1

5ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 11, 1-45)

 Croire en Jésus, Fils de Dieu. » 

 

L’évangile de ce jour relate la résurrection de Lazare, qui va être selon saint Jean, l’élément déclencheur de la mise à mort de Jésus (cf Jn 11,53), et tout au long de ce passage on va voir des personnes qui croient que Jésus est le Fils de Dieu, d’autres non, d’autres qui doutent …

Jésus était reparti « de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : ’’Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai.’’ Et là, beaucoup crurent en lui. » (Jn 10,40-42).

Arrive un messager pour lui dire, de la part de Marthe et Marie de Béthanie : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. ». Une simple information, aucune demande d’aucune sorte …

Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. ». Cela nous rappelle l’évangile de dimanche dernier où Jésus disait de l’aveugle-né qu’il était né ainsi « pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (Jn 9,3).

Le Fils de Dieu est glorifié quand il meurt sur la croix … et qu’il ressuscite. Ce qui va arriver suite à la résurrection de Lazare : « Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien ; … il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » (…) Il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation » (Jn 11,49-51).

Deux jours passent. En comptant les temps de trajets, cela fait le nombre de jours nécessaires (4) pour être sûr que le mort soit vraiment mort. Jésus dit : « Revenons en Judée. ». Ce retournement de situation non seulement surprend les disciples, mais aussi leur fait peur : « les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? ».

Jésus leur dit d’abord que Lazare s’est endormi, puis il précise : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. ».

La guérison de l’aveugle-né n’était-il pas un signe suffisant pour que les disciples croient ?

Les disciples sont bien des humains. Des fois ils sont enthousiastes, d’autres fois plus dubitatifs. Tout comme nous.

Là, il leur faut un signe fort pour qu’ils croient vraiment en Jésus. Ils ont hâte de le voir !

Et c’est Thomas, celui dont on dit qu’il doutait de la résurrection de Jésus, qui rameute tout le monde : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! ».

Thomas est un être primaire : il s’emballe vite, mais aussi déchante vite. Il lui faut des preuves. « Si je ne mets pas mon doigt … ».

Et les autres disciples ne feront guère mieux : Au jardin de Gethsémani, tous s’endormiront, et quand arrive Judas avec les gardes de Temple, tous s’enfuiront … La peur de mourir … Jésus n’est pas encore mort, mais les ténèbres arrivent … sauf deux : Pierre et Jean, qui suivirent Jésus de loin, jusqu’au palais du grand prêtre. Une fois entré grâce à Jean, Pierre renie Jésus … à cause encore de la peur de mourir … La lumière de Jésus n’était pas en lui … (cf Jn 18,16-17).

Mais ce sont les deux mêmes qui courront vers le tombeau de Jésus le jour de Pâques (cf Jn 20,3) pour retrouver Jésus … pour retrouver la lumière de Jésus … L’espérance en Jésus …

Arrivé vers Béthanie, Jésus rencontre Marthe qui lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. ». Elle ne dit rien de plus … mais on comprend bien qu’elle espère un signe de Jésus.

 « Ton frère ressuscitera. ». « Oui, je sais : à la fin des temps, au dernier jour. » …

Jésus reprend : « Moi, je suis la résurrection et la vie. ? … quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Marthe répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. ».

Acte de foi complet …

Arrive Marie … Elle commence comme sa sœur … Elle pleure … ses amis aussi …

Et Jésus pleure, pris de compassion …

Jésus, vrai Dieu et vrai homme

Certains dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? ».

Ceux qui disent cela ne sont sans doute pas des opposants à Jésus, mais ils se posent des questions, surtout après l’avoir vu pleurer. Est-il vraiment Fils de Dieu ? Ils doutent un peu …

Mais les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. Jésus voit plus loin, il sait ce qui va se passer … comme quand les gens disaient au calvaire : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » (Mt 27,39) … Dans les deux cas, c’est la résurrection … immédiate pour Lazare … le troisième jour pour Jésus …

« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. ».

Et Jésus prie. Il se tourne vers son Père : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé …  je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. ».

« Lazare, viens dehors ! »

Et le mort sortit.

« Beaucoup de Juifs, qui … avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. »

Seigneur Jésus,

comme il est difficile

de croire en toi tout le temps.

Certains croient, d’autres hésitent,

d’autres doutent, d’autres ne savent pas trop,

et d’autres ne croient pas que tu es le Fils de Dieu.

Et pourtant,

si tu n’étais pas Fils de Dieu,

tu n’aurais pas pu faire

tout ce que tu as fait …

et que tu continues de faire.

 

Francis Cousin    

 

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim Carême A 5°




5ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 11, 1-45)

 Lazare

Jn 11, 1-45

Il n’y a pas à sortir de là : c’est un problème sans solution ; que nous soyons riches ou pauvres, grands ou petits, savants ou ignorants, jeunes ou vieux, nous avons beau nous débattre et raisonner, en rire ou en pleurer, la mort, oui, toujours elle, que nous la désirions ou que nous la refusions : elle est toujours là, présente, inévitablement à l’horizon de notre vie. Pas d’issue de secours, pas de faux-fuyants ; un jour, elle sera là, pas pour le voisin, mais pour nous, chacun de nous. Un jour viendra où l’on dira de moi : « Il est mort ».

Un humoriste à qui l’on disait que « la mort est un passage difficile à faire » : « Pas si difficile que ça, dit-il, on n’a jamais vu personne rater cette épreuve » et de tous ceux qui y sont passés, aucun d’entre eux n’est venu nous dire comment ça s’est passé.  Il y a bien des livres qui ont parlé de « la vie après la mort » : c’était tous des vivants qui avaient cru mourir, mais qui n’avaient pas fait le pas définitif.

Si nous ne sommes pas maîtres de la vie, au moins nous pouvons la transmettre, nous pouvons l’interrompre : par avortement, par suicide, par homicide. La mort, elle, n’est pas maitrisée et si une personne, par bonheur, est sauvé d’un accident ou d’une grave opération, elle n’en est pas moins assurée de mourir un jour… C’est simplement « remis à plus tard » et même, dans cet Evangile que nous venons d’écouter : Lazare, l’ami de Jésus, le Ressuscité, devra, un jour ou l’autre, mourir une seconde fois ! Ce n’est que partie remise.

En fait, cette résurrection de Lazare, quelques jours avant la mort de Jésus, est l’annonce, le signe avant-coureur, d’une autre résurrection, qui, celle-là, sera la bonne parce qu’elle sera définitive et qu’elle sera une victoire sur la mort qui, cette fois-ci, sera vaincue une fois  pour  toutes : la  Résurrection du Christ  écrase  la  mort, qui  n’est plus, pour celui qui a cette vie du Christ Ressuscité en lui, qu’un passage vers une autre vie dont la précédente n’a été qu’un avant-goût, une préparation, un vestibule.

Depuis Jésus-Christ, pour celui qui a la foi en lui et qui a reçu en lui cette vie du Christ Ressuscité par le Baptême, il n’est plus question d’une mort toute puissante et victorieuse : la mort est vaincue.

