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Audience Générale du Mercredi 27 Mars 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 27 Mars 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 13. La prudence

Chers frères et sœurs,

dimanche dernier nous avons entendu le récit de la Passion. Aux souffrances qu’il endure Jésus répond par une vertu importante : la patience. Elle est l’endurance de ce que l’on souffre. La patience de Jésus n’est pas une résistance stoïque à la souffrance mais elle est le fruit d’un amour plus grand. Saint Paul dans son Hymne à la charité associe étroitement l’amour et la patience. Dans la Bible, face à l’infidélité de l’homme, Dieu manifeste son amour en étant lent à la colère. Son amour est toujours prêt à pardonner et à recommencer avec l’homme.

Nous manquons souvent de patience. Instinctivement nous nous impatientons et répondons au mal par le mal en oubliant que la hâte et l’impatience sont les ennemis de la vie spirituelle. Les Chrétiens sont appelés à être patients. Mais comment accroître notre patience ? Il faut la demander à l’Esprit-Saint. C’est lui qui donne la force aux chrétiens non seulement de faire le bien mais aussi de supporter le mal.  Ensuite il faut élargir notre regard en portant le regard compatissant de Dieu sur les autres au-delà de leurs défauts. En ce temps de la Passion contemplons le Crucifié pour apprendre de lui la patience.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier:  le Club Guerlédan de Rennes. Que la contemplation de la Passion du Seigneur nous donne la force de persévérer humblement dans la foi malgré les épreuves de la vie. Que Dieu vous bénisse.





Introduction à la Liturgie des Heures à Bagatelle

Introduction à la liturgie des Heures

Les samedis :

13 Avril,  4 Mai et 1er Juin 2024

de 13h30 à 15h30

à Ste Suzanne Bagatelle

Pendant ces trois rencontres, nous allons nous familiariser avec le livre du temps présent, son contenu et comment l’utiliser en fonction des différentes célébrations liturgiques.

Vous pouvez vous inscrire dès à présent :

Email : secretariat@sedifop.com – Tel :  0262 90 78 24 (de 8h à 12h)




Qu’est-ce que la Semaine Sainte ?

 

Qu’est-ce que le Triduum pascal ?

 

« Triduum » est un mot latin signifiant « un espace de trois jours ». Le Triduum pascal s’étend ainsi de la messe du soir du Jeudi saint au dimanche de Pâques inclus. Il est le cœur de l’année liturgique.

Du dernier repas de Jésus avec ses disciples, repas où il institua l’Eucharistie, à la Résurrection s’écoulent ces trois jours auxquels le Seigneur a souvent fait allusion dans l’Évangile et qui, ensemble, constituent le Mystère pascal.

Lors de ce dernier repas (la Cène), Jésus a offert son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres. La célébration du Jeudi Saint fait aussi mémoire du Lavement des pieds qui eut lieu au cours de ce même repas. Mais seul St Jean nous le raconte (Jn 13). Les deux évènements, Institution de l’Eucharistie et Lavement des pieds, sont complémentaires : Jésus est venu, non pas pour être servi mais pour servir et offrir sa vie pour le salut du monde…

Le Vendredi Saint, nous méditons le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix, sur laquelle l’œuvre du salut est accomplie.

Coffre où est conservé le Saint Suaire dans la cathédrale St Jean Baptiste à Turin

Suite à ce combat victorieux, l’Église contemple le Christ au tombeau, dans le « repos » du Samedi Saint. Elle est comme Marie, parfaite croyante qui conserva la foi et qui espéra contre toute espérance en la résurrection de Jésus.

Après la longue veille, samedi soir, dans l’obscurité de la nuit pascale, lors de « la Vigile pascale », l’Alléluia de la résurrection retentit. Le feu de l’amour de Dieu illumine la nuit : le Christ a vaincu la mort pour chacun d’entre nous… Si nous acceptons de le laisser agir dans nos cœurs et dans nos vies, sa victoire sera alors aussi la nôtre…

 

Qu’est-ce que la Messe Chrismale ?

 

La messe chrismale a lieu durant la Semaine Sainte : dans le rite catholique latin, la messe chrismale n’appartient pas, au sens strict, au Triduum pascal. Si elle a lieu le plus souvent le Jeudi Saint au matin, elle peut être transférée à un autre jour, pourvu qu’elle soit proche de Pâques. Beaucoup d’évêques, pour faciliter la participation des fidèles et des prêtres, choisissent un soir de l’un ou l’autre des jours saints, le lundi, le mardi ou le mercredi.

Durant la messe chrismale, l’évêque bénit les huiles saintes et consacre le Saint Chrême.

Les huiles saintes sont :

1 – L’huile utilisée lors du « Sacrement des malades » : appliquée par un prêtre sur le front des malades, elle est le signe du Don de l’Esprit Saint qui vient apporter Force, Paix, Consolation, Réconfort… « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les Anciens de l’Église et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis » (Jacques 5,14-15). Avec ce sacrement, le malade s’abandonne avec confiance entre les mains de celui qui a guéri tant de malades, comme nous le rapportent les Evangiles… Et « le Christ est le même, aujourd’hui comme hier, et comme il le sera à jamais » (Hébreux 13,8)… Avec Lui, tout est toujours possible…

2 – L’huile utilisée pour les Catéchumènes, c’est-à-dire les grands jeunes et les adultes qui ont demandé à recevoir le Sacrement du Baptême, qui ouvre à la vie chrétienne par le Don reçu de l’Esprit Saint, et les Sacrements de la Confirmation et de l’Eucharistie qui fortifient et nourrissent dans les cœurs ce Don de l’Esprit Saint… En recevant l’huile des Catéchumènes, ils sont encouragés et soutenus par ce même Esprit dans leur démarche de foi qui les conduira à la Plénitude du Baptême…

L’huile du Saint Chrême, quant à elle, est utilisée pour les Sacrements du Baptême, de la Confirmation, et de l’ordination des Prêtres et des Evêques. Elle symbolise encore et toujours l’action de l’Esprit Saint dans les cœurs, qui consacre les êtres à Dieu et leur donne d’accomplir le service auquel ils ont été appelés…

 

Au cours de cette messe chrismale qui manifeste l’unité de toute l’Église diocésaine rassemblée autour de son évêque, les prêtres renouvellent leurs promesses sacerdotales : vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à leur charge, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité.

 

Qu’est-ce que le jeudi saint ?

Jésus prend son dernier repas avec les douze Apôtres dans la salle dite du « Cénacle », à Jérusalem. Saint Paul (1° Lettre aux Corinthiens, 11,23-25) et les évangélistes Marc (Mc 14,22-25), Luc (Lc 22,19-20) et Matthieu (Mt 26,26-29) rapportent les récits de ce dernier repas, « la Cène », au cours duquel, en prenant le pain et le vin, le Christ rend grâce et offre son Corps et son Sang pour le salut des hommes.

