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2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10) – Homélie du Père Louis DATTIN

Transfiguration

Mc 9, 2-10

En relisant cet épisode de la Transfiguration, je pensais à l’anecdote que me rapportait, un jour, une jeune maman : emmenant son petit garçon de 5 ou 6 ans à l’église, pour faire une prière, elle lui expliquait que Jésus était présent dans le tabernacle, jusqu’au jour où l’enfant, un peu las sans doute, lui répliqua : « Mais enfin, maman, pourquoi Jésus il fait toujours « coucou » et jamais « le voilà ».

Les enfants ont l’art, n’est-ce-pas, de poser naïvement les questions les plus radicales ! Au moment de la Transfiguration, les trois apôtres ont eu brusquement le sentiment que, cette fois-ci, c’était « le voilà« . Oui, « le voilà« , le Christ, le Fils du Père, s’entretenant avec Moïse et Elie c’est-à-dire avec les partenaires de l’Alliance de la Bible :

« le voilà » avec des vêtements resplendissants, nimbé d’une lumière telle qu’elle parait irréelle,

« le voilà« , le vrai visage de Jésus : c’est le visage même de Dieu,

« le voilà« , aussi, la nuée qui est le signe de l’Alliance,

« le voilà« , aussi cette voix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le », cette même voix qui répète ce qu’elle a déjà dit le jour du Baptême de Jésus, au Jourdain.

Ah ! C’est autre chose que la physionomie de cet homme grave qui parle de sa Passion prochaine, qui raconte qu’il va être mis à mort et que, pour cela, il doit monter à Jérusalem ! Ce n’est plus cet homme sévère qui vient de dire à Pierre : « Va- t- en loin de moi, Satan » parce qu’il avait osé dire que la Passion pouvait être évitée.

Oui, le voilà sous son vrai visage, un visage de lumière, bienveillant, souriant. Oui, c’est cela : c’est cela le sourire de Dieu, Dieu dans sa tendresse.

Or, savez-vous comment on dit « le sourire de Dieu » en hébreu ? ISAAC …et nous voici reportés à la première lecture, où, là encore, Dieu nous parait bien sévère, bien cruel, disons le mot : bien sadique.

« Prends ton fils, ton unique fils, celui que tu aimes, Isaac ; va au pays de Moriah et là, tu l’offriras en sacrifice sur la montagne que je t’indiquerai ». Un Dieu-amour, celui-là ! Un Dieu sourire, celui-là ! Un Dieu de tendresse ! Allons donc ! Pour celui qui ne connaît pas Dieu, ce texte est scandaleux. Comment un père peut-il admettre qu’un Dieu lui demande de tuer son enfant !

L’attitude d’Abraham nous paraitra moins extraordinaire si nous savons que les sacrifices d’enfants étaient pratiqués chez les peuples voisins d’Israël. Mais, ici, au contraire, Dieu veut sauver cet enfant pour montrer aux Israélites, par un exemple tiré de la vie de leur grand ancêtre, qu’il condamne de telles pratiques.

Oui, trop souvent, nous nous faisons des « images de Dieu » qui sont fausses, qui sont même païennes. Combien de chrétiens ont vécu avec, en eux-mêmes, l’image d’un Dieu justicier, d’un Dieu vengeur : « Dieu » est un Dieu tout autre que nous l’imaginons ! Abraham va découvrir un visage de Dieu qu’il ne connaissait encore : Dieu qui ne veut pas la mort de l’homme, mais l’offrande du cœur de l’homme, le visage d’un Dieu qui donne à nouveau son fils à Abraham, celui qui avait accepté de tout perdre.

Dieu est un Dieu de vie et non de mort. Dieu est un Dieu d’espérance. Dieu désire la construction de l’homme, d’un homme nouveau, enfin libéré de tout ce qui l’entrave pour en faire, enfin, un homme libre ! Nous avons à modifier nos images de Dieu.

Mais attention ! Ne nous y trompons pas, si déjà, à la Transfiguration, nous avons un avant-goût de la joie de Dieu : avoir sauvé l’homme, avant-goût de la Résurrection, avant-goût du triomphe définitif de Dieu sur le péché et sur le mal, lueur prématurée et prémonitoire de Pâques, nous savons aussi qu’il y a, pour y arriver, d’autres étapes à franchir et que, si Abraham, dans sa foi héroïque a pu entendre la Nouvelle Alliance de Dieu avec lui et avec sa descendance, ce fut au prix d’une épreuve sans nom, d’une souffrance indicible : il en fut de même pour Dieu. Et quand nous pensons à Abraham, voyant son fils Isaac gravissant la montagne, avec, sur son dos, le bois de l’holocauste, nous ne pouvons ne pas penser à Dieu, voyant son fils, son unique, celui qu’il aime, son autre lui-même, lui aussi, monter le Calvaire, portant sur son dos le bois de la Croix. Isaac s’étendra sur l’autel comme Jésus se couchera sur la Croix. Et ce n’est plus Abraham qui abandonne son fils, c’est Dieu lui-même qui livre la chair de sa chair ! Abraham, lui, entendit : « Ne porte pas la main sur l’enfant, ne lui fais aucun mal », « Tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ».

A la Passion, il en va autrement : la main des bourreaux n’est pas arrêtée, les clous se sont enfoncés, le sang humain et divin a coulé, on a entendu le Fils dire : « Père, pardonne-leur », puis la parole stupéfiante : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Oui, ce que Dieu a refusé à Abraham : la mort de son fils, Dieu l’a fait lui, par amour. Pour son propre Fils… il a été jusque-là ! «“Père, je remets mon âme entre tes mains » : c’est « l’Alliance, la Nouvelle Alliance ».

