’heure » et nous risquons, nous aussi, de nous endormir, d’être pris à l’improviste.

Sommes-nous vraiment prêts à rencontrer Jésus-Christ quel que soit le moment où il se présente à nous, pas seulement à la fin de notre existence dont nous ne savons pas d’ailleurs, quand elle aura lieu, mais aussi rencontre de lui, avec lui, dès ici-bas, à travers telle personne, tel événement, telle parole de l’Évangile ?

Dans nos moments d’obscurité et de doutes, quand c’est la nuit et que le sommeil ou la lassitude nous gagne, sommes-nous prêts à nous dresser et à dire au Seigneur :

«Tu es là, je t’attendais. Dis-moi ce que je dois faire pour t’accompagner, faire partie de ton cortège : j’ai préparé pendant ma vie, assez de force, assez de lumière, assez de foi pour te tenir compagnie jusqu’à ce que nous arrivions ensemble à la salle du Royaume ?»

Sincèrement, nous préparons-nous à sortir avec joie à la rencontre du Christ qui vient nous chercher chaque jour pour vivre avec lui dans le quotidien, et un jour, celui de notre passage vers lui, quand il viendra nous chercher définitivement.

Pourrai-je dire simplement :

« Mais, bien sûr, Seigneur, je t’attendais, je savais que j’avais rendez-vous avec toi ; aussi tout est prêt ; j’ai eu assez de foi, assez d’amour, assez d’espérance pour ne vivre qu’en toi, pour toi, avec toi ».

Le Seigneur nous rappelle aujourd’hui : « Attention ! Une rencontre, ça se prépare ». Il faut, comme dit la rose au petit prince, « s’habiller le cœur ».

 Notre cœur est-il assez habillé ? A-t-il revêtu la tenue des noces auxquelles nous sommes invités ? Avons-nous préparé assez d’huile spirituelle pour devenir lumière pour les autres ?

‘’Vous êtes la lumière du monde’’. Une lumière, on ne la met pas sous la table, mais dessus, pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

Chrétiens, nous sommes des porte-lumière : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes actions, ils puissent, eux aussi, être éclairés et rendre gloire à votre Père qui est aux Cieux ».

Cette rencontre : il faut, et c’est là la leçon de cette parabole, la PREPARER. Nous pouvons la redouter ou la désirer. Peu importe, elle est inéluctable. Il s’agit de la préparer avec soin. Comment ? Par un désir toujours plus ardent d’aller vers Dieu et ceci dès maintenant . Nous avons chanté : « Mon âme a soif du Dieu Vivant ; quand le verrai-je face à face ? » En avons-nous si soif que ça ? Si oui, libérons-nous progressivement de tout ce qui nous détourne de lui et ceci, dans la droiture, la simplicité, la pureté du cœur : on ne met pas de l’eau à la place de l’huile !

Je vous livre pour finir cette belle prière de St-Augustin, elle est l’expression de ce que devrait dire notre cœur aujourd’hui :

« Seigneur mon Dieu, Père, Fils et Esprit Saint,

je t’ai cherché autant que je l’ai pu.

J’ai désiré te voir, j’ai beaucoup travaillé à te rencontrer.

Dieu, mon unique espoir,

permets que je ne me lasse jamais de te chercher ;

mais fais que je cherche ardemment ta face.

Donne-moi la force de te chercher,

toi qui m’as trouvé,

toi qui m’as donné, de plus en plus, l’espoir de te trouver ». AMEN




Homélie pour la Toussaint 2023 par Fr. Manuel Rivero O.P.

Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 1er novembre 2023.

Introduction :

Nous célébrons dans l’allégresse notre Dieu trois fois Saint qui nous donne de participer à sa sainteté.

Une foule immense d’hommes, de femmes et d’enfants louent au Ciel le Seigneur Jésus ressuscité : saints de l’Ancien Testament comme Abraham, Moïse et le roi David ; saints du Nouveau Testament comme Marie Madeleine et l’apôtre Pierre ; saints de l’histoire de l’Église représentés dans nos vitraux et patrons de nos villes ; saints discrets et non moins importants de la foi et de l’amour au quotidien dans nos familles et au-delà des frontières visibles de notre Église.

Ce ne sont pas des héros mais des sauvés qui ont lavé leurs âmes dans le Sang de l’Agneau immolé pour nos péchés.

Maintenant ils intercèdent pour nous.

Nos fautes sont plus fortes que nous mais le Seigneur vient les effacer par sa Parole de Vérité et par le Corps et le Sang du Christ Jésus.