Au cours de ce repas, Jésus va aussi se mettre à genoux devant chacun de ses disciples et leur laver les pieds (Jean 13,1-20). Il prend la tenue de serviteur et dit : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous. » Au cours de la messe célébrée avec solennité, on répète le geste du lavement des pieds comme exemple de tous ces services que nous pouvons nous rendre les uns aux autres…

 

Après ce repas de la Cène, l’heure de l’épreuve approchant, le Christ se rend au jardin des Oliviers avec les apôtres pour veiller et prier.

Le Jeudi Saint, l’Église célèbre la messe « en mémoire de la Cène du Seigneur », puis le Saint Sacrement est déposé dans un lieu à part, appelé « le reposoir », l’autel est dépouillé, la croix est enlevée et voilée. Tout ce dépouillement symbolise le Christ entré dans sa passion, dépouillé de tout. C’est une nuit d’adoration. Les fidèles s’unissent à la prière du Christ ce soir-là, en veillant auprès du Saint Sacrement (le pain et le vin consacrés au cours de la messe) jusques tard dans la nuit.

 

Qu’est-ce que le vendredi saint ?

 

Trahi par son disciple Judas, le Christ est arrêté. Il est accusé de semer le désordre par ses enseignements et surtout d’usurper le titre de Messie, un mot qui vient de l’hébreu « mashiah », qui signifie « Oint, Celui qui a reçu l’onction ». Cette onction était tout simplement de l’huile versée par un prophète ou un prêtre sur la tête du nouveau roi pour signifier le fait que Dieu lui donnait la grâce de son Esprit pour qu’il puisse vivre au mieux sa fonction royale… A l’époque de Jésus, Israël attendait un nouveau Roi, le Messie, qui le délivrerait de l’occupant romain…

Interrogé par Ponce Pilate (gouverneur romain de la région), flagellé par les soldats, Il est condamné à être cloué sur une croix – supplice alors réservé aux criminels.

Chargé de la croix, le Christ gravit la colline du Golgotha (littéralement « Mont du crâne », appelé aussi « Calvaire ») et tombe plusieurs fois d’épuisement. Crucifié, Il expire au bout de quelques heures.

Descendu de la croix par ses proches, Il est enveloppé dans un linge blanc (le « linceul ») et mis au tombeau.

Les chrétiens sont appelés au jeûne (qui consiste à se priver de nourriture suivant l’âge et les forces du fidèle), démarche de pénitence et de conversion, expression de l’attente du Christ. L’office du Vendredi saint, appelé « célébration de la Passion du Seigneur », est centré sur la proclamation du récit de la Passion. Il est proposé aux fidèles un Chemin de croix qui suit les étapes de la Passion du Christ.

Qu’est-ce que la Vigile Pascale ?

 

La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort.

C’est pourquoi, dans la nuit, le feu et le cierge Pâques sont allumés, puis la flamme est transmise aux fidèles.

C’est aussi durant cette veillée – ou Vigile pascale – que sont célébrés les baptêmes d’adultes. Ils sont l’occasion pour les fidèles de renouveler les promesses de leur baptême. À l’issue de leur chemin de catéchuménat, vécu depuis plusieurs années, cette nuit pascale constitue un sommet pour leur initiation chrétienne.

Au cœur de la vigile, les rites spécifiques aux sacrements d’initiation sont parlants : la plongée dans l’eau, qui symbolise la mort, puis la sortie de l’eau qui elle symbolise la naissance à une vie nouvelle… On est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28,16-20).

Au sortir de l’eau, les nouveaux baptisés seront revêtus du vêtement blanc, une couleur qui renvoie à la Plénitude de la vie divine… Ils le porteront au cours de certaines célébrations du temps pascal. S’ils sont confirmés ce soir-là, il y aura le rite avec le Saint Chrême, la marque de l’Esprit Saint. Avec toute l’assemblée, ils recevront le cierge allumé, symbole de la Lumière de l’Esprit Saint. Tels des porteurs de la lumière de foi dans leur vie, ils participent à la liturgie eucharistique et communient pour la première fois.

Ce qui est beau à voir et non moins significatif, c’est la joie rayonnante de ces nouveaux baptisés. Cette émotion profonde et toute simple mais qui en dit long sur la transformation humaine et spirituelle qu’ils sont en train de vivre. Ils sont les mêmes hommes, les mêmes femmes qu’auparavant mais « tout autres » quand même puisque résolument disciples de Jésus de Nazareth.

 

Vous retrouverez tous ces éléments, avec, si vous le désirez, des petites vidéos pour chaque jour saint, sur le site de la Conférence des Evêques de France :

https://eglise.catholique.fr

 

Lien  :  Qu’est-ce que le Triduum pascal ? – Église catholique en France

 

 

 

 

 

 

 




Dimanche de Pâques (Jn 10, 1-9) – par Francis COUSIN

    « Christ est ressuscité !

Christ est vraiment ressuscité !

Alléluia ! Rendons gloire à Dieu !

 

Depuis le mercredi des cendres, soit un peu plus de quarante jours, la liturgie ne nous permettait pas d’utiliser ce mot « Alléluia ! » … On s’y fait, mais cela nous fait du bien de pouvoir à nouveau le chanter …

Mais ce n’est pas le plus important en ce jour de Pâques, c’est la joie de fêter la résurrection de Jésus.

C’est la plus grande fête de l’année, …pas seulement pour les chrétiens, mais pour tous les humains, quelle que soit leur religion … ou leur absence de religion.

Car Jésus est mort, lui le Fils de Dieu, Dieu fait homme, comme tous les humains … Et heureusement pour nous, dans des circonstances que la plupart des gens n’ont pas eu à subir et n’auront pas à subir …

Mais Dieu l’a ressuscité, et par lui la vie a vaincu la mort : Jésus est vivant, et il le restera toujours. Il l’a dit lui-même : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Mt 26,20), non pas sur terre, mais dans le ciel, auprès de son Père, là où il était avant de naître de la Vierge Marie.

À la différence de certaines personnes citées dans les évangiles, comme Lazare, la fille de Jaïre ou le fils de la veuve de Naïm, que Jésus à rendu à la vie, mais qui, comme tout le monde, ont vu un jour leur vie terrestre se terminer … une deuxième fois.

Dans le passage d’évangile qui a été lu, on voit trois personnages qui vont aller vers le tombeau où Jésus avait été mis par Nicodème.

La première, Marie-Madeleine, qui avait vu où était le tombeau le soir du vendredi, se lève de grand matin, avant le lever du soleil. C’était encore les ténèbres de la nuit … et les ténèbres dans son cœur …

Soudain, elle s’arrête nette : la pierre qui fermait le tombeau a été enlevée …

Elle n’a jamais pensé à une résurrection … !

Pour elle, une seule possibilité : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau. ».

