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Audience Générale du Mercredi 11 Octobre 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 11 Octobre 2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 22. Sainte Joséphine Bakhita : témoin de la force transformatrice du pardon du Christ

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la série de catéchèses sur le zèle apostolique, – nous sommes en train de réfléchir sur le zèle apostolique – aujourd’hui nous nous laissons inspirer par le témoignage de Sainte Joséphine Bakhita, une sainte soudanaise. Malheureusement, depuis des mois, le Soudan est déchiré par un terrible conflit armé dont on parle peu aujourd’hui ; prions pour le peuple soudanais, afin qu’il vive en paix ! Mais la renommée de Sainte Bakhita a franchi toutes les frontières pour rejoindre tous ceux qui sont privés d’identité et de dignité.

Née au Darfour – le Darfour tourmenté ! – en 1869, elle est enlevée de sa famille à l’âge de sept ans et transformée en esclave. Ses ravisseurs l’appelèrent « Bakhita« , ce qui signifie « chanceuse ». Elle a connu huit maîtres – l’un la vendait à l’autre… Les souffrances physiques et morales qu’elle a subies pendant son enfance l’ont laissée sans identité. Elle a subi la malveillance et la violence : elle avait plus d’une centaine de cicatrices sur le corps. Mais elle-même témoigne : « Comme esclave, je n’ai jamais désespéré, car je sentais une force mystérieuse qui me soutenait ».

Face à cela je me demande : quel est le secret de Sainte Bakhita ? Nous savons que souvent la personne blessée blesse à son tour ; l’opprimé devient facilement un oppresseur. Par contre, la vocation des opprimés est de se libérer et de libérer les oppresseurs en devenant des restaurateurs d’humanité. Seulement dans la faiblesse de l’opprimé peut se révéler la puissance de l’amour de Dieu qui libère les deux. Sainte Bakhita exprime très bien cette vérité. Un jour, son tuteur lui fait cadeau d’un petit crucifix, et elle, qui n’avait jamais rien possédé, le garde comme un trésor jalousement. En le regardant, elle éprouve une libération intérieure parce qu’elle se sent comprise et aimée et donc capable de comprendre et d’aimer : ceci est le début. Elle se sent comprise, elle se sent aimée et par conséquent capable de comprendre et d’aimer les autres. En effet, elle dira : « L’amour de Dieu m’a toujours accompagnée d’une manière mystérieuse… Le Seigneur m’a tant aimée : il faut aimer tout le monde… Il faut compatir !  » Ainsi est l’âme de Bakhita. Réellement, compatir signifie à la fois souffrir avec les victimes de tant d’inhumanité dans le monde et avoir pitié de ceux qui commettent des erreurs et des injustices, non pas en les justifiant, mais en les humanisant. C’est la caresse qu’elle nous enseigne : humaniser. Lorsque nous entrons dans la logique de la lutte, de la division entre nous, des mauvais sentiments, l’un contre l’autre, nous perdons l’humanité. Et bien souvent, nous pensons que nous avons besoin d’humanité, d’être plus humains. Et c’est le travail que Sainte Bakhita nous enseigne : humaniser, nous humaniser nous-mêmes et humaniser les autres.

Sainte Bakhita, devenue chrétienne, est transformée par les paroles du Christ qu’elle méditait quotidiennement : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). C’est pourquoi elle a dit : « Si Judas avait demandé pardon à Jésus, lui aussi aurait trouvé miséricorde ». Nous pouvons dire que la vie de Sainte Bakhita est devenue une parabole existentielle du pardon. Que c’est beau de dire d’une personne « elle a été capable, elle a été capable de pardonner toujours ». Et elle a été capable de le faire toujours, bien plus : sa vie est une parabole existentielle du pardon. Pardonner parce qu’ensuite nous serons pardonnés. N’oublions pas ceci : le pardon, c’est la caresse de Dieu pour nous tous.

Le pardon l’a rendue libre. Le pardon d’abord reçu à travers l’amour miséricordieux de Dieu, et ensuite le pardon donné a fait d’elle une femme libre, joyeuse, capable d’aimer.

Bakhita a pu vivre le service non pas comme un esclavage, mais comme l’expression du don gratuit de soi. Et ceci est très important : elle s’est faite servante volontairement – elle a été vendue comme esclave – elle a ensuite choisi librement de se faire servante, de porter sur ses épaules les fardeaux des autres.

Sainte Joséphine Bakhita, par son exemple, nous montre le chemin pour être finalement libérés de nos esclavages et de nos peurs. Elle nous aide à démasquer nos hypocrisies et nos égoïsmes, à surmonter rancœurs et conflictualités. Et elle nous encourage toujours.

Chers frères et sœurs, le pardon n’enlève rien mais ajoute – qu’est-ce que le pardon ajoute ? – de la dignité : le pardon ne t’enlève rien mais ajoute de la dignité à la personne, il fait porter le regard de soi-même vers les autres, pour les voir aussi fragiles que nous, mais toujours frères et sœurs dans le Seigneur. Frères et sœurs, le pardon est la source d’un zèle qui devient miséricorde et appelle à une sainteté humble et joyeuse, comme celle de Sainte Bakhita.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus de différentes nations.

Frères et sœurs, par l’intercession de sainte Joséphine Bakhita, demandons au Seigneur le courage de nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres, et d’œuvrer pour la paix dans nos familles et nos communautés.

Que Dieu vous bénisse !




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14) – par Francis COUSIN

« Heureux les invités

au repas des noces de l’Agneau. »

Nous sommes toujours le lundi qui précède la Passion de Jésus, et Jésus entame une nouvelle parabole qui ne parle plus cette fois-ci de la vigne, mais d’un autre grand thème qu’il affectionne, le repas, et un repas de noce, qui lui sert pour exposer comment on entre (ou n’entre pas) dans le Royaume des Cieux.

En fait, ce n’est pas tellement le repas qui intéresse Jésus, mais les personnes qui y sont invités … et là encore, les grands prêtres et les pharisiens vont en prendre pour leurs grades …

Un roi fête les noces de son fils, et il invite donc tous les ’’ayants-droit’’, les notables, ceux qui par leur naissance font partie du ’’peuple élu’’, c’est-à-dire dans la bouche de Jésus, tous les descendants d’Abraham avec lequel Dieu a fait une alliance, et surtout les responsables religieux (grands prêtres), et ceux qui se targuent de leur naissance : « Notre père, c’est Abraham. » (Jn 8,39) (les Pharisiens).