Faisons confiance à sa divine miséricorde.

………………………..

Homélie

Êtes-vous heureux ? Question fondamentale posée parfois par les supérieurs religieux dans leurs visites aux communautés. Question capitale que nous avons à nous poser dans notre vie personnelle, familiale, sociale et ecclésiale. Qu’est-ce qui me rend heureux ? Pourquoi ?

Habituellement bonheur veut dire pouvoir d’achat, loisirs et plaisirs. Il y a aussi l’industrie du développement personnel, le droit au bonheur, une Journée mondiale du bonheur, décrétée par l’O.N.U., et même le devoir d’être heureux au milieu de tant de moyens technologiques dans la société de consommation.

En cette fête de la Toussaint, c’est Dieu lui-même qui prend la parole pour dévoiler la source du bonheur. Le bonheur est un don, un don de Dieu, qui se donne lui-même : « Dieu est amour » (1 Jn 4,16). Mais pas n’importe quel bonheur : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Et nous voici plongés dans un apparent paradoxe : comment devenir heureux en étant pauvre ?

Cette première béatitude représente le fondement de la vie chrétienne : la foi en l’Incarnation du Fils de Dieu. Jésus-Christ, de riche qu’il était s’est vidé de la gloire qui était la sienne dès avant la fondation du monde pour nous enrichir par sa pauvreté (cf. 2 Cor 8,9).

Dieu n’a pas voulu se révéler dans la force et la domination mais dans l’abaissement. Toutes les religions ne se valent pas. Le mystère de Dieu et sa manière d’entrer en relation avec les hommes diffèrent essentiellement.

Pour comprendre la Toussaint, allons à l’Annonciation de l’archange Gabriel à la Marie. Dieu ne s’impose pas ; Il ne reste pas loin ; Il s’adresse à la liberté et à l’intelligence d’une femme. Plus encore, le Fils de Dieu va se recevoir en tant qu’homme d’une femme, Marie, devenue par l’action de l’Esprit Saint, la mère du Messie, Mère de Dieu. Jésus a grandi dans le sein d’une femme, façonné par la tendresse des mains de Marie, rassuré et guidé par la vigilance de Joseph.

Le Fils de Dieu a pris le chemin de la fragilité et de la vulnérabilité. Humilité de Dieu qui n’ira pas sans des humiliations jusqu’au supplice de la Croix. Dans son amour pour l’humanité, Jésus a pris des risques. Aussi est-il devenu victime de l’aveuglement et de l’injustice jusqu’au Calvaire. Le Sauveur n’a pas survolé le monde ni les événements tragiques de l’histoire, Jésus le Christ est entré dans le chaos angoissant des hommes pour sauver le monde du dedans, en habitant le mal, la souffrance et la mort.

L’expérience nous enseigne que nous apprenons davantage des échecs que des succès. L’apparent échec de la Croix de Jésus nous révèle davantage sur la gloire de Dieu que la grandeur de la création. C’est en Jésus que se trouve caché le mystère de la connaissance de Dieu et du bonheur de l’homme.

Bonheur pascal dans l’amour fidèle et fort de Jésus jusqu’à la mort. Amour à mort, amour plus fort que la mort. « Celui qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour ne recueillerait que du mépris », s’exclame la bien-aimée du Cantique des cantiques (Ct 8,7).

Le bonheur divin ne s’achète pas même pas avec des vertus et des sacrifices. Dieu donne sa grâce gratuitement non pas à cause de nos mérites mais parce qu’Il est bon, saint.

La fête de la Toussaint réalise plusieurs mises au point. Tout d’abord, nous sommes créés pour le bonheur de Dieu. Rien ni personne ne peut combler ce désir d’amour éternel. Nous restons menacés par l’idolâtrie, non pas celle d’un veau d’or comme dans l’Ancien Testament, mais par l’adoration des personnes dont la vie sentimentale et sexuelle s’avèrent incapables de combler la capacité d’amour du cœur humain. Je pense à un jeune marié qui me partageait un jour : « Je ne comprends pas pourquoi ma femme a besoin de prier dans une église, est-ce que je ne  suffis pas ? ». Et non, tu ne suffis pas. Vérité de Lapalisse !

La Vierge de la grotte de Lourdes avait déclaré à sainte Bernadette : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse dans ce monde mais dans l’autre ». Nous sommes déjà dans le bonheur de Dieu mais cette plénitude d’amour divin n’a pas  encore atteint son accomplissement.

Les béatitudes de Jésus nous guident sur le chemin de la perfection à travers la prière, les relations fraternelles et le partage de biens.