Ni une, ni deux, elle ne va pas plus loin. Elle retourne à Jérusalem prévenir Pierre et Jean à qui elle annonce la nouvelle, ajoutant : « On ne sait pas où on l’a mis. ».

Affolement des deux apôtres qui ne prennent même pas la peine de prévenir les autres.

Ils courent tous les deux vers le tombeau … Mais Jean, plus jeune, arrive le premier. Il n’entre pas. Mais il jette quand même un coup d’œil … et il voit que les linges sont affaissés et le suaire enroulé à sa place.

Quand Pierre arrive, il entre directement, tout de suite, et regarde attentivement. … mais il n’en tire aucune conclusion.

Alors Jean entre à son tour dans le tombeau : il constate, et comprend : les linges n’ont pas été tirés, bougés, le corps n’a pas été bousculé … le corps a disparu sans rien toucher, il s’est volatilisé …

L’hypothèse de l’enlèvement présenté par Marie-Madelaine n’est pas possible !

Une seule solution : Jésus est ressuscité, comme il avait dit : « Et le troisième jour, il ressuscitera. » (Mt 17,23).

« Il vit, et il crut. » … et cela sans avoir rencontré Jésus ressuscité : il ne le verra que le soir de ce jour. C’est par la foi qu’il a cru … et par l’amour de Jésus …

Et il en est de même pour nous. Si nous croyons que Jésus est ressuscité, c’est uniquement par la foi … étayée par une multitude de croyants qui nous ont précédés … et par les paroles de ceux à qui Jésus est apparu : les apôtres, les pèlerins d’Emmaüs, St Paul … et plus près de nous, sainte Marguerite-Marie Alacoque, sœur Faustine, Padre Pio …

Soyons assurés de la présence de Jésus parmi nous, comme il l’a dit … même si nous ne le voyons pas …

Il nous aime … beaucoup plus que nous ne pouvons l’aimer …

Rappelle-toi qu’ai jour de ta victoire

tu nous disais : « Celui qui n’a pas vu

le Fils de Dieu tout rayonnant de gloire

il est heureux, si quand même il a cru ! »

Dans l’ombre de la foi, je t’aime et je t’adore

Ô Jésus ! Pour te voir, j’attends en paix l’aurore

que mon désir n’est pas

de te voir ici-bas

Rappelle-toi …

 

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

 

                                                                                  Francis Cousin

 

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Pâques 1° B

 




Résurrection du Seigneur (Messe du jour – Jn 20, 1-9) – Homélie du Père Louis DATTIN

PÂQUES

Jn 20, 1-9

Vous venez d’entendre Saint Marc dans l’annonce de la Résurrection du Christ. Pour les premiers qui ont cru à la Résurrection, on peut dire que tout a commencé :

 . avec une question : « Qui nous roulera la pierre ? »

 . avec un constat surprise : le vide du tombeau

 . avec une peur panique qui tourne à la fuite

 . et enfin, avec une annonce étrange qui n’en finit pas de nous provoquer vingt siècles après : « Il est ressuscité ! Il est vivant ! »

Une question, un constat, une peur, une annonce, et c’est à partir de cette expérience et, sur leur parole, que nous aussi, nous osons croire qu’il est ressuscité !

Et d’abord, une question : Marie de Magdala, mère de Jacques et Salomé la formulaient ainsi « Qui nous roulera la pierre ? ».

Nous aussi, nous sommes anxieux. Nous voyons actuellement et nous assistons impuissants à des événements et nous vivons des situations dans lesquelles il nous semble que nous sommes dépassés. Il y a dans cette question un lourd poids d’anxiété :

 – c’est le cri de notre impuissance, lorsque tous les jours, nous apprenons que les hommes se haïssent, qu’ils profanent les biens des autres, le patrimoine de notre création, qu’ils saccagent notre civilisation, qu’ils ne tiennent aucun compte des valeurs auxquelles nous sommes les plus attachés

– c’est le cri de l’impuissance en face de ce mur de pierres tombales derrière lesquelles la mort semble nous enfermer définitivement.

« Qui nous ouvrira ce mur ? Qui sera assez fort pour rouler cette pierre qui nous bouche l’avenir ? » Il n’y a personne actuellement qui soit capable de résoudre la situation. Alors, c’est nous qui sommes roulés (pas la pierre). En voyant ce que nous voyons actuellement, nous nous posons la question : « La vie ne serait-elle pas une farce ? », farce de l’homme bloqué et prisonnier de pierres trop lourdes pour être seulement déplacées, pierres trop lourdes de nos tombeaux d’égoïsme, d’orgueil, de magouilles, de haine, de mensonge.

Qui nous libèrera de tout ce qui pèse actuellement trop lourd dans nos vies ? Qui nous enlèvera ce qui risque de nous enfermer définitivement dans nos tombeaux ? C’est une bonne question, pour le jour de Pâques !

Ensuite arrive une surprise : le tombeau vide. Il était ouvert, ce tombeau, vide !… Ce vide que nous ressentons à certains jours où, sans avoir prié, sans s’être recueilli auparavant, nous avons vécu à l’extérieur de nous-mêmes, où nous avons essayé de le combler par la consommation de gadgets, de choses futiles et superficielles, ce vide que Marx pouvait définir ainsi : « L’homme n’est que du néant en sursis », ce vide que Jean-Paul Sartre pouvait résumer ainsi : « L’homme naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par hasard ».

Et cependant, nous pressentons autre chose : l’homme a un avenir, il a une destinée, sa vie a un sens c’est-à-dire, à la fois, une direction et une signification. Où est la vérité de la vie ? Où est la vérité de l’homme ? Pourquoi est-il sur terre ? Est-il appelé par quelqu’un ? Sommes-nous fruits du hasard donc de l’absurdité, fruit de la nécessité donc de l’esclavage ou fruit d’une liberté proposée à laquelle nous avons à répondre librement ?

Pascal, lui, fait ce constat : « L’homme dépasse l’homme ». L’homme est plus qu’un homme, la vie est plus que la vie, la vérité : plus que ce qu’on peut en connaitre ou en dire. Mais devant ce grand vide : celui de nos espaces, le vide de nos vies, le vide de la mort, nous sommes comme les femmes de l’Evangile après la question et la surprise.

 Après la surprise, la peur : qui d’entre nous, à certains moments de sa vie, il n’y a pas si longtemps peut-être, et encore maintenant, n’a pas connu la peur ?

 . cette peur d’une humanité qui a perdu le sens d’elle-même,

 .  peur de l’homme sans boussole ni sextant, au milieu de l’océan,

 . peur de ces menaces, soit naturelles comme celles d’un cyclone soit humaines comme celles des troubles civils,

 . peur de vivre perdu dans un monde insécurisé où nous ne trouvons pas de réponses à toutes nos questions,

 . peur devant ce qui semble nous dépasser.

Et dans ce contexte-là, avec nos questions, nos constats, nos peurs, voilà qu’encore une fois, nous entendons, comme les femmes d’hier, une annonce étrange, bouleversante et qui ne cesse de nous provoquer « Il est ressuscité ! ». Mais comment y croire ?