Une Alliance qui ne sera pas une évasion dans une contemplation devenue rêve : elle s’incarnera dans un visage, visage à la fois douloureux et pacifié, visage de Dieu que le centurion romain saura bien identifier : « Vraiment, celui-là était le fils de Dieu ».

Voilà jusqu’où va l’amour de Dieu ! La main d’Abraham a été arrêtée, immobilisée : « Ne porte pas la main sur l’enfant ».

La main de Dieu, elle, n’a pas été stoppée : ce que Dieu n’a pas réclamé à Abraham, il l’a fait lui-même, pour lui, pour nous « Il nous a livré son propre Fils » nous rappelle St-Paul, dans la seconde lecture, et accepté qu’il soit mis à mort pour nos péchés. Alors, dans ces conditions, comment pourrait-il, avec son Fils, ne pas nous donner tout ?

Qui accusera ? Qui pourra condamner puisque Jésus-Christ est mort et que, ressuscité, il intercède pour nous ? Devant ce visage du Christ, donné pour nous, livré pour nous, nous mesurons l’importance de l’Alliance de Dieu, un Dieu qui s’engage, pas seulement à protéger l’homme, à l’aider ou à le guider, mais un Dieu qui nous aime à ce point que c’est lui-même qui se livre et qui met en jeu sa propre vie pour le salut de son allié.

L’Alliance, dans la Bible, était toujours conclue par le sang : celui d’un agneau. C’est ce même sang qui avait protégé les Hébreux, la fameuse nuit de leur libération d’Egypte, sang sur le bois du linteau de la porte de la maison. Ce sang de l’agneau sur le bois, c’est maintenant celui de Dieu sur la Croix.

Mesurons, en dévisageant ce visage du Christ transfiguré,

la tendresse infinie de Dieu, jusqu’où va son amour pour nous ! AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10)

«  Celui-ci est mon Fils bien aimé : écoutez-le !« 

  

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Marc 9, 2-10)

Les disciples ont été profondément troublés quand Jésus leur a annoncé que le Messie devrait souffrir et passer par la mort. Jésus, comme pour les soutenir, leur révèle durant quelques instants sa gloire.

Le sens des mots

Pierre, Jacques et Jean : Connaissons-nous  un peu déjà ces trois disciples ? Pourquoi ce choix de Jésus ?

Une haute montagne : Que symbolise la ‘montagne’ dans la Bible ? Connaissons-nous une autre montage célèbre de la Bible ?

Transfiguré : Qu’est-ce que Jésus laisse entrevoir dans ce changement d’aspect de sa personne ?

Ses vêtements devinrent resplendissants… d’une blancheur… :  D’où vient cette lumière éclatante ? Quel est le symbole de la blancheur ?

Elie et Moïse : Que viennent faire ces deux personnages et que représentent-ils ?

Rabbi : Pourquoi Pierre s’adresse à jésus avec ce titre ?

Une nuée : Connaissons-nous d’autres passages de l’Écriture où l’on signale la présence d’une nuée ? Que signifie cette nuée ?

Une voix : Qui est-ce qui parle ?

Mon Fils bien-aimé :

Le Fils de l’homme : Jésus se nomme volontiers avec ces mots.

Ressuscité d’entre les morts.

 

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Je veux regarder, Seigneur Jésus, ton visage défiguré dans celui des hommes que le péché, l’indifférence ou le mépris ont mutilé : ces enfants au foyer désuni, ces jeunes sans espérance d’avenir professionnel, ces vieillards laissés de côté, ces peuples affamés…et dans mon propre visage que l’égoïsme et l’orgueil défigurent si souvent.

Je veux regarder ton visage transfiguré dans celui des hommes fraternels, ces papas et ces mamans qui se donnent par amour pour leurs enfants, ces chrétiens qui aiment leur Église et qui s’engagent pour la rendre plus vivante et plus rayonnante, ces visiteurs d’hôpitaux.

  

Pour l’animateur  

Jésus entraîne avec lui le trio de ses préférés. Eux seuls ont pu entrer avec Jésus dans la chambre de la jeune fille morte que Jésus a rappelée à la vie (Mc 7, 35-43). Seuls encore ils seront les témoins privilégiés de l’agonie de leur maître (14,33-34). Pourquoi ce choix ? Parce que Jésus veut associer aux points forts de sa révélation ces trois apôtres parce qu’ils sont appelés à devenir les piliers de son Église.

Cette « haute montagne » : (la tradition pense que c’est le mont Thabor en Galilée. Les spécialistes pensent plutôt au mont Hermon, une montagne enneigée au nord de la Palestine.)

Mais en fait, dans la Bible la montagne est le lieu symbolique de la manifestation de Dieu. Nous pensons au mont Sinaï, ou Dieu a rencontré Moïse dans une proximité restée célèbre. (Ex. 24,12-18)

Jésus est transfiguré : c’est le dévoilement par Jésus du secret profond de sa vie : sa divinité cachée derrière son humanité. Jésus est comme transformé. Les vêtements dans la Bible désignent la personne elle-même. Le vêtement blanc signale la gloire de la gloire divine chez les anges (Mc 16,5) ou les élus (Ap, 3,5). La lumière et la blancheur qui l’enveloppent sont le rayonnement de la divinité de Jésus qui habituellement est cachée. Jésus, dans sa vie de tous les jours, a l’aspect d’un homme ordinaire.

