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Audience Générale du Mercredi 19 Août 2015

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 19 Août 2015
 


 Frères et sœurs, le travail est nécessaire aux familles, afin qu’elles puissent assurer à chacun de leurs membres une vie digne ; et c’est en famille que l’on éduque les enfants au travail par l’exemple des parents. Dans la tradition chrétienne, la prière et le travail vont ensemble. Le manque de travail nuit à la vie spirituelle et réciproquement. Le travail exprime la dignité de la personne humaine créée à l’image de Dieu. Il fait partie du dessein de Dieu créateur, c’est pourquoi il ne doit pas devenir l’otage de la logique du seul profit. Autrement ce sont les pauvres et les familles qui en souffrent le plus. Il est alors certain que la société travaille contre elle-même. Car ce sont les familles qui gardent ces précieux fondements de la création que sont le lien entre l’homme et la femme, la génération des enfants, et le travail qui rend le monde habitable ; fondements dont la perte est dommageable à la maison commune.

En ce moment difficile de notre histoire, demandons au Seigneur de soutenir les familles dans leur vie quotidienne et dans leur mission. Qu’il leur accorde de garder fidèlement et courageusement les valeurs fondamentales de la création.

 
    
 

 

 

 




Le Message du Christ Ressuscité à l’Eglise de Sardes (Ap 3,1-6)

             sardesÀ l’Ange de l’Église de Sardes, écris : Ainsi parle celui qui possède les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles. Je connais ta conduite ; tu passes pour vivant, mais tu es mort. (2) Réveille-toi, ranime ce qui te reste de vie défaillante ! Non, je n’ai pas trouvé ta vie bien pleine aux yeux de mon Dieu. (3) Allons ! rappelle‑toi comment tu accueillis la parole ; garde-la et repens-toi. Car si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai. (4) À Sardes, néanmoins, quelques-uns des tiens n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils m’accompagneront, en blanc, car ils en sont dignes. (5) Le vainqueur sera donc revêtu de blanc ; et son nom, je ne l’effacerai pas du livre de vie, mais j’en répondrai devant mon Père et devant ses Anges. (6) Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises. 

 

            Ici, le Christ se présente non pas en reprenant un des éléments de la vision inaugurale, mais par une déclaration qui renvoie à l’introduction du Livre de l’Apocalypse (Ap 1,4-5), avec ces trois expressions qui désignaient tour à tour au Père (Il est, il était et il vient), l’Esprit Saint (les sept Esprits présents devant son trône) et le Fils (Jésus Christ, le témoin fidèle, le Premier Né d’entre les morts, le Prince des rois de la terre). 

Icône de la Trinité

            Cet Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité, possède donc pleinement la nature divine évoquée ici par l’expression « les sept Esprits », sept étant symbole de plénitude… Le Père et le Fils la possèdent bien sûr également en Plénitude, d’où l’affirmation du Christ en Ap 3,1 : « Ainsi parle celui qui possède les sept Esprits de Dieu ». Cette nature divine commune aux Trois Personnes divines[1] peut être évoquée aussi bien en parlant de « l’Esprit de Dieu », sous-entendu du ‘Père’, que de « l’Esprit du Fils », « l’Esprit du Christ ». Or c’est justement cet Esprit qu’il possède en plénitude que le Christ est venu nous transmettre. St Paul évoque cette réalité en Rm 8,9 aussi bien en termes « d’Esprit de Dieu », sous-entendu du ‘Père’, que « d’Esprit du Christ » : « l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas »… Et c’est en nous donnant cet Esprit que le Christ nous établit en communion avec Lui. Celui qui le reçoit a donc au plus profond de lui-même une réalité qui est au même moment dans le cœur du Christ, et donc qui appartient au Christ… St Paul dit alors du chrétien qu’il ne s’appartient plus, mais qu’il appartient lui aussi au Christ : « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? Vous avez été bel et bien achetés ! Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1Co 6,19).  « Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus… Vous appartenez au Christ » (Ga 3,26-29). C’est en ce sens qu’il faut comprendre ici l’appartenance au Christ des « sept étoiles », ces « sept étoiles qui sont les Anges des sept Eglises » (Ap 1,20) : les Evêques responsables des communautés, ou les communautés elles-mêmes… Mais quoi qu’il en soit, tous ont reçu au jour de leur baptême « l’Esprit du Christ » ; ils appartiennent donc tous au Christ, ils sont « dans sa main droite » (Ap 2,16.20)…
 corps st esprit
            Le regard que porte le Christ sur l’Eglise de Sardes a de nouveau la profondeur de celui de Dieu lui-même, le seul à pouvoir « sonder les cœurs et les reins »… En effet, sa remarque porte sur leur vie même de disciple, ou plutôt sur son engourdissement… Que s’est-il passé ? Ont-ils laissé l’Esprit s’éteindre (1Th 5,19) ? Ont-ils oublié cet avertissement du Christ : « Tenez-vous sur vos gardes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans la débauche, l’ivrognerie, les soucis de la vie » (Lc 21,34) ? « Les plaisirs de la vie », « la séduction de la richesse et les autres convoitises » les ont‑ils pénétrés, « étouffant la Parole qui est alors demeurée sans fruit » (Mc 4,19 ; Lc 8,14) ? Ont-ils dit en leur cœur : « « Mon maître tarde. » Se sont‑ils mis alors à frapper leurs compagnons, à manger et à boire en compagnie des ivrognes » (Mt 24,45‑51 ; Lc 12,42-46) ? Le texte ne donne aucune précision… Seul résonne l’appel : « Réveille-toi, ranime ce qui te reste de vie défaillante ! ». Et l’on pourrait ajouter avec St Paul : « C’est l’heure désormais de sortir de votre sommeil ; le salut est maintenant plus près de nous qu’au temps où nous avons cru. La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. Comme il sied en plein jour, conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rm 13,11-14). 
Alors si « le jour est arrivé », « puisque les ténèbres s’en vont et que la véritable lumière brille déjà » (1Jn 2,8), « éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Ainsi prenez bien garde à votre conduite ; qu’elle soit celle non d’insensés mais de sages, qui tirent bon parti de la période présente ; car nos temps sont mauvais ; ne vous montrez donc pas inconsidérés, mais sachez voir quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin : on n’y trouve que libertinage ; mais cherchez dans l’Esprit votre plénitude. Récitez entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur. En tout temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Ep 5,14-20). « Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l’Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable » (Ep 6,18). « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26,40). « Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison va venir » (Mc 13,34). « Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai » (Ap 3,3 ; Mt 24,42-44 ; Mc 13,33 ; 1Th 5,2). « Que vos reins soient donc ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables, vous, à des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira » (Lc 12,35-37). 

jésus frappe à la porte

Cet appel à la vigilance devait résonner tout particulièrement aux oreilles des habitants de Sardes, car « deux fois au cours de l’histoire, les habitants de la ville s’étaient fait surprendre de nuit (par Cyrus en 546 av JC, et par Antiochus III en 218 av JC), et la ville était tombée. D’où sans doute l’avertissement donné par le Christ au sujet de sa venue comme un voleur »[3]
 
Mais cet avertissement se retrouve aussi très souvent dans le Nouveau Testament. Veiller fait en effet partie intégrante de la vie du croyant, dans l’aujourd’hui de sa foi : il doit se montrer attentif à garder en son cœur la Lumière de son Seigneur qui est pour lui la Vie de sa vie. Et pour que la flamme de sa foi ne vacille pas, le Christ l’invite à « garder la Parole », à la fréquenter assidûment, en essayant de mettre sa vie en harmonie avec elle pour ne pas perdre cette Paix, le grand cadeau du Ressuscité (Jn 20,19.21 ; 14,27 ; Rm 5,1 ; 8,6 ; 14,17 ; 15,13 ; 15,33 ; 16,20 ; 1Co 14,33 ; 2Co 13,11 ; Ga 5,22 ; 6,16 ; Ep 2,11-18 ; 4,3 ; Ep 6,14-15 ; Ph 4,6‑9 ; Col 3,15 ; 1Th 5,23 ; 2Th 3,16 ; 2Tm 2,22 ; 1P 3,11 ; 5,14 ; 2P 1,1-2 ; 3,14 ; 2Jn 1,3 ; Jude 1,2 ; Ap 1,4)… S’ils « gardent la Parole », ils garderont avec elle l’Esprit Saint qui se joint toujours à elle (Jn 3,34 BJ), car il est le Souffle qui dit la Parole au cœur de ceux et celles qui l’accueillent. Or cet Esprit « Souffle » est tout à la fois Lumière (Jn 4,24 avec 1Jn 1,5) et Vie (Jn 6,63 TOB ; Ga 5,25). C’est donc grâce à Lui que « la Parole de Dieu est vivante » (1P 1,23). Au cœur de celui qui l’accueille avec la Parole, l’Esprit « Lumière » et « Vie » ne pourra donc que ranimer « la mèche qui faiblit » (Mt 12,20) et « ce qui reste de vie défaillante » (Ap 3,2), et semer sa Joie comme aux jours où ils l’entendirent pour la première fois (cf. 1Th 1,6). « Allons ! Rappelle-toi comment tu accueillis la Parole ; garde-la et repens-toi » (Ap 3,3).
 Esprit Saint
Tenons-donc ferme la Parole prophétique : « Vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (2P 1,19). Si la Parole est « une lampe qui brille dans un lieu obscur » grâce à l’Esprit de Lumière, elle a donc ce mystérieux pouvoir de communiquer sa Lumière, car celui qui s’ouvre à elle de tout cœur reçoit en même temps cet Esprit de Lumière qui ne cesse de lui rendre témoignage (Jn 15,26 ; 1Jn 5,6) par un Don qui est de l’ordre de la Vie (1Jn 5,11-12), cette Vie qui est Lumière (Jn 1,4 ; 8 ,12) ! Alors « l’étoile du matin se lèvera dans son cœur », cette étoile que le Christ Ressuscité lui-même nous donne avec sa Parole et par elle (Ap 2,28) : Père, « je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître encore, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » (Jn 17,26). Or « connaître » en St Jean, c’est « faire l’expérience de »[4]… Et le Nom dans la Bible renvoie au Mystère de celui qui le porte. « Le Nom de Dieu » évoque donc son Mystère d’Amour, de Lumière et de Vie. « Connaître le Nom de Dieu » sera, dans la foi et par la foi, « faire l’expérience de son Amour, de sa Lumière et de sa Vie », une grâce que nous recevons de l’Esprit Saint qui, par sa simple Présence en nos cœurs, se fera « Amour » (Rm 5,5 ; Ga 5,22), « Lumière » (Ep 1,17-18) et « Vie » (Jn 6,63 TOB ; Ga 5,25)… « Le Royaume des Cieux est tout proche », ne cessait de dire Jésus (Mt 4,17 ; 10,7 ; Lc 10,9.11 ; 21,29-31), il « est arrivé jusqu’à vous » (Lc 11,20). Or ce Royaume est « Justice, Paix et Joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Dire que le Royaume est tout proche, c’est donc dire que l’Esprit Saint est tout proche, arrivé jusqu’à nous, déjà présent, déjà offert à nos cœurs… Il nous précède, il nous devance, il vient se donner à nous, sans conditions, gratuitement…
                Toute notre vie de foi consistera dès lors à « ne pas le contrister » (Ep 4,30), à « ne pas l’éteindre »lamph1 (1Th 5,19), « à conserver l’unité » intrieure et la paix qu’il nous transmet, une unité qui ne peut que se manifester dans la construction de l’unité de la communauté (Ep 4,3) et les « bons fruits » produits par « la bonne sève » (Jn 15,1-5 ; Ga 5,22-23 ; Ep 5,8-9). « L’homme bon, du bon trésor de son cœur, tire ce qui est bon » (Lc 6,45), et ce trésor, c’est le Don de l’Esprit Saint… Alors le Christ pourra trouver leur vie « bien pleine aux yeux de son Dieu » (Ap 3,2).