« Ô mort où est ta victoire ? » s’écrie St-Paul. Elle n’est plus que la servante qui ouvre la porte à celui qui frappe à la maison du Père. Vous avez entendu ce qu’a dit Jésus à Marthe :

« Moi, je suis la Résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». « Crois-tu cela ? »

C’est à nous qu’il pose cette question, quinze jours avant sa mort et sa résurrection : « Crois-tu cela ? » Qu’allons-nous répondre ? Comment allons-nous vivre Pâques ? Allons-nous seulement pleurer le Vendredi Saint avec les femmes de Jérusalem, résignés et désolés en disant : « Ah ! Comme c’est dommage ! »  Et retourner chez nous démoralisés, en ayant entendu Jésus pousser le grand cri final le Samedi Saint ? Ce Samedi sera-t-il seulement le simple lendemain du Vendredi Saint ? Un lendemain de deuil : « Tout est fini ! » ou bien sera-t-il, ce jour, tout frémissant de ce qui se prépare et qui sera ‘’la Grande Nouvelle’’ qui a fait basculer l’humanité dans l’espérance et dans la joie : « Christ est ressuscité et nous aussi avec lui ! »

Ce n’est plus à la vie d’avant que nous revenons, comme Lazare, tout empêtré dans ses bandelettes, mais à une vie nouvelle où nous pourrons sauter et bondir de joie en criant « Alléluia ! »

Il y a eu un jour déterminant dans notre vie, le jour le plus important de notre existence. Ce n’est pas le jour de notre naissance, ce n’est pas le jour de ma 1ière communion ou celui de mon mariage, c’est celui de notre Baptême : ce jour-là, je suis devenu un être éternel, immortel. Ce jour-là, j’ai été greffé sur la vie de Dieu : une vie qui ne connaît qu’une mort soumise à la Résurrection du Christ en moi parce que sa vie de Ressuscité est déjà en moi, et que cette vie-là est la plus forte, et que le jour de Pâques elle a triomphé définitivement !

 « Tu es baptisé ? Alors tu es immortel ! ». Tu deviens un être définitif parce que la vie de Dieu ne peut pas être vaincue. Elle est inaltérable, inusable. Rappelez-vous le psaume « Le Seigneur est mon berger » :

 « Si je passe au ravin de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton, ta houlette me rassurent ; grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ».

Les chrétiens forment un peuple nouveau, nés avec la Résurrection du Christ : « Je vais ouvrir vos tombeaux, dit le Seigneur et je vous en ferai sortir ». « Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez ». C’est ce formidable message d’espérance que nous sommes chargés de transmettre aux autres.

Si nous sommes habités par l’Esprit de Dieu, nous appartenons au Christ et la mort n’a plus aucune prise sur nous. Cet Esprit, présent en nous depuis le Baptême, nous ressuscite comme il a ressuscité le Christ puisqu’il est présent en nous.

St-Louis de Gonzague, alors qu’il avait une douzaine d’années jouait avec ses camarades au ballon dans la cour de récréation à la mi-temps, la conversation tomba sur la mort :

« Et toi, qu’est-ce-que tu ferais si on t’annonçait que tu meurs dans dix minutes ? »

« Oh ! Moi, j’irais tout de suite me confesser », dit l’un.

« Moi, je me mettrais à genoux et je dirais avec ferveur mon acte de contrition » dit un autre.

« Moi, je courrai à la chapelle », dit un troisième.

« Moi, dit Louis de Gonzague, je continuerais à jouer. Je suis baptisé et je suis tellement sûr de l’amour de mon Dieu qu’il n’y a pas à s’en faire ! »

Un père aime son fils ; depuis mon Baptême, je suis fils  du Père ; il m’aime, alors qu’ai-je à craindre ? « Lazare, notre ami, s’est endormi, mais je vais le tirer de ce sommeil ».

Les disciples dirent : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé ».

Ils ne croyaient pas si bien dire… En parlant de sommeil, Jésus nous invite à changer notre idée sur la mort : la mort physique, pour Jésus, est un simple et provisoire sommeil. Le tombeau est un lieu où l’on se repose en attendant le réveil. C’est d’ailleurs ce que des chrétiens ont gravé sur la pierre tombale de leurs êtres chers : ici,  » repose  » et St-Paul chantera : « “Ô, toi qui dors, éveille-toi d’entre les morts, relève-toi, sois illuminé », et il dit aussi : « Ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec lui », « Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».

Vrai ou pas vrai ? Tu crois cela ou tu n’y crois pas ? Notre credo est simple et court : « Jésus de Nazareth, mort et ressuscité ». C’est simple et lumineux comme un matin de Pâques.

« Si tu devais mourir ce soir, comment voudrais-tu passer cette dernière journée avant d’embrasser Dieu ? La vie du baptisé est pleine de Résurrection, pleine de vie, pleine de joie. Qui pourra l’empêcher, à Pâques, de crier « “Alléluia’’ » ?!   AMEN




5ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 11, 1-45).

La victoire de l’Amour et de la Vie

En ce temps-là,  il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur.  Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade.
Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
En apprenant cela, Jésus dit :« Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade,
il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.  Puis, après cela, il dit aux disciples :
« Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? »    Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. »    Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. »    Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.
Alors il leur dit ouvertement :« Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là,
à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! »
Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

    À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison.  Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »  Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. »
Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;  quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »

    Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. »  Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.
Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.  Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.
Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,  et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? »
Ils lui répondirent  : « Seigneur, viens, et vois. »  Alors Jésus se mit à pleurer.
Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »    Mais certains d’entre eux dirent :
« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

    Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.
Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit :« Seigneur, il sent déjà ;
c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »     Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »  Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

St Jean nous dit ici quatre fois (symbole d’universalité) que Lazare est malade… De plus, le mot grec employé, « asthéneia », décrit plus largement l’homme en état de faiblesse… « Le péché m’a fait perdre mes forces, il me ronge les os » (Ps 31,11)… Et la conséquence ultime du péché, c’est la mort, la mort spirituelle… Lazare représente donc ici toute l’humanité affaiblie par le péché et blessée « à mort » en son être profond… Mais si « le salaire du péché c’est la mort, le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). Voilà ce que Jésus va dire ici, en acte, en faisant revenir Lazare à la vie…

            Des messagers viennent annoncer à Jésus que Lazare est malade : premier jour… Mais il apprend du Père, en son cœur, non seulement qu’il vient de mourir mais encore qu’il doit aussi le relever d’entre les morts, « pour la gloire de Dieu », en signe ultime de la victoire de la Miséricorde sur le péché et sur toutes ses conséquences… Et le Fils, envoyé par le Père pour sauver tous les hommes, en sera glorifié… C’est pourquoi, Jésus, qui « aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare », va pourtant attendre encore deux jours avant de partir ! En ajoutant une dernière journée pour le voyage, il ne rejoindra donc les deux sœurs de Lazare que quatre jours après sa mort. Mais il l’a fait exprès, pour eux tous, afin que le signe que le Père l’invitait à accomplir soit encore plus éclatant. En effet, la croyance populaire affirmait que ce n’est qu’à partir du quatrième jour que l’âme, qui voletait jusque là auprès du cadavre, ne pouvait plus y rentrer… Lazare était donc vraiment mort, plus aucun doute à ce sujet…« Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là ! » lui dit Marthe…