Moïse et Élie : Moïse est le père de la Loi juive qu’il a reçue sur le Sinaï. Plus tard, le grand prophète Élie fit un pèlerinage sur la même montagne sainte pour y rencontrer le Dieu vivant. Ils sont réunis tous les deux avec Jésus pour représenter la Loi et les Prophètes, c’est à dire la totalité des Écritures. Leur présence témoigne que Jésus accomplit en sa personne toutes les promesses de l’Ancien Testament.

Rabbi : c’est le Maître qu’il faut suivre dans son enseignement. Pierre ne comprend pas le sens profond de l’événement que Dieu lui donne de vivre.

La vison de la nuée achève de compléter le sens de la manifestation divine : dans l’Exode, la nuée lumineuse signifiait la proximité de Dieu qui marchait avec son peuple. Dieu se révèle présent aux hommes, mais il reste caché. La voix du Père, qui reste caché, révèle que Jésus le Messie et aussi son Fils bien-aimé. Le Père engage les disciples à poursuivre leur chemin en écoutant Jésus.  « Écoutez-le » : cela veut dire n’hésitez pas à le croire quand il annonce que le salut du monde passe par la souffrance et la Croix du Messie. Mais l’idée que quelqu’un pouvait « ressusciter d’entre les morts » était étrangère à l’esprit des disciples

Marc qui relit cet événement à la lumière de la Résurrection et de l’Écriture, veut encourager les chrétiens de Rome persécutés à tenir bon dans l’espérance.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie  

 Nous sommes les disciples du Christ : c’est à dire que le suivons.

Il y a des jours où le poids de la vie se fait plus lourd, où l’obscurité peut nous décourager. Pensons-nous à lever les yeux vers Jésus Ressuscité, tout en nous souvenons que lui aussi est passé par la nuit obscure de l’agonie ?

 Nous sommes les disciples du Christ : c’est à dire que nous le regardons comme notre Maître et nous l’écoutons, comme le Père des cieux nous le demande.

Jésus est-il vraiment notre seul Maître ? Qui écoutons-nous habituellement ? (Parfois ce que dit le Journal, comme si c’était La vérité ; nous écoutons tel « la di la fé », comme si c’était quelque chose de bon et de vrai ; nous écoutons tel personnage, dans un magazine, dans une émission radio, comme si ce qu’il disait était parole d’évangile.) Écouter notre Maître, c’est prendre au sérieux sa parole. C’est prendre au sérieux l’enseignement de l’Église. C’est discerner dans l’Esprit-Saint ce qui est bon, ce qui est vrai, dans tout ce qui se dit, dans tout ce qui se fait. Comment sommes-nous à l’écoute de notre Maître, le Seigneur Jésus ?

Ensemble prions  

Chant : Toi qui es lumière (Carnet paroissial p.151)

O Christ, merveilleusement transfiguré devant tes disciples, nous te prions :

Tous : Éclaire notre nuit, nous t’en prions.

Avant de mourir sur la croix, tu as manifesté à tes disciples la gloire de ta résurrection : Que la joie de ta victoire transfigure ton Église.

Tu as pris avec toi Pierre, Jacques et Jean et tu les as conduits sur la montagne :

Que tous les croyants soient prêts à rendre compte de l’espérance de la Résurrection.

Tu veux rendre nos corps de misère semblables à ton corps de gloire : Fais grandir en nous la foi en notre propre résurrection.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 2ième Dimanche de Carême

 

 

 

 




1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

Dimanche dernier à la sortie de la messe, une paroissienne m’a demandé si dans la Bible, nous trouvions une mention du carême. Je lui ai répondu que l’on ne trouvait pas dans la Bible de mention du carême tel qu’on le vit aujourd’hui dans l’Église. Elle m’a alors demandé pour quelle raison l’Église imposait-elle ce temps de pénitence aux fidèles. Le carême est-il nécessaire ? Ou au moins, utile ? Il est possible que certains d’entre-nous se posent la même question que cette dame. Je vous propose donc de réfléchir ensemble sur le carême à partir des textes bibliques proposés par la liturgie.

Dans la première lecture nous lisons :

« Dieu dit à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous » (Gn 9, 8)

Dans la Bible, l’Alliance est le terme choisi par les auteurs sacrés pour exprimer le mode de relation entre Dieu et l’humain. Nous trouvons dans le Premier testament de la Bible plusieurs récits dans lesquels Dieu fait alliance avec des personnages : avec Abraham (Gn 15), avec Jacob (Gn 28) ; avec Moïse (Ex 19 ; 24…) etc.

Dans la première lecture, l’Alliance que Dieu fait avec Noé, ses fils, et avec tous les êtres-vivants est « unilatérale ». Ainsi, Dieu s’engage seul et sans aucune condition, à ne plus détruire sa création par un déluge.

Mais dans la Bible, il existe aussi des alliances « bilatérales », c’est-à-dire des alliances dans lequel Dieu et le Peuple s’engagent réciproquement. Dans ces alliances bilatérales, il y a une condition à l’engagement de Dieu en faveur du Peuple. Par exemple, dans le livre de l’Exode, le Seigneur dit au Peuple par l’intermédiaire de Moïse :

« Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi. Maintenant donc, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples, car toute la terre m’appartient ; mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.” » (Ex 19, 4-6).

