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19ième Dimanche du Temps Ordinaire (St Mt 10, 26-33)- par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 12 et Dimanche 13 Août 2023

 

19e dimanche ordinaire :

1·Rois 19.9–13 ; Romains 9.1–5 ; Matthieu 14.22–33

 

Après la multiplication des pains, Jésus oblige les disciples à entrer dans une barque pour aller sur l’autre rive tandis que lui-même fuit la foule après l’avoir servi. Il se met à l’écart, sur la montagne pour prier. La montagne est souvent le lieu de rencontre avec Dieu. C’est là, dans cette rencontre personnelle, que l’on apprend à le connaître. Élie n’a pas apprécié le comportement du peuple de Dieu, ce peuple choisi qui a bénéficié de toutes les bénédictions divines – adoption filiale, gloire avec la présence de Dieu au sein de ce peuple, alliances, législation, cultes, promesses, les patriarches et de qui le Christ est la Chair – ce peuple formé d’Israélites a abandonné leur alliance avec Dieu, abattu les autels et tué les prophètes. Élie va donc à la montagne de l’Horeb, appelé par ailleurs le Sinaï, pour rencontrer Dieu. Dans le passé, lors de la libération du peuple de Dieu de l’esclavage d’Egypte, les ouragans, les tremblements de terre, les éclairs, les colonnes de feu constituaient ce que l’on appelle la Théophanie, une intervention divine qui exprime la majesté et la Gloire de Dieu, venu pour protéger son peuple poursuivi par l’armée du Pharaon. Élie, donc, se retrouve sur cette montagne où passe un ouragan très puissant, mais Dieu n’était pas dans cet ouragan; vient ensuite un tremblement de terre, mais Dieu n’y était pas non plus; passe alors un feu, et Dieu n’y était pas également. Arrive alors une brise légère. Dès qu’Élie l’entendit, il se voila le visage avec son manteau, car on ne doit pas voir Dieu sous peine de mourir (Gn 32,31 ; Ex 20,19). « Le murmure d’une brise légère symbolise la spiritualité de Dieu et l’intimité dans laquelle Dieu s’entretient avec le prophète » (Osty P.698 – note 11). Dieu parle en nous dans la douceur du cœur, comme dans un chuchotement amoureux: la prière est un échange d’amour de cœur à cœur entre Dieu et le pécheur que nous sommes, un murmure au plus profond de notre âme, dans le secret le plus total ou dans le silence de la nuit. Et à la question « Que fais-tu ici, Élie ? », il répond « Je suis rempli d’un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot, parce que les Israélites ont abandonné ton alliance, qu’ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l’épée. A Jésus aussi, il lui arrive de se sentir   abandonné.