            « Ton frère ressuscitera » lui avait déjà dit Jésus… Oui, « je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour », avait-elle répondu. Nous l’affirmons aussi dans notre Crédo… Mais Jésus va poursuivre en passant du futur du Crédo au présent de nos vies : « Je Suis la Résurrection et la Vie(Présent éternel de Dieu). Qui croit en moi, même s’il meurt vivra » (futur du Crédo). « Et quiconque vit et croit en moi » (présent de nos vies), « ne mourra jamais. » La Vie nouvelle et éternelle est donc offerte gratuitement, dès maintenant, dans l’aujourd’hui de nos vies, par « le Père des Miséricordes », à nous qui sommes pécheurs, faibles, blessés à mort… Seule la foi en l’Amour, la confiance en cet Amour, et l’abandon entre ses mains peuvent l’accueillir : « Le crois-tu ? »          DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 5ième Dimanche de Carême (Jn 11, 1-45)

« Moi, je suis la résurrection et la vie ;

et tout homme qui vit

et qui croit en moi ne mourra jamais. »

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 11, 1-45)

Jésus revient en Judée après avoir échappé durant quelque temps aux juifs qui voulaient l’arrêter. (Jn10, 39)

Faire lire le texte à plusieurs en répartissant les passages selon les personnages.

 

 Et soulignons les mots importants

Relevons dans ce passage les mots qui expriment « l’humanité » de Jésus, qui montrent combien il est proche de nous.

Cette maladie est pour la gloire de Dieu : que veut dire Jésus ?

Lazare s’est endormi : Pourquoi Jésus parle-t-il de la mort comme d’un sommeil ?

Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà : pourquoi cette précision ?

Relever dans le récit les phrases qui expriment la foi de Marthe ?

Ton frère ressuscitera : Quelle différence entre la mort de Lazare et celle de Jésus ?

« Je suis » la résurrection et la vie, celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais : Quelle est la force de cette parole de Jésus ?

Père, je te rends grâce…Je savais que tu m’exauces toujours : comment Jésus se situe –t-il par rapport à son Père ?

Enlevez la pierre : Jésus manifeste son autorité

Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu : Que veut dire Jésus ?

Il cria d’une voix forte : Que peut signifier ce cri de Jésus ?

Pour l’animateur

– Jésus a des amis qu’il aime profondément. Il est très affecté par la mort de son ami Lazare. L’évangéliste Jean souligne qu’il est bouleversé d’une émotion profonde et qu’il pleure. Cette humanité de Jésus le rend proche de nous. A Béthanie, Jésus a donné une valeur divine aux larmes de l’amitié. Jésus était fraternel et fidèle. Sensible et délicat. Il a savouré les joies de l’amitié.

– Pourtant, quand il apprend que Lazare est gravement malade, il tarde deux jours avant d’aller auprès de ses amis.

– Jésus interprète par avance que la maladie de Lazare n’est pas pour la mort, mais pour la gloire de Dieu et de son Fils

Devant l’incompréhension des disciples, Jésus affirme que la mort de Lazare est pour lui un sommeil, ce qui laisse entendre qu’il peut « s’éveiller » s’il entend la voix de Jésus.

– Si l’évangéliste précise que le cadavre est depuis quatre jours au tombeau et qu’il sent déjà, c’est bien pour souligner que Lazare est bien mort et pour mettre en valeur le miracle de Jésus.

– Lazare qui sort du tombeau pieds et mains liés montre ainsi qu’il reste un être mortel. Jésus, à sa résurrection, a fait voler en éclats ce pouvoir de la mort. « Jésus ressuscité ne meurt plus. » Sa victoire sur la mort, il l’a remportée pour nous tous : à condition de lui faire confiance (Celui qui vit et croit en moi…)

La foi de Marthe, c’est d’abord sa confiance en Jésus : sa conviction que Jésus a pouvoir sur la mort. «Si tu avais été là… ».En présence de Jésus, elle confesse sa foi en disant : « Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Elle reconnaît en Jésus un homme de Dieu, qui seul peut faire vivre. Puis elle adhère à la foi d’Israël : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour ». Et surtout, quand Jésus se présente comme « la résurrection et la vie », elle affirme : « Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu. » C’est le sommet de la foi.

Marthe est présentée comme la figure du croyant qui reconnaît qu’en Jésus, c’est Dieu qui vient parmi les vivants. Tandis que Marie reste du côté du deuil dans son comportement et ses paroles : « Si tu avais été là ». Il manque la profession de foi. Elle fait corps avec le groupe des juifs en deuil. Elle joue le rôle de « pleureuse ». Marie est le symbole de l’homme abattu par la séparation de la mort.

– Jésus manifeste qu’il est en communion avec son Père pour ressusciter Lazare et il crie, pour tout le monde l’entende. C’est un signe public. Un cri aussi que tous les morts doivent entendre.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Tu es la Résurrection et la vie, Seigneur Jésus. Celui qui croit en toi ne mourra jamais.

Quand nous sommes dans le deuil, tu n’es pas loin de nous. Nous sommes tristes, mais nous ne sommes pas accablés comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Quand tu es là, la mort n’est pas victorieuse. Donne-nous de croire fermement à ta Résurrection et de croire aussi fermement que nous aussi nous allons ressusciter en Toi.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Tu es la Résurrection et la vie, Seigneur Jésus. Celui qui croit en toi ne mourra jamais.

Quand nous sommes dans le deuil, tu n’es pas loin de nous. Nous sommes tristes, mais nous ne sommes pas accablés comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Quand tu es là, la mort n’est pas victorieuse. Donne-nous de croire fermement à ta Résurrection et de croire aussi fermement que nous aussi nous allons ressusciter en Toi.

PRIONS

Seigneur Jésus Christ, toi qui as ordonné à Lazare de sortir vivant de son tombeau, toi qui en ressuscitant, as libéré tout homme de la mort, nous te prions humblement pour tes serviteurs qui se préparent avec joie au baptême et au festin de la vie : ne permets pas que la mort retienne en son pouvoir ceux qui, grâce à leur foi, vont prendre part à la victoire de ta Résurrection.

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

 




Audience Générale du Mercredi 15 Mars 2023

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 Mars  2023


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 7. Le Concile Vatican II. 2. Être apôtres dans une Eglise apostolique

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur la passion d’évangéliser : non seulement sur « évangéliser », mais la passion d’évangéliser et, à l’école du Concile Vatican II, essayons de mieux comprendre que signifie être « apôtres » aujourd’hui. Le mot « apôtre » évoque le groupe des douze disciples choisis par Jésus. On appelle parfois « apôtres » certains saints, ou plus généralement les évêques : ils sont apôtres, parce qu’ils vont au nom de Jésus. Mais sommes-nous conscients que la fonction d’apôtre concerne chaque chrétien ? Sommes-nous conscients que cela concerne chacun d’entre nous ? En effet, nous sommes appelés à être apôtres – c’est-à-dire envoyés – au sein d’une Église que nous professons apostolique dans le Credo.