Dans le livre du Deutéronome, l’obéissance du Peuple aux commandements du Seigneur est présentée comme la condition d’une vie heureuse de manière encore plus explicite :

 « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. » (Dt 30, 15-16)

Les premières lectures que nous entendons à la messe, nous montrent souvent que le Peuple hébreu n’a pas été capable d’être fidèle au Seigneur. C’est la raison pour laquelle  pendant l’Exil à Babylone, parlant par des prophètes tels qu’Ezechiel  (Ez 36) et Jérémie (Jr 31), le Seigneur a annoncé qu’il allait conclure une Alliance définitive qui ne serait plus jamais rompue.

Pour nous chrétiens, cette alliance « nouvelle et éternelle » a été établie par la mort et la résurrection de Jésus Christ.

C’est ce que nous rappelle le début de la deuxième lecture tirée de la Première Lettre de Pierre : « Bien-aimés, le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu » (1 P 3, 18)

Le baptême que nous avons reçu ou que nous allons recevoir est le signe de notre foi en Christ qui nous donne accès à Dieu pour toujours. Le texte suggère même que Jésus ne veut exclure personne du salut qu’il offre puisque le texte nous dit « qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir » (1 P 3, 19-20).

Si le salut est offert gratuitement sans aucun préalable, il me semble qu’il est possible de dire que la Nouvelle Alliance établie par Jésus est une « alliance unilatérale ». Par la mort et la résurrection de Jésus Christ, notre salut est déjà acquis de manière définitive.

Si le salut est déjà acquis, à quoi bon faire des efforts pendant le carême pour soigner ma relation avec Dieu ? La question que m’a posé la paroissienne dimanche dernier est légitime.

En fait, cette question n’est pas nouvelle. Depuis le début du christianisme, les croyants se sont posés ce genre de question. Dès le Ier siècle, certains chrétiens ont cru pouvoir faire ce qu’ils voulaient et jouir de la vie, puisque quoiqu’ils fassent, ils  étaient sauvés par le Christ. Les responsables de communautés de l’Église primitive ont dû combattre ces déviances.

Sans nier la totale gratuité du salut en Jésus Christ, l’auteur de la Première Lettre de Pierre nous rappelle que « le baptême (…) est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite ». Autrement dit, si le baptême est le signe de la confiance que nous mettons en Jésus Christ pour notre salut, il est aussi un engagement envers Dieu. Et cet engagement implique un certain comportement vis-à-vis de Dieu, et de notre prochain.

Si le Peuple Hébreu n’a pas toujours été fidèle au Seigneur, nous ne sommes pas meilleurs que lui. Même si l’Alliance en Jésus Christ ne peut plus être rompue, nous devons admettre que bien souvent, notre comportement nous éloigne de Dieu.

La tendance de l’Homme à céder aux tentations mauvaises et à « faire ce qui est mal aux yeux du Seigneur » est la raison d’être du carême.

Le carême est un temps que l’Église nous donne chaque année pour nous préparer intérieurement à faire mémoire de l’évènement qui est au fondement de la Nouvelle Alliance : la mort et la résurrection de Jésus, en renouvelant notre désir de Dieu et en prenant conscience de ce qui dans notre vie, abîme notre relation à Lui et à notre prochain.

Dans le texte d’évangile de ce premier dimanche de carême, Jésus nous est donné en exemple. Comme nous, il a été tenté mais il n’a pas cédé : « Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan » (Mc 1, 13).

L’évangéliste Marc ne nous donne pas de détail sur les tentations que subit Jésus. Cependant, le texte nous dit que « les anges le servaient » (Mc 1, 13). Nous pouvons imaginer qu’être servi par des anges devaient être une situation très confortable. Il est possible que Jésus ait pu avoir la tentation de continuer à être servi par les anges ; d’autant plus qu’être servi est naturel lorsqu’on est Fils de Dieu. Jésus aurait ainsi échappé à sa mission qui, nous savons, l’a amené à donner sa vie sur la croix. Mais Jésus n’a pas cédé à cette tentation.

Plus loin dans ce même évangile de Marc, il déclarera que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir… » (Mc 10, 45).

Si nous n’avons pas encore choisi quel(s) effort(s) de carême faire cette année, peut-être pourrions-nous simplement nous inspirer de notre Maître et Seigneur Jésus Christ en quittant nous aussi, notre zone de confort pour nous mettre au service des autres.

Amen !




Audience Générale du Mercredi 14 Février 2024

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 février 2024


Catéchèse – Les vices et les vertus – 8. L’acédie

Chers frères et sœurs, bonjour !

Parmi les vices capitaux, il en est un qui est souvent négligé, peut-être à cause de son nom que beaucoup ne comprennent pas : Je parle de l’acédie. C’est pourquoi, dans le catalogue des vices, le terme acédie est souvent remplacé par un autre beaucoup plus usité : la paresse. En réalité, la paresse est plus un effet qu’une cause. Lorsqu’une personne est oisive, indolente, apathique, nous disons qu’elle est paresseuse. Mais, comme l’enseigne la sagesse des anciens pères du désert, souvent la racine de cette paresse est l’acédie, qui signifie littéralement, en grec, « manque de soin ».

C’est une tentation très dangereuse qu’il ne faut pas prendre à la légère. La personne qui en est victime est comme écrasée par une pulsion de mort : elle éprouve du dégoût pour tout, sa relation avec Dieu lui paraît ennuyeuse, et même les actes les plus saints, ceux qui dans le passé lui avaient réchauffé le cœur, lui semblent désormais tout à fait inutiles. La personne commence à regretter le temps qui passe et la jeunesse qui est irrémédiablement derrière elle.