Mais ceux-ci refusent de venir pour diverses raisons : ils ont trop à faire pour leurs affaires personnelles pour perdre leur temps avec les noces du fils. Ils n’ont pas compris que c’est l’amour de Dieu qu’ils refusent … Leurs intérêts personnels passent avant Dieu …

Le roi insiste. Il envoie de nouveaux serviteurs : « Venez … Tout est prêt pour le banquet. »

Peine perdue … Pire : les serviteurs sont maltraités, bousculés, et même tués !

Cela nous rappelle l’accueil fait aux émissaires du maître du domaine par les vignerons de la semaine dernière … et ici, le roi réagit comme les grands prêtres et les pharisiens avaient proposé de faire vis-à-vis des vignerons : « Il fit périr les meurtriers et incendia leur ville. »

Alors le roi appela ses serviteurs : « Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce. ».

Qui sont ces serviteurs ? Dans les paraboles précédentes, on pensait plutôt aux différents prophètes qui se sont succédés avant l’arrivée de Jésus …

Mais ici, on parle de l’avenir : le repas de noce est prêt, mais n’a pas encore eut lieu …dans quelques jours, le jeudi saint … et il faut y inviter « tous ceux que vous trouverez. », et saint Luc précise dans une parabole similaire « d’aller sur les places et dans les rues de la ville ; les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, amène-les ici. » (Lc 14,21), ce qui correspond à ce que Jésus a annoncé à la synagogue de Nazareth : « [l’Esprit] m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue » (Lc 4,18). Il ne s’agit donc plus des prophètes de l’ancien testament mais des nouveaux messagers envoyés par Jésus : les apôtres, déjà envoyés sur les routes par Jésus avec comme mission : « proclamez que le royaume des Cieux est tout proche, Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. » (Mt 10,7-8) ou d’autres disciples (les soixante-douze) …et qui continuerons, avec d’autres, après la résurrection de Jésus …

Il ne s’agit plus seulement d’inviter des descendants l’Abraham, mais tout le monde, « tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons. »

Tous sont invités … l’amour de Dieu refusé par les descendants l’Abraham ne peut pas rester inutilisé, alors on va vers les autres, les petits, ceux qui n’avaient jamais pensé, ni même rêvé, d’être invités un jour à la table du roi … et même des non-juifs, pourvus qu’ils respectent Dieu : la femme syro-phénicienne, le centurion de capharnaüm … et même le brigand condamné à mort à côté de Jésus …

Tous sont invités … « et la salle de noce fut remplie de convives. ».

Mais il ne suffit pas d’être invité au repas de noce pour y être admis … il faut aussi accepter de revêtir le vêtement de noce … Il ne s’agit pas d’un vêtement rituel, mais d’une personne : Jésus-Christ ; Au minimum, accepter sa parole, ne pas le haïr, mais mieux, mettre en pratique sa parole : « Ce n’est pas en (me) disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21). Souvent, on assimile cela avec le baptême … « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Gal 3,27), mais être baptisé ne suffit pas, il faut que ce baptême se concrétise dans des actions pratiques … pour mettre en œuvre le bon droit et la justice de Dieu.

« Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

Seigneur Jésus,

Tu nous invites au repas

des noces de l’Agneau,

toi-même …

Aide-nous à être toujours

fidèles à ta Parole …

et si parfois nous nous égarons,

viens nous chercher là où nous sommes,

et ramènes-nous dans ton bercail,

Toi, le Bon Pasteur.

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ord A 28°

 




Rencontre autour de l’Évangile – 28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14)

« Tout est prêt : 

venez à mon repas de noce.. « 

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 22, 1-14)

Après la parabole des vignerons homicides dans laquelle  Jésus visaient les guides spirituels d’Israël, prêtres et pharisiens, voici la parabole des invités de la noce, qui permet à Jésus de lancer un autre appel à la conversion.

 

Soulignons les mots importants 

Pour entrer dans le texte ;

– « Un roi qui célébrait les noces de son fils… » : A qui et à quoi Jésus pense-t-il en commençant ainsi la parabole ?

– Les invités : Remarquez combien de foi le mot est employé dans l’histoire.  Qui sont-ils ? Qu’est-ce qui est choquant de la part des invités ?

– Les serviteursQui représentent ces serviteurs ?

– Tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les…les mauvais comme les bons : Qu’est-ce que cette parole nous révèle de Dieu ?

– Le vêtement de noce : Que signifie ce vêtement dans la pensée de Jésus ?

– Des pleurs et des grincements de dents : cette expression revient plusieurs fois dans l’évangile, avec l’image des ténèbres…

– La multitude est appelée…les élus peu nombreux : Qu’est-ce que Jésus veut dire ?

Pour l’animateur  

Jésus pense à son Père et à son grand projet d’amour qui est de rassembler tous les hommes dans son Royaume. Il invite l’humanité à une grande fête éternelle autour de son Fils.

Les serviteurs ne représentent plus les prophètes d’autrefois, mais bien les missionnaires envoyés par Jésus au monde juif.

L’invitation est claire et pressante : ce qui est choquant, c’est que aucun des invités n’en tient compte.

La ville brûlée par le roi en colère est une allusion à la ruine de Jérusalem en laquelle les premiers chrétiens voyaient la sanction du refus de l’Évangile. Dieu ne punit pas : c’est l’homme qui s’exclut lui-même et se détruit en refusant l’amour du Père.

Dieu invite, appelle au Royaume, gratuitement et largement. Refuser une telle invitation, c’est s’en montrer indigne et insulter la générosité du souverain.

Le nouvel envoi des serviteurs pour inviter tout le monde symbolise la mission chrétienne auprès des païens. La présence des bons et des méchants rappelle que dans l’Église se mêlent le bon grain et l’ivraie.

Selon la coutume, le roi honore ses invités en passant de l’un à l’autre. Le convive qui ne porte pas l’habit de noce (il n’a pas mis son costume du dimanche !  Cela veut dire qu’il aurait dû «se changer», se convertir. L’exclusion de cet invité symbolise l’exclusion dont Jésus menaçait Israël lors de la guérison du serviteur du centurion (voir Mt 8,12).