Que signifie donc être apôtres ? C’est être envoyé pour une mission. L’événement exemplaire et fondateur est celui où le Christ ressuscité envoie ses apôtres dans le monde, leur transmettant le pouvoir qu’il a lui-même reçu du Père et leur donnant son Esprit. Nous lisons dans l’Évangile de Jean : « Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (20,21-22).

Un autre aspect fondamental de l’identité de l’apôtre est la vocation, c’est-à-dire l’appel. Il en a été ainsi dès le début, lorsque le Seigneur Jésus « appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui » (Mc 3,13). Il les constitua comme groupe, en leur donnant le titre d' »apôtres », pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer en mission (cf. Mc 3,14 ; Mt 10,1-42). Saint Paul se présente ainsi dans ses lettres : « Paul, appelé pour être apôtre », c’est-à-dire envoyé, (1 Co 1,1) et encore : « Paul, serviteur du Christ Jésus, Apôtre envoyé par l’appel, mis à part pour l’Évangile de Dieu » (Rm 1,1). Et il insiste sur le fait d’être « Apôtre non par des hommes, ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus Christ et par Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Ga 1,1) ; Dieu l’a appelé dès le sein de sa mère pour annoncer l’Évangile parmi les nations (cf. Ga 1,15-16).

L’expérience des Douze apôtres et le témoignage de Paul nous interpellent également aujourd’hui. Ils nous invitent à vérifier nos attitudes, à vérifier nos choix, nos décisions, à partir de ces repères : tout dépend d’un appel gratuit de Dieu ; Dieu nous choisit également pour des services qui parfois semblent dépasser nos capacités ou ne pas correspondre à nos attentes ; à l’appel reçu comme don gratuit, il faut répondre gratuitement.

Le Concile dit : « La vocation chrétienne […] est aussi par nature vocation à l’apostolat » (Decr. Apostolicam actuositatem [AA], 2). C’est un appel qui est commun, « comme est commune la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ ; commune la grâce d’adoption filiale ; commune la vocation à la perfection ; il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité indivisible » (LG, 32).

C’est un appel qui concerne aussi bien ceux qui ont reçu le sacrement de l’Ordre, les personnes consacrées, que chaque fidèle laïc, homme ou femme, c’est un appel à tous. Toi, le trésor que tu as reçu avec ta vocation chrétienne, tu dois le donner : c’est la dynamique de la vocation, c’est la dynamique de la vie. C’est un appel qui permet d’accomplir sa propre tâche apostolique de manière active et créative, au sein d’une Église où « il y a diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son autorité. Mais aussi les laïcs : vous tous ; la majorité d’entre vous, vous êtes laïcs. Également les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ assument leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier, dans l’Église et dans le monde » (AA, 2).

Dans ce cadre, comment le Concile comprend-il la collaboration des laïcs avec la hiérarchie ? Comment l’envisage-t-il ? S’agit-il d’une simple adaptation stratégique à de nouvelles situations qui surviennent ? Pas du tout, rien de cela : c’est bien plus quelque chose qui dépasse les contingences du moment et conserve sa propre valeur même pour nous. L’Église est ainsi, elle est apostolique.

Dans le cadre de l’unité de la mission, la diversité des charismes et des ministères ne doit pas donner lieu, au sein du corps ecclésial, à des catégories privilégiées : Il ne s’agit pas d’une promotion, et lorsque tu conçois la vie chrétienne comme une promotion, que celui qui est au sommet commande les autres parce qu’il a réussi à se hisser plus haut, ce n’est pas le christianisme. C’est du paganisme pur. La vocation chrétienne n’est pas une promotion pour se hisser plus haut, non ! C’est autre chose. Et c’est une chose importante car, même si « certains, par la volonté du Christ, sont établis dans une position peut-être plus importante, docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant, quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité » (LG, 32). Qui a le plus de dignité dans l’Église : l’évêque, le prêtre ? Non … nous sommes tous des chrétiens au service des autres. Qui est le plus important dans l’Église : la religieuse ou le simple baptisé, l’enfant, l’évêque ? Tous sont égaux, nous sommes égaux, et quand l’une des parties se croit plus importante que les autres et se met un peu le nez en l’air, elle se trompe. Ce n’est pas la vocation de Jésus. La vocation que Jésus donne à tous – mais surtout à ceux qui semblent occuper des positions plus élevées – est le service, le service des autres, dans l’humilité. Si tu vois une personne qui dans l’Église a une vocation plus haute et que tu la vois être vaniteuse, tu diras : “le pauvre” ; prie pour elle parce qu’’elle n’a pas compris ce qu’est la vocation de Dieu. La vocation de Dieu est l’adoration du Père, l’amour pour la communauté et le service. C’est cela être apôtre, c’est cela le témoignage des apôtres.

La question de l’égalité en dignité nous invite à repenser de nombreux aspects de nos relations, qui sont décisifs pour l’évangélisation. Par exemple, sommes-nous conscients que par nos paroles nous pouvons porter atteinte à la dignité des personnes, détruisant ainsi les relations au sein de l’Église ? Alors que nous essayons de dialoguer avec le monde, savons-nous aussi dialoguer entre nous croyants ? Ou bien est-ce que dans la paroisse, l’un va contre l’autre, l’un fait des commérages sur l’autre pour se hisser plus haut ? Savons-nous écouter pour comprendre les raisons de l’autre, ou nous imposons-nous, peut-être même avec des paroles doucereuses ? Écouter, s’humilier, être au service des autres : c’est cela servir, c’est cela être chrétien, c’est cela être apôtre.

Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de nous poser ces questions. Fuyons la vanité, la vanité des postes. Ces paroles peuvent nous aider à examiner comment nous vivons notre vocation baptismale, comment nous vivons notre manière d’être apôtres dans une Église apostolique, qui est au service des autres.


Je salue cordialement les personnes de langue française en particulier les jeunes venus du lycée et des collèges de France, ainsi que les pèlerins du Centre Madeleine Daniélou.

Frères et sœurs, en ce temps de Carême, prions pour tous les chrétiens afin que, dans un esprit de collaboration fondé sur le dialogue et le respect de la dignité de chacun, ils puissent porter l’espérance à notre monde aujourd’hui.

Que Dieu vous bénisse !




4ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 9, 1-41)

« Voir … et entendre. » 

 

L’évangile de ce jour est très long, tout un chapitre … et beaucoup de choses seraient à dire. Alors, contentons-nous de deux verbes : voir et entendre … mis que l’on peut pour certains des personnages transformer en : observer et écouter

Mais peut-être faire d’abord un petit rappel de ce qui s’est passé auparavant.