Sainte Marguerite-Marie priait devant le Saint Sacrement exposé. Notre Seigneur se présenta à elle, tout éclatant de Gloire : Il lui découvrit son Cœur et se plaignit amèrement des ingratitudes dont il était l’objet de la part des pécheurs. « Jésus se plaint à sainte Marguerite Marie d’être délaissé, abandonné au tabernacle par ses fidèles. Il ne reçoit que « mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs dans ce sacrement d’amour » (Cf. Jean LADAME, La sainte de Paray, Marguerite-Marie, Éd. Résiac, 1979, p. 124). « C’est pourquoi Jésus demanda à la visitandine (à la religieuse de l’Ordre la Visitation Sainte-Marie) de Paray-le­-Monial, sainte Marguerite-Marie, de venir toutes les nuits du jeudi au vendredi, entre 23 heures et minuit, pour se prosterner … devant le Saint Sacrement. Il invite la religieuse à L’accompagner dans cette mortelle tristesse qu’il vécut à Gethsémani » (Ste MARGUERJTE-MARIE, Sa vie par elle-même, Éd. Saint-Paul, Paris-Fribourg, 1979, p.86). À cette époque, une spiritualité stérilisée faisait qu’on n’osait pas déranger le « divin prisonnier du tabernacle». Du coup, les églises étaient devenues des déserts et où le Christ restait si seul, Lui qui attend pourtant, jour et nuit, notre visite. Quel abaissement pour Jésus-Christ – Dieu et Fils de Dieu – de demander à l’être aimé – une de ses propres créatures – des délicatesses et des attentions! Jésus demande donc à Marguerite-Marie de lui tenir compagnie toutes les nuits du jeudi au vendredi afin de pallier au manque de reconnaissance des pécheurs qui bénéficient sans cesse des grâces de Dieu que Jésus leur donne. Même Saint-Paul dans le 2ème texte d’aujourd’hui fait référence à Élie et parle de l’abandon du Seigneur, et pour ses frères, Paul souhaiterait être lui-même anathème (c’est-à-dire excommunié, réprouvé, hors la loi), séparé du Christ qu’il aime tant, si cela pouvait seulement améliorer la relation entre le peuple de Dieu et le Seigneur. En quelque sorte, lui aussi voudrait réparer les fautes de son peuple. Les amis de Dieu, eux, demeurent fidèles à la visite d’amour au Christ-Hostie. « Sainte Marie-Madeleine Pazzi allait trente fois par jour visiter Jésus au Saint Sacre­ment; Saint Louis de Gonzague était attiré par le tabernacle dès qu’il passait devant une chapelle ou une église. Saint Dominique Savio, âgé de treize ans, passait très souvent à la chapelle et venait adorer le Christ dans le tabernacle (Vie du jeune serviteur de Dieu Dominique Savio, par Don J. Bosco, Nice, 1924, chap. 14, p.60). Saint Pascal Baylon profitait de chaque seconde qu’il avait de libre pour se rendre à la chapelle et saluer Jésus au tabernacle. Enfant déjà, il faisait ses visites au Saint Sacrement. Mère Térésa qui avait comme nous à Colimaçons, il y a 6 ans de cela, 4H d’adoration par mois, une heure chaque vendredi, a mis 30H d’adoration par mois, soit 1H par jour, et cela a multiplié le nombre de vocations. Et chez nous, à l’unique heure d’adoration par mois qu’il nous reste, il n’y a pas foule en présence de Jésus au saint Sacrement. Il suffirait qu’un farceur dise tout haut qu’il a vu le visage de Jésus ou de Marie à l’autre bout de l’île pour que les gens y aillent par bus entiers, alors que là, au saint Sacrement, Jésus réellement présent, peu de gens y viennent le voir. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons viennent de Dieu. Peu de gens viennent lui rendre visite à l’adoration. La barque dont nous parle Matthieu représente l’Eglise, et dans cette Église, il y a, comme Pierre, des gens de peu de foi, des gens qui ne respectent pas toujours le Christ…A Catalina Rivas, une mystique catholique bolivienne, à qui la Sainte Vierge lui donne des visions et des explications sur la messe, elle lui dit : « Pourquoi devez-vous tous arriver à la dernière minute (à la messe) : Tu aurais dû arriver plus tôt pour être capable de prier et de demander au Seigneur d’envoyer son Esprit Saint pour qu’Il t’accorde un esprit de paix et te purifie de l’esprit du monde, de tes préoccupations, tes problèmes et tes distractions afin de te permettre de vivre ce moment si sacré. Pourtant, tu arrives presqu’au moment où la célébration est sur le point de commencer et tu participes comme s’il s’agissait d’un événement ordinaire, sans aucune préparation spirituelle. Pourquoi ? C’est ici le plus grand des Miracles. Tu vas vivre le moment où le Dieu Très Haut donne son plus grand cadeau et tu ne sais pas comment l’apprécier ». Ayons une confiance totale en la présence de Jésus au Saint Sacrement. Tant que Pierre fait confiance en Jésus-Christ, il marche comme le Christ sur l’eau. Dans ce passage, on ne voit souvent que le bain forcé de Pierre et on le stigmatise: sa foi n’est pas si grande que cela, lui le chef des Apôtres, le roc sur lequel sera bâti l’Eglise. Jésus lui-même lui dit : « Homme de peu de foi », expression qu’il réserve à Pierre, un de ses meilleurs disciples, comme pour nous dire aussi que notre foi demande également à être renforcée. Mais remarquons aussi que Pierre est le seul à avoir osé demander à rejoindre le Christ sur l’eau et que cela lui a été accordé. La masse d’eau fait peur, surtout la nuit. Mais Pierre n’a pas hésité à y aller avec Jésus. Certainement sa foi demande à être plus grande, comme pour nous tous. Mais il a fait un bout de chemin, au milieu de la nuit, avec le Christ, sur cette mer agitée, nuit et mer étant deux symboles du Mal. Claude Tassin nous dit que la nuit apparaissent les bêtes malfaisantes (Ps 104,20), la peste ténébreuse (Ps 91,6), les hommes qui haïssent la lumière agissent dans l’ombre et dans le dos des autres, les fourbes, les criminels, les assassins font leur apparition, et la mer, dans la Bible, est le lieu des forces du Mal, des éléments rebelles à Dieu. La marche de Jésus sur cette mer agitée montre qu’il maîtrise les forces de la nature et les forces du Mal, qu’il les écrase sous ses pas, qu’il les a sous ses ordres, qu’il les commande tout comme il est capable de commander à Pierre qui lui demande : « …donne-moi l’ordre de venir à toi sur ces eaux », et voilà que Pierre a la force de marcher sur l’eau comme Jésus. C’est ainsi qu’Abraham a obéi sans sourciller au Seigneur qui lui a dit : « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir », …Abraham s’en va en quelque sorte vers l’inconnu. Pour partir ainsi, il faut vraiment avoir la foi. Les prêtres ont fait le même choix : ils ont tout quitté pour suivre le Seigneur sans trop savoir où cela les mènera dans leur aventure terrestre tout en ayant une direction: le Royaume de Dieu et l’évangélisation du monde. Pour eux, « Dieu seul suffit ». Certains d’entre eux sont bardés de diplômes qui auraient pu faire d’eux des avocats, des médecins, des dentistes, des économistes, des professeurs, des entrepreneurs…. Et comme nous remercions Marie d’avoir dit « oui », nous pouvons aussi remercier tous ces prêtres d’avoir, eux aussi, dit « Oui » à Dieu. Et quand on connaît l’importance des sacrements et surtout de la messe, mille fois merci aux prêtres d’avoir dit « oui ». Même Marie, Mère de Dieu, se place en retrait du prêtre au moment de la messe, c’est dire l’importance du prêtre à l’Eucharistie. C’est eux, comme Paul et Élie, qui intercèdent pour nous, font les intermédiaires entre Dieu et nous, ce sont eux qui ont le pouvoir de rendre l’hostie vivante de la vie même de Jésus ressuscité, c’est par eux que nous pouvons avoir recours à Jésus qui pardonne nos péchés à la confession. Prions pour les prêtres et particulièrement pour les curés qui amènent la Vie au village, aux paroisses, lieux de vie autour du Christ ressuscité. Si nous avons tous la foi, la foi rassemble et ne divise jamais, autrement il y a un problème de compréhension de la foi et de mauvaise pratique. Paul nous parle d’ « un reste, élu par grâce », ceux qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal, ceux qui n’adorent pas les idoles qui, aujourd’hui, prennent toutes sortes de formes : les divers « dieux » (avec un petit « d ») dont on parle ailleurs, mais aussi richesse, biens matériels, fêtes non chrétiennes, les écrans qui nous envahissent avec une culture de mort faite de violences, de drogues, de mauvaises actions, de guerres, de divisions, d’angoisse, de terreurs…alors qu’à ceux qui n’ont pas fléchi le genou devant les idoles, le Christ leur offre la paix, la joie, le silence, le bien-être, le sens de la famille parce que Jésus est Amour et source de tout amour…tout en sachant que les privilégiés de Dieu sont ceux qui portent la Croix du Seigneur. Si pas d’amour, pas de Jésus et si pas de Jésus, pas d’amour aussi. Et la question se pose : qu’est-ce que j’ai au fin fond de moi-même ? l’amour ? la haine ? la paix ? la violence ? mon intérêt personnel ou celui de tous ? Suis-je au service de Dieu ou de moi-même ? Thérèse d’Avila nous dit (Chemin de la Perfection – P.97) : « Surveillez attentivement vos mouvements intérieurs, surtout ceux qui concernent les prééminences (= supériorité de rang, de dignité, de droit, de degré). Que le Seigneur nous préserve par sa douloureuse Passion de nous arrêter à toute pensée ou parole comme les suivantes : Je suis plus ancienne en religion, je suis plus âgée, j’ai travaillé davantage, on a plus d’égards pour telle sœur (ou frère) que pour moi. Il faut résister à ces pensées, dès qu’elles se présentent ( et c’est le don du discernement qui nous permettra d’agir en nous-mêmes) ; si vous vous y arrêtez ( à ces mauvaises pensées), si vous venez à en parler, c’est une peste, et la source de grands maux. Travaillons donc à contrarier (à combattre) en tout notre propre volonté. Si nous nous y appliquons…, nous arriverons peu à peu, et sans savoir comment, au sommet de la perfection. Elle ajoute (« Vie » – ch.15) : « Quand l’Esprit de Dieu agit en nous, il n’est pas nécessaire de rechercher péniblement des considérations pour nous exciter à l’humilité et à la confusion de nous-mêmes. Le Seigneur met en nous une humilité bien différente de celle que nous pouvons nous procurer par nos faibles pensées. La nôtre, en effet, n’est rien en comparaison de cette humilité vraie et éclairée que Notre Seigneur enseigne alors et qui produit en nous une confusion capable de nous anéantir…Plus ses faveurs sont élevées, plus cette connaissance est profonde ». A l’inverse, si nous n’avons aucune de ces connaissances profondes, il faudra y travailler pour que Dieu nous les accorde et ce n’est en semant la division que l’on y arrivera car la division est l’œuvre de l’esprit du Mal, mais par la prière, l’adoration, les sacrements, le tout par amour de Dieu et du prochain. Saint Paul nous dit (Ep 4,26) « Quand vous vous mettez en colère, ne péchez pas ». L’Apôtre Paul ne dit pas « ne vous mettez pas en colère, car alors ce serait un péché ». Il dit de veiller à ce que la colère ne nous amène pas à pécher. La colère ne nous autorise pas à dire du mal des autres. Il faut bien veiller à cela. Ep 4,29 : « De votre bouche ne doit sortir aucun mauvais propos, mais plutôt toute bonne parole capable d’édifier, quand il le faut et de faire du bien à ceux qui l’entendent ». Marie, sainte Mère de Dieu, intercédez pour tous les pécheurs et particulièrement pour tous ceux qui ont abandonné Jésus-Christ, notre Seigneur.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

En ce 19ème dimanche du Temps Ordinaire, l’évangile nous donne de réfléchir sur la qualité de notre foi lorsque nous traversons les tempêtes de nos vies, lorsque les épreuves nous assaillent.

La foi ? L’évangile nous donne plusieurs indications pour mieux comprendre ce qu’est la foi. Tout comme l’amour, la foi n’est pas à l’abri des difficultés de la vie ou du malheur. La foi n’est pas non plus à l’abri du doute. Bien des doutes ont pu ou peuvent encore nous animer : « Où est Dieu ? » « Est-il vraiment présent à mes côtés ? »

La foi n’est pas non plus à l’abri de la lassitude et de l’ennui. Qui d’entre nous n’a pas connu une période de désert spirituel ? Le pape François nous met aussi en garde contre l’acédie : l’ennui, le dégoût de la prière, le découragement. Nous voyons que la foi n’est pas un acquis, nous pouvons tous être confrontés à une crise de la foi.

La foi reste encore un peu taboue dans nos cercles familiaux, amicaux et professionnels tant nos rapports à la foi sont différents : il y a ceux qui croient, ceux qui ne croient pas (les athées), ceux qui croient autrement, ceux qui ne se prononcent pas (les agnostiques ou les sceptiques), ceux qui ont plusieurs croyances…

La foi ne dépend pas forcément de notre milieu social. Ce ne sont pas toujours ceux qui sont nés dans la misère qui refusent de croire. Inversement, bien des personnes qui ont vécu dans de meilleures conditions sociales pour s’épanouir disent parfois ne pas croire ou ne plus croire. Il importe également d’admettre la souffrance et le mal qui impactent notre humanité et qui peuvent faire douter de l’existence de Dieu.

Nous comprenons alors qu’il faut demander en tout premier lieu au Seigneur qu’il soutienne et fortifie notre foi. La foi reste un don de Dieu, ne l’oublions pas. Ne prétendons pas trop vite que notre foi est infaillible ou plus grande que celle d’un autre. Celle des premiers disciples a été mise à rude d’épreuve. Celle de Pierre, malgré qu’elle soit plus intrépide et audacieuse, a été confrontée au doute : « Homme de peu de foi,
pourquoi as-tu douté ? »
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En ce dimanche, nous sommes invités à nous demander sincèrement : en qui mettons-nous vraiment notre foi au cœur de nos épreuves ? L’évangile présente Jésus comme le Fils de Dieu, celui qui a le pouvoir de maîtriser les flots de la mer. Dans la Bible, la mer est souvent associée aux forces du mal, à la destruction ou encore à la mort.