Les ténèbres et «les pleurs et les grincements de dents », sont le symbole du malheur dans lequel se plonge celui qui refuse Jésus et son appel à la conversion. Cet avertissement de Jésus est adressé aux chrétiens :  ils ne doivent pas prendre à la légère ou comme un droit le don immense qui leur est fait. C’est le sens du « beaucoup d’appelés et peu d’élus» Il n’est pas sûr que le nombre des élus corresponde à celui des appelés. L’élection finale revient à Dieu, qui seul, peut porter un jugement sur notre conversion et sur ses fruits dans notre vie. Qu’on ne se prenne pas trop vite pour un « élu », pour quelqu’un dont le salut est assuré !

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Dieu notre Père, tu invites tous les hommes à participer  à la fête du Royaume autour de ton Fils. Ta table est ouverte à tous les peuples. Nous sommes nous-mêmes tes invités. Aide-nous à répondre chaque jour et à revêtir l’habit de lumière pour vivre dès maintenant en ta présence. Tu nous envoies aujourd’hui porter l’invitation à tous ceux que nous rencontrons : que ton Esprit Saint nous pousse et nous assiste.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

Avons-nous conscience d’être des invités à la grande fête des Noces éternelles dans le Royaume ?

Qu’est-ce qui fait que beaucoup de chrétiens ne réalisent pas qu’ils sont les invités de Dieu ?

Qu’est-ce que cela changerait dans leur vie, s’ils en avaient conscience ?

Ce dimanche ouvre la semaine de prière pour les missions : ne sommes-nous pas nous-mêmes des messagers chargés de porter l’invitation du Père des Cieux à tous ceux que nous rencontrons sur nos chemins ?

Comment faire ? Quoi faire ?

Ensemble prions 

Chant : Au-delà de toute frontière, l’Evangile a croisé nos chemins.

Tous : Béni sois-tu, notre Père, qui nous as bénis dans le Christ.

Qu’il soit béni le Dieu et Père de notre Seigneur, Jésus-Christ !

Béni sois-tu…

Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit,

Au ciel, dans le Christ.

Il nous a choisis, dans le Christ, avant que le monde fût créé, pour être saints et sans péchés devant sa face, grâce à son amour.

Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus, le Christ.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici :  28ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

 

 

 

 




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Venez à la fête ! »

(Mt 22, 1-14)

  En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux anciens du peuple, et il leur dit en paraboles :
« Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.”
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.”
Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.
Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.”
Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

                 L’image des noces traverse toute la Bible pour évoquer l’Alliance de Dieu avec tous les hommes. Celle-ci est révélée pour la première fois dans le Livre de la Genèse avec la figure de Noé : « Lorsque l’arc en ciel paraitra dans les nuages », dit Dieu, « je me souviendrai de l’Alliance qu’il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants, en somme toute chair ». Telle est « l’Alliance éternelle qu’il y a entre Dieu et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre » (Gn 9,8-17).

            Depuis que le monde existe, Dieu vit donc en Alliance avec tout homme : il est proche de lui, offert à son cœur pour son bien… Mais pour accueillir cet Amour et ses bénédictions qu’il ne cesse de répandre sur l’humanité en surabondance (Mt 5,45), il faut d’abord prendre conscience qu’il existe et se tourner vers Lui de tout cœur en se détournant au même moment de tout ce qui lui est contraire… C’est pourquoi il se révèlera à Abraham et à ses descendants, le Peuple d’Israël, en disant : « Je te bénirai. Sois une bénédiction… Par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Gn 12,1-4). Il s’agira donc pour eux d’accueillir cette bénédiction, donnée gratuitement, par amour (Dt 7,7-9), et de travailler ensuite, en serviteurs de Dieu (Is 41,8-10) et des hommes, à ce qu’elle soit également accueillie par « toutes les familles de la terre »…

            Mais, mystère du péché qui nous touche tous, beaucoup en Israël refuseront de se convertir : « ils ne voulaient pas venir, ils étaient indifférents »… Pire, Dieu leur envoya ses « serviteurs », les prophètes, mais ils furent « maltraités, tués »… Mais Dieu, Pur Amour, continue envers et contre tout à ne chercher que le bien de tous les hommes. Ceux qui l’accueillirent en Israël par le « Oui ! » de leur foi au « Verbe fait chair », Jésus, vrai Dieu et vrai homme, reçurent mission d’aller « aux croisées des chemins » pour « inviter au repas de noce  » tous ceux et celles qu’ils rencontreront parmi « toutes les familles de la terre », et telle est bien encore aujourd’hui la mission de l’Eglise. « La multitude des hommes est appelée, les mauvais comme les bons ». Certes, « les mauvais », et nous le sommes tous quelque part, doivent se repentir, renoncer au mal, accueillir jour après jour la Miséricorde de Dieu et avec elle « le vêtement de noce » donné gratuitement, par amour. Et si quelqu’un ne l’a pas, c’est qu’il l’a refusé des mains de Celui qui ne cesse de l’appeler « Mon ami »… Il se condamne alors lui-même à demeurer « pieds et poings liés » par tous les esclavages du mal, privé des joies de la fête du ciel. Quel dommage !                    DJF




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14)- Homélie du Père Louis DATTIN

Invités aux noces

Mt 22, 1-14

L’Évangile est un grand livre d’images : quand on voit le succès des retransmissions télévisées des mariages princiers d’aujourd’hui, que ce soit à Londres ou à Monaco, l’image employée par Jésus n’a pas tellement vieillie : un roi qui célébrait les noces de son fils.

Essayons d’en retenir l’essentiel : lisons cette parabole en transparence. Jésus, là encore, veut nous parler du Royaume des cieux et nous pensons tout de suite à ce que le prêtre nous rappelle au moment de la communion : « Heureux les invités au repas du Seigneur ».

La réalité, c’est que Dieu rêve d’une fête éternelle pour l’humanité. C’est la plus belle histoire du monde, c’est la plus belle histoire d’amour. Il était une fois un Dieu heureux, tellement heureux qu’il voulut faire partager son bonheur. Ce Dieu là vit d’amour : « 3 personnes » qui s’aiment, qui se donnent les uns aux autres, une joie infinie, dans une totale transparence, dans un partage absolu, un bonheur sans mélange, durable, éternel.