La fête de la Toussaint nous invite à mettre en valeur la prière familiale à la maison. Les enfants aiment avoir leur coin de prière. La prière du soir apporte réconciliation et paix à la fin des journées. C’est là que l’on s’initie à ouvrir son cœur et à faire part de l’expérience personnelle de Dieu. Par ailleurs, la prière conjugale, plus difficile à vivre, développe l’amour des époux et le rend plus sincère.

Il arrive souvent, trop souvent, qu’à table, chacun regarde son téléphone portable, au détriment des échanges. La solitude engendre la douleur et le partage de pensées et de sentiments fait grandir le bonheur.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus raconte sans son autobiographie « Histoire d’une âme » comment toute petite elle aimait faire l’aumône aux pauvres. De retour des journées de pêche avec son bien-aimé père, elle apportait les poissons attrapés aux pauvres du Refuge. Éduquons les enfants selon les valeurs traditionnelles de la culture créole comme la prière et le partage de biens, plutôt que de courir pour qu’ils soient toujours contents et satisfaits au risque de les rendre inaptes à traverser les frustrations qui marqueront leur existence.

Toussaint. Tous appelés au bonheur. Mais le bonheur, c’est quoi ? L’amour de Dieu, la sainteté, don de l’Esprit Saint par la foi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Ce dimanche 05 novembre, le Service Diocésain du Catéchuménat organise une rencontre pour tous les accompagnateurs des catéchumènes et des recommençants de l’île, à l’Étang-Salé – Maison du Pèlerin. Voici l’homélie du P. Rodolphe EMARD qui sera donnée lors de l’Eucharistie concluant cette rencontre »… 

 

Évangile de référence : Mt 23, 1-12.

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Chers accompagnateurs et accompagnatrices,

C’est une grande joie pour moi de célébrer cette messe avec vous et pour vous, pour le lancement de la nouvelle année pastorale. L’évangile de ce 31ème dimanche tombe à pic car il nous donne de précieuses pistes dans notre mission d’accompagnement des catéchumènes et des recommençants.

Avant de revenir sur cet évangile, je souhaiterais vous évoquer deux numéros du Directoire pour la catéchèse. Ces numéros[1] nous rappellent ce qu’est un catéchiste, c’est-à-dire ce que vous êtes, chers accompagnateurs :

  • Être accompagnateur est avant tout un « appel particulier de Dieu ». Cela en « vertu de la foi et de l’onction baptismale ».

  • En tant qu’accompagnateur, vous avez plusieurs tâches à accomplir :

  • Être un « témoin de la foi et gardien de la mémoire de Dieu ».

  • Être un « enseignant et mystagogue », celui qui communique la « connaissance du Christ » et qui « introduit dans le mystère de Dieu ».

  • Être un « accompagnateur et un éducateur de ceux qui lui sont confiés par l’Église ». Un accompagnement dans l’écoute et qui forme « à la vie chrétienne ».

De lourdes mais de belles tâches ! L’Église à la Réunion vous confie une belle mission ! Cette mission exige de vous que vous exerciez une saine et juste autorité. Dans l’évangile, Jésus nous met en garde contre quatre pièges dans l’exercice de cette autorité qui nous a été confiée par l’Église.

Ce que Jésus nous dit vaut pour toutes les formes d’autorité que nous sommes amenés d’exercer : l’autorité dans le cadre politique, professionnel, familial mais également religieux (en ce qui concerne notre mission d’accompagnement). Analysons ces quatre pièges :

Premier piège : « Ils disent et ne font pas ». Nous reconnaissons tous le fossé entre nos paroles et nos actes de la vie de tous les jours. Pour être un témoin crédible du Christ, il est important que chacun pratique ce qu’il enseigne. Nous sommes envoyés pour annoncer l’Évangile du Christ mais il importe que toute notre vie soit ajustée à cette Parole.

Deuxième piège : Pratiquer l’autorité comme une domination et non comme un service. Jésus reproche aux scribes et aux pharisiens de lier « de pesants fardeaux » et d’en charger les épaules des gens mais eux-mêmes « ne veulent pas les remuer du doigt ». Ils ont l’avoir, le savoir et le pouvoir, ces acquis pourraient être de solides moyens pour servir les autres mais au lieu de cela, ils ne pensent qu’à dominer et à assurer leurs propres intérêts.

Faisons attention au piège de vouloir nous servir dans l’acte de l’accompagnement. Dominer ce n’est pas respecter la liberté de l’autre. Le respect inconditionnel de la liberté de celui ou de celle que nous accompagnons est toujours à promouvoir ! Rappelons-nous cette parole de Bernadette chargée de transmettre le message de la Vierge Marie : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire. Je suis chargée de vous le dire ».