L’acédie est définie comme le « démon de midi » : elle nous surprend au milieu de la journée, lorsque la fatigue est à son comble et que les heures à venir semblent monotones, impossibles à vivre. Dans une description célèbre, le moine Évagre représente ainsi cette tentation : « l’œil de celui qui est sous l’acédie cherche continuellement les fenêtres, et son esprit fantastique est habité de ses visiteurs. […] Quand il lit, celui qui est sous l’acédie bâille souvent et se laisse facilement gagner par le sommeil, il plisse les yeux, se frotte les mains et, détournant les yeux du livre, fixe le mur ; puis, les tournant à nouveau vers le livre, il lit encore un peu […] ; enfin, baissant la tête, il dépose le livre en dessous, s’endort d’un sommeil léger, jusqu’à ce que la faim le réveille et le pousse à s’occuper de ses besoins » ; en conclusion, « celui qui est sous l’acédie n’accomplit pas avec sollicitude l’œuvre de Dieu » [1].

Les lecteurs contemporains voient dans ces descriptions quelque chose qui rappelle beaucoup le mal de la dépression, tant d’un point de vue psychologique que philosophique. En effet, pour ceux qui sont saisis par l’acédie, la vie perd son sens, prier devient ennuyeux, toute bataille semble dénuée de sens. Même si nous avions nourri des passions dans la jeunesse, elles nous paraissent aujourd’hui illogiques, des rêves qui ne nous ont pas rendus heureux. Alors on se laisse aller et la distraction, l’absence de pensée, apparaissent comme la seule issue : on aimerait être hébété, avoir l’esprit complètement vide… C’est un peu comme mourir par anticipation, et c’est déplorable.

Face à ce vice que l’on sait si dangereux, les maîtres de la spiritualité envisagent divers remèdes. Je voudrais signaler celui qui me semble le plus important et que j’appellerais la patience de la foi. Si, sous le fouet de l’acédie, le désir de l’homme est d’être « ailleurs », de fuir la réalité, il faut au contraire avoir le courage de rester et d’accueillir dans mon « ici et maintenant », dans ma situation telle qu’elle est, la présence de Dieu. Les moines disent que la cellule est pour eux le meilleur maître de vie, parce qu’elle est le lieu qui te parle concrètement et quotidiennement de ton histoire d’amour avec le Seigneur. Le démon de l’acédie veut détruire précisément cette joie simple de l’ici et maintenant, cette crainte reconnaissante de la réalité ; il veut te faire croire que tout est vain, que rien n’a de sens, qu’il ne vaut pas la peine de se préoccuper de rien ni de personne. Dans la vie, nous rencontrons des gens « sous l’emprise de l’acédie », des gens dont nous disons : « Mais qu’il est ennuyeux ! » et nous n’aimons pas être avec eux ; des personnes qui ont aussi une attitude d’ennui contagieuse. C’est l’acédie.

Combien de personnes, sous l’emprise de l’acédie, mues par une inquiétude sans visage, ont stupidement abandonné le chemin du bien qu’elles avaient emprunté ! L’acédie est une bataille décisive, qu’il faut gagner à tout prix. Et c’est une bataille qui n’a pas épargné même les saints, parce que dans tant de leurs diaires, il y a quelques pages qui révèlent des moments terribles, de véritables nuits de la foi, où tout semblait obscur. Ces saints et saintes nous enseignent à traverser la nuit dans la patience en acceptant la pauvreté de la foi. Ils nous ont recommandé, sous l’oppression de l’acédie, de tenir une plus petite mesure d’engagement, de nous fixer des objectifs plus accessibles, mais en même temps de résister et de persévérer en nous appuyant sur Jésus, qui jamais n’abandonne dans la tentation.

La foi, tourmentée par l’épreuve de l’acédie, ne perd pas sa valeur. Bien au contraire, c’est la vraie foi, la foi très humaine qui, malgré tout, malgré l’obscurité qui l’aveugle, croit encore humblement. C’est cette foi qui reste dans le cœur, comme les braises sous la cendre. Elle reste toujours. Et si l’un de nous tombe dans ce vice ou dans la tentation de l’acédie, qu’il s’efforce de regarder à l’intérieur de soi et d’entretenir les braises de la foi : c’est ainsi que l’on va de l’avant.

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[1] Évagre le Pontique, Des huit esprits de malice, 14.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus de Belgique et de France, en particulier le groupe de jeunes du Diocèse de Créteil, accompagné par leur Évêque.

Je vous invite, au début de ce Carême, à combattre le vice de l’acédie par l’enthousiasme de la foi, confiants dans la présence puissante de Jésus en nous.

Que Dieu vous bénisse !





Rencontre autour de l’Evangile – 1er Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15)

« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile »

baptème de jésus

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Mc 1,12-15)

Nous sommes au tout début de l’Évangile de Marc. Jean Baptiste a terminé sa mission. C’est au tour de Jésus de commencer la sienne.

Le sens des mots

Jésus baptisé : pourquoi Jésus s’est fait baptiser ?

L’Esprit le pousse au désert : D’où vient cet Esprit ? Pourquoi le désert ?

Est-ce que nous nous rappelons ce qui s’est passé pour le peuple hébreu à la sortie d’Égypte ? Rappelons-nous comment sa fidélité a connu de rudes épreuves.

Quarante jours : A quoi nous renvoie ce chiffre « quarante » ?

Tenté par Satan : Qui est ce personnage ? En quoi, au juste, Jésus a-t-il été tenté ?

Parmi les bêtes sauvages : Pourquoi Jésus vit-il parmi les bêtes sauvages : qu’est que cela signifie ?

Les anges le servaient : Quel est le sens de cette parole ?