Quand on éprouve tant de bonheur, comment ne pas avoir envie de partager encore plus ce bonheur ? Alors, Dieu décide de créer l’humanité pour l’introduire dans sa famille, dans sa vie, dans son amour et ce fut l’incarnation du Fils.

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils ».

Oui, Dieu marie son Fils : Jésus est amoureux de l’humanité, il nous aime passionnément. Cette image des noces court comme un fil d’or tout au long de la Bible : Osée, Isaïe, Ezéchiel proclament cette union de Dieu avec les hommes : le Cantique des Cantiques, les évangélistes, l’Apocalypse, …

Oui, Dieu, d’un bout à l’autre de la révélation, nous déclare son amour et ses relations avec les hommes ne sont qu’alliance et épousailles.

Entre nous, qu’est-ce-qui changerait dans ma religion ? Beaucoup, sans doute, si j’arrivais à la considérer comme une belle histoire d’amour ?

Cette parabole nous révèle tout d’abord que Dieu invite, que Dieu appelle et que l’homme est libre de répondre  ̏oui  ̋ou  ̏non ̋.

 

« Heureux les invités au repas du Seigneur » : la messe n’est pas une bonne petite dinette entre copains. C’est Dieu qui invite tel jour, telle heure : le prince héritier célébrera ses noces. Vous êtes cordialement invités au festin qui suivra, sans engagement avec les hommes,  » Répondre SVP « .

 

 

L’événement est de taille ! Pourtant, ici, la parabole devient tragique, comme tant de paraboles de la fin de la vie de Jésus : on va se heurter à la liberté de l’homme.

« Mon repas est prêt. Venez, venez à mon repas d’amour ».

« Mais les invités n’en tiennent aucun compte. Ils n’ont pas le temps ! »

La description de l’inconscience de ces invités est d’une brûlante actualité.

« Comment voulez-vous que j’aille au repas de Jésus ? Je n’ai que mes dimanches pour faire du foot ou du tennis », dit l’un.

« Quand j’ai dansé toute la nuit du samedi au dimanche, comment voulez-vous que je participe au repas de Jésus ? ».

« Moi, mon père, je vais à la messe le mardi au Chaudron, le dimanche, c’est le jour où nous allons à la plage ».

Comment se fait-il qu’il nous arrive ainsi de préférer nos petites affaires à l’invitation de Dieu ?

« Eux, sans en tenir compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ».

On essaie si naturellement de placer les moments de rencontre avec Dieu, dans les temps morts, dans les heures ou les jours où l’on n’a rien à faire, après le travail, les occupations quotidiennes, les loisirs même. Et, très vite, il ne reste plus de temps libre. On commence par avoir mauvaise conscience et puis on trouve des excuses :  » travailler, c’est prier « .

Petit à petit, on ne prie plus : « Mon père, je n’ai plus le temps de prier ». Jésus-Christ dérange : « J’avais mes petits projets et voici qu’il m’invite ». Mais le repas de noces ne peut rester en souffrance et Dieu continue d’inviter.

« Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent : mauvais et bons ».

L’appel de Dieu est universel : il s’adresse à tous, à chacun de nous et surtout aux pécheurs. Il faut que la salle de noces soit remplie. L’entrée est gratuite : tous peuvent y accéder.

Mais Dieu nous respecte trop pour nous y forcer : il faut s’engager positivement. Il ne veut pas faire de nous des mendiants, des assistés. Nous devons être responsables pour une part, de notre participation à la vie éternelle. Le Salut n’est pas automatique. Il faut correspondre librement à l’invitation de Dieu.

Allons-nous répondre à l’invitation ? C’est une histoire d’amour. Nous avons parfois une conception élitiste de l’Église : le sentiment qu’elle devrait éliminer de son sein tous ceux qui ne mènent pas une vie évangélique !… Mais ne serais-je pas alors le premier à devoir en sortir ?

C’est vrai que l’Église, n’étant pas une secte, accueille plutôt largement et que cela ne satisfait pas ceux qui voudraient qu’elle donne une image sans bavure.

Serait-ce bon d’ailleurs que l’Église veuille donner une telle image ?

Ne serait-ce pas la route ouverte à l’hypocrisie, comme pour les pharisiens ?

Il est vrai que la fin de la parabole parle d’un tri qui doit se faire. Mais attention ! Pas tout de suite ! Mais « à la fin des temps  » « lorsque le roi viendra pour regarder les convives ».

C’est également ce que disaient les paraboles de l’ivraie et du bon grain : « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges surviendront et sépareront les mauvais d’avec les justes ». Qui veut entrer au festin doit porter le vêtement de noces !

L’entrée au festin du Royaume ne dépend pas de la race, de l’appartenance à un peuple mais de la conversion, du changement de vie, des œuvres bonnes, …

En recevant le vêtement blanc du Baptême : nous avons été invités à « garder intacte la dignité des fils de Dieu « .

Le vêtement du peuple nouveau, le vêtement de noce :

  • C’est le Christ que nous avons revêtu,

  • C’est notre dignité de chrétiens,

  • C’est la grâce de Dieu,

  • C’est une invitation à mener une vie à la hauteur de ce que nous avons reçu.

Dieu ne conçoit pas l’Église de son Fils comme une communauté parfaite tout de suite, mais comme une collectivité extrêmement mélangée où se rencontrent toutes les races et toutes les conditions sociales.

Tous les hommes sont invités, blancs ou noirs, riches ou pauvres, israéliens, palestiniens, bien portants autant que les malades, et même les mauvais autant que les bons : c’est un festin universel ! Et le Seigneur est là qui attend et qui veille.

D’où vient alors que certains risquent d’être rejetés ? Ils n’ont pas le « vêtement de noce » : ils ont cru qu’il suffisait d’être appelés, mais ils n’ont pas répondu à l’offre de Dieu, ils n’ont pas revêtu le « manteau de la grâce ».

Les « noces de l’agneau » sont un pur chant de fête. Une seule exigence : « Oui, Seigneur, tu m’invites ; j’arrive tout de suite… » AMEN




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

Pauvres grands-prêtres et anciens du peuple ! Après avoir suggéré que malgré leurs fonctions, ils ne faisaient pas la volonté de Dieu dans le texte d’évangile de dimanche dernier, dans celui d’aujourd’hui, Jésus les accuse d’être des meurtriers !