 

« Néanmoins, quelques uns » des chrétiens de Sardes « n’ont pas souillé leurs vêtements » en allant rendre un culte aux idoles ou à l’empereur… « Ils m’accompagneront en blanc, car ils en sont dignes » (Ap 3,4). Or la couleur blanche renvoie dans le livre de l’Apocalypse, mais aussi dans l’Evangile selon St Jean, à « la nature divine », c’est-à-dire à ce que Dieu Est en Lui-même[4]. C’est ainsi que Dieu siège « sur un trône blanc, très grand » (Ap 20,11), et Jésus, vrai homme mais aussi vrai Dieu, est présenté avec des traits semblables à Dieu dans le Livre de Daniel : « sa tête avec ses cheveux blancs est comme de la laine blanche, comme de la neige » (Ap 1,14 ; Dn 7,9). Et plus tard, St Jean écrira : « Et voici qu’apparut à mes yeux une nuée blanche et sur la nuée était assis comme un Fils d’homme », le Christ… Et « les armées du ciel », ces créatures célestes qui participent à cette nature divine selon leur condition de créature, « suivent le Verbe de Dieu sur des chevaux blancs, vêtues de lin d’une blancheur parfaite » (Ap 19,14), le Verbe Lui-même apparaissant sur « un cheval blanc » en Ap 6,2 et 19,11. Et au jour de la Résurrection, les deux Anges assis dans le tombeau se manifestent à Marie Madeleine « en vêtements blancs » (Jn 20,12)… Or Dieu nous a créés pour participer à sa Vie, à son Etre, à sa nature divine : « La divine puissance de notre Seigneur nous a donné tout ce qui concerne la vie et la piété : elle nous a fait connaître Celui qui nous a appelés par sa propre gloire et vertu. Par elles, les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise » (2P 1,3-4). Cette participation à la nature divine sera évoquée dans le Livre de l’Apocalypse par l’image des vêtements blancs. C’est ainsi que Dieu va donner à l’Eglise, l’Epouse du Christ, d’en être revêtue : « Soyons dans l’allégresse et dans la joie, rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l’Agneau, et son épouse s’est faite belle : on lui a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante » (Ap 19,7-8).
jesus robe blancheCe vêtement, Dieu le donne gratuitement, par amour, dès lors qu’on se repent pour accueillir le pardon de toutes ses fautes et repartir avec Lui sur le bon chemin. C’est ce qui est arrivé au fils prodigue de la parabole. Après avoir dépensé l’héritage de son Père dans une vie de désordre, il connut sa misère et prit conscience de son état. Alors, rentrant en lui-même, il se dit : « Je veux partir, aller vers mon Père et lui dire : “Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi”… Il partit donc et s’en alla vers son père. «Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : “Père, j’ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez la plus belle robe et l’en revêtez” » (Lc 15,11‑24). « La plus belle robe de la maison », la robe de Dieu lui-même, le vêtement blanc, est donc donné gratuitement par notre « Père des Miséricordes » (2Co 1,3) dès lors qu’on se repent. Tel est le cadeau qui vient immédiatement avec le Pardon des péchés, fruit de l’œuvre rédemptrice accomplie par la mort et la résurrection du Christ. « En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce » (Ep 1,7). C’est ainsi qu’en contemplant la foule de « ces gens vêtus de robes blanches », il sera révélé à St Jean que « ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve », l’épreuve de cette vie avec son cortège de souffrances physiques et morales : « ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple ; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente. Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 7,13-17). Et les martyrs qui « furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu », « on leur donna eux aussi à chacun une robe blanche » (Ap 6,9-11)… Ainsi, le Salut est donné gratuitement par notre Dieu, lui qui siège sur le trône, et par l’Agneau (Ap 7,10). Alors, celui qui accepte de se repentir, « qu’il suive mon conseil : qu’il achète chez moi de l’or purifié au feu pour s’enrichir ; des habits blancs pour s’en revêtir et cacher la honte de sa nudité; un collyre enfin pour s’en oindre les yeux et recouvrer la vue » (Ap 3,18). Et c’est « aujourd’hui que s’accomplit à nos oreilles ce passage de l’Écriture » (Lc 4,15), par la foi et dans la foi…

 

 prodigue            Ainsi « le vainqueur », celui qui aura accepté que le Christ remporte la Victoire dans sa vie sur son péché, sa misère, ses multiples infidélités (Ps 51(50),1-6), ce « vainqueur » sera revêtu de blanc grâce à la Tendresse et à la Miséricorde de Dieu… Et il connaîtra le Bonheur de la Vie éternelle : « je ne l’effacerai pas du Livre de Vie », dit le Christ, même s’il le mériterait largement par suite de ses fautes. Mais Dieu veut notre Vie plus que nous-mêmes (cf. 1Tm 2,3-6 ; Jn 3,14-17 ; 17,24)… Et si quelqu’un vient à pécher, c’est le Christ en personne qui prend sa défense et intercède pour lui : « Si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste » (1Jn 2,1). Alors, « si c’est Dieu qui justifie » le pécheur gratuitement, par amour, « qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? » (Rm 8,34). Jamais de la vie ! Alors, quiconque accepte de s’en remettre totalement à Lui, tel qu’Il est, avec toutes ses lacunes, ses manques et ses défaillances, « j’en répondrai devant mon Père et devant ses Anges », dit Jésus. « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux » (Mt 10,32)… Rappelons nous cette phrase de Ste Faustine : « Même si ses péchés étaient noirs comme la nuit, en s’adressant à ma Miséricorde, le pécheur me glorifie et fait honneur à ma Passion. A l’heure de sa mort, moi-même je le défendrai comme ma gloire. Lorsqu’une âme exalte ma bonté, Satan tremble devant elle et la fuit jusqu’au fond de l’enfer… Et on ne puise ma Miséricorde qu’avec la coupe de la confiance. Plus on a confiance et plus on obtient. J’aime que l’on me demande beaucoup car je désire donner beaucoup et de plus en plus… Je suis Saint et le moindre péché me fait horreur. Mais lorsque les pécheurs se repentent, ma Miséricorde est sans limites »… Et Ste Thérèse de Lisieux écrivait de son côté : « On pourrait croire que c’est parce que je n’ai pas péché que j’ai une confiance si grande dans le bon Dieu. Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent ».
                                                                                                                        D. Jacques Fournier
[1] « Dieu est Esprit », nous dit St Jean (4,24). Nous pouvons donc dire que le Père est Esprit, le Fils est Esprit, et « l’Esprit Saint » troisième Personne de la Trinité est Esprit. Et nous pourrions redire la même chose en changeant le mot Esprit par celui de Lumière, car « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), ou par celui d’Amour, car « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). La nature divine est donc tout en même temps « Esprit », « Lumière », « Amour »… Et les Trois Personnes divines possèdent pleinement cette même nature divine qui est ainsi à la racine de leur mystère de communion : l’Esprit qui « remplit » le Père est le même Esprit qui « remplit » le Fils, le Père et le Fils étant bien sûr deux Personnes différentes. Et c’est cet Esprit que Dieu veut communiquer à tous les hommes. Ils seront ainsi, bien que tous différents, « remplis » du même Esprit qui les établira en communion de Vie avec Dieu et les uns avec les autres (1Jn 1,1-4)…
[2] PREVOST Jean-Pierre, « L’Apocalypse » p. 51.
[3] La Bible de Jérusalem écrit ainsi pour Jn 10,14 : « Dans la Bible, la “ connaissance ” procède, non d’une démarche purement intellectuelle, mais d’une “ expérience ”, d’une présence (comparer (Jn 10,14-15 et Jn 14,20 ; 17, 21-22 ;   voir aussi Jn 14,17 ; 17,3 ; 2 Jn 1-2) ; elle s’épanouit nécessairement en amour »…
[4] Voir la Fiche n° 2 (Ap 1,9-20) p. 11 et la Fiche n°3 (Ap 2,1-17) p. 12. Nous reprenons ici quelques textes déjà cités dans cette dernière, notamment cet Evangile en miniature qu’est Ap 7,13-17…

 

AP – SI – Fiche 10 – Ap 3,1-6 cliquer sur le titre précédent pour ouvrir le document PDF.




Le Message du Christ Ressuscité à l’Eglise de Thyatire (Ap 2,18-29)

     THIATIREÀ l’Ange de l’Église de Thyatire, écris : Ainsi parle le Fils de Dieu, dont les yeux sont comme une flamme ardente et les pieds pareils à de l’airain précieux. (19) Je connais ta conduite : ton amour, ta foi, ton dévouement, ta constance ; tes œuvres vont sans cesse en se multipliant. (20) Mais j’ai contre toi que tu tolères Jézabel, cette femme qui se dit prophétesse; elle égare mes serviteurs, les incitant à se prostituer en mangeant des viandes immolées aux idoles. (21) Je lui ai laissé le temps de se repentir, mais elle refuse de se repentir de ses prostitutions. (22) Voici, je vais la jeter sur un lit de douleurs, et ses compagnons de prostitution dans une épreuve terrible, s’ils ne se repentent de leur conduite. (23) Et ses enfants, je vais les frapper de mort : ainsi, toutes les Églises sauront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs; et je vous paierai chacun selon vos œuvres. (24) Quant à vous autres, à Thyatire, qui ne partagez pas cette doctrine, vous qui n’avez pas connu  les profondeurs de Satan, comme ils disent, je vous déclare que je ne vous impose pas d’autre fardeau ; (25) du moins, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à mon retour. (26) Le vainqueur, celui qui restera fidèle à mon service jusqu’à la fin, je lui donnerai pouvoir sur les nations : (27) c’est avec un sceptre de fer qu’il les mènera comme on fracasse des vases d’argile ! (28) Ainsi moi-même j’ai reçu ce pouvoir de mon Père. Et je lui donnerai l’Étoile du matin. (29) Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

 

            En ces 2° et 3° chapitres du Livre de l’Apocalypse, sept messages sont adressés à sept Eglises différentes et certains ont remarqué que le quatrième, celui destiné à l’Eglise de Thyatire, a une place centrale : 3 messages – Thyatire – 3 messages. Et de fait, comme nous le verrons, un certain nombre d’éléments caractéristiques de notre foi n’interviennent qu’ici : « Il y a dans cette description des œuvres de l’Eglise de Thyatire un condensé remarquable de l’expérience chrétienne, qui confirme le rôle d’Eglise exemplaire que Jean entend lui donner »[1].
            Rappelons-nous que « l’Ange de l’Eglise » peut désigner ou l’Evêque du lieu chargé de lire ce message à toute sa communauté (il serait bien alors un « messager », « angélos » en grec, qui a donné le mot « ange » en français, transmettant un « message de Dieu » à ses fidèles), ou la communauté elle-même… Les deux sens se rejoignent…
            Celui qui parle est toujours ce « Fils d’Homme » apparu à Jean « le Jour du Seigneur », « ce Premier et ce Dernier », ce « Vivant » qui parle comme Dieu et se présente comme Dieu (Ap 1,9-20), car il est cette Personne Divine qui existe depuis toujours et pour toujours, et qui, à un instant du temps, a assumé notre nature humaine… Et « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14)… Et nous, les hommes, nous l’avons appelé du nom de « Jésus », ce nom que l’Ange Gabriel a donné à Marie (Lc 1,31) et qui signifie « le Seigneur sauve », « car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,21) en venant lui offrir, au Nom de son Père, le Pardon de toutes ses fautes (Lc 1,76-79 ; 5,20 ; 24,46-48 ; Jn 1,29). Mais seul un repentir sincère peut l’accueillir, d’où les multiples appels de Jésus : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4,17 ; Mc 1,14-15)…