En marchant sur la mer, Jésus montre qu’il est le maître de la création, qu’il est plus puissant que les éléments déchaînés de la nature. Jésus marche sur le mal, il est plus fort que les forces du mal. L’évangile nous invite vraiment à le croire ! C’est Jésus qui est au cœur de notre foi chrétienne.

Il me semble que quatre pistes nous sont données pour revitaliser notre foi :

  • Nous libérer de nos peurs. Jésus peut nous en libérer : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Nous sommes mis face au défi de la confiance, nous remettre réellement entre les mains du Christ. C’est lui qui est au gouvernail de nos vies, c’est lui qui mène la barque de notre Église, malgré les agitations…

  • Nous libérer de nos vieux « fantômes » du passé. Faire le deuil de ce qui n’est plus et qui ne sera plus. Ne pas vivre dans la nostalgie du passé. Cela est primordial pour vivre davantage dans le présent que Dieu nous donne.

  • Notre foi vacille… Nous devons sans cesse l’appuyer sur la foi de l’Église qui nous précède. Il importe dans l’épreuve de nous rapprocher des personnes dont la foi est plus « solide », ces frères et sœurs de la communauté qui témoignent d’une foi qui a su traverser les tempêtes, une foi « reconnue ».

La foi de Pierre, bien qu’imparfaite, est plus volontaire : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Dans l’aventure de la foi, nous avons besoin de meneurs comme Pierre pour rendre notre foi plus vive. Pierre nous enseigne ce que nous devons faire lorsque nous sentons que nous lâchons prise, que nous sommes perdus ou au fond du trou : implorer le Christ de nous venir en aide, « Seigneur, sauve-moi ! » C’est la première démarche à faire, cela ne dépend que de nous.

  • Je le disais, notre monde est confronté au mal, sa part de souffrance est importante. Il faut être capable de mettre la foi à l’œuvre. Nous devons être des signes pour les autres que le Christ apporte vraiment le Salut. Rendre notre foi « visible » pour ceux qui peinent…

Ensemble, invoquons le Seigneur :

Seigneur Jésus, viens nous prendre par la main, viens nous sauver. Viens au secours de notre foi, viens au secours de nos peurs. Augmente en nous la foi, viens nous libérer de nos craintes, de nos inquiétudes. Seigneur Jésus, nous avons confiance en toi ! Amen.

[1] Dans la deuxième lecture, la foi de Paul est confrontée à la tristesse face à l’échec de l’accueil de la Bonne Nouvelle du Salut par les Juifs. Voir Rm 9, 1-5.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du Père Louis DATTIN

Marche sur les eaux

 Mt 14, 22-33

 

Tous les dimanches de cette période liturgique sont centrés autour du même thème : LA FOI, base de départ de toute vie chrétienne.

Comme nous l’a raconté l’Évangile de dimanche dernier, Jésus vient de multiplier les pains. La foule est enthousiaste : elle veut même le faire roi. Pensez donc, un Messie, un homme politique qui résoudrait les problèmes économiques ! Déjà, à cette époque, on n’avait jamais vu ça :  » Le pain quotidien assuré tous les jours ! Il n’y a qu’à le suivre et la subsistance est assurée ». Si bien que Jésus est obligé de renvoyer cette foule.

Mais, d’autres aussi, sont enthousiastes : ce sont les apôtres. Ils ont présidé à la distribution des pains et des poissons, on leur disait « merci ». Ils étaient les ministres du miracle : ils se voyaient déjà au budget, aux affaires économiques et sociales. Aussi l’Évangile nous dit que Jésus fut obligé de faire monter ses disciples dans une barque pendant qu’il renverrait lui-même la foule.

* La 1ère leçon que nous pouvons tirer de ce passage, c’est qu’une foi qui naît dans l’enthousiasme, dans la ferveur de la sensibilité, dans la joie du merveilleux n’est pas encore une foi solide : c’est une foi qui n’a pas été mise à l’épreuve, qui n’a pas encore été fortifiée par la difficulté, « il n’est pas difficile de croire à la lumière tant que l’on est en plein jour ». Il n’y a aucun mérite à cela. C’est une évidence, ce n’est pas encore une foi.

Mais lorsque la nuit tombe, que nous nous trouvons dans l’obscurité, que nous sommes au milieu du tunnel, alors, là, oui, la foi, la vraie, celle qui continue de croire malgré le manque d’évidence, contre l’évidence, commence à se fortifier dans notre cœur.

Etes-vous sûrs, mes frères, de la solidité de votre foi ?… Si jamais vous n’avez jamais connu de difficultés majeures, s’il n’y a jamais eu d’échecs dans votre vie, de vents contraires, d’épreuves pénibles, vous ne pouvez pas répondre, ce serait téméraire.

Si, par contre, il y a eu dans votre existence, des passés difficiles, des coups durs, des moments de désarroi, des périodes de doute et d’angoisse et que vous avez tenu le coup, calmement, fermement, faisant quand même confiance au Seigneur, alors certes, vous pouvez dire qu’avec l’aide de Dieu, cette foi est ancrée en vous. « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ».

C’est dans l’épreuve que notre foi s’affermit.

Et voilà donc nos apôtres dans la nuit, avec une mer mauvaise et des vents déchainés. Tous marins qu’ils sont, ils ne sont pas fiers. La barque est en plein milieu de ce lac, parfois redoutable. Les vagues étaient très grosses et c’est toute la nuit qu’ils essuient la tempête. Ils sont fatigués.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer et c’est la panique sur la barque. « C’est un revenant ! »

L’Évangile nous dit que la peur leur fit pousser des cris.

Cette tempête, mes frères, ces vents contraires, cette fatigue du milieu de la nuit, vous l’avez reconnue : ce sont nos épreuves à nous.

Qui, parmi nous, n’a pas ses problèmes, ses difficultés, ses doutes, des situations pénibles et qui semblent interminables ?

Qui, parmi nous, au milieu de ses épreuves, en pleine détresse, n’a pas, lui aussi, intérieurement ou non, poussé des cris dans la prière ou dans la révolte.

« Trop, c’est trop Seigneur, délivre-nous du mal… ne nous laisse pas succomber ».

Et comme, parfois, Dieu nous paraît loin, étranger, absent, dans ces moments de détresse ! Ce qui fait dire à bien des gens :

« Si Dieu existait, il ne permettrait pas cela ». « C’est un fantôme », disent les apôtres. Ils ne voient pas Jésus. Ils ne savent pas que c’est lui qui est là. Ils ne le reconnaissent pas !

 

* C’est d’abord la leçon que nous avons à tirer de cet Evangile : trop souvent, au sein de nos difficultés, dans les moments difficiles, nous nous croyons tout seul et nous essayons de nous en tirer tout seul. Or, Jésus est là, à côté de nous, veillant sur nous, allant à notre rencontre. Et loin de nous en remettre à lui, de lui faire confiance, nous paniquons. Nous ne reconnaissons pas le Seigneur dans l’épreuve, nous manquons de foi. Nous ne sommes pas du tout persuadés qu’il est là, prêt à nous prêter main forte. C’est peut-être le moment où nous nous croyons le plus seul, le plus réduit à nos propres forces, que le Seigneur est le plus proche et le plus disponible pour nous remettre en confiance.

D’ailleurs, c’est exactement ce qu’il fait et ce qu’il leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » La foi, c’est avant tout cela : faire confiance, ne pas avoir peur dans l’épreuve car nous savons que le Christ est là : « C’est moi, n’ayez pas peur. »

Pour celui qui a la foi, Dieu n’est pas un fantôme. C’est « le compagnon » d’épreuves, celui vers qui l’on tourne son regard dès que le vent se fait mauvais, dès que l’épreuve commence. Un enfant dans la difficulté, vous le savez bien, vous parents, instinctivement, criera : « maman – papa » parce qu’il sait qu’ils l’aiment et qu’ils peuvent lui porter secours, au prix même de leurs propres vies. Dieu, Père, le Christ, notre frère, eux qui sont amour total, n’agissent pas autrement que, nous, parents, qui pourtant, nous le savons bien, ne sommes pas parfaits.

Alors Pierre veut tester, non pas sa foi mais la puissance du Seigneur :

« Si c’est bien toi, ordonne-moi de venir à toi, sur l’eau ».