Voici l’annonce, annonce provocante ! Est-elle si incroyable ? Celui-là même qui est ressuscité nous a pourtant pris une comparaison toute simple, avant de mourir : « Regardez le grain de blé, il meurt dans la terre et de sa mort, jaillit le fruit qui fait vivre ».

C’est vrai, la vie peut jaillir de la mort, ce n’est pas incroyable puisque c’est inscrit aussi dans la nature. Nous pressentons aussi qu’il y a en nous, quelque chose de plus grand que la mort et même plus grand que la vie… et c’est l’amour : tous les amoureux le savent bien, qui voudraient que leur amour dure toujours, éternellement ! Oui, nous sommes faits pour cela ! Ce père de famille qui, peu de temps avant sa mort, disait à son enfant : « Vois-tu, ce n’est pas mourir qui est dur, c’est de quitter ceux qu’on aime ». Autrement dit : l’amour est plus grand que la mort et l’on peut perdre la vie humaine, mais pas l’amour que nous avons donné, et celui que nous avons reçu.

« L’amour, affirme St-Paul, ne passera jamais ! » et c’est vrai, qu’en ce jour de Pâques, nous pouvons dire avec un grand théologien :

« Il est arrivé quelque chose à la mort depuis que le Christ l’a subie » et c’est l’amour qui a fait cela ! Lorsque, du haut de la croix, Jésus dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », il nous révèle que l’amour est plus grand et plus fort que le mal. C’est à nous d’y croire : c’est l’amour qui rend vivants, qui nous fait ressusciter et déjà sur la terre, et déjà dans notre vie “Il est ressuscité !”.

Voulez-vous savoir si vous croyez vraiment que Jésus est ressuscité ? Alors, répondez à 2 questions :

. La 1ère : Avez-vous envie de ressusciter ? Avez-vous envie de ressusciter à une vie qui vaudrait la peine d’être vécue pour toujours, avec les autres, avec le Christ, avec Dieu ? Oui ou non ?

 

. La 2e : Avez-vous envie de ressusciter les autres, c’est-à-dire de leur donner un peu de votre vie, un peu du « meilleur de vous-même », les aider à ressusciter, eux aussi, à leur tour et cela, dès maintenant, parce qu’ils n’ont pas eu leur compte de vie, leur compte de bonheur ?

Jean l’apôtre, un des premiers à avoir cru à la Résurrection de Jésus, a ce mot décisif : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie lorsque nous aimons nos frères ». Nous croyons vraiment à la Résurrection quand nous nous mettons à aimer nos frères.

Frères et sœurs, c’est dans cette expérience-là : l’amour partagé, le pain partagé (rappelez-vous les compagnons d’Emmaüs) que la Résurrection du Christ ne nous paraîtra ni étrange ni étrangère, « c’est là que le Christ ressuscité nous précède » comme il l’avait annoncé. AMEN

 




Rencontre autour de l’Évangile – Dimanche de Pâques (Messe du jour – Jn 20, 1-9)

« CHRIST EST RESSUSCITE ! »

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jn 20, 1-9)

Le chapitre 20 de l’évangile de Jean est tout entier consacré aux récits des apparitions de Jésus ressuscité. Le chapitre précédent s’est terminé par l’ensevelissement du corps de Jésus, qui s’est fait à la hâte parce que le vendredi soir (première heure du sabbat) la préparation de la Pâque juive allait commencer.

Soulignons les mots importants

Le premier jour de la semaine : Quel est ce jour ? Qu’est-ce qu’il signifie ? Quelle est son importance pour nous ?

Marie de Magdala : la connaissons-nous ? Où était-elle au moment de la crucifixion ? Quelle est la raison de sa présence au tombeau de grand matin ?

La pierre a été enlevée : Le texte ne dit pas par qui. Jean laisse le lecteur en réflexion.

Simon-Pierre et l’autre disciple : Quel a été le comportement de ces deux disciples durant la passion de leur Maître ?

Il voit que le linceul (les linges) est resté là : C’est à dire ?

Jean n’entre pas…Simon Pierre entre : Pourquoi Jean laisse Pierre entrer le premier dans le tombeau ?

Le linge qui avait recouvert la tête roulé à part : comment comprendre ce « roulé à part » ?

Il vit et il crut : Qu’est-ce que « le disciple que Jésus aimait » voit ? Et qu’est-ce qu’il croit ?

Jusque là les disciples n’avaient pas vu… : c’est à dire ?

Ressuscite d’entre les morts. : Pourquoi les disciples n’avaient pas compris le sens de cette expression, alors que la résurrection faisait partie de la foi d’Israël : rappelons-nous la foi de Marthe. ?

 

Pour l’animateur        

  • Le premier jour de la semaine : nous sommes au lendemain du sabbat, (premier jour de la semaine juive). C’est le premier jour des temps nouveaux ! C’est définitivement le Jour de la Résurrection, le Jour du Seigneur (Dies Dominica = dimanche). Le jour où le Ressuscité donne rendez-vous à tous ses disciples. C’est le Jour des Chrétiens.

  • La visite de Marie Madeleine au tombeau est une démarche de tendresse et de piété, une démarche de deuil, (semblable à la présence de Marie sœur de Lazare auprès du tombeau de son frère.)

  • La pierre a été enlevée: Jean préserve le mystère de l’intervention de Dieu qui s’est déroulée sans témoins avant la venue de Marie.

  • Pierre et le disciple que Jésus aimait: Tous les deux sont présents depuis le début de la Passion de Jésus dans une grande proximité avec lui : proximité douloureuse pour Pierre, fidèle pour l’autre disciple.

  • La façon dont les linges sont « restés là», en ordre, atteste que le corps de Jésus n’a pas été volé, mais que Jésus s’en est allé, laissant ses habits dans l’ordre et la place où il les portait. A la différence de Lazare qui sort de son tombeau vêtu, Jésus n’a plus besoin de vêtements, puisqu’il quitte le monde des humains. Son humanité est toute transfigurée en lumière.

  • Dans la découverte de la Résurrection, Pierre et l’autre disciple sont encore ensemble et actifs. Jean est plus empressé, et sa foi plus rapide aussi « il voit et il croit » : Jean fait le passage de ce qu’il voit à la foi en Jésus ressuscité. C’est son expérience pascale. Tandis que Pierre est seulement étonné.

  • Cependant, l’autre disciple laisse Pierre entrer le premier: en tant que chef des Douze, c’est à lui de constater le premier : pour l’Eglise primitive, Pierre devient ainsi un témoin indiscutable. Cela n’empêche que l’autre disciple est le premier à adhérer au Seigneur.

  • Jusque-là les disciples n’avaient pas vu: Les Écritures jusque-là, ne les avaient pas convaincus que Jésus devait triompher de la mort de cette manière.