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            Premier élément qui n’intervient que pour l’Eglise de Thyatire : le titre de « Fils de Dieu », et il n’apparaît qu’ici dans tout le Livre de l’Apocalypse ! Et pourtant, le Nouveau Testament dans son ensemble lui donne une place de choix… St Marc ouvre ainsi son Evangile par : « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1,1). Et, vers la fin, le centurion romain déclare, au pied de la Croix, juste après la mort de Jésus : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39 ; cf Lc 1,35 ; 4,3.9.41 ; 22,70 ; Jn 1,49 ; 5,25 ; 10,36 ; 11,4.27 ; 19,7 ; 20,31 ; Ac 9,20 ; Rm 1,1-5 ; 2Co 1,19 ; Ga 2,20 ; 1Jn 3,8 ; 4,15 ; 5,5.10.13.20). Et Jésus est bien « Fils de Dieu » en tant qu’il est « né du Père avant tous les siècles », « engendré, non pas créé, de même nature que le Père » (Notre Crédo). En effet, depuis toujours et pour toujours, le Père se donne tout entier à lui et l’engendre ainsi à son Etre et à sa Vie… « Comme le Père a la Vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la Vie en lui-même » (Jn 5,26). Ainsi, nous dit Jésus, « tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15), de telle sorte que si le Père peut dire de Lui-même « JE SUIS », comme il l’a dit un jour dans le Buisson Ardent à Moïse (Ex 3,14), Jésus peut aussi dire de Lui-même « JE SUIS » : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham existât, JE SUIS » (Jn 8,58), car de toute éternité, le Père lui donne d’Etre ce qu’Il Est… st jeanEt Dieu notre Père nous a créés par son Fils (Jn 1,3) et par la Puissance de l’Esprit Saint pour que nous puissions participer grâce à notre foi au Fils à ce que le Fils Est depuis toujours… « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1Jn 3,2). Or, il est « Lumière du monde » et ce n’est que par « sa Lumière que nous verrons la Lumière » (Psaume 36(35),10). Or cette Lumière est Vie (Jn 1,4 ; 8,12) et « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; Ga 5,25). Ainsi, le don de l’Esprit Saint que le Fils est venu nous offrir au Nom de son Père (Jn 20,22 ; 1Th 4,8 ; Ac 2,38) nous donne de participer dès maintenant, dans la foi, à ce que Dieu Est, lui qui Est Esprit (Jn 4,24) et qui Est Saint (Ps 99(98),3.5 ; Is 6,3). Et par cette participation au Mystère de son Etre et de sa Vie, nous devenons, petit à petit, de miséricorde en miséricorde, fils comme le Fils par notre foi au Fils… Le Père nous a en effet tous créés pour que « reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères » (Rm 8,29)…
            Comme pour les Eglises précédentes, le « Fils de Dieu » « connaît la conduite » des chrétiens de Thiatyre (Ap 2,2.9.13). Mais si jusqu’à présent il connaissait « leurs labeurs », « leurs épreuves », « leur pauvreté », « là où ils demeurent », cette connaissance apparaît ici comme étant capable d’atteindre le plus secret et le plus profond des cœurs : « Je connais ton amour, ta foi » car « c’est moi qui sonde les reins et les cœurs », dit-il peu après (Ap 2,19.23). Or la Bible sait très bien que « le cœur de l’homme est impénétrable » pour l’homme (Jdt 8,14). Dieu seul peut percer « ses secrets » (Ps 44(43),22) : « Moi, Yahvé, je scrute le cœur, je sonde les reins » (Jr 17,10 ; 11,20 ; 20,12). Et c’est bien parce que « Dieu sait » que le Psalmiste se confie en lui dans l’espoir que la justice et la vérité finiront bien un jour par triompher : « Mets fin à la malice des impies, affermis le juste, toi qui sondes les cœurs et les reins, ô Dieu le juste ! Mon bouclier est auprès de Dieu, le sauveur des cœurs droits » (Ps 7,10-11). Alors, « toi, écoute au ciel, où tu résides, pardonne et agis ; rends à chaque homme selon sa conduite, puisque tu connais son cœur (et tu es le seul à connaître le cœur de tous) » (1R 8,39)… Dieu, avec son Fils et par lui, rendra bien « à chaque homme selon sa conduite », mais certainement pas au sens où nous pouvons comprendre spontanément une telle affirmation. Ainsi, celui qui a fait le mal ne recevra pas le châtiment qu’il mériterait dans le cadre d’une justice tout humaine, mais s’il accepte de se repentir de tout cœur, « là où le péché a abondé, la grâce surabondera » (Rm 5,20). Dieu ne rajoute rien en effet aux conséquences déjà destructrices du mal commis, car celui qui agit mal en désobéissant à la vérité, à la justice, à la droiture, à la bonté et donc à Dieu, s’engage par lui-même sur un chemin de mort, de tristesse, de « souffrance et d’angoisse » (Rm 6,23 ; 2,9). Et Dieu, dans son Amour, ne cesse de désirer pour lui le meilleur : la Plénitude de sa Vie, de sa Lumière et de sa Joie dont le pécheur ne peut qu’être privé par suite de ses fautes… Alors cet Amour prendra pour lui le visage de la Miséricorde qui fait le premier pas vers le pécheur, le rejoint au cœur de sa misère et de ses ténèbres, et l’appelle au repentir. Alors, par le « pardon des péchés », celui qui faisait le mal pourra retrouver avec le Christ « le chemin de la Paix » (Lc 1,76-79), de la Vie (Jn 10,10), de la Lumière (Jn 12,46), de l’Amour (Rm 5,5 ; Ga 5,22) et donc de la vraie Joie (Jn 15,11) car « aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de Lisieux) et « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35)…
            Jésus, vrai homme mais aussi vrai Dieu, « connaît donc ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,23-25), et ici « il connaît l’amour et la foi » des chrétiens de Thyatire. Autrement dit, leur cœur est bien ouvert à Dieu, et tel est l’essentiel : ils peuvent recevoir ce Don de l’Esprit qui jaillit sans cesse de ce Dieu Source d’Esprit, de Lumière (Ps 84(83),12) ou d’Eau Vive (Jr 2,13 ; 17,13 ; Jn 4,10-14 ; 7,37-39 ; 19,33‑34). Alors, l’Esprit reçu leur donnera de croire (1Co 12,3) et rendra chaque jour leur foi plus parfaite (Col 1,9-12). Il leur donnera aussi d’aimer (Rm 5,5 ; Ga 5,22) et de grandir chaque jour dans l’amour… Les chrétiens de Thyatire gardent donc bien les commandements de Jésus, car ils demeurent en son amour (Jn 15,10), unis à Lui dans la Communion d’un même Esprit. Et vis-à-vis d’eux, Jésus peut dire : « Je Suis le bon pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis » (Jn 10,14-15).
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Or cette Vie reçue est celle du Christ Serviteur qui, petit à petit, transforme ceux et celles qui la reçoivent en serviteurs et en servantes. Autrement dit, une foi vivante qui accueille l’Esprit d’Amour ne pourra que s’exprimer très concrètement en une attitude d’accueil, de disponibilité et de service (Jc 2,17-18.26), à l’exemple du Christ Jésus lui‑même, lui qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Et il le manifestera très concrètement juste avant sa Passion : « Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. Au cours d’un repas, alors que déjà le diable avait mis au cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer, sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains et qu’il était venu de Dieu et qu’il s’en allait vers Dieu, il se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s’en ceignit. Puis il met de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (Jn 13,1-5). Ainsi, nous dit Jésus, « si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et là où Je Suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Jésus est « dans le Père », uni au Père dans la communion d’un même Esprit, Esprit d’Amour et de Paix (Jn 14,10) ? Là aussi sera son serviteur… Jésus est par amour au pied des hommes, au service de leur vie et de leur bien-être profond, surtout au cœur des pires épreuves ? Là aussi sera son serviteur (2Co 4,5)…

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            Et telle est bien la dynamique des chrétiens de Thyatire : après avoir évoqué leur amour et leur foi, Jésus aborde leur « dévouement » (Bible de Jérusalem), littéralement leur « diakonia », leur « service » (TOB). Après l’amour[2], « la mention du service est une autre nouveauté par laquelle Thyatire se distingue des autres Eglises, puisque le mot ne sera employé nulle part ailleurs dans l’Apocalypse. Ce mot est pourtant riche de résonances apostoliques et il traduit une réalité de grande importance pour les premières communautés chrétiennes (Ac 1,17.25 ; 6,4 ; 12,25 ; Rm 11,13 ; 1Co 12,5) »[3]. La foi de ces chrétiens est donc bien vivante : elle accueille le don de l’Esprit d’Amour qui les met « au service » de leurs frères, de telle sorte que « leurs œuvres vont en se multipliant » (Ap 2,19)…
            Enfin, après la notion de « service », apparaît celle de « constance, endurance, persévérance, patience », un terme clé du Livre de l’Apocalypse que nous avons déjà rencontré dès Ap 1,9, et qui apparaît sept fois en tout dans l’ensemble du Livre, en signe de perfection. Cette « persévérance » est encore un des fruits de l’Esprit Saint accueilli par une foi vivante, un Esprit qui est participation à la Patience de Dieu (Rm 2,4 ; 1Tm 1,16 ; 2P 3,9) et « force » (2Tm 1,7) dans l’épreuve. Alors, grâce à Lui, « la pluie peut tomber, les torrents venir, les vents souffler et se déchaîner », ces disciples de Jésus tiendront bon car leur vie était construite sur le Roc par leur foi en lui (Mt 7,21-27), une foi qui leur permettra de se laisser remplir par cet Esprit donné en surabondance (Ac 2,4 ; 4,8.31 ; 6,3.5 ; 9,17 ; 11,24 ; 13,9.52). Et les croyants de l’époque avaient bien besoin de sa Présence et de son soutien pour faire face à cette persécution déclenchée par les Romains…
            Mais qui peut se prétendre parfais ici-bas ? Qui peut dire qu’il n’a aucun progrès à faire ? Personne, pas même ces chrétiens de Thyatire… Et le Christ va leur indiquer quelques points à corriger. En effet, certains parmi eux devaient tout à la fois participer au culte chrétien et continuer de fréquenter les temples dédiés aux idoles ou au culte de l’empereur romain. Pour le dénoncer, le Christ va recourir à la figure de Jézabel, cette fille du Roi des Sidoniens que le Roi d’Israël Achab (874-853 av JC) avait épousée. Et il s’était laissé entraîner par elle à se prosterner devant ses idoles, Baal et Ashéra , allant même jusqu’à leur construire un Temple à Samarie, la capitale du Royaume du Nord (1R 16,31-33)… Et la reine Jézabel, de son côté, « massacrera les prophètes du Seigneur » (1R 18,4) et cherchera à tuer Elie (1R 19,2). Ainsi, tout comme Jézabel avait « séduit » et « dévoyé » son mari (1R 21,25) en le poussant à se tourner vers les idoles, une femme qui se disait prophétesse incitait les chrétiens de Thyatire « à se prostituer en mangeant des viandes immolées aux idoles », une pratique qui sous-entendait à l’époque la reconnaissance et le culte de ces idoles. L’allusion à la prostitution ne sert ici qu’à dénoncer l’infidélité au Seigneur dès lors qu’on l’abandonne pour se tourner vers d’autres dieux (cf. Ps 106(105),35-39 ; Jr 2,20 ; 3,1-13 ; Ez 16,15-19 ; Os 2,4-10). Aussi, Dieu va-t-il réagir une fois de plus au mal par un appel au repentir car telle est bien l’œuvre continuelle de cette Lumière qui jaillit sans cesse de ce Dieu Lumière (1Jn 1,5). Pour celui qui est tourné vers elle, elle se fera nourriture et vie permettant à la bonne plante de grandir et de se développer. Et pour celui qui lui tourne le dos ou lui ferme son cœur, elle ne cessera de toute façon de le rejoindre, mais sa Présence se fera alors appel continuel au repentir, pour que ce pécheur se détourne enfin de ses ténèbres qui ne pourront jamais rien lui offrir, pour se tourner vers cette Lumière qui veut se donner à Lui, pour son bien. Et il découvrira avec elle, une Source de Vie, de Plénitude et de Paix… Dieu est ainsi jaillissement continuel de grâce… Elle comblera les cœurs qui se tournent vers Lui, et elle ne cessera au même moment d’inviter les pécheurs à se détourner du mal pour trouver avec elle la vraie Paix et la vraie Joie. Telle est l’action de Dieu au cœur de ce monde, depuis qu’il existe, car « toute la terre, Seigneur, est remplie de ton Amour » et de « ta Gloire » (Ps 97(96),6 ; Jn 1,9)…
source_de_vieC’est donc la grâce de Dieu toujours présente, toujours offerte, qui nous apprend à renoncer au mal pour nous tourner de tout cœur vers la Bonne Direction : Dieu Lui-même, Source de Vie… Dieu donne ainsi à tous « la repentance qui conduit à la Vie » (Ac 11,18 ; 5,31). Et c’est toujours cette « Grâce de Dieu source de salut pour tous les hommes, qui s’est manifestée » en Jésus Christ, « nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété » (Tt 2,11-12).
            Le verbe « se repentir » intervient ici trois fois, et « trois » est très souvent dans la Bible le chiffre de Dieu en tant qu’il agit… Et telle est bien son action continuelle envers tous les hommes blessés par le péché : jour après jour, qu’ils se repentent avec l’aide de sa grâce qui ne cesse de les appeler par sa simple Présence à se tourner vers Lui pour trouver avec Lui le Repos, la Paix et la Plénitude de la Vie. Mais s’ils refusent, le mal qu’ils commettent finira par les ronger et les détruire : « Lavez-vous, purifiez‑vous ! Otez de ma vue vos actions perverses ! Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ! Recherchez le droit, redressez le violent ! Faites droit à l’orphelin, plaidez pour la veuve ! Allons ! Discutons ! dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme laine ils deviendront. Si vous voulez bien obéir, vous mangerez les produits du terroir. Mais si vous refusez et vous rebellez, c’est l’épée qui vous mangera ! » (Is 1,16‑20). Et tu verras alors à quel point c’est « ta méchanceté qui te châtie et tes infidélités qui te punissent ! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur ton Dieu » (Jr 2,19).
            « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant – oracle du Seigneur Dieu – et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre ? » Non, « je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur Dieu. Convertissez-vous et vivez ! Par ma vie, oracle du Seigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la Vie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoi mourir, maison d’Israël » (Ez 18,23.32 ; 33,11 ; Dt 30,15-20) ?
            Nous voyons donc bien que Jean emploie en Ap 2,22-23 le langage imparfait de l’Ancien Testament qui attribue très souvent à Dieu les conséquences du péché. Mais non… Dieu n’agit pas ainsi… Mais si ces pécheurs de Thyatire ne répondent pas à son appel au repentir, ils ne pourront, tôt ou tard, que se tordre sur « un lit de douleurs » et se découvrir « frappés de mort » par suite du mal qu’ils commettent… Car se détourner de Dieu Source de Vie, c’est s’engager sur un chemin de privation de cette Vie, et donc sur un chemin de mort… Et c’est cela que Dieu veut éviter à tout prix… D’où ses multiples appels au repentir…