D’abord avec le récit de la femme adultère où Jésus prend le contre-pied des pharisiens en allant dans un sens différent de celui préconisé par la loi de Moïse.

Puis le texte où Jésus s’affirme être la lumière du monde, et où il se retrouve encore en opposition aux pharisiens.

Enfin la querelle sur l’identité de Jésus.

La polémique avec les juifs radicaux, et surtout avec les pharisiens est de plus en plus forte, au point que Jésus a dû échapper à des jets de pierre et sortir du Temple en se cachant. (Jn 8, 59).

C’est en sortant du Temple que, « en passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. ». Et même s’il s’enfuyait, il a eu le temps de poser son regard sur lui, de voir qu’il était aveugle, et de naissance. Il y a de fortes chances que, si nous étions à la place de Jésus dans ces conditions, nous serions passé en vitesse sans le voir … en n’y faisant pas attention …

A-t-il fait une remarque à son sujet ? Sans Doute, puisque les apôtres l’interrogent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ».

En effet, selon la croyance de l’époque, on pensait que quelqu’un de malade l’était parce qu’il avait péché, ou sinon lui, ses parents (cf Dt 5,9).

La réponse de Jésus est claire : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. », et il faut faire vite, « tant qu’il fait jour ; la nuit vient … » où Jésus va mourir, lui « la lumière du monde ».

Alors Jésus prends les choses en main. Il ne demande pas l’avis de l’aveugle, s’il veut voir, comme il le fit avec Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51).

Non. Directement il crache par terre et fait de la boue avec sa salive, et il en met sur les yeux de l’aveugle, sans lui demander son accord … un peu comme Dieu avait fait pour créer l’homme avec de l’argile (Gn 2,7), comme s’il préparait pour l’aveugle une nouvelle-création … et s’en fut une …

L’aveugle ne voit pas Jésus, mais il entend, et il comprend bien qu’on parle de lui, qu’on lui met comme un cataplasme sur les yeux … mais il ne dit rien … il est docile … il se laisse faire.

Et Jésus lui parle : « Va te laver à la piscine de Siloé », la piscine de l’envoyé

L’envoyé, c’est Jésus, mais pourquoi aller à cette piscine ? N’y avait-il pas de point d’eau plus proche ?

Une explication complémentaire pour ce choix : lors de la fête des Tabernacles, les prêtres allaient puiser de l’eau à la piscine de Siloé et le peuple remontait en procession avec joie jusqu’au temple, comme il est écrit en Isaïe : « Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. » (Is 12,3).

Effectivement, pour l’aveugle, se laver dans ces eaux-là lui permettra d’accéder aux sources du salut.

L’aveugle a bien entendu, et il part. Il n’a encore rien dit ! Et il fait ce qu’on lui a demandé de faire. Il obéi.

Est-ce que nous, nous aurions ainsi obéi ? sans demander d’explication ?

Comment a-t-il trouver son chemin ? Sans doute un de ses compagnons d’infortune l’a-t-il guidé.

Il revient, il voit.

Mais Jésus n’est plus là !

S’ensuit une polémique : Est-ce vraiment lui, ou quelqu’un qui lui ressemble ? Et pourtant, beaucoup le côtoyaient, les mendiants comme lui, ou les habitués du Temple …

« Mais lui disait : ’’C’est bien moi.’’ ». En grec « Ἐγώ εἰμι », la manière de parler de Jésus quand il affirme sa divinité.

Sans doute faisait-il partie du décor … il était là … mais peu le voyait … on passait devant lui sans le voir, sans y prêter attention …

Seul Jésus l’avait vu !

Et son action lui a permis que « les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » de manière physique …

Et à la fin de l’évangile de ce jour, quand Jésus le retrouve et lui demande s’il croit au fils de l’homme, l’aveugle lui dit « Qui est-il pour que je croie en lui ? », et Jésus répond : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »

Et l’aveugle dit : « ’’Je crois, Seigneur !’’, Et il se prosterna devant lui. ».

Alors « les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » de manière spirituelle …

Pourquoi rester sur vos ornières,

Baissant vos fronts d’aveugles-nés ?

Vous avez été baptisés !

L’amour de Dieu fait tout renaître.

Croyez Jésus : c’est l’Envoyé !

Vos corps à son corps sont branchés :

Prenez à lui d’être lumière.

                                          Didier Rimaud

 

Francis Cousin    

   

Pour accéder à l’image illustrée, cliquer sur le titre suivant : 

Image dim Carême A 4°




4ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 9, 1-41)

 L’aveugle né

Jn 9, 1-41

Essayons d’imaginer ce que peut être l’univers intérieur, l’imagination et les phantasmes d’un aveugle  : jamais il n’a rien vu, il ne sait pas ce que c’est qu’une couleur. Rouge, vert ou jaune : cela ne lui dit rien ; il ne peut s’appuyer sur aucun souvenir visuel. Il n’a jamais rien vu auparavant.  Jamais il n’a pu apprécier la beauté d’une fleur, d’un coucher de soleil, la bonté d’un visage, une larme ou le sourire d’un enfant, ni le relief d’un paysage de montagne, ni le reflet de la lumière sur un cours d’eau, ni même la décoration de son gâteau d’anniversaire surmonté de bougies qui, pour lui, ne signifient rien.

 A la différence de beaucoup de guérisons, celle-ci n’est pas due à une demande. C’est Jésus qui prend personnellement l’initiative : « Jésus vit un aveugle » = Jésus me voit, tel que je suis, avec mes épreuves, mes difficultés.

Tout ce récit, savamment construit, nous fait parcourir l’itinéraire de la foi : depuis les ténèbres les plus épaisses jusqu’à la lumière la plus diffuse. Cet itinéraire, c’est celui de notre Baptême qui nous fait passer du monde des ténèbres aux fils de lumière capables de voir et de témoigner.  Cet itinéraire est progressif, gradué. C’est peu à peu que la lumière, celle de la foi va inonder l’âme de cet aveugle même si sa guérison physique est rapide. Ce miracle, ce  » signe  » comme dit St-Jean, va révéler qui est Jésus : il est « “la lumière du monde ” » et va contraindre chacun à prendre position à son égard à travers quatre procès successifs, où, à chaque fois, l’aveugle va y voir un peu plus clair en contemplant celui qui l’a guéri.

  • 1er procès: L’aveugle a recouvré la vue, mais il est isolé (Jésus a disparu avec ses disciples) et débute un débat sur son identité.  Tout d’abord avec ceux qui l’entourent : ses voisins, ceux qui étaient habitués à le rencontrer.

 « N’est-ce-pas celui qui était mendiant ? » 

Les uns disaient : « C’est lui ! ».

Les autres : «   Non ! Mais c’est quelqu’un qui lui ressemble ».

Et lui dit : « C’est bien moi » et il raconte comment l’homme qu’on appelle Jésus (il n’en sait pas plus actuellement) a fait de la boue, lui a frotté les yeux, lui a dit d’aller à la piscine de Siloé.

« Et lui, où est-il ? »

« Je ne sais pas ».