Après l’arrestation de Jean-Baptiste : Quel était le rôle de Jean-Baptiste ? Qu’est-ce qu’il prêchait ?

La Galilée : C’est là que Jésus commence sa prédication. Pourquoi ?

La Bonne Nouvelle de Dieu Quelle est cette Bonne Nouvelle ? Bonne Nouvelle pour qui ? Quel est l’autre mot pour dire « Bonne Nouvelle » ?

Les temps sont accomplis : Que veut dire Jésus ?

Convertisez-vous : C’est quoi cette « conversion » que Jésus demande ?

Croyez à la Bonne Nouvelle : Qui est en définitive cette « Bonne Nouvelle » ? Que  veut dire « croire » ici ?

 

Pour l’animateur

(pour mieux comprendre le texte)

 Par son Baptême, Jésus a manifesté sa solidarité profonde avec l’humanité pécheresse. Le Père l’a investi officiellement de sa mission de Messie Sauveur par le Saint Esprit. Et cet Esprit de Dieu l’entraîne au désert. Le désert, lieu de la solitude, du silence, de l’aridité, nous ramène au désert de l’Exode. Durant « quarante » ans, la fidélité du peuple hébreu à Dieu a connu des épreuves (la faim, la soif, murmure et révolte contre Dieu, idolâtrie… Jésus est amené à refaire, pour son compte, l’itinéraire spirituel du peuple de Dieu. Il a passé par les eaux du Jourdain (comme le peuple hébreu par la Mer Rouge). Il revit les « tentations » que l’ancien Israël a subies au désert. (C’est le sens du chiffre « quarante »). Tel un nouveau  Moïse, Jésus accomplit le nouvel Exode ; en sa personne va naître le nouveau peuple de Dieu.

 Satan est le nom donné dans la bible à l’ennemi mystérieux qui s’oppose à l’établissement du Règne de Dieu. Marc est très discret sur les tentions de Jésus au désert. Mais durant tout son ministère, nous verrons que jésus a été sollicité d’utiliser sa puissance divine pour imposer de manière triomphale le Règne de Dieu. Au lieu de manifester sa divinité avec éclat, jésus restera humblement soumis au Père. Le fait qu’il vit parmi les bêtes sauvages, c’est une manière de dire qu’il est victorieux des forces du Mal. Cette familiarité de l’homme avec les bêtes sauvages était annoncée par les prophètes pour dire que le Messie rétablit l’harmonie de l’homme avec le ciel et avec la création. Et Dieu est avec lui pour l’assister. C’est le sens des anges qui le servaient.

 Jean le prophète précurseur prêchait la conversation et Jésus le Messie prend le relais. Jésus revient en Galilée ou il a été élevé. La Galilée est le «district des nations » , un carrefour de peuples, une terre de brassage entre juifs et païens, un centre missionnaire très important pour Jésus. Jésus proclame la Bonne Nouvelle de Dieu : c’est l’annonce de la joyeuse nouvelle du salut  « vient » de Dieu. Jésus apporte avec lui cette «Bonne Nouvelle» : « l’Évangile ».

 « Les temps sont accomplis » ; cela veut dire que le Plan de Salut de Dieu a trouvé en Jésus son accomplissement : il est le Messie qui mène l’histoire à sa fin. Avec Jésus, Dieu est maintenant personnellement à l’œuvre : en Jésus le Règne de Dieu s’est approché de nous. Se convertir c’est changer mentalité, de manière de penser et de vivre, pour accueillir dans la foi cet heureux événement. Mais pour cela la foi en la Bonne Nouvelle est nécessaire. Jésus est devenu lui-même la Bonne Nouvelle.

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

 Jésus, Jésus, tu es toi-même la Bonne Nouvelle du Salut que Dieu ton Père apporte aux hommes. Par toi, c’est Dieu lui-même qui s’est approché, personnellement, de nous. Durant ce temps de Carême, conduis-nous au désert avec Toi et rends nous forts dans les tentations qui sont des épreuves pour notre foi. Change toi-même notre cœur.

 

TA PAROLE DANS NOTRE VIE

 Dieu en son fils est venu lui-même prendre en main la lutte des hommes contre toutes le formes de mal et manifester ainsi son Règne. L’heure est arrivée ou Dieu se mêle aux hommes pour que l’amour ait le dernier mot sur la terre :

 Sommes-nous conscients du poids du péché du monde sur les hommes : les peuples opprimés, le règne de l’argent, la souffrance des malades, des handicapés, des handicapés, des laissés pour compte de notre société…? Comment à notre place et selon nos moyens nous sommes associés à la lutte de Jésus Christ contre le Mal ?

 A voir nos équipes, nos mouvements, nos communautés chrétiennes, nos célébrations, les hommes peuvent-ils dire « le Règne de Dieu est là » ?

 

 ENSEMBLE PRIONS

Prier avec le chant : Seigneur avec toi nous irons au désert.