Or, nous qui avons l’habitude de venir à la messe, et d’entendre la proclamation de textes d’évangile accompagnés d’une explication ou d’une réflexion, nous savons bien qu’en général, lorsque Jésus s’adresse à un personnage pour lui faire un reproche, c’est aussi à nous qu’il s’adresse.
Est-ce que cela signifie que Jésus nous accuse d’être des meurtriers ?! Ne tirons pas de conclusions trop vite, et regardons de plus près les textes que nous propose la liturgie ce dimanche.

Dans trois des quatre textes que nous avons entendus il est question d’une vigne, et d’un jugement du Seigneur: dans la première lecture (Is 5, 1-7), dans le Psaume (79), et dans l’évangile (Mt 21, 33-43). Ces textes raisonnent les uns avec les autres.
Par conséquent, il me semble que si nous voulons entendre ce que Jésus veut nous dire aujourd’hui, il est nécessaire de se pencher d’abord sur le texte dont il s’est inspiré pour composer la parabole dite « des vignerons homicides ». Ce texte n’est autre que le « chant de la vigne » d’Isaïe que nous avons entendu en première lecture.

La fin du texte nous donne une information précieuse pour comprendre la parabole de Jésus. Isaïe écrit: « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. » (v. 7).
L’image de la vigne appliquée au peuple se rencontre assez fréquemment dans la Bible. Il est possible que ce soit parce que la vigne est un symbole de l’amour comme le suggère le début de notre texte: « Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne » (v. 1). Ce verset fait d’ailleurs écho à plusieurs passages du Cantique des cantiques dans lesquels il est aussi question de bien-aimé(e) et de vigne. Par exemple:

« Ne regardez pas à ma peau noire : c’est le soleil qui m’a brunie. Les fils de ma mère se sont fâchés contre moi : ils m’ont mise à garder les vignes. Ma vigne, la mienne, je ne l’ai pas gardée…Mon bien-aimé, pour moi, est un rameau de cypre parmi les vignes d’Enn-Guèdi. ». (Ct 1, 6; 14)

Ensuite, le chant de la vigne d’Isaïe nous enseigne que l’amour du Seigneur pour son peuple se vérifie dans ses actions:

« Il en retourna la terre, en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. » (v. 2).

Le Seigneur prend soin de sa vigne ; Il prend soin de son peuple
Mais alors que Dieu avait tout fait pour que sa vigne produise de beaux raisins, c’est à dire des fruits de justice, la vigne bien-aimée en a donné de mauvais. C’est la raison pour laquelle, Dieu a permis que la vigne soit piétinée par des peuples voisins.

Le psaume 79 que nous avons chanté en réponse à la première lecture fait mémoire de ces événements. Dans un premier temps, Dieu prend soin de sa vigne: « La vigne que tu as prise à l’Égypte, tu la replantes en chassant des nations » (v. 9). Dieu libère son peuple de l’esclavage en Egypte et le conduit jusque’en Terre Promise. Mais dans un deuxième temps, Dieu permet que la vigne soit dévastée: « Pourquoi as-tu percé sa clôture ? Tous les passants y grappillent en chemin ; le sanglier des forêts la ravage et les bêtes des champs la broutent » (v. 13-14).

L’évangile d’aujourd’hui est la suite du débat entre Jésus et les autorités religieuses que nous avons commencé la semaine dernière avec la parabole des « deux fils ». Les grands-prêtres et les anciens du peuple connaissent bien l’Écriture. C’est pourquoi, Jésus leur dit une parabole qui s’inspire du chant de la vigne d’Isaïe qu’ils connaissent bien.

Dans la première lecture nous avons appris que la vigne est une image d’Israel. Si la vigne est une image d’Israel, et que le propriétaire de la vigne est le Seigneur, qui sont les vignerons ? La réponse est évidente ! Les vignerons ne peuvent être que les autorités religieuses d’Israël, c’est à dire les grands prêtres et les anciens avec qui Jésus est en train de discuter.

La parabole de Jésus met l’accent sur le comportement coupable des vignerons. Derrière le sort que ces derniers réservent aux serviteurs que le propriétaire envoie auprès d’eux, nous pouvons reconnaitre le sort qu’Israël a parfois réservé aux prophètes. Prenons par épisode parlant, dans le Deuxième Livre des Chroniques, dans lequel un prophète du nom de Zacharie est tué après un commandement du roi:

« Pour ramener les habitants de Juda à lui, Dieu envoya chez eux des prophètes. Ceux-ci transmirent le message, mais personne ne les écouta. Dieu revêtit de son esprit Zacharie, le fils du prêtre Joad. Zacharie se présenta devant le peuple et lui dit : « Ainsi parle Dieu : Pourquoi transgressez-vous les commandements du Seigneur ? Cela fera votre malheur : puisque vous avez abandonné le Seigneur, le Seigneur vous abandonne. » Ils s’ameutèrent alors contre lui et, par commandement du roi, le lapidèrent sur le parvis de la Maison du Seigneur » (2 Ch 24, 19-21).

Les vignerons traitent de la même façon les trois serviteurs. Malgré cela, le propriétaire de la vigne, Dieu, ne se décide toujours pas à intervenir de façon punitive. Au contraire, il montre sa patience et sa miséricorde en leur envoyant son fils avec l’espoir qu’ils le respectent.

« Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : ‘Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !’ » Le plan des vignerons est irrationnel ! Le propriétaire de la vigne est certes miséricordieux et patient, mais donnerait-il sa vigne en héritage à des vignerons qui ont maltraité et tué trois de ses serviteurs et son fils ? En racontant ce raisonnement absurde, Jésus veut faire comprendre aux grands-prêtres et aux anciens du peuple qui ont le projet de le faire mourir, que leur plan est voué à l’échec ! Et l’ironie de cette situation, c’est que c’est les grand prêtres et les anciens eux-mêmes qui donnent leur propre condamnation:

« Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » (v. 41)

Maintenant que nous comprenons mieux la parabole, laissons nous interroger par elle. Finalement, Jésus nous traite t-il de meurtriers ? Je ne pense pas. Cependant, le Maître veut nous donner deux avertissements. Celui que nous allons recevoir dépend du personnage de la parabole auquel nous nous identifions. Puisque le propriétaire de la vigne, c’est Dieu, et que son fils, c’est le Christ, il ne reste que deux personnages auxquels nous pouvons nous identifier: les vignerons et les serviteurs.