Pour le moment, ce n’est qu’un mouvement de curiosité sympathique.

Pour beaucoup de nos contemporains, la religion, c’est ça ; on s’intéresse à Jésus jusque- là : un miracle, ça pique au vif, ça intrigue, ça fait poser des questions, mais on ne veut pas se compliquer la vie et on ne va pas plus loin.  Quant à l’aveugle guéri, notons en passant qu’il ne sait rien du Christ : si, il sait son nom, on l’appelle et on le nomme Jésus.

Procès d’une foi superficielle : nous demeurons à la surface de l’évènement, comme des badauds qui s’attroupent après que quelque chose vient de se passer ; on s’arrête et on continue son chemin, sans plus penser à rien.

  • 2e procès : On amène l’aveugle devant les pharisiens, procès du soupçon: « Il a fait ce miracle un jour de sabbat », cela ne peut donc venir de Dieu.

« Oui, répondent les autres, mais un signe pareil ne peut pas être accompli par un pécheur ».

Divisés, ils interrogent l’aveugle, qui lui, dans sa réponse va déjà beaucoup plus loin :

« Que dis-tu de lui ? »

Il répond: « C’est un prophète ».

Procès où les uns sont pour, les autres sont contre, mais où l’homme de bonne volonté commence à progresser : « C’est un prophète ».

« Seigneur, aide-nous à progresser dans la foi ».

  • 3e procès : On fait venir ses parents. Pour nier un miracle, le meilleur moyen, c’est de dire qu’il n’a pas eu lieu : « Faisons venir les parents », sans doute n’était-il pas vraiment aveugle, il faisait semblant pour mendier. 

« Mais non, disent les parents, c’est bien notre fils ; il était bel et bien aveugle : comment cela se fait-il ? »

Ça, c’est une autre affaire : ils ne veulent pas se mouiller, prendre parti. « Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer ». 

Ils avaient peur, autre attitude devant Jésus : la dérobade. On n’a pas la foi parce qu’on refuse de se poser des questions et leurs réponses pourraient nous entrainer trop loin.  Si, un jour, ma foi devait changer ma vie, vous vous rendez compte ? Quelle histoire ! Et que ne ferait-on pas pour ne pas avoir d’histoires !

  • 4e procès: Pour la 2e fois, les pharisiens convoquent notre homme et pour le faire mentir, ils mentent eux-mêmes.

« Rends gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un pécheur » : c’est curieux, à partir de ce moment-là, ce sont les voyants qui deviennent aveugles et l’aveugle qui voit de plus en plus clair et il se met à défendre Jésus, son bienfaiteur, qui est attaqué !

 « Nous savons », disent les pharisiens avec assurance, en fait, ils ne savent plus rien. 

« Je n’en sais rien », dit l’aveugle : en fait, il commence à savoir et à deviner et les pharisiens commencent à l’injurier.  Plus ils savent, moins ils croient ; suffisance de celui qui refuse d’évoluer, qui s’accroche à la tradition. 

Admettre la nouveauté serait mettre en péril leur système doctrinal : alors, ils se mettent à nier l’évidence et ils commettent ainsi le seul péché qui existe dans l’Evangile de St-Jean : refuser la foi, être volontairement incroyant, se boucher les yeux sur le mystère de Jésus.

Ils savent et parce qu’ils savent, ils ne veulent pas savoir : blocages de l’incroyant, installé dans son système de pensée et qui ne veut pas en sortir. 

Et nous, frères et sœurs, sommes-nous toujours à la recherche de la vérité ?  Sommes-nous bloqués  sur nos ‘’ savoirs ‘’ ?  Sommes-nous avides de connaitre davantage, d’ouvrir nos yeux aveugles ?

Cet homme guéri est expulsé, seul, rejeté parce qu’il a soutenu sa foi et n’a pas voulu en démordre.  Jésus l’apprend et vient le trouver.  Après ces quatre procès successifs, il vient à son secours et lui permet d’aboutir à une magnifique profession de foi !

« Crois-tu au Fils de l’homme ? »

Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »

Jésus lui dit : « Tu le vois : c’est lui qui te parle ».

Il dit : « Je crois, Seigneur », et il se prosterne devant lui.

 

 Alors que les pharisiens se sont enfermés dans leur incroyance, lui, n’a cessé d’avancer dans la foi. Au début, il dit : « Cet homme   qu’on appelle Jésus »   et puis, il découvre   que   c’est   un « prophète« , « quelqu’un qui vient de Dieu » et enfin pour lui, c’est le « Fils de l’homme » : « le Seigneur ».

Il est passé du fait noir à la lumière alors que les pharisiens ont fait le trajet inverse, eux qui affirmaient  » savoir « , qui croyaient  » voir « , n’ont cessé de s’enfoncer dans leur aveuglement. C’est le renversement des situations.  Les vrais aveugles, les vrais pécheurs ne sont justement pas ceux à qui l’on pense : ils ont préféré les ténèbres à la lumière. 

Devant Jésus, il faut choisir, il faut prendre parti : ou bien s’enfermer dans un système qui va l’exclure ou bien aboutir à une rencontre personnelle avec lui.  Cette rencontre, elle est toujours à faire, à refaire : est-ce-que notre foi progresse à l’imitation de cet aveugle qui, peu à peu, s’ouvre, ouvre ses yeux au mystère de Dieu ? La foi ne tombe pas toute faite du ciel… elle nous rejoint dans notre propre histoire. Elle peut être une lente gestation.

Le fait d’avoir été baptisé tout bébé ou d’être arrivé tard à la foi ne change rien fondamentalement.

Pour  » naître à la foi « , il s’agit de s’engager personnellement à la suite du Christ, passer des ténèbres à son admirable lumière.  AMEN




4ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 9, 1-41).

Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit

 

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.
Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

      La situation corporelle, concrète, de cet homme dit, dans notre condition humaine de chair et de sang, ce que nous sommes tous spirituellement : des aveugles de cœur qui ont perdu le sens de ce « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5). « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître, mais eux ne me connaissent pas, ils ne comprennent pas. Fils pervertis… Ils ont abandonné le Seigneur » (Is 1,2-4).