Jésus lui dit : « Viens ».

On peut, au passage, saluer le courage de Pierre.

Avez-vous déjà vu un marin enjamber le plat bord de sa barque, et cela par gros temps, pour vérifier ses hallucinations, simplement pour en avoir le cœur net ? Pierre descend donc et marche sur les eaux pour aller vers Jésus : vers Jésus. Tant qu’il regarde le Seigneur pour aller vers lui, tout va bien : il marche… Tant qu’il ne pense qu’à Jésus, qui est en face de lui et qu’il est en train de rejoindre, il avance, sans problème. Mais soudain, il prend conscience de sa situation périlleuse et au lieu de penser à Jésus et de regarder vers lui, il regarde autour de lui : l’eau, le vent, les vagues.

Alors, il prend peur et commence à enfoncer.

  * Voici une autre leçon pour notre vie de foi : nous avons vraiment la foi aussi longtemps que la présence du Christ dans notre vie nous parait plus importante que les épreuves qui nous assaillent. La foi est avant tout une priorité donnée au Seigneur dans notre vie difficile, mais si nous commençons à accorder plus d’importance à des affaires matérielles, intellectuelles, sentimentales ou physiques qu’au Seigneur lui-même, alors nous commençons à couler, à nous enfoncer.

« Dieu, premier servi », pouvait-on lire sur l’étendard de Jeanne d’Arc. C’est sans doute, parce qu’elle avait les yeux fixés sur le Seigneur, et non sur les Anglais ou sur les armes qui étaient braqués contre elle, que Jeanne fut si vaillante au combat et qu’elle forçait l’admiration de ses compagnons d’armes.

La force et le courage de notre foi ne peuvent s’expliquer que par notre regard intérieur fixé sur le Seigneur. C’est dans la prière, dans la contemplation, dans la méditation de sa parole que nous puiserons notre vie de foi, pas ailleurs !

Si au lieu de nous tourner vers lui, nous commençons à penser à nous, à nos petites sécurités, à recourir à nos propres forces, alors, nous faisons comme St-Pierre, nous coulons, nous commençons à enfoncer dans le marasme de nos difficultés, de nos doutes, de nos problèmes.

« Je peux tout, en celui qui me fortifie », disait St-Paul… oui, je peux tout, car c’est vers Dieu que je regarde et que « rien n’est impossible à Dieu ». Quand j’en serai vraiment persuadé alors j’aurai vraiment la foi : tout miser sur Dieu sans essayer de me reprendre.

Mais St-Pierre a la bonne réaction. Commençant à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »

De nouveau, il regarde vers Jésus. Nous aussi, quand rien ne va plus, que nous commençons à enfoncer, que la situation devient intenable, crions comme St-Pierre : « Seigneur, sauve-moi ! » Prière du cœur, prière de confiance dans la détresse, prière du Christ lui-même à l’heure de la Croix :

« Père, je remets mon âme entre tes mains ». « Moi, je ne peux rien, toi, tu peux tout ; je m’en remets totalement à toi ».

Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

A chaque fois que nous faisons confiance, que nous nous en remettons à Dieu, chaque fois, il nous tend la main ; chaque fois il nous saisit ; chaque fois, il nous tire de nos mauvais pas.

Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Déjà, dans la première lecture, nous avons pu constater avec le prophète Elie : que Dieu n’était pas dans l’ouragan, dans le tremblement de terre, ni dans le feu mais dans le murmure d’une brise légère. Dieu se trouve dans le calme, le silence, la sérénité de la foi.

Alors, avec ceux qui étaient dans la barque, nous nous prosternons, nous aussi, et nous disons avec les apôtres : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ! » AMEN




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 23-33) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« Jésus vainqueur du mal et de la mort »

(Mt 14, 22-33)

  Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul.
La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.
Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

     

          « Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive »… Ce verbe est très fort. Après avoir vécu la multiplication des pains avec lui, les disciples ne voulaient pas le quitter. Mais il va user de toute son autorité à leur égard pour les inviter à partir seuls dans la barque. Les disciples ne comprennent pas, le verbe employé suggère leur résistance,  mais ils finissent par obéir…

            Et comme ils étaient « déjà à une bonne distance de la terre », ce qui devait arriver arriva : « la barque était battue par les vagues, car le vent était contraire »… Ils n’avancent plus, ou très peu… La situation devient périlleuse… D’un point de vue religieux, la mer était considérée comme le lieu d’habitation des démons (Is 27,1). De plus, les ténèbres renvoient souvent à « l’empire de Satan » (Ac 26,18)… En pleine nuit, au cœur de la mer, les puissances du mal se déchaînent contre eux… Peut-être ont-ils murmuré contre Jésus à ce moment-là : n’est-ce pas à cause de lui qu’ils en sont là ?

            Mais c’est un cadeau que le Christ voulait leur offrir… Ils ne le comprendront que plus tard… Ces difficultés qu’ils traversent vont être l’occasion pour lui de leur révéler son Mystère de vrai homme et de vrai Dieu. Il fera en effet ce que Dieu seul peut faire, « fouler le dos de la mer » en signe de victoire (Jb 9,8) et il dira ce que Dieu seul peut dire, « Je Suis » (Ex 3,13-15).

            Les disciples ont bien pris conscience de leur faiblesse et de leur incapacité à s’en sortir tout seuls. Alors Jésus vient à eux… Ils le prendront pour « un fantôme », ils auront peur, une réaction qui, dans la Bible, est celle des pécheurs lorsque Dieu se manifeste. Mais c’est la Miséricorde qui vient à leur rencontre… De plus, Pierre doutera : « Seigneur, si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir avec toi sur les eaux ». Et Jésus le lui donnera… Mais alors que Pierre commence à marcher sur la mer, son regard quitte Jésus et se focalise sur le danger de ces vagues en furie… Sa foi vacille, il a peur de nouveau et commence à couler… « Seigneur, sauve-moi ! » « Aussitôt, Jésus tendit la main et le saisit »… Infinie Patience… Amour et Miséricorde toujours prêt à agir au moindre appel… Et il faudra que le vent tombe pour que, dans cette paix retrouvée, ils confessent « le Fils de Dieu »…

            Ainsi étaient les apôtres, ainsi sommes-nous, ainsi est toujours le Christ : « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (Hb 13,8). Inlassablement, il vient à notre rencontre, au cœur de tous nos doutes et de tous nos découragements pour nous dire : « Confiance, Je Suis » avec vous et pour vous, « n’ayez pas peur ! ». Et nous découvrirons alors, encore et encore, que seule sa Lumière peut chasser nos ténèbres, seule sa Force peut vaincre l’ennemi, seule sa Vie peut triompher de nos morts…                                                         DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33)

« Confiance !

C’est moi ; n’ayez pas peur »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mt 14, 22-33)

Le passage que nous méditons aujourd’hui vient juste après la multiplication des pains. Ne pas hésiter à faire lire deux fois le texte. Chacun note des mots qui lui paraissent importants. On se souviendra, en lisant ce texte, que Matthieu est l’évangéliste de l’Eglise.

Soulignons les mots importants

Chacun apporte ses mots. L’animateur peut compléter.

Jésus dans la montagne, à l’écart pour prier : Inviter le groupe à contempler Jésus, en prière, seul avec son Père.

La barque battue par les vagues : cette barque battue par les vagues, à quoi nous fait-elle penser ?

Vers la fin de la nuit  Jésus vint : ( penser aux apparitions pascales)

marchant sur la mer : si la mer est le symbole des forces de la mort, que signifie cette marche de Jésus sur la mer ?

les disciples bouleversés : penser, là aussi, aux apparitions pascales

Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur. 

Si c’est bien toi 

Il eut peur

Seigneur sauve-moi

Jésus étendit la main

Homme de peu de foi. 

Le vent tomba : a quel moment le vent se calme ?

Se prosternèrent 

Vraiment tu es le Fils de Dieu

 

Regardons ce qui se passe pour Pierre. Quels sont les divers sentiments qui l’animent ? En quoi il nous ressemble ? 

A quoi Jésus invite ses disciples ? 

Que signifie ce geste et la profession de foi des disciples réunis dans la barque ?

 

 

Pour l’animateur   

Jésus en prière : Comme lors de la transfiguration, Jésus se trouve en haut, dans l’intimité de son Père. 

  • La barque : Il faut se rappeler que Matthieu est l’évangéliste de l’Eglise ; il s’intéresse à la barque de Pierre, symbole de l’Eglise. Quand il écrit son évangile, la communauté-Eglise est secouée par les persécutions. 