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            Enfin, Jean « fustige au passage la doctrine des prétendues « profondeurs de Satan », allusion à peine voilée » à ces courants hérétiques du 1° siècle qui affirmaient que « le salut pouvait s’obtenir par la seule connaissance de révélations secrètes, sans aucune exigence de conversion réelle »[4]
            Après avoir souligné les dangers qui menacent l’Eglise de Thyatire, le Christ va revenir indirectement sur les éloges du début, lorsqu’il évoquait leur « amour », leur « foi », leur « dévouement », leur « constance », autant de bons fruits de l’Esprit Saint que l’on ne peut cueillir que sur des bons arbres (Mt 7,15-20). Alors, cette relation vraie et vivante qu’ils ont avec leur Seigneur, qu’ils la gardent ! « Ce que vous avez », et « nul ne peut rien recevoir si cela ne lui a été donné du ciel » (Jn 3,27), « tenez-le ferme jusqu’à mon retour », ce dernier Jour du monde où vous verrez « le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec Puissance et grande Gloire » (Mt 24,30 ; 1Tm 6,13‑16 ; 2Tm 4,8 ; Tt 2,13).
            Et le message à Thyatire se termine comme les précédents par un appel lancé « au vainqueur », c’est-à-dire à celui qui, par sa fidélité au Christ, aura, jour après jour, laissé le Christ remporter la Victoire dans sa vie sur toute forme de ténèbre et de mort… La citation qui suit est d’ailleurs riche d’enseignements : « je lui donnerai pouvoir sur les nations ; c’est avec un sceptre de fer qu’il les mènera comme on fracasse des vases d’argile ! » (Ps 2,8-9). Or ce Psaume était habituellement chanté dans le Temple de Jérusalem lors des cérémonies d’intronisation royale. Le nouveau roi, en recevant l’onction des mains d’un prophète[5] ou plus tard d’un prêtre, devenait « l’Oint » du Seigneur, « le Messie » (du verbe hébreu « Massah, oindre »), le Christ (du verbe grec « Khriô, oindre »). Par la grâce de cette onction, bien que toujours homme comme tous les hommes, il était établi dans une relation toute particulière avec son Seigneur qui l’appelait à le servir en tant que roi d’Israël : « Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré ». Cette Parole, Jésus l’entendra au jour de son baptême par Jean-Baptiste, et c’est en cet instant qu’il sera manifesté à tous comme le Messie promis, ce Roi Fils de David tant attendu par Israël (Lc 3,21-22). Et son règne sera bien appelé à s’étendre au‑delà des seules frontières de la Palestine : « Je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre »…
            lumièreMais ici, surprise, le Psaume n’est pas appliqué au Christ mais à tous ceux qui croient en Lui. Et nous retrouvons ainsi indirectement que le Fils est venu transformer les hommes a son image en leur donnant d’avoir part à cette « insondable richesse »  de grâce qui remplit son cœur (Ep 3,8 ; Jean 1,14 et 1,17 ; Rm 8,9). Il est Roi pour avoir reçu sa Royauté de son Père (1Co 15,28) ? Ils seront rois en recevant leur royauté du Fils, leur grand frère… « Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves », disait Jésus à ses disciples juste avant sa Passion ; « et moi je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi : vous mangerez et boirez à ma table en mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Lc 22,28-30). Jésus est « Prince des rois de la terre » (Ap 1,5), il a « pouvoir sur les nations », car il a « reçu ce pouvoir de son Père » (Ap 2,26-28) ? Dès maintenant, par leur foi, ses disciples recevront eux‑aussi ce « pouvoir sur les nations », et notamment, dans le contexte du Livre de l’Apocalypse, sur ces Romains qui les persécutent. Ces paroles devaient être pour eux pleines d’espérance, car elles étaient promesse d’une victoire finale, tôt ou tard : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! » (Ap 12,10).
Jésus est Lumière du monde ? Ils deviendront eux aussi lumière du monde en accueillant par leur foi sa Lumière et sa Vie : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne  peut se cacher, qui est sise au sommet d’un mont. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5,14-16).
Jésus est « l’Astre d’en Haut venu nous visiter dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), « l’Etoile resplendissante du matin » (Ap 22,16) ? En recevant de Lui « l’Etoîle du matin » (Ap 2,28), ses disciples deviendront eux aussi, quelque part, comme leur Maître, à son Image et Ressemblance…
Jésus est glorieux en tant qu’il reçoit du Père sa Gloire ? Ils seront glorieux en tant qu’ils recevront du Fils leur Gloire : « Je leur ai donné la Gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22). Ainsi, en se recevant du Fils comme Lui-même se reçoit du Père, tous les disciples de Jésus sont invités à devenir par grâce ce qu’Il Est, Lui, par nature …

Thérèse Lisieux Evangile « L’Evangile m’apprend…

                   … et mon coeur me révèle »…

                                        Ste Thérèse de Lisieux

 

Mais bien sûr, pour que tout ceci s’accomplisse, les disciples sont invités à la fidélité vis-à-vis de leur Seigneur : « celui qui restera fidèle à mon service jusqu’à la fin, je lui donnerai »… Heureusement, cette fidélité sera avant tout le fruit de la fidélité du Seigneur ; en effet, « si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui‑même » (2Tm 2,13). Le Soleil ne peut que briller, la Source ne peut que couler, l’Amour ne peut que se donner et se donner encore, que nous soyons fidèles ou pas… Si nous nous détournons de Lui, comme nous l’avons vu précédemment, Lui continuera à se donner, sa grâce sera toujours là, offerte, prête à être reçue dès que l’on se tournera vers Lui. Et c’est encore elle qui nous invitera à le faire en nous donnant la force de nous dégager, petit à petit, des filets du mal… De miséricorde en miséricorde, notre fidélité à Dieu apparaît alors comme un don de Dieu, un nouveau fruit de l’Esprit Saint, comme l’annonçait déjà au 8° siècle av JC le prophète Osée (Os 2,18-22) : « Il adviendra en ce jour-là – oracle du Seigneur – que tu m’appelleras «Mon mari», et tu ne m’appelleras plus «Mon Baal». J’écarterai de sa bouche les noms des Baals, et ils ne seront plus mentionnés par leur nom. Je conclurai pour eux une alliance, en ce jour-là, avec les bêtes des champs, avec les oiseaux du ciel et les reptiles du sol; l’arc, l’épée, la guerre, je les briserai et les bannirai du pays, et eux, je les ferai reposer en sécurité. Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde ; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur ».
            Dieu apparaît ainsi comme le premier artisan de la conversion de son Peuple, arrachant de son cœur et de sa bouche les « Baals », les idoles… Et la Bible de Jérusalem précise en note que l’expression « je te fiancerai dans »… est une expression technique de l’époque, tout ce qui suit la préposition « dans » étant la dot que le fiancé offrait à sa fiancée. Les cadeaux de Dieu à son épouse infidèle (Os 2,4-7) sont donc « la justice » qui lui donnera d’être juste (cf. Rm 3,21-30 ; 4,24-25 ; 5,1-2 ; 5,15-21 ; 8,33-34 ; 10,4 ; Ga 2,15-16 ; 3,24), « la tendresse et la miséricorde » qui, petit à petit, l’invitera à aimer comme Dieu aime (cf. Rm 5,5 qui permet l’accomplissement de Jn 15,12), et « la fidélité »… Ainsi, c’est Dieu qui, par le don de sa grâce, nous permet de grandir dans la fidélité à sa grâce…
Sincérité avec Dieu
            Le vainqueur sera ainsi « celui qui garde jusqu’à la fin les œuvres du Christ dans sa vie », l’œuvre du Bon Pasteur qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve (Lc 15,4), l’œuvre du Médecin qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 5,31-32 ; 19,10), l’œuvre de l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jn 1,29) en nous offrant inlassablement le pardon de toutes nos fautes, l’œuvre du Christ « Lumière du monde » qui est venu pour que sa Lumière brille dans nos ténèbres (Jn 8,12 ; 12,46), l’œuvre du Christ « Puissance de Dieu et Sagesse de Dieu » (1Co 1,24) qui désire voir sa Force régner au cœur de notre faiblesse (2Co 12,7-10) et son « Esprit de sagesse illuminer les yeux de notre cœur » (Ep 1,15-17), l’œuvre de Jésus Pain de Vie qui, par sa Parole et par ses Sacrements, vient jour après jour nous donner d’avoir part à sa Vie… Nous voyons bien que c’est parce que le Christ est ce qu’Il Est que l’aventure chrétienne est possible
                                                                                                                           D. Jacques Fournier
[1] PREVOST Jean-Pierre, « L’Apocalypse », (Bayard Editions/Centurion ; collection Commentaires ; Paris 1995) p. 48.
[2] PREVOST Jean-Pierre, « L’Apocalypse » p. 48 : Ce mot amour, « (agapé en grec) avait déjà été employé à propos de l’Eglise d’Ephèse, mais pour évoquer une réalité périmée (Ap 2,4). Thyatire est donc la seule Eglise à se recommander par ce qui est proprement constitutif de la vie chrétienne (Jn 15,12 ; 1Co 13 ; 1Jn 4,7) ».
[3] Id p. 48.
[4] PREVOST Jean-Pierre, « L’Apocalypse » p. 49.
[5] Le roi David, par exemple, fut oint par le prophète Samuel (1 Samuel 16,1-13) : Samuel prit une corne remplie d’huile et la versa sur la tête du jeune David. Dès lors, « l’Esprit du Seigneur fondit sur David ». L’huile en elle-même n’a aucune importance : elle est le signe visible de l’Esprit invisible de Dieu qui vient pénétrer le cœur du jeune David comme l’huile pénètre dans la peau. Par le don de cet Esprit, Dieu communiquait au roi toutes les grâces nécessaires pour le bon accomplissement de sa mission. En effet, le roi n’était que l’instrument par lequel Dieu régnait sur son Peuple.