Il me semble que l’image des vignerons interroge particulièrement ceux qui exercent dans l’Église un ministère ordonné, ainsi que ceux qui ont des responsabilités dans la communauté chrétienne. Dans la parabole, si les vignerons battent, et tuent les serviteurs du propriétaire, c’est parce qu’ils ne veulent pas remettre à celui-ci le produit de la vigne. Les vignerons veulent garder les fruits pour eux.
Et moi, pour qui est-ce que je travaille ? Pour le Seigneur ? Ou pour ma propre gloire ? Peut-être que mes intentions ne sont pas pures. Et que je cherche à être bien vu des autres ? Voilà la première mise en garde que Jésus adresse à ceux qui exercent des responsabilités dans l’Église.

Si tout le monde ne peut pas s’identifier aux vignerons, l’image des serviteurs qui sont battus et tués dans la parabole parle à tout chrétien.
En 2017, j’ai fait un temps de volontariat au Vietnam. Et l’un des frères de la communauté avec laquelle je vivais, m’a dit qu’au Vietnam, la religion d’un individu est écrite sur sa carte d’identité, et souvent, quand il est écrit qu’une personne est chrétienne, cela peut lui porter préjudice. Être chrétien est parfois un critère de discrimination. Pour un chrétien, il peut être plus difficile de trouver un emploi ou d’intégrer une université par exemple. En apprenant cela, j’ai été choqué, et j’ai ressenti un fort sentiment d’injustice dans mon cœur. Mais en fait, je n’aurais pas dû être surpris. Qui de nous n’a jamais été méprisé, ou tourné en dérision à cause de sa foi chrétienne ?
Les serviteurs de la parabole nous rappellent que si le disciple du Christ est comme son maître, il doit s’attendre à être maltraité. Jésus nous avertit que vouloir le suivre signifie accepter de porter la croix à sa suite .

À la fin du texte d’évangile, Jésus dit que le royaume de Dieu sera donné à une nation qui lui fera produire ses fruits, c’est à dire une nation qui accomplira la volonté du Père Céleste (cf. Mt 7, 15ss.).

Comment faire pour porter les fruits du Royaume de Dieu ?

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous donne la recette:

« En toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph 4, 6b-7).

La paix de Dieu nous a déjà été donné. Pour porter les fruits du Royaume de Dieu, des fruits « dignes d’être aimés et honorés » (v. 8), nous devons demeurer dans la paix de Dieu. Pour y demeurer, il n’y a qu’un seul moyen: la prière, c’est à dire entretenir une relation d’amour avec Dieu.

Tournons-nous donc vers le Seigneur, et demandons Lui la grâce de Lui être fidèle en lui redisant les paroles du Psaume de tout notre cœur:

« Jamais plus nous n’irons loin de toi: fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés » (Ps 79, 19-20).

                                                        Diacre Alexandre ROGALA (M.E.P.)




30 ans de prière du Rosaire sur radio Arc-en-ciel (La Réunion), 1993-2023.

Depuis le mois de septembre 1993, chaque lundi soir dès 20h, une équipe de laïcs sous la responsabilité de sœur Thérèse-Bénédicte, dominicaine, et accompagnée par le frère Manuel, dominicain, anime en direct la prière du Rosaire sur les ondes de radio Arc-en-ciel.

C’est ainsi que l’Évangile de Jésus le Christ est prié avec la foi et le cœur de Marie. La foi de la Vierge est la foi de l’Église.

La prière à la radio rejoint les familles et les personnes isolées dans leurs maisons, les personnes détenues dans leurs cellules des prisons, les voyageurs dans leurs voitures, les malades sur leur lit d’hôpital … Source de grâces, la prière du Rosaire forme une communauté de croyants, habités par la Parole de Dieu et unis dans l’Esprit-Saint.

Le samedi 7 octobre 2023, en la fête liturgique de Notre-Dame du Rosaire, une messe d’action de grâces sera célébrée à 7h30 par le frère Manuel Rivero O.P., au monastère des moniales dominicaines, 88 allée Ave Maria, Saint-Denis/La Réunion. Radio Arc-en-ciel retransmettra en direct la célébration.




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – par Francis COUSIN

« La vigne du Seigneur de l’univers,

c’est la maison d’Israël. »

Ou plutôt, on devrait dire « c’était », puisque depuis que Jésus est venu sur terre, « la vigne du Seigneur », c’est l’Église.

Troisième dimanche d’affilée où Jésus parle de vigne, en fait trois paraboles qui se suivent dans une même rencontre avec les grands prêtres et les anciens du peuple, le lundi qui précède la Pâque et la mort de Jésus sur la croix … et qui préfigure justement celle-ci.

On ne peut réparer ce passage de l’Évangile de celui du prophète Isaïe de la première lecture, que tous connaissaient, aussi bien Jésus que ses contradicteurs du jour.

Dans les deux cas, l’ami d’Isaïe ou le maître du domaine de Jésus représente Dieu, qui aime sa vigne et qui en prend grand soin : la terre est retournée, bêchée, épierrée, entourée d’une clôture, avec un pressoir et une tour de garde … pour éviter que des intrus ne viennent y prendre des raisins …

Dans le texte d’Isaïe, malgré un « plant de qualité », la vigne ne donna que de mauvais raisins … Déception de son ami, du propriétaire de la vigne qui, dégouté, se propose d’enlever la clôture et de laisser la vigne à l’abandon …

« Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris. » (Is 5,7).

Dans l’évangile, après avoir bichonné sa vigne, et louée celle-ci à des vignerons, le maître pars en voyage. Il fait totalement confiance à ses vignerons … L’amour de Dieu est total, il ne fait pas de commentaires : il faut faire-ci, il faut faire-ça. Pour lui, le bon-droit et la justice sont évidents …

Les choses se gâtent quand vient le temps du paiement de la location. Les vignerons refusent de payer : le maître est loin … ils font ce qu’ils veulent … en fait, ils se sont appropriés la vigne … et les serviteurs en font les frais : galets … coups … meurtres. Pareil avec d’autres plus nombreux …

Ces serviteurs, ce sont les prophètes, envoyés par Dieu auprès du peuple d’Israël, comme Isaïe qui se plaignait que le droit et la justice se soient pas respectés.