  • Les mots employés par Matthieu rappelle ce qui s’est passé lors des apparitions pascales. («Vers la fin de la nuit », expression qui rappelle le matin du jour de la résurrection ( Mt 27, 1). Les disciples étaient secoués par la tempête de la Passion et les grandes eaux de la mort qui avaient englouti Jésus., Jésus vint vers eux, vainqueur de la mort. Ils étaient bouleversés en le voyant. 

  • La mer étant le lieu des forces du Mal, la marche de Jésus sur la mer est un signe de victoire sur le Mal et la Mort. C’est un signe qui annonce la victoire de la Résurrection. 

  • Pierre est animé par un sentiment de doute (« si c’est bien toi ») qui annonce le doute des disciples devant le Ressuscité (cf Mt 28, 17). Mais Pierre obéit à l’ordre de Jésus. Puis la peur l’emporte sur la foi ; mais sa foi reste suffisante pour qu’elle devienne prière: « Seigneur, sauve-moi ! ». 

  • Jésus sauve Pierre, et sa présence dans la barque de l’Eglise ramène le calme. Matthieu met Pierre en vedette, mais c’est pour souligner la fragilité de celui à qui le Seigneur va confier son Eglise, et aussi pour assurer que Jésus vient et viendra au secours de cette faiblesse. 

  • Le récit se termine par une adoration liturgique : c’est l’Eglise qui proclame sa foi en Jésus, le Fils de Dieu, son Seigneur, celui qui est vainqueur des forces du mal.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Seigneur Jésus, sans cesse, tu intercèdes pour ton Eglise auprès de ton Père. Quand elle est battue par les vagues et les vents contraires, tu l’invite à la confiance. Tu es le Seigneur ressuscité, vainqueur des forces du mal et de la mort. Comme celle de Pierre, notre foi est fragile. Mais comme pour Pierre, tu viens au secours de notre faiblesse.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

  • Jésus, le Fils du Père, prie pour ses disciples, pour son Eglise, pour nous nous sommes les fils et filles du Père : quel temps donnons-nous à la prière silencieuse et filiale ? Pour quoi et pour qui prions-nous ?

  • Quand l’Eglise est secouée par les vagues de l’incroyance, par les vents contraires des hostilités, des persécutions, des critiques, par les scandales causés par certains de ses membres…quelle est notre attitude ? Est-ce que le Christ ressuscité me rend capable de regarder tous ces obstacles avec sérénité ?

  • Quand notre barque (notre vie personnelle, notre famille, notre quartier, notre paroisse…) est battue par les vagues (une épreuve, une maladie grave, une division, un scandale, une méchanceté qu’on nous a faite…par le Mal, comme on dit) , vers qui nous nous tournons ? Quelle est notre prière ? 

  • A moi aussi, Jésus me demande de marcher sur la mer : accepter tel engagement au service de mes frères, vaincre mon découragement, renoncer à mes habitudes de péché, retrouver le chemin de la prière, briser ma suffisance, mon orgueil. Est-ce que je crois Jésus Christ capable de me faire faire l’impossible?

 

 

Ensemble prions

Seigneur, nous te prions pour tous les persécutés, pour tous les mal traités, pour ceux qui vivent dans la terreur, craignant d’être arrêtés, pour ceux qui sont déjà enfermés dans une cellule et qui, dans l’angoisse, craignent le pire, pour eux-mêmes et pour leurs bien-aimés. Fais-leur sentir ta présence.

Ô Seigneur, guéris-nous…sauve-nous 

Seigneur nous te prions pour tous ceux qu’on torture, moralement ou physiquement, ceux qu’on fait souffrir, que ce soit par les menaces ou le chantage, par la cruauté ou par la brutalité. Fais-leur sentir la douceur de ta présence !

Ô Seigneur, guéris-nous…sauve-nous

Seigneur, nous te prions pour les petits enfants qu’on torture en présence de leur mère, pour les femmes qu’on viole au corps de garde, pour tous ceux sur lesquels on s’acharne jour après jour, sans qu’ils puissent dormir, ni jamais se reprendre, et qu’on réduit à l’état de loques humaines. Fais-leur sentir ta présence vivifiante !

Ô Seigneur, guéris-nous…sauve-nous

 

 

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19ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 

 

 

 

 

 




La Transfiguration (Mt 17, 1-9), par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de lhomme soit ressuscité dentre les morts. »

Dans le texte d’évangile de ce dimanche[1], faisant vraisemblablement référence au personnage de la vision de Daniel de la première lecture (Dn 7), Jésus se désigne par une curieuse expression : « Fils de l’homme ». En français comme en grec, langue dans laquelle les évangiles ont été rédigés, l’expression « Fils de l’homme » n’a pas de sens. De plus, curieusement dans l’évangile de Matthieu, contrairement aux autres titres par lesquels Jésus est désigné[2], l’expression « Fils de l’homme » est toujours prononcée par Jésus lui-même.

Ce dimanche, j’aimerais avec vous, essayer de mieux comprendre qui est cette mystérieuse figure du « Fils de l’homme » que Jésus se réserve le privilège de nommer. Il me semble en effet, que ce personnage énigmatique pourrait nous permettre de mieux comprendre ce à quoi nous sommes appelés en tant que disciples du Christ.

Si en français et en grec l’expression « Fils de l’homme » ne veut rien dire, en hébreu, un « fils d’homme » désigne l’être humain considéré dans sa condition mortelle. Par exemple, dans le livre du Prophète Ézechiel, le Seigneur s’adresse au prophète en l’appelant « fils d’homme » pour lui rappeler que même s’il est un prophète choisi par Dieu, il reste un homme comme les autres.

La première lecture est tirée du chapitre 7 du Livre de Daniel. Le prophète raconte l’une de ses visions, ce qui nous signale que nous avons affaire au genre littéraire dit « apocalyptique ». Les textes de ce genre littéraire ont beaucoup de symboles qui doivent être décodés par le lecteur, si celui-ci veut saisir le sens de ce qu’il est en train de lire.

Juste avant l’extrait que nous avons entendu, il est question de quatre bêtes qui s’élèvent de la mer, symbole du domaine des puissances du mal. Ces quatre bêtes représentent quatre royaumes hostiles à Dieu a qui est accordée pour un peu de temps, la domination.

Vient ensuite, l’extrait que nous avons entendu. Le prophète Daniel regarde et voit Dieu représenté sous les traits d’un vieillard assis sur un trône de feu, et vêtu d’un vêtement blanc comme la neige. C’est ici qu’entre en scène un personnage a qui est « donné domination, gloire et royauté ». Le texte nous dit que cet être mystérieux est « comme un fils d’homme ». La conjonction « comme » exprime qu’il ne s’agit que d’une approximation. Il est possible que Daniel veuille laisser à son lecteur une certaine liberté pour interpréter ce personnage. Quoiqu’il en soit, dans notre texte, l’expression « Fils d’homme » traduisant l’araméen bar enasha, porte un sens différent. L’expression de semble pas désigner un simple être humain mortel. Si nous poursuivons la lecture du texte, nous lisons plus loin: « Ce sont les saints du Très-Haut qui recevront la royauté et la posséderont pour toute l’éternité » (v. 18) ou encore « La royauté, la domination et la puissance de tous les royaumes de la terre, sont données au peuple des saints du Très-Haut. Sa royauté est une royauté éternelle, et tous les empires le serviront et lui obéiront. » (v. 27)

En lisant ces versets, nous comprenons que celui qui est « comme un fils d’homme » est d’abord une figure collective, et non pas une figure individuelle. Il semblerait que ce mystérieux personnage soit une représentation du « Peuple des saints du Très-Haut ». L’expression « Fils d’homme » est donc d’abord employée pour désigner une communauté de croyants.

Si l’expression « fils d’homme » dans le Livre de Daniel désigne en premier une communauté de croyants, l’interprétation messianique du mystérieux personnage est possible. De fait,  en relisant ce chapitre 7 du Livre de Daniel, certains croyants juifs l’ont interprété comme annonçant un Messie victorieux à qui Dieu donne la royauté éternelle.

À l’époque de Jésus, cette interprétation messianique du chapitre 7 du livre de Daniel était sans doute populaire, et Jésus avait l’audace de s’identifier à ce personnage. Jésus employait d’ailleurs l’expression avec des articles définis. Avec Jésus, il n’y avait plus d’approximation. Il n’était plus question d’un personnage « comme un fils d’homme », mais « du Fils de l’homme », c’est à dire d’une personne concrète. Pour Jésus, nommer le « Fils de l’homme » du livre de Daniel, revenait à dire « je ».