 

AP – SI – Fiche 9 – Ap 2,18-29 cliquer sur le titre précédent pour ouvrir le document PDF.




21ième dimanche du temps ordinaire par P. Claude TASSIN (Spiritain)

  Commentaires des Lectures du dimanche 23 Août 2015

Josué 24, 1-2a.15-17.18b (« Nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. « )

Le livre de Josué raconte la conquête de Canaan par les tribus israélites qui étaient descendues en Égypte et avaient vécu l’Exode et l’Alliance au Sinaï. D’autres tribus étaient restées parmi les Amorites païens et n’avaient pas connu la grande aventure religieuse. Au terme de la conquête, lors de l’assemblée à Sichem, tous doivent maintenant choisir : ou bien servir les dieux païens de la nature, les dieux mésopotamiens des ancêtres d’Abraham, ou bien le Seigneur, Dieu de l’histoire.

  Josué (« Jésus », dans la Bible grecque) est le successeur de Moïse. Il fait le lien entre l’aventure spirituelle de l’exode et l’ère nouvelle de la sédentarisation d’Israël (voir Deutéronome 31 et Josué 1). Son discours, reflet de liturgies ultérieures, qui clôt le livre portant le nom de Josué, manifeste que la foi est d’abord une prise de conscience : le Seigneur a choisi son peuple, il l’a sauvé. Pas de foi sans un travail de mémoire, de relecture des événements. La foi reconnaît aussi que Dieu demande à l’homme de choisir et de peser les enjeux de son choix. Enfin, la foi vécue se traduit par le verbe « servir » (six fois dans les versets retenus ici par la liturgie) qui, en hébreu, évoque à la fois l’obéissance au roi ou le culte envers la divinité, un rapport de vassal à suzerain, l’engagement à un culte exclusif, et un amour concret qui se dépense en service des intérêts de celui que l’on choisit. « Servir d’autres dieux », expression récurrente dans le Pentateuque, évoque à la fois des alliances politiques néfastes et, par là, une trahison du Dieu unique. Le passage retenu par la liturgie s’achève par une confession de foi qui rappelle celle de Deutéronome 26, 1-11

  Les chrétiens auront à faire un autre choix (évangile) : ou bien s’en tenir au souvenir d’une religion du passé, ou bien accueillir la nouveauté de Dieu dans l’humanité de Jésus, Pain de vie.

 

 

 

Éphésiens 5, 21-32 (« Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. »)

 

L’apôtre Paul a rarement « converti » des familles. La foi chrétienne à son époque divisait plutôt les familles (cf. Luc 12, 51-53). Il a touché surtout des individus qui se réunissaient dans des maisons de croyants. Selon lui, au sein de ces communautés, tous font un dans le Christ Jésus, « il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme » (Galates 3, 28). Mais, à l’époque ultérieure où est écrite la Lettre aux Éphésiens, les Églises sont devenues un phénomène visible et, en leur sein, leurs relations fraternelles égalitaires font scandale dans une société païenne fortement hiérarchisée. Il fallut, en quelque sorte, « lâcher du lest ».

  C’est pourquoi les derniers écrits du Nouveau Testament intègrent des « codes domestiques » traitant les rapports entre épouse et époux, enfants et parents, esclaves et maîtres. Ainsi en Colossiens 3, 18 – 4, 1, un catalogue réadapté et enrichi par Éphésiens 5, 18 – 6, 9. Voir aussi 1 Pierre 3, 1-7. Ces codes s’inspirent des règles d’une société patriarcale. Mais nos écrits apostoliques y injectent comme une sorte de correction, à savoir les valeurs de réciprocité issues de l’Évangile. La lecture de ce jour ne retient que l’exposé sur la relation épouse/époux.

  Le mariage est un fait social, modelé par la diversité des cultures et des époques. L’épître n’entend pas régir cette institution qui, dans l’Antiquité, tient pour normale la soumission de l’épouse. Mais, en cette hiérarchie, l’auteur injecte la valeur évangélique de réciprocité : « Soyez soumis les uns aux autres. » Ainsi, au long de l’histoire d’une Église entendant régir toute la société, le mariage devint un sacrement signe visible et efficace de l’amour du Christ pour son Église.

  Si « le mari est la tête », l’Apôtre ne dit pas que le Christ est la tête du mari. Le Christ est la tête de l’Église. Et, si l’Église se soumet à lui, c’est parce qu’elle reconnaît en lui « le Sauveur » aimant. Le Christ ne rabaisse pas l’Église dans une soumission craintive. Au contraire, par le baptême, comparé au bain nuptial, il la met en valeur en lui offrant le rayonnement de sa propre sainteté. Tel est le modèle qui doit inspirer l’époux. Son épouse sera pour lui aussi précieuse que son propre corps qu’il aime et respecte. Notons que, dans les codes gréco-romains, on ne trouve guère le devoir pour l’époux « d’aimer sa femme ». Au contraire, l’homme qui manifestait en public de la tendresse pour sa femme passait pour un « mou ».

  Au reste, le projet biblique du mariage (Genèse 2, 24) suppose que l’homme s’arrache à l’emprise de son clan pour se consacrer à sa femme. Le but est celui d’une unité, littéralement« une seule chair », non d’une domination de l’un sur l’autre.

 

 

 

Jean 6, 60-69 (« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. « )

 

A la fin de ce discours sur le Pain, « les Juifs » disparaissent. Le débat se concentre sur les réactions des disciples de Jésus eux-mêmes. En invitant à s’assimiler sa chair et son sang, Jésus n’a pas cessé de se présenter comme la Parole de Dieu qui apporte la vie. C’est maintenant l’heure du choix (cf. 1ère lecture).

  L’évangéliste joue sur deux tableaux. D’une part, il rappelle les oppositions que Jésus rencontra durant sa mission terrestre. D’autre part, il s’en prend à certains chrétiens de son temps dont la foi n’est pas à la hauteur de ce que l’on doit voir dans le Christ. Le débat, imputé aux autorités juives, a été lancé en Jean 5, 18 en cette accusation : Jésus « appelait Dieu son propre père, se faisant égal à Dieu ».

Les récriminations des disciples

Des récriminations des Hébreux du désert (Exode 16) et de celles de Juifs devant la révélation du Pain de vie, on aboutit à la fermeture de certains disciples. Dans le langage de Jean, ne pas « entendre », c’est refuser la foi. « Cela vous scandalise ? », demande Jésus. Une nouvelle idée surgit, la préscience de Jésus. Il sait qui ne croit pas et qui « le livrera », c’est-à-dire Judas, un proche, « l’un des Douze » (verset 71). Ce thème souligne que le Révélateur de Dieu se soumet à l’accueil et au refus des libertés humaines et que cette disponibilité d’amour inclura l’acceptation de la Passion.

L’ascension du Fils de l’homme

La Parole de Dieu ne retourne pas vers le ciel sans avoir accompli sa mission, disait Isaïe 55, 11. Ainsi le Fils de l’homme montera vers Dieu, « là où il était auparavant », dans son éternité (« au commencement était le Verbe », Jean 1, 1). Ce départ s’opérera par la croix, par une disparition, une absence. Dès lors le problème de la foi se posera avec plus d’acuité encore : comment pourrait-il prétendre apporter la vie, celui qui aura subi la mort et a disparu ? Jésus laisse à jamais la question ouverte.

Les paroles de Jésus, esprit et vie

Le tort des mal-croyants n’est pas de prendre les paroles du Maître comme une incitation à l’anthropophagie, mais de raisonner selon « la chair », c’est-à-dire selon leur condition terrestre, précaire et bornée. La parole du Christ vient d’en haut. Elle requiert une ouverture à l’Esprit de Dieu et au désir d’une vie qui nous libère à jamais des pesanteurs mortelles de la chair. Jésus accepte qu’on se ferme à son message. Et, rappelant le verset 44, il répète que nul ne peut venir à lui, sinon celui qui se sera ouvert au don de Dieu, au Père qui conduit les hommes vers son Fils. Il ne s’agit pas d’une prédestination, mais d’une action de grâce qui fait partie intégrante de la foi : celui qui croit en Jésus doit rendre grâce au Père qui l’a conduit vers Jésus, le Saint de Dieu.

La confession de foi de Simon-Pierre

C’est l’heure du choix. Jean songe aux chrétiens qui, de son temps, abandonnent l’Église par manque de foi devant le caractère déconcertant de l’Évangile. Ici, Pierre ne parle pas en chef de l’Église, à la différence de Matthieu 16, 16-19. Car, dans la communauté ecclésiale de Jean, il n’y a pas de chef. Ici, Simon-Pierre s’exprime comme le modèle des vrais croyants : « Nous croyons », déclare-t-il, au pluriel. Il adhère à Jésus, Parole de Dieu, « de la vie éternelle ». Il apporte la réponse que Jésus attendait. Il ne rabâche pas une foi apprise au Fils de l’homme ou au Messie. Il salue, à sa manière, « le Saint de Dieu », celui que Dieu a consacré pour sa mission (cf. Jean 10, 36 ; 17, 19). La liturgie s’arrête là. En réalité, le passage se conclut par l’annonce de la trahison de *Judas (versets 70-71). Car la foi doit aussi accepter la Passion et en comprendre le sens.

* Judas. « Sans doute un petit groupe demeure-t-il fidèle, mais en son sein se trouve un homme, un vrai diable, qui finira par trahir le Maître. À travers des auditoires successifs (foule, juifs, disciples, Douze), le narrateur présente une expérience toujours actuelle : la difficulté pour l’homme de demeurer ouvert à la nouveauté de Dieu. D’ordinaire, chez Jean, foi et non-foi signifient vie et mort. Ici Jésus éclaire le devenir de la foi en elle-même : celle-ci advient dans une rencontre, une synergie, entre Dieu qui attire et l’homme qui accueille » (X. Léon-Dufour).

 

 




21ième dimanche du temps ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER (23 Août)

« Tu as les Paroles de la Vie éternelle » (Jn 6,60-69)

En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »
Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?
Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !…
C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.
Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.
Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

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            Jésus vient de répéter par trois fois l’expression « manger sa chair, boire son sang », en insistant encore : « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson ». Beaucoup de ses disciples trouvent alors « intolérables » ces Paroles : « On ne peut pas continuer à l’écouter », ce n’est plus possible… Comment peut-on manger sa chair et boire son sang !

            Mais ce sera l’occasion pour Jésus de leur donner la clé de tout son discours. « Je suis le Pain de Vie » avait-t-il commencé à leur dire, en se présentant ensuite comme « Pain de Vie par sa Parole », une Parole qu’il s’agit d’accueillir de tout cœur par sa foi (Jn 6,35-47). Puis, en reprenant cette même expression, « Je suis le Pain de Vie », il s’était présenté aussi comme « Pain de Vie par sa chair offerte », un pain à accueillir de nouveau de tout cœur par sa foi, mais avec une démarche publique qui engage cette fois non seulement le cœur mais encore le corps tout entier, puisqu’il s’agit de le « manger », de le « croquer », de le « mastiquer ». Et pour aider à ceux qui ont du mal à croire en lui, Jésus reprend ici ces deux parties, « le pain chair », « le pain parole », en une synthèse qui les unit dans une seule et même perspective de foi : « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont vie » (Jn 6,63). Autrement dit, dans les deux cas, que ce soit en recevant la Parole ou le pain consacré de tout cœur, on reçoit le Don de « l’Esprit qui fait vivre »…

            Quelle beauté ! Et pourtant, « à partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner ». Mystère de la relation « homme – Dieu », où l’homme ne peut rien sans Dieu : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » Mais Dieu lui aussi ne peut rien faire en l’homme sans son accord… Il respecte infiniment la liberté de celui qui le refuse, mais sans jamais cesser de l’aimer, de s’occuper de lui du mieux qu’il peut, de frapper à la porte de son cœur, et cela, jusqu’à ce qu’elle s’ouvre (Ap 3,20 et Lc 15,1-7).