Alors le maître « leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils. »

Et c’est là où tout s’éclaire pour les auditeurs : le fils dont parle Jésus, c’est lui-même, et les grands prêtres et les anciens l’ont bien compris puisqu’ils l’avaient accusé de blasphème en se prenant pour Dieu.

Mais les vignerons tuèrent le fils … comme Jésus, quatre jours plus tard, par l’intermédiaire des Romains …

Et comme Jésus leur demande quelle sera la réaction du maître de la vigne, ils répondent crânement : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »

Dieu ne les a pas tués, bien sûr, mais il a confié sa vigne à d’autres vignerons : « Ceux qui écoutent sa Parole et la mettent en pratique. » (cf Lc 11,28), ceux qui sont sa nouvelle famille : les baptisés de son Église.

Il serait trop facile de ne penser que cette parabole ne concerne que les grands prêtres et les anciens.

Ces paraboles nous concernent tous, en tout temps et en tout lieu …

Et cela nous invite à nous poser questions, à nous qui sommes baptisés :

Est-ce que nous écoutons toujours les paroles de Jésus, toutes, et pas seulement celles qui nous intéressent, qui sont faciles à suivre ?

Est-ce que nous les mettons toujours en pratique ? (Cf Jc 2,17-18)

Est-ce que nous « prions et supplions, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu nos demandes. » ? (cf 2° lecture)

Est-ce que « tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela », est-ce que nous les prenons en compte dans nos décisions ? (cf 2° lecture)

Dieu de l’univers reviens !

Du haut des cieux, regarde et vois :

visite cette vigne, protège-la,

celle qu’a plantée ta main puissante,

Jamais plus nous n’irons loin de toi :

fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;

que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés.

                                                                                              Psaume 79

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ord A 27°

 




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – Homélie du Père Louis DATTIN

 Les vignerons homicides

Mt 21, 33-43

Il y a des paroles de Jésus, dans l’Evangile, que l’on préfèrerait ne pas entendre : elles sont trop rudes. Que faire alors ?

  • nous boucher les oreilles pour ne pas les entendre,

  • attendre que cela se passe,

  • se persuader qu’elles ont été dites pour les autres, mais pas pour nous !

  • protester

« Seigneur, c’est dur à accepter », disent les pharisiens après le discours sur le pain de vie. « Qui peut continuer à t’écouter ? ».

On peut aussi édulcorer, mettre du sucre et enlever le sel. Après tout, Jésus n’a pas adopté ce ton-là avec moi, avec nous ! Allons un peu plus loin dans le texte de l’Evangile : « Les chefs des prêtres et les pharisiens comprirent que Jésus parlait d’eux ».

Il n’y a pas à s’y tromper, c’est bien à eux, et à nous qu’il s’adresse aussi. Dans son désir de toucher des cœurs fermés, blindés à l’Evangile, Jésus hausse le ton et tonne pour se faire entendre coûte que coûte.

« Mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ».

Ces chefs des prêtres, ces gens bien-pensants qui s’estimaient les préférés de Dieu, Jésus, sans doute, avait d’abord compté sur eux, sur leur appui, pour se faire reconnaître auprès du peuple. Il avait pensé qu’ils seraient les auxiliaires de sa mission, ils étaient tellement religieux : seulement voilà c’était des observateurs d’une loi et non les amoureux d’une personne. Ils n’aimaient pas Dieu, ils se contentaient, vaille que vaille, de lui obéir.
Ils ont une mentalité de salariés, d’employés à une vigne qu’ils n’aiment pas, qui est seulement celle du propriétaire, mais qu’ils n’ont pas adoptée. Ces vignerons sont des employés à la petite semaine, ils n’aiment pas la vigne. Ils n’aiment que les fruits qu’elle va produire et qu’ils comptent bien commercialiser à leur profit : combien de chrétiens n’aiment l’Eglise du Christ que dans la mesure où ils vont en profiter, faisant d’elle une exploitation, ne regardant que les fruits à récolter et non le travail à y faire, et non l’amour à déployer pour qu’elle soit plus belle et parce que c’est « la vigne du Seigneur « .

Mentalité du « donnant-donnant », mentalité d’un employé qui s’intéresse beaucoup plus à son salaire de fin de mois qu’à la réussite de l’entreprise dans laquelle il travaille, ne considérant Dieu que comme un patron tout puissant, dont on va profiter au maximum.

« Dieu, on dit que tu es bon, alors nous, on va en profiter ; ta bonté, elle est à notre service, on va te mettre à notre service. Je fais une neuvaine. Je fais un vœu, une promesse. J’ai récité telle prière qui me donne des indulgences. J’ai dit 3 fois  » Gloire au Père « , 10 fois un  » Je vous salue Marie « . Maintenant, j’attends ta réponse. C’est toi qui es en dette. Tu es mon client. Tu dois payer ».

Mais, surprise ! C’est le Seigneur, au temps de la vendange, qui envoie les vendangeurs pour récolter les fruits de la vigne, de cette vigne que nous avons soignée. Alors, là, ça ne marche plus !

Les Juifs ont rejeté Jésus, refusé son message et la vigne est passée à un autre, à une autre : l’Eglise.

« Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui, lui, fera produire son fruit ». Il est exact :

  • que le propriétaire du Domaine, c’est Dieu ;

  • que “ la vigne bien aimée ” dans le beau chant d’Isaïe, c’est le peuple d’Israël, son peuple élu, objet de tous ses soins, vigne aimée du Père : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? »

Ces raisins, ce sont les fruits du maître et nous nous imaginons que nous en sommes les maîtres = tentation perpétuelle de nous accaparer l’œuvre de Dieu : le monde, l’univers, alors qu’il nous est simplement confié pour le faire valoir, le faire prospérer. Non, Dieu n’est pas neutre, débonnaire, permissif. Il aime l’homme au point de lui demander des comptes : il le traite en vrai responsable.

Il y a « un jour de la vendange  » : ce jour où Dieu me demande à l’instant décisif, ce que j’ai fait de tout ce qu’il m’a confié !

Il y a un temps pour la récolte = pas avant : les fruits ne sont pas mûrs, pas après : les fruits sont pourris.