Dans l’évangile de Matthieu, Jésus fait plusieurs fois référence au texte du Livre de Daniel lorsqu’il parle de la fin des temps. En voici deux exemples:

« Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de lhomme ; alors toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine et verront le Fils de lhomme venir sur les nuées du ciel, avec puissance et grande gloire. » (Mt 24, 30)[1]

et « Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs » (Mt 25, 32)

Le verset Mt 24, 30 est une preuve que Jésus connaissait le chapitre 7 du livre de Daniel à cause des mentions des nuées du ciel, et de la gloire. Dans les deux versets il y a une information intéressante. Jésus indique que le Fils de l’homme sera le juge eschatologique, c’est à dire celui qui jugera les « tribus de la terre » à la fin des temps.

Le jugement au dernier jour n’est pas l’unique rôle du Fils de l’homme, puisque le livre de Daniel enseigne que le Fils de l’homme est aussi Roi.

Ces dernières semaines, la liturgie nous a proposé de lire le chapitre 13 de l’évangile de Matthieu dans lequel, Jésus nous a parlé du mystère du Royaume des Cieux à travers différentes paraboles. Rappelons-nous l’explication de la parabole du bon grain et de l’ivraie. Jésus a dit ceci à propos de l’ivraie:

«  Le Fils de lhomme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal »  (Mt 13, 41).

Dans l’évangile matthéen, le Fils de l’homme, c’est à dire Jésus, possède un Royaume. Il semblerait que ce « Royaume du Fils de l’homme » sera tout lieu où, à la fin des temps, le bon grain aura donné du bon fruit en abondance, et où l’ivraie, c’est à dire les scandales et les fils du mauvais, auront été retirés pour que le Fils de l’homme règne sans aucun obstacle. Nous avons ici une conception proche de celle de la vision du prophète Daniel dans laquelle le personne « comme un fils d’homme » reçoit la domination, la gloire et la royauté qui ne passeront pas.

Ainsi, le Fils de l’homme a deux rôles: celui de juge, et celui de roi.

Mais en quoi cela nous concerne ? Quel est le rapport avec notre vocation chrétienne ?

Il me semble que comme Jésus, nous pouvons nous-aussi, avoir l’audace de nous identifier au personnage du Fils de l’homme du Livre de Daniel. Dans ce même évangile de Matthieu, quand Pierre pose cette question à Jésus: « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre : quelle sera donc notre part ? », Jésus lui répond: «  Amen, je vous le dis : lors du renouvellement du monde, lorsque le Fils de lhomme siégera sur son trône de gloire, vous qui mavez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus dIsraël» (cf. Mt 19, 27-28).

Nous retrouvons dans cette déclaration de Jésus au sujet de ses disciples, les deux rôles du Fils de l’homme: la royauté avec la mention des « trônes », ainsi que la fonction de « juge ». Pour le dire autrement, Jésus promet à ces disciples, donc à nous, qu’à la fin des temps, il nous sera donné, la même domination, la même gloire et la même royauté éternelles que celles qu’il a reçu du Père.

Cette folle promesse ne doit pas nous surprendre. Elle est tout à fait logique, car comme nous l’avons vu en travaillant la vision du prophète Daniel, le personnage du Fils de l’homme désigne d’abord une communauté de croyants, et non pas une seule personne. Dans le texte de Daniel, c’est l’ensemble du Peuple des Saints qui reçoit la royauté, la gloire et la domination.

Comment une telle promesse est-elle réalisable ? Comment est-il possible que nous soyons élevés à la dignité du Fils de l’homme ?

Il y a deux conditions pour cela.

Dans le texte d’évangile d’aujourd’hui, Jésus donne la première: « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de lhomme soit ressuscité dentre les morts ». Jésus nous dit qu’il faut d’abord qu’il ressuscite pour qu’il reçoive pleinement et définitivement du Père, la royauté et la gloire qui se manifestent temporairement pendant la Transfiguration. Et pour que Jésus soit relevé d’entre les morts, il doit d’abord mourir. C’est peut-être la raison pour laquelle l’épisode qui précède le récit de la Transfiguration est celui de la première annonce de la Passion. Le récit de la Transfiguration est donc encadré par le mystère pascal.

La deuxième condition pour que nous puissions être élevé à la dignité du Fils de l’homme est que nous soyons associés à sa mort et à sa résurrection. Et de fait, nous savons que nous le sommes par le sacrement du baptême.

Toutefois, recevoir le baptême à un moment de notre vie ne suffit pas car nous commettons des péchés. Puisque par le péché nous nous éloignions de Dieu, tout au long de notre vie, nous devons continuellement nous efforcer à revenir à Lui, et à demeurer avec Lui.

Dans la deuxième lecture, l’auteur qui écrit sous l’autorité de saint Pierre, fait référence à l’épisode de la Transfiguration. Mais plutôt que de décrire les aspects spectaculaires de la théophanie, il choisit d’attirer l’attention du lecteur sur la Parole venant du Ciel affirmant la filiation divine Jésus: « Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui jai toute ma joie. ». Puis l’auteur poursuit avec une remarque intéressante: « Cette voix venant du ciel, nous lavons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. ».

C’est donc lorsqu’il était avec Jésus sur la montagne, lieu par excellence de la rencontre avec Dieu[4], que l’auteur a entendu la voix divine venant du ciel. De même nous aussi, c’est lorsque sommes avec Jésus, c’est lorsque nous faisons le choix de Jésus plutôt que celui du péché, que nous pouvons nous-aussi entendre dans notre cœur, cette voix venant du Ciel qui nous dit qu’en Christ, nous sommes les fils et les filles bien-aimés du Père. Et parce que nous sommes réellement enfants de Dieu, que nous pourrons un jour partager la même dignité que le Ressuscité ; la même dignité que le Fils de l’homme.

Rendons grâce à Dieu de nous aimer au point de nous transfigurer en véritables frères et sœurs du Fils de l’homme.

Amen !

[1] Mt 17, 1-9.

[2] Seigneur, Christ, Roi des Juifs, Fils de David, Fils de Dieu.

[3] Voir aussi Mt 26, 64.

[4] Pensons par exemple aux rencontres de Moïse avec Dieu dans le Livre de l’Exode.




Rencontre des Groupes « Laïcs en Mission » de Ste Clotilde et de la Délivrance (30/07/2023)

Dimanche 30 juillet, 25 membres des deux groupes « Laïcs en Mission » de Ste Clotilde et de la Délivrance se sont retrouvés à la Maison Diocésaine de 8h 00 à 16h 30 pour une rencontre de partage, partage autour de la Parole de Dieu et notamment des Trois Paraboles de la Miséricorde de Lc 15, mais aussi partage autour d’un bon petit déjeuner, d’un bon repas et d’un non moins bon goûter

Tous ont été très heureux de cette journée…

Et parmi le bilan final, sont ressortis notamment les points suivants :

Cela permet de sortir de son « train-train » quotidien,

de rencontrer d’autres personnes,

de sortir de son cadre habituel, d’échanger, d’être moins stressés,

de sortir de sa zone de confort,

de gagner en confiance,

d’étudier la parole autrement et avec d’autre personnes,

de trouver une organisation personnelle et familiale…

Tous souhaitent d’autres rencontres semblables après cette belle réussite…

 




La Transfiguration (Mt 17, 1-9) – par P. Rodolphe EMARD

En cette fête de la Transfiguration du Seigneur, les textes bibliques nous parlent de la gloire de Dieu.

La première lecture, tirée du livre de Daniel[1], est un texte un peu déroutant pour ceux qui le découvrent. Ce texte est un genre dit apocalyptique. Le mot « apocalypse » est un mot du vocabulaire biblique. Il a connu un détournement de sens au cours de l’histoire. Ce terme a été profané, il est devenu un synonyme de cataclysme et d’événements effroyables.

« Apocalypse » vient du grec Apocalypsis qui signifie « dévoilement », « révélation ». Dans la Bible, les textes apocalyptiques[2] sont apparus dans des contextes de crise où les juifs et les chrétiens étaient persécutés à cause de leur foi. Ces textes visent à susciter l’espérance mais révèlent aussi le projet de Dieu, la destinée du monde et de l’humanité, l’avenir, le jugement final de Dieu…

Le texte de ce dimanche relate la vision divine que Daniel a reçue. Le prophète voit « venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ». À ce Fils d’homme est donné « domination, gloire et royauté ». Sa royauté ne sera jamais détruite, sa domination est éternelle. Daniel prophétise le Christ dans la gloire. Daniel porte déjà l’espérance que le Christ apportera la délivrance et instaurera définitivement le règne de Dieu, à la fin des temps.