         Mais comme Dieu est Soleil de Vie (Ps 84,12 ; 36,10), Soleil qui rayonne la Vie, qui donne la Vie, se détourner de Lui c’est se priver au même moment de « la Lumière de la Vie » (Jn 8,12) et donc devenir, petit à petit, spirituellement aveugle et comparable, dans ce domaine, à un mort… « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Os 4,6), sans oublier que « connaître », dans la Bible, est avant tout un « vivre avec… en relation avec… ». La « connaissance » est juste l’aspect « prise de conscience » lié à cette relation… En se détournant de Dieu, les hommes ne reçoivent plus, de cœur, la Lumière vivifiante de son Esprit (Jn 6,63) qui rayonne sans cesse de Lui. Leurs cœurs sont plongés dans les ténèbres… Ils ne « voient » plus, ils n’imaginent même plus que cette Lumière puisse exister… « Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C’est que le cœur de ce peuple s’est épaissi : ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, et que je les guérisse » (Is 6,9-10 cité en Mt 13,14-15 ; Jn 12,40, Ac 28,26‑27). Telle est la situation du pécheur « aveugle-né », fermé sur lui même, prisonnier de son égoïsme et de son orgueil…

      Le Christ va donc prendre l’initiative de se rapprocher de cet « aveugle-né » qui, répétons-nous, nous représente tous… Il va établir le contact, lui parler… Pour l’aider à percevoir ce qu’il désire faire pour lui, il va employer le langage des médecins de l’époque qui appliquaient toutes sortes de baumes sur les blessures… Mais cette boue qu’il lui met sur ses yeux fermés renvoie à la boue de nos souillures qui englue nos cœurs… « Va-te-laver à la piscine de Siloé », lui dit-il ensuite, Siloé signifiant en hébreu « envoyé », et Jésus ne cesse de se présenter en St Jean comme l’Envoyé du Père… L’aveugle-né fait preuve de bonne volonté : il obéit tout simplement, et il va se laver… « Quand il revint, il voyait »… Sa guérison corporelle renvoie à sa guérison spirituelle… Il voyait de cœur, il vivait de cœur d’une Vie nouvelle ! Puissions vivre la même expérience…                              DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de Carême

« J’étais aveugle

et maintenant je vois ! »

 

 

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 9, 1-41)

Jésus est à Jérusalem où il est monté pour la fête des tentes, fête de la Récolte : on y célébrait l’eau que les prêtes allaient chercher à la piscine de Siloé pour l’apporter au Temple qui était illuminé. Jésus en profite pour proclamer qu’il est la vraie lumière destinée non seulement aux juifs, mais au monde entier. Et alors une discussion vive et dramatique s’engage entre Jésus et les juifs. Et c’est alors que se situe le récit de l’aveugle-né que nous allons méditer.

 

 Et soulignons les mots importants

Lire les versets 1-5 (jusqu’à lumière du monde)

Quel est le personnage central de ce premier paragraphe ?

Aveugle de naissance: Comment les juifs considéraient cette infirmité ?

L’action de Celui qui m’a envoyé: Quelle est action ?

Je suis la lumière du monde : Quelle est l’importance des mots « je suis » prononcé par Jésus ?

Versets 6 et 7 : la guérison

Faire attention au geste (avec la boue) Jésus avait-il besoin de faire ce geste ?

et à la parole de Jésus : Est-ce que ce geste accompagné d’une parole nous fait penser à des gestes que fait l’Eglise ?

Siloé : Jean précise que ce mot signifie « Envoyé » : est-ce que ce mot nous apprend quelque chose sur l’attitude de l’aveugle ?

Versets 8-12 : L’aveugle et les voisins

Relever les  questions que les voisins se posent ou posent à l’homme qui voit. Quelles sont leurs attitudes ?

Noter sa dernière réponse à propos de Jésus.

Versets 13-34 : L’aveugle et les pharisiens et les parents

 « Cet homme est un pécheur » : Pourquoi Jésus est-il traité de pécheur ?

« Nous ne savons pas d’où il est. » Au fait d’où vient Jésus ?

Pourquoi les parents ont-ils peur des juifs ?

« Il m’a ouvert les yeux » : L’homme parle de la guérison de ses yeux. Vers quelle guérison est-il en marche ?

Versets 35-38 : L’entrée dans la communauté

L’homme a été exclu de la synagogue. Que se passe-t-il quand il rencontre Jésus ? quelle est sa seconde guérison ?

Versets 39-41 : Jésus donne le sens de ce qui s’est passé

Qui sont les véritables aveugles ? Pourquoi ?

Pour l’animateur

– Le personnage central du premier paragraphe c’est  Jésus qui voit  l’aveugle. Il interprète par avance ce qui va se passer. Les disciples comme tous les juifs considèrent que si cet homme est né aveugle, c’est qu’il subit une punition de Dieu pour un péché commis dans le sein de sa mère ( !) ou par ses parents.

La réponse de Jésus est claire et nette. Et il annonce que dans la guérison de cet aveugle, Dieu va réaliser son œuvre par son Envoyé : Jésus. En disant « je suis »  la lumière, Jésus laisse entendre qu’en lui Dieu est là pour libérer le monde aveuglé par ténèbres de l’erreur et du péché.

– Au lieu de déposer la salive directement sur les yeux, Jésus les couvre de boue ; il faut que l’aveugle aille se laver à la piscine de Siloé : cela signifie que l’aveugle « verra clair » peu à peu et sa guérison sera complète quand Jésus aura ouvert les yeux de son cœur par la foi. L’aveugle, « envoyé » par Jésus à Siloé obéit sans hésiter.

Le geste et la parole « va te laver » nous font penser aux sacrements de l’Eglise (geste+parole)  qui sont des gestes du Christ pour nous guérir et nous ouvrir à la lumière et la vie de Dieu.

– Pour l’instant Jésus pour l’aveugle est un simple guérisseur. Il est bien celui qui était aveugle. Il ne sait pas qui est le guérisseur. Il a encore du chemin jusqu’à la foi en Jésus. Il lui faut passer de la lumière des yeux à la lumière de la foi.

– Mais déjà le miracle accompli par Jésus divise les hommes entre ceux qui accueillent le signe et ceux qui rejettent Jésus.

Jésus est traité de pécheur par les pharisiens parce que, selon eux, il ne respecte pas le sabbat. Donc il ne peut pas être exaucé par Dieu. Ils connaissent Moïse, mais pas Jésus. Ils refusent de savoir d’où il vient. Jésus vient de Dieu. Les parents, eux, refusent de se prononcer sur l’identité de Jésus par peur d’être exclus de la synagogue. Noter aussi : Croire en Jésus est une démarche personnelle : les parents ne peuvent pas décider à sa place.

– L’aveugle par contre est prêt à « voir clair » quand il se trouvera en face de Jésus. La seconde guérison préparée par la première, c’est celle qui lui permet de croire en Jésus et de se prosterner devant lui. Du coup, il entre dans la communauté des croyants.

– Les véritables aveugles sont, ce sont ceux qui refusent la lumière alors qu’elle a brillé. C’est le sens que Jésus donne à ce qui vient de se passer.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus, nous te remercions de nous avoir révélé que nos infirmités, nos maladies du corps ou de l’esprit ne sont pas des punitions pour nos péchés ou pour ceux de nos ancêtres. Mais il est vrai qu’à notre naissance nous sommes entrés dans un monde marqué par les ténèbres du péché. Par le baptême, tu nous as faire naître à ta lumière. Nous croyons que tu es la lumière du monde. Ouvre nos yeux, car bien souvent nous sommes encore aveugles.