  • Les croyants d’Israël au temps de Jésus croyaient à la résurrection générale à la fin des temps ; mais il était hors de question que quelqu’un puisse ressusciter « d’entre les morts» avant la fin des temps.

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :     

Seigneur Jésus Ressuscité, le premier jour de la semaine, c’est le Jour que tu as fait pour nous, jour d’allégresse et jour de joie ! Fais que notre foi soit comme la foi du disciple que tu aimais, une foi sans hésitation, une foi qui transforme toute notre vie, qui chasse nos peurs et nos doutes. Que la foi de l’Eglise, qui repose sur celle des apôtres, soutienne notre foi.

 

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Le Christ ressuscité est à l’œuvre dans la vie des hommes :

Savons-nous le reconnaître :

Dans cet homme habituellement dur et égoïste qui se met à agir avec bonté et douceur ?

Dans cette mère de famille qui, submergée par les soucis du ménage et des enfants, rayonne pour tant d’une joie profonde ?

Dans ce jeune qui, dépassant son appétit de plaisir, consacre ses forces à susciter une vraie amitié entre copains ?

Ou dans ce jeune qui, aidé par ses copains, arrive à sortir de la drogue ?

Dans cet incroyant qui étonne par son sens de la justice et son souci des pauvres ?

Dans cette paralysée qui supporte si sereinement son état misérable ?

Dans ce vieillard qui attend la mort avec une calme espérance en l’amour de Dieu ?

…Savons-nous « voir et croire » comme le disciple bien-aimé ?

 

Ensemble prions

Chant : Jésus tu es ressuscité (carnet paroissial  p.206)

Béni sois-tu, Seigneur, Dieu notre Père!

Alors que nous étions morts dans notre péché,

tu nous fais revivre avec le Christ,

avec lui tu nous ressuscites,

avec lui tu nous fais régner dans le ciel.

Nous te prions: donne-nous de vivre désormais non plus comme des étrangers au Royaume, mais comme des familiers de la maison de Dieu. Que toute notre vie de ressuscités annonce l’amour que tu offres à tous les hommes et la joie dont tu veux illuminer leur vie, par ton Fils Jésus Christ, notre vie et notre Résurrection. Amen

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : Pâques 2024

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Dimanche de Pâques (Lc 24,13-35) – Diacre Jacques FOURNIER

« Christ est Ressuscité ! Le crois-tu ? »

Après les évènements de la Passion et de la mort de Jésus, deux disciples quittent Jérusalem pour un village appelé Emmaüs, distant d’environ une douzaine de kilomètres. Ils sont « tout tristes ». Mais le Christ Ressuscité les rejoint, et il entame la conversation avec eux… C’est bien lui, mais dans une condition « tout autre », insaisissable par nos seuls sens corporels. Pour le reconnaître, il faut un regard de foi, un regard du cœur…

Pour l’instant, ce n’est pas le cas… Ils ont pourtant bien entendu le témoignage des « femmes de leur groupe » qui les « ont remplis de stupeur. Dès l’aurore, elles sont en effet allées au tombeau et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont ensuite venues leur dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant ». Mais ils ne les ont pas crues… Les Apôtres eux aussi avaient trouvé leurs propos « délirants » !

« Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau », lui disent-ils, « et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Et comme eux, ils n’ont toujours pas cru…

Le Christ « leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait ». Et pendant qu’il leur parlait, l’Esprit Saint, « l’Esprit de Vérité, lui rendait témoignage » (Jn 16,26), en communiquant à leur cœur un « quelque chose » propre à Dieu, un « quelque chose » de l’ordre de sa Vie, de sa Paix, de son Amour (1Jn 5)… Plus tard, ils s’en souviendront en disant : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

            Mais pour l’instant, s’ils vivent bien ce « quelque chose », ils ne le comprennent pas encore… Et pourtant quel bonheur d’être avec lui… Aussi, quand Jésus fit mine d’aller plus loin, ils le supplièrent : « Reste avec nous, le soir tombe »… Jésus n’attendait que cela… Comme lors de son dernier repas, juste avant sa Passion, « il prit le pain, prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. » Cette fois, « leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards ». Qu’importe ! Ils ont reconnu l’impensable : Christ est Ressuscité, il est avec eux jusqu’à la fin du monde. Et leur regard de foi, leur regard du cœur, désormais bien ouvert, saura reconnaître dorénavant sa Présence à leurs côtés, bien au delà des seules apparences…

                                                                        D. Jacques Fournier




Groupes Cycle Long « Saint Denis » (03/2024)

Samedi 16 mars…

Dimanche 17 mars…

Temps de Carrefour

L’équipe de Service…




Conférence Carême 2024 : « Le Notre Père, prière d’espérance » par Fr. Manuel Rivero O.P.

Cathédrale de Saint-Denis/ La Réunion, le 20 mars 2024.

 

Le « Notre Père », prière d’espérance. Pourquoi ? Parce que c’est la prière du désir profond de l’homme.

Saint Thomas d’Aquin (+1274) souligne les trois questions fondamentales de l’existence humaine : qu’est-ce que je dois croire ? ; qu’est-ce que je dois faire ? qu’est-ce que je dois désirer ? Le Credo nous révèle ce que nous avons à croire ; la Loi d’amour de Dieu et du prochain comme de soi-même nous indique ce que nous devons faire et le Notre Père nous éclaire sur ce que pouvons désirer : désirer que le Nom de Dieu soit sanctifié, que son Règne vienne et que la volonté de Dieu se fasse partout sur la terre comme elle est accomplie au Ciel chez les saints. Nous demandons aussi ardemment que le pain quotidien de la Parole de Dieu et de l’eucharistie nous soit accordé sans oublier évidemment la nourriture tout court nécessaire à la survie de notre corps ; nous désirons le pardon et la délivrance du mal et du Malin.

Tout d’abord, le Notre  Père est une prière qui jaillit du fond de l’âme par la grâce de l’Esprit : « Il n’y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais une eau vive qui murmure et dit en moi : « Viens vers le Père », s’écriait saint Ignace d’Antioche (+115) à l’approche du martyre.

La prière vient de Dieu. Dieu est le premier à prier parce que la prière est un dialogue d’amour et de sagesse. Notre Dieu n’est pas solitaire mais dialogue, échange entre le Père et le Fils dans la communion de l’Esprit Saint.

Prier ne veut pas dire réciter des formules mais entrer dans la prière du Fils au Père grâce à l’action de l’Esprit Saint. Saint Paul le précise à deux reprises dans ses lettres aux Galates et aux Romains : « Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : « Abba ! Père ! » (Rm 8, 15) ; « La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie :  « Abba, Père !»   (Ga 4,6).

L’Esprit Saint, le Maître intérieur, éveille la prière et il conduit au Fils de Dieu, Jésus-Christ, dans une attitude filiale.