Le Psaume 96 appuie bien la gloire de Dieu, sa royauté. Le refrain du psaume est très explicite : « Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre ! »

Saint Pierre, dans la deuxième lecture, confirme, en quelque sorte, la prophétie de Daniel. Il a vu et fait « connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ » qui « a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire ». Pierre évoque également son expérience de la Transfiguration avec Jacques et Jean. Il fait part de « la Gloire magnifique », cette « voix qui disait : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie ». Un rajout est apporté dans l’évangile de Matthieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

La Transfiguration avait pour but de préparer les apôtres au scandale de la croix qui allait arriver. Cette Transfiguration annonce la Résurrection de Jésus qui triomphera de ce scandale. Ce récit nous rappelle la nécessité de demeurer constamment dans la dynamique du mystère pascal du Christ : sa mort sur la croix et sa Résurrection pour le Salut de l’humanité ; mystère que nous célébrons chaque dimanche à l’Eucharistie.

La Transfiguration du Seigneur nous invite aussi à garder l’espérance au cœur de nos croix à porter. Accrochés au Christ, nous pouvons surmonter nos épreuves. Le mal que nous subissons est passager. Le Christ triomphera de ce mal ! Alors écoutons-le ! Tel est l’impératif du Père : «   Ecoutez-le ! » Comment ? En nous familiarisant concrètement avec la Parole de Dieu. La présence de Moïse et d’Élie à la Transfiguration est très significative : Moïse représente la Loi et Élie représente les Prophètes. Tous deux symbolisent les Écritures saintes que nous devons méditer.

Nous sommes appelés à écouter le Christ, à prendre au sérieux ses paroles. L’écouter c’est en se faisant proche de lui dans la prière. La Transfiguration a eu lieu sur une « haute montagne ». Dans la Bible, la montagne représente le lieu de proximité et de la rencontre avec Dieu. Cela nous rappelle la nécessité de savoir parfois nous « retirer » pour nous recueillir. Le rythme de nos vies est souvent sans frein et bruyant, il est nécessaire de favoriser des moments au calme pour demeurer dans l’intimité du Christ.

Que le Seigneur nous donne alors la grâce de nous attacher à lui pour mieux l’écouter et l’annoncer. Que le Seigneur nous libère également de nos craintes, à nous aussi il redit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Amen.

[1] Grand prophète qui a qui a vécu au cours du 7ème et du 6ème siècle avant notre ère.

[2] Les écrits apocalyptiques ont une place relativement restreinte dans la Bible. Dans l’Ancien Testament, on peut nommer notamment les livres de Daniel, Ézéchiel, Joël et Zacharie. Dans le Nouveau Testament, on peut nommer celui de l’Apocalypse de saint Jean.




« Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ » (D. Alexandre ROGALA – M.E.P.)

À l’époque de Jésus, il y avait de nombreux pillards et les banques n’existaient pas. Donc, lorsque quelqu’un avait de l’argent, il était courant qu’il le mette dans une caisse et de l’enterrer pour le cacher.

Au début des vacances, j’ai animé un camp avec des enfants et des adolescents de la ville de Saint-Denis (93). À la fin de ce camp, nous avons célébré l’eucharistie ensemble. Le prêtre qui présidait la célébration a eu l’idée de faire intervenir les enfants pendant l’homélie. Au début de l’homélie, les jeunes n’intervenaient pas beaucoup et je me disais que la tentative du prêtre de faire participer les enfants était un échec. Mais au bout de quelques minutes, l’un des enfants a parlé de l’argent. Et à partir de ce moment là, tout a changé. Les enfants ont tous levé la main pour participer et donner leur opinion.

L’argent est un sujet qui déchaîne les passions. L’argent permet de faire beaucoup de choses. Il permet d’acheter à manger, de payer ses factures, de voyager, de faire des cadeaux etc. Bref, l’argent est indispensable pour vivre dans notre société. Toutefois, il existe des richesses bien supérieures à l’argent.

Les lectures de ce dimanche nous en parlent…

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Dans la première lecture tirée du Premier Livre des Rois, il est question du don de la sagesse que Dieu accorde à Salomon en réponse à son humble prière. La sagesse est assurément un don bien supérieur à l’argent puisqu’il est un des dons du Saint-Esprit.

Au Ier siècle avant notre ère, un juif pétri de culture grecque vivant à Alexandrie, a écrit un livre qu’on appelle le Livre de la Sagesse. À cette époque, Alexandrie était un grand centre intellectuel. Il y avait non seulement une immense bibliothèque, mais aussi une école de philosophie dans laquelle ont étudié et enseigné des philosophes et théologiens célèbres: Ammonius Saccas, Plotin, Clément d’Alexandrie, Origène…

S’il est permis de mentionner le Livre de la Sagesse alors que la première lecture est tirée du Premier Livre des Rois, c’est parce que l’auteur du Livre de la Sagesse a écrit son œuvre sous l’autorité de Salomon. Il l’a écrite à la première personne comme s’il était lui-même le roi Salomon. C’est ce qu’on appelle une pseudépigraphie. Puisqu’il écrit sous l’autorité de Salomon, l’auteur du Livre de la Sagesse connait la valeur inestimable de la sagesse. Écoutez ces magnifiques lignes:

« la Sagesse est pour les hommes un trésor inépuisable, ceux qui lacquièrent gagnent lamitié de Dieu (…) Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations ; si on la compare à la lumière du jour, on la trouve bien supérieure car le jour sefface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien » (Sg 7, 14 ; 29-30).

Depuis les origines de l’humanité, l’homme a recherché cette sagesse. Dans le troisième chapitre du Livre de la Genèse, trompés par le serpent, l’homme et la femme pensent pouvoir acquérir par eux-mêmes cette sagesse en saisissant et en dévorant le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Or, comme l’enseignent plusieurs textes bibliques, la véritable sagesse est celle qui « commence avec la crainte de Dieu » (cf. Pr 9; Ps 110 (111); Jb 28). Par conséquent, pour nous qui sommes croyants, la vraie sagesse ne peut en aucun cas être acquise par nos propres forces. La véritable sagesse ne peut être que reçue comme un don.

L’auteur du Livre de la Sagesse qui, comme on l’a dit, écrit sous l’autorité de Salomon, relit l’épisode du songe de Salomon à Gabaon (1 R 3) et écrit:

« je savais que je ne pourrais jamais obtenir la sagesse si Dieu ne me la donnait, et il me fallait déjà du discernement pour savoir de qui viendrait ce bienfait. Je me tournai donc vers le Seigneur et lui fis cette prière… » (Sg 8, 21)

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Dans la deuxième lecture tirée du chapitre 8 de la Lettre aux Romains, saint Paul nous parle de la Grâce, qui est évidemment elle-aussi, bien supérieure à l’argent. Dans l’Église nous employons souvent le mot « grâce » pour parler d’un bienfait reçu du Seigneur. Et nous avons raison de le faire, car par nature, la Grâce est un don totalement gratuit de Dieu.

Mais la Grâce avec un « G » majuscule dont nous parle saint Paul dans la Lettre aux Romains, désigne l’action de Dieu dans notre vie de croyant.

Saint Paul écrit: « Ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes et ceux qu’il a rendu justes, il leur a donné sa gloire ». Ou encore, « ceux que, davance, il connaissait, il les a aussi destinés davance à être configurés à limage de son Fils ».

En lisant ces lignes de l’Apôtre, nous comprenons que par la Grâce, Dieu non seulement nous justifie, c’est à dire qu’il nous soigne du mal qu’est le péché ; mais Dieu nous divinise aussi en nous donnant sa gloire, et en nous configurant à l’image de son Fils.

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Dans l’évangile de ce dimanche, nous poursuivons la lecture du chapitre 13 de l’évangile de Matthieu commencée depuis deux semaines. Il s’agit du troisième discours de Jésus. Dans le premier, que l’on a l’habitude d’appeler « sermon sur la montagne », Jésus a parlé à la foule de la justice du Royaume des Cieux. Puis, avant d’envoyer ses apôtres en mission proclamer le Royaume des Cieux, il leur a exposé tout ce qu’implique la proclamation du Royaume. Enfin, depuis deux dimanches, dans son troisième discours Jésus nous parle du mystère de ce Royaume.