            « Tu as les Paroles de la vie éternelle », dit ici Pierre, ce pécheur qui a accepté l’Amour de Miséricorde de Jésus à son égard. « Je suis un pécheur », a dit le Pape François, « c’est la définition la plus juste… Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard… » (Pape François, août 2013)… « Heureux ceux qui croient » !    DJF

               

 

          




Rencontre autour de l’Evangile – 21ème dimanche du Temps Ordinaire

 » « Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle. »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

(Jn 6, 66-69)

Nous continuons à méditer le discours sur le pain de vie : après avoir affirmé qu’il est descendu du ciel, Jésus annonce que sa chair est la vraie nourriture et son sang la vraie boisson. Les gens qui l’entendent sont de plus en plus choqués. 

Remarque

La méthode proposée pour le partage est un peu différente : il s’agit d’une contemplation de Jésus. C’est pourquoi nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs. 

Regardons – réfléchissons – méditons

Regardons Jésus et écoutons-le.

Beaucoup des ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui : Quels ont pu être les sentiments de Jésus à ce moment-là ? Jésus retire-t-il ses paroles qui ont produit un choc dans les esprits de ses auditeurs ?

Aller et marcher avec Jésus : cette expression peut-elle exprimer la foi du chrétien ?

Jésus dit aux Douze : Voulez-vous partir, vous aussi ? 

Quelle était la place des « Douze » parmi les disciples ?

Qu’est-ce que nous pensons de cette question de Jésus ? 

Simon-Pierre : Pourquoi est-ce lui qui prend la parole ? Bien regarder sa réponse. Au nom de qui fait-il cette profession de foi?  

Nous croyons et nous savons : Croire et savoir. Quelle est l’importance de ces deux verbes pour notre foi.

« Tu es le Saint, le Saint de Dieu » : Dans le livre du prophète Isaïe, Dieu est appelé « le Saint d’Israël ». Que veut dire ce titre donné par Pierre à Jésus ?

 

  

Pour l’animateur

Le discours de Jésus sur le Pain de vie a produit des effets désastreux : ce ne sont plus des juifs qui se détachent de Jésus, mais des disciples qualifiés. C’est une véritable crise dans les relations entre Jésus et ses disciples. 

Aller et marcher avec Jésus : deux verbes de mouvement qui expriment bien la foi du chrétien, qui est la fois s’attacher à Jésus et le prendre comme compagnon de route et le suivre.

Pourtant Jésus n’a rien retiré de la force des paroles de son enseignement sur le Pain de vie. Chaque lecteur, appelé à être disciple, peut ainsi mesurer les exigences de la foi et la place centrale de l’eucharistie dans le temps de l’Église. 

Parmi les disciples qui suivaient Jésus, les Douze avaient une place centrale. Ils avaient fait l’objet d’un choix spécial de la part du Maître. C’est pourquoi, dans la situation de crise où ils sont, comme les autres, tentés de s’en aller, Jésus demande à ses plus proches de faire leur choix. Suivre Jésus et continuer à lui faire confiance, c’est un acte de liberté. 

La question de Jésus aux Douze est dramatique, décisive. Leur réponse sera déterminante pour la suite de leur existence.

Simon-Pierre, porte parole des Douze, proclame son attachement à Jésus en disant « nous » : « Seigneur, à qui irions-nous ? » Avec ses compagnons, il reste parce que Jésus a « les paroles de la vie éternelle.». Par lui, les Douze disent solennellement leur foi, en donnant à Jésus un titre étonnant : « le Saint de Dieu », c’est à dire celui qui possède en propre la sainteté même de Dieu.

Nous croyons et nous savons :

–  connaître et savoir pour croire ;

–  croire pour continuer à chercher et à connaître mieux et savoir plus : telle est notre condition de disciples. Il est important de se former pour grandir dans notre foi. Mais nous abordons la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église en tant que croyants.

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle. Quand notre foi défaille, quand le doute nous atteint et nous trouble, fais-nous la grâce de nous appuyer sur la foi des Apôtres, sur la foi de l’Église. Nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu, tu es Dieu, et que tu ne peux pas nous décevoir.

 

 TA PAROLE DANS NOTRE VIE

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Aller et marcher avec Jésus :

Est-ce bien ainsi que nous comprenons notre foi de chrétiens ?

Est-ce que notre foi en l’Eucharistie est nette ou bien éprouvons-nous le besoin de donner à Jésus la réponse de Pierre ?

Peut-être que chacun de nous, à un moment ou à un autre de sa vie a entendu la question de Jésus : « Veux-tu partir, toi aussi ? » Telle crise de l’Église, les difficultés de l’existence, nos épreuves si lourdes parfois nous ont mis en tentation de tout lâcher. « Veux-tu partir ou veux-tu continuer à me suivre, à croire en moi ? »

Beaucoup de chrétiens ont cessé de fréquenter l’Église, les sacrements. Pour quelles raisons selon-nous ?

–    Ont-ils cessé de suivre le Christ ? Ont-ils abandonné à la suite d’une trop grande épreuve, d’un échec ?

–    Ou bien plutôt parce qu’ils ne savaient pas vraiment qui était Jésus ?

–    Ou bien encore parce qu’ils n’ont jamais été amenés à faire un choix personnel et libre ?

–    Qu’en pensons-nous ?

 

Ensemble prions

Seigneur, tu es notre Père et notre Dieu, et nous sommes ton peuple. Nous te demandons d’ouvrir nos cœurs aux paroles de Jésus ton Fils : elles sont pour nous Esprit et vie. Donne-nous de mettre nos pas dans les siens, car ils nous ouvrent les chemins de la vie éternelle, dès aujourd’hui et pour toujours. Amen

 

Chant : Tu es notre Dieu et nous sommes ton peuple

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Le Message du Christ Ressuscité à l’Eglise de Pergame (Ap 2,12-17)

            À l’Ange de l’Église de Pergame, écris : Ainsi parle celui qui possède l’épée acérée à double tranchant. (13) Je sais où tu demeures : là est le trône de Satan. Mais tu tiens ferme à mon nom et tu n’as pas renié ma foi, même aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle, qui fut mis à mort chez vous, là où demeure Satan. (14) Mais j’ai contre toi quelque grief : tu en as là qui tiennent la doctrine de Balaam; il incitait Balaq à tendre un piège aux fils d’Israël pour qu’ils mangent des viandes immolées aux idoles et se prostituent. (15) Ainsi, chez toi aussi, il en est qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes. (16) Allons! repens-toi, sinon je vais bientôt venir à toi pour combattre ces gens avec l’épée de ma bouche. (17) Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises : au vainqueur, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit.

 

       EPHESIENSLe Christ Ressuscité se présente à nouveau avec un élément de la vision inaugurale où Jean l’avait vu avec « une épée acérée à double tranchant sortant de sa bouche » (1,16). Ici, il est « Celui qui possède l’épée acérée à double tranchant », c’est-à-dire la Parole de Dieu (Hb 4,12 ; Ep 6,17). Elle est à double tranchant car elle concerne aussi bien celui qui la reçoit que celui qui la donne : nous sommes tous profondément égaux devant elle, dans la mesure où il s’agit avant tout de la vivre… Mais heureusement, cette Parole est Révélation de la Miséricorde infinie de Dieu, de son éternelle bienveillance qui nous poursuit de ses bienfaits et ne cesse de désirer notre vie, notre plénitude, notre bonheur… Et nous avons confiance que de pardon en pardon, de chute en relèvement, avec le concours de notre bonne volonté si souvent défaillante, il saura remporter la victoire et nous introduire ainsi auprès de lui pour toujours…           
         Pergame est le lieu où « demeure » le trône de Satan car c’est là que le Proconsul romain exerçait l’autorité judiciaire pour toute la région, et lui seul avait le droit de condamner quelqu’un à mort[1], ce qui fut hélas le cas pour le chrétien « Antipas, mon témoin fidèle » (2,13). Quelle louange pour Antipas, car le Christ lui donne ce titre de « témoin fidèle » qui lui revient par excellence… Souvenons-nous, St Jean le présente ainsi au tout début du Livre de l’Apocalypse : « Jésus Christ, le témoin fidèle, le Premier-Né d’entre les morts, le Prince des Rois de la terre » (1,5)… Nul doute qu’Antipas partage maintenant son titre de Roi et sa Couronne de Vie… Pergame est aussi appelée « trône de Satan », car il existait en cette ville quatre sanctuaires dédiés à des idoles païennes : Jupiter, Athéna, Dyonisos et Esculape. Enfin, en 29 avant JC, Pergame fut la première à recevoir de l’Empereur Octavien la permission d’édifier un Temple en faveur de la déesse Rome et du divin César… 
BonPasteur            Et malgré ce contexte défavorable, les chrétiens de Pergame « tiennent ferme au Nom » de Jésus Christ, l’unique Sauveur du monde (Jn 4,42 ; Ac 4,12). Mais certains suivent la mystérieuse doctrine des Nicolaïtes, clairement condamnée ici par le parallèle avec Balaam qui, « selon une tradition juive (Nb 31,16), suggéra à Balaq d’attirer les Israélites à l’idolâtrie avec l’aide des filles de Moab (Nb 25,1‑3) » (Note de la Bible de Jérusalem). Le Christ ne peut donc que les appeler au repentir… Et il commence dès maintenant à le faire par « l’épée de sa bouche », c’est-à-dire par cette Parole qu’il transmet à l’Ange de l’Eglise de Pergame… Et s’ils ne se convertissent pas, « il viendra bientôt à eux » d’une autre manière pour les appeler encore à la conversion par cette même « épée »… Telle est la patience du Christ qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve. Il se tient ainsi à la porte des cœurs, et il frappe, avec douceur mais aussi avec opiniâtreté, jusqu’à ce qu’enfin, la porte s’ouvre et qu’il puisse dire : « Aujourd’hui le salut est arrivé à cette maison ! » (Lc 19,9).
            Comme précédemment, nous avons encore : « au vainqueur, je donnerai »… Quelle insistance, car « il ne s’agit pas de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». En effet, « c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier » (Rm 9,16 ; Ep 2,4-10). 
  manne          « Au vainqueur, je donnerai de la manne cachée ». La manne fut ce pain qui descendait du ciel et que Dieu donna chaque jour à son Peuple pendant quarante ans lors de sa traversée du désert, après qu’il les eut libérés de l’oppression du Pharaon d’Egypte (cf. Ex 16). Mais maintenant, c’est Jésus « le pain de Dieu, celui descend du ciel et donne la vie au monde ». Il est « Pain de Vie » par sa Parole, de telle sorte que « celui qui croit a la vie éternelle ». Et il est également « Pain de Vie » par sa chair offerte. En effet, « vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts ; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu’on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jn 6,33.35.47-51). Ainsi, « la manne cachée » peut renvoyer tout aussi bien à la Parole du Christ, vrai Pain de Vie, qu’à son Corps et à son Sang consacrés pour devenir cette nourriture qui demeure elle aussi en vie éternelle. Telles sont d’ailleurs les « deux tables » de chacune de nos Eucharisties, la table de la Parole, avec les différentes lectures suivies de l’Evangile, puis celle du Pain Rompu…
L’image du caillou blanc renvoie aux athlètes grecs : « Le vainqueur des jeux recevait une petite plaque blanche portant son nom ».

caillou blanc

             « Au vainqueur, je lui donnerai aussi un caillou blanc »… Dans le contexte de l’époque, l’image ne pouvait qu’évoquer bien des situations (cf. Pierre Prigent, « L’Apocalypse de St Jean », chez Delachaux-Niestlé, p. 53) :
  • Dans le domaine sportif, le vainqueur des jeux recevait une petite plaque blanche portant son nom… Nous sommes bien dans un contexte de « victoire », mais cette fois non pas sur la seule base des forces humaines, mais sur celle de la grâce de Dieu… « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait. Ainsi tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire » (Ps 51(50)), victoire de l’Amour et de la Miséricorde sur toutes nos misères… « Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son trône » (Ap 3,21). « Désormais, la victoire, la puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu, et la domination à son Christ, puisqu’on a jeté bas l’accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (Ap 12,10). « Grâces soient à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ! » (1Co 15,57) car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Telle est donc « la victoire qui a triomphé du monde : notre foi » en l’Amour. Oui, « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est Amour » (1Jn 4,16). 
  • Dans le domaine public, les grandes décisions portant sur la vie de la cité étaient prises en votant. Deux cailloux étaient donnés à chacun : un blanc pour le oui, un noir pour le non… De son côté, Dieu a déjà voté « blanc » pour tout homme, son enfant créé à son image et ressemblance (Gn 1,26-28), pour qu’il trouve grâce à lui, en se laissant aimer, en se laissant prendre par amour, la Plénitude de la vie et du bonheur dans « le jardin d’Eden » : « Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, et il y mit l’homme qu’il avait modelé » (Gn 2,8). Juste avant sa Passion, sa mort et sa Résurrection, Jésus disait à ses disciples : « Dans la Maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que là où je suis, vous aussi vous soyez » (Jn 14,1-3). Oui, Dieu a déjà voté « blanc » pour tout homme, son enfant, « Lui qui veut que tous les hommes soient sauvés, le Christ Jésus s’étant livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6). « Reconnais seulement ta faute » et abandonne-toi entre les mains de l’Amour, car « Je Suis miséricordieux, dit le Seigneur » (Jr 3,12-13). 
  • Dans le domaine de la justice, l’acquittement au tribunal était également voté par une pierre blanche. 
  • Enfin, Pierre Prigent signale « la pierre d’invitation aux banquets officiels »… « Heureux les invités au festin du Royaume », et encore une fois, tout homme est invité… A nous maintenant de répondre de tout cœur, en essayant, avec la grâce de Dieu, de « produire un fruit digne du repentir » (Mt 3,8).
 