Jésus lui-même nous a enseigné à prier le Notre Père en réponse à la demande des disciples qui jalousaient les prières transmises par Jean le Baptiste :  « Apprends-nous à prier comme Jean le Baptiste le fait envers ses disciples » (Lc 11, 2-4). Et ce jour-là, Jésus prononça le Notre Père qui dans l’évangile selon saint Luc comporte quatre demandes et dans celui de saint Matthieu sept demandes (cf. Mt 6, 9-13). C’est cette dernière version qui a été retenue par la liturgie chrétienne.

Jésus nous enseigne la fécondité de la prière : « Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; et à qui frappe on ouvrira » (Lc 11, 9-10).

En réponse aux demandes, « Dieu le Père donne l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient » ( Lc 11,13). Prier c’est demander Dieu à Dieu. La prière est ainsi toujours féconde car par elle le Père répand l’Esprit de son Fils dans nos cœurs.

La prière du chrétien devient « gémissement  ineffable » (Rm 8, 22) de l’Esprit Saint lui-même en l’humanité « en travail d’enfantement ».

S’il est vrai que l’homme plaide pour sa cause auprès de Dieu, c’est surtout Jésus, notre avocat, qui intercède pour nous (cf. 1 Jn 2, 1). L’Esprit Saint, consolateur, intercède aussi pour les croyants. La Vierge Marie, modèle de prière, est appelée « Advocata nostra », « notre avocate », dans le Salve Regina.

Dieu demeure le premier et le principal protagoniste de notre prière. Et  les saints veillent aussi sur nous dans la prière.

La prière nourrit l’espérance en Dieu. Le Seigneur a agi en libérateur hier dans l’histoire et il agira demain et aujourd’hui. Dans l’aujourd’hui de Dieu vécu dans la prière, l’Église affermit son espérance en Dieu fidèle.

Le but de la prière est l’acquisition du Saint Esprit. Prière de désir : « Viens, Esprit Saint, emplis les cœurs de tes fidèles, et allume en eux le feu de ton amour » (Séquence de Pentecôte).

Nous comprenons sans peine que certains manuscrits anciens du Notre Père en grec aient mis à la place de la demande « Que ton Règne vienne » : « Fais venir ton Esprit Saint sur nous, et qu’il nous purifie », probablement sous l’influence d’une liturgie baptismale.

L’Esprit Saint reçu dans la prière devient la vie de Dieu au cœur de la liturgie sacramentelle, de la prière familiale et de la prière personnelle. Tertullien (+240) voyait dans le Notre Père le résumé de tout l’Évangile. Prière brève et parfaite qui nourrit l’espérance au milieu des combats spirituels contre le découragement et les tromperies du Tentateur. Le Notre Père est aussi appelé l’« oraison dominicale », c’est-à-dire « la prière du Seigneur », enseignée et donnée par Jésus lui-même, notre Seigneur. C’est aussi la prière des assemblées chrétiennes qui traditionnellement priaient trois fois par jour le Notre Père à la place de la prière de « Dix-huit bénédictions » de la spiritualité juive.

Le Notre Père éduque et oriente les désirs de l’homme : « Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions », écrit l’apôtre saint Jacques (Jc 4, 2-3). Dans le Notre Père, le fidèle demande l’accomplissement de la volonté de Dieu en lui et cette volonté n’est rien d’autre que l’amour fraternel : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34), demande Jésus à la dernière Cène.

Abordons maintenant phrase par phrase le Notre Père.

« Notre Père », disons-nous et non pas « mon Père », car nous prions pour toute l’Église et pour l’humanité,  prière universelle, catholique. Prière qui nous met en mouvement dans la montée de l’Église vers Dieu. Prière d’espérance dans l’attente de la rencontre avec le Christ lors de l’achèvement de l’histoire humaine. Le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, finit dans le désir et l’espérance  : « Viens Seigneur Jésus », « Marana tha » (Ap 22,20).

« Père »

Jésus a prié son Père en l’appelant « Papa », « Abba », en sa langue maternelle, l’araméen. Le Notre Père nous introduit dans le moi profond de Jésus, son moi filial, révélé dans la prière sacerdotale au chapitre 17è de l’Évangile selon saint Jean : « Père, l’heure est venue ». C’est pourquoi le Notre Père commence dans l’adoration de Dieu plutôt que dans la prière de demande. Prière de bénédiction aussi en communion avec la prière de Jésus : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre » (Mt 11, 25). Jésus se réjouit de la révélation faite aux pauvres et aux petits tandis que les forts et les intelligents de ce monde sont restés enfermés dans leur rêve de toute-puissance. Le Notre Père nous révèle aussi à nous-mêmes en tant que fils de Dieu et frères et sœurs de Jésus, notre frère aîné.

Quand nous disons « Notre Père » nous ne pensons pas uniquement au Père créateur, source de vie, mais au Père de Jésus, qui devient notre Père comme le Ressuscité de Pâques l’a révélé à Marie Madeleine dans le jardin de Jérusalem : « Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père » (Jn 20,17).

« Qui es aux cieux »

Il ne s’agit pas d’un lieu mais de la majesté de Dieu qui est partout et au-delà de tout.

Les Pères de l’Église voient aussi dans le mot « cieux » la présence de Dieu dans les saints glorifiés dans la demeure céleste.

Nous trouvons dans cette prière sept demandes. Les trois premières nous tournent vers la Gloire de Dieu : « ton Nom », « ton Règne », « ta volonté ». Elles nous font partager le désir ardent de Jésus voire son angoisse comme à Gethsémani : « Que ton Nom soit sanctifié » ; « que ton Règne vienne » ; « que ta volonté soit faite ». Prières d’espérance en son accomplissement final. Le Notre Père est prié entre le « déjà là » et le « pas encore ». Jésus a déjà sauvé et sanctifié l’humanité mais pas encore dans sa plénitude qui se réalisera quand Dieu sera « tout en tous » (1 Cor 15, 28).

Les quatre autres demandes concernent le temps présent : « donne-nous » ; « pardonne-nous » ; « délivre-nous ».

« Que ton nom soit sanctifié »

Dans la Bible le nom désigne la personne. Dieu est saint. Seul Dieu est saint.

Que voulons-nous dire alors par « sanctifier le Nom de Dieu » ? Dieu saint sanctifie. Nous le sanctifions quand nous le célébrons comme Dieu saint dans la prière et la charité.

Nous sanctifions le Nom de Dieu quand nous le prions et chaque fois que nous en témoignons par le pardon, l’amour fraternel et le travail bien fait au service du bien commun.

Nous le sanctifions aussi par la transmission de l’Évangile dans la prière en famille, « église domestique », par la catéchèse et la prédication.

 

« Que ton Règne vienne »

Le Règne de Dieu n’est rien d’autre que Dieu lui-même présent en son Église, Corps du Christ.

C’est l’Esprit Saint qui fait advenir le Règne de Dieu. Comme nous le prions dans la prière eucharistique IV, c’est lui « qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification ».