Le Royaume (ou le Règne) de Dieu est la réalisation des promesses que Dieu a faites à son peuple par les prophètes:

« Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles…vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu… (Ez 36) « Je mettrai ma Loi au plus profond deux-mêmes ; je linscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple….je ne me rappellerai plus lors péchés (Jr 31);  je répandrai mon esprit sur tout être de chair (Jl 3) ».[1]

Si le Royaume de Dieu qui est l’objet principal du message de Jésus et des apôtres, est la concrétisation de ces promesses que nous venons d’évoquer, le Royaume a évidemment infiniment plus de valeur que l’argent. Par ailleurs, comme nous le constatons dans les paraboles proposées par Jésus ce dimanche, le Royaume des Cieux implique la grâce et le don de la sagesse.

Avant de dire quelques mots sur les paraboles, commençons par une petite remarque sur le chapitre 13 de l’évangile de Matthieu. Le fait que Jésus ne définisse pas clairement ce qu’est le Royaume des Cieux, mais qu’il choisisse d’en parler à travers différentes paraboles dévoilant chacune un aspect particulier du Royaume, suggère que celui-ci est déjà là, mais qu’en même temps, il n’est pas encore achevé. Cet achèvement du Royaume aura lieu à la fin des temps.

Que disent les paraboles que nous avons entendues ?

La première parabole est la parabole du trésor caché. Le trésor caché est une image de la Grâce, car celui qui trouve un trésor n’a rien fait pour le mériter. Et comme nous l’avons vu avec le texte de saint Paul, la grâce est un don gratuit de Dieu fait à l’humanité, alors que celle-ci n’a rien fait pour la mériter. Le texte nous dit à propos de celui qui a trouvé le trésor que « Dans sa joie, il va vendre tout ce quil possède, et il achète ce champ ».

Le Royaume des cieux suscite la joie, et appelle une réponse de la part de l’homme. Dans la parabole, celui qui a trouvé le trésor vend tout ce qu’il possède pour acheter le champ. Ce que Jésus veut nous dire, c’est qu’une fois qu’il a trouvé le Royaume, l’homme doit faire de celui-ci sa priorité.

Alors que dans la parabole du trésor caché le Royaume est immérité, dans la parabole de la perle, le Royaume est une quête, donc quelque chose qui dépend de notre responsabilité.

Nous avons vu dans la première lecture l’exemple de Salomon. Même s’il avait déjà un bon discernement, il a su dans l’humilité demander à Dieu dans la prière de lui accorder le don de la sagesse. De même nous-aussi, même si nous avons tout reçu de Dieu le jour de notre baptême, puisque Dieu s’est donné lui-même à nous, nous devons continuellement le solliciter pour lui demander son aide tout au long de notre vie.

Bref, si l’initiative première vient de Dieu et que l’homme n’a aucun mérite, celui-ci ne doit en revanche jamais se lasser de chercher Dieu.

Dans la dernière parabole, il est question d’un « filet que lon jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons ». Le premier enseignement de cette parabole est évident. Tout le monde est invité à faire partie du peuple de Dieu, à l’aimer, et à le laisser régner dans nos cœurs.

Dans la deuxième lecture, nous avons appris que nous sommes appelés à être configurés à l’image du Fils de Dieu. Cette configuration n’est malheureusement pas instantanée. C’est un processus qui prend du temps. Ceux qui sont plus avancés dans ce processus de configuration, ou plutôt ceux qui se croient plus avancés, peuvent avoir la tentation de vouloir faire le tri ; de vouloir purifier l’Église de tous ceux qu’ils pensent être plus mauvais qu’eux. Comme dans la parabole du bon grain et de l’ivraie que nous avons entendue dimanche dernier, Jésus nous rappelle qu’il ne nous appartient pas de faire ce tri, il ne nous appartient pas « de recueillir ce qui est bon et de rejeter ce qui est mauvais ». Le tri sera fait. Le texte est clair. Mais il ne sera pas fait par nous, mais par les anges à la fin des temps.

Notre mission en tant que disciples-missionnaires est de jeter encore et encore nos filets dans la mer, symbole des forces du mal, pour tirer d’autres hommes sur le rivage et les amener au Christ.

À l’exemple de Salomon, demandons le don de la sagesse véritable pour qu’elle nous aide à discerner en toute situation comment travailler plus efficacement à l’avènement du Royaume de Dieu. Amen !

[1] Nous pourrions encore citer encore bien d’autres textes.




La Transfiguration (Mt 17, 1-9) – par Francis COUSIN

« … Comme le soleil ! »

Il est rare que Jésus sépare les apôtres : ils marchent habituellement ensemble avec Jésus, ou alors deux par deux quand Jésus les envoie en mission.

Il n’y a que trois fois dans les évangiles où il y a une séparation, et c’est à chaque fois avec les trois mêmes apôtres : Pierre, Jacques et Jean. Pourquoi eux ? On ne le sait pas, c’est du secret de Jésus …

Mais à chaque fois, c’est en lien avec des épisodes ayant trait avec la mort, la résurrection, l’au-delà … : La résurrection de la fille de Jaïre, la transfiguration, et l’agonie de Jésus, prélude à sa résurrection.

Ce qui invite à penser que la transfiguration est en lien très fort avec la résurrection … et pas seulement celle de Jésus, … mais aussi la nôtre, celle de chacun de nous …

Jésus les emmène sur « une haute Montagne », comme le Sinaï où Dieu appela Moïse, ou l’Horeb où il fit sentir sa présence à Elie … deux grands personnages de l’Ancien Testament qui seront présents avec Jésus, et là, celui-ci est transfiguré : « son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. ».

On retrouve ici une phrase que l’on a entendue il y a quinze jours, quand l’ivraie sera brulée et jetée dans la fournaise : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Mt 13,43), quand ils y seront accueillis, identifiés à Jésus, brillant comme le soleil. Ce que saint Athanase a résumé ainsi : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. ».

Jésus se présente comme ce qu’il est depuis toujours : « La lumière des hommes ; la lumière [qui] brille dans les ténèbres » (Jn 1,4-5).

« Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. » (Et saint Luc ajoute « Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. »).

Pour les trois apôtres, c’est une vision extraordinaire : voir Jésus tel qu’il est depuis toujours, et en même temps deux hommes décédés depuis longtemps qui sont là, devant eux, encore vivants et discutant avec Jésus !!

Petite vision de ce qu’est le royaume de Cieux !

On comprend bien que Pierre aurait voulu que ce qu’il voyait dure encore longtemps …

Mais ce n’est pas tout : « une nuée lumineuse les couvrit de son ombre », la nuée qui précédait le peuple hébreu lors de sa sortie d’Égypte, la présence de Dieu auprès de son peuple …

Et une voix dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ».

Entendre la voix de Dieu ! … et qui s’adresse à eux … directement !

Ils se prosternent devant lui, en grande crainte, par respect … et par humilité …

Ils se reconnaissent tout petits devant Dieu !

« Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : ’’ Relevez-vous et soyez sans crainte !’’ ».

Au début de son Apocalypse, saint Jean décrit ainsi celui qui l’a inspiré : « Son visage brillait comme brille le soleil dans sa puissance. Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles » (Ap 1,16-18).

On retrouve aussi la même gestuelle de Jésus vis-à-vis de la fille de Jaïre : il la touche et lui demande de se relever

Résurrection ? Pas pour les apôtres … retour à la vie ? … oui, pour tous : retour à la vie terrestre pour la fille de Jaïre, retour à la vie éternelle pour l’inspirateur de l’Apocalypse … et retour à la vie ordinaire pour les apôtres …

Car il faut maintenant redescendre de la montagne, et rejoindre la vie des hommes ordinaires … mais avec cette recommandation : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. ».

Il faut en effet un exemple avant que le monde croit que la résurrection, dans un nouveau monde, soit possible … et c’est Jésus qui sera cet exemple.

La transfiguration : bien plus qu’une manifestation de la gloire de Dieu et de Jésus, fils de Dieu, c’est avant tout une évocation de ce qui nous attend après notre mort terrestre, où nous serons avec Dieu., pour toujours …

 

Seigneur Jésus,

Tu es venu sur cette terre

pour nous apprendre qui est Dieu :

un Père qui nous aime,

qui nous promet le bonheur éternel,

non pas sur cette terre,

mais dans le Royaume de ton Père.

 

Francis Cousin  

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Image du Dimanche de la Transfiguration