            Toutes ces situations ont donc du sens à la Lumière de l’Amour qui veut que tout homme créé par Amour soit pour toujours avec lui dans l’Amour… Car « il nous a tous élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé. En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce, qu’Il nous a prodiguée, en toute sagesse et intelligence : il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’Il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres » (Ep 1,4-10). 
 coeur blanc       « Le caillou blanc » par sa couleur, renvoie dans le Livre de l’Apocalypse, au Mystère de la Divinité que Dieu est venu nous partager avec et par son Fils. Tel est l’incroyable cadeau qu’il désire communiquer à tout homme : lui donner de participer à ce qu’Il Est, à « sa nature divine » (2P 1,3-4)… « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu » disait St Irénée. Jean le redira avec l’image du vêtement, qui, dans la Bible, dit quelque chose du mystère de la personne qui le porte. Ainsi, au ciel, nous serons tous « revêtus de blanc » car nous participerons tous à une même Vie, une même Lumière, un même Amour… Telle sera l’œuvre de Dieu et de son infinie Miséricorde offerte en surabondance grâce à l’offrande du Christ sur une Croix pour notre salut à tous… « Et voici qu’apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ; debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main, ils crient d’une voix puissante : « Le salut à notre Dieu, qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau ! »… L’un des Vieillards prit alors la parole et me dit :
La multitude des sauvés, Apocalypse, miniature de Valenciennes
La multitude des sauvés, Apocalypse, miniature de Valenciennes
« Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont‑ils et d’où viennent-ils ? » Et moi de répondre : « Monseigneur, c’est toi qui le sais. » Il reprit : « Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple ; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente. Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ». Ainsi, « le vainqueur sera revêtu de blanc ; et son nom, je ne l’effacerai pas du livre de vie, mais j’en répondrai devant mon Père et devant ses Anges » (Ap 7,9-17 ; 3,5). St Paul dit la même chose, à sa façon, lorsqu’il écrit que, par notre baptême, nous avons « revêtu le Christ » : « Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3,27-28 ; Col 3,9-11). 
            Et ce « caillou blanc » porte « gravé un nom nouveau que nul ne connaît hormis celui qui le reçoit »… L’image du nom nouveau gravé ou du « sceau » renvoie à nouveau au baptême où Dieu communique à celui qui accepte de le recevoir le don de l’Esprit Saint. Or, « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), et « Dieu est Saint » (Ps 99(98),3.5 ; Is 57,14-15). En donnant l’Esprit Saint, Dieu donne à l’homme de participer le plus pleinement possible à ce qu’Il Est… Voilà ce qui commence dès maintenant par ce baptême où nous recevons déjà « les arrhes » du Royaume en attendant la Plénitude promise : « Celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a donné l’onction, c’est Dieu, Lui qui nous a aussi marqués d’un sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit ». En effet, « après avoir entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire » (2Co 1,21-22 ; Ep 1,13‑14).

shining dove with rays on a dark

            Telle est la créature nouvelle qui sort des eaux du baptême, fruit de l’union de l’Esprit Saint à notre esprit. « Le jour où apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il ne s’est pas occupé des œuvres de justice que nous avions pu accomplir, mais, poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint. Et cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle » (Tt 3,4‑7). Ainsi, par le Don de l’Esprit, « celui qui s’unit au Seigneur » par le « oui » de sa foi, celui qui se laisse unir au Seigneur, « n’est avec lui qu’un seul Esprit » (1Co 6,17). « Être uni au Christ dans la communion d’un même Esprit » : voilà ce que St Paul appelle « être dans le Christ ». Et celui qui « est dans le Christ » « est une créature nouvelle » : « Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ » (2Co 5,17-18). « Dès lors, qui rejette cela, ce n’est pas un homme qu’il rejette, c’est Dieu, lui qui vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8). Aussi, « ne contristez pas l’Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqués de son sceau pour le jour de la rédemption. Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes. Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ » (2Co 1,21-22 ; Ep 1,13‑14 ; 4,30-32).  

L'Agneau mystique, groupe des vierges, Gand

Jan Van Eyck, l’Agneau mystique, groupe des vierges, Gand.
            Cette Présence de l’Esprit au plus profond des cœurs ne se laisse pas observer avec nos yeux de chair. Elle « n’est connue que de lui seul, dans le secret de son être renouvelé » (Pierre Prigent). Elle se reçoit dans l’invisible de la foi, mais elle est source de Paix, de Lumière et de Vie que « nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit ». « La vie est bien mystérieuse », écrivait Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. « Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme ». Puissions-nous tous vivre dès ici-bas et le plus intensément possible ce « je ne sais quoi » de Lumière, de Vie, de Paix et de Joie que le Christ est heureux de déposer au plus profond de nous-mêmes… « Je vous ai dit cela pour que ma Joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11)…
                                                                                                           D. Jacques Fournier
[1] « Le droit du glaive » auquel le Christ oppose ici « le glaive de la Parole de Dieu » !

 

AP – SI – Fiche 8 – Ap 2,12-17 cliquer sur le titre précédent pour ouvrir le document PDF.




Audience Générale du Mercredi 12 Août 2015

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 12 Août 2015
 


 

Frères et sœurs, aujourd’hui nous ouvrons une réflexion sur trois dimensions qui rythment la vie familiale : la fête, le travail, la prière. Commençons par la fête. Elle est avant tout un regard aimant et reconnaissant sur le travail bien fait. Il peut arriver qu’une fête arrive dans des circonstances difficiles ou douloureuses. Dans ces cas, demandons à Dieu la force de ne pas la vider complètement de son sens. Le vrai temps de la fête suspend le travail professionnel. Il est sacré parce qu’il nous rappelle que nous sommes faits à l’image de Dieu qui n’est pas esclave du travail, mais Seigneur. Et donc, nous aussi nous ne devons jamais être des esclaves du travail. Par contre, nous savons qu’il y a des millions d’hommes et de femmes et même d’enfants qui sont esclaves du travail. Cela va contre Dieu, contre la dignité de la personne. Le temps du repos, surtout dominical, nous est donné pour que nous puissions jouir de ce qui ne s’achète pas et ne se vend pas. Or nous voyons que l’idéologie du profit veut aussi manger la fête. Le temps de la fête est sacré parce que Dieu l’habite de manière spéciale. L’Eucharistie lui apporte toute la grâce de Jésus Christ, et toute réalité reçoit ainsi son plein sens. La famille est dotée d’une compétence extraordinaire pour comprendre et soutenir l’authentique valeur du temps de la fête qui est un cadeau précieux que Dieu fait à la famille humaine. Ne l’abîmons pas !

Chers amis de langue française, je suis heureux de vous saluer, particulièrement les membres de l’Association Claire Amitié, avec Mgr Yves Patenôtre, et la jeunesse franciscaine de Bitche. Que votre séjour à Rome soit pour tous l’occasion de redécouvrir, en famille, le vrai sens de la fête ! Que Dieu vous bénisse !

 
    
 

 

 

 




Infarctus, Sacrement des Malades, guérison…

Bonjour à tous,

Mon nom est Dominique Lozac’h, né le 23/06/1966, je suis marin pêcheur de profession, voici mon témoignage

Tout d’abord, je dois vous dire que je fais partie de ces privilégiés qui n’ont jamais eu à se poser la question de l’existence de Dieu. Effectivement, du plus loin dont je me souvienne, cette Existence, Présence, a toujours, pour moi, été une évidence. Ce préambule, en toile de fond, pour donner un éclairage particulier aux faits qui vont suivre.

Le 29/10/2012 j’ai été victime d’un infarctus, j’étais au travail, en mer, au large de St Gilles. L’opération consistant en la pose de deux stents sur l’artère principale n’a pu se faire qu’environ 5 heure après, le temps de rentrer au port, d’attendre le SAMU, de faire la route…

C’est sans doute le pourquoi des complications qui ont suivi. Quatre mois après cette opération, lors d’un contrôle chez le cardiologue, celui-ci découvre un énorme thrombus (caillot) de 3 cm3 dans le ventricule gauche. Là a commencé véritablement mon « chemin de croix », avec une médication aux effets secondaires redoutables, des visites chez le cardiologue au minimum mensuelles, la perte de mon travail, le médecin des gens de mer ne voulant absolument pas me laisser repartir en mer, sous prétexte que les anti-coagulants qui m’étaient prescrits sont incompatibles avec la pratique de mon métier.

Dans un même temps, je me suis rapproché du Carmel des Avirons, où j’ai fait la connaissance de la Communauté Carmélitaine et en particulier de Sœur Marguerite.

Celle-ci, entièrement tournée vers les autres, m’a été d’un soutien, d’une qualité d’écoute sans pareils. De confidente, elle s’est naturellement posée comme accompagnatrice spirituelle, me guidant, avec une facilité et une longueur d’avance proprement déconcertante …

L’année 2013, j’ai passé mon Carême en ermitage au Carmel, vivant comme un moine, étant de tous les instants de prières, que se soit les Petites Heures au Carmel, les Laudes, les Complies, et bien entendu l’Office de chaque jour. J’ai aussi participé aux travaux d’entretiens de ce vaste espace. Le reste de mon temps, a été consacré aux méditations, guidés toujours par celle que j’ose maintenant appeler ma Grande Sœur, vous voyez de qui je parle. Méditations donc, où j’ai emprunté un miroir à Socrate, goûté aux vertus cardinales d’Aristote (prudence, tempérance, courage, justice), marché en compagnie de Sénèque sur les chemins de l’ordre du monde, approfondi les trois vertus théologales (Foi,Espérance , Amour). Me rendant compte que si nous pouvons tenter d’améliorer en nous les vertus cardinales, les vertus théologales, elles, ne naissent et se développent dans nos âmes que par la volonté de notre Dieu.

J’ai aussi été « initié » à la psychologie des profondeurs dans un évangile vivant et toujours renouvelé, grâce aux judicieux conseils de Grande Sœur Marguerite.

L’année 2014 elle a été marquée par de multiples « visites » aux urgences cardio. Service où le personnel soignant a une nette tendance à vous regarder un peu comme si s’est la dernière fois qu’ils vous verront… Bref, vous l’avez compris, moments douloureux, difficiles, où effectivement vous voyez la mort plusieurs fois, où aussi vous expérimentez la relativité du temps, moments où les heures vous semblent être des jours…

Moments tellement délicats que sur les conseils de qui vous savez, le 23 juin 2014, le Père Fulgence me délivrait le Sacrement des malades. Là certainement le Ciel s’est ouvert…

Le début de l’année 2015 s’est déroulé avec une navrante monotonie, entrecoupé de visite aux services de cardiologie, de renouvellement d’arrêt d’accident de travail, rien de bien notable, les douleurs habituelles, l’idée que bientôt j’allais passer devant une commission médicale qui allait me réformer et accepter l’idée d’être un handicapé, à hauteur de 80 % selon des avis autorisés. Vous vous en doutez, avec un moral en berne.