Saint Paul révèle le Règne de Dieu qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17).

Les amoureux disent « viens ». L’Église, Épouse du Christ, dit « viens ». L’anamnèse à la suite de la consécration lors de la célébration eucharistique manifeste l’attente de l’Eglise qui désire dans l’espérance le retour du Seigneur Jésus en gloire : « Quand nous mangeons ce Pain et buvons à cette Coupe, nous annonçons ta mort, Seigneur ressuscité, et nous attendons que tu viennes ».

 

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »

« Si quelqu’un fait la volonté de Dieu, celui-là Dieu l’exauce », enseigne Jésus (Jn 9,31). Quelle est cette volonté divine pour chacun de nous ? Il s’agit de croire en Jésus, l’Envoyé du Père, et de nous aimer comme il nous aime. L’accomplissement de la volonté divine dans la foi et l’amour est bien la condition sine qua non pour que notre prière devienne féconde par l’action de l’Esprit Saint.

Cette demande du Notre Père concerne chaque chrétien et toute la terre, car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité » (1 Tim 2,4).

C’est à Gethsémani, la veille de sa Passion, que Jésus a prié dans l’effroi et l’angoisse : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14, 36). La coupe représente la communion du Père et du Fils dans le projet du salut de l’humanité par le sacrifice de la Croix, acte suprême d’amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » (Jn 15,13).

Lors des mariages, les conjoints boivent à la même coupe en signe d’union des volontés et de partage de la même destinée.

Maître Eckhart, grand mystique dominicain de l’École rhénane à la fin du XIIIè siècle, a commenté de manière lumineuse l’obéissance de Jésus comme fondement de l’obéissance des chrétiens dans l’accomplissement de la volonté de Dieu[1]. Dans des conférences données aux frères novices dominicains en Allemagne, Maître Eckhart montre comment Dieu entre dans l’âme des fidèles qui renoncent à faire leur volonté propre, à leur ego dominateur : « Là où je ne veux rien pour moi, Dieu veut pour moi ».

Nombreux sont ceux qui cherchent et demandent des prières efficaces, des neuvaines magiques faites à des saints influents dans la Cour céleste. Maître Eckhart tranche ce débat en montrant que l’efficacité de la prière ne relève pas des formules employées mais de l’esprit qui renonce à son amour propre : « Plus l’esprit humain est renoncé, plus la prière et l’œuvre sont fortes, dignes, utiles, louables et parfaites ».

C’est pourquoi le premier mot de l’aventure spirituelle est « quitte ». Abraham a quitté son pays ; le jeune de l’Évangile qui a eu peur de quitter ses biens a sombré dans la tristesse, mais surtout il s’agit de se quitter soi-même. C’est en se quittant soi-même que l’homme reçoit la paix. Il serait vain d’aller dans un ermitage ou au désert à la recherche de la paix intérieure tout en voulant faire sa propre volonté. La première des béatitudes, fondement de toutes les autres, part de la pauvreté d’esprit (Mt 5,3). Pour suivre Jésus, il faut se quitter soi-même (Mt 16,24).

La Vierge Marie brille comme modèle de foi. À l’Annonciation, elle se remet à la volonté de Dieu. Marie ne dit pas « je ferai ceci ou cela », mais elle répond au message de l’ange Gabriel : « Qu’il me soit fait selon ta parole », c’est-à-dire que la volonté de Dieu s’accomplisse en moi. Et Maître Eckhart de commenter : « Aussitôt que Marie eut abandonné sa volonté, elle devint la vraie mère du Verbe éternel et elle conçut Dieu immédiatement « (Lc 1,26s). « Plus nous nous appartenons, moins nous appartenons à Dieu », enseigne le mystique dominicain. A contrario, pour ceux qui cherchent à faire la volonté de Dieu, Dieu fait tout concourir à leur bien (Rm 8,28). Et saint Augustin d’ajouter à la lumière de son expérience de la miséricorde divine : « Oui, même le péché ». Même le péché peut rapprocher de Dieu si le pécheur demande pardon dans la joie d’être sauvé.

Dieu ne vole personne. Dieu donne et il se donne ; mais il ne se donne qu’à ceux qui font sa volonté de foi et d’amour. Dans ses entretiens aux novices dominicains, Maître Eckhart déclare : « L’homme doit apprendre en tous les dons à se désapproprier de lui-même, et à ne rien garder en propre, ni rien chercher, ni utilité, ni plaisir, ni intimité, ni douceur, ni récompense, ni royaume des cieux, ni volonté propre. Dieu ne s’est jamais donné et il ne se donne jamais dans un vouloir qui lui soit étranger. Il ne se donne qu’à sa propre volonté. (…) Plus nous nous désincorporons de nous-mêmes, plus véritablement nous nous incorporons en lui ».

Saint Paul a célébré ce mystère du renoncement de Jésus dans son Épître aux Philippiens (Ph 2,6s). Jésus, de condition divine, s’est dépouillé de sa gloire et il s’est humilié, obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix. Maître Eckhart prend l’exemple du puits pour relier profondeur et hauteur, humilité et élévation : « Plus profond est le puits, plus haut est-il ; hauteur et profondeur, c’est un tout un ».

L’homme dépouillé trouve Dieu en toute chose et voit toute chose à la lumière de Dieu ; c’est dans cette attitude que réside la paix de l’âme : « Autant tu es en Dieu, autant tu es en paix, et autant tu es loin de Dieu, autant tu es loin de la paix » (Maître Eckhart ».

Ayant découvert la grâce de la paix intérieure, don de Dieu, Maître Eckhart ose écrire dans la lumière du renoncement de Jésus en sa Passion : « Ne te plains en rien, plains-toi seulement de ce que tu te plains encore et ne trouve pas ton contentement ». Il ne s’agit pas de dire « amen » à tout et à n’importe quoi, dans de s’unir à Jésus dans le renoncement à la volonté propre et de recevoir la gloire de la résurrection, au moment voulu par le Père.

 

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »

Dans sa règle, saint Benoît demande aux moines de prier et de travailler : « Ora et labora ».

Nous demandons à Dieu le pain quotidien et la force pour travailler. « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus », écrit saint Paul aux chrétiens de Thessalonique (2 Th 3,10).

L’ouvrier aussi bien que le chef d’entreprise ont besoin de l’aide de Dieu pour vivre aujourd’hui.

Nous demandons aussi à Dieu le Pain de Vie, la Parole de Dieu, et le Corps du Christ reçu dans l’Eucharistie.

 

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »

Dans le Notre Père, nous confessons dans l’espérance la miséricorde de Dieu et notre misère.

Nous serions bien ingrats et indignes si après avoir reçu le pardon de Dieu nous refusions ce même pardon à ceux qui nous ont fait du mal.

Jésus a pardonné même à ses ennemis qui l’ont cloué à la croix. Dieu nous demande de l’imiter.