Troisième piège : Vouloir paraître : « Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens ». Nous connaissons tous cette tentation d’aimer paraître, de rechercher la considération et la reconnaissance.

Jésus nous recommande de n’agir que par amour pour Dieu et par amour pour nos accompagnés sans chercher leurs louanges. Cherchons à être nous-même, avec nos qualités et nos défauts mais en tant qu’authentiques enseignants du Christ. Fuyons le péché de l’hypocrisie[2].

Quatrième piège : Se croire important, avoir le goût des honneurs : « ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi [= Maître] ». Jésus dénonce la mondanité de ceux qui cherchent les titres et les honneurs pour eux-mêmes.

Un autre péché est ici pointé, celui de l’orgueil. L’orgueil nous détourne de Dieu et des autres. L’orgueil fait de l’ombre, beaucoup d’ombre dans l’accompagnement. Les titres et les honneurs ne sont pas à condamner en eux-mêmes. Cependant, le fait de les recevoir implique une responsabilité, un témoignage du Christ à donner, une mission à former à la vie chrétienne. On grandit qu’en se mettant au service des autres.

Notre mission est bien d’accompagner les catéchumènes et les recommençants. Pour atteindre le plus efficacement possible cet objectif, nous devons opter pour la vertu de l’humilité. Voyons humblement notre service d’accompagnement, comme un moyen de grandir aux yeux de Dieu et aux yeux de nos frères.

Pour conclure :

L’évangile de ce dimanche nous invitent clairement à une véritable remise en question dans notre mission d’accompagnement. Que le Seigneur nous donne sincèrement de considérer ces appels.

Accompagner est en tout premier lieu une affaire de « l’être ». Le pape François nous encourage à être d’authentiques « disciples missionnaires », c’est-à-dire de véritables témoins engagés du Christ ressuscité.

Cette exigence n’est pas sans nous rappeler de l’intimité profonde que nous avons sans cesse à créer avec le Christ. Sans cette intimité profonde, le risque est fort de s’annoncer soi-même au lieu d’annoncer l’unique Sauveur de l’humanité. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour et dans sa paix. Amen.

[1] Voir numéros 112 et 113.

[2] Hypocrisie : Fait de déguiser son véritable caractère, d’exprimer des opinions, des sentiments qu’on n’a pas.




Rencontre autour de l’Évangile – 31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12)

« Vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères…

le plus grand parmi vous sera votre serviteur.. »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 23, 1-12)

Comme les prophètes anciens, Jésus est contesté par les responsables officiels d’Israël. Ayant réduit ses accusateurs au silence, Jésus met les foules et ses disciples en garde contre les scribes et le pharisien.

 

Soulignons les mots importants 

 «Scribes et pharisiens » : Qui Jésus désignent-ils par cette expression ?

La chaire de Moïse : Si l’on dit de tel professeur d’université qu’il occupe la « chaire de médecine »,  quand Jésus parle de celui qui  enseigne sur « la chaire de Moïse » que veut-il dire ?

Pratiquez et observez : Que signifient ces deux mots ?

Est-ce que Jésus conteste l’enseignement des scribes ?

« Ils disent et ne font pas » : Que penser de ce jugement de Jésus sur le comportement des scribes ? Quelle est la portée de ces paroles pour nous ?

Quels sont les comportements que Jésus dénonce chez ces maîtres qui enseignent la Loi de Moïse ? (citer les mots du texte)

Les phylactères : qu’étaient-ce ?

Rabbi : On parle aujourd’hui des « rabbins » : quel était l’importance de ce titre à l’époque de Jésus ?

Un seul enseignant : Qu’est-ce qu’un enseignant ? En quoi Jésus seul mérite-t-il ce titre ?

Tous frères : Sur quoi Jésus veut-il insister pour les membres de son Eglise ?

Ne nom de Père: Pourquoi Jésus demande de ne pas donner ce nom à es hommes ? Et alors, quand nous parlons du « père » de famille, ou du « père untel », qu’en est-il ?

Ne vous faites pas appeler « maîtres », vous n’avez qu’un seul « maître » : quel sens peut-on donner à ce mot pour être fidèle à Jésus

Pour l’animateur  

Scribes et pharisiens : Les scribes étaient des pharisiens qui avaient autorité pour interpréter la Loi de Moïse dans les synagogues. Ils s’asseyaient alors sur un siège mobile qu’on appelait « la chaire de Moïse ». La « chaire de Moïse » désigne donc l’autorité de la Loi de Moïse. « Scribes et pharisiens »  désigne un même bloc à combattre.