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 1er Dimanche de carême




Retraite de Carême 2024 sur jevismafoi.com

Le Sedifop est heureux de vous proposer sur jevismafoi.com une retraite de Carême en ligne sur le thème : « Avec le Christ Lumière, en ce temps d’incertitude »… Une quinzaine de personnes, prêtres, religieux, diacres, laïcs, vous offriront chaque jour une méditation sous formes écrite et audio. Cette même méditation sera aussi diffusée sur les ondes de Radio Arc en Ciel…

Si vous désirez la recevoir directement dans votre boîte mail, il suffit d’aller sur jevismafoi.com. Vous verrez alors une petite enveloppe se balancer devant vous : vous y écrivez votre adresse mail et le tour est joué. Nous nous engageons bien sûr à ne la communiquer à personne…

Nous vous souhaitons tous « le meilleur », avec le Christ, Lui qui, en cette vie qui est loin d’être tous les jours facile, nous accompagne et nous soutient pour que « tout puisse concourir à notre bien » (Rm 8,28)…




1er Dimanche de Carême année B (Mc 1, 12-15) par D. Jacques FOURNIER

« Le Royaume des Cieux est tout proche » (Mc 1,12-15)

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et  dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

 

 

 

         «  Je dis au monde ce que j’ai vu chez mon Père, ce que j’ai entendu de lui », déclare Jésus en St Jean (Jn 8,26). Ainsi, avant de dire quoique ce soit, Jésus le vit. Sa Parole ne fait que rendre témoignage à la relation d’amour qui l’unit à son Père. « Le Père aime le Fils », un présent qui a valeur d’éternité, « et il a tout donné en ses mains » (Jn 3,35). « Le Père est avec moi, il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8,29). Et cette relation est vitale pour lui : « Je vis par le Père » (Jn 6,57). De toute éternité, le Père lui « donne en effet l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34) et « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ainsi, « comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26), par « l’Esprit qui vivifie ». Le Père est-il Plénitude d’Esprit ? Le Fils l’est aussi car il reçoit du Père cette même Plénitude… Et c’est ainsi que « moi et le Père, nous sommes un », dit Jésus (Jn 10,30), dans la communion d’un même Esprit et d’une même Vie reçue par Amour et dans l’Amour…

            Or, « le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est donc Mystère de Communion dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3). Jésus reçoit du Père la Plénitude de l’Esprit ? « Recevez l’Esprit Saint », dira-il à ses disciples (Jn 20,22). Alors, son vœu le plus cher à notre égard sera exaucé : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi », par l’Esprit, « qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17,21) par ce même Esprit qui est tout à la fois Lumière et Vie (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Jn 8,12 ; 1,4). Or « la Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5)… Pour tous ceux et celles qui accepteront de le recevoir par leur foi, l’Esprit se révèlera donc victorieux de tout mal et de ses conséquences. Avec lui et par lui, la Miséricorde infinie et Toute Puissante de Dieu (Lc 1,49-50) règnera, pour notre Vie…

C’est ce que Jésus a manifesté pendant son séjour de quarante jours au désert, « tenté par Satan ». Or ce même Esprit est dès maintenant offert à tous les hommes, gratuitement, par Amour… Pour l’accueillir, il suffit de se repentir de tout son cœur du mal commis et de « croire en la Bonne Nouvelle » de l’Amour Infini et Tout Puissant. Alors, inlassablement, l’Esprit pardonnera et guérira ce qui doit l’être dans nos vies pourvu que nous osions ne mettre aucune limite à la Miséricorde de Dieu…      DJF




1° Dimanche de Carême (Mc 1, 12-15) – par Francis COUSIN

  « Le désert … »

 

Le désert est un mot qui fait peur …, la solitude, l’isolement, se retrouver seul avec soi-même …

C’est souvent l’impression qu’on en a … mais c’est aussi un moment de réflexion sur soi : qu’est-ce qui fait ma vie … ?

Et on n’a pas besoin pour cela d’aller au Sahara ou au Néguev …

Marc nous dit que Jésus venait d’être baptisé … « et aussitôt l’Esprit le pousse au désert. » Et Marc utilise le même mot que quand Jésus expulse les démons … C’est la manière forte …une obligation à laquelle Jésus ne peut résister … « et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. ».

Jésus s’est fait homme, totalement homme, jusqu’à être tenté par Satan !

Et on sait combien les tentations diverses atteignent tous les humains … égoïsme, tentation de puissance, de pouvoir …

C’est sans doute pourquoi il les a intégrées dans la prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation … ».

Jésus resta quarante jours, seul, en temps qu’être humain, mais toujours en relation avec son Père et l’Esprit Saint.

Il n’était pas isolé …

Et cette relation qu’il avait avec son père … c’est ce qu’il voudrait que nous ayons, nous aussi …

Car c’est sans doute le seul moyen que nous avons pour ne pas succomber aux tentations initiée par Satan.

Être toujours en relation avec Dieu …

Ou dit autrement : avoir toujours notre regard tourné vers Dieu …

C’est-à-dire, en fait : nous convertir

Pas seulement une fois …

Mais chaque jour … sans arrêt …

Et ça … c’est difficile … et cela demande des efforts de notre part …

C’est ce que nous rappelle le temps du carême : un temps de purification permanente qui nous ramène vers Dieu, …

Mais pas vers soi-même, notre petit ’’ moi’’ …

Tentation au combien fréquente …

Au contraire : si le carême nous rapproche de Dieu, nécessairement, il nous oblige à regader aussi les autres …

Ceux qui ne croient pas comme nous … ou autrement …

Ceux qui sont seul …

Ceux qui souffre … physiquement, mentalement, moralement …

Ceux qui sont dans la peine …

Ceux qui ont faim … soif …

Il y a tant de chose à faire pour tous ces gens …

C’est ce que fit Jésus : « Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. ». « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons. » (Mc 1,34)

Seigneur Jésus,

ouvre nos cœurs à ta Parole,

permet que nous ayons une conversion vraie,

qui nous engage envers toi

et aussi envers tous nos frères.

Sois avec nous tous les jours.

 

Francis Cousin

 

 

 

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Mercredi des Cendres (Mtth 6, 1-6 ; 16-18) – par Francis COUSIN

 « Le spectacle … ou le secret ? »

Mercredi des cendres … début du carême !