Gardons dans notre cœur ce mot-clé de notre foi « comme ». Ce mot apporte l’identité et l’originalité de la foi chrétienne : aimer comme Jésus aime, être miséricordieux comme le Père est miséricordieux. Loin d’être une idée ou un idéal, la conjonction « comme » nous connecte à l’amour du Christ et dans le Christ au Père pour aimer et pardonner par la grâce de l’Esprit Saint.

 

« Ne nous laisse pas entrer en tentation »

Il nous arrive d’aimer et de chercher les tentations.

Nous demandons à Dieu de ne pas nous laisser emprunter la route du péché.

Dieu ne tente personne. Nous sommes tentés par notre propre convoitise (cf. Jc 1,14) qui nous pousse à posséder des biens et à manipuler les autres.

 

« Mais délivre-nous du mal »

Dans sa prière sacerdotale, que chapitre 17è de l’évangile selon saint Jean, Jésus prie : « Père, je ne te prie pas de les retirer du monde mais de les garder du Mauvais ».

Le démon existe. Nous pouvons discerner ses agissements au quotidien. Sa spécialité est de créer la division et l’embrouille, en montant les uns contre les autres au nom de grands principes de sa justice à lui. Le diable se déguise souvent en avocat, il offre ses services soi-disant pour nous aider, en réalité, le diable par ses séductions conduit toujours au malheur.

L’embolisme de la messe nous fait prier en communauté ecclésiale pour être délivrés du Mauvais : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps ; par ta miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur ».

 

La doxologie finale

La liturgie chrétienne se plaît à couronner le Notre Père par une doxologie où les fidèles glorifient et adorent Dieu vainqueur du prince de ce monde : « Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles. Amen ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Le père Festugière a traduit les enseignements donnés aux frères novices par Maître Eckhart sur l’obéissance : Discours sur le discernement, Arfuyen éditeur. 2003 ; traduction publiée auparavant dans La Vie spirituelle, 1982-1983.

 




Audience Générale du Mercredi 20 Mars 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 20 Mars 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 12. La prudence

Chers frères et sœurs, bonjour !

La catéchèse d’aujourd’hui est consacrée à la vertu de la prudence. Avec la justice, la force d’âme et la tempérance, elle forme ce que l’on appelle les vertus cardinales, qui ne sont pas l’apanage des chrétiens, mais appartiennent au patrimoine de la sagesse antique, en particulier des philosophes grecs. C’est pourquoi l’un des thèmes les plus intéressants du travail de rencontre et d’inculturation fut précisément celui des vertus.

Dans les écrits médiévaux, la présentation des vertus n’est pas une simple énumération des qualités positives de l’âme. Reprenant les auteurs classiques à la lumière de la révélation chrétienne, les théologiens ont imaginé le septénaire des vertus – les trois théologales et les quatre cardinales – comme une sorte d’organisme vivant, où chaque vertu a un espace harmonieux à occuper. Il y a des vertus essentielles et des vertus accessoires, comme des piliers, des colonnes et des chapiteaux. Ici, rien de tel peut-être que l’architecture d’une cathédrale médiévale pour restituer l’idée de l’harmonie qui existe dans l’homme et de son attrait perpétuel vers le bien.

Commençons donc par la prudence. Ce n’est pas la vertu de la personne craintive, toujours hésitante quant à l’action à entreprendre. Non, c’est une interprétation erronée. Il ne s’agit pas non plus de la simple prudence. Accorder la primauté à la prudence signifie que l’action de l’homme est entre les mains de son intelligence et de sa liberté. La personne prudente est créative : elle raisonne, évalue, cherche à comprendre la complexité de la réalité et ne se laisse pas submerger par les émotions, la paresse, les pressions, les illusions.

Dans un monde dominé par les apparences, les pensées superficielles et la banalité du bien et du mal, l’antique leçon de prudence mérite d’être retrouvée.

Saint Thomas, dans le sillage d’Aristote, l’appelait « recta ratio agibilium ». C’est la capacité de gouverner les actions pour les orienter vers le bien, d’où son surnom de « cocher des vertus ». Prudent est celui ou celle qui sait choisir : tant qu’elle reste dans les livres, la vie est toujours facile, mais au milieu des vents et des vagues de la vie quotidienne, c’est une autre affaire, nous sommes souvent incertains et ne savons pas quelle direction prendre. Celui qui est prudent ne choisit pas au hasard : il sait d’abord ce qu’il veut, puis il réfléchit aux situations, se fait conseiller et, avec une vision large et une liberté intérieure, il choisit la voie à suivre. Certes, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas faire d’erreurs, après tout nous restons des êtres humains, mais au moins il évitera les dérapages majeurs. Malheureusement, dans tous les milieux, il y a ceux qui ont tendance à écarter les problèmes par des plaisanteries superficielles ou à toujours susciter la controverse. La prudence, en revanche, est la qualité de qui est appelé à gouverner : il sait qu’administrer est difficile, qu’il y a de nombreux points de vue et qu’il faut essayer de les harmoniser, qu’il faut faire le bien non pas de quelques-uns mais de tous.

La prudence enseigne aussi que, comme on dit,  » le mieux est l’ennemi du bien « . Trop de zèle, en effet, dans certaines situations, peut provoquer du désastre : peut ruiner une construction qui aurait nécessité de la méthode ; peut générer des conflits et des incompréhensions ; peut même déclencher des violences.

La personne prudente sait conserver la mémoire du passé, non pas parce qu’elle a peur de l’avenir, mais parce qu’elle sait que la tradition est un patrimoine de sagesse. La vie est faite d’un chevauchement constant de choses anciennes et de choses nouvelles, et il n’est pas bon de toujours penser que le monde commence avec nous, que nous devons aborder les problèmes en partant de zéro.  La personne prudente est également prévoyante. Une fois que l’on a décidé du but à atteindre, il faut se donner tous les moyens d’y parvenir.

De nombreux passages de l’Évangile nous aident à éduquer la prudence. Par exemple : est prudent celui qui bâtit sa maison sur le roc et imprudent celui qui la bâtit sur le sable (cf. Mt 7, 24-27). Sages sont les jeunes filles qui portent de l’huile pour leurs lampes et folles celles qui n’en portent pas (cf. Mt 25, 1-13). La vie chrétienne est une combinaison de simplicité et de discernement. Préparant ses disciples à la mission, Jésus leur recommande : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes » (Mt 10,16). Comme pour dire que Dieu ne veut pas seulement que nous soyons des saints, il veut que nous soyons des saints intelligents, parce que sans la prudence, c’est facile de s’égarer !

* * *

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les jeunes provenant des établissements scolaires de France et leurs accompagnateurs.

Frères et sœurs, à l’école de saint Joseph, que nous venons de fêter, apprenons à redécouvrir les vertus de courage et de prudence afin d’accomplir efficacement notre mission de baptisés dans notre société actuelle.

Que Dieu vous bénisse !