Jésus ne conteste pas l’autorité des scribes pour interpréter la Loi de Moïse : c’est pourquoi il demande à ceux qui les écoutent de mettre en pratique leur enseignement. Mais il les accuse d’avoir des comportements qui sont en contradiction avec leurs paroles : « ils disent, et ne font pas. » C’est un jugement sévère. Valable aussi pour nous, les chrétiens !

Pour que la Loi reste pure et forte, les scribes et les pharisiens imposent aux gens des règles pesantes, mais eux-mêmes ne les respectent pas, à l’opposé de Jésus qui accomplit toute la loi, mais avec douceur, plein d’attention pour ceux qui peinent.(Mt 11,28-30). Ils se présentent comme des modèles de façade : façade de piété, façade des honneurs en société.

Les phylactères étaient des boîtes de cuir contenant des versets bibliques qui se portaient pour la prière.

Les franges du vêtement étaient aussi une marque de piété : Jésus les portait aussi puisque les malades cherchaient à les toucher pour être guéris. (Mt 9,20) Ce qui est dénoncé ici, ce sont les dimensions de ces objets !

Le mot rabbi était un titre honorifique ; le rabbin désigne aujourd’hui la fonction d’un juif qui est responsable d’une communauté juive.

Si l’enseignant est celui à qui l’auditeur fait confiance,  Jésus est le seul qui mérite la confiance absolue pour l’interprétation des Ecritures. Et ceux qui écoutent la Parole de Dieu se reconnaissent frères en Christ : c’est l’Eglise.

Les disciples de Jésus reconnaissent à Dieu seul le titre de « Abba, Père ». Les chefs religieux se faisaient appeler « Abba » par leurs disciples. Jésus ne parle pas ici de l’usage familial du mot « père » ; il ne s’agit pas non plus du mot qu’on donne aujourd’hui au « pasteur » d’une communauté d’Eglise (« père » untel). Dans le contexte du passage,  Jésus demande de ne pas dévaluer la richesse d’un mot par lequel il a appris à ses disciples de désigner Dieu lui-même.

Le mot maître signifie « guide ». Le Christ est notre seul véritable guide. Et Jésus d’ajouter que toute personne qui exerce un ministère dans la communauté sera jugée par Dieu selon qu’il aura ou non cultivé l’humilité !

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur Jésus, nous reconnaissons en toi le seul qui nous parle vraiment avec autorité de Dieu ; toi seul nous permets de comprendre le sens des Écritures, grâce à l’Esprit-Saint que tu as promis à ton Église. Et nous savons que tu as toujours vécu conformément à la volonté de ton Père. Tu as été « doux et humble de cœur » et le seul « fardeau » que tu nous demandes de porter, c’est celui de l’amour. Préserve-nous de tout esprit de suffisance et du paraître.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie             

L’enseignement de Jésus s’adresse en particulier aux chrétiens qui détiennent quelques responsabilités dans l’Eglise :

  • Dire et ne pas faire.

  • Imposer aux autres des exigences qu’on n’observe pas soi-même

  • Rechercher avec vanité la considération des gens, agir pour se faire bien voir.

Est-ce que j’essaie de vivre ce que je dis : dans mon groupe de catéchèse, dans une  équipe du Rosaire, dans mon quartier, dans l’équipe de liturgie, dans ma famille… ?

Avons-nous pour nous les mêmes exigences que nous avons pour les autres ?

Dans quel état d’esprit nous exerçons telle responsabilité qui nous a été confiée ?

Comment je me situe vis à vis des personnes ? D’une manière qui est un service pour les aider à grandir ? Ou d’une manière dominatrice pour faire sentir mon autorité ?

Ensemble prions 

Chant : Garde mon âme dans la paix p.285 c.1 et 2

Accorde-moi, Seigneur, un esprit souple afin que j’accepte de paraître faible et sans défense, plutôt que de peiner ou de briser.

Accorde-moi un esprit simple afin que je ne sois pas un poids pour ceux qui m’entourent.

Accorde-moi un cœur humble afin que je ne me raidisse pas devant une critique.

Accorde-moi une volonté patiente afin que mes frères soient heureux malgré leurs défauts, malgré leur faiblesse.

Accorde-moi une volonté rayonnante afin qu’autour de moi personne ne se décourage, personne ne désespère.

Accord-moi de savoir écouter, de savoir deviner, de savoir pardonner

 

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