Il y a le temps, et il arrivera pour nous où le Seigneur me demandera, à moi aussi : « Alors, qu’as-tu à me présenter », « Où est la récolte que j’ai espéré de toi ? Où sont les grappes de ton travail ? Les fruits de ton amour ? Je t’ai établi responsable de mon domaine, de mon Eglise : qu’as-tu fait ? »

Les vignerons se saisirent des envoyés, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. Nous refusons Dieu, c’est un ‟ gêneur ” lorsqu’il vient demander ses fruits : fruits de justice, d’amour, de paix. Nous voulons gérer notre vie, notre vigne pour notre compte personnel : j’accepte mal les exigences divines, les appels divins, « Oh, Dieu n’en demande pas tant ! ».

Eh si ! Et sans doute, plus ! Mais Dieu n’est pas rebuté par nos refus et de nouveau, il envoie d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers. Ils furent traités de la même façon tous ces prophètes qui viennent déranger la société matérialiste avec leurs utopies et leurs idées subversives qui viennent déranger nos plans économiques.

Ils ont tué Gandhi, tué Isaïe, tué le père Popieluszko, tué Jérémie, tué Mgr Romero, tué Martin Luther King, tué Hervé Gourdel, tué Jeanne d’Arc, tué six jésuites en Equateur.

« Il est bon qu’un seul meurt pour tous les autres », « On va faire un exemple : ça les calmera ».

Finalement, il leur envoya son Fils en disant : « Ils respecteront mon Fils », et c’est là, à ce moment de la parabole, qu’elle cesse d’être une parabole, mais l’histoire vraie de Dieu avec les hommes car la suite de l’histoire est historique : histoire vraie. Oui Dieu a été jusque -là : il envoie son propre Fils à des gens qui ont déjà tué de nombreux serviteurs. Dieu ose le risque de l’amour total. Il joue le quitte ou double radical. Il risque son propre Fils, le fruit de sa tendresse trinitaire.

« Dieu nous a aimés jusqu’à nous donner son propre Fils ».

Voyant le fils, les vignerons se dirent :

« Voici l’héritier, allons-y ! Tuons-le ! Nous aurons l’héritage ! ».

 

Notons au passage que le péché des vignerons n’est pas de ne pas avoir fait produire de fruits à la vigne, mais de vouloir s’approprier ces fruits qui ne leur appartiennent pas : c’est cela le péché de l’athéisme, gérer la terre au profit exclusif de l’homme, sans tenir compte qu’elle est propriété et don de Dieu.

L’homme n’accepte plus Dieu comme son bonheur définitif, son bien absolu, le sens de sa vie. Il cherche  » en lui-même  » le bonheur, ce sens, son bien absolu.  » Mort de Dieu  » qui devient inévitablement la mort de l’homme coupé de ses racines, sans Dieu. C’est la mort qui gagne toujours.

Sartre le reconnaîtra : « Sans Dieu, la vie n’a aucun sens et la mort aura le dernier mot ! »

Cette question du refus de Dieu n’est pas seulement celle des Juifs mettant Jésus en croix : c’est aussi de ma vie qu’il s’agit. C’est ma vie qui répond ou qui refuse.

Il n’est pas équivalent d’écouter l’Evangile ou de le mettre en pratique ou de vivre comme si Dieu n’existait pas !

Il s’agit de vivre selon l’amour absolu ou selon le non-amour.

Il s’agit de rendre les fruits à Dieu ou de les garder pour soi !

La vigne de Dieu, c’est la vaste église, c’est notre île, notre quartier. C’est aussi notre famille et finalement, c’est le fond du cœur de chacun d’entre nous. AMEN




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« La parabole des vignerons homicides »…

(Mt 21, 33-43)

  En ce temps-là,  Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez une autre parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage.
Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.”
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !”
Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : ‘La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !’
Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »

       

                      

Avec cette parabole, Jésus fait allusion au prophète Isaïe (Is 5), qui avait évoqué le Peuple d’Israël avec l’image d’une vigne. Mais en Isaïe c’est Dieu qui en est le propriétaire, alors que Jésus parle ici « d’un homme », allusion discrète à son Mystère. Il est en effet ce Fils « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu » qui, « pour nous et notre salut a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ». Vrai Dieu et vrai homme, « par qui tout a été fait » (Jn 1,3), Israël et l’humanité tout entière…

Il introduit ensuite dans la parabole une nouvelle image, qui n’apparaît pas en Isaïe : celle des « vignerons ». Leur rôle est de travailler la vigne, d’en prendre soin, pour lui permettre de donner le meilleur d’elle-même. Ils n’oublieront pas qu’ils n’en sont pas les propriétaires, mais des serviteurs appelés,  au moment de la récolte, à donner à qui de droit les fruits qu’elle aura portés. Qui représentent-ils ? « Les Grands Prêtres et les Pharisiens comprirent bien qu’il les visait ». Hélas, eux et leurs prédécesseurs ont voulu garder pour eux et pour eux seuls le produit de la vigne, prenant ainsi la place du propriétaire… Ils n’ont plus voulu servir, obéir, donner, mais être servis, commander et tout garder pour eux… Péché de l’homme, vieux comme le monde…

Aussi quand le propriétaire de la vigne envoie ses serviteurs, les prophètes, pour leur rappeler leur condition véritable, ils ne veulent rien entendre. Ils les « battent », les « tuent », les « lapident »… Puis Jésus modifie encore la parabole, second clin d’œil à son Mystère, en introduisant l’image du fils : le propriétaire décide d’envoyer « son fils en disant : « Ils respecteront mon fils » ». Nous atteignons ici le sommet du texte : la révélation brille avec une intensité toute particulière. Sera-t-elle accueillie ? Non, elle ne fera qu’endurcir encore plus le cœur de ces hommes : ils reconnaîtront bien le Fils, « Celui-ci est l’héritier », mais ils ne veulent pas se repentir : « « Venez, tuons-le et nous aurons son héritage » Et le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne », allusion à la mort de Jésus « hors des » remparts de Jérusalem, « et le tuèrent »…

Quelle folie ! Toute la mission du Fils Unique est en effet d’inviter tous les hommes à partager son héritage. Et quel est-il ? Rien de moins que cette Plénitude de vie divine qu’il reçoit de toute éternité du Père, ce Don par lequel le Père l’engendre « avant tous les siècles » en Fils « de même nature que le Père ». « Recevez l’Esprit Saint », dira le Christ Ressuscité à ses disciples (Jn 20,22), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5,25). « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils », écrira St Paul, « et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Rm 8,14-17)…

                                                                                                                      DJF