Réactions mitigées de la part des gens …

Pour beaucoup (mais je me trompe peut-être …), c’est plus ou moins le début d’une période d’austérité, de tristesse, où on ne peut peux vivre comme d’habitude …, où on est triste … et on où on affiche ’’une face de carême’’ …

Heureusement, la veille, on a fait le plein de bonheur superficiel …crêpes, chants, danses, voir carnaval …

C’est vrai que quarante jours … c’est long ! … mais cela ne fait qu’un peu plus d’un pourcent de l’année !

Et puis, maintenant, on ne peut plus dire que ce soit très prenant …

Fini le jeûne, sauf le jour des cendres et le vendredi saint !

Fini l’abstinence de viande les vendredis !

Fini les efforts de carême … du moins pour les plus jeunes !

Fini presque partout dans les écoles catholiques les ’’collectes’’ de denrées pendant le carême : boites de sardine ou de thon (pas de cassoulet !), vêtements etc …

Fini … du moins pour la plupart des gens …

C’est vrai que l’essentiel, et qui est une force pour tous les chrétiens, c’est de prendre ce temps de carême comme un appel à la conversion, un retour vers le Seigneur !

Et tous les textes liturgiques de ce jour vont dans ce sens !

« Et maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. (…)  Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ? » (Première lecture).

« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. » (Psaume).

« Par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (Deuxième lecture).

Les cendres que nous recevons aujourd’hui sont un symbole de notre faiblesse devant Dieu : une matière qui n’a pas de consistance, qui d’envole au vent, et qui nous rappelle que nous sommes issus de la poussière du sol ( cf Gn 2,7) et que nous y retournerons à notre mort.

Ce signe des cendres nous est donné pour nous aider à vivre mieux et à comprendre l’amour de Dieu qui a choisi de se lier à des personnes faibles et fragiles comme nous le sommes.

Quant à l’évangile de ce jour il nous demande d’être vrai dans notre relation avec les autres hommes ; mais aussi vrai dans notre relation avec Dieu, en donnant trois exemples : au sujet de l’aumône, de la prière et du jeûne ; Trois thèmes qui sont recommandés à tous de manière plus importante pendant le carême.

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. ».

Ne vous donnez pas en spectacle, « pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. ».

« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, »

« Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret »

« Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage. ».

Avec à chaque fois ce refrain : « Ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » …

Il vaut mieux que nos actions soit connus par Dieu, plutôt que par les hommes, pour une ’’gloire’’ qui ne dure pas !

Seigneur Jésus,

au seuil de ce carême,

aide-nous à nous retourner vers toi,

à nous réconcilier avec toi,

et à choisir ce qui est vrai et durable.

 

Francis Cousin

    

 

 

 

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Cendres B

 




Mercredi des cendres (Mt 6, 1-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Mt 6, 1-18

Nous voici entrés ce matin dans le Carême. Que sera-t-il pour nous ? Une période où l’on attend vaguement la fête de Pâques sans beaucoup se soucier de ce qu’attend l’Eglise de nous ? Non, c’est une période importante, la plus importante : pour changer notre vie, la faire avancer, la faire progresser, pour participer, 40 jours après, à la Passion du Christ et surtout à sa Résurrection qui doit être aussi la nôtre. Ce Carême est un temps fort de conversion intérieure, de lutte ; c’est le moment de nous rappeler que pour suivre Jésus, il nous faut : avancer, cheminer, progresser.

Le Seigneur, dans l’Evangile que nous venons de lire, nous recommande trois moyens pour faire un bon Carême : la prière, le jeûne, le partage. Mais attention, le Seigneur nous dit, tout de suite après, que ces trois moyens ne sont pas seulement une pratique extérieure.

Ce qui compte : c’est la manière dont nous les vivrons, c’est l’intention de notre cœur.

A quoi sert de prier si, même pendant ma prière, je pense à autre chose… et que, pendant tout mon chapelet, j’ai pensé à mon voisin pour voir quelle vengeance ou quelle réponse je vais lui donner ?

A quoi sert de jeûner si, pendant que je jeûne, un pauvre à côté de moi fait un jeûne forcé et que je ne lui donne rien ?

Et mon aumône elle-même, à quoi servira-t-elle si le cœur n’y est pas, si mon partage de mes vêtements n’est que le moyen de faire un peu plus de place dans mon armoire ?

Ce qui compte : c’est la manière de vivre tout cela, c’est l’intention de notre cœur. Jésus a parlé du moindre verre d’eau donné à un petit en son nom ; et rappelez-vous l’obole de la veuve : 2 piécettes seulement, mais c’était tout ce qu’elle avait !

Le Christ, pendant ce carême, veut nous entraîner, non dans une religion de gestes extérieures, mais dans une  religion d’amour où il s’agit de plaire à Dieu plutôt qu’aux  hommes ou à nous-mêmes…

Quand nous faisons quelque chose de bien, nous sommes assez satisfaits ; c’est assez gratifiant et nous sommes tentés de nous dire : « Après tout, je ne suis pas si mal que ça ! ».

Nous nous regardons encore de trop. « Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite », donc n’avoir ‘’aucun retour sur soi’’.

Mettons-nous dans la cendre, c’est-à-dire dans l’humilité. C’est là que nous pouvons trouver ce que nous voulons vraiment. Si nous sommes vrais, c’est là que nous pourrons expérimenter notre faiblesse radicale. Alors, nous pourrons lever les yeux vers Dieu.  AMEN