Le 23 juin de cette année, énième visite chez mon cardiologue, celui-ci me propose un contrôle sous anesthésie (car douloureux), mais plus approfondi de l’évolution du fameux thrombus, et en suivant une opération à cœur ouvert pour éliminer une partie du cœur, devenue akinétique après la reconstruction négative de la partie nécrosée due à la non vascularisation des quelques heures qui ont suivis l’accident avant l’opération.

De cette opération de contrôle, où je n’ai pas eu droit à l’anesthésie (le toubib n’annonçant tranquillement que vu mon état il ne souhaitait pas m’endormir…), le résultat fut stupéfiant :

le thrombus en question s’est calcifié et incorporé à la paroi ventriculaire, il n’est donc plus nécessaire de continuer a prendre des anti-coagulants et l’on ne parle plus d’opération mais de guérison, avec séquelles, mais guérison tout de même. De là, les choses se sont accélérées, la visite chez le médecin des gens de mer (obligatoire), a vu la délivrance du fameux sésame, le certificat d’aptitude à reprendre mes prérogatives de Capitaine ! J’ai donc repris la mer et mes activités professionnelles depuis ce jour.

Pour terminer ce témoignage, je tiens à mettre certains points en relief :

Tout d’abord, un grand merci aux Sœurs du Carmel, et en particulier à Sœur Marguerite, qui par leurs prières incessantes ont obtenues cette grâce pour moi.

Le fait de vivre dans ma chair la certitude que les grâces sont imméritées.

Ce Sacrement des malades dont on ne parle pas assez, entaché qu’il est encore par son ancien nom : « les derniers Sacrements »…

Enfin, sachez qu’il n’est pas plus difficile de prier et de garder la foi dans les moments de tempête, bien au contraire, cela devient, encore plus si besoin, notre force, notre rocher, notre soutien sans faille !

Alors moi aussi je puis maintenant dire : Il fit pour moi des merveilles.

Soyez bénis

Dominique




Le Message du Christ Ressuscité à l’Eglise de Smyrne (Ap 2,8-11)

           eglise de smyrne

          À l’Ange de l’Église de Smyrne, écris : Ainsi parle le Premier et le Dernier, celui qui fut mort et qui a repris vie. (9) Je connais tes épreuves et ta pauvreté – tu es riche pourtant – et les diffamations de ceux qui usurpent le titre de Juifs – une synagogue de Satan plutôt! – (10) Ne crains pas les souffrances qui t’attendent : voici, le Diable va jeter des vôtres en prison pour vous tenter, et vous aurez dix jours d’épreuve. Reste fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. (11) Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises : le vainqueur n’a rien à craindre de la seconde mort.

 

             Smyrne avait été détruite dans les années 600 avant JC par les Lydiens, et elle avait repris vie vers 300 avant JC. Aussi, lorsque le Christ se présente à elle comme « celui qui fut mort et qui a repris vie », peut-être fait-il allusion à sa lointaine histoire… Quoiqu’il en soit, comme il le fit déjà pour l’Eglise d’Ephèse (2,1 à comparer avec 1,13.16 et 1,20), le Christ reprend des éléments de son apparition à Jean pour se présenter aux Eglises… Celui qui est apparu à Jean et lui a parlé est donc le même qui s’adresse désormais aux Eglises… En effet, il lui avait dit : « Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant ; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles » (1,17-18). Ici, il déclare à « l’Ange de l’Eglise de Smyrne » : « Ainsi parle le Premier et le Dernier, celui qui fut mort et qui a repris vie » (2,8). Il reprend donc ce titre qui autrefois était réservé à Dieu dans l’Ancien Testament (Is 44,6 ; 48,12), ce qui constitue indirectement une déclaration de divinité : le Christ, le Fils Unique, est Dieu comme le Père est Dieu…
            Comme précédemment le Christ commence par un « je connais »… Lui nous connaît, à fond, et rien de notre vie ou de notre cœur ne lui est caché… Il nous connaît même mieux que nous pouvons nous connaître nous-mêmes (Jn 1,47-50 ; 2,23-25)… C’est pourquoi Lui seul peut vraiment nous montrer ce chemin où il sait que nous pourrons être le plus possible nous-mêmes… Ce chemin, c’est notre vocation personnelle, unique pour chacun. Et si nous acceptons vraiment de la recevoir du Christ, quelle qu’elle soit, heureux serons-nous ! « Tu me conduis par le juste chemin, pour l’honneur de ton nom. Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie » (cf. Ps 23(22)).

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            Smyrne était une ville qui ne connaissait pas le luxe et l’opulence ? Elle ne vivait pas dans une certaine richesse matérielle ? Le Christ pourtant la déclare « riche », et c’est un très beau compliment qu’il lui fait, car dans sa pauvreté, elle a su accueillir la seule vraie richesse qui compte : celle du Christ. « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,3), car ils ont su accueillir ce Royaume que Dieu a trouvé bon de donner aux hommes par son Fils (Lc 12,32). Et « le Royaume est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), cette justice de la Miséricorde qui rend justes les injustes ! Et c’est bien grâce à elle, grâce « aux entrailles de Miséricorde de notre Dieu », qu’ils peuvent retrouver « le chemin de la paix » par le pardon de toutes leurs fautes (Lc 1,76-79). Et si le péché, l’égoïsme, la recherche de soi au détriment de Dieu et des autres, les avaient finalement plongés dans la tristesse, à la Lumière du Pardon reçu de l’Amour, ils découvrent qu’ « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35)… C’est la joie de l’amour, car « aimer, c’est tout donner et se donner soi‑même » (Ste Thérèse de Lisieux)…
            « De riche qu’il était, notre Seigneur Jésus Christ s’est fait pauvre, pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2Co 8,9). Heureuse l’Eglise de Smyrne qui a su accueillir ses cadeaux, et mettre ainsi à la première place les réalités spirituelles qui seules, peuvent nous apporter les vraies joies (Col 3,1-4). « Ne crains pas les souffrances qui t’attendent » (2,10), lui dit le Christ, car sa Présence et son soutien ne leur feront jamais défaut. « Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps », disait Jésus à ses disciples, « mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt Celui qui peut perdre dans la géhenne à la fois l’âme et le corps. Ne vend-on pas deux passereaux pour un as ? Et pas un d’entre eux ne tombera au sol à l’insu de votre Père ! Et vous donc ! vos cheveux même sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte ; vous valez mieux, vous, qu’une multitude de passereaux » (Mt 10,28-31).
            Certes, poursuit le Christ, « le diable », c’est-à-dire en ce contexte « les persécuteurs romains », « jetteront des vôtres en prison » (2,10)… « Vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi, pour rendre témoignage en face d’eux et des païens. Mais, lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment,  car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,18-20). Et la Présence de l’Esprit est toujours synonyme de Paix, de Force et de Joie. C’est ainsi que St Paul écrivait à Timothée (1,7-14) :
ESPRIT SAINT    « Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi. Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais souffre plutôt avec moi pour l’Évangile, soutenu par la force de Dieu, qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce. À nous donnée avant tous les siècles dans le Christ Jésus, cette grâce a été maintenant manifestée par l’Apparition de notre Sauveur le Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’Évangile… C’est à cause de cela que je connais cette nouvelle épreuve, mais je n’en rougis pas, car je sais en qui j’ai mis ma foi et j’ai la conviction qu’il est capable de garder mon dépôt jusqu’à ce Jour-là. (Alors, toi aussi), garde le bon dépôt avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous ». 
             Cet Esprit, cette grâce, habite en Plénitude les cœurs du Père et du Fils. Il est « l’Esprit du Père », mais aussi « l’Esprit du Christ » (Rm 8,9 ; 1P 1,11), et c’est en nous donnant de participer nous aussi à son Esprit, que le Christ nous permettra de sortir victorieux de nos épreuves (Jn 16,33). Ici, elles dureront « dix jours », c’est-à-dire un temps limité, aussi long puisse-t-il paraître pour celui qui doit les subir. Mais tôt ou tard, ces persécutions prendront fin, et le temps de la paix reviendra…
            Dans cette espérance, le Christ invite donc les chrétiens de Smyrne à lui demeurer fidèles. Ils le pourront en continuant de s’appuyer sur Lui, de compter sur Lui… Et lorsque viendra l’heure de mourir, « je te donnerai la couronne de vie ». Tout apparaît à nouveau comme don gratuit du Christ. La notion de « couronne », c’est-à-dire de « royauté », de « force » et de « victoire » est associée à celle de « vie ». Car c’est bien « la vie » du Ressuscité qui remporte la victoire sur toute forme de mort et donne ainsi à celui et celle qui la reçoivent de « régner dans la vie ». « Je suis la lumière du monde » dit Jésus. « Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie », et « la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne peuvent la saisir » (Jn 8,12, 1,4-5).
 jésus lumière
            Enfin, « le vainqueur n’a rien à craindre de la seconde mort », une « seconde mort » qui est synonyme « d’absence de Plénitude de Vie éternelle », et donc de souffrance et de mal-être éternels… En feront la douloureuse expérience, « ceux qui ne seront pas inscrits dans le Livre de Vie » (Ap 20,13-15), c’est-à-dire ceux qui auront refusé toute démarche de conversion, de repentir, nécessaire pour renoncer clairement et fermement au mal, et choisir ainsi librement le bien. Celui qui demeure quelque part attaché au mal ne peut pas en effet « entrer dans le Royaume des Cieux », car toute forme de mal est radicalement exclue de ce Mystère de Communion avec Dieu auquel nous sommes tous appelés. Et lorsqu’il sera pleinement accompli, « Dieu sera tout en tous » (1Co 15,28). Or, « Dieu est Lumière, en Lui, point de ténèbres » (1Jean 1,5). Il est donc impossible d’être tout à la fois pleinement uni à Dieu, et en même temps attaché à quelque chose qui est de l’ordre des ténèbres… Et puisque ces ténèbres sont quelque part une absence de Lumière, et donc une absence de Plénitude, tant que nous aurons des liens avec elles, nous ne pourrons goûter le bonheur parfait. Telle est l’expérience de ce riche qui, sur terre, n’avait pas vécu l’amour et le partage avec les pauvres, et notamment « Lazare qui gisait près de son portail, tout couvert d’ulcères ». Lorsque les deux moururent, Lazare trouva auprès du Père la Plénitude du Bonheur et de la Vie, tandis que le riche, encore attaché à ses richesses et prisonnier de son égoïsme, « était en proie à des tortures » (Lc 16,19-31). Son cœur n’était pas dans le repos et la Paix de Dieu… Ainsi, « les lâches, les renégats, les dépravés, les assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref, tous les hommes de mensonge, leur lot se trouve dans l’étang brûlant de feu et de soufre : c’est la seconde mort » (Ap 21,8). St Paul dit autrement la même chose : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu. Et cela, vous l’étiez bien, quelques-uns. Mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,9-11). Mais c’est bien parce qu’il n’y aura plus de voleurs, de rapaces, de méchants, de violents et d’injustes que le bonheur pourra enfin être parfait pour toujours… « On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Is 11,9 ; cf. 11,1-9 ; 65,17‑25). Et nul ne peut « connaître » Dieu s’il ne lui est uni dans la communion d’un même Esprit, un Esprit de Lumière, d’Amour, de Paix et de Vie… Alors, il n’y aura « plus de pleurs, plus de cris, plus de peines, car l’ancien monde s’en sera allé » (Ap 21,4)…
            Mais c’est dès maintenant que Dieu désire faire toutes choses nouvelles par l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ Sauveur venu enlever le péché du monde en proposant le pardon total de toutes nos fautes. Celui qui se repent et accepte de le recevoir recevra grâce à ce pardon, dès maintenant, dans la foi, « quelque chose » de cette Plénitude de Vie que Dieu nous réserve dans l’éternité… « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 2,38). St Paul pourra alors lancer comme appel : « Cherchez dans l’Esprit votre Plénitude » (Ep 5,18)…
                                                                                                   D. Jacques Fournier

 

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