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

Les pharisiens qui croient voir grâce à la lumière de la Loi s’enfoncent dans leur aveuglement ; l’aveugle-né guérit entre progressivement dans le mystère de l’Envoyé du Père : celui qu’on appelle Jésus (9, 11), un prophète (9, 17), un homme de Dieu (9,33) et enfin à la lumière de sa parole, il « voit » le Fils de l’homme et se prosterne devant lui.(9, 35-38)

Nous vivons dans un monde où la foi est partout mise à l’épreuve : quelles sont les difficultés que nous rencontrons et qui ébranlent parfois notre foi ?

Est-ce que nous prenons le temps et les moyens d’éclairer notre foi, de la fortifier : quels sont les lieux et les moyens que l’Eglise nous offre pour cela ?

Parfois il faut avoir du courage pour affirmer sa foi, pour ne pas avoir peur de se compromettre pour Jésus-Christ : quand il est attaqué, quand on se moque de notre Eglise, quand les medias ridiculisent notre religion, quand notre entourage est hostile.

Croire, pour un chrétien, c’est s’engager tout entier, dans une décision personnelle, à la suite du Christ : Est-ce  ainsi que nous sommes  croyants ? Qu’avons-nous fait de notre baptême qui a allumé en nous la lumière du Christ Ressuscité ?

 

PRIONS

Chant : Ouvre mes yeux, Seigneur (Carnet paroissial p.183 c.1, 3 , 5)

Prière

Seigneur Jésus, qui rendis la vue à l’aveugle-né, à la piscine de Siloé, nous te prions :

Fais briller ta lumière sur le monde, arrache-nous aux ténèbres de la tristesse et du péché.

Tu as dit : « Je suis la lumière du monde », sois la lumière de ceux qui sont aveugles, et guéris la cécité de notre cœur, nous te prions prends pitié de nous. Toi qui vis et règne avec le Père dans l’unité de l’Esprit-Saint, pour les siècles des siècles.

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

 




Homélie pour les 85 ans du « départ » du père Lagrange (Fr Manuel RIVERO O.P.)

En ce 10 mars, nous faisons mémoire du départ vers le Ressuscité de deux grandes figures dominicaines : le bienheureux père Lataste, apôtre des prisons, qui en embrassant les reliques de sainte Marie Madeleine dans la basilique de Saint Maximin s’était exclamé : « Il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ».

 

Par ailleurs, il y a 85 ans, le 10 mars 1938, c’est le père Marie-Joseph Lagrange, dominicain, fondateur de l’École pratique d’études bibliques de Jérusalem, qui partait à la rencontre de Jésus Vivant au couvent de Saint Maximin, près de Toulon.

 

 

 

 

 

 

 

Nous confions à leur intercession et nous prions le Seigneur de canoniser le père Lataste et de béatifier le père Lagrange, en nous accordant le miracle nécessaire.

 

Êtes-vous d’accord avec le proverbe portugais « Dieu écrit droit avec des lignes courbes » ? L’histoire de Joseph, le fils de Jacob, vendu comme esclave par ses frères et devenu par la suite leur sauveur va dans ce sens. Saint Paul enseigne que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Rm 8, 28). Et saint Augustin d’ajouter avec l’audace de la foi évangélique : « même le péché ». Même le péché peut devenir chemin vers Dieu par la grâce du Christ Jésus.

Joseph annonce Jésus. C’est par la jalousie de ses frères qui le voyaient aimé de leur père Jacob et revêtu d’une tunique admirablement ornée que Joseph a subi la haine et la violence de ses propres frères. Il a été vendu pour vingt pièces d’argent ; Jésus le sera par Judas pour 30 pièces d’argent.

 Esclave, condamné injustement en Égypte, Joseph remonte des ténèbres de la prison au poste de ministre des finances. Jésus, le Fils du Très-haut deviendra le très-bas, condamné injustement au supplice de la croix et de la mort. Mais Dieu le Père élèvera son Fils Jésus dans la gloire de la résurrection.

Inspiré, Joseph annonça de manière prophétique l’arrivée des années fastes et des famines en Égypte.

Jésus, le plus grand des prophètes, a aussi annoncé le Vendredi Saint et la lumière pascale.

Joseph a pardonné le crime de ses frères et il les a tirés de la famine et de la peur de la mort.

Jésus a pardonné à ses propres bourreaux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34) et il leur a accordé la joie du salut.

Rejeté par ses frères, Joseph les rassemble. Jésus, « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Mt 21,42), qui tient l’Église dans son unité.

L’œuvre de Dieu se fait dans la contradiction. En fondant l’École biblique de Jérusalem et en travaillant à l’interprétation croyante et rationnelle de la Bible, le père Lagrange a souffert aussi de la calomnie et de la diffamation. En 1912, il dut quitter Jérusalem, en exil en France pendant dix mois, sans cause explicite ni justifiée. Il reçut l’autorisation de retourner à Jérusalem en 1913 sans la moindre explication ou excuse. Heureusement que ces méthodes font partie en grande partie du passé.

Fidèle, dans la prière et le pardon, sans révolte ni amertume, comme un soldat vaillant, le père Lagrange a servi l’Église par le renouveau de l’exégèse. Il a relevé le défi du modernisme qui ne voyait dans la Bible qu’une œuvre littéraire sans contenu surnaturel.

Le cardinal de Milan, Carlo Maria Martini, voyait dans le père Lagrange un homme « à la prière de feu ». En effet, le Journal spirituel du père Lagrange apparaît dans l’histoire comme la nappe phréatique de la fondation de l’École biblique de Jérusalem. Le cœur à cœur avec Dieu dans la ferveur de la prière explique la beauté et la grandeur de son œuvre scientifique qui relie l’oratoire et le laboratoire, la foi et la raison dans l’harmonie d’un humanisme intégral.

À l’exemple du parcours de Joseph et de la vie de Jésus, l’existence et l’œuvre du père Lagrange ont connu des progrès : « Dieu nous a donné dans la Bible un champ infini de progrès dans la vérité », avait-il déclaré lors de l’inauguration de l’École biblique le 15 novembre 1890. Dans son commentaire à l’évangile selon saint Jean, il écrit : « La vérité, même religieuse, est toujours en marche, ce qui ne veut pas dire qu’elle cesse d’être ce qu’elle a été : elle se développe. Jésus voulait mettre en garde ses disciples contre une rigidité dans leur enseignement qui eût été en opposition avec tout le mouvement normal de l’humanité [1]».

Inspiré intérieurement par Dieu, Joseph avait dépassé la sagesse des Egyptiens. Jésus était la Sagesse de Dieu elle-même manifestée dans la chair : « folie pour les païens, scandale pour les juifs » (I Cor 1,23).

En ce Carême, puissions-nous imiter la fidélité de Jésus, de Joseph et du père Lagrange, pour découvrir que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » et que Dieu écrit droit dans nos vies avec des lignes courbes. « C’est là l’œuvre du Seigneur, merveille devant nos yeux » (Mt 21,42).

                                                                                                      Fr Manuel RIVERO

[1] Père Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs. Évangile selon saint Jean, troisième édition. Études bibliques. Paris. J. Gabalda, éditeur. 1927, p.420. Commentaire à Jn 16, 12 : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, que vous n’êtes pas en état maintenant de porter. »